Le système technologique est formé par l’ensemble des sites d’extraction (mines, champs de monoculture), de transformation (usines) et de consommation (villes) reliés entre eux par des infrastructures de transport et de communication. Ses machines ravagent la planète, nous avons besoin d’une Résistance Anti-Technologie.
https://www.antitechresistance.org/
C’est à l’automne 2022 qu’est né le mouvement Anti-Tech Resistance. L’annonce de sa création a été faite à l’association Technologos.
Alex, porte-parole de l’organisation : « Par technologie, on entend les outils et machines qui dépendent d’une infrastructure de production industrielle. Ce qu’on critique, c’est la complexité du système L’association souhaite l’avènement d’une société sans smartphone, voiture, ordinateurs ou tout autre objet trop complexe à fabriquer. On peut prendre l’exemple d’une chaise en aluminium et plastique. Personne n’a l’ensemble des compétences pour extraire les différentes matières et fabriquer cette chaise. C’est pourtant un objet simple mais qui actuellement dépend d’une énorme machinerie sociale écocide. Une chaise, on peut très bien la faire fabriquer en bois par le menuisier du coin. Avec l’artisanat, on ne parle plus de technologie mais d’une technique partagée et de conception facile. À terme, fini donc les scanners, IRM et autres médicaments fabriqués de manière industrielle. »
Inspiré par des figures telles que Theodore Kaczynski, mathématicien, militant éco-anarchiste, et auteur de « Révolution anti-tech : Pourquoi et comment ? »
https://www.antitechresistance.org/blog/theodore-kaczynski
Voici les 12 principes fondamentaux
1. « Le système technologique est totalitaire »
La technologie ne rend pas l’humain libre. Selon ATR, « alors que dans la plupart des sociétés préindustrielles, le progrès technique était systématiquement débattu, voire soumis à des tabous ou des interdits en raison des bouleversements sociétaux qu’il engendrait, ce n’est pratiquement plus le cas aujourd’hui. » Il est frappant de constater que les possibilités de contrôle, de surveillance et de répression par l’État augmentent au fur et à mesure des progrès techniques.
2. « Notre problème n’a rien à voir avec un mauvais usage de la technologie »
En aucun cas la technologie ne peut être qualifiée de « neutre », étant fondamentalement destructrice et asservissante : « La technologie ne pousse pas dans les arbres. Qu’un régime politique soit de gauche ou de droite, il faudra toujours 3 000 tonnes de sable et de gravier pour construire un bâtiment des dimensions d’un hôpital, 30 000 tonnes pour un kilomètre d’autoroute et 12 millions de tonnes pour une centrale nucléaire. » Le développement et l’entretien des villes et des infrastructures implique d’arracher en continu des quantités phénoménales de matériaux à la croûte terrestre.
3. « Le primate humain est un animal comme un autre »
C’est notre profonde déconnexion de ce qui nous rend vivants qui nous mène à notre perte, écrasés sous le poids de la méga-machine qui dévore nos esprits autant que notre environnement naturel : « Que des millions d’humains modernes soient intimement convaincus d’être de la vermine, ce jusqu’à refuser d’enfanter, en dit plus sur leur état de santé mentale que leur consommation astronomique d’antidépresseurs. »
4. « Nous ciblons le système, pas les individus »
Tandis que le capitalisme ne cesse de propager l’idée de la responsabilisation individuelle pour faire face à la crise écologique, il est aujourd’hui clair que ce ne sont pas des actes isolés qui permettront de la résoudre. Peu importe sa place dans la hiérarchie ou son origine sociale, aucun humain ne peut survivre sans eau potable, sans nourriture, sans terre fertile, sans atmosphère et température viables – autrement dit, sans une biosphère fonctionnelle.
5. « Neutraliser l’ennemi est la priorité absolue »
Le développement des low-tech ne peut pas faire le poids face aux technologies dévastatrices employées à large échelle. Il est donc essentiel de défendre les sociétés traditionnelles existantes dans les pays du Sud afin de préserver leur précieux savoir et de repousser au maximum le moment de leur extinction. Le travail d’ATR vise à sauvegarder la diversité culturelle humaine restante, une richesse stratégique pour la survie de l’espèce.
6. « Nous voulons DÉMANTELER le système technologique, pas le réformer ni le fuir »
Le monopole du système techno-industriel sur notre planète et son développement incessant sont tels que l’on ne peut pas réellement s’en détacher et encore moins le faire évoluer. Il est impossible de fuir le système technologique en raison à la fois de sa nature totalitaire et de son expansion constante. Le système technologique colonise toutes les activités, tous les aspects de l’existence humaine. »
7. « Nous rejetons les clivages politiques conventionnels »
S’identifiant davantage à « un groupe d’autodéfense qu’à un mouvement politique », ATR rejette toute éventuelle politisation du mouvement. Mais face à une situation critique, diversifier les tactiques est essentiel. C’est pourquoi le mouvement ATR peut être complémentaire avec d’autres luttes socio-environnementales, même si celles-ci ne sont pas apolitiques.
