A 15 ans, elle était érigée en icône de la lutte contre le réchauffement climatique. Une notoriété et un engagement qui lui ont valu poids médiatique et critiques infondées. En France, au printemps 2019, l’écrivain Pascal Bruckner a par exemple publié une tribune dans Le Figaro titrée « Greta Thunberg ou la dangereuse propagande de l’infantilisme climatique ». Il y attaquait l’adolescente et décrivait son visage comme « terriblement angoissant ». Parfois, ce sont même des menaces de mort, envoyées sur les réseaux sociaux ou par la poste, qui lui sont adressées. Au bord du burn-out, la Suédoise s’était accordé une trêve. Elle revient à l’occasion de la sortie du « Grand Livre du climat », un pavé pédagogique de 500 pages, dans lequel elle convoque de nombreux scientifiques et autres experts.
Lucas Minisini : Diagnostiquée autiste Asperger à l’adolescence, Greta Thunberg a longtemps été harcelée à l’école. Elle n’a découvert l’amitié que plus tard, grâce au militantisme. Adolescente de 15 ans en parka jaune, elle a soudain été érigée en symbole, grâce à sa pancarte en bois annonçant, en août 2018, une « skolstrejk för klimatet » (« grève de l’école pour le climat ») tous les vendredis. Un combat qui l’a métamorphosée. En 2017 dans son journal intime, elle écrivait : « Si j’arrive à aller au supermarché aujourd’hui, ça sera un grand succès ». À l’époque, elle craignait la foule. En décembre 2018, dans deux discours coups de poing à la COP24, organisée à Katowice en Pologne, la collégienne évoque avec force une « sixième extinction de masse » et critique les puissants de ce monde, « pas assez matures » pour sauver la planète. Fin 2019, elle traverse l’océan Atlantique en voilier avant de marteler du poing le pupitre de l’ONU en scandant sa fameuse rhétorique « How dare you ? », « Comment osez-vous regarder ailleurs et venir ici en disant que vous en faites assez, quand les politiques nécessaires ne sont visibles nulle part ? ». Tous les leaders mondiaux, le pape François inclus, souhaitent alors la rencontrer. Régulièrement, celle qui a vécu une adolescence si particulière répète à son père : « Je n’ai jamais voulu devenir célèbre. »
Greta Thunberg explique aujourd’hui que ces rendez-vous lui ont permis de réaliser l’ampleur de l’hypocrisie des dirigeants, qui assurent vouloir lutter contre le changement climatique : « Je pense que le “greenwashing” est l’une des pires menaces actuelles. Les gens au pouvoir l’utilisent pour donner l’impression qu’ils se bougent alors qu’ils ne font rien. Cela endort tout le monde au moment où nous devons nous réveiller. » Aujourd’hui, la jeune femme, toujours très sollicitée pour des conférences et autres événements internationaux, décline les invitations et propose systématiquement une liste d’autres personnes, disponibles partout dans le monde. « Mais les organisateurs me disent que, dans ce cas, ils préfèrent n’avoir personne », soupire Greta Thunberg.
Dans l’une de ses interventions, qui rythment les différents chapitres du « Grand Livre du climat », Greta Thunberg écrit, fataliste : « Même si nous mettions en action l’ensemble de nos plans en faveur du climat, nous ne serions pas tirés d’affaire. » Dans une vidéo d’une quinzaine de minutes publiée sur les réseaux sociaux le 3 septembre, Greta soulignait sa fatigue physique et morale : « Si votre espoir repose sur des jeunes au bord du burn-out qui s’occupent du climat après les cours… alors il n’y a plus beaucoup d’espoir ». C’est pourquoi certains militants préfèrent opter pour plus de désobéissance civile, loin des sages rassemblements organisés par Greta, parfois accusée de manquer de radicalité. À Stockholm, à partir du 30 septembre et pendant deux jours, douze activistes de divers groupes étaient ainsi jugés pour avoir bloqué l’autoroute E4, fin août, munis de pancartes sur l’urgence climatique. Ils ont été accusés de « sabotage ». Au sein du mouvement pour le climat, le degré de désobéissance est un débat permanent.
