Coline Serreau, réalisatrice écolo

Solutions locales pour un désordre global était un film-documentaire de Coline Serreau, en lien avec un livre de 2010. Elle y exprimait son point de vue écolo en introduction : « L’un de nos grands chantiers philosophiques actuels est d’accepter que l’humain n’est supérieur à rien. L’accepter, c’est vivre une blessure narcissique très violente, du même ordre que celle qui nous a frappé lorsque nous avons découvert que la Terre était ronde, tournait autour du soleil, qui n’était lui-même qu’une banale étoile semblable à des milliards de milliards d’autres dans un univers dont les véritables dimensions nous échappaient. Les généticiens ont été très vexés de découvrir qu’une simple plante comme l’orge avait deux fois plus de gènes que l’homme. Les humains s’autoproclament la race la plus évoluée, ils devraient avoir l’intelligence de s’interroger sur cette soi-disant supériorité… Nous ne pouvons plus dépendre du bon vouloir des marchands et des politiques en ce qui concerne notre survie. Les gouvernants sont devenus les gérants et les valets des multinationales. Une des solutions, c’est le « retour en avant ». Retrouver à travers de petites structures locales une autonomie alimentaire sans produits chimiques, qui nous rende notre liberté et assure notre subsistance. » Voici quelques autres réflexions de Coline Serreau, née le 29 octobre 1947, qui méritent lecture :

« J’ai passé mes premières années à vivre dans la nature, j’ai passé ma jeunesse dans les arbres, à faire cent mètres en traversant de branche en branche, c’est pourquoi j’ai une conscience écologique ; mais la pensée se travaille aussi grâce à des lectures. J’ai commencé à lire de manière assidue vers 6-7 ans, et aussi à écrire. A 15 ans, j’avais lu tout Freud. Puis je me suis attaquée au marxisme, leur analyse de la société de classes est d’une importance fondamentale. Dès 18 ans je me suis attelée à la littérature féministe et aux premiers ouvrages sur l’écologie. Le massacre de la Terre vient du patriarcat. La Terre, sur le plan symbolique, c’est la mère, la femme, la fécondité. Si le corps de la femme m’appartient, la Terre m’appartient. Le patriarcat nous a formatés, il faut en sortir. Mais je ne suis pas féministe, parce que ça donne l’impression qu’on se bagarre pour sa boutique. L’écologie et le mouvement des femmes n’ont pas encore leur cadre théorique, mais ça va venir… J’ai découvert « l’âme des arbres ». C’était dans les années 1990, une nuit à Nantes. J’attendais un taxi et je me mets à entendre, au milieu du silence, le bruissement d’un arbre et de ses feuilles. C’était comme une parole. J’ai le sentiment, tout d’un coup, qu’on a des gens en face de soi, que tout est vivant, comme nous, pas mieux ni moins bien. Il y a aussi une rencontre fondamentale. Michèle Rivasi (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad)), m’a un jour invitée dans son labo et j’ai découvert quelque chose que je n’ai jamais oublié : l’énergie de la pierre.

Je ne suis pas optimiste, c’est sauve-qui-peut. Il faut se mettre aux abris, en groupe, avec de la terre, de l’eau et du bois. Je ne suis pas collapsologue, mais je suis pour le boycott et pour le « devenez riche, n’achetez plus ». Et puis il y a un hôpital dans notre corps. Il faut arrêter d’ingurgiter des toxines toute la journée. Mais c’est compliqué, c’est une bagarre, moi aussi, j’en suis pleine. On est empoisonné et tout le monde s’en fout. » (extraits, LE MONDE du 20-21 octobre 2019)

Bon anniversaire, Coline…

2 réflexions sur “Coline Serreau, réalisatrice écolo”

  1. Si vous ne l avez pas déjà vu, penser à visionner le film de coline serreau «la belle verte». Ce film est également riche d enseignement.

  2. –  » L’un de nos grands chantiers philosophiques actuels est d’accepter que l’humain n’est supérieur à rien.  »

    Personnellement je ne me sens absolument pas vexé de découvrir qu’une simple plante comme l’orge avait deux fois plus de gènes que moi. Si telle est la réalité, et je n’ai aucune raison d’en douter, je n’ai donc aucun problème pour ACCEPTER ce genre de choses.
    Maintenant, avant de dire que « l’humain n’est supérieur à rien » il faudrait déjà nous entendre sur ce que nous entendons par « supérieur ». Un arbre a beau être supérieur en taille et en masse à un bûcheron, il n’empêche que c’est le bûcheron qui a la tronçonneuse.

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