simplicité volontaire

le choc des photos

En Une du Monde (15.08.208), une photo d’Alain Bernard, « notre » roi du 100 mètres olympiques qui dévoile ses muscles surdimensionnées. En page 3, la photo de la villa qui vaut 300 millions de dollars, faite pour faire rêver les gogos. En page 4, des blindés géorgiens en feu détruits par l’aviation russe. En page 5 les restes du kamikaze qui s’est fait exploser au milieu d’une foule pakistanaise. J’ai compté douze autres photos, pas la peine de détailler, cet ensemble visuel nous montre amplement l’état déliquescent dans lequel se trouve LeMonde. Car pourquoi en rajouter avec des photos qui se veulent chocs, longtemps l’apanage de Paris-Match. Pourquoi un quotidien aussi sérieux que LeMonde s’est-il récemment lancé, à une date que je ne peux préciser, dans l’illustration qui n’apporte rien au texte ?

 Parce que notre société est devenue complètement une société du spectacle, un spectacle qui se déroule autant aux JO de Pékin que dans les revues les plus littéraires. Dans un tel contexte, je ne crois pas que l’espèce homo sapiens puisse véritablement réfléchir à la dégradation de la Biosphère ! Quand LeMonde deviendra-til plus simple et plus percutant sans avoir besoin de photos ?

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les chemins du crétinisme

Maurice Lévy est PDG de Publicis. Déjà la méfiance me gagne sachant que la publicité fait le malheur de notre société. Pire, dans la page Débats (LeMonde du 4.08.2008), il se révèle un véritable missionnaire de la croissance : « Nous, chefs d’entreprise, nous allons devoir préserver l’avenir, c’est-à-dire la croissance (…) Pour lutter contre la récession à venir, il nous faut créer de la croissance (…) Au pessimisme ambiant, il faut opposer le mouvement, aller chercher de la croissance à tout prix (…) C’est maintenant qu’il nous faut explorer toues les formes possibles de la génération de la croissance ».

 

De la croissance à tout prix ? Quel beau programme que d’aller vers n’importe où et par n’importe quels moyens ! Il est vrai que c’est là la métier de publicitaire, vendre du vent et détériorer la planète avec toujours plus de croissance. Trente cinq années après, le numéro 7 (mai 1973) du mensuel la Gueule ouverte reste donc toujours d’actualité dans son article « La publicité nous prend pour des cons, la publicité nous rend cons » :

 

« La publicité est un monstre doux qui, par effraction séductrice, pénètre dans nos cerveaux, brouille sans douleur nos circuits intimes, hérisse de sondes nos profondeurs. Pourtant, quand Emile de Girardin accepte l’insertion d’annonces payantes le 29 avril 1845, elles doivent être selon ses propres termes franches et concises : « La publicité  se réduit à dire : dans telle rue, à tel numéro, on vend telle chose à tel prix ». Un révolutionnaire raisonnable pourrait exiger, aujourd’hui, la stricte application de ce précepte-là.

 

            Après plus d’un siècle de maturation, voici ce qu’il en est devenu : « Publicité, art d’exercer une action psychologique sur le public à des fins commerciales » (dictionnaire Robert). Autrement dit la même définition que celle du mot démagogie : « Politique par laquelle on flatte la multitude pour gagner et exploiter ses faveurs ». Le publiciste est donc, strictement, un démagogue professionnel. Prétendre que l’information soit le souci premier des publicistes est une farce triste. Qui sont ces professionnels ? Des psychosociologues. Pour quoi faire ? Pour imposer à l’homme des notions qu’il ne sollicite pas, et vis-à-vis desquelles il n’a aucune raison d’être bien disposé. Assurément, on s’achemine vers le décervelage total. Les techniciens de la vente plongent tous les jours leurs mains pleines de doigts dans nos inconscients et les endorment, les dépiautent, les programment à leur manière. Ils ont découvert un certain nombre de tendances à encourager : « Le besoin de certitude, le goût du moindre effort, l’envie, la vanité, le snobisme, le désir sexuel » – bref, tout ce qui peut encourager les gens à courir les chemins du crétinisme. Alors, que faire ? Il faudra inventer des moyens d’action, arrêter tout et réfléchir sans tristesse, ouvrir la boîte à idées. Tiens, voilà : je l’ouvre. »

 Depuis les  défenseurs de la Biosphère savent ce qu’il faut faire, casser la pub… Mais nous sommes encore si minoritaires !

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croître ou décroître au Congrès de Reims

 

Lunettes théoriques : croître ou décroître ?

 

La plupart des penseurs contemporains suivent la religion de la croissance économique. Ils n’ont pas encore compris qu’à toute croissance succède inéluctablement une décroissance et que l’état stationnaire est le meilleur ami d’une vie épanouie. Pour bien mesurer toute la palette des conceptions sur cette question, il suffit de lire quelques phrases-clés des contributions générales des socialistes en vue du Congrès de Reims (14 au 16 novembre 2008). Il n’y a aucun commentaire, à chacun de se faire une idée personnelle sur la durabilité des différentes positions :

 

Bertrand Delanoë : Créer les conditions d’une croissance solide, pour relancer emploi et pouvoir d’achat. Les socialistes, en tout état de cause, ne sont pas adeptes de la « décroissance ».

 

Martine Aubry : Repenser et retrouver la croissance. Si nous pensons que l’accumulation de biens n’est pas une fin en soi de la société, et que la croissance doit impérativement être rendue compatible avec la protection de l’environnement, nous ne sommes pas pour autant des adeptes de la décroissance. Notre pays a besoin de croissance pour faire baisser le chômage et pour améliorer les conditions de vie des Français.

 

 

François Hollande : Comment être plus fort dans la mondialisation ? Notre objectif doit être de faire un point de croissance de plus que la moyenne européenne comme cela a été le cas entre 1997 et 2002.

