simplicité volontaire

un milliard de cons… et moi et moi et moi ?

Un Terrien sur sept est inscrit sur Facebook. Seules deux autres entreprises, Coca-Cola et McDonald’s, atteignent ce chiffre magique, un milliard de con-sommateurs. Personnellement je n’ai pas de compte Facebook, je ne bois jamais de Coca-Cola et je me refuse à entrer dans un truc de restauration rapide. Qui est anormal, un milliard de personnes ou ma pomme ?

Il y a mille raisons de refuser Facebook : vacuité des échanges en milieu virtuel, amitié qui perd son sens, vie privée offerte aux publicitaires… Il faut supprimer Facebook.

Il y a mille raisons de refuser Coca-Cola. Coca-Cola vide les nappes phréatiques, c’est aussi la mainmise sur nos esprits, le sponsoring des Jeux Olympiques, du greenwashing.  Supprimons (le) Coca-Cola, buvons de l’eau, c’est plus écolo … Boycottons Coca-Cola.

Il y a mille raisons de refuser McDonald’s. Comme Coca-Cola, McDo s’ingénie à pratiquer le greenwashing. C’est pourtant le travail à la chaîne appliqué à la restauration. C’est l’impérialisme américain qui ne fait que vendre du rêve et un espace enfant  pour mieux provoquer l’obésité. Mais tu as certainement mille raisons de consulter ta page Facebook en buvant un Coca dans un McDo. Vraiment, la vie ainsi vécue est-elle de bonne qualité ?

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Ecologie en temps de guerre aux Etats-Unis

Aux États-Unis, les générations actuelles sont-elles équipées pour répondre au défi que représente le réchauffement climatique ? Non, notre empreinte écologique ne cesse d’augmenter. À titre d’exemple, la maison américaine typique est aujourd’hui 40 % plus grande qu’il y a vingt-cinq ans, alors même que la taille de chaque foyer s’est réduite. Dans le même temps, les mammouths du genre 4×4 représentent 50 % des voitures particulières. Autrement dit, nous sommes trop nombreux à conserver un mode de vie surdimensionné. Mais la bonne nouvelle nous vient du passé.

Dans les années 1940, les Américains combattaient simultanément le fascisme à l’étranger et le gaspillage chez eux : ils laissaient la voiture au garage pour se rendre au travail à vélo, retournaient leur pelouse pour planter des choux, recyclaient les tubes de dentifrice et l’huile de cuisson, et s’efforçaient consciencieusement de réduire leur consommation et d’éviter le gaspillage inutile. Le symbole le plus célèbre de ce nouvel état d’esprit était les « jardins de la victoire », des jardins potagers communautaires. Près de 20 millions de « jardiniers de la victoire » assuraient 30 % à 40 % de la production nationale de légumes. Certains des horticulteurs les plus enthousiastes étaient les enfants des centres-villes, reconvertis en paysans urbains fiers de leur capacité d’autosubsistance. À Chicago, 400 000 écoliers s’engagèrent dans la campagne « Clean Up for Victory », destinée à récupérer de la ferraille pour l’industrie et à nettoyer des parcelles pour les transformer en jardins.

La guerre eut aussi pour effet d’affaiblir considérablement le règne de l’automobile. L’essence était rationnée. Quand le réseau des transports collectifs parvint à saturation, il devint urgent d’inciter les travailleurs au covoiturage. Si les grands centres de production militaires surpeuplés comme Detroit, San Diego et Washington, n’atteignirent jamais l’objectif de 3,5 personnes par voiture, ils réussirent toutefois à doubler le taux d’occupation des véhicules grâce à la mise en place d’impressionnants réseaux de ramassage. Le co-voiturage fut aussi encouragé par des amendes salées pour les amateurs de balades automobiles en solitaire et des slogans agressifs : « Quand vous conduisez SEUL, vous conduisez avec Hitler ! » Même l’autostop devint une forme tout à fait officielle de co-voiturage.

À défaut d’automobile, les voyages d’agrément motorisés étant prohibés, les familles partaient en balade ou en vacances à vélo. On assista au retour triomphal de la bicyclette, en partie grâce à l’exemple de la Grande-Bretagne, où plus d’un quart de la population se rendait alors au travail en vélo. Moins de deux mois après Pearl Harbor, une nouvelle arme secrète, le « vélo de la victoire » – un engin en ferraille équipé de pneus en caoutchouc de récupération – faisait son apparition à la une des journaux et dans les actualités cinématographiques. Les fonctionnaires du ministère de la Santé ne cachaient pas leur satisfaction : horticulture et cyclisme favorisaient tous deux la bonne santé de la population.

Pendant la guerre, on retrouva une bonne partie de l’idéalisme des débuts du New Deal. Exemple particulièrement intéressant : le mouvement en faveur d’une « consommation rationnelle », qui encourageait les citoyens à « n’acheter que le nécessaire » et mit en place des centres d’information pour les consommateurs prodiguant des recommandations en matière de nutrition, de conservation des aliments et de réparation des appareils ménagers. L’OCD (Bureau de la Défense civile) remettait en question les valeurs les plus sacrées de la consommation de masse – turnover effréné des styles, tyrannie de la mode et de la publicité, obsolescence structurelle des produits, etc. Un « féminisme de guerre » commença à bouleverser la mode. On mit l’accent sur la préservation et la durabilité. En tant que contribution à l’effort de guerre, les starlettes coupaient le bas de leur chemise de nuit ou arboraient des pyjamas passablement raccourcis. En mai 1942, les ciseaux de l’austérité vestimentaire s’en prirent aussi à la mode masculine et supprimèrent les revers de pantalon de laine. L’impératif de préservation entrait également en contradiction avec la culture du luxe ; les grands ploutocrates américains étaient obligés de se montrer nettement plus discrets dans leurs dépenses. Certains millionnaires déménagèrent dans des appartements de taille plus modeste, acceptant de céder (provisoirement) leur gentilhommière aux programmes de logements sociaux.

Cette mobilisation totale fut rebaptisée la « guerre du peuple ». Un chroniqueur au New York Times observa qu’après une première phase de désarroi et de confusion, les banlieusards commencèrent à enfourcher leurs vélos, raccommoder leurs vêtements, cultiver leur jardin, et consacrer plus de temps à coopérer avec leurs voisins. Mais avec la Guerre froide et la normalisation culturelle des banlieues américaines, il ne subsista plus grand-chose des valeurs et des programmes innovateurs de la « Guerre du peuple ». Pourtant, quelques générations plus tard, cette brève période qui vit se côtoyer jardiniers de la victoire et allègres auto-stoppeurs demeure une source d’inspiration et un vivier de compétences pour la survie de la planète.

