Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a été créé en 1988 sous l’égide de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). L’idée était d’avoir une coproduction des connaissances entre la science et la politique. Le 20 mars 2023, le GIEC a publié un rapport de synthèse.
Kari De Pryck : « Le GIEC s’est imposé avec le temps comme la voix du climat. Sa légitimité s’est construite grâce à la force de ses arguments scientifiques, mais aussi grâce à sa capacité à mettre en place l’interface entre sciences et politique. il a guidé les négociations climatiques : la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques [qui organise les COP] a été établie en 1992 sur la base de ses conclusions. Il a donné de la légitimité au débat sur la sobriété en France. Longtemps accusé d’être alarmiste, le GIEC est en réalité assez conservateur : la recherche d’un consensus entre scientifiques entraîne une tendance à se mettre d’accord sur le plus petit dénominateur commun. Son influence réelle reste à nuancer.
En effet l’expertise ne peut résoudre un problème qui reste une question politique, sociale, économique et éthique des plus complexes. Les 195 Etats membres de l’OMM et du PNUE ont aussi un rôle majeur : ils déterminent le programme des groupes de travail, élisent les membres du bureau, proposent des listes d’auteurs et approuvent ligne par ligne, en collaboration avec les scientifiques, les résumés à l’intention des décideurs.Lors de l’approbation de ces résumés,, les scientifiques ont le dernier mot sur les contenus tant qu’ils ne remettent pas en question les intérêts des grandes puissances. Les passages controversés sont supprimés, ce qui arrive régulièrement. On se retrouve souvent avec des conclusions très globales, alors qu’il y a d’énormes asymétries entre pays et acteurs en termes d’impacts et de responsabilités. Le résumé peine à évoquer une sortie claire des énergies fossiles [charbon, pétrole et gaz, principales causes du réchauffement]. Il ajoute trop souvent le terme de « unabated », ce qui signifie sans dispositifs de captage ou de stockage de carbone (CCS). Cela permettrait de poursuivre l’usage des énergies fossiles avec le CCS.
Son modèle d’organisation a été reproduite pour la biodiversité – avec la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (Ipbes). »
Le point de vue des écologistes
Klaatu Vanuatu : Karl de Pryck est une politologue intervenant sur le troisième volet du rapport, celui consacré à la remédiation, qui est celui engendrant le plus de polémique. Le volet 1 du rapport qui est le constat scientifique est fondé sur les sciences dures.
Raphou En ce qui concerne le changement climatique, on ne peut pas parler de grandes puissances : il faudrait dire les grandes impuissances.
Antispécisme : Le GIEC a été la cible de groupes climatosceptiques, qui l’ont accusé d’avoir truqué des données ou fait des erreurs. Qu’on se rassure, toutes les stratégies sont permises pour ces négationnistes, idiots nombrilistes en tout genre, conditionnés par des dominants de tout poil, qui font passer leur intérêt personnel avant toute autre question. On se demande où est la place de la science avec ces animaux aussi crétins, violents et cyniques qui forment une bonne partie de l’humanité.
HadGEM3 : Même au sein du groupe I, il y a des discussions sans aucune interventions des États mais entre labos scientifiques. C’est un peu normal car il y a 34 modèles couplés d’évolution du climat et bien que tous aillent vers un réchauffement, ils ne donnent pas la même augmentation de température. Ainsi pour le scénario le plus vraisemblable SSP2-4.5, la valeur médiane des modèles est de 3°C à l’horizon 2100, le modèle le plus optimiste donne 2.1 °C et le plus pessimiste 4.2 °C. Je n’en connais qu’un dans tous les détails pour y contribuer, et il donne 3.8 °C (HadGEM3-GC31). Personnellement je pencherais vers le scénario SSP3-7.0, qui envisage des tendances de développement plus pessimistes, avec peu d’investissements dans l’éducation ou la santé, une croissance démographique rapide et des inégalités croissantes. Dans ce scénario, le modèle que je connais très bien prévoit une augmentation de température de 5.6 °C à l’horizon 2100. L’adaptation est alors impossible.
Ours : L’approche par compromis est certes louable et bien adaptée à un réchauffement de 1.5, voire 2°C. Mais désormais la trajectoire est à +3 voire +4°C avec le passage de plusieurs points de basculement et des rétroactions positives majeures. Les résultats des modèles sont alors nettement plus divergents et le plus petit dénominateur commun sous estime gravement la réalité des changements probables. Il est considérablement plus difficile de communiquer dans un tel contexte, mais il est essentiel de mettre en évidence l’ampleur du chaos à venir.… Les climato-sceptiques téléguidés par les compagnies pétrolières et leurs petits intérêts nous ont fait perdre 20 ans et nous ont condamné à ne jamais atteindre les scénarios SSP1-1.9 et SSP1-2.6 ! Donc oui, comme 8 milliards de victimes potentielles, j’ai un problème avec ces négationnistes. Les plus obtus se sont transformés en climato-réactionnaires décidés à ne rien changer, ils nous emmènent au chaos. Le scénario SSP2-4.5 a été beaucoup moins étudié que les deux précédents, les scientifiques étant convaincus que ces objectifs de réduction à 1.5 ou 2°C pourraient être atteints. Hélas, plus la situation s’écarte de la situation préindustrielle, plus les prévisions sont délicates et plus l’adaptation sera difficile !
