Avec les Restos du cœur, le projet initial de Coluche consistait à donner un coup de pouce ponctuel, pas de s’inscrire dans la durée. Mais les Restos, créés en 1985, se sont institutionnalisés jusqu’à devenir, pour 5,5 millions de Français chaque année, un mode d’alimentation. L’anthropologue Bénédicte Bonzi, autrice de « La France qui a faim », tire, dans un entretien au « Monde », une critique structurelle de notre système alimentaire pour en déduire une absence de solution réaliste.
Bénédicte Bonzi : L’explosion du nombre de bénéficiaires oblige à s’interroger sur cette aide, le projet originel de Coluche pour lutter contre la pauvreté est devenu le maillon d’une chaîne inégalitaire. La loi de modernisation agricole de 2010 a assigné à l’aide alimentaire le rôle de débouché pour l’agro-industrie. La loi contre le gaspillage alimentaire de 2016 a même fait de l’aide alimentaire la poubelle de la grande distribution, le conventionnement entre supermarchés et associations contraint ces dernières à récupérer les invendus. Cette violence se retrouve en amont du système alimentaire, dans le milieu agricole, où beaucoup ne peuvent pas vivre de leur travail. Marcel Mauss (Essai sur le don, 1925) soulignait que le don permet beaucoup de choses, mais pas la justice. En effet, le don porte en lui deux dimensions inextricables. Le lien social qu’il implique recèle une force créatrice et symbolique. Mais il comporte simultanément une domination en ce qu’il rend impossible de rendre. En cela, le don n’a rien d’un droit…
Une sécurité sociale alimentaire, reposant sur la cotisation et un conventionnement démocratique des lieux de production, permettrait d’aller vers une agriculture durable.
Lire sur Benedicte Bonzi, Aide alimentaire, aide à l’agro-industrie !!!
Le point de vue des commentateurs sur lemonde.fr
paul duvaux : Dans la galimatia des sociologues marxistes, je note l’arrivée d’un nouvea concept, celui de la violence. Le capitalisme crée de la violence sociale dont sont victimes les pauvres.
Anthemius : Que propose-t-elle pour résoudre le problème ? Que signifient « la cotisation et un conventionnement démocratique des lieux de production » ? Cela ne veut rien dire ou mériterait d’être précisé clairement
Michel SOURROUILLE : La proposition de sécurité alimentaire consiste en une cotisation (par exemple 150 € par mois et par travailleur), dans le but de garantir l’aide aux individus les plus précaires. On ajoute donc aux cotisations sociales une cotisation alimentaire. On accroît la couverture sociale des assistés, multipliant ainsi le nombre de personne qui pourront manger sans travailler. Un tel système, n’est pas durable. Rappelons que les Restos du cœur consistait à donner un coup de pouce ponctuel, pas de s’inscrire dans la durée, ce qu’indique d’ailleurs l’article lui-même. Il y a donc une contradiction inhérente à ce projet de « sécurité sociale alimentaire » qui voudrait institutionnaliser l’aide.
Raphaele B. : Avec ce raisonnement, on supprime également la Sécurité sociale, qui permet aux assistés de se soigner sans travailler ! L’alimentation saine et équilibrée est un droit pour tous, elle ne devrait pas dépendre des revenus.
Cyae : Raphaele B., si sur le fond, vous avez parfaitement raison, il est souhaitable que chaque humain sur terre se voit reconnaitre (et respecter) un droit à manger sainement et boire une eau non polluée, disposer de sa liberté de pensée et d’expression, à un toit, à l’éducation, à la sécurité (et certainement d’autres que j’omets ici). Dans la forme (et même en se contentant de restreindre le périmètre à la France), donner un droit aux plus démunis se fait le plus souvent en ponctionnant les quelques franges captives au dessus, qui voient l’écart entre ce plancher qu’on essaie de rehausser et eux même se réduire. Jusqu’à finir par se demander s’il vaut bien le coup de se fatiguer et ne pas plutôt profiter de ces droits garantis et offerts. A un moment, si le travail ne paie plus, autant rester chez soi.
Jacques : Raphaele B. vous semblez ignorer que la Sec.Soc. est financée par les travailleurs, elle a été étendue à d’autres catégories qui ne cotisent pas, mais il faudra toujours un nombre suffisant de travailleurs pour la financer. L’alimentation saine et équilibrée coute à produire, il faut donc des acheteurs (qui acceptent un prix rémunérateur) et seuls les surplus peuvent être donnés, mais il faudra toujours un nombre suffisant de cotisants pour les financer.