 

Laurent Fabius : Certains ont longtemps prétendu qu’une croissance exponentielle infinie dans un monde qui ne l’est pas était possible. Nous affirmons avec force que la croissance économique et l’impératif écologique constituent un seul et même enjeu.

 

Ségolène Royal : Bien vivre dans l’après-pétrole. Il nous faut de toute urgence produire et consommer autrement pour garantir le développement soutenable de notre pays. Nous proposons de calculer autrement la croissance pour mieux évaluer les dommages ou les bénéfices de certaines activités et agir juste.

 

Pôle écologique : La satisfaction légitime des besoins des moins aisés conduit à se préparer à consommer moins ou autrement. La priorité du nouveau modèle de développement doit être de concentrer les efforts sur la diminution de la consommation d’énergie. Nous proposons de ne plus évoquer la croissance sans la relier à son contenu et à la manière de la mesurer. Il faut cesser l’accumulation individuelle de biens, souvent d’ailleurs réservés à quelques-uns uns, et dont trop sont superflus ou inutiles. Il faut stopper la course au « toujours plus » qui mène les gens à l’insatisfaction permanente et revenir à l’essentiel.

 

Utopia : La croissance ne peut avoir pour vocation à réduire la pauvreté, ni à renforcer la cohésion sociale. Un même taux de croissance peut correspondre à un accroissement ou à une réduction des inégalités. Et une croissance illimitée dans un monde fini est une illusion. Il nous semble tout aussi dogmatique et inefficace de se déclarer pour une décroissance qui pourrait à son tour être synonyme de « moins bien être » social. Comme certains objecteurs de croissance, « Nous sommes convaincus qu’il faut dépasser la contradiction croissance/décroissance car elle nous entraîne dans l’immobilisme» (Paul Ariès). Les vraies questions sont croissance de quoi, pourquoi et pour qui ? Décroissance de quoi, pour quoi et pour qui ? En fonction de quels objectifs, au service de quel idéal de société ? 

 

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espérance Esperanto

La cohésion humaine se fait d’abord par l’intermédiaire du langage. Or l’individualisme et le particularisme sont entrés dans la Constitution française. La dernière réforme constitutionnelle adoptée le 21 juillet a fait en effet entrer l’appartenance des langues régionales « au patrimoine de la France » (LeMonde du 1.08.2008). Pour quel avantage ?

Mettre une signalétique en deux langues sur les routes ? Pourquoi pas dans toutes les langues de l’Union européenne ! Des langues régionales enseignées dans les écoles ? Déjà qu’on croule sous l’apprentissage des langues étrangères internationales, l’anglais, l’espagnol, le chinois… ! Utiliser des traducteurs dans les rapports avec la justice ou l’administration ? Bonjour l’échange direct entre personnes ! Rappelons quelques vérités premières :

Après la période des vagissements du nouveau-né, le bambin découvre les sons articulés dans la partie antérieure de la bouche. Il se met alors à émettre toutes sortes de sonorités, aussi bien les clics des langues zouloues que les étranges eurh du chinois, les consonnes emphatiques de l’arabe, les deux th anglais… A ce stade, la production phonétique des enfants ne se distingue pas d’un bout à l’autre de la planète. Mais l’enfant ne tarde pas à éliminer les sons qui ne sont jamais prononcés devant lui ; le processus d’imitation cristallise l’intonation autour des stéréotypes de sa propre culture, l’extérieur devient l’étrange étranger. Cette incompréhension qui résulte de la multiplicité des langues pourrait être dépassée. En 1887 Zamenhof, un jeune médecin polonais polyglotte, lance les bases de l’espéranto : 7500 mots d’usage courant, une grammaire très simplifiée de 16 règles ne connaissant pas d’exception, une langue si facile que le temps d’apprentissage en est réduit. Puisque les relations communautaires oscillent entre la haine et le mépris, il est nécessaire que l’échange verbal puisse au moins être compris par les deux parties. C’est la condition première pour pouvoir dépasser nos conflits. Nous avons besoin d’une langue-pont, pas d’une démultiplication des langues maternelles.

 Parlez la même langue,

pour pacifier vos relations,

et pouvoir vous consacrer à autre chose que vos passions humaines.

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notre dernier voyage

 

Je n’ai aucune affection particulière pour le supplément du Monde des livres qui se contente trop souvent de quelques romans à présenter. Mais parfois je trouve quelques phrases à méditer (LeMonde du 18.07.2008), ainsi les propos de Tiziano Terzani dans son dernier voyage (un père sur le point de mourir raconte à son fils le grand voyage de la vie) :

 

            « Le passé ? Il n’existe pas, ce sont des mémoires qu’on accumule et qu’on falsifie. Le futur ? Cette boîte remplie d’illusion, une boîte vide. Qui te dit qu’elle se remplira ? (…) La vérité n’est pas dans les faits, mais derrière les faits qui se répètent de manière désespérante. Les journaux ? Je les ai déjà lus il y a trente ans. Le temps n’avance pas, il se répète pas, tout ce qui naît meurt et tout ce qui meurt naît. Je sens ma vie qui s’enfuit, mais elle ne s’enfuit pas, car elle fait partie de la même vie que la vie de ces arbres. C’est une chose merveilleuse que de se disperser dans la vie du cosmos et d’être une partie du grand tout. »

 

Tiziano a le point de vue contraire à tous ceux qui mettent l’homme sur un piédestal, jusqu’à s’imaginer la vie éternelle en tant que ressuscité des morts comme dans les religions du livre. Tiziano rejoint ainsi d’autres penseurs comme Pierre Rabhi : « L’ensemble de la planète est indivisible. Tous les éléments constitutifs de la biosphère sont interactifs. C’est-à-dire que rien de ce qui vit sur la planète ne fonctionne à lui tout seul,  pour lui tout seul. » Tiziano a bien compris que nos atomes continueront de tourbillonner bien après notre mort physique, nous ne sommes qu’une infime composante de la Biosphère, nous sommes déjà nés avec la naissance de l’univers, l’histoire humaine importe peu. Les religions anthropocentriques nous cachent cette réalité, nous sommes nés poussière, nous retournerons poussière. Le sens de notre vie réside dans l’humilité, pas dans la croyance à la suprématie humaine.

