Le magistère de l’Eglise catholique pourrait-il appuyer une loi favorisant l’assistance au suicide assisté ? Étrange question quand on sait que l’Église soutient « la vie, depuis la conception jusqu’à la mort naturelle… Ces principes éthiques, en raison de leur rôle de fondement de la vie sociale, ne sont pas négociables ». Et pourtant, c’est bien ce qui anime le débat transalpin depuis quelques jours.
Marie-Jo Thiel : « Une revue jésuite, Civiltà cattolica, publie une tribune de Carlo Casalone appelant à soutenir un projet de loi actuellement discuté en Italie et qui vise à donner un cadre restrictif à l’assistance au suicide. Il s’agit d’éviter l’euthanasie comme mort provoquée sur demande. En 2019 en Italie, la Cour constitutionnelle a rendu un arrêt dans lequel elle maintient la nécessité de protéger juridiquement la vie, mais exclut que l’on puisse punir quiconque pour avoir « facilité l’exécution d’une intention de se suicider formée de manière autonome et libre ; elle exhorte aussi le Parlement italien à combler le vide législatif. Le magistère de l’Église peut-il accepter de s’engager dans ce qu’il appelle lui-même, à propos de l’avortement provoqué, une « loi imparfaite » ? Depuis la publication de l’article de la Civiltà cattolica, les partisans de la sacralisation absolue de la vie condamnent… Il ne faudrait pas oublier le mot de Pascal : « Qui veut faire l’ange fait la bête. »
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Les commentateurs sur lemonde.fr s’interrogent :
SiriusJP : On serait presque amusé, si la question n’était tragique, par le fait que l’église se pose des questions morales sur l’euthanasie alors que pendant des siècles cette même église a bénit les guerres et a pratiqué la peine de mort, sans avoir fait depuis son examen de conscience.
FT2 : Le plus triste dans toute cette histoire est que nous n’avons pas le droit au choix ! On nous impose, aux croyants et aux autres, une ligne « morale » qui n’a plus aucun sens à notre époque où l‘on peut maintenir « en vie » très longtemps et même contre le gré de la personne ainsi « assistée » !!! Ppersonnellement je ne vois là rien de moral ! Et enfin, qu’est ce que les églises ont à voir avec les progrès de la médecine? Absolument rien, de sorte que l’on meurt aujourd’hui, dans nos pays, des limites de cette médecine et plus du tout de la volonté divine (la mort dite naturelle!)!!!
Anders : Ce qu’on appelle « éthique » aujourd’hui n’est que discours sophistiqué calqué sur l’évolution de la médecine, de la technique et de « l’évolution des mentalités ». N’attendons pas des comités d’éthique qui pullulent aujourd’hui (il y en a même dans les entreprises capitalistes !) une quelconque position de principe protectrice du droit de vivre dans la dignité. Suivez l’histoire des avis du CNE, c’est édifiant. C’est l’éthique fluctuante, plastique, malléable à l’infini.
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Michel SOURROUILLE : L’éthique c’est du toc quand il n’y a plus de références communes dans une société, ce qui est le cas aujourd’hui. Ni les religions, ni les procédures démocratiques ne peuvent donner de lignes de conduite incontestables. Ces dernières définissent temporairement ce qui paraît le plus acceptable étant donné l’état présent de l’opinion publique. Le consensus durable est impossible car chacun aura ses raisons d’avoir raison contre tous les autres. Il faudrait donc prendre la question éthique autrement. L’avenir n’est pas à vivre 1000 ans, mais à savoir reconnaître et accepter quand vient l’heure de notre mort. Nous devrions avoir la lucidité de pouvoir choisir les techniques qui nous mettent en conformité avec les lois de la nature. Si nous ne le faisons pas, la pénurie énergétique nous obligera de toute façon à aller vers une « éthique » plus proche de nos aptitudes physiques directes sans passer par les structures médicales, institutionnelles ou technologiques.
Dominique Deux : Les grandes religions du Livre, issues de cultures d’éleveurs nomades, considèrent les fidèles non comme des sujets dotés d’un vrai libre arbitre, mais comme du bétail à manier comme un troupeau, qui a le devoir de procréer, de suivre le patriarche chef du troupeau, et de ne pas s’échapper, notamment par le suicide. Les gens qui valorisent la « soumission » et le « bon pasteur » ont le cerveau lavé à la naissance. Ils se sentiraient vexés d’être traités de moutons mais se voient comme des brebis…
ritalu : Quand une institution, noyée dans ses propres contradictions, défend le célibat sans chasteté, elle n’a pas à se préoccuper de la vie des autres.
Aujourd’hui l’éthique c’est du flan, ou du toc, Anders en parle très bien.
La démocratie c’est pareil. Misère misère. Sans être un cureton pur et dur, j’ose dire que l’Église reste un garde fous. Et des fous ce n’est pas ça qui manque. Bien sûr que l’Église a son mot à dire sur ce genre de sujets. Pas que l’Église bien sûr.
Bien sûr on peut toujours critiquer l’Église, d’autant plus que son histoire n’est pas des plus brillantes. Dites-moi si vous en connaissez, des histoires exemplaires. On peut aussi bouffer du curé, mais là je dis que c’est comme partout, qu’il y a de tout, des biens et des moins biens, et même des misérables. Et puis, pour reprendre une célèbre expression, il ne faut pas tuer le messager. Le mieux c’est d’écouter le message.