Pendant trop longtemps, nous avons insisté sur les bénéfices de la mondialisation. Trop longtemps, l’attention n’a pas suffisamment porté sur ceux dont les emplois et les moyens de subsistance se sont évaporés. Cela a créé un terrain fertile pour le populisme. Pire, depuis la pandémie de Covid-19, nous assistons à des chocs exogènes en série qui entraînent des interruptions massives des chaînes d’approvisionnement. Le libre échange est derrière nous, place à la démondialisation, n’en déplaise à l’OMC (Organisation mondiale du commerce).
Les accords de l’OMC ont été négociés et signés en avril 1994 à Marrakech par la majeure partie des puissances commerciales du monde. Le but principal de favoriser l’ouverture commerciale. Le FMI (Fonds monétaire international) est le frère jumeau de l’OMC, organisation bien antérieure (1945), mais vouée à augmenter les dettes des pays par l’incitation au libre-échange à crédit.
Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI : « Notre conseil aux pays est de ne pas jouer la carte de l’intérêt national contre les autres. Car une plus grande fragmentation du commerce mondial aurait une conséquence très claire : nous serions tous plus pauvres et moins en sécurité. Nous devons résister à la tentation d’imposer des barrières commerciales, dont le nombre est passé de 500 environ en 2017 à 2 000 en 2019 et 3 000 en 2022. Il convient de réfléchir aux chaînes d’approvisionnement mondiales en tenant compte de leur empreinte carbone, mais là encore, en prenant garde également à l’ampleur des préjudices que leur restructuration pourrait causer à des travailleurs ailleurs sur la planète.
Tout accident qui pourrait perturber les approvisionnements énergétiques, ou laisser craindre que la sécurité en la matière ne soit pas assurée, pourrait se traduire par une hausse des prix du pétrole et de l’inflation en Europe. »
Le point de vue des démondialistes
Philippe A : La directrice générale du FMI élude la question posée des méfaits de la mondialisation sur l’environnement, alors que cette question est aujourd’hui existentielle au niveau planétaire. Elle indique que nous devrions payer les prix plus cher, mais l’humanité a toujours vécu depuis son apparition sur les ressources qui étaient présentes à proximité, et la notion de coût n’existait presque pas, c’est une invention capitalistique. Quel intérêt a t’on à couper nos chênes, les envoyer en Chine, pour les retrouver en France sous forme de parquet ? Cela nous rend dépendant de la Chine, accroît la pollution et détruit des filières d’emploi. Platon affirmait qu’un Etat devait se rendre autonome pour ne pas dépendre des autres, la mondialisation, c’est le principe opposé qui ne marche plus.
Sybill : Il n’est pas donné à tout le monde de manier aussi aisément les oxymores… Pour résumer la position du FMI : la mondialisation est à la fois une aubaine et à la fois un problème. Que faire donc? Pardi, continuons à pomper allègrement sans trop pomper par ailleurs.
JDL : Où l’on voit clairement le vide sidéral de l’économisme dominant vis à vis des questions environnementales, rapidement effleurées via la décarbonation, comme si ces questions n’allaient pas impacter développement et pauvreté !
XYZ : Comme si ceux qui nous ont envoyé dans le mur du réchauffement climatique nous expliquaient tranquillement qu’il nous faut continuer. Y a jamais eu autant de pauvre sur terre et de gens qui vive sous un régime autoritaire ou illiberal. Belle réussite ! Mais je suis quand même content de voir que cette personne fait l’unanimité contre-elle. On se sent moins seul. Mais ça inquiète quant aux personnes qui sont aux manettes.
Bfree : Comme si rapprocher la production des consommateurs pouvait créer un risque nouveau de concentration ? Cela diminue les risques en fait. Cela recrée des emplois dans les pays dits industrialisés. Georgieva, c’est un plaidoyer pour une mondialisation par défaut et surtout un dogmatisme. Un libre-échange qui pose l’économie au dessus de tout, comme force centrale. Or les années récentes ont prouvés exactement le contraire: la pandémie de Covid n’a eu aucune solution financière, la guerre en Ukraine est survenue hors des radars financiers, la guerre israélo-palestinienne est imperméable aux arguments économiques. Le monde ne tourne pas autour de l’économie et il est temps de s’en rendre compte. Et ceux qui le voudront pourront évoluer et reprendre les termes même de cette responsable qui affiche le satisfecit d’un triplement de la valeur de l’économie qui aurait « diminué la pauvreté » en constatant, dans le même phrase, son contraire.