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misère ou pauvreté ?

Lunette théorique : Nous avons tous besoin de chausser des lunettes car la réalité ne peut se comprendre qu’en utilisant un système symbolique. Voici par exemple un texte qui permet d’expliquer pourquoi la mondialisation libérale, en disant combattre la pauvreté, ne fait d’accroître la vraie misère.

  

Dans son livre Quand la misère chasse la pauvreté, Majid Rahnema démontre que la pauvreté choisie est la condition de lutte contre la misère. La misère résulte d’un système économique dont l’objectif majeur est de transformer la rareté en abondance, une économie productrice de besoins engendrant de nouvelles formes de rareté et, par conséquent, modernisant la misère. La misère fait son apparition lorsque les gens perdent le sens du partage. Quand vous arrivez en ville, vous n’avez plus personne avec qui partager. Les ouvriers des agglomérations urbaines ont compris que leur subsistance les liait désormais aux nouvelles institutions économiques et sociales, il leur fallait courber l’échine devant le nouvel ordre. Dans ce système le riche est aussi mécontent que le miséreux : le défavorisé voudrait devenir millionnaire, et le millionnaire multimillionnaire. L’économie occidentalisée a fini par nier sa fonction première, servir les personnes qui en avaient le plus besoin.

Il y a d’un autre côté la pauvreté consentie dans des sociétés conviviales dont le mode de vie simple et respectueux de tous a compté pour beaucoup dans le maintien des grands équilibres humains et naturels au cours de l’histoire. Si chacun ne conservait que ce dont il a besoin et se contentait de ce qu’il a, nul ne manquerait de rien. Toutes les sociétés vernaculaires dites « pauvres » développent en leur sein des mécanismes destinés, d’une part, à contenir l’envie et la convoitise, de l’autre à maintenir une tension positive entre ce qu’il est personnellement possible de vouloir et d’avoir et ce qu’il est collectivement possible et raisonnable de produire. Cette tension leur a permis de développer leurs capacités productives sans qu’il y ait rupture entre les besoins et les ressources.

 Comme le monde actuel est au bord d’une catastrophe, il faudrait se donner comme objectif prioritaire la destruction des centres de production de la rareté, cette mondialisation qui détruit les économies de subsistance, cette lutte contre « la pauvreté » qui définit un seuil de pauvreté de façon relative, un niveau qui progresse continuellement avec la courbe de la croissance économique. La mesure essentielle pour l’éviter consiste pour chacun de nous à une prise de conscience de nos capacités individuelles d’action et en un ré-apprentissage de la simplicité volontaire. Comme le disait Gandhi,  « La civilisation, au vrai sens du mot, ne consiste pas à multiplier les besoins, mais à les réduire volontairement, délibérément ».

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tout générique

            Les médicaments génériques vont bientôt être la loi commune. Le premier groupe pharmaceutique mondial, Pfizer, n’a aucun produit en gestation ou en phase de lancement alors que ces produits vedettes comme l’anticholestérol Lipitor (41 % de son chiffre d’affaires va rentrer dans le domaine public (LeMonde du 27.06.2008). Les brevets des formules chimiques actives sur l’organisme malade tombent dans le domaine public généralement au bout d’une vingtaine d’années. Tout laboratoire peut alors fabriquer la molécule de base et la commercialiser au moindre coût ; l’indien Ranbaxy est un spécialiste de ce genre de commerce à moindre coût. Mais les génériques ne sont pas réservés aux médicaments.

 En 1976, les grandes surfaces de marque « Carrefour » lancent en France cinquante « produits libres » dans un emballage non signé pour gagner des parts de marché ; au milieu des années 1980, les autres enseignes commerciales imitent le procédé en signant leurs produits de leur enseigne, ce qui instaure une nouvelle concurrence qui ne change rien au fond quant au choix rationnel des consommateurs. Cette fausse concurrence peut cesser avec des produits véritablement génériques, vecteur d’une disparition du libéralisme de marché. Que ce soit pour les médicaments ou pour tout autre produit, un objet qui correspond au meilleur rapport qualité-prix devrait être généralisé. Alors il n’y aurait plus de concurrence, il faudrait se contenter de l’essentiel, de l’efficace accessible à tous.

Le pain n’est pas normalement redevable d’une marque ou de la concurrence, il en est de même pour tout le reste : simplifier les produtis, simplifier vos besoins, la Biosphère ne pourra que s’en trouver mieux.

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style YSL ou Utopien?

Yves Saint Laurent est mort, paix à son corps. LeMonde du 3.06.2008 lui consacre pourtant quatre pages. Il est vrai que dans une société où un évènement chasse l’autre, c’est le règne de la futilité qui reste omniprésent. En fait YSL n’a rien inventé. Il n’est que l’écho sophistiqué de la forme trapèze qui avait disparu depuis le début du XVIIIe siècle (pour sa première collection en 1958), de la mode garçonne des années 1920 qu’il a recyclé jusqu’à la nausée, des vêtements ethniques de tous les pays qu’il a plagiés, ceux du Rajasthan comme du Sud marocain. La mode copie la mode, elle ne fait rien de plus même si c’est un styliste qui l’habite. Une riche cliente Américaine, qui laisse à sa mort 3000 pièce de haute couture dont 376 griffées YSL osait le paradoxe : « C’est agréable d’être regardée pour soi, pas pour les vêtements que l’on porte » ! En réalité YSL et ses  clientes ne font que fuir un monde dans lequel ils se sentent mal. « Rien n’est plus beau qu’un corps nu », disait Yves Saint Laurent, et il a montré lui-même l’exemple. Mais alors, pourquoi changer chaque année de vêtement ? Est-ce changer de style vestimentaire qui procure le bonheur ? Ne vaudrait-il pas mieux suivre les préceptes de Thomas More (L’utopie, 1516) ?