le sceptique : L’échec du GIEC est l’énergie, cette instance n’a pas compris assez tôt que le niveau de disponibilité énergétique d’une société moderne n’est pas une donnée réellement négociable.
baobab dégingandé : « L’énergie n’est pas une donnée négociable ». Vous voulez négociez avec qui ? Avec la réalité physique ? Aujourd’hui, nous n’avons aucune solution, aucune technologie, qui nous permette de nous affranchir de cette réalité physique. Nous sommes pris en étau entre l’épuisement des ressources naturelles, le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité. Du point de vue de la physique théorique et des ressources, l’humanité peut sans problème augmenter sa consommation d’énergie. Elle ne peut pas le faire en cessant de perturber les habitats et espèces peuplant la Terre ; mais là, ce n’est plus de la physique, c’est une discussion idéologique (respecter un écosystème plutôt qu’extraire une source énergie, ou inversement = aucune « loi » scientifique dans cette alternative, juste un problème classique de choix de société.
Mon propos sur le caractère « non négociable » de l’énergie n’est pas scientifique, c’est une conjecture empirique : si vous faites une théorie sociale et économique fondée sur l’idée que l’humain va se passer d’énergie abondante après y avoir goûté, vous avez de bonnes chances de foirer grave.
Segeste : Il y a plus de 2400 centrales à charbon dans 79 pays – pour un total de près de 2100 gigawatts (GW) et ce nombre est en croissance ! On pourra toujours y brûler les milliers de pages de rapports du GIEC
pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere
Le GIEC nous recommande la décroissance
Rapport du GIEC et question démographique
Le cataclysme est pour bientôt selon le GIEC
GIEC, prévisions climatiques trop prudentes (2019)
GIEC et politique, l’incompatibilité demeure (2018)
Scandale climatique, un économiste à la tête du GIEC (2015)
La légitimité du Giec n’est pas en cause.
C’est un organisme politique créé par les politiques pour leurs servir de relais crédible alors qu’eux ont une crédibilité en perte de vitesse dans les démocraties.
La question est de savoir si le giec est crédible dans ses affirmations.
Posez-vous la question.
Le CO2 et le méthane sont-ils vraiment responsables du réchauffement de l’atmosphère?
C’est une question scientifique qui n’est pas débattue selon les règles scientifiques. C’est à dire que les scientifiques sont embrigadés dans le giec qui fait ce qu’il veut de leurs travaux.
D’un point de vue scientifique, le giec a confisqué le débat scientifique.
Le giec est donc un instrument de propagande politique.
Rapport du GIEC : une séance d’approbation ralentie par de nombreux blocages… comme d’habitude.
Les pays du Golfe, et en particulier l’Arabie saoudite, ont tenté d’affaiblir la question de la sortie des énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz). la Chine et l’Inde ont également tenté de faire disparaître du texte les chiffres précis de réductions des gaz à effet de serre. Les Etats-Unis se sont fermement opposés à la notion de responsabilité historique dans le changement climatique, dont ils sont d’ailleurs les premiers responsables.
Bien qu’on ne puisse pas vraiment en faire le reproche au GIEC l’une des conséquences de ses travaux très médiatisés est que le réchauffement climatique s’est imposé comme le principal problème écologique.
Or l’écroulement de la biodiversité est bien plus grave (il est bien plus fort et sera bien plus long à réparer). L’ultraprééminence de la question du réchauffement fait de l’ombre à cette question que nous devrions traiter en premier lieu. Ajoutons que l’argument selon lequel le réchauffement est la cause de la disparition des espèces est évidemment malhonnête, le réchauffement date de 30 ans et encore était-il infime jusqu’au début des années 2000 et reste encore très modeste, aucun grand mammifère n’est mort à cause du degré de plus, Par contre l’explosion démographique (quand même largement ignorée du GIEC même si ici ou là on peut y voir une toute petite allusion) est bien LA responsable.
Comme tout “troll“ qui se respecte, je vais m’efforcer de jouer ici le jeu des “échanges normaux“. Avec vous, mon cher Didier, j’ai envie de croire que ça reste possible.
Et ce, toujours dans le but de faire progresser cette fameuse intelligence collective si chère à ce blog.
