Féminisme radical et écologie politique

SCUM Manifesto, pamphlet autoédité en 1967 par Valerie Solanas, n’y va pas de main morte : « Rien dans cette société ne concerne les femmes. Alors, à toutes celles qui ont un brin de civisme, le sens des responsabilités et celui de la rigolade, il ne reste qu’à renverser le gouvernement, en finir avec l’argent, instaurer l’automation à tous les niveaux et supprimer le sexe masculin. » SCUM, acronyme de Society for Cutting Up Men (l’association pour châtrer les hommes) appelle à constituer des banques de sperme pour assurer la reproduction et tient l’homme pour « un accident biologique ; le gène Y (mâle) n’est qu’un gène X (femelle) incomplet, une série incomplète de chromosomes (…) une femme manquée, une fausse couche ambulante, un avorton congénital ». Si Solanas elle-même ne se considérait pas comme féministe et traitait les associations féministes avec mépris, son manifeste est considérés par certaines comme un acte fondateur du féminisme radical. Aux Etats-Unis, SCUM a divisé profondément les féministes au cours des années 1970 et provoqué une fracture au sein de la National Organization for Women (NOW), la principale organisation féministe. L’emblématique fondatrice, Betty Friedan, estimait que les idées de Solanas faisaient du tort à la cause, tandis que d’autres militantes la défendaient. Cinquante ans après, deux essais reprennent l’idée de se passer des hommes : Moi les hommes, je les déteste, de Pauline Harmange et Le Génie lesbien de l’élue Ecologie-Les Verts (EELV) au Conseil de Paris Alice Coffin.

Les pamphlets sont des pamphlets à l’égal des caricatures de Mahomet, des témoignages que la liberté d’expression existe aux États-Unis et en France. SCUM n’est qu’une caricature, un simple prurit. Le sexicide devrait faire rire et ne pas être pris au pied de la lettre. Libres à certaines de ne vivre qu’entre femmes comme des hommes préfèrent l’entre-soi. Mais toutes ces manifestations ne font pas projet de gouvernement. Que Coffin ne lise plus Matzneff, soit, qu’elle fasse virer Girard, c’est un changement de registre. Ce qui inquiète chez ces féministes radicales, c’est de ne plus faire la distinction entre la pensée symbolique et l’action réelle. Ce qui inquiète chez EELV, c’est qu’on donne la parole et des places d’élues à un féminisme extrémiste alors que l’écologie politique prône le sens des limites. Le féminisme politique, c’est-à-dire la volonté de mettre en œuvre l’égalité réelle entre l’homme et la femme est l’exact contraire du séparatisme des sexes. Le terme misoandre n’existait pas avant les années 1970, c’était injuste puisque le terme misogyne existait. Mais l’existence d’un mot désignant certaines attitudes ne devrait pas occulter le fait que nous sommes tous fondamentalement androgynes. Voici quelques compléments d’analyse sur lemonde.fr :

Extrêmecentre : L’argumentation de cet « SCUM » comporte la même structure que les « écrits » antisémites et racistes. En particulier l’animalisation, donc la déshumanisation, d’une partie de l’espèce humaine afin de justifier son élimination. A bien des égards on est en présence d’un Mein Kampf féministe. Je ne comprends même pas qu’on réserve une seule ligne à ce type de machin dont on apprend avec consternation qu’il a inspiré nombre de féministes actuelles (cela étant on s’en doutait).
Hervé Corvellec : Je mettrais le SCUM au rayon littérature et non pas sciences humaines, ce qui n’empêche pas les études de genre d’y faire référence. Il s’agit selon moi d’un écrit de révolte à mettre dans la tradition du Marquis de Sade (sans les détails) ou d’Alfred Jarry (sans l’humour) . Solana y vomit la sociétés des hommes comme d’autres vomissent leur haine de tel ou tel groupe de personnes – ce qui bien sûr pose problème.
Jibé : SCUM montre bien comment le féminisme n’est qu’une des expressions de l’extrême-droite exclusive, qui a réussi par je ne sais que tour de magie à recevoir un label « de gauche » tout en prônant des exclusions et interdictions de mélange dans tous les sens.
Alta : Ce que ces » féministes » ne comprennent pas, c’est que tous leurs excès provoquent ce qu’elles haïssent le plus. Chaque fois qu’une femme dit vouloir exterminer les hommes, elle raidit un peu plus ceux qui auraient pu tendre une main vers elle.
Vermont1 : Solanas était une grande admiratrice de William Burroughs. Selon maints témoignages elle le suivait partout dans New York. Bien sûr, Burroughs (qui avait tué sa femme d’une balle dans la tête) avait écrit, bien avant Solanas, un petit texte intitulé ‘A New Frog’ où, découvrant cette nouveauté scientifique qu’était le clonage, imaginait un monde où les mâles pourraient se reproduire sans les femelles, ce qui rendait la présence du genre féminin sur terre tout à fait dispensable. Burroughs représentait non seulement l’icône gay des années 50, 60, mais aussi le seul grand écrivain de son époque qui assumait une misogynie radicale.

