simplicité volontaire

Naturogestes, le choix nécessaire des écogestes

Pour qui la nature a du prix, le ciel est gris. L’hémorragie des êtres vivants est gigantesque et nos impacts croissent toujours plus. L’âme bien née qui sent en elle la terre gémir, veut réagir.

  1. Naturogeste prioritaire : S’EXPRIMER

« Quelle que soit la faiblesse de la parole face à la contrainte des choses et face à la poussée des intérêts, elle peut néanmoins contribuer à ce que cette conscience franchisse le pas de la crainte vers la responsabilité pour l’avenir menacé…. » Si le penseur écologiste Hans Jonas, écrit vrai alors la tâche est claire, par la voix, le crayon ou l’écran, parler de nature, plus précisément d’agressions sur la nature qui indignent. En parler à tout le monde : parents, collègues, fifres et sous-fifres de collectivités, de sociétés. On dit qu’une lettre envoyée à une revue équivaudrait pour qui la reçoit à l’opinion de cent personnes qui elles n’ont osé cette démarche. Etre souris qui rugit. En couronnement : l’objection de conscience. L’organisme dont vous êtes salarié décide ou laisse faire du néfaste pour la nature, alors objectez ! Evidemment, quand l’emploi est fragile, cela exige un caractère de fer que le sort n’octroie qu’avec parcimonie.

  1. PREALABLE : l’exercice spirituel

L’adjectif « spirituel » peut heurter semblant en appeler au religieux. Un penseur, Pierre Hadot a retenu l’expression parce que son rapport avantages/inconvénients semble positif dans cette perspective : faire entendre que ces exercices sont l’œuvre non seulement de la pensée mais aussi du psychisme de qui les pratique. Pour ce qui nous occupe, il s’agit de méditer de temps en temps mais obstinément, sur une place de l’homme dans la nature qui respecte celle-ci. Méditations qu’accompagne la conscience des interdépendances entre soi et la biosphère, d’appartenance au fleuve du vivant, d’être partie d’un tout. Qui s’appuie sur les données scientifiques. Qui s’appuient aussi sur l’émotion, l’émerveillement. Qui orientent vers une sagesse écologique qui certes ne sera jamais atteinte mais cap ou phare de naturogestes quotidiens et modestes.

  1. Brève sélection de NATUROGESTES

– Hors chez soi, être « guetteur ». Découvrir la richesse biologique de sites que l’on aime fréquenter : cours d’eau, forêt,… Et faire connaître à qui de droit leurs pollutions. Protester face à des violences, au cours de chasses ou de piégeages d’animaux dit bêtement « nuisibles » sachant que c’est peut-être là risquer des brutalités verbales en représailles.

– Moins de viande dans son assiette. Ce sera moins de souffrance animale, moins de risques cardiaques, ce sera aussi moins de destruction des espaces naturels. Pourquoi ? Cette agriculture intensive qui assèche et destructure ruisseaux, nappes et zones humides, qui empoisonne sol, air, eau avec ses engrais et pesticides a pour principale destination l’alimentation du bétail intensif.

– Vrac. Des revues nous gratifient d’interviews d’adeptes de « simplicité volontaire », de vies frugales ; ça évoque les « Vies de saints » du Moyen Age. Mais un penseur de la décroissance, Serge Latouche, le dit : « Je veux insister sur l’importance de l’attitude individuelle comme pédagogie pour se préparer au choc à venir… ».

Nous voulons être le colibri de Pierre Rabhi. Un incendie ravage une forêt ; un colibri s’active à jeter sur les flammes des gouttes d’eau recueillies dans son bec. C’est dérisoire dit un tatou agacé. Je fais ma part rétorque le colibri.

– Vers l’action collective. Soutenir – adhésion, dons – les associations de préservation de la nature, associations nationales internationales car c’est toute la biosphère qui n’a plus beaucoup l’occasion de rire.

(résumé d’un texte envoyé par Roger RIBOTTO)

http://ribotto.hautetfort.com

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Présidentielle 2007, en marche forcée vers la révolution

L’idée de planifier une politique de décroissance des consommations de matières premières et d’énergie peut choquer, tant nous sommes habitués aux discours inverses. Mais un tel point de vue recouvre néanmoins un principe de réalité incontournable. Personne ne souhaite aller vers une société de privation et d’abstinence, mais nous n’avons pas d’autre choix que de mettre en place des normes, des réglementations, des instruments fiscaux qui concourront à la modération des productions, des comportements et des consommations. J’entends déjà les cris d’orfraie : c’est une révolution ! Eh bien, oui ! Nous sommes, de fait, engagés dans une révolution, planétaire de surcroît. Qui peut imaginer que le défi écologique pourra se relever à la marge ? Si nous n’opérons pas de manière planifiée, à quoi ferons-nous appel ? Au marché, dont on connaît le peu de cas qu’il fait de l’intérêt général si on le laisse jouer librement ? A la vertu de l’humanité qui, comme chacun le sait, présente quelques fragilités ?

Comme toutes les nations industrialisées, la France participe à l’origine du mal. Il est symptomatique de cette société productiviste et consumériste qu’il s’agit de refonder. Les gens veulent bien accomplir des efforts, beaucoup ont parfaitement saisi les enjeux et s’affirment prêts à réviser profondément leurs modes de vie. Ils savent que le chemin ne sera pas aisé, mais ils ne veulent pas s’engager isolément. Pour avoir le sentiment que leur action individuellement à quelque chose, ils ont besoin qu’elle s’insère dans une dynamique collective. On ne peut leur en tenir rigueur, l’effort doit être partagé. Or l’élection présidentielle présente l’occasion de créer une synergie collective, de se mettre en ordre de marche autour d’un pacte écologique qui rassemblerait les forces vives de la nation. Quel signal envoyé en Europe et au Monde !

Nous avons abusé de tout en tout. Par conséquent, il s’agit de fixer des limites à notre avidité et à notre cupidité. La société à venir devra mettre fin à la surenchère, choisir ce qui doit continuer à croître et ce qui doit commencer à décroître : moins de biens, plus de liens ! Si nous laissons perdurer la situation actuelle, nous risquons d’entrer dans une société de privation, avec ses systèmes de quotas, ses cartes de rationnement et tout ce que cela peut compter d’atteintes aux libertés. Le meilleur moyen de s’y opposer, consiste à mettre en place sans plus tarder une société de modération.

Source : Le pacte écologique de Nicolas Hulot (avec le Comité de veille écologique)

calmann-lévy 2006

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BIOSPHERE-INFO n° 365, retour à la nature à Fatu Hiva

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BIOSPHERE-INFO n° 365, retour à la nature à Fatu Hiva

Fatu Hiva relate l’expérience de jeunesse de Thor Heyerdahl (1913-2002), quand il a essayé en 1935 de revenir à la nature, de couper toutes les chaînes qui le reliaient au monde moderne. Qui pouvait vouloir, entre deux guerres mondiales, marcher sur les traces d’une telle génération ? L’analyse de Thor sur la crise de notre civilisation « moderne » n’a pas vieillie… Voici quelques extraits.
Fatu Hiva, le retour à la nature de Thor Heyerdahl (1ère édition 1974, traduction française 1976, éditions du Pacifique)