Manu : Les économistes rêvait dans les années 2000 d’une France sans usine, la mondialisation c’était pour notre bien, une France de tourisme et de services, et malheur à ceux qui pensaient le contraire.
Pelren : La mondialisation aurait été à l’origine d’une incroyable réduction de la pauvreté dans le monde ?! Je pense que cette Kristalina Georgieva ne doit pas regarder le monde dont elle parle avec les mêmes lunettes que moi…
Philémon Frog : Évidemment, quand 1,4 milliard de Chinois ou, tout au moins, 800 millions de citadins chinois passent de la pauvreté à une certaine opulence, ça fait baisser sensiblement le taux de pauvre. Mais il est indigne de prétendre que la mondialisation a enrichi l’humanité quand 2 milliards de personnes vivent avec moins de 3,5 dollars/jour, tandis que 1,5 milliard d’autres ont un revenu quotidien de 3,5 à 7 dollars, et quand on compte 100 millions de personnes en plus dans l’extrême pauvreté en 2022 selon la Banque mondiale !
Suunugal : La mondialisation a permis aux classes moyennes des pays riches de consommer des produits pas chers fabriqués en s’affranchissant des contraintes morales, environnementale et sociales les plus élémentaires. Elle a permis aux entreprises multinationales et à leurs actionnaires d’augmenter leur profitabilité. Quant au petit peuple, qu’il soit ici ou là-bas, il s’est fait et continue de se faire exploiter.
Michel SOURROUILLE : Le FM est une banque de refinancement. Sans le FMI qui donne des liquidités aux Etats en difficulté de paiement, le commerce international risquerait d’en souffrir. Donc si le FMI n’existait pas, le peuple devrait se contenter des ressources qui sont dans son propre pays, il ne pourrait plus mettre à disposition ses ressources à la Terre tout entière, il serait obligé de sauvegarder durablement la richesse de son territoire. Le FMI est lié au libre-échange qui est lié à la surexploitation de la nature. Il faut donc supprimer le FMI, mettre au chômage Kristalina Georgieva, et tout ira mieux pour le peuple. Changer notre mode de vie va de pair avec la démondialisation.
Ithaki : Ce qui est rassurant c’est que le courant de pensée libre-échangiste qu’elle représente n’en a plus pour longtemps
En savoir plus grâce à notre blog biosphere
le FMI, le peuple et la nature
extraits : Qui faut-il défendre ? La nature ? Le peuple ? Les banques ? La réponse est difficile car tout est lié, c’est l’idée générale de ce blog. Comme les banques exploitent le peuple qui exploite la nature, nous nous mettons bien sûr du côté du plus exploité, la nature. Car la nature donne au peuple les moyens de vivre et le peuple demande aux banques les moyens de consommer la nature. Et si la nature est surexploitée, elle ne pourra pas donner à manger au peuple qui ne pourra pas engraisser les banques. Cqfd. Prenons un exemple, le FMI, cette banque de refinancement…
Pour une démondialisation des échanges
extraits : La mondialisation est passée du registre de la solution à celui du problème, au grand dam des économistes convaincus des bienfaits pacificateurs du « doux commerce ». Car la multiplication des délocalisations tout au long de la chaîne de production fragilise l’ensemble : si l’un des maillons vient à manquer, c’est toute la chaîne qui s’effondre. Juste avant la pandémie, 70 % du commerce international était réalisé au travers de chaînes de valeur mondialisées. L’augmentation durable des prix des carburants va pousser les entreprises à favoriser les productions à proximité du consommateur. Bienvenue au circuit court !…
Le yin du protectionnisme contre le yang du libre-échange
extraits : L’écologie penche pour le protectionnisme, la démondialisation, en définitive la relocalisation. Historiquement les vagues de protectionnisme et de libre-échange se sont succédé depuis l’abolition en 1838 des Corn Laws qui protégeaient l’agriculture britannique. Depuis la crise de 2008, la protection est à nouveau à l’ordre du jour. Les effets positifs du libre-échange n’existent que par l’accélération de la croissance économique que cela entraîne, mais les conséquences globales sont néfastes. La concurrence internationale s’est accompagnée de délocalisation, de montée des inégalités, de chômage structurel et de déséquilibres socio-écologiques. Le « doux » commerce est en réalité une affaire de puissance, c’est le plus fort qui impose sa loi…
J’ai l’impression que l’inquiétude de Georgieva concerne l’émergence d’économies coupées du libre échangisme contrôlée par la finance américaine.
