« Je vous nourris et moi, je meurs » 

« Je suis éleveur, je vous nourris et moi, je meurs ». Avec son cheptel de bovins lait et viande, il gagnait il y a dix-huit ans,1 000 euros par mois, aujourd’hui 800, alors que la taille de sa ferme et sa production de lait ont triplé… Escortés par les forces de l’ordre, les quinze tracteurs en route pour l’opération de blocage des routes organisée le 25 janvier 2025 sont salués par les automobilistes… Les barrages révèlent les mêmes maux : la hausse des coûts, les revenus si faibles pour un travail si lourd et toujours plus complexe et, au fond, par-dessus tout, la perte de sens et le manque de reconnaissance.

« La centaine de propositions très concrètes n’est pas une base de négociations, c’est une demande complète dans laquelle il n’est pas question que l’on fasse ses courses », a averti, de son coté, Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA. Les services de renseignement alertent le gouvernement sur les risques de débordement de la colère des agriculteurs si « l’attente » de réponses de l’exécutif était « trop longue ».

Réactions sur lemonde.fr

– En clair je veux être aimé, faire ce que je veux et être subventionné automatiquement sans paperasse.

– J’espère que tous les moyens légaux seront mis en œuvre pour mettre fin à ces barrages. Mais bon, comme il s’agit des voix que la Macronie veut aller récupérer, il y a peu de chances.

– Colère des agriculteurs : Gérald Darmanin demande aux préfets de la « modération » et l’intervention des forces de l’ordre « en dernier recours »

-Darmanin a donné aux préfets une consigne de mansuétude dans cette affaire. Morale de l’ histoire : selon qu’on est activiste pour le climat ou violent adepte des mégabassines, la tolérance des autorités n’ est pas la même…

– Merci au gouvernement pour sa pratique de l’ordre à deux vitesses : si incendier et remplir de lisier une préfecture pendant que les CRS ont l’ordre de ne pas bouger ne sont que des broutilles ne méritant que la mansuétude de Darmanin, le discours de Macron sur le retour à l’ordre et à l’autorité est totalement décrédibilisé. Je saurai aussi m’en souvenir.

– Exportation agro alimentaire 80 milliards 2022… Excédent commercial 9,4 Milliards en 2022 … Les 2/3 sont avec l’Europe… donc il y a des secteurs qui marchent

– Non au mélange des agriculteurs riches et des « pauvres. Non aux diktats immédiats. Emmanuel Besnier, PDG de Lactalis, 6ème fortune de France.

– Arnaud Rousseau, patron de la FNSEA depuis 2023 et président du conseil d’administration du groupe industriel et financier Avril.

– Ils en ont de bien beaux super tracteurs rutilants, ces braves gens, sur ces images. Rien dans cet article, sur leurs patrimoines fonciers…Ca coûte combien un super tracteur?

– On attend toujours l’article de fond sur LES agriculteurs : au choix, les 125 000 exploitations qui ne font pas 25 000 de CA/an, ou les 265 000 restantes qui expliquent qu’en 2022 les résultats agricoles ont connu leur plus haut historique, avec une moyenne de 50 000 € nets dégagés par exploitation, ce qui a permis de verser en moyenne 2 000€ en salaire.

– J’avoue ne pas comprendre quelles actions les agriculteurs exigent des pouvoirs publics. Une prime de rééquilibrage face des importations moins chers ? Des prix plancher ? Des barrières douanières contraires à nos engagements européens ? De nouvelles subventions d’Etat en complément des aides FEADER et régionales ?

– La FNSEA, seul interlocuteur des medias visiblement, qui a la main sur les coopératives agricoles de France et de Navarre, syndicat gangrené par les lobbys agro chimiques qui défend un modèle agricole inadaptable aux problèmes écologiques

– Le jour où les agriculteurs qui manifestent auront compris qu’ils sont les « idiots utiles » de la Fnsea, leur avenir sera moins compromis.

– Les agriculteurs représentent 1,5 % de la population active, soit environ 0,5 % de la population totale. A titre de comparaison, il y a deux fois plus de chasseurs. Leur capacité d’action, aussi phénoménale qu’anecdotique, est l’illustration du malaise d’un changement de monde mal vécu.

– Les agriculteurs exigent du gouvernement (pesticide, bassines, gazole, etc.). Les écolos exigent du gouvernement l’inverse (pesticide, bassines, gazole). La véritable confrontation est là.