1/6) Retour à la nature
Sous le climat merveilleux de Fatu Hiva, dans les Iles Marquises (Pacifique sud), c’était un soulagement de dépouiller les vêtements des pays froids. Le temps prenait des dimensions différentes, lorsqu’on le mesurait au soleil, aux oiseaux et à l’appétit, plutôt que de le hacher en secondes et en heures. Notre perception devenait différente et plus nette ; nous respirions, regardions et écoutions comme de jeunes enfants assistent à des miracles. Nous étions riches, nous pouvions ramasser des gouttes d’eau à la pelle et les laisser ruisseler entre nos doigts et nous échapper, puisqu’une infinité d’autres continuaient à jaillir du rocher. Loin de nous sentir pauvres et nus, nous nous sentions riches, comme si l’univers nous enveloppait. Nous faisions partie d’un tout.
Des semaines passèrent. Ce qui se grava dans notre mémoire, ce fut cette sensation de faire partie intégrante de la nature et non plus de nous opposer à elle. L’homme civilisé lui avait déclaré la guerre et la bataille se déchaînait sur tous les continents et gagnait peu à peu ces îles lointaines. Dans cette lutte contre son milieu ambiant, l’homme pourra gagner toutes les batailles, sauf la dernière. S’il la gagnait aussi, il périrait, comme un embryon coupant son cordon ombilical. Toutes les créatures vivantes pouvaient exister sans l’homme ; elles existaient avant lui. Mais l’homme ne pourrait survivre après leur disparition. Tout ce qui rampe ou pousse, tout ce que l’homme asperge de poison ou enterre sous l’asphalte, est d’une façon ou d’une autre son humble bienfaiteur. Tout est là pour permettre au cœur humain de battre, pour aider l’homme à respirer et à manger. La vie dans la nature réussissait mieux que n’importe quel manuel de biologie à prouver que les cycles de vie de toutes les créatures sont interdépendants. Nous avions le sentiment que la nature était une gigantesque coopérative, dans laquelle chaque associé avait, sans le savoir, la mission de servir l’entité. Chaque associé sauf l’homme, le rebelle solitaire.
La civilisation me paraissait si loin que je commençais à douter de ma mémoire et à me demander s’il existait vraiment des avions et des gratte-ciel. Parfois je m’asseyais à l’ombre. Je méditais sur toutes sortes de choses. Je me sentais si bien, si détendu. Tei le Polynésien et moi chassons et pêchons, nous cueillons des baies, nous parcourons les bois, nous nageons : tout cela pour gagner notre vie. Nous faisons comme travail ce que les autres gens font pendant leurs vacances. De retour chez eux, ils vendent dans un magasin ou manient un tournevis onze mois et demi sur douze pour avoir deux semaines consacrées à leur plaisir personnel. Alors ils se ruent vers une tente, vers n’importe quel lieu ensoleillé où ils puissent chasser, pêcher, cueillir des baies, parcourir les bois ou nager. Le travail de l’homme primitif est devenu le loisir de l’homme moderne. Même le soleil et l’air pur sont un luxe pour l’homme moderne. Il s’enferme à l’intérieur avec son aspirateur, ses ampoules électriques et son labeur, afin de gagner de quoi payer sa note d’électricité et ses deux semaines de soleil. Les gens s’asseyent sur une chaise pour travailler et se lèvent pour se détendre en soulevant de lourdes haltères ou en ramant dans un bateau sans fond. Tei ne comprendrait sans doute pas.

2/6) l’éloge de la simplicité
Tei Tetua n’avait pas de souliers. Toute sa garde-robe consistait en un lambeau de pagne, mais il se comportait comme si le monde lui appartenait. Diogène lui aurait donné une place au soleil à côté de lui dans son tonneau, et aucun roi, aucun marchand, aucun professeur n’aurait pu améliorer son existence. Dans le monde moderne, nous avons l’habitude d’associer l’analphabétisme à l’intelligence des enfants au-dessous de six ans. Quand un adulte était analphabète, son esprit ne fonctionnerait pas normalement. Mais tel n’était pas le cas de nos amis d’Omoa. Au contraire, nous nous sentions souvent stupides lorsque, d’un simple coup d’œil, ils trouvaient une solution ingénieuse à un problème pratique, qui nous avait dépassés. Nous nous mîmes à les considérer comme des spécialistes. Ils étaient spécialisés dans l’art de vivre dans leur vallée et de s’adapter le mieux possible à ce cadre. Nous avions honte de nous avouer que, malgré notre tenace conviction d’être né pour remodeler la terre, nous devions nous mouvoir avec prudence quand nous sortons des limites de notre univers.
Jamais nous n’avions vu chez nous, même parmi nos parents, des gens rire aussi spontanément et respirer autant de liberté d’esprit et de santé que Tei Tetua, qui étaient matériellement plus pauvres que quiconque. La simplicité lui avait fourni ce que des millions d’autres cherchaient à travers la complexité et le progrès. La simplicité est en vérité un mot magique, qui indique quelque chose de si modeste qu’il est aisé de passer à côté sans s’apercevoir de sa grandeur discrète. Le progrès peut être défini comme l’habitude de l’homme à compliquer ce qui est simple. Rien, dans tout le processus par lequel l’homme moderne doit passer pour acheter du poisson ou des pommes de terre, ne sera jamais aussi simple que les sortir directement de l’eau ou de la terre. Sans les fermiers et les pêcheurs, la société moderne s’effondrerait, avec tous ses magasins et ses câbles. Les fermiers et les pêcheurs sont l’aristocratie de la société moderne ; ils partagent leurs miettes avec nous, qui nous agitons avec des papiers et des tournevis en essayant de construire un monde moderne sans plan.

3/6) l’illusion du progrès
L’homme a inventé un mot magique. Nous avons commencé par le prononcer, puis nous l’avons laissé nous mener par le bout du nez. Ce mot, c’est le « progrès ». A l’origine, ce terme était censé décrire le changement d’une chose mauvaise ou bonne en quelque chose de mieux, jamais en quelque chose de pire. Puis, avec un aplomb superbe, nous avons fait un pas de plus. Alors le progrès désigne toujours la génération présente ; les morts ne pourront jamais le faire tourner en leur faveur.
Nous aimons voir dans le progrès la lutte que mène l’homme moderne pour que davantage de gens soient mieux nourris, que les malades aient plus d’hôpitaux, qu’il y ait moins de guerres. Mais on parle aussi de progrès lorsqu’on améliore des armes pour tuer plus de gens et de plus loin. On parle de progrès quand on invente un médicament pour guérir le mal causé par un autre, quand les hôpitaux poussent comme des champignons parce que nous avons des cerveaux surmenés et des corps sous-développés, parce que nous avons le cœur vide et les intestins pleins de tout ce dont on nous a fait une habile publicité. C’est le progrès, quand un fermier abandonne sa houe et un pêcheur son filet pour aller travailler à la chaîne, parce que le champ de blé est loué à une industrie, qui a besoin de la rivière aux saumons comme tout-à-l’égout. C’est le progrès, lorsque l’homme de la rue peut cesser de réfléchir parce que tous ses problèmes sont résolus par d’autres, ou quand des gens deviennent tellement spécialisés qu’ils savent presque tout sur presque rien. C’est le progrès, quand la réalité devient si morne et étouffante que nous survivons en regardant des divertissements qui passent sur une boîte. C’est le progrès, quand les villes deviennent si grandes et les forêts si petites. C’est le progrès, quand les enfants obtiennent une contre-allée en échange d’une prairie, quand le parfum des fleurs et la vue sur les collines sont remplacés par de l’air conditionné et la vue sur la rue. Les gratte-ciel de Manhattan sont trop immenses et rendent l’homme trop petit.
C’était mal interpréter la théorie de Darwin que de croire le cerveau d’un homme assis derrière une machine à écrire plus évolué que celui d’un homme maniant une charrue de bois ou une canne à pêche. C’était aussi absurde que de nous duper, en prétendant qu’un homme porteur d’une mitrailleuse a une morale plus haute que celui qui porte un javelot. Qu’il soit espagnol, polynésien ou viking, l’homme a toujours été un étrange mélange de saint et de démon. A un moment, nous sommes si pieux que nous ne voulons pas couper une boucle de cheveux de notre voisin, et l’instant suivant, nous l’assassinons. Il est aisé de définir le progrès sur un champ de bataille : nous enfonçons une baïonnette dans un homme en vie, mais nous ne plongerions pas une fourchette dans un mort.

