De la part d’un correspondant, François Diebolt. Il réside au Canada, mais il rencontre les mêmes problèmes qu’en France !
Au risque de passer pour un dinosaure, j’ai, jusqu’à présent, réussi à me passer de smartphone et à mener une vie quasi normale. Mais j’ai perdu mon accès en ligne à mon compte bancaire car l’application sur smartphone est incontournable. Je reçois des injonctions d’autres institutions me réclamant mon numéro de smartphone pour faire des doubles vérifications de mon identité.
Le site tictactrip_eu confirme la tendance : « Aujourd’hui, les bornes SNCF se font plus rares, les guichets SNCF ouverts également, surtout dans les villes et villages. Nous allons vers un voyage et un billet de train SNCF 100% dématérialisé… Vous pouvez profiter gratuitement du e.billet SNCF pour voyager plus simplement, en utilisant votre smartphone…
Même sur le site service-public_fr, on prépare la transition: « La carte Vitale sous forme d’application mobile se déploie progressivement sur le territoire jusqu’au 31 décembre 2025. » Je trouve ces pratiques abusives à plus d’un titre:
1) ces organismes ont pris la décision unilatérale de conditionner certaines prestations de service à la possession d’un smartphone et de son abonnement, ce qui entraîne des dépenses non négligeables ;
2) cette vérification d’identité n’est possible qu’en passant par les GAFAM, détenteurs exclusifs et monopolistiques des technologies et données nécessaires, sans qu’il soit possible de contrôler ce qu’ils font de nos données personnelles ;
3) les GAFAM eux-mêmes se sont montrés vulnérables au piratage ;
4) les cellulaires ont une obsolescence programmée de 18 mois et moins, à comparer aux autres preuves d’identité – passeports et cartes d’identité – qui ont une validité de 10 ans et sont biométriques et contrôlés par les gouvernements.
Une fois de plus, on nous impose des contraintes sous couvert de facilité, on nous pousse au consumérisme (2 milliards de téléphones dans nos poubelles chaque année), le tout au profit de la surveillance de masse.
Nous sommes complètement en accord avec le constat de François. Comme l’avait autrefois démontré Jacques Ellul, la technologie nous échappe :
« La machine a créé un milieu inhumain, concentration des grandes villes, manque d’espace, usines déshumanisées, travail des femmes, éloignement de la nature. La vie n’a plus de sens. Il est vain de déblatérer contre le capitalisme : ce n’est pas lui qui crée ce monde, c’est la machine… Lorsque la technique entre dans tous les domaines et dans l’homme lui-même qui devient pour elle un objet, la technique cesse d’être elle-même l’objet pour l’homme, elle n’est plus posée en face de l’homme, mais s’intègre en lui et progressivement l’absorbe. »
En savoir plus grâce à notre blog biosphere
Portable, suis-le le seul à ne pas en avoir ? (2018)
extraits : Le portable est un excellent objet de débat sur la limitation des besoins. En tant qu’enseignant de sciences économiques et sociales, je commençais par un sondage en classe de seconde : « Qui possède un portable… Qui en est à son premier, son second, son troisième, etc. » Tous les élèves ou presque avaient déjà leur portable. Pire, la plupart en était déjà au deuxième, troisième, quatrième modèle… Ces adolescents croient qu’il faut changer de téléphone comme on change de chemise ! Les comportements sont sous l’emprise des marchands qui formatent nos désirs. Quand je confisquais un portable en classe, l’élève venait m’implorer à la fin du cours de lui rendre immédiatement, « il en avait tellement besoin » ! L’addiction est palpable. Or le portable est un instrument très sophistiqué qui comporte des éléments naturels rares et difficiles à recycler….
Le portable comme système d’aliénation consentie (2016)
extraits : Les usages du téléphone portable peuvent être considérés comme des révélateurs de la nature de l’hyper modernité qui définit nos sociétés. Dès le premier chapitre de son livre*, Francis Jauréguiberry se livre à une identification minutieuse des usages du portable, régis par la spontanéité, l’impulsivité, le cocooning téléphonique – besoin d’être rassuré par une présence – jusqu’à la téléphonite, maladie aiguë qui caractériserait le branché consultant compulsivement son petit écran. Le désir d’ubiquité médiatique – être ici sans être là – se donne à voir dans l’« envol du branché ». Le portable favorise aussi la contagion de l’urgence, et les critères de gestion, de rationalité et d’efficacité du monde professionnel en viennent à envahir la sphère privée….