« En Utopie, les vêtements ont la même forme pour tous les habitants de l’île ; cette forme est invariable. Ces vêtements réunissent l’élégance à la commodité ; ils se prêtent à tous les mouvements du corps, le défendent contre les chaleurs de l’été et le froid de l’hiver. Chaque famille confectionne ses habits. Un seul habit suffit d’ordinaire pendant deux ans ; tandis qu’ailleurs, il faut à chacun quatre ou cinq habits de couleur différente, autant d’habits de soie, et, aux plus élégants, au moins une dizaine. Les Utopiens n’ont aucune raison d’en rechercher un aussi grand nombre ; ils n’en seraient ni plus commodément ni plus élégamment vêtus. »

 Quand on se sent bien dans un bon et simple vêtement, c’est le passeport pour le bonheur…

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oui à l’égalitarisme

L’éditorial « Des patrons surpayés » est convaincant (LeMonde du 2.06.2008) : « Que les patrons du CAC 40 aient perçu en moyenne 4 millions  d’euros chacun en 2007 n’est pas justifiable. Ces rémunérations sont d’autant plus choquantes qu’elles ne récompensent pas le mérite propre de l’intéressé ». Mais Le Monde minimise aussitôt  sa critique: « Pas question de plaider ici pour un égalitarisme niveleur », sans justifier d’ailleurs ce point de vue particulier. Je conseille donc aux journalistes de (re)lire un vieux texte d’il y a presque un demi-millénaire dans lequel il suffit de remplacer « nobles » par « technocrates » :

« La principale cause de la misère publique, c’est le nombre excessif de nobles, frelons oisifs qui se nourrissent de la sueur et du travail d’autrui ; ils ne connaissent pas d’autre économie. S’agit-il au contraire d’acheter un plaisir ? Ils sont prodigues jusqu’à la folie. Ce qui n’est pas moins funeste, c’est qu’ils traînent à leur suite des troupeaux de valets fainéants.

             Le seul moyen d’organiser le bonheur public, c’est l’application du principe de l’égalité. Or l’égalité est impossible dans un Etat où la possession est solitaire et absolue ; car chacun s’y autorise de divers titres et droits pour attirer à soi autant qu’il peut, et la richesse nationale, quelque grande qu’elle soit, finit par tomber en la possession d’un petit nombre d’individus que ne laissent aux autres qu’indigence et misère. Voilà ce qui me persuade invinciblement que l’unique moyen de distribuer les biens avec égalité, avec justice, c’est l’abolition de la propriété. Tant que le droit de propriété sera le fondement de l’édifice social, la classe la plus nombreuse et la plus estimable n’aura en partage que disette, tourments et désespoir ». Thomas More, l’utopie (1516)

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écolo-liberté ou écolo-fascisme ?

LeMonde ne nous propose pas ce jour, 28 avril 2008, de page Environnement & Sciences. Mais, signe des temps, l’écologie se retrouve bien en page LeMonde &vous. On apprend qu’on peut recevoir en région parisienne sa paire de souliers par coursier en vélo : écolo-chic, par coursier écolo ! 0n apprend surtout que la Californie bannit progressivement les feux de cheminée pour réduire l’émission de fines particules polluantes de suie, responsables de problèmes pulmonaires et respiratoires. Les autorités comptent même sur les voisins pour dénoncer les « cheminées qui fument » les jours d’interdiction. Déjà des Américains hurlent contre l’atteinte à leur liberté individuelle et leur droit au bonheur, des étincelles plein les yeux. Alors, montée du fascisme ou inversion de la pensée dominante ?

 

La démocratie est un système de décision dans lequel ce qui a été fait à un moment peut être défait ou même inversé à un autre moment. Le consensus, c’est-à-dire l’état de l’opinion commune à une période déterminée, n’est donc jamais le garant d’une vérité, d’autant plus que l’affectif et la subjectivité détériorent la réflexion du citoyen. C’est pourquoi la démocratie ne pose des références valables que dans la mesure où le citoyen ne tranche pas par rapport à ses intérêts personnels ou ses croyances passées, mais par rapport à ce qui devrait être. Un consensus durable ne peut que reposer sur la considération première des nécessaires équilibres écologiques. Aujourd’hui, le respect de l’environnement devrait l’emporter sur les avantages acquis ; même l’énergie renouvelable et les feux de cheminée doivent être soumis à la critique.

Le monde de demain ne ressemblera pas du tout au monde actuel !