8. « Notre seule éthique est celle de l’efficacité et du résultat »
Si l’effondrement de la civilisation industrielle apportera avec elle des changements radicaux à nos vies, il ne faudrait pas pour autant perdre de vue le fait qu’il s’agit d’une étape nécessaire pour stopper l’extermination du vivant sous toutes ses formes.
9. « Nous utilisons la technologie pour battre le système technologique »
Nous revendiquons notre liberté d’agir. De façon un peu paradoxale, la plus grande partie de l’activité de l’ATR se concentre sur des comptes Facebook et Instagram, donc sur la technologie. À cette contradiction, nous avons une réponse implacable : « Si nous étions esclaves en train de ramer sur une galère, on n’irait pas nous reprocher d’utiliser nos chaînes pour nous libérer de nos maîtres. »
10. « Notre organisation est non-violente »
Bien loin des bains de sang que l’on peut imaginer en parlant de révolution, ATR prône avant tout des tactiques non-violentes, sans pour autant rejeter les autres formes de lutte qui peuvent être complémentaires entre elles.
11. « Notre organisation est hiérarchique et anti-autoritaire »
ATR est une organisation hiérarchique. Il faut éviter que des individus malintentionnés cherchent à dévier notre organisation de son objectif prioritaire : stopper et démanteler le système technologique.
12. « Nos cadres se dévouent pleinement à la cause »
Les sociétés ne changent pas en profondeur à la suite de révoltes populaires spontanées. Nous voulons des combattants motivés. Trop souvent, les mouvements politiques sont infiltrés par des passagers clandestins, des rêveurs ou des ramollis. C’est pour éviter au maximum d’intégrer des éléments toxiques que nous procédons à une sélection rigoureuse à l’adhésion.
Le point de vue de ce blog biosphere
Notre objectif est similaire à celui de l’ATR, et nous le portons depuis 2005. Lire sur notre blog :
La technologie fait la crise, pas la solution
extraits : Notre monde ultra-technicisé, spécialisé, globalisé ne pourra pas résister à une débâcle, que celle-ci vienne de la raréfaction des ressources énergétiques et métalliques, des conséquences du changement climatique ou d’une nouvelle crise financière. Au lieu de chercher une sortie avec plus d’innovation et de hautes technologies (high tech), nous devons nous orienter selon Bihouix vers une société essentiellement basée sur des basses technologies (low tech)….
Pour sortir des pièges de la technologie
extraits : Les technologies ont envahi notre quotidien, et grignotent à grande vitesse nos modes de vie et libertés. Elles font de nous leurs complices à travers ces objets-pièges, ces objets-espions, ces objets-doudous que nous utilisons chaque jour : téléphones mobiles, ordinateurs, gadgets électroniques… Mais le climat change, les espèces disparaissent, les emplois sûrs et de longue durée sont remplacés par de petits boulots stressants et mal payés : sur Internet, dans les centres d’appel, les Uber, Deliveroo… Le piège se referme, mais nous pouvons lui échapper. Voici une dizaine d’actions légales et sans risque faciles à mettre en œuvre pour affirmer notre singularité face aux GAFA-Microsoft-BATX….
Kaczynski contre la technologie cloisonnée
extraits : L’effondrement du système technologique selon Ted Kaczynski : « Nous faisons une distinction entre deux types de technologies : la technologie cloisonnée et la technologie systémique. La première, qui se développe au niveau de petites cellules circonscrites, jouit d’une grande autonomie et ne nécessite pas d’aide extérieure. La seconde s’appuie sur une organisation sociale complexe, faite de réseaux interconnectés. Prenons l’exemple du réfrigérateur. Sans les pièces usinées, il était quasiment impossible à quelques artisans de le fabriquer. Si par miracle ils étaient parvenus à en construire un, il n’aurait servi à rien en l’absence d’une source fiable d’énergie. Il leur aurait été nécessaire de construire un barrage couplé à un générateur. Mais un générateur requiert une grande quantité de fils de cuivre….
Nos articles les plus anciens sur la question technologique
27 juin 2015, Technologos : résistons à la démesure technicienne
10 octobre 2014, Résilience, un passage nécessaire par les low tech
3 septembre 2014, Colloque TECHNOlogos, discours critique sur la technique
25 novembre 2012, Esclaves de la technique, nous glorifions notre maître
12 janvier 2011, le portable, technique douce ou dure ?
9 mars 2008, technique douces contre techniques imbéciles
8 octobre 2007, techniques douces
Lire Ted Kaczynski
L’effondrement du système technologique (2008)
Lire Jacques Ellul