– Il y a pourtant une solution simple, rejoindre un circuit court, rencontrer les producteurs, prendre la mesure de la beauté et de la difficulté de leur travail, créer du lien avec eux, les soutenir, manger des produits de meilleure qualité, favoriser un système plus résilient et tant pis si on part pas en Thaïlande ou si on achète pas le dernier SUV cette année…

– Le bon modèle : les agriculteurs se mettent en autarcie, cultivent leur potager et entretiennent leur basses-cours. Il proposent aux citadins des terres en location pour produire pour eux-mêmes leur subsistance et leur facturent leurs conseils.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Le XXIe siècle sera paysan… ou ne sera pas !

extraits : Les machines comme engins de guerre agricole, mais aussi comme machine économique, industrielle, machine administrée, machine à nourrir ou plutôt à remplir les caddies. Cette agro-industrie profite de chaque choc pour se propager encore, éliminant les savoir-faire, les communautés paysannes, mais aussi la biodiversité et finalement le savoir et le pouvoir s’alimenter. Les dégâts sanitaires et sociaux sont colossaux, pas moins que les dégâts environnementaux.En 2050, nous serons au lendemain des grands chocs écologiques qui vont déstructurer la société thermo-industrielle. Ce sera comme pendant une grande guerre, la pénurie et le rapprochement des campagnes. Ce sera le retour des paysans comme décrit par Silvia Pérez-Vitoria : « Quel que soit l’avenir de nos sociétés, la terre reste le fondement de notre alimentation…

Nicolas Hulot et la PAYSANNERIE

extraits : « Le grand désarroi tragique de l’homme moderne, c’est de ne plus être relié à rien. On ne sait plus comment pousse une betterave ! L’agriculture est un des domaines où nous avons opéré la plus grande transgression. L’homme a voulu se substituer à la nature. En l’espace de quelques décennies, il a détruit des milliards d’hectares de terres agricoles et les a transformés en une espèce de support mécanique inerte. Il est entré dans une spirale tragique consistant à injecter dans les sols toutes sortes de substances toxiques qui donnent un temps l’illusion d’une certaine productivité, mais qui sont très rapidement rattrapées par de multiples effets secondaires sanitaires et environnementaux »…

pour un retour des paysans contre l’agriculture industrielle

extraits : Il nous faudrait promouvoir une agriculture moins industrielle, c’est-à-dire plus artisanale, plus respectueuse de l’environnement mais aussi plus intensive en emplois. En effet la France ne peut plus être compétitive sur les marchés internationaux en tentant d’exporter des denrées standards produites à grande échelle. Les poulets nourris avec du maïs et du soja brésiliens ne peuvent être vendus plus chers que des poulets brésiliens… Beaucoup d’agriculteurs considèrent cependant qu’il leur faut poursuivre avec les formes actuelles d’agriculture industrielle, quitte à considérer les problèmes environnementaux et sanitaires engendrés par celles-ci comme étant relativement secondaires…

14 réflexions sur “« Je vous nourris et moi, je meurs » ”

  1. Les macroneux vont se prendre lun coup de boomerang encore plus plus violent que les Gilets jaunes ! Je suis un écologiste, Darmanin me traite de terroriste, mais il couvre les violences autrement plus graves menées par les agriculteurs et les impacts autrement plus graves de leurs blocages d’axes routiers sur l’ensemble de la société… ceci crée un « appel d’air » qui les encourage à la surenchère et le petit Attal en devient inaudible et ringardisé… Le principe d’égalité entre les citoyens est pulvérisé par les macroneux.

  2. Gabriel Attal aime les agriculteurs, il est prêt à satisfaire tous leurs caprices :
    – sur le GNR (gazole non routier), l’exonération fiscale accordée aux agriculteurs « sera faite immédiatement » et c’est l’État qui compensera le distributeur ; par ailleurs, sur la hausse de la fiscalité de ce carburant, prévu jusqu’en 2030, « on arrête ce qui a été prévu ».
    – « On va accélérer à fond sur les aides d’urgence qui vous sont dues… »
    –  « L’objectif est clair : faire respecter Egalim partout, sans exception… »
    – « Je prends une décision très claire, celle de simplifier drastiquement nos procédures et nos normes… »
    Attal n’a pas compris que quoi qu’il offre, les agriculteurs resteront mécontents : « Mesurettes et broderie, on n’est pas satisfaits de ce qui a été annoncé… »

    1. « leurs caprices » dites-vous… Faut oser quand même non ? Si Attal aime les agriculteurs (ah qu’elle est bonne !) en ce qui vous con cerne il est clair que vous ne les aimez pas.