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lunette théoriques

Richard Gregg, un américain disciple de Gandhi, est à l’origine en 1936 de l’expression « simplicité volontaire » avec son livre The value of Voluntary Simplicité.  Au Québec, c’est Serge Mongeau qui a écrit pour la première fois sur le sujet en 1985 : La simplicité volontaire, ou comment harmoniser nos relations entre humains et avec notre environnement. Pour le RQSV, la simplicité volontaire, c’est :

 – une façon de vivre qui cherche à être moins dépendante de l’argent et de la vitesse, moins gourmande des ressources de la planète ;

– la découverte qu’on peut vivre mieux avec moins ;

– un processus individualisé pour alléger sa vie de tout ce qui l’encombre ;

– un recours plus grand à des moyens collectifs et communautaires pour répondre à ses besoins et donc un effort pour le développement d’une plus grande solidarité ;

– le choix de privilégier l’être plutôt que l’avoir, le « assez » plutôt que le « plus », les relations humaines plutôt que les biens matériels, le temps libéré plutôt que le compte en banque, le partage plutôt que l’accaparement, la communauté plutôt que l’individualisme, la participation citoyenne active plutôt que la consommation marchande passive ;

– la volonté d’une plus grande équité entre les individus et les peuples dans le respect de la nature et de ses capacités pour les générations à venir ;

            Il est donc certain que c’est un mouvement qui va définitivement à contre-courant du système dominant. C’est un choix de vie individuel qui garde une portée collective. Mais ce n’est pas les 350 membres du RQSV (réseau québécois pour la simplicité volontaire) qui vont changer le monde… La Biosphère a besoin de l’engagement de tous les humains. Plus on est riche, plus il faudra (volontairement ?) abandonner partie de sa richesse ! Car « Il est plus aisé pour un chameau de passer par le chas d’une aiguille, que pour un homme riche d’entrer au royaume de Dieu. »(Mathieu 19:23-24)

Pour plus d’information : www.simplicitevolontaire.org

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éteignons les lumières

 Pauvres ados brimés par leurs parents. Selon LeMonde du 4.04.2008, il faudrait laisser dormir ces pauvres choux  puisqu’ils sont devenus des oiseaux de nuit. Les ados auraient une tendance physiologique au coucher tardif, donc au lever tardif ; l’Inserm recommande même que les cours en établissement scolaires ne commencent pas avant neuf heures du matin. En fait, c’est la faute à Edison, pas à notre nature profonde.

 La clé de notre horloge interne se situe dans le cerveau humain, plus précisément dans la glande pinéale, l’épiphyse. Chaque jour, à la tombée de la nuit, cette glande commence à produire de la mélatonine qui est libérée dans le sang  pendant le sommeil. Juste avant l’aube elle cesse son activité et le corps s’éveille pour une nouvelle journée. Mais en 1879 Thomas Edison invente l’ampoule à incandescence et depuis l’environnement des humains n’est plus le même. Au lieu de régler leur vie sur le lever et le coucher du soleil, il leur est désormais possible d’échapper au rythme de la nature en appuyant sur un commutateur électrique. Cette exposition à la lumière artificielle entraîne alors une désynchronisation des activités et des rythmes biologiques ; c’est pourquoi la plupart des occidentaux ont entre trois à cinq heures de retard par rapport au cycle naturel. L’éveil maximum de leurs facultés se situe en milieu de soirée tandis que la phase de sommeil profond est repoussé vers quatre heures du matin plutôt que vers minuit. Ainsi il devient plus difficile de s’endormir le soir, plus difficile de s’éveiller le matin.

Notre horloge interne est une nécessité, pas l’électricité. Parents, supprimez les sorties du soir entre ados et éteignez avant la nuit ordinateurs et téléviseurs à disposition des enfants : ils écouteront mieux en classe dès l’aurore. Les ados ont besoin d’une nuit bien noire pour ne pas dérégler leurs rythmes circadiens.

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technique douces contre techniques imbéciles

Voter ne doit pas empêcher de réfléchir :

Dans une société vernaculaire, la technique est « enchâssée » dans les relations sociales, elle est sous contrôle social. La technique agricole ou artisanale utilisée par une société vernaculaire  n’est pas une technique visant à maximiser la productivité. En effet, ce type de société met en place la technique la mieux adaptée pour atteindre le maintien de son homéostasie (équilibre dynamique) et par-là celle de l’écosphère elle-même. La technique de l’homme traditionnel n’était donc pas destinée à transformer ou maîtriser l’environnement, mais plutôt à lui permettre d’y vivre. Il s’ensuit que la technique utilisée par une société lui est propre, elle est partie intégrante de son héritage culturel et le « transfert de technologie » y est très peu répandu. Quand les Portugais ont introduit le mousquet dans le Japon du XVIe siècle, son emploi fut désavoué et il fallut attendre longtemps avant qu’il soit autorisé à remplacer les armes traditionnelles. Son efficacité en tant qu’instrument de guerre n’était pas mise en doute. Mais il ne  correspondait pas à la tradition culturelle japonaise, pour laquelle l’utilisation d’un engin permettant à un gamin de tuer un samouraï chevronné était tout à fait inadmissible. (…)

C’est notamment parce que la société vernaculaire a adapté son mode de vie à son environnement qu’elle est durable, et c’est parce que la société industrielle moderne s’est au contraire efforcée d’adapter son environnement à son mode de vie qu’elle ne peut espérer survivre. Wolfgang Sachs1 met en relief les conséquences sociales d’un appareil apparemment aussi anodin que le mixer électrique : « Il extrait les jus de fruits en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Quelle merveille ! A première vue. Il suffit de jeter un coup d’œil sur la prise et le fil pour s’apercevoir qu’on est en face du terminal domestique d’un système national et, en fait, mondial. L’électricité arrive par un réseau de lignes alimenté par les centrales qui dépendent à leur tour de barrages, de plates-formes off-shore ou de derricks installés dans de lointains déserts. L’ensemble de la chaîne ne garantit un approvisionnement adéquat et rapide que si chacun des maillons est encadré par des bataillons d’ingénieurs, de gestionnaires et d’experts financiers, eux-mêmes reliés aux administrations et à des secteurs entiers de l’industrie (quand ce n’est pas à l’armée).  En mettant le mixer en marche, on n’utilise pas simplement un outil, on se branche sur tout un réseau de systèmes interdépendants. Le passage de techniques simples à l’équipement moderne implique la réorganisation de la société tout entière. » (…)