Article résumé de Mike Davis, source : Mouvements

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Réévaluer notre échelle de besoins

Notre société de consommation a perdu tous les repères permettant de retrouver une société plus sobre. Il est pourtant certain que nos enfants dans les pays dits développés connaîtront des conditions d’existence moins généreuses qu’à l’heure actuelle. Les contraintes financières et les crises écologiques, en particulier énergétiques, vont nous imposer de revenir à des besoins plus essentiels qu’il nous faudra satisfaire de manière plus simple. Comment s’y préparer alors que les jeunes générations actuelles ne peuvent même pas concevoir qu’à une époque encore récente il n’y avait ni télévision, ni portables, ni jeux vidéos ? Dans son Manuel de transition, Rob Hopkins nous demande d’écouter les anciens, de « rendre hommage aux aînés » (point 10 des 12 étapes de transition). Voici en raccourci quelques extraits :

« Nous avons intérêt à apprendre de ceux qui peuvent se remémorer cette transition qui nous a fait accéder à l’âge du pétrole bon marché et, en particulier, la période entre 1930 et 1960. Dans le cadre de l’initiative de Totnes, nous avons interviewé des personnes âgées. Plus de monde logeait dans les maisons existantes… Totnes importait encore peu de nourriture… Il y avait peu de circulation… Je suis fasciné par le fait que tout le monde jardinait parce que c’était comme ça… Les histoires orales vous aideront à découvrir les savoir-faire que les gens possédaient et qui devraient faire partie de votre programme de requalification… Je pense que l’idée de demander la contribution des aînés est très enrichissante. Cette démarche serait pratiquement instinctive dans plusieurs autres cultures, mais nous l’avons oublié dans la nôtre. »

Si vous voulez diffuser un témoignage pour montrer aux jeunes générations que d’autres modes de vie sont possibles (et parfois nécessaires), vous pouvez en faire un commentaire rattaché à ce billet… Merci.

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bientôt des émeutes de la faim… contre les riches

La cherté croissante de la nourriture due aux perturbations climatiques (à l’effet de serre ?) est une tendance forte. Bruno Parmentier dans LE MONDE* s’inquiète : sécheresse historique aux Etats-Unis, mousson qui se fait attendre en Inde, excès de pluie en Europe… une nouvelle année de déficit en grain se profile sur la planète. On va franchir de nouveau le cap symbolique du milliard d’affamés. Or la moitié du blé mondial et les trois quarts du maïs et du soja servent à l’élevage. Les Français mangent en moyenne 233 grammes de viande par jour, les Américains 343 grammes ! Si on ajoute les subventions aux agrocarburants, la coupe est pleine : 40 % de l’énorme récolte américaine de maïs sert désormais à faire rouler leurs berlines.

Bruno Parmentier se contente de souhaiter des débats citoyens sur ces questions et la négociation multilatérale pour limiter la spéculation et constituer des stocks-tampons. Vœu pieux. Or nous pouvons rapidement instaurer dans les pays riches le lundi végétarien obligatoire pour tous. Comme il est vain d’attendre de la loi la modification de nos comportements, chacun de nous peut commencer l’aventure dès lundi prochain…

Les très pauvres consacrent souvent 70 % à 80 % de leurs ressources à acheter leur nourriture, en France le coefficient budgétaire pour l’alimentation est à moins de 15 %. Nous avons là l’illustration de la loi d Engel : la part du revenu attribuée aux dépenses alimentaires est d’autant plus faible que le revenu est élevé. Quand viendra le temps d’une énergie fossile raréfiée, les Français abandonneront leur automobile pour pouvoir consacrer plus d’argent à leur alimentation… sauf à rouler à l’éthanol pour les plus riches. Toute gestion équitable de la pénurie passe donc par la limitation drastique des inégalités de revenus, à l’intérieur d’un pays et entre pays. Faudra-t-il attendre les prochaines émeutes de la faim ? Qu’en pense Bruno Parmentier ?

* LE MONDE du 21 août 2012, Il faut en finir avec la gabegie alimentaire

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le sens des limites, contraire à l’esprit olympique

La devise olympique « citius, altius, fortius » (plus vite, plus haut, plus fort) ne fait que correspondre à l’expansion de la révolution industrielle et du goût de la bourgeoisie pour la concurrence et le record : vive le règne des plus forts !

Mais battre les records du monde devient de plus en plus rare, de plus en plus dépendant des innovations technologiques. Selon l’Irmes, l’homme utilisait 65 % de ses capacités physiques en 1896 (début des JO), contre 99 % actuellement et 99,95 % en 2025 si on prolonge les tendances. Nos performances ne sont pas séparées de nos paramètres vitaux, l’alimentation,  l’hygiène, l’instruction, les possibilités d’entraînement. La natation détient encore paraît-il le plus de potentiel, mais principalement grâce aux nouvelles combinaisons qui s’améliorent d’années en années jusqu’à ce que la peau des nageurs s’apparente à la peau des dauphins (LE MONDE du 9.08.2008). Si on nageait tout nus, ce biais n’existerait pas et nous atteindrions plus rapidement nos limites physiologiques.

« Plus vite, plus haut, plus fort », telle est la devise des jeux olympiques modernes alors que les principes de la Biosphère sont à l’inverse « Aller moins vite, aller moins loin, avec plus de douceur » : il faut respecter les écosystèmes. Notre futur n’a pas besoin de jeux et de télévision, mais de sobriété et de réflexion. Cet été, la propension des dirigeants à détourner l’attention des crises grâce aux clameurs dans les stades a encore repris le dessus. Hollande veut encore les JO à Paris ! Mais bientôt, un jour, nous serons débarrassés des Jeux Olympiques et nous pourrons recommencer à marcher au lieu de s’avachir devant le poste de télé. Retrouvons le sens de limites…

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L’objecteur de croissance, responsable et non coupable

Catherine Thumann, c’est la journaliste qui interviewe régulièrement les acteurs de la simplicité volontaire dans le mensuel La décroissance. Pour le dernier numéro juillet-août 2012, c’est l’intervieweuse qui est interviewée :

La Décroissance : tu m’as dit cet après-midi avant l’interview : « On va finir dans la rubrique écotartufe ! » Pourtant vous n’avez ni voiture, ni télévision, ni téléphone portable. Vous n’êtes pas propriétaire non plus.