Le point de vue des anti-écolos, affligeant
Himself : Dans 20 ans nous relirons cet article délirant et nous aurons quelques frissons dans le dos en pensant à quoi nous avons échappé.
GeorgesBretagne : Au vu des photos accompagnant cet article, on peut constater qu’elle aime prendre la pose devant les photographes.
-Alazon- : Cette pauvre fille a été conduite à répéter comme un robot pendant toute son adolescence la doxa écolo : on va tous mourir, la planète va mourir, les politiques ne font rien, il suffirait qu’ils prennent conscience de la situation, le colibri, etc. On peut difficilement espérer qu’elle se déradicalise toute seule.
Imberts : A quand la canonisation après un si long (et pénible) plaidoyer sur la vie de cette jeune martyre ? Affligeant.
Patrick4594 : Une baudruche ou une grenouille qui se rêvait bœuf, au choix.
MD : Cette jeune fille fragile manipulée par des adultes, dont ses propres parents, fait un peu pitié.
Wotan : On s’est toujours demandé qui finançait cette marionnette et qui la manipulait ? Aucune enquête sérieuse sur cette question.
Le point de vue des écologistes
AnnaM : toujours surprenant de voir la haine qu’elle déclenche, y compris ci-dessus parmi les lecteurs du Monde… c’est triste, il y a plutôt de quoi être admiratif de son courage, elle n’avait que 15 ans, qui a eu la même maturité à son âge ?
Le paraméen : Lorsque le message ne plaît pas, par exemple parce qu’il heurte des croyances politiques, religieuses ou autres, ou des convictions ou bien crée un doute déstabilisant, on lynche le messager (au propre parfois). Commentaire haineux, attaque sur le physique, aucune critique objective sur le fond, c’est le lot des personnes qui dérangent. Et que certains menacent de mort. Courageusement anonymes.
Humphrey9 : L’histoire tendrait à montrer qu’il ne sert à rien de tenter d’ouvrir les yeux du peuple ou des élites. Les Allemands étaient-ils si ignorants des risques pris dans les années 30 ? Le niveau de connaissances n’a pas empêché certains diplômés des meilleures universités de France, d’Angleterre ou des US de devenir les pires génocidaires. Non, l’espèce humaine ne fonctionne pas par le traitement rationnel de l’information et pourtant nombre de militants semblent encore le croire. Les meilleures chances dans le combat contre le réchauffement climatique se situent à mon avis à un niveau intermédiaire, celui de l’économie locale : créer une synergie entre élus locaux et groupes d’habitants pour orienter les domaines d’activité et modifier les infrastructures. Quand il y aura assez de pression venant du terrain, les lois inadaptées seront changées. Il ne faut pas attendre l’inverse.
Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere
Mai 2019, Greta Thunberg, l’icône dont nous avons besoin
Juin 2019, CLIMAT, rejoignez Greta Thunberg
Juin 2019, CLIMAT, Greta Thunberg s’explique
Juillet 2016, Greta Thunberg, le climat face aux députés
Juin 2021, avec Greta Thunberg, le bien affronte le mal
Août 2021, Greta Thunberg se met à la mode, bravo
– « Aujourd’hui, la jeune femme, toujours très sollicitée pour des conférences et autres événements internationaux, décline les invitations et propose systématiquement une liste d’autres personnes, disponibles partout dans le monde. « Mais les organisateurs me disent que, dans ce cas, ils préfèrent n’avoir personne », soupire Greta Thunberg.» (Lucas Minisini – Le MONDE)
Greta semble donc se rendre compte que ce qui intéresse les meRdias ce n’est pas ce qu’elle raconte (son message), mais bien autre chose. Je trouve donc bien de sa part qu’elle se mette en retrait. Je dirais même qu’il était temps. ( à suivre )
Et qu’elle aurait pu faire aussi l’économie de ce bouquin. De ces arbres qu’il aura fallu couper pour rien. Si ce n’est pour lui permettre d’évacuer sa souffrance ou son mal de vivre (à chacun sa came). En tous cas, même si je lui souhaite sincèrement de pouvoir dépasser et surpasser tout ça, moi je ne l’achèterais pas.