Notre incapacité à maîtriser l’intrusion de technologies de plus en plus périlleuses dans les fonctionnements de l’écosphère fait peser une menace croissante sur notre survie. Il est urgent de soumettre de nouveau les sciences et les techniques à un contrôle social, de les réenchâsser dans les rapports sociaux. A ceux qui pourraient craindre que cela compromette notre capacité de résoudre les problèmes sociaux et écologiques réels, rappelons que la technologie, malgré la multitude de ses usages, est incapable de résoudre les problèmes sociaux et écologiques auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés. La dislocation des systèmes naturels est à l’origine de la crise actuelle, et aucune technologie n’est capable de rétablir leur fonctionnement normal. Aucune ne peut recréer, par exemple, une forêt tropicale, aucun artifice ne peut reconstituer une famille ou une communauté disloquée. Le mieux que nos techniciens puissent faire, c’est mettre au point des techniques moins destructrices, dont l’impact sur l’environnement soit beaucoup plus bénin, et recréer les conditions dans lesquelles la nature pourra œuvrer. (extraits de Teddy Goldsmith, dossier de l’Ecologiste n° 5 (automne 2001), Sciences et techniques, les raisons de la contestation.)

1. Wolfgang Sachs, Six essays on the archaeology of development

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relocalisation

Pour pouvoir autodéterminer nos besoins, il est indispensable de recouvrir la maîtrise des moyens de travail et des choix de production. Or cette maîtrise est impossible dans une économie industrialisée : les moyens de production exigent une spécialisation, une subdivision et une hiérarchisation des tâches ; ils ne sont pas des techniques neutres, mais des moyens de domination du capital sur le travail. La généralisation progressive du travail salarié comme moyen exclusif de satisfaire nos besoins et d’être intégré socialement signifie que nous sommes forcés à des tâches dont nous ne contrôlons ni l’organisation ni le but. Bien sûr, nous recevons en échange un dédommagement monétaire qui nous donne accès à une montagne de consommations marchandes, mais nos capacités d’action autonome sont progressivement détruites. Si on rajoute que les conditions de logement, l’environnement urbain et la longueur des déplacements sont autant d’obstacles à l’épanouissement des facultés individuelles et des relations sociales, on comprend que le travailleur réduit à une marchandise ne rêve que de marchandises. (in revue Entropia n° 2, printemps 2007)

 Comme les rapports de domination sont inhérents au mode de production industriel, comme la structuration capitalistique subsiste même quand l’industrie est collectivisée, l’utopie qui lie décroissance et retour aux économies villageoises, communautaires et/ou familiales, largement autarciques et essentiellement agricoles et artisanales, reste une bonne idée. Contre la délocalisation, faire vivre la relocalisation ? Cela suppose que les produits correspondant aux besoins les plus communs soient redéfinis de façon à pouvoir être fabriqués avec des outils et des compétences à la portée de tout le monde.

Merci Ivan Illich…

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on a besoin d’une récession

La Biosphère a toujours quelque chose à glaner dans Lemonde. Ainsi l’édition du 25.01 nous offre un superbe dessin de Pessin en page 2  : Un ours qui apprend dans son journal qu’on va droit vers la récession et qui sable le champagne pour fêter cette heureuse perspective. Faut dire que le glaçon sur lequel il est assis est déjà réduit à sa plus simple expression !

Les humains ont-ils donc tellement besoin d’une récession économique ? La réponse est : OUI.

En effet Lemonde en page 7 nous explique par exemple les difficultés du plan climat de Bruxelles : « A l’instar de Nicolas Sarkozy, plusieurs dirigeants européens ont multiplié les pressions afin de limiter  les efforts à consentir (…) Les Etats vont de surcroît chercher à limiter leurs contributions en matière d’énergie renouvelables. »

 Ainsi vont les politiques, inconscients des enjeux écologiques. Mais le parti socialiste vient de se doter d’un « pôle écologique ». La face du pôle des ours en sera-t-elle changée ?

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père Noël, tueur

Dans le numéro 3 du mensuel la Gueule ouverte, le journal qui annonce la fin du monde (janvier 1973) :

 

« Le Père Noël est un des pires flics de la terre et de l’au-delà, le Père Noël est le camelot immonde des marchands les plus fétides de ce monde. Les marchands de rêve et d’illusion, véritables pirates des aspirations enfantines, colporteurs mercantiles de l’idéologie du flic, du fric, du flingue… Face à la grisaille géométrique des cités-clapiers, bidonvilles de la croissance, face aux arbres rachitiques, aux peuples lessivés, essorés, contraints, s’étale la merde plaquée or-synthétique, la chimie vicieuse des monceaux de jouets, un dégueulis de panoplies criardes, avec, derrière la porte capitonnée le ricanement malin des marchands.

 

Noël est une chiotte ignoble et on va plonger nos gosses là-dedans ? Mais faut bien faire plaisir au gamin ! Rubrique « Filles » du catalogue des Nouvelles Galeries : 28 pages sur 30 exclusivement consacrées aux poupées, aux dînettes, avec trousses de toilette et fers à repasser miniatures. Les deux pages restantes sont consacrés au tissage, à la couture, à des panoplies de danseuse…et de majorette ! Si avec ça votre fifille n’a pas pigé quel est son rôle futur. Côté « les Garçons » : sur 40 pages, 32 seulement consacrées aux bagnoles, avions, panoplies de cow-boys et carabines à plomb ! Doivent retarder, aux Nouvelles Galeries, j’ai pas trouvé de panoplies de CRS ou de para. Par ailleurs ces jeux sollicitent de plus en plus de consommation électrique. Allez, tenez, on va fantasmer un peu : bientôt pour construire des centrales nucléaires, l’EDF s’adressera à nos gosses et leur proclamera la nécessité de l’atome pour fournir de l’électricité à leurs jouets !

