Un livre, « Le pire n’est pas certain (Essai sur l’aveuglement catastrophiste) », de Catherine et Raphaël Larrère vient de sortir. Ces deux auteurs nous déçoivent. Dans Du bon usage de la nature, ils exprimaient quelques vérités : « Le traitement social du risque acquiert plus d’importance que celui-ci. L’environnement, dans une telle perspective sociocentriste, c’est nous, ce n’est pas la nature. On arbitre un conflit d’experts comme une crise politique entre factions rivales, niant qu’il puisse y avoir des repères objectifs. En fin de compte, le sociocentrisme justifie aussi bien la négligence que l’autoritarisme du vrai… Nous avons quelques raisons de penser que les écologistes ne représentent pas le véritable danger, alors que les menaces qu’ils dénoncent sont souvent réelles. »
Aujourd’hui les Larrère dénoncent l’idéologie « effondriste » des collapsologues (de l’anglais collapse, « effondrement »). Mais comment ne pas adhérer à la prophétie de malheur des collapsologues pour qui une croissance illimitée dans un monde fini est impossible puisque la crise écologique est désormais avérée ? Comment sortir du business as usual, du développement dit « durable » et de la croissance faussement « verte » ?
En faisant de trop subtiles distinctions entre deux types de catastrophisme !!! Le premier serait « ontologique », c’est-à-dire qu’il décrirait une réalité nécessaire, absolue, certaine, comme le font les collapsologues. Le second serait « méthodologique » et relèverait du « catastrophisme éclairé » défendu par le philosophe Jean-Pierre Dupuy. Selon cette dernière approche, il ne s’agit pas de proclamer quel serait le sens de l’histoire mais de définir un futur probable afin de créer les conditions pour qu’il ne survienne pas. Alors que si l’effondrement est certain, il ne vous reste qu’à vous y préparer, en l’acceptant à travers un repli survivaliste ou la création de petites communautés résilientes. L’« effondrisme » apparaît frappé d’« innocuité politique ». Les commentateurs sur lemonde.fr réagissent :
Vert de Terre : Livre consternant. Le titre du collapsologue Pablo Servigne est « Comment tout peut s’effondrer » et non pas « Comment tout va s’effondrer ». Le but de son travail est justement d’identifier, à partir d’exemples historiques, quels sont les déterminants qui font que certaines sociétés s’effondrent et pas d’autres. Les collapsologues ne sont pas du tout fatalistes bien au contraire. Le réalisme voudrait qu’ils soient résignés mais il préfèrent se battre. Dans les manifs des jeunes, les slogans sont « changer le système pas le climat », ou bien « un autre monde est possible ».
Frog : Primo, les Larrère semblent réduire les « effondristes » à des survivalistes en panique et un peu illuminés, alors qu’il y a plein de gens concrets et politiques parmi eux. Deuxio, c’est toujours facile de critiquer l’analyse pessimiste, mais on attend de voir ce que cette nouvelle analyse « soft et positive » pourrait bien nous proposer. Si c’est pour enquiller sur la croissance verte et nous rappelle gentiment de trier nos déchets, j’ai comme un doute…
Michel SOURROUILLE : y’en a marre de ces conflits d’arrière-cour entre gens qui se disent écolos mais qui écrivent contre d’autres écolos. Soyons clair, l’effondrement a déjà commencé, mais les croissancistes nous font aller dans le mur d’autant plus vite que les décroissancistes se battent entre eux. Au moins les collaposologues ont inventé un mot pour faire parler de l’effondrement des ressources, de l’effondrement de la biodiversité, de l’effondrement a la société thermo-industrielle. Ils étaient utiles ! Catherine et Raphaël Larrère feraient mieux de militer directement d’une manière ou d’une autre contre les désastres en cours plutôt que d’ajouter d’inutiles mots aux maux.
Bonjour Michel C
Non, je ne pense pas que ce soit en rapport direct avec une forme de dépression.
Bonsoir Didier Barthès. Vous ne pensez pas… et pourtant. Ce n’est pas moi qui ai découvert cette nouvelle forme de mal être, ni inventé le mot solastalgie (éco-anxiété). J’imagine que comme moi vous voyez qu’un bon nombre de gens ne vont pas bien, justement du fait de la conscience qu’ils ont de l’état de la planète, du monde, de l’avenir sombre etc. Regardez seulement cette pauvre Greta, et ce pauvre Nicolas.
Je l’ai déjà dit, comme il faut bien vivre, en attendant (et maintenant en plus avec cette idée), chacun fait ce qu’il peut comme il peut pour maintenir son équilibre (homéostasie). C’est juste une histoire de biologie, et donc à chacun sa came.