Catherine : « Oui, mais nous sommes plein de contradictions. Nous ne sommes pas du tout dans la recherche de la pureté. »

Commentaire de biosphere : Il est vrai que la perfection n’est pas de ce monde, elle est d’ailleurs indéfinissable en soi. Ce qui est essentiel dans la démarche de Catherine, c’est qu’elle a pleinement conscience de ses insuffisances tout en pratiquant la simplicité volontaire. Un autre article du même numéro, c’est le spécialiste de la rubrique « la saloperie que nous n’achèterons pas » qui s’auto-flagelle :  « Pour faire la manifestation de Millau à Strasbourg cet été, j’ai acheté une tente chez Go Sport. J’ai payé moins de 30 euros, autant dire que la tente a plus de chances d’être fabriquée par des esclaves en Asie qu’en France. J’aurais pu acheter une tente fabriquée en France ; par fainéantise et pingrerie, je ne l’ai pas fait. J’aurais pu me renseigner auprès du Vieux Campeur, je ne l’ai pas fait et je n’ai pas d’excuses. L’écrire ici soulage un peu ma conscience. Mais c’est de la pure hypocrisie. Il faut assumer son geste. J’ai choisi la facilité, c’est ce dont crève le monde. La prochaine fois, j’essayerai de mieux faire. »

C’est là l’essentiel, « La prochaine fois, j’essayerai de mieux faire ». Il faut avoir ce sentiment de culpabilité qui nous pousse à améliorer toujours plus notre comportement. Personne n’est parfait, l’essentiel est de poursuivre dans la voie de la sobriété, d’être fier de ses victoires sur soi-même, de regretter ses manques, d’aller vers l’avant, de se sentir responsable.

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Dépénalisation du cannabis, Duflot pour, l’écologie contre

La dépénalisation du cannabis, c’est « la position » d’Europe Ecologie-Les Verts, depuis « très longtemps ». En tant que chef de parti Cécile Duflot a déclaré sur RMC et BFM TV : « Il faut considérer que le cannabis, c’est comme l’alcool et le tabac, même régime ; une politique de santé publique et de prévention, notamment vis-à-vis des plus jeunes. »

Ce positionnement résulte de l’amalgame qu’il y a eu au moment de la formation des Verts entre un gauchisme issu de mai 1968 bercé par les illusions du slogan « il est interdit d’interdire » et l’écologie scientifique qui s’intéressait réellement au devenir des écosystèmes. Il faut que l’écologie politique abandonne son aspect permissif pour atteindre sa maturité. Il faut que Cécile Duflot sache dire « Non, cela ne doit pas se faire ». Rappelons que le principe actif du cannabis, le THC tétrahydrocannabinol, est inscrit sur la liste des stupéfiants. Des doses fortes entraînent rapidement des difficultés à accomplir une tâche, perturbant la perception du temps, la perception visuelle et la mémoire immédiate, et provoquent une léthargie*. Est-ce cela qu’on attend d’un écolo, l’inconscience citoyenne ? L’appareil respiratoire est exposé aux risques du tabac qui accompagne le joint. Il y a des difficultés de concentration, donc des difficultés sociales, une dépendance psychique possible, des dédoublements de la personnalité… Ces effets peuvent se traduire par une forte anxiété et favoriser la survenue de troubles psychiques. Est-ce cela que les écologistes défendent, des citoyens en difficulté ?

Nous savons combien il est difficile de résister à l’addiction à l’alcool ou au tabac, il n’est nullement besoin de favoriser une drogue supplémentaire. D’autant plus que le cannabis est un produit importé, un comble quand on prône la relocalisation. Quant au cannabis produit sous serre, bonjour la consommation d’énergie ! Aux surfaces cultivées pour produire de l’alcool, du tabac ou du cannabis, on ferait mieux de privilégier les cultures vivrières et de laisser le plus possible de surface non cultivées pour la biodiversité. Un peuple écolo est un peuple exemplaire, il ne fume pas, ni tabac, ni cannabis. Simplicité volontaire oblige.

* Drogues, savoir plus, risquer moins (www.drogues.gouv.fr)

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pour un peuple écolo, l’austérité est notre destin

Le peuple communiste existe avec l’avènement de la révolution industrielle et la polarisation entre facteur travail et facteur capital. Contre le pouvoir du capital, le peuple communiste avait ses mots d’ordre et son catéchisme marxiste : exploitation de l’homme par l’homme, lutte de classes, syndicat courroie de transmission, dictature du prolétariat, etc. Le peuple communiste avait sa solidarité de classe, dans l’atelier, dans les banlieues rouges, dans les mutuelles, dans le syndicat. Le peuple communiste existait, il n’existe presque plus. Le peuple écolo n’existe pas encore, il existera un jour.

Le facteur travail et le facteur capital sont aujourd’hui surdéterminés par la raréfaction du troisième facteur qu’on croyait inépuisable, les ressources naturelles. Il n’y a plus seulement les travailleurs contre les capitalistes, il y a l’activité humaine confrontée avec les limites de la planète. Comme le pensait Marx, ce sont les circonstances matérielles qui déterminent les consciences et non l’inverse. Notre existence sociale est conditionnée par une réalité qui nous dépasse : les rapports de production chez les communistes, la géologie des richesses minières et l’état des écosystèmes pour un écologiste. Notre activité économique dépend étroitement des ressources fossiles que nous avons dilapidées et de la dynamique de l’écosphère que nous avons gravement détraquée. Or la nature ne négocie pas, que ce soit à Fukushima ou en termes de réchauffement climatique. Aux humains de s’adapter. Il est trop tard pour éviter la catastrophe, mais plus tôt nous agirons, plus nous réduirons la violence du choc. Les richesses naturelles étant en quantité limitées et rapidement décroissantes pour les non renouvelables, la seule solution pour vivre en paix est le partage équitable de la pénurie. Un parti politique définit le sens de l’histoire. L’écologie politique relaye le constat de l’écologie scientifique, l’austérité est notre destin.