 

Mais quelles sont les tendances d’enfants élevés dans un milieu naturel et n’ayant pas à souffrir du poids des divers modes d’intoxication ? Ils courent, ils jouent dans les flaques, se roulent dans la boue, ou tentent de percer les mystères de « papa-maman ». Ils vivent, pensent, créent. Refouler ces pulsions naturelles est donc le but criminel de notre société. Sauter à la corde ou jouer au ballon devient un exploit quasi contestataire sur des abords d’immeubles transformés en parking. Le système des marchands au pouvoir a dit : J’achète le Père Noël.  Les marchands tuent l’enfant, tuent les parents, tuent le jouet. »

 

Devant la clarté du propos, la Biosphère n’a rien à ajouter… 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet,

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soyons négawatts

Dans un univers, qui sera toujours plus marqué par de nouvelles contraintes énergétiques et climatiques, nous (www.energie-cites.eu) pensons que les hypothèses suivantes risquent de façonner de façon significative notre univers à l’horizon d’une génération :

 

– L’approche traditionnelle (et quasi-exclusive) des questions énergétiques par l’offre va se déplacer progressivement vers une approche davantage guidée par la demande, laquelle va gagner en pertinence et en force. Les consommateurs n’ont en fait pas besoin d’énergie, mais seulement de services qui contiennent de l’énergie. Leur intérêt bien compris est de satisfaire leurs besoins finaux avec la moindre dépense énergétique.

 

– La logique voudrait que ce déplacement de l’offre vers la demande s’accompagne d’un déplacement des financements consacrés à l’accroissement de l’offre (MégaWatts) vers ceux destinés à réduire la demande (Négawatts). D’autant que chaque Euro investi pour consommer moins est plus rentable qu’un Euro investi pour produire davantage. Par ailleurs, un investissement de réduction de consommation produit une économie nette pour le consommateur alors qu’un investissement dans l’offre se retrouvera sur la facture du consommateur.

 

– L’approche (quasi-exclusive) d’une offre centralisée pour l’électricité va céder un peu de place à une offre décentralisée, répartie, plus proche des lieux de consommation, selon un modèle ou demande et offre seront intégrés. Ce modèle devrait se développer à mesure que les besoins énergétiques finaux vont diminuer. Par exemple dans la construction, il deviendra davantage possible de couvrir la majeure partie de ses (faibles) besoins thermiques et électriques par des ressources renouvelables. Nous allons vers des schémas où consommateurs et producteurs seront en partie les mêmes.

 

– L’approche par secteurs de consommation énergétique (industrie, habitat-tertiaire, transport, agriculture) sera complétée d’une approche par type d’acteurs. Pertinente pour réaliser des statistiques et, le cas échéant, pour conduire des politiques industrielles sectorielles ou encore pour coller à des départements ministériels, l’approche par secteurs reste anonyme et ne responsabilise personne. Vous sentez-vous concernés quand j’écris « habitat-tertiaire » ? Et si je vous dis « chauffage de VOTRE appartement », cela ne vous parle-t-il pas mieux ? Nous entrons dans une période ou l‘action consciente de chacun, sa responsabilité, est indispensable. D’où l’importance des acteurs.

 

– Nous irons vers des ruptures. Pour résumer, il ne s’agira pas de consommer un peu moins (être « un peu moins mauvais »), mais de consommer presque rien, voire rien du tout, ou même de produire plus que ce que l’on consomme (être « franchement bons »). C’est la différence entre l’actuel plan de réduction progressive de l’évolution de la réglementation thermique du bâtiment en France (un palier chaque cinq ans) et la démarche danoise (zéro énergie en 2015). Nul doute que le processus français apparaîtra vite obsolète car seule la rupture permet l’innovation, le changement d’habitudes et l’enthousiasme indispensables. 

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coupons des têtes

En résumant Lemonde2 du 15 décembre 2007 : « Ils sont 94 970 ces ultra-riches dont la fortune est supérieure à 30 millions de dollars. Ils ne savent pas comment dépenser leur argent. » Ils ne savent pas comment dépenser leur argent ? Qu’on leur coupe la tête, ils verront si la richesse permet de faire repousser les cheveux ! Parce que dépenser  plus de 15 000 euros pour une paire de chaussures Roger Vivier, c’est obscène. Parce qu’acheter une minaudière de Vuitton pour 230 000 euros, cette boite  en or 18 carats qui ne contient que du maquillage, c’est obscène. Parce que commander un yacht de 50 mètres à 20 millions d’euros, c’est obscène. Parce que cette classe hyper-nomade qui passe un jour à Londres et arrive le lendemain à Tahiti est obscène. Que les fournisseurs attitrés des stars et des grands-ducs, Cartier, Clicquot ou Baccarat, se reconvertissent auprès des ultra-riches, cela restera toujours aussi obscène.

Il faut d’ores et déjà condamner le Comité Colbert qui se charge du rayonnement du luxe français à l’étranger. La Terre n’est plus assez vaste pour cette nouvelle  hyper-classe. Le jour où ça va péter, le jour où une crise plus aiguë qu’une autre va faire descendre dans la rue des millions de salariés écœurés, exaspérés, aigris, désespérés, les hedge funder finiront avec les têtes au bout d’une pique. Mais les problèmes de la Biosphère n’en seront pas réglés pour autant.

 Car c’est l’ensemble de la classe globale, tous ces ménages qui ont la possiblité financière de se payer une automobile personnelle, qui est déjà trop riche pour les capacités de la planète… Merci Hervé Kempf d’avoir écrit un livre sur la question : « Comment les riches détruisent la planète ».