Nous sommes en train de voir un nouvel ordre mondial se constituer avec les brics s’unissant en marge et contre le système dit occidental.
Ce qui me paraît inquiétant, c’est la puissance en liquidité de la Chine et la dépendance des usa à son outil productif.
Les usa ont pu juguler la finance japonaise mais je ne vois pas comment ils pourront contrôler la finance chinoise si celle-ci se nourrit de son alliance avec l’Inde, la Russie, le Brésil et tous les pays non alignés.
Ce n’est qu’une vision non documentée dont je ne suis pas du tout sûr.
Maintenant qu’elle voit qu’ON a fait fausse route, et que le bateau coule, la directrice générale du FMI lance un SOS. Drôle de SOS ! Bien sûr d’accord avec ces points de vue « démondialistes ».
Seulement attention aux mots, ce qui est important ce sont les idées :
– « L’origine du mot « démondialisation » est attribuée à Walden Bello, sociologue philippin qui a publié en 2002 un livre intitulé « Deglobalization, ideas for a New World Economy ». Le mot y est utilisé pour dénoncer les pouvoirs exorbitants des institutions internationales comme le FMI ou l’OMC avec une critique ferme du libre-échange et de la dérèglementation financière et pour prôner un modèle alternatif.» (La Toupie)
Démondialisation, anti-mondialisation, alter-mondialisme (ou altermondialisation)… ce n’est pas tout à fait la même chose, loin de là. Personnellement je prêche pour un alter-mondialisme, un autre monde… basé sur un autre modèle économique.
Pour moi la démondialisation et a fortiori l’alter-mondialisme n’ont rien à voir (ni à faire) avec le nationalisme et/ou l’isolationnisme (fermeture des frontières etc.) .
Attention donc aux faux amis, à ceux et celles qui prêchent la démondialisation, les relocalisations, le made in France, les circuits courts etc. et qui font seulement semblant de condamner le Système. Et n’en faisons surtout pas des alliés.
Pour le FMI-OMC et tous les tenants du Système, la Fragmentation (de l’économie mondiale) serait donc la pire des catastrophes. ON nous raconte même qu’elle serait un risque pour la Décarbonation. Et tous les meRdias (à la solde de qui nous savons) de diffuser le message (SOS) en boucle. Et personne pour nous dire quels pourraient être les bienfaits de ce scénario. Comme c’est bizarre …
En fait ce n’est pas spécialement le FMI, ce sont toutes les institutions humaines qui ont fait de la croissance le but ultime (c’était pareil dans les sociétés communistes même si, en pratique, elles y arrivaient beaucoup moins bien).
La planète (la biosphère plus précisément) ne le supporte plus, nous devons changer, mais nous mettons trop de temps à le comprendre, et à l’accepter.
Nous sommes 8 milliards dont l’avenir sera bouleversé : les riches le seront moins (beaucoup moins) et les pauvres n’accéderont pas à un niveau de vie décent, tout simplement parce que les 500 millions de kilomètres carrés de la Terre ne suffisent pas pour faire vivre décemment presque 10 milliards de personnes et pas du tout pour laisser vivre le reste du monde vivant et pour préserver la beauté de notre planète. Il n’est pas exclu que cela passe par d’effroyables conflits.