L’écroulement de la biodiversité est bien sûr un grave problème. Les causes sont multiples, vous les connaissez comme moi. On ne peut pas sérieusement les réduire à une seule. Bien sûr, on peut toujours dire que LA Cause c’est l’Homme, on peut parler d’anthropocène etc. Seulement ça ne nous avance à rien. Si ce n’est de tomber d’accord pour dire que ce ne sont pas les bisons et les termites qui sont responsables du réchauffement (changement) climatique du fait de leurs émissions de méthane.
( à suivre )
Ceci dit ce réchauffement joue son rôle dans la chute de la biodiversité. Et la montée des océans etc. Et ça ne fait que commencer.
Parce que ce n’est pas d’un seul “petit“ degré de plus dont il est question ici, mais de 2 minimum voire 3, si ce n’est 4 ou 5 à l’horion 2100. Parce que bien sûr il y a plusieurs scénarios, seulement aucun n’indique que ça va baisser. Or 1 ou 5 ce n’est pas du tout pareil. Pour ce qui est de la démographie mondiale, c’est pareil. Aucun scénario n’indique que la Terre portera 15 ou 20, voire 50… milliards d’humains en 2050 ou 2100.
Quoi qu’il en soit, tout ça est une affaire de spécialistes. À notre petit niveau nous ne pouvons qu’essayer de faire le tri entre les vrais et les charlatans. C’est pour ça que je défendrais toujours l’esprit critique. Et combattrais tous les dogmatismes.
Bonjour Michel C,
Je précise que qu’en parlant du rôle mineur du réchauffement climatique dans la disparition des espèces, je parlais du présent et de ce qui avait eu lieu jusqu’à aujourd’hui, et là, oui, le rôle du réchauffement est absolument infime. Dans une hypothèse future à + 5 C° j’admets que ce serait autre chose.
Toutefois je fais remarquer que la Terre a déjà connu de telles températures et que la biodiversité s’en portait…. très bien.
Je ne suis pas sûr que l’inverse (5 C° de moins, ce qui nous arrivera à la prochaine période glaciaire) donnerait le même résultat.
Mais évidemment il est difficile de comparer les situations passées et présentes ou futures, puisque par le passé, la Terre n’était pas quadrillée et totalement occupée (pour sa partie habitable) par une seule espèce. Les migrations animales et végétales, ainsi que la sélection naturelle avaient toute latitude pour s’effectuer normalement et assurer l’adaptation.
– « … je fais remarquer que la Terre a déjà connu de telles températures et que la biodiversité s’en portait…. très bien.»
Certes. D’un certain point de vue on peut même dire que la biodiversité s’en sortira toujours. Et même très bien, si on veut. Qui peut dire à quoi ressembleront les gros animaux, et les petits, les plantes, les arbres etc. dans 1 ou 10 millions d’années ?
Ce qui se passe aujourd’hui avec le climat va très vite. Sur l’échelle de la vie de la Terre 100 ans ou 1 jour c’est pareil. Cette 6ème extinction massive de la biodiversité peut finalement être comparée à la précédente, il y a 66 millions d’années.
Quelles seront les conséquences de ces +2 ou +3 voire +5 degrés ? Quelle sera la résilience des écosystèmes ? etc. etc.
Les scientifiques (écologues) sont très clairs là dessus, il suffit de les écouter.
( à suivre )
Nous devons juste comprendre que nous entrons dans l’ INCONNU.
Quant à l’accepter… ça c’est autre chose. Certainement moins facile. Tout simplement parce que l’inconnu fait peur. Bien plus que l’absolu, dont il est plus facile de se moquer.
On peut déjà comprendre là les raisons qui font que les rapports du GIEC se doivent de ne pas être trop alarmistes, catastrophistes etc. Mais juste ce qu’il faut. Ne me demandez pas où est là la juste mesure, je n’en sais rien.
D’un côté nous avons la science, qui ne peut et ne doit pas affirmer ce qu’elle ignore, et qui doit donc rester très prudente… et de l’autre la politique, qui pour d’autres raisons, se doit elle aussi à la prudence. Et derrière, des milliards de pékins moyens qui n’ont plus qu’à croire ce qui les arrange.
A Michel C
Que la 6ème extinction soit comparable à là cinquième je l’ai souvent dit, comparant la surpopulation (que je considère comme sa cause) à la météorite qui raya les grands dinosaures (pas les petits certains survivants dans l’ordre des oiseaux)
Par contre pour les températures il n’y a pas besoin de remonter si loin pour trouver des températures bien plus chaudes qu’aujourd’hui, il y a trois millions d’années il faisait chaud et ça n’allait pas si mal
D’ailleurs le dinosaures ont sans doute périt par le froid et le manque de nourriture suite à l’impact et non par le chaud (sauf ceux qui était juste en dessous, mais c’est très minoritaire comme situation).