Devant la catastrophe en marche, nous n’avons que deux solutions, soit subir dans le désordre et la violence une récession économique sévère, soit faire preuve de coordination et d’exemplarité. Une crise écologique, donc économique, pourrait avoir un effet déstructurant sur nos sociétés complexes. Mais nous savons aussi que la société dépend des perceptions croisées entre individus : je me représente comment les autres se représentent les choses et moi-même. En termes savants, on dit qu’il y a interactions spéculaires, comme devant un miroir. Il y aura un peuple écolo quand il y aura effet boule de neige : tu fais parce que je fais parce que nous voulons tous faire de même. Cela commence par des petits gestes, économiser l’énergie, prendre l’escalier plutôt que l’escalator ou l’ascenseur, boire bio, c’est-à-dire boire de l’eau. L’écolo utilise des techniques douces et rejette les techniques sophistiquées. Il sait que marcher à pied vaut mieux que de prendre un vélo, mais le vélo est bien préférable à l’autobus ou au train. L’écolo fait plutôt du covoiturage et rapproche son domicile de son lieu de travail, il isole sa maison et baisse la température dans ses pièces. Il choisit de vivre à l’étroit plutôt qu’augmenter son emprise sur les sols arables, il fait ce qu’il doit et le bonheur lui est donné de surcroît.

Car le bien-être n’est pas lié à la somme des objets que nous pouvons posséder, tout au contraire. L’achat d’un téléphone portable qui est démodé dans le mois qui suit n’entraîne pas un sentiment de satisfaction, mais un perpétuel sentiment de manque. La publicité nous formate pour avoir toujours envie d’autre chose, alors nous ne pouvons plus trouver la plénitude d’être. Un écolo refuse la pub, refuse la cigarette, refuse le verre d’alcool de trop. Pour chanter et s’épanouir, pas besoin d’être alcoolisé. Un écolo est sobre, il n’est pas austère même s’il pratique l’austérité. Il y aura un peuple écolo quand la majorité des citoyens refusera le voyage en avion, la voiture individuelle et les trois heures de télé par jour. Le peuple écolo préférera jouer au ballon plutôt que regarder un match de foot, il préférera une partie de belote plutôt qu’une séance télé. La simplicité volontaire des uns se conjuguera avec la décroissance conviviale des autres.

Toute personne qui a compris que nous avons dépassé les limites de la planète devrait savoir qu’il lui faut vivre autrement. Un parti écologiste sera adulte quand ses adhérents agiront en ce sens. Un parti politique digne de ce nom est composé de militants qui vivent ce qu’ils prêchent. Il y aura un peuple écolo quand les militants d’EELV commencement à donner l’exemple de la sobriété énergétique et de la simplicité volontaire. Le peuple écolo existera quand EELV nous donnera une certaine cohérence, des éléments de langage, le sens de la solidarité, l’exemplarité de ses membres. L’équilibre compromis entre les possibilités de la planète et l’activisme humain entraîne nécessairement l’avènement du peuple écolo… ou l’écolo-fascisme !

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le tabac tue et rend esclave, un écolo ne fume pas

LE MONDE* le dit, Golden Holocaust de Robert Proctor paraît ces jours-ci aux Etats-Unis. Ce livre puise dans les « tobacco documents ». Le Master Settlement Agreement en 1998 ordonne la mise dans le domaine public des secrets de l’industrie du tabac ; un vaste complot depuis un demi-siècle pour tromper le public.

Au cours de la réunion de Paris qui a mis en mouvement le plan Marshall le 12 juillet 1947, il n’y avait aucune demande des Européens spécifique au tabac. Cela a été proposé et mis en avant par un sénateur de Virginie. Au total, pour deux dollars de nourriture, un dollar de tabac a été acheminé en Europe. Les populations européennes sont alors devenues accros au tabac blond flue-cure. Ce procédé permet de rendre la fumée moins irritante, donc plus profondément inhalable ; or plus l’afflux de nicotine dans l’organisme est rapide, plus les dégâts occasionnés sur les tissus pulmonaires sont importants. Plusieurs centaines de composés – accélérateurs de combustion, ammoniac, adjuvants divers, sucres, etc. – sont ajoutés au tabac. Ils rendent la fumée moins irritante, plus inhalable. Tout est fait pour rendre les fumeurs le plus accro possible. A cause du polonium 210, un paquet et demi par jour équivaut à s’exposer annuellement à une dose de rayonnement équivalente à 300 radiographies du thorax.

Le 14 décembre 1953, les grands patrons du tabac se retrouvent discrètement à l’hôtel Plaza de New York. Quelques mois auparavant, des expériences menées sur des souris ont montré que le produit qu’ils vendent est cancérigène. Les géants du tabac se lancent alors dans une entreprise d’instrumentalisation du doute scientifique qui retardera la prise de conscience des ravages de la cigarette. Ce n’est qu’en 1964 que les autorités sanitaires américaines commenceront à communiquer clairement sur le lien entre tabac et cancer du poumon. Les mensonges d’une demi-douzaine de capitaines d’industrie provoqueront la mort de plusieurs millions de personnes. Mais pour cela, il faut fabriquer le consentement.

Philip Morris a formalisé ce projet en 1987 sous le nom de Project Cosmic – un plan destiné à créer un réseau extensif de scientifiques et d’historiens partout dans le monde. Créer de toutes pièces des réflexes mentaux dans la population est à la fois fascinant et inquiétant. Convaincre les adolescents que fumer tient de la rébellion, voilà un tour de force marketing. C’est le fruit d’investissements lourds, à coups de millions de dollars. Sylvester Stallone a touché 500 000 dollars pour fumer dans cinq films. Mais le passage enfumé à l’écran de Paul Newman, Sean Connery, Clint Eastwood ou Mickael Blomkvist résulte d’un processus similaire. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a été infiltré par les cigarettiers grâce à des associations écrans ou à des scientifiques secrètement payés par eux. Celui qui examinait les dossiers de la National Science Foundation (principale agence fédérale de financement de la recherche américaine) touchait de l’argent du tabac. Même l’American Civil Liberties Union, l’équivalent de la Ligue des droits de l’homme, a fait campagne au début des années 1990 pour la « liberté » de fumer sur le lieu de travail après avoir reçu des centaines de milliers de dollars de l’industrie du tabac. Une cinquantaine d’historiens – la plupart financés ou secrètement payés par les cigarettiers – ont formulé lors des procès du tabac des témoignages favorables aux industriels. Les chiens de garde du Project Cosmic avaient infiltré toutes les institutions. Pour quel résultat ?

Le plaisir procuré par la cigarette est une pure fabrication de l’industrie. Contrairement à l’alcool et au cannabis, la cigarette n’est pas une drogue récréative : elle ne procure aucune ébriété, aucune ivresse. Fumer, c’est devenir directement accro. Parmi ceux qui aiment le vin, seuls 3 % environ sont accros à l’alcool. Alors qu’entre 80 % et 90 % des fumeurs sont dépendants. C’est une forme d’esclavage. Chaque année la combustion des cigarettes déposera quelque 60 000 tonnes de goudron au fond de poumons humains. Chaque année, la cigarette tue plus que le paludisme, plus que le sida, plus que la guerre, plus que le terrorisme. Et plus que la somme des quatre. La cigarette est l’invention la plus meurtrière de l’histoire de l’humanité.