La croissance vue comme un but ultime… autrement dit l’obsession et/ou le culte de la sacro-sainte Croissance… bien sûr. Oui mais d’abord le Pognon !
Le Pognon et le Business (commerce) vus comme comme un but ultime etc.
Ce ne sont pas les pauvres qui nous crèvent, même s’ils sont très nombreux… ce sont ces quelques riches, très riches, qui n’en ont jamais assez et qui dirigent le monde.
Non vous pouvez exterminer le 1 % les plus riches (voyez je vais bien au delà des milliardaires) ça ne changera rien à l’état du monde nous serons toujours bien trop nombreux pour la planète, vous ne gagnerez presque rien en terme de surface utilisée, rien en alimentation (un riche ne mange jamais deux fois plus qu’un pauvre) vous économiserez un peu de matière et de CO2 certes, de quoi gagner un an, mais ça ne changera rien au fond, sauf de vous avoir donné bonne conscience.
Éternel “débat“ qui ne mène à rien ! Le Système ne se limite pas aux 1% , il englobe tous les petits-bourgeois qui s’en accommodent plus ou moins bien. C’est à dire tous ceux qui s’accrochent à leur “niveau de vie décent“ (comme vous dites) et qui “consomment“ l’équivalent de 2 ou 4 planètes voire plus.
Je l’ai dit X fois, le Système nous con damne à être toujours trop nombreux. Jusqu’au dernier homme trônant fièrement sur une montagne de déchets et de cadavres.
@ Suunugal : « Elle a permis aux entreprises multinationales et à leurs actionnaires d’augmenter leur profitabilité »
@ extraits : « L’augmentation durable des prix des carburants va pousser les entreprises à favoriser les productions à proximité du consommateur. Bienvenue au circuit court »
Alors attention ne pas confondre Entreprise Multinationale et Entreprise Transnationale !
1/ Une multinationale c’est une entreprise comme Mac Donald par exemple, elle peut avoir plusieurs sites de Hamburgers, aux Usa, France, Angleterre, Japon, ainsi que plein d’autres pays… Mais s’il y a un conflit qui perturbe la production d’hamburgers de sites de pays en état de guerre comme en Israël et Ukraine, ça n’empêche pas les sites d’autres pays de fonctionner, car de toute façon les multinationales généralement utilisent les matières premières en circuit court. Autrement dit il n’y a que des pertes localisées là où la production est perturbée !
2/ Une transnationale, c’est une entreprise qui est dépendante d’une chaîne de production. En effet, elle a besoin de composants produits dans d’autres entreprises par d’autres entreprises transnationales. Par exemple, une voiture électrique peut voir sa carrosserie produite en Pologne, sa batterie produite en Chine et l’Assemblage en Allemagne. Mais si la Chine ne fournit plus de batterie alors par ricochet les entreprises transnationales situées en Pologne et en Allemagne ne peuvent plus tourner ! Ce sont tous les pays impliqués dans la production d’un produit qui sont à l’arrêt car chacun produit qu’une partie des composants ! Ce sont les transnationales qui utilisent systématiquement les matières premières et les composants (produits manufacturés) en circuit long !
Autrement dit; la démondialisation n’empêche pas les multinationales de tourner, même avec les frontières fermées ça n’empêche pas Mac Donald de produire et vendre des hamburgers partout dans le monde. Mais la démondialisation empêche les transnationales de tourner, et c’est problématique pour tous nos produits technologiques (voitures, télés, ordinateurs, aspirateurs, robots de cuisines, etc). En l’occurrence cela implique de renoncer à beaucoup de technologies, ou alors utiliser des technologies simplifiées low-tech moins gourmandes en matières premières et composants manufacturés mais aussi technologies moins performantes du coup ! Et par rapport aux Entreprises transnationales, devoir renoncer à des technologies les plus performantes, je ne suis pas certain que l’ensemble des pays soit prêt à renoncer à la mondialisation ! Quand la démondialisation se produira c’est lorsqu’on sera tous à courts de ressources naturelles, pas avant !