Le 14 OCT 2020 à 10:20 (“Pourra-t-on voyager après l’apocalypse ?”) je vous ai cité ce passage de Renaud Garcia dans La Décroissance :
– «Bien souvent, quand on étudie d’où vient l’engagement des gens dans les milieux de la collapsologie ou de la transition, on se rend compte qu’il s’agit de personnes déprimées. […] La question essentielle, ici, est bien celle des motifs de l’engagement écologiste.»
Remarquez qu’il dit «bien souvent». Combien exactement ? Je n’en sais rien. Pour pouvoir dire les choses comme elles sont réellement, il faudrait pouvoir s’appuyer sur une étude sérieuse et approfondie de ce monde des collapsologues, et aussi des militants engagés (dans ceci ou cela), etc. Peut-être même faudrait-il que chacun d’eux consulte un médecin ou un psy, parce qu’il ne faut pas oublier les malades ou déprimés qui s’ignorent. Bref là encore chacun peut croire ce qui l’arrange. Finalement c’est formidable. 🙂
Le journal La Décroissance de ce mois-ci titre à la une : «Collapsologie, fausse science, vraie régression.» Nous connaissons le style voire la stratégie de ce journal. D’ailleurs On aime dire qu’il tire à boulets rouges sur tout ce qui bouge. On a le droit de le penser, même de le dire, comme moi j’ai le droit de dire que On est un con.
Michel Sourrouille dit en avoir marre… «de ces conflits d’arrière-cour entre gens qui se disent écolos mais qui écrivent contre d’autres écolos». Et pourtant il semblerait que ce soit faux. Je pense qu’il croit seulement en avoir marre. Parce qu’en écrivant ça, lui non plus ne déroge pas à la règle. C’est comme pour les goûts et les couleurs, qui dit-On, on ne discute pas. Marre ou pas reconnaissons que d’une façon ou d’une autre nous ne faisons que ça, nous torpiller, nous bouffer le nez etc.
Et c’est comme ça partout, dans les partis politiques, les religions, les clubs, les familles etc. Du moment où il y a plusieurs individus, il y a des conflits, c’est vieux comme le monde. Bien sûr il y a conflit ET conflit, tant que les bourre-pifs se limitent à des mots je dirais que ce n’est pas bien grave. D’un côté nous pouvons bien sûr les déplorer, d’un autre nous pouvons aussi nous en réjouir. Parce que ces conflits montrent que nous ne sommes pas encore tous des clones, tous au garde à vous avec le petit doigt sur la couture. Je me méfie de ces groupes d’individus qui semblent tous penser exactement la même chose.
Nous l’avons dit, il existe autant d’écologi(sm)es qu’il existe d’écolos. Pourquoi la collapsologie dérogerait-elle à cette autre règle ? Il y a donc autant de collapsologues (entendu comme celui qui pense à l’effondrement) qu’il y a de cerveaux qui pensent le sujet.
Ne confondons pas l’étude, la prédiction et l’engagement
Il me semblait que le mot collaspologue faisait référence à ceux qui étudiaient la possibilité d’un effondrement et peut-être ses modalités, mais il semble qu’il y ait souvent confusion avec ceux qui souhaitent l’effondrement, on pourrait imaginer le terme de collapsophiles qui est tout à fait autre chose,
Il y aurait ainsi 2 catégories des collapsologues-collapsophiles et les collaspsologues-collapsophobes. Bien entendu on pourrait trouver dans les deux camps des gens qui, suite à leurs analyses, pensent que l’effondrement va arriver et d’autres qui pensent que non ( ça fait 4 combinaisons)
La distinction n’est pas de pur amusement, j’ai remarqué que l’on reprochait aux collapsologues de souhaiter l’effondrement ce qui est un reproche infondé pour une partie d’entre eux.
Manière de passer le temps, en attendant, nous pouvons en effet nous amuser à distinguer diverses familles de collapsologues. D’un côté ceux qui y croient, dur comme fer, d’un autre ceux qui y croient moins, d’un autre ceux qui n’y croient pas, mais qui aiment seulement se faire peur, etc. Parmi ceux qui y croient vraiment, nous distinguerons ceux qui souhaitent que l’effondrement survienne au plus vite, afin d’amortir leur bunker et profiter de son confort, ceux qui n’ont pas fini de le construire, et donc qui souhaitent qu’il n’arrive pas trop vite. etc. etc. Nous pouvons aussi les classer différemment, dans d’autres sortes de familles, disons la grande famille des déprimés. Nous distinguerons alors ceux qui le sont un peu, de ceux qui le sont beaucoup, passionnément, à la folie. Et puis ceux qui ne le sont pas du tout. 🙂