4/6) la destruction des sociétés vernaculaires
Nous n’avions vu nulle part à Tahiti (ndlr, en 1935) une vraie case polynésienne en bambou et feuilles de palmiers. Toutes les demeures, si pauvres fussent-elles, étaient bâties avec du bois importé et avaient des toits de tôle ondulée. Les cases de jadis ne coûtaient rien, elles étaient délicieusement fraîches et délassantes. Le bungalow de Teriieroo était aussi étouffant que les autres maisons. La brûlure du soleil tropical tapant sur le toit de tôle nous abrutissait complètement dans la journée. Pourquoi diable avait-il fait bâtir un tel bungalow ? Teriieroo sourit. Pensions-nous qu’il aurait construit une case, pour que tout le monde raconte qu’il vivait comme un sauvage à l’époque où Tahiti était devenue civilisée ? Les Tahitiens doivent maintenant jouer aux primitifs pour attirer les touristes et plaire aux amateurs de cinéma.
Lors de nos escales dans les îles coralliennes des Tuamotu, nous avions constaté que cette civilisation à laquelle nous tentions d’échapper rayonnait de Papeete vers l’Océanie environnante. Dès qu’ils ont goûté à notre civilisation, ils ne peuvent plus s’en passer. Personne ne peut les sauver de ce cercle vicieux. Pourquoi veulent-ils des machines à coudre et des tricycles, des sous-vêtements et du saumon en conserve ? Ils n’en ont pas besoin. Mais ils souhaitent dire à leur voisin : regarde, moi j’ai une chaise, pendant que toi, tu es accroupi par terre. Alors à son tour le voisin est obligé d’acheter une chaise. Les besoins augmentent, les dépenses aussi. Ils finissent par être forcés de travailler, bien qu’ils détestent ça. Pour gagner un argent inutile. Nous leur recommandons de travailler, afin qu’ils puissent nous payer ce que nous voulons leur vendre. Les Blancs sont venus récolter de quoi améliorer encore leur propre sort.
Où que nous partions à la découverte, nous détruisons délibérément la culture existante et semons, au milieu des ruines, des fragments de la nôtre. Nous nous étonnons de la confusion qui s’ensuit et provoque la décadence et non la prospérité. Jadis, lorsqu’une Polynésienne était enceinte, elle allait tout simplement derrière un buisson et en émergeait, portant son enfant nouveau-né. Si tant d’entre elles maintenant sont la proie de fièvres puerpérales, c’est qu’elles ont été très rapides à attraper nos maladies, mais très lentes à comprendre la nécessité d’avoir leurs hôpitaux.

5/6) la philosophie des Blancs
Toutes les inventions qui nous évitent de faire travailler nos muscles sont des bénédictions. Pour économiser la fatigue physique, nous ajoutons des moteurs aux bicyclettes, aux canots, aux tondeuses à gazon et aux brosses à dents. Nous effectuons des heures supplémentaires pour payer les factures de tous ces accessoires, puis nous nous précipitons chez le médecin, parce que nous sommes surmenés, suralimentés et au bord de la dépression. Le médecin nous recommande l’exercice physique et nous achetons une bicyclette sans roues, ou un bateau sans fond que nous installons dans notre sous-sol. Nous faisons de la bicyclette et de l’aviron sur place, en essayant de retrouver la forme et la santé qu’avaient nos aïeux, avant l’invention du moteur. Le corps est étrange : si vous le ménagez, vous vous épuisez pour presque rien : servez-vous en, vous n’êtres pour ainsi dire jamais exténué.
Seul l’homme moderne a renoncé au ciel nocturne pour essayer d’obtenir un jour continu. En moins d’une seconde, il métamorphose la nuit en jour et allume des millions de lumières dans les villes, jusqu’à ce qu’il ne voie plus rien que son propre monde. Pourtant rien n’égalait les nuits où la pleine lune sereine inondait d’or et d’argent l’océan Pacifique devant nous. Mais on ne peut acheter un billet pour le Paradis.

6/6) conclusion
– Nous étions arrivés à Fatu Hiva pleins de mépris pour la civilisation du XXe siècle, convaincus que l’homme devait tout recommencer à zéro. Maintenant, nous avions vu que, sans la moustiquaire de Willy, nous serions devenus fous dans la brousse et nous aurions terminé nos jours avec des jambes d’éléphant, ou, sans la pommade de Terai, sans jambes du tout.
– Même si tout avait tourné comme nous l’avions cru, nous n’aurions pas pu prêcher un retour massif à la nature. Nous avions du barrer un à un les continents et les îles pour choisir où mener une vie sauvage. Même Tahiti n’aurait pas convenu. Le monde a changé autant que l’homme, depuis le jour lointain où celui-ci a entrepris le long voyage qui l’a éloigné de la nature. Il n’y a plus de route pour ramener au point de départ, en ruine.
– L’homme moderne n’a plus nulle part ou retourner, constatai-je. Je le dis à regret, car notre merveilleuse expérience de vie dans la nature nous avait donné un aperçu de ce que l’humanité avait abandonné et dont elle continuait à s’éloigner encore davantage.
– De tous les coins du monde, montent les voix désespérées de funestes prophètes, qui nous prouvent à l’aide de courbes, de calculateurs électroniques et de statistiques convaincantes que l’humanité marche à la catastrophe. Leurs adversaires – nous pourrions les appeler les marchands de sable – s’affairent à répéter aux foules de continuer à dormir en paix : la science peut résoudre tout et l’homme du commun rester devant sa télévision.

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A Ungersheim, on mange local et on paye en radis

Ungersheim, commune de 2 200 habitants du Haut-Rhin, est sans doute à l’image de la France dans un siècle : une mosaïque de communautés restreintes qui s’efforcent de vivre une certaine autonomie alimentaire et énergétique. Voici un résumé de l’article du MONDE*.

« Une fois par semaine, une entreprise maraîchère les Jardins du Trèfle rouge, la toute jeune conserverie locale ainsi qu’un marchand d’œufs du cru vendent leur production sur la place de la mairie. Assurer la souveraineté alimentaire de la commune, en créant une filière locale « de la graine à l’assiette », autrement dit en proposant aux villageois des aliments produits localement : c’est l’objectif poursuivi depuis quatre ans par la municipalité d’Ungersheim. « Aujourd’hui, la nourriture que nous consommons, venant de centaines, voire de milliers de kilomètres, est essentiellement livrée par camion. Or en cas de choc, pétrolier notamment, nous pourrions nous trouver rapidement en situation de pénurie. Alors même que nous sommes entourés d’une centaine d’hectares de terres agricoles, mais vouées à des monocultures de maïs ou de céréales, destinées à l’exportation », explique son maire, Jean-Claude Mensch. Sous égide municipale, les Jardins du Trèfle rouge, employant 25 personnes, produit une trentaine de tonnes de légumes de saison par an (soit une centaine de variétés sur toute l’année). Elle confectionne chaque semaine quelque 150 paniers de légumes et fournit chaque jour en nourriture la cantine de l’école du village. La conserverie a démarré son activité en août 2015. Elle confectionne déjà entre 600 et 1 000 bocaux par semaine. Pour inciter les habitants à consommer les denrées issues du territoire, la municipalité s’est dotée le 13 juillet 2015 d’une monnaie locale, qui ne peut donc être utilisée que sur place : le radis. Mais toutes ces initiatives appellent une évolution dans les modes de vie, une évolution culturelle, qui ne se décrète pas d’un claquement de doigts et demande du temps. »

Belle expérience, du type « communauté de transition » comme le prône Rob Hopkins. Mais comment adapter ce système qui tend à l’autonomie alimentaire et énergétique à une ville de plus de 22 000 habitants… ou la transposer à une ville de plus de 200 000 ou 2 millions d’habitants. Ne peut-on craindre que des urbains affamés aillent se nourrir à Ungersheim. Faut-il armer les ruraux et les transformer en « survivalistes » ?

* Le Monde.fr | 14.01.2016, A Ungersheim, manger local et payer en radis

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Un premier pas vers la fin de la publicité… pour enfant

Une proposition de loi supprimant la publicité dans les programmes pour enfants sur France Télévisions a été adoptée le 14 janvier 2016*. Le texte vise les émissions destinées aux enfants de moins de douze ans ainsi que durant les quinze minutes qui les précèdent et qui les suivent. Notons que « la quasi-totalité des spots diffusés dans les émissions pour enfants demeurent orientés vers des produits saturés en sucre ou en gras ». Le temps passé devant la télévision et devant les spots promotionnels est corrélé à l’augmentation de la consommation d’aliments denses en énergie et pauvres nutritionnellement. Une étude montre aussi que plus des trois quarts des demandes ou des achats effectués par les enfants de 4 à 10 ans sont en lien avec une publicité. Et 82 % des enfants interrogés disent qu’il leur arrive régulièrement de demander ou d’acheter un produit « vu à la télévision ». D’autres pays ont déjà fait le choix de supprimer la publicité en direction des enfants. C’est par exemple le cas au Québec depuis 1980, en Suède depuis 1991 et en Norvège depuis 1992.