Le point de vue d’un écologiste démographe
Malthus en 1798 : Les lois sur les pauvres (en Angleterre) tendent manifestement à accroître la population, sans rien ajouter aux moyens de subsistance. Ainsi les lois y créent les pauvres qu’elles assistent. Secondement, la quantité d’aliments qui se consomme dans les maisons de travail (Work-houses) diminue d’autant les portions qui sans cela seraient réparties à des membres de la société plus laborieux et plus dignes de récompense. C’est une dure maxime, mais il faut que l’assistance ne soit point exempt de honte. C’est un aiguillon au travail, indispensable pour le bien général de la société. Heureusement, il y a encore chez les paysans quelque répugnance à recourir à l’assistance. C’est un sentiment que les lois sur les pauvres tendent à effacer.
Malthus contre les lois sur les pauvres
MALTHUS, aider les pauvres n’est pas aider !
Pour aller plus loin grâce à notre blog biosphere
« Assistanat », la gauche se déchire
Arrêtons l’aide alimentaire structurelle
L’aide humanitaire, facteur de surpopulation
Famine Et pauvreté au programme mondial (de l’aide alimentaire)
Entièrement d’accord avec cette introduction. Je dis souvent que Coluche doit se retourner dans sa tombe. Et que pour le coup, ces Enfoirés en sont de vrais.
Grâce à eux les Restos du coeur font désormais partie intégrante du Spectacle.
– « Tout est lié. Nous sommes tous liés. […] Tout doit être repensé, réinventé, reconstruit. » (Article de Biosphère précédent, sur le Cinéma)
Avant de reconstruire, il faut donc (Yaka) DÉconstruire. Justement ça tombe bien, vu que Biosphère est comme moi un adepte des DÉ. Déconstruire, démonter, démolir (gentiment), dépoussiérer et décoloniser, les imaginaires… afin de pouvoir réinventer, reconstruire et… REMPLACER. Ceci pour répondre, déjà et comme promis 😉 à mon cher Didier qui, hier À 19:54 sur “Ghana, le cauchemar… “ me posait une question.
( à suivre)
Panem et circenses… la Soupe Populaire, les Enfoirés, le Cinéma, le Cirque, le Spectacle, le Business, les meRdias etc. etc. tout ça c’est Le Système !
Et, en attendant… et que ça que ça nous plaise ou non… le Système est intiment lié au Capitalisme. Et pour moi la boucle est bouclée !
Pour en savoir plus, sur mon point de vue :
– “Aide alimentaire, aide à l’agro-industrie !!!” (Biosphère 8 mai 2023)
– “Dire NON au capitalisme empêche de penser écolo” (Biosphère 4 août 2018)
Le travail semble être au cœur de la réflexion de la plupart des commentateurs, qui persistent à penser (raisonner, résonner) dans le cadre du Système. Ce qui fait que pour bon nombre, l’idée de pouvoir manger (correctement, sainement) alors qu’on ne travaille pas, semble être encore dure à avaler. Dans la continuation de cette logique, les soins de santé, le logement etc. Misère misère ! Comme si c’était le Travail qui nous donnait le droit de vivre, et de faire des enfants comme le pensent certains.
( à suivre )
D’abord c’est quoi le Travail ? Combien savent que ce mot vient d’un instrument de torture (tripalium) ? Combien ont lu Le Droit à la paresse (qui n’a rien d’un hymne à la glandouille) de Paul Lafarge ? Quel type de travail veulent-ils ?
Ont-ils réellement choisi leur métier, leur travail ? Et ces gens qui bossent comme des fous (les agriculteurs par ex.) et qui ne «vivent» qu’avec les primes, des aides ou des allocs, des aumônes, sont-ils des fainéants ?
Des assistés, vraiment ? Mais encore ?
Et eux, ceux qui pensent qu’il y a trop d’assistance (Mondial Assistance, Europe Assistance, direction, freinage et suicide assistés et j’en passe), ils sont quoi finalement ? Leur est-il si facile que ça de dire NON ou MERDE au Système ?
En attendant, une chose est sûre la Décolonisation des imaginaires, ça c’est pas facile ! ( over quota )