Pourquoi n’interdirait-on pas le portable à l’école ? (2015)
extraits : On a bien interdit de fumer à l’école, pourquoi n’interdirait-on pas le portable à l’école ? Ce débat se retrouve dans LE MONDE, nous avons confronté les pour et les contre pour en tirer ensuite quelques conclusions.
Contre le portable : Le maire de New York, Michael Bloomberg, a interdit en 2005 les téléphones mobiles dans les écoles publiques de New York.
Pour le portable : Le maire de New York, Bill de Blasio, a autorisé en 2015 les téléphones portables à l’école : « Nous avons actuellement une politique qui fait qu’il est impossible pour les parents de communiquer avec leurs enfants. Qui a mis ces enfants au monde ? Les parents. Qui est, en premier lieu, responsable de leur sécurité et de leur bien-être ? Les parents. »
Contre : « Et avant l’invention du portable, les parents étaient quoi ? Irresponsables ? »
Pour : « Ma fille utilise son smartphone pour télécharger des e-books, faire ses devoirs, envoyer des courriels à ses professeurs. »…..
Autonomie de la technique, obligation du téléphone portable (2014)
extraits : Il arrive un moment où l’évolution technologique devient contre-productive : pourquoi remplacer la téléphonie fixe alors que c’était devenu un service universel ? Une innovation chasse l’autre, ainsi pour la communication à distance. Les premières cabines téléphoniques apparaissent à Paris en 1881 dans l’enceinte de l’Exposition internationale d’électricité, cinq ans après l’invention du téléphone. Deux ans plus tard le premier réseau de cabines publiques est mis en service à Reims, il y en avait neuf… Atteignant le nombre de 162 000 fin 1983, le réseau des Publiphones atteint son apogée, en 1997 avec 250 000 unités. Le parc français est alors le plus dense d’Europe, avec 4 cabines pour 1000 habitants. Depuis, l’histoire du Publiphone ressemble à une lente agonie.la mode des portables rend inutile la cabine téléphonique, tout le monde balade son mobile dans la rue….
sans portable ni carte bancaire, ce sera notre avenir (2013)
extraits : Que faire ? Se passer d’ordinateur, de portable et autres gadgets électroniques. Cela semble impossible. En dix ans, le téléphone portable est passé de l’état de curiosité à celui d’outil. 80 % des Africains en possèdent un. 800 millions de personnes utilisent le GPS, disponibles depuis l’an 2000. Le SMS, âgé de dix ans seulement, est devenu le langage universel de la jeunesse. Nous n’avons ni portable, ni GPS, ni même de carte bancaire. Nous sommes pour la simplicité volontaire et la réduction de notre poids sur la planète. Notre exemplarité ne sera suivi que quand les gens y seront obligés. La raréfaction des hydrocarbures et autres ressources naturelles montreront à tous dans quelques années que nous avions raison de ressentir les limites de la planète et de l’exprimer dans notre mode de vie….
Nomophobie, la peur sans portable (2012)
extraits : Une phobie est une peur, souvent irrépressible comme l’arachnophobie, la peur des araignées. Les médias viennent de consacrer la nomophobie, non la peur des lois comme l’étymologie le laisserait supposer, mais la peur panique d’être privé de son téléphone portable : nomophobie, contraction de « no mobile phobia ». Le mot a été inventé au cours d’une étude menée en 2008 par la UK Post Office à propos des angoisses subies par les utilisateurs de téléphones mobiles. Environ 58 % d’hommes et 48 % de femmes souffrent de cette phobie en Grande-Bretagne….
le portable, technique douce ou dure ? (2011)
extraits : Les techniques que nous utilisons devraient être douces à la nature, douce aux communautés humaines. Prenons l’exemple de la communication orale. Rien de plus simple, nous pouvons échanger directement, facilement. Mais notre société a tout compliqué. Le tout petit enfant mâchouille quelque chose au moment de la poussée des dents. Alors les usines mettent sur le marché des morceaux de caoutchouc reproduisant un portable, avec touches et tout. L’intoxication commence. Puis est venue pour l’enfant l’accumulation de jouets, à Noël et autres anniversaires : une montagne de jouets nécessitant presque tous des piles électriques. Pas étonnant qu’à 7-8 ans, l’enfant réclame déjà son téléphone personnel ! Mais ce n’est plus à l’autonomie que l’enfant accède, c’est à la soumission à une société thermo-industrielle….