Merci à Stéphane Foucart de nous donner tous ces éléments de réflexion. La cigarette est inutile, pernicieuse, dangereuse. Mais n’oublions pas que ce sont les fumeurs qui donnent aux cigarettiers les moyens de financer leur aliénation et de programmer leur propre mort. Un peuple écolo est un peuple exemplaire, il ne fume pas.

* LE MONDE culture & idées | 25.02.12 | Les conspirateurs du tabac

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75 % c’est trop mou, pour une tranche d’imposition à 100 %

François Hollande vient d’annoncer son intention de créer une nouvelle tranche d’imposition à 75 % pour les revenus excédant un million d’euros*. Nous aurions préféré 90 % et pourquoi pas 100 %. En 1932, quand Roosevelt arrive au pouvoir après la crise de 1929, le taux de l’impôt fédéral sur le revenu applicable aux plus riches était de 25 % aux Etats-Unis. Le nouveau président décide de le porter immédiatement à 63 %, puis 79 % en 1936, 91 % en 1941… pour un revenu supérieur à 200 000 dollars de l’époque, soit 1 million de dollars d’aujourd’hui (770 000 euros). Ce taux  de 91 % s’appliqua jusqu’en 1964. Selon l’économiste Thomas Picketty, le taux marginal maximum de l’impôt sur les hauts revenus a pu atteindre, en France, jusqu’à 90 % dans les années 1920 ou dans l’immédiat après-guerre. Il était encore supérieur à 60 % au début des années 1980.

Cela n’a pas tué le capitalisme et n’a pas empêché l’économie américaine de fonctionner. Pour une raison simple : ces taux ne s’appliquaient qu’à des revenus très, très élevés. A ces niveaux d’indécence, ce ne sont pas les compétences ou le dynamisme que l’on rémunère : ce sont la rapacité, des prises de risque excessives, une position médiatique illusoire (sportifs, acteurs…). Un taux marginal** d’imposition très élevé n’est certainement pas « un message de spoliation par rapport à l’effort produit », comme l’affirme l’UMP François Baroin.

La taxation confiscatoire des revenus exorbitants est non seulement possible, mais écologiquement nécessaire. Comme l’exprime Hervé Kempf, « La seule façon que vous et moi acceptions de consommer moins de matière et d’énergie, c’est que la consommation matérielle, donc le revenu, de l’oligarchie soit sévèrement réduite. En soi pour des raisons d’équité, et plus encore, en suivant la leçon de Veblen, pour changer les standards culturels de la consommation ostentatoire. Puisque la classe de loisir établit le modèle de consommation de la société, si son niveau est abaissé, le niveau général de consommation diminuera. Nous consommerons moins, la planète ira mieux, et nous serons moins frustrés par le manque de ce que nous n’avons pas. » (Comment les riches détruisent la planète)

Lire aussi sur notre blog : taxer à 100 % les riches (29.09.2010)

* LEMONDE.FR | 28.02.12 | Tranche d’imposition à 75 % : ce que signifie la proposition de M. Hollande

** taux marginal : En France, l’impôt sur le revenu est progressif : on ne paye pas selon un pourcentage fixe en fonction de ses revenus, mais selon un taux marginal  : 0 % jusqu’à 6 088 euros de revenus par an, 5,5 % de 6 088 à 12 146 euros, 14 % de 12 146 à 26 975 euros, 30 % de 26 975 à 72 317 euros et 41 % au delà. Le candidat socialiste proposait jusqu’ici une nouvelle tranche d’imposition à 45 % pour les revenus situés au-delà de 150 000 euros par an.

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plaisir écolo contre plaisir consumériste

Le site Citegreen.fr surfe sur le plaisir*. On donne des points pour obtenir des récompenses  à ceux qui covoiturent, troquent plutôt qu’achètent, consomment de l’énergie renouvelable…: film en vidéo à la demande, magazine téléchargé sur Mac, PC ou tablette… Ainsi va notre monde, sauver la planète en croyant se faire plaisir. Mais la société des écrans ne fait en rien avancer la cause écologique. Encore moins quand Citegreen.fr propose la « pose de vernis offerte pour l’achat d’un soin des mains » ! Il s’agit d’un effet rebond : économiser l’énergie pour consommer encore plus n’a en fait rien résolu.

Il nous faut au contraire débondir, limiter notre consommation matérielle pour agrandir notre horizon spirituel. Par exemple un « débond temporel » alloue plus de temps à la rencontre humaine, à la relation avec la nature. Des activités telles que le jardinage, la randonnée, les repas qui s’étirent en longueur, l’usage de la bicyclette réduisent le temps disponible pour d’autres activités polluantes. On ne gagne pas des points bonus, on gagne de la sérénité. Là est le véritable plaisir écolo, loin des désirs frelatés formatés par la société des marchands.

NB : C’est François Schneider qui a introduit le concept d’effet débond qui consiste à profiter des gains de productivité (performance, vitesse, etc.) en limitant voire en réduisant les besoins. La conjonction de ces deux facteurs (efficacité et limitation des besoins) amène alors un gain en termes de confort, de temps gagné pour les loisirs ou de prélèvement de ressources naturelles non-renouvelables.

Voir sur ce blog http://biosphere.blog.lemonde.fr/2010/08/15/leffet-debond-antidote-a-leffet-rebond/

* LE MONDE du 14 février 2012, Les écoresponsables récompensés

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dur pour un écolo de refuser de trinquer ?

