La liberté sexuelle de Catherine Millet

Qu’on se le dise, en octobre 2017 la question de la sexualité a été bouleversée par le déclenchement de l’affaire Harvey Weinstein, celle qui a fait exploser la révolution #metoo. Libération de la femme et répression sexuelle à la fois. Le féminisme s’habille en effet de multiples contours, Catherine Millet est-elle réactionnaire ?

Catherine Millet : « Allez, encore un : tous les jours, on coupe une nouvelle tête ! »

Après la ­publication du Consentement de Vanessa Springora, qui décrit l’emprise qu’a exercée l’écrivain lorsqu’il avait 50 ans et elle 14, Catherine Millet s’interroge. Pourquoi Springora ne s’est-elle pas désolidarisée du « lynchage médiatique » si elle a « aimé Matzneff » et si, « comme elle le dit, elle n’a pas agi par pure vengeance » ? Sur la question du consentement, elle cultive l’ambiguïté : « On peut céder et ne pas le regretter, comme on peut aussi céder, et le regretter. Ce sont les risques de la vie. » Aujourd’hui, elle ne perçoit que les dérives de la libération de la parole : guerre des sexes, puritanisme, dictature du ressenti et victimisation. Elle fustige « les filles qui balancent des noms de types parce qu’ils ont pincé des fesses ». Ce retour de bâton contre le mouvement #metoo, Catherine Millet en aura été l’un des porte-drapeaux. En 2018, elle corédige, une tribune : « Nous défendons une liberté d’importuner indispensable à la liberté sexuelle ». Le texte commence par « le viol est un crime. Mais la drague insistante ou maladroite n’est pas un délit, ni la galanterie une agression machiste ». Sur France Culture, elle ose : « Je regrette beaucoup de ne pas avoir été violée. Parce que je pourrais témoigner que du viol, on s’en sort. » Cette même rhétorique l’avait conduite à déclarer en 2017, « l’inceste n’est pas toujours traumatisant ». Avec Marcela Iacub, elle a aussi défendu la liberté de se prostituer. « Le désir, plaide Catherine Millet, c’est le moteur de la vie, qu’il faut savoir contrôler ou réorienter. » Elle se reconnaît surtout dans les « femmes coqs qui prennent leur indépendance sans rien demander à personne ».

Au pays des Shadoks : Bon j’ai compris qu’il y a deux sortes en gros de féminisme. Celui incarné par celles libérées sexuellement et les autres qui n’ont toujours pas compris qu’elles avaient un problème avec ça. Et les premières sont accusées de faire le jeu des machistes. Bien sûr.

En tant qu’écologistes, nous voulons laisser plus de place à l’expression de notre nature biologique, formatée pour le plaisir sexuel réciproque. Nous ne nous reconnaissons pas dans ce féminisme qui prend le visage d’une haine des hommes et de la sexualité. Nous pensons que la liberté de dire non à une proposition sexuelle ne va pas sans la liberté d’importuner. Et nous considérons qu’il faut savoir répondre à cette liberté d’importuner autrement qu’en s’enfermant dans le rôle de la proie. Dans l’état actuel de nos connaissances du cerveau humain, toute violence exercée par un homme (ou une femme) résulte d’un conditionnement  social ; enfant violé, enfant perturbé ou résilient. Tout dépend du contexte. Il semble dommageable qu’un féminisme exacerbé perturbe les relations entre les hommes et les femmes, relations qui pourraient mieux s’épanouir avec une liberté sexuelle plus grande….

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

23 janvier 2021, Inceste, Xavier Gorce quitte LEMONDE

16 mars 2021, Faire l’amour en public, est-ce écologique ?

10 février 2019, Nature de la sexualité et droit à la sexualité

13 janvier 2018, Sexualité et harcèlement, l’homme, un animal dénaturé

NB : La Vie sexuelle de Catherine M. (Seuil, 2001) : description crue, quasi chirurgicale de ses coucheries depuis l’âge de 18 ans dans les clubs échangistes, les parkings, etc.. De sa jeunesse, elle ne retient que l’ivresse des corps qui bousculent les interdits, l’égalitarisme sexuel des partouzes qui casse les barrières sociales.