Mais l’adoption de la proposition de loi n’a été possible qu’en raison du faible nombre de députés socialistes présents dans l’Hémicycle. En effet, la ministre de la culture et de la communication Fleur Pellerin et le groupe socialiste à l’Assemblée nationale avaient affiché leur désaccord face à ce texte. Ils mettent en garde contre la situation économique de France Télévisions. Selon la ministre, « La situation financière de France Télévisions est préoccupante. Les recettes publicitaires ont diminué de 100 millions d’euros entre 2010 et 2014 et ce dispositif se traduira par un manque de 15 à 20 millions d’euros. » Encore une fois l’économique essaye de l’emporter sur l’intérêt des enfants, sur la nécessité écologique de réduire notre consommation et sur l’importance d’échapper à l’aliénation consumériste. On n’aliène jamais mieux autrui qu’en lui rappelant sa liberté. Affirmer dans chaque slogan publicitaire la liberté de choix des consommateurs, c’est vouloir faire coïncider une production industrielle décidée à l’avance avec les envies de chacun. Le schéma classique du besoin qui porte vers l’objet s’est renversé, les objets génèrent des désirs qui, à leur tour, créent des besoins. Le désir d’objet a pris le pas sur le désir d’être.

Sur ce blog, notre conception est claire, interdiction de la publicité, il nous suffit pour choisir d’avoir le résultat de tests comparatifs qualité/prix. Quand Emile de Girardin accepte l’insertion d’annonces payantes le 29 avril 1845, elles doivent être selon ses propres termes franches et concises : « La publicité  se réduit à dire : dans telle rue, à tel numéro, on vend telle chose à tel prix. » Un écologiste raisonnable pourrait exiger, aujourd’hui, la stricte application de ce précepte-là.

* lemonde.fr | 15.01.2016, La suppression de la publicité pour enfants fait débat entre socialistes et écologistes

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Regard sur le futur, un jour de réveillon en 2050

En ce jour de réveillon de 2050, Léa confectionne un repas 100 % local, ce qui réduit considérablement la variété des mets possibles. Elle se souvient comme d’un rêve des papayes que ses parents lui achetaient à la fin du XXe siècle, sans se soucier du fait qu’il avait fallu dépenser pour cela plusieurs litres de pétrole. De toute façon elle est bien seule, il ne lui reste plus qu’un dernier descendant. Ses deux autres petits-enfants sont décédés il y a trois ans, ils ont succombé à l’une de ces nouvelles maladies à côté desquelles l’épidémie de grippe aviaire, qui avait frappé la France en 2010, n’avait été qu’une discrète entrée en matière. Ils avaient été victimes d’un virus apparu en Sibérie du Nord, là où le permafrost a cédé la place à des marais à partir de l’année 2025. Maintenant des millions de personnes sont au chômage. Le gouvernement français vient d’interdire toute manifestation et même les rassemblements de protestation. Le ministre de l’Intérieur vient de prendre un de ces décrets maudits, c’est l’armée qui réprimera d’éventuels troubles de l’ordre public.

Léa a renoncé depuis longtemps à l’idée d’acheter une automobile ; en 2035, l’Union européenne avait réservé l’usage des biocarburants aux véhicules utilitaires. Même l’utilisation du charbon liquéfié a été proscrite car les sols et surtout les océans qui séquestraient le carbone depuis toujours, ne jouaient plus leur rôle, renforçant ainsi très brutalement l’effet de serre anthropique et les dérèglements du climat. Cet été, Léa avait appris par une amie que le thermomètre était monté jusqu’à 45°C à Caen.

La Biosphère vous souhaite un bon réveillon 2015, coloré de sobriété joyeuse.

NB : pour en savoir plus sur l’histoire de Léa, lire « Le développement durable, maintenant ou jamais » de D.Bourg et G.Rayssac

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Ascèse ou désir, l’emprise de la publicité sur nos vies

« Ascèse ou désir ? Votre question me fait bien rigoler. On l’a tranchée depuis belle lurette, nous les publicitaires. Oui, l’économie ne peut s’étendre que par le culte de l’envie. Le désir insatiable est son moteur. Nous ne pouvons nous développer qu’en société de surconsommation. Ce superflu est le nécessaire du système. Notre maître à tous, Jacques Séguéla n’est pas un peine-à-jouir qui en appelle à l’ascèse ! Pour mettre en appétit, pour donner envie, il fallait un grand lessivage de la conscience collective, pénétrer les têtes. C’est pourquoi les publicitaires, ces marchands de bonheur, s’efforcent d’infantiliser les foules. Alors bien sûr, on accuse la publicité de créer des besoins. Mais heureusement qu’elle les crée ! Stopper la tentation, c’est stopper l’économie. Pour poursuivre l’expansion, nous devons produire d’insatiables gloutons qui pleurnichent dès que l’essence vient à manquer dans les pompes. Vous voulez lutter sur notre terrain en revendiquant la libération du désir ? Haha, vous n’avez aucune chance !

Non, celui qui nous dérange vraiment, c’est celui qui maîtrise ses besoins, qui se contente de ce qu’il a, qui ose dire « ça me suffit ». Lui, c’est notre cauchemar. Il est là, satisfait, à lire des bouquins de philosophie antique et à se référer à d’obscures sagesses ancestrales qui appelaient à la sobriété, à l’autolimitation. Regardez-le, ce contemplatif, qui préfère cultiver son jardin, rire avec ses amis et faire l’amour sans passer par notre magasin de sex-toys… J’en connais même qui appelaient à détruire la publicité et qui osent raconter que les modèles de bonheur que nous offrons sur papier glacé, ce n’est que de l’illusion, du factice, de la pacotille. Que la vie est ailleurs que dans les travées du supermarché ! En dehors de la marchandise ! Et puis, quoi encore ? »

Nous ne savons pas si c’est de l’humour ou du second degré, mais les extraits ci-dessus sont issus d’un texte qui serait écrit par Anne O’neem, une psychosociologue qui travaillerait dans une multinationale de la communication. Tout ce qu’on sait de certain, c’est que ce point de vue parait dans la revue « La décroissance » n°125 (décembre 2015 – janvier 2016), un journal qui défrise pour la bonne cause…

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L’art de bien vivre de peu, comportement à contre-courant

La manière dont personnellement tu vis et consommes a des répercussions tant sur la vie des autres personnes que sur celle des non-humains et des générations futures. Quelles sont donc les caractéristiques de la simplicité volontaire ?

La simplicité volontaire se heurte d’abord au problème de la définition d’un mode de vie acceptable.  Il n’y a presque aucune norme de consommation a minima : par exemple tous les moyens de subsistance d’un ascète indien peuvent provenir uniquement de l’univers mortuaire. S’il porte une tunique, c’est celle d’un défunt. Son unique bien, signe distinctif des vrais aghoris, c’est un crâne humain ; soigneusement nettoyé et taillé jusqu’au niveau des orbites oculaires, ce récipient osseux lui sert aussi bien à mendier qu’à se nourrir. Sa nourriture, à part les déchets récupérés ici ou là, provient des aumônes qu’apportent les familles du disparu. Mais il n’y a pas de véritable ascète s’il s’agit de compter uniquement sur la générosité de ses semblables. Il faut donc envisager une autre définition.

Vauban décrivait en 1707 ce qui lui paraissait le minimum vital pour une famille ouvrière française, le seuil au-dessous duquel la survie n’était plus possible. La ration correspondait à quelques 1500 calories, mélange de blé et d’autres céréales appelé méteil dont la part dans le budget total était presque de 70 %. Mais dans les pays développés actuels, la part de l’alimentation pour les ménages ouvriers s’établit à moins de 20 % et la place du pain est tombée en dessous de 3 %. Pour les pays riches, le seuil de pauvreté devient donc complètement relatif et s’exprime par rapport au niveau de revenu médian de la population ; puisque la base de calcul est variable, le minimum vital devient alors indéfinissable, un pauvre des pays riches est très riche du point de vue d’un habitant en pays pauvre. Pourtant, dans ce contexte d’enrichissement sans frein, aucun dirigeant d’un pays, quel que soit le niveau de vie obtenu, n’a annoncé un projet de stabilisation de la demande de ses nationaux ; à l’économie de subsistance a succédé la tyrannie de l’excédent.