Hervé Kempf s’interroge : « Ah ! qu’il est dur d’être écologiste ! ». Il imagine les qualificatifs donnés aux écolos qui parlent du vin, graduant les transformations de l’état mental selon la sobriété, l’ébriété, l’euphorie ou l’ivresse. Mais il réconcilie tout le monde, « célébrons l’Europe, et buvons bio » ! Le Comité européen de l’agriculture biologique vient en effet de se mettre d’accord sur les règles concernant le vin biologique : on baisse la quantité admissible de sulfites. Dans cette chronique*, Hervé Kempf n’est à notre goût pas assez écolo. Pas de vin, buvons bio, buvons de l’eau. Pourquoi ?
Une seule goutte d’alcool n’apporte rien à l’organisme : l’abstinence totale n’est donc pas un vice, tout au contraire. Rappelons que l’absence d’alcool est absolument nécessaire pendant la période de grossesse pour éviter un retard mental de l’enfant. Rappelons que l’alcoolisme entraîne 45 000 décès annuels en France et expose 5 millions de personnes à des difficultés médicales, psychologiques et médico-sociales. Et puis la monoculture de la vigne ne prend pas soin du sol, le rendement de la vigne baisse dans certains endroits en France de 2,5 % chaque année. Il s’est formé une croûte calcaire de 20 à 40 centimètres. Tout se passe comme si le processus classique de formation de la terre s’inversait ; au lieu que la roche se transforme sous l’effet de la faune et de la flore, le sol a évolué de façon régressive, s’est durci, est devenu roche. Dernier problème, et pas le moindre, les vignes empiètent tant sur les autres cultures que sur l’espace nécessaire pour assurer la biodiversité.
Oui, il est dur d’être écolo car il nous faut aller à contre-courant en France, pays du vin ! C’est dur, il s’agit de refuser le bio qui ne correspond pas à un réel besoin . C’est dur, il s’agit souvent de renoncer à ses propres habitudes culturelles, inscrites dans son milieu familial : ni vin vieux, ni digestif. C’est dur, il s’agit de refuser l’apéritif offert quand on est invité par des amis. C’est dur, il s’agit d’avoir une pensée élargie, refuser l’alcool dans notre verre et aussi l’alcool dans les moteurs. C’est dur, il s’agit de combattre les lobbies de l’alcool, tellement influents auprès des parlementaires. Mais si c’est dur d’être écolo, c’est d’autant plus palpitant.
* LE MONDE du 11-12 février 2012, chronique écologie, Splendeur et félicité

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en Grèce, vivre avec moins, le bonheur !

Techniquement, il n’y a aucune différence entre une récession économique et la décroissance voulue. Mais la première est mal vécue tandis que la seconde constitue une voie d’avenir qui s’inscrit déjà dans la réalité. En Grèce par exemple, la décroissance a rencontré la crise. Elle a beaucoup d’adeptes contraints, dont les revenus se sont effondrés, et qui n’ont pas d’autre choix, et quelques partisans, qui y voient un moyen de vivre différemment. Les Grecs ne sont pas devenus par miracle des adeptes de la décroissance, mais ils doivent désormais faire avec 50 % de moins !

Avant la crise, les Grecs avaient vraiment trop de choses, la crise commence à changer les façons de penser et d’acheter. Nous n’avons pas besoin d’avoir dix pulls et dix paires de chaussures. Il n’y a pas besoin de posséder beaucoup pour être heureux. Kostas et Fotini apprennent à un public de plus en plus nombreux à utiliser l’énergie du soleil et du vent et à cultiver son jardin dans la cité. D’autres proposent des cours pour apprendre à consommer moins d’énergie ou à cultiver bio. Chacun est amené à utiliser les ressources qui sont directement à sa disposition, en Grèce on n’attend plus rien de l’Etat.

Le troc se fait au grand jour, on habille le jeune enfant dans un magasin en apportant les vêtements devenus trop petits. On peut créer des banques sans argent, des banques de temps. Le principe est simple. Tu indiques en ligne les services que tu veux rendre et ceux dont tu as besoin. Si quelqu’un utilise une heure de service, elle est débitée de son compte-temps, tandis que celui qui a rendu un service ou a transmis un savoir bénéficie d’une heure de crédit. Le système doit garder son équilibre pour chaque personne. Contre ceux qui veulent prendre et prendre sans rien donner en échange, il est impossible d’avoir plus de trente heures de débit. La banque de temps évite ainsi le surendettement qui a plombé la Grèce. L’heure d’un médecin ne vaut pas plus que celle d’une femme au foyer : le principe, c’est que toutes les heures sont égales. Cela permet de créer de la solidarité. Quand quelqu’un que vous ne connaissez pas vous propose le service dont vous avez besoin, ça vous rend heureux…

NB : tous les éléments du discours ci-dessus sont extraits du MONDE du 10 février 2012, Vivre en décroissance… Nous avons sur ce blog fait plusieurs fois la distinction entre décroissance subie et voulue. La récession en Grèce donne raison aux objecteurs de croissance. Et comme la récession est vouée à se généraliser…

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beaucoup de « R » contre les « SUR »

Dans Petit traité de la décroissance sereine, Serge Latouche présentait un programme en 5R pour les pays du Sud (Rompre, Renouer, Retrouver, Réintroduire, Récupérer) comme remède à la destruction de l’identité, des savoirs et des savoir-faire des sociétés vernaculaires. Pour le Nord, il en arrivait à un changement de cap basé sur les 8R : Réévaluer, Reconceptualiser, Restructurer, Redistribuer, Relocaliser, Réduire, Réutiliser, Recycler. Ces huit objectifs interdépendants sont susceptibles d’enclencher un vertueux de décroissance sereine, conviviale et soutenable. Mais on pourrait allonger la liste des R avec radicaliser, reconvertir, redéfinir, redimensionner, remodeler, repenser, etc. Tous ces R participent tout autant de la révolution que du retour en arrière, du changement radical de direction que de la répétition.

En fait ces R sont une saine réaction face à la démesure de la société thermo-industrielle, basée sur les SUR : surabondance, suractivité, surcommunication, surconsommation, surdéveloppement, suremballage, surendettement, suréquipement, surmédicalisation, surpâturage, surpêche, surproduction … (cf. Jean Paul Besset, Comment ne plus être progressiste…sans devenir réactionnaire). Vive les R… A bas les « SUR » !

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échec de la mondialisation, relocalisation nécessaire

Je vais t’expliquer le terme « local » en comparant deux villages : ils se situent en Crète, mais ils pourraient se trouver n’importe où. L’un des villages est perché dans les montagnes, on ne peut y accéder que par une route non bitumée, jonchée de nids de poule, sur laquelle les bus ne se risquent pas. Le seul contact avec le monde extérieur que j’ai pu relever tenait en la personne d’un homme qui, à bord d’un camion très robuste, bravait les nids-de-poule une fois par semaine et rapportait au village des chargements de poisson en provenance du petit port de pêche côtier. Les moutons du village servaient de monnaie pour payer ce poisson. A l’exception de ce troc, la communauté de cette montagne était autosuffisante. Il y avait assez de petites parcelles en terrasse pour y cultiver du blé, des vignes et des oliviers. Il y avait un moulin à huile pour presser les olives. Il y avait beaucoup de noyers et de citronniers, de figuiers et bien d’autres arbres fruitiers. Il y avait des ruches, et les moutons fournissaient de la viande en abondance. Les maisons du village étaient simples et confortables pour ce type d’environnement. Les femmes fabriquaient des vêtements. Il y avait un tisserand dans un village voisin, un bottier dans un autre, un coutelier dans un troisième. Avaient-ils une culture, me demanderez-vous ? Eh bien, on chantait, on dansait et on jouait de la musique. Il y avait peu de livres, mais si les villageois avaient souhaité lire, ils en auraient trouvé. Les villageois ne payaient pas d’impôts et il n’y avait qu’un policier. Ils connaissaient leurs propres lois et les respectaient.