5 réflexions sur “La liberté sexuelle de Catherine Millet”

  1. Nancy Huston : J’ai été longtemps une sorte de fille à garçon, obsédée par le flirt et la drague, et me voilà soudain en train de dévorer les écrits de Simone de Beauvoir… Mon féminisme a alors pris une teinte radicale, la différence entre les sexes était une construction sociale. Le donné biologique ne jouait qu’un rôle insignifiant.
    Mais je trouve aussi que le féminisme ne doit pas se limiter à la sphère sexuelle. Où est le discours sur la guerre, les ventes d’armes, les scénarios d’affrontements observés partout dans le monde ? Où est la réflexion sur ces valeurs « viriles » qui sont en train de foutre la planète en l’air ?
    Il y a des causes pour lesquelles j’ai envie de me battre, notamment l’écologie.
    (LE MONDE du 23, 24 et 25 mai 2021)

    1. Au moins celle là nous offre une réflexion plus intéressante, du moins à mon goût. En effet la guerre, ces affrontements partout dans le monde, la plupart du temps pour un rien. Partout ce besoin de domination, cette compétition, ces valeurs «viriles» à la con.

  2. Nous apprenons les codes de la sexualité (embrasser, caresser, pénétrer) avant de pouvoir élaborer nos propres préférences. Certains s’émanciperont des codes. D’autres les suivront sans se poser de questions… y compris quand les codes ne fonctionnent pas. Vous trouvez que j’exagère ? Prêtez l’oreille aux femmes désespérées parce qu’elles atteignent l’orgasme par leur clitoris et non par simple pénétration vaginale ; plutôt que d’adapter leurs attentes à leur corps, elles essaient d’adapter leur corps aux attentes sociales (une stratégie rarement gagnante). Le pire, c’est que le plus souvent, nous ne cernons même pas le problème…
    Désolée, mais en sexualité, on ne fait ni ce qu’on veut ni même (le plus souvent) ce qu’on peut. On fait ce que la société nous a appris à faire et ce qu’elle nous permet de faire.
    Des questions à poser sur votre sexualité, sosmaia@lemonde.fr

  3. catherine M.

    « Donner une représentation stéréotypée de l’orgasme est un défaut des films pornographiques ; on y jouit presque systématiquement à l’issue de saccades redoublées en poussant des cris. Or il y a des orgasmes qui se déclenchent dans l’immobilité, ou dans le silence (p.190)
    J’ai été bien longue avant de repérer les caresses, les positions qui m’étaient les plus agréables. Un corps apte au plaisir ne m’a pas été octroyé d’emblée. Il fallait d’abord que je me donne à corps perdu à l’activité sexuelle, que je m’y oublie au point de me confondre avec l’autre, pour, à l’issue d’une mue, m’étant dépouillée du corps mécanique reçu à la naissance, endosser un second corps, celui-ci capable de recevoir autant que de donner. (p 192)
    Jusqu’à l’âge de 35 ans environ, je n’ai pas envisagé que mon propre plaisir puisse être la finalité d’un rapport sexuel. Je ne l’avais pas compris. (p.198) »

  4. Esprit critique

    Allez, encore de quoi nous divertir. Après la liberté sexuelle des bonobos, celle de Diogène et celle de Brigitte (Lahaie), voilà celle de Catherine. Faudrait quand même pas oublier celles de Jacquie et Michel. 🙂
    Mais en quoi ça nous avance d’écouter, de lire ou de voir toutes ces conneries ?
    Mee Too, Balance Ton Porc, Femen et Compagnie ce n’est que du spectacle ! Du déballage, de l’exhibitionnisme et du grand n’importe quoi. Comme les films pornos, les bouquins ou les déclarations de Vanessa Springora, Catherine Millet et Jean Passe. C’est le genre de spectacle qui ne sert qu’à amuser, abuser et agacer tout le monde. Les obsédés du cul, les culs coincés et les autres qui n’en ont rien à foutre. Dit en passant les deux premières catégories feraient beaucoup mieux de consulter. Certes il en faut pour tous les goûts, à la bonne dose… mais là je me dis que tout ça est un signe de plus de notre décadence.

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