La simplicité volontaire se heurte aussi à l’idéologie économique ambiante. Selon la doctrine keynésienne (dans son livre de 1936), il fallait consommer toujours plus pour échapper à une grande crise comme celle de 1929 : ainsi on lutterait contre l’équilibre de sous-emploi et le chômage. Aujourd’hui les entreprises et les gouvernements ont tellement bien compris la leçon que la croissance de la consommation est devenue une fin en soi, sans souci de la survie des futures générations ni de la préservation de la biodiversité. La simplicité volontaire est une tentative d’enrayer ce mécanisme keynésien (et fordiste). Cela consiste à choisir un autre mode de vie que celui de la société de consommation et du spectacle. Contre le gaspillage des ressources fossiles, il s’agit de cultiver la sobriété énergétique, contre la dictature des objets, il s’agit de privilégier les relations directes avec les autres humains tout autant qu’avec la Nature. Les humains ne devraient jamais penser en termes de maximum ou de minimum, mais en termes d’optimum, ce qui est le mieux pour la planète, donc pour soi personnellement : il faut respecter les cycles vitaux de la Biosphère.

Limiter l’expansion indéfinie de nos désirs, c’est la seule voie réaliste vers une société d’abondance. Il faut en revenir aux schémas mentaux des sociétés premières dont rien dans le fonctionnement social ne permettait la différence entre le plus riche et le plus pauvre car personne n’y éprouvait le désir baroque de faire, posséder ou paraître plus que le voisin. A chacun de tracer son propre chemin sur la voie de la simplicité volontaire…

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Apprendre à réinventer la simplicité en famille

« Comment apprendre à nos enfants à se réjouir de ce qu’ils ont, à ne pas demander toujours plus ? Un sujet d’actualité en cette période de surenchère pré-festiv e. Cultiver l’esprit de pauvreté en famille, c’est…

… enseigner très tôt que l’argent ne tombe pas du ciel, qu’il est le fruit d’un travail, qu’il faut économiser pour dépenser. Dans ce domaine, une tirelire s’avère pédagogique, dès le plus jeune âge, pour apprendre à gérer ses dépenses et ses recettes, même minimes.

… expliquer pourquoi on n’achète pas tout ce dont on a envie, même si on le peut, parce que le bonheur ne vient pas d’un bien matériel.
… apprendre à différer son désir à l’âge du « tout, tout de suite » : garder la crème dessert pour le repas dominical, inviter à choisir entre plusieurs souhaits celui qu’il préfère comme cadeau de Noël, inviter le jeune à contribuer à un achat s’il veut impérativement de la marque, etc.

… réparer plutôt que racheter, prendre soin de ses livres, de ses jouets, ranger pour éviter de marcher sur un playmobil ou de racheter la paire de gants introuvable, oubliée au fond d’un sac…

… partager -pas toujours facile à l’âge du « c’est à moi ! » -, qui implique de prendre en compte l’autre dans ses propres envies et désirs.

… les inviter à se débrouiller avec peu, sans acheter le dernier jouet ou gadget à la mode. Ils le savent d’ailleurs, eux qui préfèrent au jouet sophistiqué son carton d’emballage qu’ils transforment en barque ou en cabane ! »

http://www.lavie.fr/blog/stephanie-combe/a-noel-reinventer-la-simplicite-en-famille,2245

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Des vacances de Noël sans chausser les skis

La Biosphère espère que vous allez passer un bon Noël sans skis. On ne peut en effet maintenir la montagne « propre » quand on y multiplie les immeubles et les remonte-pentes. Ce n’est pas un loisir qui préserve la Biosphère que de déplacer des citadins en mal d’air pur vers de lointaines destinations où on va recréer la ville et poursuivre des activités sans intérêt.

Mais le greenwashing règne dans tous les  domaines. On veut dorénavant vendre la destination neige en l’inscrivant sur le registre du développement durable ! L’office de tourisme d’Avoriaz avait installé un « corner environnemental » qui invite à calculer son empreinte écologique ; Sainte-Foy en Tarentaise mettait en évidence l’habillage bois de ses bâtisses ; Val-d’Isère mettait en 2009l’environnement au cœur de l’organisation des championnats du monde de ski alpin. Poudre de neige et de perlimpinpin ! Infinitésimales sont les sociétés de remontées mécaniques qui obtiennent la certification Iso 14001 avec la mise en place de tri sélectif, l’utilisation de produits biodégradables et une recherche d’économie d’énergie. Une seule station en France détient la certification QSE (qualité, sécurité, environnement).

L’association Moutain Wilderness rappelle que la consommation d’eau pour produire de la neige atteint 15 millions de mètres cubes pour 188 stations, un chiffre presque comparable aux 25 milliards de m3 qui servent au remplissage des piscines privées. Il faut aussi 108 millions de kWh pour les canons à neige, soit 0,023 % de la consommation française d’électricité, mais presque autant de proportion dans les déchets nucléaires. Signalons en passant qu’on peut agréablement passer un Noël sans ses skis, même si c’est sous la neige.

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Sapin naturel ou sapin artificiel, le faux débat

En 1900, il suffisait d’une orange donnée à un enfant pour avoir l’impression d’un immense cadeau. En l’an 2010 les consoles de jeux vidéos du père Noël finissent par intoxiquer les jeunes esprits autour d’un arbre à cadeaux. Car le père Noël a besoin d’un sapin à l’arrivée de son traîneau. Alors quel sapin « vert » pour Noël, artificiel ou naturel ?

C’est en Alsace-Lorraine qu’est né au XIIe siècle le sapin de Noël, ce sont les protestants qui développent la tradition à partir de l’an 1560 et cela totalise maintenant en France 5 millions d’arbres de 6 à 8 ans d’âge pour moins d’un million de reproductions en plastique. En 2009, le sapin artificiel représentait 16 % en France des sapins, 58 % aux Etats-Unis et 67 % en Grande-Bretagne. L’association du sapin de Noël naturel, qui regroupe 70 professionnels, ironise : « Contrairement aux sapins artificiels, les sapins naturels ne sont pas dérivés du pétrole et sont parfaitement biodégradables ». Il n’empêche que les sapins naturels issus d’une monoculture mobilisent des terres qu’on devrait laisser à la biodiversité. On les coupe pour les jeter dans des semi-remorques qui contribuent à l’effet de serre. On les habillera de boules et de guirlandes qui ne représentent rien si ce n’est le culte du toc et de la superficialité qui caractérise la société marchande. En prenant en compte toutes les données, l’arbre artificiel contribue trois fois plus que l’arbre naturel au réchauffement climatique et à l’épuisement des ressources naturelles, ce qui ne fait pas du sapin naturel un innocent ! L’année 2010, Michelle Obama avait demandé qu’on réutilise les ornements des années précédentes. Pour la Green Room, elle a choisi des sapins recyclés : ils sont faits de papier journal passé à la peinture dorée.

Profitez plutôt de cette fête de Noël pour marcher au milieu d’une forêt vivante et réfléchir au système qui nous aliène. Considérez que dans un monde fini nous devons apprendre à limiter nos envies matérialistes. Il nous faut retrouver cet objectif qui devrait nous mobiliser à toutes les époques : moins de biens, plus de liens. Il ne reste plus qu’à refuser d’offrir des cadeaux à Noël pour vivre la simplicité volontaire.

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L’immonde père Noël vu au travers des yeux d’enfants

– Il s’agit d’enfants de CE1 mais cela peut se passer partout en France. Un garçon dit ne pas croire au père Noël. Les autres lui rétorquent : « Attention, si tu n’y crois pas, tu n’auras pas de cadeaux ! » Ce mécanisme d’intimidation est fréquent : « Attention, si tu ne crois pas en Dieu, tu iras rôtir en enfer… »

– Une fillette de cinq ans a fait une liste pour le père Noël longue comme un jour sans pain. Un membre de sa famille lui pose la question : « Si tu n’avais qu’un seul choix à faire, lequel ferais-tu ? » Et la petite fille de répondre sans sourciller, « Premièrement celui-ci, deuxièmement celui-là, et aussi… » Comme chacun sait, la société de consommation ne connaît pas de limites dès le plus jeune âge.