L’autre village crétois que je voudrais décrire se trouvait un peu plus bas dans la montagne et disposait d’une route praticable. Elle permettait de se rendre à la ville et bien sûr reliait également la ville à la compagne. L’argent de la ville est arrivé et a permis l’achat d’une bonne partie des terres ; on a déraciné les vieux arbres et les vignes et on a planté des oliviers à croissance rapide pour créer une oliveraie à des fins  commerciales. Ainsi les villageois ont du payer leur huile d’olive et ont été rapidement entraînés dans l’économie monétaire. Toutes sortes de marchands arrivaient au village et un petit super marché s’ouvrit. Soudain, les villageois découvrirent qu’ils avaient « besoin » d’un tas de choses dont ils ne se servaient pas auparavant. La télévision arriva de même et apporta avec elle des images alléchantes. Les jeunes du village ne dansaient plus et ne chantaient plus ; ils voulaient écouter de la musique pop occidentale et boire du Coco-Cola. Même si leur jolie route avait tout d’une route vers la liberté, ce fut en réalité celle de la tristesse, de l’esclavage salarial et du mécontentement, et qui n’offrit aucun retour à tous les jeunes qui l’empruntèrent.

(Extraits de « John Seymour, Revivre à la campagne, première édition 1976, édition 2007 De Borée)

NB : Le diable se cache dans les détails. La Reproduction en couleur de ce livre a été réalisé par Colourscan (Singapour), il a été imprimé et relié en Chine par Toppan !!! Vivement la démondialisation…

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Homemakers, élevage de poules en ville

Pendant la crise de la grippe aviaire, on avait moqué les banlieues asiatiques où hommes et poules vivaient ensemble, signe d’un pays arriéré. Pendant la dernière guerre, certains en France élevaient des poules en ville. Pénurie oblige. Nous allons aujourd’hui revenir aux fondamentaux de la survie.

Jusqu’à dix poules par foyer. Pas de coq. Autorisation administrative requise. Vente des œufs interdite : Durham, en Caroline du Nord, vient de rejoindre le club très fermé des villes américaines qui autorisent leurs riverains à élever des  gallinacés. Dans les années 1930, les gens survivaient tant bien que mal en cultivant des potagers et en récoltant leurs œufs. Ce modèle va redevenir de rigueur. La culture américaine conventionnelle voyait le foyer domestique comme une unité de consommation. Les homemakers préfèrent que leur foyer soit une unité de production : « on produit nos aliments, on prend soin nous-mêmes de notre santé, on compte sur nos familles, nos voisins et notre communauté pour s’entraider. Le choix de devenir un(e) homemaker est un acte de transformation sociale. Qui est le mieux armé pour faire face aux coups durs de l’économie aujourd’hui ? Une femme avec un gros salaire qui perd son boulot du jour au lendemain, ou celle qui produit elle-même et peut compter sur ses poules pour manger ?*

Les poules débarquent aussi dans LE MONDE**. Claire a une poule naine, « J’avais envie d’un retour à la nature. » L’élevage de gallinacés en plein Paris gagne du terrain. Crainte de la malbouffe, rejet des élevages industriels, souci pédagogique ou simple compagnie. La tendance est née aux Etats-Unis. A Montréal, un Collectif en aménagement paysager et en agriculture urbaine durable a lancé en 2010 une pétition pour lever l’interdiction de l’élevage citadin… En France, les poules en petit nombre sont considérées comme des animaux domestiques. Pas d’interdiction sauf problèmes de copropriété. Mais la journaliste Christine Taconnet insiste sur l’effet de mode, pas sur la recherche de la simplicité volontaire : « LLLLLLllles fabricants d’abris rivalisent d’idées, les créatifs s’y mettent. Ainsi, Eco-poules vante ses structures en bois local et renouvelable, Pousse Créative parie sur le design… »

* AMERICAN ECOLO d’Hélène Crié-Wiesner (delachaux et niestlé, 2011)

** LE MONDE du 29 décembre 2011, Les poules débarquent en ville

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nos voeux écolos pour 2012

Un député PS, Jean-Claude Viollet, a envoyé ses vœux: « 2012, retrouver le chemin d’une croissance durable ». Une autre députée, Martine Pinville, confirme les intentions : « 2012, partager les fruits d’une croissance retrouvée ». A croire que les députés PS se sont donnés le mot ! Mais notre ministre de l’écologie nous offre aussi Trois clés pour une croissance durable (lemonde.fr | 27.12.11 | ). A croire que la droite et la gauche poursuivent en France le même objectif, l’impossible croissance dans un monde fini. Nous préférerions une autre analyse.

John Beddington, premier conseiller scientifique du gouvernement du Royaume Uni, a déclaré début 2009 que le monde ferait face d’ici 2030 à une « crise absolue » de pénuries d’eau et de nourriture et à une explosion des prix du pétrole. Une semaine plus tard, l’ancien président de la Commission du développement durable britannique Jonathan Porritt exprimait son accord ; mais il écrivait que la crise frapperait à une date plus proche de 2020 que de 2030. Il parle de « récession ultime », celle dont il pourrait être impossible de se relever.

Une solution principale pour éviter le choc, la sobriété des comportements en 2012. Ce que nous souhaitons. Ce qui est incompatible avec la poursuite de la croissance économique.

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le luxe conjure les tsunamis selon LE MONDE

LE MONDE comme chacun sait est devenu un relais de l’industrie du luxe. Nicole Vulser, sa spécialiste maison, est du genre « Chaussettes haut de gamme » ou « Très chics costumes de James Bond » ! Le 31 décembre 2010, elle nous avait pondu un article fabuleux, « L’engouement planétaire pour la laine de Cachemire ». Cette fois, c’est la totale : « Au Japon, une envie de luxe pour conjurer le tsunami »*. Comme si les bijoux pouvaient détourner un raz-de-marée !

