Après trois ans d’intenses négociations pour verdir la nouvelle politique agricole commune (PAC) et à un an de mise en œuvre, il n’aura fallu que quelques semaines pour détricoter les mesures environnementales. A Paris, le gouvernement présentera, le 3 avril 2024, un projet de loi agricole profondément remanié qui conforte lui aussi le modèle productiviste.
lemonde.fr : Dans le cadre du Pacte vert, Bruxelles a déjà retiré son projet de réglementation sur les pesticides, tandis que la loi sur la restauration de la nature est aujourd’hui bloquée par huit Etats membres. L’un des principaux changements est l’introduction d’une disposition générale permettant aux Etats membres d’accorder des dérogations temporaires et ciblées en cas de catastrophes naturelles pour lever les conditions de versement des aides. Un second changement concerne l’obligation faite aux fermiers de conserver ou convertir 4 % de leurs terres en jachère et en surfaces non productives (comme des haies ou des bosquets).
Après la révision, pour toucher les aides, « les agriculteurs seront uniquement tenus de maintenir les éléments paysagers existants et seront encouragés, sur une base volontaire, à maintenir les terres en jachère ». Concernant la rotation des cultures qui aide les sols à se régénérer, « les Etats membres pourront utiliser la diversification des cultures comme alternative », ce qui est beaucoup moins exigeant pour les agriculteurs. Les exploitations de moins de 10 hectares seront dispensées de contrôles et de sanctions si elles n’appliquent pas leurs obligations vertes…. »
Le point de vue des écologistes réalistes
Violette : Réjouissons-nous : le mur que nous voyons se précipiter vers nous depuis des années ne sera pas freiné encore cette fois. Nous continuerons à bouffer des pesticides, des hormones etc. nous risquons même de ne pas avoir le temps de crever de notre cancer…
Mym : Nous allons tellement vite dans le mur que ça en devient une vaste blague.
Mfl : le nombre d’agriculteurs ayant été reconnus en » accident de travail » pour maladie en lien avec l’usage des pesticides… a doublé cette année. Eux ( cancer prostate, lymphomes, parkinson..), leurs femmes, leurs enfants( leucémies , hypospadias, fentes labio-palatines, tumeurs cérébrales) cf » la France agricole ».
Toutvabien : Les défenseurs de l’environnement ont tenté d’éduquer en se basant sur des faits scientifiques, sur l’agrobiologie, la rationalité. Cela dure depuis des dizaines d’années. Le constat aujourd’hui est que seule la radicalité des gros tracteurs paie. Vert de Rage. !
confetto : Maintenant que le Gouvernement a cédé, la FNSEA exigera toujours plus. Arnaud Rousseau demande maintenant l’accompagnement financier par l’État de la mise en faillite des petites exploitations et promeut l’agrandissement des grandes structures agricoles qui vont racheter les petites.
En savoir plus grâce à notre blog biosphere
Une politique agricole commune écologique ?
extraits : Lors de la présidentielle 1974, le programme de l’agronome écolo René Dumont remettait en question l’agriculture intensive : l’agriculture sur-industrielle stérilise le sol, déséquilibre les plantes cultivées et leur ôte toute résistance face à leurs ennemis naturels, ce qui rend nécessaire l’emploi d’une quantité de pesticides, insecticides, fongicides. Les marchands d’insecticides et d’engrais, comme par hasard, sont les mêmes. Nous avons tourné le dos à ce programme. Le fait que la plus grande part des subventions de la PAC puisse être indexée sur la taille des exploitations, conjugué aux marges de manœuvre dont chaque État membre dispose dans l’attribution des fonds, a favorisé des mécanismes d’annexion ou de captation frauduleuse du foncier agricole….
PAC, politique agricole… commune ???
extraits :
PAC 2013. Le 13 mars 2013, les parlementaires européens ont voté à Strasbourg les quatre rapports portant sur la réforme de la PAC. Portant sur la période 2014-2020, les mesures sont faibles et les textes manquent cruellement d’ambition…
PAC 2020. Les questions environnementales se sont imposées comme une préoccupation majeure, et une forte demande s’est exprimée d’accélérer la transition agroécologique. En revanche, les moyens de mise en œuvre divisent : quelle place accorder à l’agriculture bio dans le tissu productif, comment réduire l’usage des produits phytosanitaires ?