non aux portables (2008)
extraits : Il faut changer de portable aussi souvent que l’exigent la mode, le « progrès » et les fabricants. Plus que tous ses prédécesseurs, ce gadget pousse au mimétisme et au conformisme si chers au marchandising. Faites le test, dites à vos collègues que vous n’avez pas de portable ; la majorité s’esclaffe : « T’es contre le progrès ? Tu t’éclaires à la bougie ? » Ou s’inquiètent : « Mais comment tu fais ? » Le portable est typique du système d’innovation qui consiste à vendre les remèdes aux maux causés par les innovations précédentes. Vous ne parlez plus à vos voisins à cause de la télévision ? Téléphonez-leur ! Mais pourquoi aurions-nous besoin d’une médiation électronique pour communiquer si ce n’est pour nous adapter à un monde qui atomise chacun de nous et qui morcelle nos vies….
– « La machine a créé un milieu inhumain […] La vie n’a plus de sens. Il est vain de déblatérer contre le capitalisme : ce n’est pas lui qui crée ce monde, c’est la machine… » (Jacques Ellul)
Bien qu’Ellul soit pour moi une référence, je ne suis pas d’accord avec ce qu’il dit là au sujet du capitalisme. Le capitalisme et la machine (machinisme) sont indissociables. Si le capitalisme n’a pas inventé la machine… le capitalisme industriel s’est développé à partir de l’invention de la machine à vapeur (révolution industrielle) et de la production de masse.
La critique de la machine (ou de la Technique) ne revient pas seulement à Ellul.
N’oublions pas Illich, Charbonneau etc. et avant eux Heidegger, Günther Anders et j’en passe.
– Marx et la critique de la technique : réflexions à partir des Grundrisse et du Capital
( Maxime Ouellet – erudit.org )
– 1993 : premier smartphone.
– En 2009, selon le cabinet Gartner, ses ventes ont enregistré une hausse de 13% par rapport à 2008. En 2010, la croissance devrait se poursuivre à un rythme soutenu.
(2010, l’année smartphone : ce qui vous attend – lesnumeriques.com 07/01/2010)
– À la fin de l’année 2020, on estimait que trois personnes sur quatre possédaient un smartphone. (statista.com)
– 2023 : Le nombre de smartphones en circulation augmente plus vite que l’humanité.
( Il y a plus de smartphones que d’humains sur Terre (et c’est un problème) –
journaldugeek.com/2023/05/03)
Et après ça ON dira que s’il n’y avait pas autant d’humains… eh ben ON n’aurait pas autant de smartphones, sur Terre. Faut le faire ! Misère misère ! 🙂
– « Le smartphone nous pourrit la vie » (titre)
Et d’autres, bien plus nombreux, diront qu’il nous la facilite, nous la simplifie, nous l’embellit…
Et même qu’il nous l’enrichit. Misère misère ! Une chose est sûre, le smartphone a radicalement bouleversé nos vies. Et le monde. Et il n’y a pas que moi qui le dit !
Désormais grâce au Smartphone ON est infiniment moins con que les dinosaures. Là dessus il n’y a pas photo, ce ne sont pas les dinosaures qui auraient pu inventer l’appareil photo.
Même pas l’eau chaude, alors pensez donc le Smartphone ! Et moi je suis un dinosaure.
Et donc infiniment plus con que ce tristement célèbre ON.
Désormais grâce à cette saloperie ON est immédiatement informé de tout et n’importe quoi.
Surtout n’importe quoi. En plus ON ne s‘emmerde plus à chercher la boutique pour acheter telle ou telle merde au meilleur prix. Le dernier Smartphone par exemple. (à suivre)
(suite) Ni pour chercher le resto, la meuf ou le mec pour passer un petit moment. Un petit ou plus si affinités. Plus besoin non plus de chercher la monnaie pour payer. Encore moins de perdre du temps à gérer ses comptes. Les comptes comme tout le reste. Tout et n’importe quoi etc. Tout ce temps «gagné» sera donc con sacré à communiquer (échanger) et s‘informer encore plus, encore mieux. Et à comparer, se distraire, voire se reposer etc.
Bref à déconner toujours plus. Tout ça sur votre Smartphone, et quelle que soit l’heure du jour, de la nuit, et de l’ânée ! Où que vous soyez, vous êtes désormais con necté, localisé, surveillé, protégé, anesthésié, lobotomisé… 24H/24.
Désormais, grâce à cette merde plus aucune merde ne peux vous arriver. C’est fabuleux !
Il est même devenu impossible de s‘ennuyer. Encore moins de se perdre.
Ben non puisqu’ON est complètement perdu ! Misère misère !