Pour en savoir plus sur l’écoféminisme :

Écoféminisme et question démographique

9 réflexions sur “Féminisme radical et écologie politique”

  1. « Nous ne sommes pas des androgynes !
    Le monde moderne a cassé ces codes, brisé la nature profonde des hommes et des femmes, introduit de la mixité, de la parité là où elles n’auraient dû être qu’exceptionnelles, de telle sorte que nous ne savons plus qui nous sommes, ne trouvons plus nos vocations, pire, sommes dirigés vers une lutte des sexes qui nous met en concurrence et nous rend les uns et les autres, malheureux car inconnus à nous-mêmes !  »

    https://enlandegrace.com/2020/01/27/nous-ne-sommes-pas-des-androgynes/

    « Ce blog est destiné à tenter de décoloniser les esprits. Il s’adresse à ceux qui veulent remonter la pente visqueuse où dévalent les moutons de Panurge aussi bien qu’à des curieux qui ont à coeur de démythifier les dogmes actuels, des esprits libres qui veulent tirer le fil d’Ariane pour comprendre l’origine du délitement général et qui sait, oser prendre le risque de la foi pour espérer en sortir. »

  2. « Moi les hommes, je les déteste, de Pauline Harmange et Le Génie lesbien de l’élue Ecologie-Les Verts (EELV) au Conseil de Paris Alice Coffin. »
    Scum tiré de l’ english signifie rebut / racaille / lie et scumbag signifie ordure : tiens , voilà de bonnes appellations pour ces follasses , caricatures de la femme😎

    1. Pauline et Alice

      C’est Marcel qui emmène une follasse dans sa chambre. Voilà qu’il l’installe sur le lit, miam-miam. Pour la mettre en appétit il commence un strip-tease. Peu fier de sa musculature il lui dit : «Tu vois ces biceps, c’est de la dynamite. Tu vois ces pectoraux, de la dynamite.» Chaque fois qu’il enlève un vêtement, de la dynamite. Ses cuisses, de la dynamite. Et lorsqu’il enlève son slip, la follasse lui demande :
      – «Mais dis-moi Marcel, c’est pas dangereux autant de dynamite avec une si petite mèche ?» 🙂 🙂 🙂

  3. – « SCUM n’est qu’une caricature, un simple prurit. Le sexicide devrait faire rire et ne pas être pris au pied de la lettre.. »
    Scum Manifesto n’est pas qu’une simple caricature, quelque chose à prendre avec humour et légèreté comme les caricatures de Charlie. Si on peut voir de l’humour dans ce manifeste ou ce pamphlet, rien ne dit s’il est volontaire ou pas. Pour lever les doutes sur le degré de ce texte, Solanas soutenait qu’elle était très sérieuse. «Souvenez-vous que je suis la seule femme ici qui ne soit pas folle» répétait-elle souvent. Et on a vu où sa folie l’a mené, à tirer sur Andy Warhol.
    La folie de Valerie Solanas ressemble à celle d’Elliot Rodger, ce malade qui haïssait les femmes, qui leur reprochait notamment leur misandrie, la cause selon lui de tous ses malheurs. Lui aussi a écrit et publié un manifeste délirant dans lequel il raconte sa vie et expose les motivations de son acte.
    Non, il ne faut pas rire de ce genre de folie.

  4. Comme quoi la méchante folie peut aussi parfois frapper les femmes. Déjà qu’il n’est pas facile de comprendre ce qui se passe dans notre propre tête, comprendre ce qui se passe dans celle des autres est une autre affaire. Déjà que pour un homme il n’est pas facile de comprendre un cerveau féminin, alors pour peu que celui-ci soit dérangé, je ne vous dis pas.
    Mais que veulent les femmes ? Le savent-elles elles-mêmes ? De mon côté je n’ai toujours pas bien compris ce que voulait la mienne. Quant à celle ou celles des autres ce n’est pas mon problème. Nous savons depuis longtemps que les femmes pouvaient nous rendre fous, nous pauvres mâles, et nous savons que l’inverse est tout aussi vrai. Mais fous et folles jusqu’à ce point, alors là !

    1. Pour dire à quel point il aimait les femmes, Renaud nous a chanté Madame Thatcher. Valerie Solanas aurait pu également faire l’affaire. Celle-ci a été diagnostiquée schizophrène paranoïde. On pourra toujours arguer que ce verdict a été prononcé par des psys mâle, et donc qu’il ne vaut que d’un point de vue de mâle. Et comme aujourd’hui tout se vaut, l’opinion d’une femme valant celle d’un homme, celle d’un con valant celle d’une conne etc. etc. je vous laisse deviner la suite.

    2. Pour se faire entendre les femmes ont inventé le féminisme. Et des hommes ont trouvé ça bien, ils se sont dit que ça irait dans leur sens. Pour leur faire plaisir, pour répondre à leurs demandes, à leur caprices etc. ils leur ont donné le droit de vote, le droit de porter le pantalon, l’accès aux métiers d’hommes, ont inventé la parité. Afin qu’elles aussi puissent haïr le sexe opposé, on leur a inventé la misandrie. Et tout plein de nouveaux mots finissant par E (auteure, écrivaine, professeure…)
      Et on est allé jusqu’à massacrer la langue française en inventant l’écriture inclusive. Résultat, on se bouffe le nez avec ce genre de conneries.

    3. En attendant les femmes ont désormais autant de droits que les hommes, même dans les domaines de la folie et de la connerie. Bien sûr le droit d’afficher et d’étaler tout ça, au nom de la sacro-sainte liberté d’expression.
      Mais que veulent-elles de plus ? Nous rendre tous et toutes encore plus fous et folles, je suppose. Nous faire plonger toujours plus profond dans la grande confusion et le grand n’importe quoi.

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