– Ce petit garçon ne croit plus trop au père Noël. Son oncle veut lui faire sentir les limites de toute chose : « Et si ta maman n’a pas assez d’argent pour t’offrir des cadeaux à Noël. » Sans se démonter, l’enfant envisage immédiatement de changer de mode de garde et d’aller vivre chez son père. L’affectif dans une famille n’est plus ce qu’il était.

– Dans cette famille, c’est terrible. Dès que les cadeaux sont achetés et cachés, les enfants ont un sixième sens pour le deviner ; ils exigent d’avoir ces cadeaux immédiatement tout de suite sans attendre le jour de Noël. Pourtant il y a de fortes chances que ces cadeaux soient oubliés aussitôt qu’ouverts.

Ainsi va le conditionnement dans la société des marchands. Cela commence très tôt, dès le jour de Noël et chaque fois qu’un enfant passe devant la caisse d’un supermarché où s’amoncelle (à sa hauteur !) les friandises. Mais on peut toujours rencontrer pire, par exemple l’objet en caoutchouc que machouille le bébé  et qui a la forme d’un portable.

Si vous avez d’autres histoires d’enfants intoxiqués par la société de consommation, prière d’en mettre en commentaire sur ce post, merci.

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Vivre Noël autrement pour vraiment vivre autrement

Fin 2005, dix mouvements catholiques avaient lancé un appel « vivre Noël autrement ». L’association Pax Christi avait été rejointe par le Secours catholique et le Comité catholique contre la faim. Ils avaient diffusé une affichette avec le slogan : « Noël, bonne nouvelle pour la Terre » puisque « Jésus nous offre un monde nouveau, sans caddies pleins de cadeaux qui comblent les armoires et les décharges. » Les tracts invitaient à consommer moins et à se rapprocher de ses voisins avec lesquels la fête sera plus belle encore sans faire des kilomètres inutiles avec sa voiture, en offrant un peu de temps, un sourire, une oreille attentive, en inventant des gestes qui contribuent à sauver l’air, la terre, la mer, les forêts. Les associations mentionnent un texte de Jean Paul II publié en 1990 et consacré à la protection de l’environnement : « La société actuelle ne trouvera pas de solution au problème écologique si elle ne révise pas sérieusement son style de vie. » Quelques rares familles ont donc essayé de montrer l’exemple.

En 2010, c’était la sixième campagne du collectif chrétien Vivre Autrement : « Terre eau, air, paix, santé, éducation, justice, autant de biens communs indispensables à tous et pourtant menacés : pollution, gaspillage, réformes des services publics, brevetage du vivant, conflits… En ce temps de Noël, le collectif propose de réfléchir aux conditions de la préservation de ces biens communs et de leur partage entre tous. Car préserver ces biens communs passe par des gestes relevant de la responsabilité individuelle, mais aussi par une régulation qui est du ressort de tous, responsables politiques et citoyens. » L’idée de fond est parfaite : « Arrêtons l’hyper-Noël, faisons la paix avec la terre. » Mais ce mouvement est resté marginal, sans le soutien officiel de son Eglise qui préfère lutter contre les préservatifs. A partir de Noël 2014, les campagnes « Vivre autrement » continuent avec les campagnes « C koi déjà ? » et abandonnent leur virulence.

Le dieu de la Bible est trop anthropocentrique pour que les fidèles échappent aux gaspillages des fêtes de Noël. En général leurs enfants attendent eux-aussi avec impatience d’ouvrir le suremballage de leurs cadeaux. Pour un Noël écolo, il nous faut supprimer le père Noël et rechercher une spiritualité plus proche de la Nature.

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Noël, une détestable invention du système marchand

En Europe, les rituels liés à l’approche de l’hiver sont ancestraux. Fixer la naissance de Jésus près du jour le plus court de l’année, ce fut d’abord la tentative de l’Eglise catholique de nier un paganisme proche de la Nature. La liturgie de la Messe de l’Aurore rappelle que la nuit est passée, le jour est avancé. L’invention du père Noël résulte d’un détournement historique complémentaire. L’Église catholique avait décidé de remplacer les figures païennes par des saints. Saint Nicolas de Lycie désignait le saint protecteur des tout-petits car, selon la légende, il aurait ressuscité trois enfants trucidés par un horrible boucher. La fête de la Saint Nicolas était célébrée le 6 décembre : un personnage, habillé comme on imaginait que saint Nicolas l’était (grande barbe, crosse d’évêque, grand vêtement à capuche), va alors de maison en maison pour offrir des cadeaux aux enfants sages.. Entre le XIX et le XXe siècle, des chrétiens associent cette « fête des enfants » à celle de l’Enfant Jésus : Saint Nicolas fera désormais sa tournée la nuit du 24 décembre.

C’est seulement en 1809 que l’Américain Washington Irving a créé le personnage du Père Noël. La mondialisation du Père Noël peut commencer, y compris avec sa couleur rouge, utilisée dès 1866. De nombreuses firmes avaient déjà utilisé cette symbolique dans des publicités, mais Coca-Cola a largement contribué à fixer l’image actuelle : à partir de 1930, une série de publicités pour la marque Coca-Cola utilise le costume rouge et blanc. Le système marchand s’empare dorénavant des mythes religieux. En France les catholiques, qui depuis longtemps s’échangeaient des petits cadeaux à Noël le 25 décembre en l’honneur de la naissance du Christ, ont résisté un temps au « père Noël ».

Le père Noël n’est qu’un hérétique dont la hotte va être garnie par les marchands du Temple. En 1900, il suffisait d’une orange donnée à un enfant pour avoir l’impression d’un immense cadeau. Aujourd’hui les consoles de jeux vidéos du père Noël finissent par intoxiquer les jeunes esprits. L’enfant Jésus est bien oublié, Noël est devenu exclusivement la fête des marchands. Même des pays n’ayant pas de tradition chrétienne comme la Chine utilisent désormais le 25 décembre comme outil de vente. Rien n’est plus emblématique de l’esprit de notre temps que cette fête de Noël (censée représenter la naissance du fondateur d’une religion à l’origine ascétique) qui a dégénéré en un rite purement commercial et mène à son paroxysme la fièvre consumériste. Quand on sait aussi que 95 % des Français comptent revendre leurs cadeaux de Noël, une seule solution s’offre à nous, zigouiller le père Noël.

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Les enfants sont-ils trop gâtés à Noël ?

Le titre est alléchant, la problématique osée. Le Monde du 24 décembre 2008 s’interrogeait gravement : « Les enfants sont-ils trop gâtés à Noël ? » Malheureusement l’article ne nous fournit aucune réponse. Tout ce qui importe pour la journaliste, c’est « de conserver la magie de Noël ». Pourtant c’est évident, les petits Français sont  trop gâtés à Noël ; ils ont complètement oublié avec leurs parents que le Christ est né dans la plus pauvre des conditions. Le véritable message de Noël est celui du partage, certainement pas cette outrance des marchands du Temple qui nous proposent leurs gadgets plus ou moins soldés. Tout aussi grave est cette illusion constante quant à l’autonomie souveraine de l’enfant dans l’article : «  Faire plaisir à leurs enfants (…) Attention portée aux attentes de l’enfant (…) Il faut respecter les désirs de l’enfant (…) Faire émerger ses vrais désirs » (…) Faire confiance aux bambins ». C’est seulement en une fraction de phrase que la journaliste Martine Laronche révèle que les enfants sont en fait les petites victimes du marketing qui transforme le père Noël en fournisseur d’un bon de commande validé par l’industrie du jouet. Parents et enfants sont à la merci du système marchand. Crise ou pas, l’infantilisation des masses jeunes et adultes se poursuit à chaque Noël.