– « « Le Livre du climat », un événement mondial » !
Voilà par exemple ce qu’un marchand de bouquins (éditions Kero) ose écrire (titrer). Pour faire de la pub à cet «événement mondial», qu’il faut bien sûr absolument venir découvrir (acheter) le 27 octobre dans les librairies. Business as usual !
( à suivre )
– « Parmi les quelques centaines de manifestants présents ce samedi 1er octobre […] La superstar de la lutte contre le changement climatique brandit une pancarte « antifascisme, antiracisme, féminisme et activisme climatique », au milieu de drapeaux et de banderoles en tout genre réunis lors du rassemblement Stockholm pour la solidarité.» (Lucas Minisini – Le MONDE)
Comme quoi Greta n’est pas obsédée que par le climat, comme d’autres le sont par ceci ou cela. Greta semble donc être consciente de la dégradation plus générale du Climat. En attendant, si elle pouvait devenir une référence dans cette lutte-là, alors je la verrais, non pas comme une icône, mais comme ma déesse.
Eh oui, ni dieu ni maître… ça ne veut pas dire ni déesse ni maîtresse ! 🙂
– « A 15 ans, elle était érigée en icône de la lutte contre le réchauffement climatique. Une notoriété et un engagement qui lui ont valu poids médiatique et critiques infondées.»
Même si elle clame «Je n’ai jamais voulu devenir célèbre», sa notoriété ne fait aucun doute. Pour ça elle peut remercier les me(r)dias, c’est à dire Le Système qu’elle combat.
Et bien sûr aussi son père. Merci Papounet.
Greta Thunberg vue comme une icône, ça interroge. Déjà sur la place du sacré dans notre monde fatigué, nihiliste. Et bien sûr sur la place des jeunes, des enfants, l’importance qu’on leur donne, l’espoir qu’on fait reposer sur eux etc. Et puis ça interroge sur la récupération de cette icône (avec ou sans « ») : Et si, par hasard… Greta n’était qu’un pur produit du Système ? Un truc fabriqué juste pour nous enfumer.
( à suivre )
Bref, dire que les critiques à son égard sont infondées relève de l’absurde. Si ce n’est du dogmatisme. Et puis nul besoin d’évoquer la haine qu’elle suscite, cette pauvre Greta (ex. AnnaM). Réalité que je ne vais évidemment pas nier. Pour être crédible mieux vaut éviter d’aller sur ce terrain-là. Surtout quand on s’accommode très bien de la haine d’autres tristes individus. Comme s’il y avait d’un côté une haine dégueulasse, et de l’autre une haine acceptable, une saine ou sainte haine, à défendre voire à encourager. En attendant, pour moi la haine c’est la haine. Et elle restera toujours dégueulasse. Misère misère !
– « Même si nous mettions en action l’ensemble de nos plans en faveur du climat, nous ne serions pas tirés d’affaire. » ( Greta Thunberg )
Sur ce point elle a raison, Greta. Et sur bien d’autres aussi, bien sûr. Ce qui fait que les binaires auront un peu de mal à me mettre dans le panier des «anti-Greta». En tous cas je l’espère, qu’ils auront du mal, qu’ils seront obligés de réfléchir, un peu, les binaires. Les binaires, ceux qui voient le monde en noir et blanc, si ce n’est plutôt en rouge et vert, le Bien d’un côté et le Mal de l’autre ! Et nul besoin de préciser dans quel camp ils se situent, les binaires.
Ceci dit, cette réflexion de Greta peut s’appliquer à cet autre problème qui en obsède tant certains, ici sur ce blog. Seulement ce fatalisme semble être en désaccord avec cette mission, cette croisade, dont ils se croient investis.