Il ne faut prêter aucune vertu à un référendum Valls

Un « référendum local » est destiné à légitimiter le transfert de l’actuel aéroport de Nantes Atlantique vers le petit bourg de Notre-Dame-des-Landes. Déni démocratique ? Le Premier ministre veut accélérer le calendrier de cette consultation locale, évoquant le « mois de juin » . pour un vote qui concernerait « les électeurs du département de Loire-Atlantique ». Ce scrutin devrait se tenir le 19 ou le 26 juin. Encore faut-il d’abord légiférer par ordonnance pour ce projet d’intérêt national. Il faut ensuite organiser la campagne locale d’information. Reste la question sensible du périmètre électoral de ces consultations locales. Le département de Loire-Atlantique serait le plus favorable au projet, il a donc été choisi par Valls. Le périmètre n’étant pas pertinent, le résultat ne le sera guère.*

« Beaucoup considèrent le référendum comme le moyen le plus légitime de trancher une controverse sociétale, car il sollicite et prend en compte l’opinion de tous. Pourtant, comment ne pas mettre en question son résultat tant que les votants ne sont pas tous pleinement informés ? C’est-à-dire tant qu’ils n’ont pas eu l’occasion de faire mûrir leur jugement à partir de considérations contradictoires sur lesquelles ils auraient suffisamment réfléchi… Nous n’avons qu’une confiance modérée dans les vertus de nos concitoyens quand ils sont convoqués « à l’état brut » pour voter ou pour opiner… Le référendum pratiqué dans des conditions expéditives ne vaut pas mieux qu’une sondage d’opinion… Une décision démocratique exige aussi sa conformité avec le bien commun, c’est-à-dire avec l’intérêt objectif des populations, lequel ne correspond pas nécessairement à l’opinion spontanée. Aussi, un point clé est de mettre les citoyens en position de découvrir et révéler ce que peut être ce bien commun. »**

Vu les entourloupes du référendum sur Notre-Dame-des-Landes, on peut déjà dire que ce sera un véritable déni de démocratie… comme d’ailleurs la plupart des référendums. Les Français approuveront en 1852 par 92 % des votants le coup d’Etat de Louis Napoléon Bonaparte : « le rétablissement de la dignité impériale dans la personne de Louis Napoléon Bonaparte » est approuvé, la République va devenir Second Empire. Ce plébiscite sera suivi par beaucoup d’autres ici et ailleurs, sans compter les référendums où on n’a pas voté sur la question posée mais sur la personne qui l’avait proposée.

* LE MONDE du 17 mars 2016, NDDL, un cadre pour le référendum

** Comment les citoyens peuvent décider du bien commun, l’humanitude au pouvoir de Jacques Testard

(Seuil 2015, 158 pages pour 17 euros)

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