  3. Contrairement aux nécessités de la lutte contre le réchauffement climatique, les agriculteurs mécontents demandent un gazole à bas prix. Rappel des chiffres.
    Le gazole non routier (GNR) des agriculteurs est une niche « brune », comme toute aide aux combustibles fossiles, nocifs pour l’environnement. La restructuration de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) devait prendre effet dès 2019. Trois reports l’auront finalement retardée, jusqu’à son application prévue en 2024. La TICPE est désormais de 24,81 centimes par litre, soit seulement 1,9 % d’un prix du gazole délivré pour eux à 1,288 euro (au 19 janvier 2024). Pourtant ils peuvent encore réduire cette redevance à 6,71 centimes en effectuant une demande de remboursement.
    Rappelons que la TICPE 2023 pour le gazole des particuliers est de 60,75 centimes pour un prix au litre de 1,73 euros, soit un taux de 35 % !

    1. Le volume des livraisons de GNR aux agriculteurs en 2023 était de 5,3 millions de mètres cubes, à comparer aux 48 millions pour les carburants routiers ordinaires… L’actuelle loi de finances prévoit que l’augmentation se répète chaque année jusqu’au 1er janvier 2030, pour aboutir à une somme non remboursable de 23,81 centimes par litre. L’objectif est de réduire l’écart entre la fiscalité des agriculteurs et celle des automobilistes. L’Etat a mobilisé 1,3 milliard d’euros d’aides pour le GNR du secteur agricole en 2023, le réchauffement climatique est subventionné par l’État. Rappelons que depuis l’épisode des Gilets jaunes, l’évolution de la taxe carbone est toujours gelée à ce jour… le réchauffement climatique a de beaux jours devant lui !

    2. – « les agriculteurs mécontents demandent un gazole à bas prix. »
      C’est tout ce qu’ils demandent ? Là encore je sens que TOUS ces agriculteurs en colère vont finir dans le même panier que les Gilets Jaunes. Des salopards qui se foutent de la planète et patati et patata ! Et misère misère !
      – Colère des agriculteurs : pour la Confédération Paysanne, la première mesure, c’est « d’instaurer une véritable rémunération du travail » ( france3-regions.francetvinfo.fr )
      – Colère des agriculteurs : « Je suis prêt à reprendre »… faut-il s’attendre à ce que les Gilets jaunes rejoignent le mouvement ? ( ladepeche.fr/2024/01/26/ )
      – La liste des revendications des Gilets Jaunes ( giletsjaunes-coordination.fr )

  4. Le désespoir des agriculteurs est le résultat d’une soumission organisé par l’Europe depuis 60 ans. Les agriculteurs dépendent majoritairement des subventions et non plus de leur production.
    Ils sont devenus le jouet des politiques au gré de leurs volontés successives. Autrefois il fallait rentabiliser l’outil agroalimentaire pour nourrir la population et faire du profit pour financer le développement de la France . Parfois dans la cacophonie, rappelons nous de la pénurie puis des surplus de stocks de beurre.
    Aujourd’hui, l’Europe soumise aux volontés américaines a décidé d’acheter la nourriture aux 4 coins du monde pour que l’argent emprunté aux banques américaines fasse plus de profits.
    L’écologie, la biodiversité, la pollution des transports ( pas le CO2 dont je me fous) sont balayés pour faire du profit.

  5. Communiqué de presse de Générations Futures
    Les syndicats agricoles français FNSEA… sous prétexte de demander un meilleur revenu, ce qui se justifie pour certaines exploitations peu rémunératrices, accentuent en réalité leur pression contre les réglementations environnementales. Leurs cibles principales : le plan Ecophyto et le Pacte Vert européen. Ces actions coïncident avec les discussions actuelles sur ces textes et soulignent un conflit grandissant entre les intérêts agricoles à court terme et les impératifs écologiques et l’intérêt général à long terme.
    Ces syndicats rejettent également en bloc les Zones de non traitements mises en place pour protéger les ruraux des pulvérisations de pesticides des champs à proximité de leurs habitations. Ces syndicats oublient un peu vite que ces ZNT – ridiculement petites et insuffisantes- ont été mises en place suite à 2 décisions du Conseil d’Etat (à suivre)

    1. (suite et fin) Ces syndicats veulent également placer l’Office Français de la biodiversité sous l’autorité des préfets, désarmer les agents et inscrire leurs interventions sous le signe de la pédagogie. Autrement dit : ils veulent bien d’une police de l’environnement …mais totalement impuissante et désarmée.
      Plus généralement les syndicats demandent le renoncement au principe de non régression du droit de l’environnement…ils sont donc officiellement en faveur de la régression du droit de l’environnement. Là aussi les français.e.s apprécieront  car là aussi les masques tombent ! 
      Le candidat Emmanuel Macron déclarait en avril 2022 « La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas » !!!