« Mais quelles sont les tendances d’enfants élevés dans un milieu naturel et n’ayant pas à souffrir du poids des divers modes d’intoxication ? Ils courent, ils jouent dans les flaques, se roulent dans la boue, ou tentent de percer les mystères de « papa-maman ». Ils vivent, pensent, créent. Refouler ces pulsions naturelles est donc le but criminel de notre société. Sauter à la corde ou jouer au ballon devient un exploit quasi contestataire sur des abords d’immeubles transformés en parking. Le système des marchands au pouvoir a dit : J’achète le Père Noël.  Les marchands tuent l’enfant, tuent les parents, tuent le jouet. » (La gueule ouverte, janvier 1973).

Il n’y a pas de journée spécifique pour faire plaisir en éduquant. Quand, un jour quelconque de l’année, j’ai offert un puzzle à ma petite-fille de 2 ans et quelques mois, ce qui l’a le plus intéressé n’était pas les cubes du puzzle, mais la ficelle autour du paquet. Alors nous avons joué ensemble avec la ficelle, car l’essentiel n’est pas dans la valeur du jouet, mais dans le fait de jouer avec les enfants, adultes-jeunes réunis autour de la manipulation d’un objet qui n’a de valeur que celle qu’on lui accorde plus ou moins librement.

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Le père Noël n’est qu’un camelot vendeur d’illusions

« Noël est une chiotte ignoble et on va plonger nos gosses là-dedans ? Le Père Noël est le camelot immonde des marchands les plus fétides de ce monde. Les marchands de rêve et d’illusion, véritables pirates des aspirations enfantines, colporteurs mercantiles de l’idéologie du flic, du fric, du flingue… Face à la grisaille géométrique des cités-clapiers, bidonvilles de la croissance, face aux arbres rachitiques, aux peuples lessivés, essorés, contraints, s’étale la merde plaquée or-synthétique, la chimie vicieuse des monceaux de jouets, un dégueulis de panoplies criardes, avec, derrière la porte capitonnée le ricanement malin des marchands.

Mais faut bien faire plaisir au gamin ! Rubrique « Filles » du catalogue des Nouvelles Galeries : 28 pages sur 30 exclusivement consacrées aux poupées, aux dînettes, avec trousses de toilette et fers à repasser miniatures. Les deux pages restantes sont consacrés au tissage, à la couture, à des panoplies de danseuse…et de majorette ! Si avec ça votre fifille n’a pas pigé quel est son rôle futur. Côté « les Garçons » : sur 40 pages, 32 seulement consacrées aux bagnoles, avions, panoplies de cow-boys et carabines à plomb ! Doivent retarder, aux Nouvelles Galeries, j’ai pas trouvé de panoplies de CRS ou de para. Par ailleurs ces jeux sollicitent de plus en plus de consommation électrique. Allez, tenez, on va fantasmer un peu : bientôt pour construire des centrales nucléaires, l’EDF s’adressera à nos gosses et leur proclamera la nécessité de l’atome pour fournir de l’électricité à leurs jouets !

Mais quelles sont les tendances d’enfants élevés dans un milieu naturel et n’ayant pas à souffrir du poids des divers modes d’intoxication ? Ils courent, ils jouent dans les flaques, se roulent dans la boue, ou tentent de percer les mystères de « papa-maman ». Ils vivent, pensent, créent. Refouler ces pulsions naturelles est donc le but criminel de notre société. Sauter à la corde ou jouer au ballon devient un exploit quasi contestataire sur des abords d’immeubles transformés en parking. Le système des marchands au pouvoir a dit : J’achète le Père Noël.  Les marchands tuent l’enfant, tuent les parents, tuent le jouet. »

Devant la clarté du propos, la Biosphère n’a rien à ajouter…

Source : numéro 3 du mensuel la Gueule ouverte, le journal qui annonce la fin du monde (janvier 1973)

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L’agroécologie, une leçon de vie avec Pierre Rabhi

Dans cet entretien avec Jacques Caplat, Pierre Rabhi résume sa vie de paysan philosophe. Ce petit livre est bien écrit, comme d’habitude, il y a des images qui parlent, comme cette « gouvernance du monde empêtrée dans ses chamailleries stériles qui rappellent une cour de récréation planétaire infantile ». Il y a une idée forte, une agroécologie qui émancipe la paysannerie des produits chimiques et des intermédiaires. Il y a surtout une personne qui a fait de sa vie un modèle d’existence, depuis le désert du Sahara où il est né jusqu’à l’écriture d’un grand nombre de livres en passant par un élevage de chèvre limité à 30 individus pour ne pas risquer de verser dans l’élevage intensif. Cette limitation délibérée est pour lui indispensable pour vivre une sobriété heureuse. Cette expérience ardéchoise ne l’a pas empêché d’appliquer les préceptes de l’agroécologie au Burkina-Faso. Il s’agit de reconstituer la fertilité des sols, l’humus, et de revitaliser l’économie locale. Cela permet de fixer les paysans à la glèbe pour mieux lutter contre la concentration urbaine et la dépendance au pétrole.

Pierre Rabhi montre parfaitement que tout est lié, la façon dont on mène sa vie et le respect de la vie en général, son propre mode de production et le réchauffement climatique. Il faut aimer les livres comme celui-là où l’auteur se met en scène pour montrer que l’écologie n’est pas une abstraction.

Dommage que Pierre ne puisse s’empêcher, au milieu d’un livre intéressant, de témoigner de son anti-malthusianisme primaire : « Invoquer l’explosion démographique est une façon de nier notre responsabilité. Il est assez indécent d’accuser les humains qui souffrent de la faim d’être fautifs parce qu’ils sont nés, alors que leur indigence n’est que le résultat de l’avidité d’une minorité. (page 68) » La question démographique, c’est tout autre chose qu’une mise en accusation des pauvres, c’est la relation très complexe qui existe entre évolution des ressources alimentaires, accroissement de la population et contexte socio-politique.

L’agroécologie, une éthique de vie de Pierre Rabhi
Actes Sud, domaine du possible, 84 pages, 8 euros
http://www.actes-sud.fr/sites/default/files/imagecache/c_visuel_cat_w120px/couv_jpg/9782330056469.jpg

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Gaz à effet de serre, le responsable c’est bien moi

1. Les économies d’énergie constituent la première ressource énergétique de la planète. En effet l’énergie qu’on ne consomme pas présente de multiples avantages : elle ne pollue pas, ni gaz à effet de serre, ni déchets radioactifs, elle ne dépend pas non plus de pays étrangers et parfois turbulents. Soyons négawatts, économisons l’énergie et les mégawatts. Nous pouvons personnellement contribuer à la protection de l’environnement, que ce soit par l’isolation thermique de nos habitats, le refus de la climatisation dans notre véhicule ou même la réduction de notre mobilité.

2. Si vous augmentez la température de votre logement de 1°C, vous augmentez mécaniquement votre facture de chauffage de 7 %. Réciproquement, si vous baissez la température ambiante de 1°C, vous réaliserez en moyenne plus de 600 € d’économies. D’ailleurs la moyenne idéale recommandée est de 19 ° dans la maison, sachant que certaine pièces comme la chambre à coucher nécessitent pour dormir une température plus basse. Mais les esquimaux dans leur igloo étaient capable de faire bien mieux, c’est-à-dire beaucoup plus bas…

3. Climatisation ou non ? La question se pose aujourd’hui face aux étés caniculaires qui pourraient se répéter au XXIème siècle puisque nous ne voulons rien changer de notre mode de vie. On a constaté en trente ans que la température moyenne dans les foyers britanniques est passée de 17 à 21 degrés sans que le bien-être y ait forcément gagné. Plutôt que la fuite en avant d’une consommation croissante d’énergie, nous devrions revenir aux méthodes de construction qui permettent de maintenir une différence de température de 10 degrés entre l’intérieur et l’extérieur, les patios d’Ispahan qui organisent la circulation de l’air, les constructions des trulli d’Alberollo dont la forme permet l’évacuation de la chaleur. La climatisation est en passe de tuer une institution qui semblait pourtant la meilleure parade contre la chaleur, la sieste !