Politique agricole à la solde de la FNSEA
extraits : Les arbitrages de la France pour la future PAC (politique agricole commune), une descente aux enfers ! Principal outil de verdissement de la future PAC, les « écorégimes » cristallisent tous les mécontentements. Pour la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), la mise en place de cette « boîte verte », qui servira à rémunérer des pratiques environnementales vertueuses, représentera une perte sèche de revenus pour une partie de la profession. C’est-à- dire tout pour moi, rien pour eux. La certification d’une exploitation en « haute valeur environnementale » (HVE) est surtout une concurrence déloyale à l’égard du bio ; ce label a de trop larges critères d’attribution…
L’Europe agricole était une grande avancée pour la productivité de plusieurs pays. Cet outil assez directif par les subsides distribués s’est transformé en un outil de dérégulation ouvert à tous les capitaux étrangers. Les terres françaises déjà laissées en friche pour aider les autres pays européens se retrouvent aujourd’hui en faillite ça le loup financier ricain de l’agroalimentaire dévore les brebis françaises, égorgeant au passage tous les petits agriculteurs.
Merci macrelle, je ne le dirai jamais assez aux veaux français devenus aveugles .
Une grande avancée pour la productivité de plusieurs pays !!?? Vous voulez sûrement dire pour le Capitalisme. Parce que finalement ce n’est que ça :
Croissance = Toujours Plus. Productivité = Toujours plus de Pognon => de Profits !
Même si je ne l’aime pas, je n’en ferais pas un bouc émissaire. En 1945, ni même à la fin des années 60 où tout accéléra encore plus fort… votre macrelle était encore dans les bourses de son père. Manu est né en 1977, la PAC en 1962, le Plan Mansholt en décembre 1968.
Sicco Manshol était alors vice-président de la Commission européenne, chargé de l’agriculture. Pas du tout ricain, il était néerlandais.
En 1972, après avoir œuvré à la destruction de l’agriculture paysanne et favorisé le développement de l’agriculture industrielle, Manshol devint écolo. Et se fit même apôtre de la décroissance. Non non c’est pas une blague !
(Le Monde lui a consacré un article le 24 mai 2023)
Pour ne pas trop en vouloir à ce pauvre Mansholt (avec un T), lire aussi :
– Il y a 50 ans aujourd’hui, Sicco Mansholt voulait agrandir les petites exploitations agricoles en Europe (wikiagri.fr 21 décembre 2018)
Comme ON dit, l’enfer est pavé de bonnes intentions.
Biosphère aussi a rendu hommage à Mansholt :
– Mansholt 1972…2023, cinquante ans de perdus (28 mai 2023)
– Mansholt 1972, un malthusien convaincu (6 juin 2023) 🙂
Et là derrière, le Capitalisme !
– « Depuis 1945 , les Plans successifs, qui n’ont toujours eu pour objectif « d’obtenir la croissance la plus élevée possible » […] À l’échelle européenne, la politique agricole commune a toujours soutenu cette même perspective. [etc.] » (Pierre Thiesset – Les faux amis de l’agriculture – La Décroissance mars 2024)
Depuis 1945 donc, cette croissance agricole, comme les autres au service du Commerce international (du monde du Pognon) est indissociable des machines (le Progrès, la Technologie).
Le Progrès pour augmenter la Productivité (rendements, profits), et en même temps pour faire tourner l’industrie qui fabrique tout ça (tracteurs, toujours plus gros, engrais, pesticides etc.)
Seulement cette croissance se voyait contrariée par ceux-là mêmes à qui ON l’exigeait. C’est à dire les paysans, principalement les petits. Pas assez rentables, pas assez entreprenants, pas assez modernes, trop arriérés etc. ( à suivre )
Le Plan consista donc à les exterminer. (Charbonneau parlait d’ethnocide)
Et ce fut l’exode, rural. Les paysans devinrent agriculteurs, puis exploitants agricoles.
Le Top étant chef d’exploitation. Exploiter… quel horrible mot !
N’empêche que ça en jette, ça fait patron, voire PDG.
Vous en connaissez beaucoup des PDG qui se suicident … ?
– « Lutter contre la transformation de l’agriculture en industrie, c’est aujourd’hui le combat numéro un ; car c’est empêcher qu’on nous ferme la dernière fenêtre ouverte sur un extérieur. La nature ou l’homme ? En défendant la campagne, nous défendons l’un et l’autre. » ( Bernard Charbonneau, en 1973 )
2024, l’agriculture est une industrie. Comme l’automobile, le tourisme etc.
ON peut alors se dire qu’il est trop tard pour empêcher cette transformation, et qu’il n’y a donc plus lieu de lutter. Seulement la Question (La nature ou l’homme ?) est plus que jamais d’actualité.