Avortement, euthanasie… droit à la mort

Avortement : «  En 1971, le manifeste des 343 femmes proclamant avoir avorté a lancé un sacré pavé dans la mare. Simone de Beauvoir, Françoise Sagan, Catherine Deneuve, Delphine Seyrig… et moi ! J’avais tenu à le signer malgré ma profession d’avocate et le blâme probable qui en résulterait. Car j’avais moi aussi, à 19 ans, connu la plus profonde détresse après un avortement réalisé par un jeune médecin sadique, un monstre, qui avait fait un curetage à vif en disant : « Comme ça, tu ne recommenceras pas. » J’ai beaucoup pleuré cette nuit-là, avec le sentiment qu’on m’avait torturée pour sanctionner ma liberté de femme et me rappeler que je dépendais des hommes. Mais je ne regrettais pas. La biologie m’avait tendu »n piège. Je l’avais déjoué. Je voulais vivre en harmonie avec mon corps, pas sous son diktat. » (Gisèle Halimi, défenseuse des droits des femmes, morte le 28 juillet 2020)

Euthanasie : En 1995, un médecin japonais a été condamné pour meurtre à du sursis pour avoir mis fin aux jours d’un cancéreux en phase terminale. L’affaire, la première impliquant un praticien, avait fait grand bruit. Les juges avaient alors défini quatre critères pour l’euthanasie. Le patient devait être affecté d’une douleur insupportable et être condamné à court terme. Il ne fallait pas qu’il existe de méthode pour soulager la douleur et le malade devait avoir donné son accord pour mettre fin à ses jours. Par la suite, le ministère de la santé a défini la « planification préalable des soins », qui oblige le patient, sa famille et le médecin traitant à décider, par écrit, du recours ou non à des traitements pour prolonger la vie. L’arrestation de deux médecins soupçonnés d’avoir aidé à mourir une femme atteinte de la maladie de Charcot (la sclérose latérale amyotrophique) relance en juillet 2020 le débat sur l’euthanasie au Japon.

Suicide : «  En 1949 je me présente à un tournoi d’éloquence ouvert aux jeunes avocats. Je suis la première femme à m’inscrire à ce concours, le thème : « Le droit de supprimer la vie. » Le sujet me passionne, et quand je commence à parler, je me sens m’envoler. Non à la peine de mort, bien sûr ; je cite Camus et Victor Hugo. Oui à l’euthanasie et au droit au suicide ; et je cite les stoïciens. Je suis proclamée lauréate à l’unanimité. Et, dès le lendemain, je suis embauchée par l’un des meilleurs avocats de Tunisie.(Gisèle Halimi)

Triage médical : « Il y a eu une forme de régulation qui, a privé d’accès à l’hôpital des personnes âgées, notamment les résidents des Ehpad. La commission a réclamé des données chiffrées auprès de la DGS. Nous venons de les recevoir, ces chiffres sont éloquents. Au pic de la crise, début avril, le nombre des personnes âgées de plus de 75 ans admises en service de réanimation chute brutalement. Nous passons de 25 % en moyenne (à la même période, au cours des années précédentes) à 14 % pendant la crise, et même à 6 % en Ile-de-France. Notre système a donc bel et bien été débordé. On a réduit les chances des personnes âgées. Beaucoup auraient pu vraisemblablement être sauvées. » (Eric Ciotti, rapporteur de la commission d’enquête parlementaire sur le Covid)

Ces quatre informations sont issues de MONDE papier du 30 juillet 2020. Nous les avons regroupées car on nous parle toujours du droit à la vie ou à la mort. Notons que la fin de vie dès la conception, la fin de vie des personnes âgées, le droit au suicide et le triage médical sont ressentis comme des avancées sociales, mais qu’il existe un blocage sur la peine de mort, interdit de couper un homme en deux  !

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

18 avril 2020, Covid, regardons sans ciller la mort en face

26 mars 2020, Covid-19, le « droit à la vie » est relatif

20 février 2020, L’euthanasie en Belgique, facile ?

1er juillet 2019, Droit à la vie ou droit à une mort digne ?

13 mars 2018, Le suicide assisté, atteinte à la liberté individuelle ?

29 novembre 2014, L’avortement serait-il contraire à la nature humaine ?

17 juillet 2013, Pour limiter le nombre de morts, vive l’avortement…

5 juillet 2013, Suicide mode d’emploi, voici les nouvelles recettes

28 janvier 2011, assistance au suicide et liberté humaine

25 janvier 2011, l’avortement dans la dignité

9 juillet 2010, significations du suicide

2 réflexions sur “Avortement, euthanasie… droit à la mort”

  1. – « […] il existe un blocage sur la peine de mort, interdit de couper un homme en deux !»

    Sur quelle réflexion Biosphère cherche t-il à nous amener exactement ? Et dans quel but ?
    Comme toutes les idées, les idées sur l’avortement, l’euthanasie, le suicide (assisté ou pas), évoluent. Même si on peut toujours en discuter, on peut alors parler d’avancées sociales. Pour le triage médical, personnellement j’en suis encore au stade où un octogénaire à autant le droit de vivre qu’un jeune. Je pense aussi au fœtus de 10 semaines, l’avortement non plus ne doit pas être banalisé. Attention à ne pas banaliser n’importe quoi !

    1. Quant à couper un homme en deux… il existerait donc un blocage.
      Un blocage qui nous empêcherait donc de progresser… et qu’il conviendrait donc de débloquer. Et là je pose déjà une première question : Dis Papa, c’est vers où le progrès ?
      Bien sûr je ne parle pas ici du progrès technique, parce que s’il s’agit seulement de régler le problème du bidule qui bloque, probablement à cause de la rouille, vu que cette saloperie de machine n’a pas fonctionné depuis pas mal de temps, ça ce n’est pas compliqué. C’est même à la portée du premier con venu.

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