      1. Comment se fait-il que la FNSEA soit l’interlocuteur privilégié de Matignon ?
        Croyez-vous que ce soit parce qu’elle compte le plus d’adhérents ? (212.000)
        Et comment se fait-il que les représentants de la FNSEA soient hués par une bonne partie de ces agriculteurs en colère ? Et en plus ce n’est pas une première.
        En 2020 il y avait 416.436 exploitations agricoles. Quatre fois moins qu’il y a 40 ans.
        La FNSEA ce n’est pas Les Agriculteurs ! Et surtout pas Les Paysans.
        Un exploitant agricole (c’est comme ça que désormais ON les appelle) n’est pas forcément un chef d’entreprise, encore moins un gros patron, comme ON l’imagine quand ON ne connait rien de ce monde là.

        – FNSEA, JA, Confédération paysanne… Quels sont les principaux syndicats d’agriculteurs ? ( lepoint.fr 25/01/2024 )
        – À la tête de la FNSEA, qui est Arnaud Rousseau, le businessman qui voulait passer pour un paysan ? ( humanite.fr 26.01.24 )

  6. Nicolas Hulot dit très justement les choses, toutefois cette autre agriculture qu’il appelle de ses vœux ne se conçoit que dans un monde moins peuplé.
    L’agriculture bio, respectant les cycles naturels avec très peu d’intrants chimiques, sans mécanisation a existé jusqu’aux débuts du 20ème siècle. Ca marchait, mais ça nourrissait 5 fois moins de gens qu’aujourd’hui, ne l’oublions pas (et les produits demandant beaucoup de mains d’oeuvre coûtaient bien plus cher, les gens dépensaient dans la nourriture une fraction bien plus importante qu’aujourdhui de leurs revenus.
    Et remarquons que même cette agriculture là a conduit à défricher l’essentiel des territoires, ce n’était donc pas aussi écolo.
    La solution c’est donc encore une fois de l’agro écologie, certes, mais surtout moins de gens, seule garantie de notre avenir.

    1. Mon cher Didier, NOUS sommes trop nombreux… OK ! Mais croyez-vous que cela suffise à expliquer la colère du monde agricole ? Et surtout à la calmer ?
      Laissons Hulot là où il est, oublions-le, paix à son âme. Écoutons plutôt ceux qui disent que la France peut facilement nourrir sa population, tout en respectant l’environnement. Et qu’ON arrête de dire que ce n’est pas possible, juste parce que ça va à l’encontre de ce qu’ON a envie ou besoin de croire.
      – L’écologie peut sauver l’agriculture : voici comment (Reporterre 26/01/2024)

  7. En lisant ces réactions sur lemonde-fr, dont certaines pourraient être titrées « Le point de vue des zécologistes anti-agriculteurs »… je rejoins Biosphère pour me demander où est l’intelligence collective en marche. Parce qu’ON ne le connaît pas, qu’ON vit dans le béton, totalement coupé de ce monde là… qu’ON ne comprenne pas les problèmes du monde agricole, passe encore.
    Mais qu’ON se permette, qu’ON ose … juger, dans le sens de condamner, et sortir autant de débilités… ça c’est désespérant. Depuis le temps que les agriculteurs font entendre leur voix, via bien sûr les micros et les caméras de la Voix de son Maître (comment pourraient-ils le faire autrement ?) … eh ben il y en a encore qui n’ont toujours pas compris.

    – « Je suis éleveur, je vous nourris et moi, je meurs » …
    Même ça, il semblerait qu’ON ne puise pas le comprendre. Misère misère !
    ( à suivre )

    1. – Suicides chez les agriculteurs : le gouvernement lance une « mobilisation collective »
      ( Le Monde 23 novembre 2021 )
      – « En 2020, les consommants de soins du régime agricole de 15 à 64 ans ont un risque de mortalité par suicide supérieur de 30,9 % à celui des assurés tous régimes. Si l’on prend uniquement les propriétaires agricoles, en excluant les salariés agricoles, l’excès de risque est de 77,3 % » ( Rapport 2024 MSA )

      Notez ça, bande de bœufs : En France, deux agriculteurs se suicident par jour en moyenne.
      Un tiers des agriculteurs vivent sous le seuil de pauvreté.

      Mais non, à quoi bon ! À chaque occasion (l’ours, le loup, les pesticides, les OGM, les bassines et j’en passe) ON continuera à bouffer du Paysan. Et comme si ça ne suffisait pas, aujourd’hui les paysans, demain les fonctionnaires, les infirmières, les pauvres etc. etc. Misère misère !

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