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deux modes de vie

La Biosphère n’a aucune admiration pour la mondialisation marchande.

 

Je vais t’expliquer le terme « local » en comparant deux villages : ils se situent en Crète, mais ils pourraient se trouver n’importe où. L’un des villages est perché dans les montagnes, on ne peut y accéder que par une route non bitumée, jonchée de nids de poule, sur laquelle les bus ne se risquent pas. Le seul contact avec le monde extérieur que j’ai pu relever tenait en la personne d’un homme qui, à bord d’un camion très robuste, bravait les nids-de-poule une fois par semaine et rapportait au village des chargements de poisson en provenance du petit port de pêche côtier. Les moutons du village servaient de monnaie pour payer ce poisson. A l’exception de ce troc, la communauté de cette montagne était autosuffisante. Il y avait assez de petites parcelles en terrasse pour y cultiver du blé, des vignes et des oliviers. Il y avait un moulin à huile pour presser les olives. Il y avait beaucoup de noyers et de citronniers, de figuiers et bien d’autres arbres fruitiers. Il y avait des ruches, et les moutons fournissaient de la viande en abondance. Les maisons du village étaient simples et confortables pour ce type d’environnement. Les femmes fabriquaient des vêtements. Il y avait un tisserand dans un village voisin, un bottier dans un autre, un coutelier dans un troisième. Avaient-ils une culture, me demanderez-vous ? Eh bien, on chantait, on dansait et on jouait de la musique. Il y avait peu de livres, mais si les villageois avaient souhaité lire, ils en auraient trouvé. Les villageois ne payaient pas d’impôts et il n’y avait qu’un policier. Ils connaissaient leurs propres lois et les respectaient.

 

L’autre village crétois que je voudrais décrire se trouvait un peu plus bas dans la montagne et disposait d’une route praticable. Elle permettait de se rendre à la ville et bien sûr reliait également la ville à la compagne. L’argent de la ville est arrivé et a permis l’achat d’une bonne partie des terres ; on a déraciné les vieux arbres et les vignes et on a planté des oliviers à croissance rapide pour créer une oliveraie à des fins  commerciales. Ainsi les villageois ont du payer leur huile d’olive et ont été rapidement entraînés dans l’économie monétaire. Toutes sortes de marchands arrivaient au village et un petit super marché s’ouvrit. Soudain, les villageois découvrirent qu’ils avaient « besoin » d’un tas de choses dont ils ne se servaient pas auparavant. La télévision arriva de même et apporta avec elle des images alléchantes. Les jeunes du village ne dansaient plus et ne chantaient plus ; ils voulaient écouter de la musique pop occidentale et boire du Coco-Cola. Même si leur jolie route avait tout d’une route vers la liberté, ce fut en réalité celle de la tristesse, de l’esclavage salarial et du mécontentement, et qui n’offrit aucun retour à tous les jeunes qui l’empruntèrent.

Extraits de « John Seymour, Revivre à la campagne, première édition 1976, édition 2007 De Borée, Reproduction en couleur par Colourscan (Singapour), Imprimé et relié en Chine par Toppan » : ohhhhhhahhhhhhhh, la Biosphère s’étouffe !!!!!!!!!!!!! 

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de la pauvreté à la misère

Le livre « Quand la misère  chasse la pauvreté » de Majid Rahnema (Fayard, 2003) démontre que la pauvreté choisie est la condition de lutte contre la misère.

 

Il y a les insupportables privations subies par une multitude d’humains acculés à des misères humiliantes et la misère morale des classes possédantes. Cette misère résulte d’un système économique dont l’objectif majeur est de transformer la rareté en abondance, une économie productrice de besoins engendrant de nouvelles formes de rareté et, par conséquent, modernisant la misère. La misère fait son apparition lorsque les gens perdent le sens du partage. Quand vous arrivez en ville, vous n’avez plus personne avec qui partager. Les ouvriers des agglomérations urbaines ont compris que leur subsistance les liait désormais aux nouvelles institutions économiques et sociales, il leur fallait courber l’échine devant le nouvel ordre. Dans ce système le riche est aussi mécontent que le miséreux : le défavorisé voudrait devenir millionnaire, et le millionnaire multimillionnaire. L’économie occidentalisée a fini par nier sa fonction première, servir les personnes qui en avaient le plus besoin.

 

Il y a d’un autre côté la pauvreté consentie dans des sociétés conviviales dont le mode de vie simple et respectueux de tous a compté pour beaucoup dans le maintien des grands équilibres humains et naturels au cours de l’histoire. Si chacun ne conservait que ce dont il a besoin et se contentait de ce qu’il a, nul ne manquerait de rien. Toutes les sociétés vernaculaires dites « pauvres » développent en leur sein des mécanismes destinés, d’une part, à contenir l’envie et la convoitise, de l’autre à maintenir une tension positive entre ce qu’il est personnellement possible de vouloir et d’avoir et ce qu’il est collectivement possible et raisonnable de produire. Cette tension leur a permis de développer leurs capacités productives sans qu’il y ait rupture entre les besoins et les ressources.

 

Le monde actuel est au bord d’une catastrophe. Il faudrait donc se donner comme objectif la destruction des centres de production de la rareté, cette mondialisation qui détruit les économies de subsistance, cette lutte contre « la pauvreté » qui définit un seuil de pauvreté de façon relative, un niveau qui progresse continuellement avec la courbe de la croissance économique. La mesure essentielle pour éviter la catastrophe consiste pour chacun de nous à une prise de conscience de nos capacités individuelles d’action et en un ré-apprentissage de la simplicité volontaire. Comme le disait Gandhi,  « La civilisation, au vrai sens du mot, ne consiste pas à multiplier les besoins, mais à les réduire volontairement, délibérément ».

La Biosphère approuve.

 

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