En fait cet article se contente de passer en revue tous les produits de luxe made in France dont les Japonais(es) soi-disant raffolent. Un paragraphe pour Cartier, un autre pour Vuitton et LVMH, sans oublier PPR (Gucci, Yves Saint Laurent), Chanel, Hermès, et encore Vuitton et LVMH. Il paraît que le luxe est, selon Nicole Vulser, un « investissement à long terme ». Comme si une montre en or ou un diamant pouvait nous servir pendant la crise systémique qui s’annonce !

C’est en page 2 du MONDE, monopolisant l’espace. Nicole Vulser ferait mieux de lire le livre d’un autre journaliste du MONDE , Hervé Kempf : « Comment les riches détruisent la planète ». Nicole apprendrait que la seule façon que vous et moi acceptions de consommer moins de matière et d’énergie, c’est que la consommation matérielle, donc le revenu, de l’oligarchie soit sévèrement réduite. En soi pour des raisons d’équité, et plus encore, en suivant la leçon de Veblen, pour changer les standards culturels de la consommation ostentatoire. Puisque la classe de loisir établit le modèle de consommation de la société, si son niveau est abaissé, le niveau général de consommation diminuera.

LE MONDE du 27 décembre 2011, Après la catastrophe du 11 mars, les Japonais ont retrouvé le chemin des boutiques de luxe…

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Mon testament écolo

Je soussigné désire un enterrement sans aucune cérémonie religieuse, sans fleurs ni couronnes ni aucune marque matérielle de condoléances.  Je veux être enterré de façon à minimiser mon empreinte écologique au maximum. Pas de crémation qui utilise une énergie extracorporelle devenue trop rare. Pas de cercueil qui mobilise des ressources naturelles. Pas de vêtements car nu je suis né, nu je veux mourir. Mon idéal est de participer sans rechigner au grand recyclage que la nature nous propose gratuitement. Pour faciliter la chose, Paris nous offre paraît-il un modèle que je recommande : la commune fournit aux personnes décédées (sans ressources ni famille) des caissons en béton étanche équipés d’un système d’introduction de l’air afin que les espèces qui aident au recyclage de l’organisme puissent accéder au festin. L’oxygène accélère le dessèchement du corps et l’évacuation des gaz de décomposition est assurée. Il n’y a aucune pollution et le caveau peut être récupéré à l’infini : tous les cinq ans, il est à nouveau disponible. Nous ne nous appuyons pas assez sur les compétences de la biosphère qui possède depuis des temps immémoriaux un sens pratique très développé en ce qui concerne l’équilibre dynamique et le recyclage performant.

Je suis émerveillé par toutes les générations précédentes d’hominidés qui depuis des millions d’années n’ont laissé pratiquement aucune trace sur terre. Ils ont permis aux décomposeurs le soin de disperser leurs molécules pour profiter aux autres formes de vie. Je suis révolté par tous ces puissants et autres saccageurs de la nature qui font construire des pyramides et des mausolées dédiés à leur ego, des statues ou des monuments grandioses à la hauteur de leur suffisance. Ils n’ont aucun sens de l’écologie, ils n’ont pas le sens des limites, ils sont néfastes. Notre trace sur terre importe dans le souvenir que nous laissons aux vivants, pas dans l’empreinte écologique qui défigure notre planète. Je suis abasourdi de voir que les gens qui vivent à l’occidentale se croient à l’égal des puissants, construisant buildings immenses et autoroutes un peu partout. Je suis ulcéré par cette pub de Renault qui prétendait « laisser moins de traces sur la planète ». L’européen moyen émettra au cours de sa vie 752 tonnes d’équivalent CO2 de gaz à effet de serre*. Nous devrions avoir peur de la trace laissée après notre mort : entre un et deux millions de fois notre propre poids, c’est plus qu’une trace ! Mais je sais aussi comme Alan Weisman** que les canalisations d’eau exploseront un jour avec le gel, que les métros souterrains seront envahis par les eaux, que les barrages et canaux engorgés de vase déborderont, que la végétation recouvrira le bitume et le béton, que tout ce qui fait les routes et les villes, les maisons et les usines disparaîtra du regard.

Je ne suis que fragment de la Terre, nous ne valons certainement pas plus que le lombric qui fertilise le sol. Mais j’aspire à un monde meilleur pour mes descendants, une société humaine en harmonie avec notre merveilleuse oasis de vie perdue dans l’immensité d’un univers apparemment sans vie. Ce n’est donc pas une planète vide d’hommes que je souhaite, mais une planète où l’espèce humaine parcourt son existence d’un pas léger qui ne laisse presque aucune empreinte. Mon héritage pourrait se résumer à ces dix préceptes que j’ai mis en évidence sur un réseau de documentation des écologistes*** :

Tu as autant de devoirs que droits ;

Tu pratiqueras la simplicité volontaire ;

Tu aimeras ta planète comme toi-même ;

Tu réagiras toujours de façon proportionnée ;

Tu protégeras l’avenir des générations futures ;

Tu respecteras chaque élément de la Biosphère ;

Tu ne laisseras pas les machines te dicter leur loi ;

Tu adapteras ta fécondité aux capacités de  ton écosystème ;

Tu ne causeras pas de blessures inutiles à ton environnement ;

Tu vivras des fruits de la Terre sans porter atteinte au capital naturel.

Il n’y a pas d’ordre de préférence entre ces dix préceptes, ils sont complémentaires. Dans les Dix commandements du Décalogue, il y avait beaucoup trop de choses pour Dieu et bien peu pour encadrer une organisation socio-économique qui détériore la Biosphère. Quant aux cinq piliers de l’existence des musulmans, ils sont simplistes. Toute religion, en mettant Dieu et non la Biosphère au centre de ses directives, définit des règles de comportement centrées sur les intérêts de sa propre secte, non sur l’intérêt de l’espèce humaine, encore moins sur les rapports entre les humains et la nature qui nous permet de vivre. Dieu ne nous attend pas dans l’au-delà. Si nous n’avons pas fait ce que nous devons pendant notre existence, nous n’avons servi à rien. Puisse ce testament servir à quelque chose…

* Sur quelle planète vont grandir mes enfants ? de Jean-Guillaume Péladan (Ovadia, 2009)

** Homo disparitus d’Alan Weisman (Flammarion, 2007)

*** Les Dix Commandements de la Biosphère

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