4. Ne faites pas de ski. En France 4000 hectares de pistes dans 185 stations sont enneigés artificiellement. Il fatu toujours ouvrit*r de nouvelle pistes ou régulariser les anciennes pour satisfaire la demande. Dix millions de mètres cubes d’eau sont consommés pour alimenter les canons à neige, soit l’équivalent de la consommation annuelle d’une ville de 170 000 habitants, ce qui peut entraîner des conflits d’usage entre communes. De plus on n’a pas encore étudié l’impact à long terme sur l’homme et l’environnement de l’additif utilisé pour favoriser le gel, une bactérie. Mais dans certains pays, l’usage en est déjà réglementé ou même proscrit.

5. Pour fabriquer une pile électrique, il faut 50 fois plus d’énergie qu’elle n’en restitue. De plus elle contient de matériaux très polluants (métaux lourds) et très difficilement recyclables. Tu peux donc avoir plusieurs attitudes.
– Choisir la raison et préférer l’électricité fournie par le secteur. Tu fais des économies d’énergie, mais également de pognon : le courant fourni par une pile revient 1000 fois plus cher que celui du secteur.
– Choisir la sagesse et utiliser un réveil à ressort qui se remonte. Tu évites une électricité produite en France à 80 % par les réacteurs nucléaires dont on sait qu’il n’existe plus que pour 40 années de combustible, l’uranium.
– Choisir la décroissance soutenable en évitant de remonter le réveil mécanique. Tu peux ainsi expérimenter tout ce que cela changera dans ta vie…

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4/4) agir personnellement sans attendre la COP.21

Les conférences internationales sur le climat ne servent à rien si l’ensemble des citoyens du monde ne prennent pas conscience que c’est par mes gestes quotidiens que je favorise ou non les émissions de gaz à effet de serre. Le diable loge dans les détails. Puisque je dépense peu, j’économise de l’argent. Mais placé dans une caisse d’épargne, il est réinjecté dans les circuits financiers et participe à l’expansion monétaire qui accélère les échanges et détériore notre planète. C’est un effet rebond* indirect. C’est mon problème principal, quoi faire de mon argent pour ne pas contribuer au consumérisme ambiant ? Le garder en liquide est une solution, définitivement au fond d’un placard, hors du circuit monétaire. J’ai aussi d’autres solutions, comme donner 10 % de mon revenu à Greenpeace. Mon argent va principalement au bien collectif, jamais à des dépenses ostentatoires.

Nul n’est parfait, mais l’essentiel est de ressentir profondément le besoin d’économiser l’énergie. Nous ne changerons notre comportement que si nous avons acquis le sens des responsabilités. Je récuse cette société qui a perdu le sens des limites et dans laquelle il faudrait faire croire que le comportement écologique doit être source d’avantages financiers (économies d’argent, subventions, bonus automobile, etc.) pour être acceptable. A mon avis, la limitation de nos besoins doit d’abord être considérée comme un devoir pour moins peser sur les ressources de la planète. Or le devoir accompli est source de satisfaction. Il n’y a de limites à notre sobriété heureuse que la force de nos convictions. A contrario, une dose de culpabilisation est nécessaire pour éviter les conduites non vertueuses. Le coupable, c’est toi, c’est moi, quand nous ne faisons pas assez pour améliorer les relations de l’humanité avec les possibilités des écosystèmes. Mais comme chacun a ses propres limites, je n’ai pas à me mettre à la place des autres, si ce n’est indirectement.…

Car la simplicité volontaire est aussi affaire d’entraînement mutuel, d’interaction spéculaire : tu fais parce que je fais ainsi parce que nous croyons collectivement que c’est là le bon comportement. Une communauté de résilience ne peut se concevoir que si ses membres deviennent le plus vertueux possible et se donnent les uns les autres les recettes pour s’améliorer. Nous les écolos qui avons compris que le blocage énergétique (pic pétrolier et réchauffement climatique) est devant nous, nous n’avons pas à cacher la vérité : il faudra faire des efforts, de plus en plus d’efforts, et le plaisir sera donné de surcroît. L’énergie utilisée par personne est aujourd’hui équivalente à 15 esclaves énergétiques en Inde, 30 en Amérique du Sud, 150 en Europe et 300 aux Etats-Unis. Un seul litre de pétrole contient l’équivalent de près de 9 kWh d’énergie, alors que le rendement moyen d’un être humain est d’environ 3 kWh au cours d’une semaine de 40 heures de travail ! L’épuisement des ressources non renouvelables va supprimer une bonne partie de nos esclaves énergétiques. Dans l’avenir, que nous le voulions ou non, nous serons bien obligés de nous satisfaire de notre seule énergie corporelle et des énergies renouvelables, une capacité énergétique bien inférieure à notre niveau actuel. Mais si nous n’apprenons pas rapidement et de façon égalitaire le sens des limites, il se pourrait fort que nous revenions demain à une forme d’esclavage, avec monopolisation par quelques-uns de la force corporelle d’autrui.
Michel Sourrouille

* effet rebond : Chaque fois que nous économisons de l’énergie à un endroit, généralement nous allons consommer un peu plus ailleurs. Par exemple le rebond lié à la frugalité : un billet d’action pour une île au soleil sera acheté avec les économies sur les frais de chauffage réalisées en réduisant la température de sa maison l’hiver.

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3/4) agir personnellement sans attendre la COP.21

Les conférences internationales sur le climat ne servent à rien si l’ensemble des citoyens du monde ne prennent pas conscience que c’est par mes gestes quotidiens que je favorise ou non les émissions de gaz à effet de serre. Prenons ma façon d’agir au quotidien. Notre manière de vivre entraîne toujours une dépense d’énergie sous-jacente, même ce qui semble le plus anodin. Je ne me rase pas le matin, je refuse cet usage inutile d’électricité ou le rasoir mécanique à 36 lames. Je me lave succinctement à l’eau froide chaque matin, je ne prends une douche que tous les trois jours. Quelle serait la fréquence optimale ? Le moins possible assurément.

Le poste le plus important des dépenses d’un foyer économe en énergie est normalement l’alimentation ; il faut bien alimenter notre chaudière personnelle, jour après jour. Je ne prends plus de lait au petit-déjeuner depuis que je sais que je prends la place du veau sous la mère. J’ajoute simplement de la chicorée à de l’eau chaude. Mais j’utilise un micro-onde, c’est pas le mieux pour économiser le nucléaire. Je ne bois plus du tout de café, même « éthique », depuis que je me suis rendu compte qu’il s’agit d’une manière de produire au détriment des cultures vivrières et de la sécurité alimentaire de lointains pays. Pourtant je croque de temps en temps un morceau de chocolat ; je me dis que nul n’est parfait.

Cela ne me dérange pas du tout de faire tout un repas dans l’assiette à soupe. Nous limitons notre consommation de viande et privilégions la consommation de volaille dont l’impact climatique est moindre. Mon couple participe au lundi végétarien en adéquation avec un mouvement (inter)national : l’élevage est pour beaucoup dans les émissions de gaz à effet de serre. Nous ne mangeons quasiment plus de plats préparés et de conserves industrielles, cuisinant de préférence des aliments bruts. Nous limitons notre alimentation le soir. Je pratique une certaine restriction alimentaire, mais je devrais jeûner plus souvent. J’avoue un repas au restaurant chaque semaine, mais c’est pour une réunion de famille. Si nous achetons sur le marché local, nous ne participons pas d’une AMAP*. Même si je ne fume pas, je m’accorde pourtant un verre de vin de temps en temps. J’ai planté plus de quarante arbres fruitiers, mais mon verger est à 35 km d’Angoulême ; difficile de faire revivre l’autoproduction alimentaire en ville. Et puis ma femme avait un chat, adorable par ailleurs, mais qui a lui aussi son empreinte écologique**. Par contre nous avons deux bacs à compost, plus aucun déchet végétal ne va dans le sac noir. Et je réfléchis beaucoup pour ne plus faire de déchets alimentaires, acheter juste ce qu’il faut et savoir accommoder les restes.
Michel Sourrouille

* AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne) ; il s’agit de rendre solidaire un groupe de personnes avec un agriculteur, un éleveur ou un maraîcher.
** Empreinte écologique : mesure de la pression des activités humaines sur l’écosystème exprimée en « unités de surface ». Chaque unité correspond au nombre d’hectares de terre biologiquement productive nécessaire pour entretenir un certain niveau de vie des humains et en absorber les déchets.

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