autopsie de Nicolas
1) Baverez ignore l’écologie
Il y a des économistes ringards qui racontent toujours la même chose. Ainsi Nicolas Baverez peut être lu très rapidement (Le Monde du 12.03.2008) puisque les mots de la pensée unique reviennent chez lui en boucle, la mondialisation, la financiarisation, les difficultés conjoncturelles. Nous sommes en présence d’une éthique du capitalisme qui croit encore qu’il y aura développement à long terme et qu’en modifiant quelques petites pratiques françaises ou multilatérales, tout reviendra comme avant, cette belle époque des Trente Glorieuses : le déclin est impossible, la décroissance n’est même pas envisageable. Si on associe sur google le nom de ce penseur et le mot décroissance, on ne trouve que des items sur la nécessité « de croissance ». Ainsi par exemple, « toutes ces lamentations sur l’absence de croissance ne sont que de pâles excuses … Je préfère mille fois l’évidente lucidité d’un Nicolas Baverez qui, … » (lescarnets.net/index.php?2008/01/08/196-le-croissance-mere-de-toutes-les-reformes).
Normal, Nicolas Baverez est normalien de la rue d’Ulm et avocat de tendance libérale. Il a voté pour Nicolas Sarkozy, il est logique avec lui-même. Il a cinq enfants, il ne craint pas la surpopulation humaine. Pour lui, le déclin n’a rien de fatal : il relève d’une succession d’erreurs stratégiques et plus encore de la bulle de mensonge dans laquelle s’est enfermée la vie politique française depuis un quart de siècle. En fait Nicolas ne fait que répéter toujours la même chose sans lire d’autres articles que les siens. Je lui conseille de ne pas en rester à la page 38 (carte blanche à N.Baverez) et d’ouvrir LeMonde à la page 8 : le réchauffement climatique menace la sécurité internationale, exacerbe l’instabilité existante, accroît les conflits autour des ressources, attise les ressentiments contre les responsables.
Alors il se rendrait compte enfin que la responsabilité des dirigeants d’entreprise n’est pas seulement juridique et économique, ni même conforme à la morale du capitalisme triomphant : les dirigeants d’entreprise devraient d’abord s’interroger sur leur lourde responsabilité écologique.
2) Baverez fait semblant d’être écolo
Mais soyons juste avec nos adversaires, ne jugeons pas sur un seul article. Baverez indiquait (in Les Echos du 16.10.2007, L’environnement, de Nobel en Grenelle ) que « Le prix Nobel de la paix attribué à Al Gore et au Giec souligne le lien fondamental entre la paix et la protection de l’environnement. (…) L’écologie s’est transformée en même temps que la prise de conscience progressait. Elle était un combat d’activistes ; elle devient une question politique portée par les partis traditionnels et les gouvernements jusqu’au sein du G8. »
Selon Baverez, « Le prix Nobel et le Grenelle actent le basculement d’une écologie défensive et réactionnaire vers une écologie responsable, au service du développement économique. Une écologie qui ne voit plus dans l’économie de marché l’origine du problème mais la clef des solutions. Une écologie qui cesse de penser uniquement en termes d’interdiction, de réglementation, de moratoires sur les infrastructures ou la recherche, mais qui se décline en incitation et en innovation. Une écologie qui brise avec ses relents nationalistes, une écologie qui se démarque d’une conception absolutiste du principe de précaution pour se réconcilier avec la science et le progrès. »
Pour Baverez, l’écologie « responsable » consiste donc à ne rien changer. On se contente de renommer « croissance économique » en son jumeau mieux habillé, « développement durable ». Alors je ne peux que penser que l’écologie ne peut être à droite. Encore faudrait-il que la gauche s’en rende compte.
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