Le statut de la vérité au bac philo 2024

« La science peut-elle satisfaire notre besoin de vérité ? » Le sujet de philosophie du baccalauréat général 2024 propose d’aborder la science depuis un mobile subjectif (satisfaction d’un besoin) alors même que la démarche scientifique témoigne d’un souci d’objectivité. Problème existentiel à mille lieux des préoccupations des lycéens pour qui Tik Tok tient lieu de messie.

corrigé de Didier Guilliomet (prof de φ) : « La vérité est l’accord de la pensée avec la réalité, et la science propose justement de penser la réalité quelle qu’elle soit – formelle, naturelle ou spécifiquement humaine. Les experts du GIEC [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat] peuvent éclairer les politiques et les citoyens sur le dérèglement climatique et faire reculer le climato-scepticisme. Un historien peut lutter contre toutes les formes de falsification de l’histoire (révisionnisme ou négationnisme). Mais est-ce que cela suffit ? La science ne peut satisfaire notre besoin de vérité, car ce dernier peut porter sur des objets qui ne sont pas nécessairement connaissables et qui relèvent, par exemple, de la religion ou d’aspiration personnelle. »

Le point de vue des écologistes

Michel Sourrouille : Si c’est ça qu’on enseigne aux élèves, ce fatras informe avec juste quelques noms connus pour égayer le tout, et il ne reste plus pour nos lycéens qu’à s’engager en religion car là est la vérité ultime (cachée derrière un soi-disant « besoin existentiel d’authenticité »). Didier Guilliomet a oublié que la France était un État laïque où la religion n’a pas de place dans la sphère publique (scolaire). Par contre, comme la réalité socio-économique dépasse la connaissance scientifique car constructions purement humaines, on a besoin du débat démocratique pour savoir quelles décisions prendre en situations confuses. D’accord le GIEC nous dit qu’il y a réchauffement climatique, mais que faisons-nous pour lutter contre ce phénomène que nous avons nous-même crées ? Tel est personnellement mon besoin de vérité, examiner les réponses que nous faisons au niveau… politique (au sens de savoir comment gérer notre cité, notre société). La science peut aider, mais elle ne dit pas tout !

Pommepoirescoubidou : 41% des Français lisent avec confiance leur horoscope, croyant y lire la vérité sur leur avenir…

Alno : Des vérités factuelles, scientifiquement ou rationnellement établies, peuvent être supplantées aujourd’hui par des vérités dites « alternatives » proférées sur les réseaux sociaux par des hurluberlus de tous poils : créationnistes, platistes, complotistes et j’en passe !

Athanagore Porphyrogenete : Eh oui. La science n’est pas une religion. Si Greta Thunberg continue ses études elle l’apprendra peut être un jour.

EsseG : Vous avez raison, Athanagore. Le réchauffement climatique, la disparition du vivant, la pollution de l’eau, de l’air, des sous sols, qui gagne toutes les parties de la planète sans aucune exception, sont très certainement des fake news, et ceux qui s’en inquiètent doivent être des fanatiques…

Neril : Ne pas oublier que « Savoir » à deux contraires : « Ignorer » et « Croire »…

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COP28, le moment d’une vérité édulcorée

extraits : « La COP28 sera un moment de vérité pour l’industrie pétrolière et gazière », affirme Fatih Birol, le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). En réalité, les entreprises pétrolières et gazières jouent aujourd’hui un rôle plus que marginal dans la transition énergétique. Un chiffre résume ce manque d’engagement : leurs investissements dans les énergies bas carbone ne représentent que 1 % des investissements totaux (1 800 milliards de dollars en 2023).

2022, dire la vérité scientifique aux Français

extraits : On ne sait pas si les candidats à l’élection présidentielle de 2022 auront recours à la science, mais beaucoup de thèmes de campagne s’y prêteront : la santé, l’environnement, la démographie. Les candidats auront l’opportunité d’élaborer leurs programmes sur une quantité de faits. Pr exemple un État qui tient à protéger sa population doit s’en prendre aux industries qui vivent intentionnellement ou non de la production de maladies. La chimie, les transports fossiles, l’alcool, le tabac….

Dire la vérité, c’est augmenter le prix du carburant

extraits : Conduire pollue, et cette pollution tue, et tuera pour plusieurs siècles en ce qui concerne le gaz carbonique. La levée de boucliers concernant la hausse du prix du carburant constitue un moment de vérité écologique. Le principe pollueur-payeur justifie que ces dommages soient intégrés au prix des carburants à la pompe….

Pour dire la vérité vraie, il faut avoir un cancer

extraits : Pour la question du pic pétrolier, il en en de même, ce sont des experts à la retraite qui ont dit une vérité bien occultée aujourd’hui. Des transfuges de l’industrie pétrolière ont fondé lASPO (Association pour l’étude du pic pétrolier et gazier) en 2000. En France le spécialiste de l’ASPO, Jean Laherrère, ancien ingénieur pétrolier, est né en 1931. Ce sont les Cassandre des temps modernes, ils ont dit la vérité sur la fin de leur vie, ils ne sont pas écoutés, occupés que nous sommes par les sirènes du marketing, étouffés par le lobbying des industries fossiles….

Parler d’urgence démographique, une vérité qui dérange

extraits : La démographie ne pose aucun problème pour ceux qui, enfermés dans une discipline particulière, n’ont pas de vision globale des choses. Les démographes ne raisonnent qu’en termes de transition démographique, donc tout ira mieux demain puisque la fécondité va baisser comme par miracle. Les agronomes croient que des prouesses agricoles (incertaines) vont pouvoir nourrir la population demain, même à plus de 10 milliards de personnes. Les « écologistes » institutionnels, je pense à ceux qui courent après les places grâce à un parti, ne veulent pas faire de vagues puisqu’ils désirent être élus….

8 réflexions sur “Le statut de la vérité au bac philo 2024”

  1. Esprit critique

    – Une leçon d’Albert Camus, aujourd’hui : Contre la haine, au service de la vérité
    ( Par Faris Lounis, 27 septembre 2021, tribune-diplomatique-internationale.com )

    Extraits :
    – « Camus propose aux esprits libres quatre moyens pour qu’ils puissent maintenir leur équilibre, sur une corde très raide : la lucidité, le refus, l’ironie et l’obstination. […]
    *La lucidité suppose, écrit Camus, «la résistance aux entraînements de la haine et au culte de la fatalité». La clairvoyance exclut la haine aveugle et le désespoir qui mène au pire. […]
    *Le refus : refuser la malhonnêteté et assurer l’authenticité des informations. […]
    ( à suivre )

    1. Esprit critique

      *L’ironie : Avec le refus et le rejet du faux, l’ironie permet de dire ce qui est vrai. Elle demeure une arme impérissable contre les puissants et les tyrans. […]

      *L’obstination. On peut lire dans La peste que «la bêtise insiste toujours». Oui, elle insiste, en effet. Mais je dirais de ma part que les intellectuels et les hommes libres d’esprit ont une responsabilité dans cette affaire. Ils ne doivent pas laisser la bêtise insister toute seule. Avec leur intelligence, leur savoir et leur liberté d’esprit, ils doivent eux aussi «insister», contre l’insistance de la bêtise, avec leur intelligence, leur raison. […]

      Quatre règles pour préserver la liberté jusqu’au fond des ombres de la servitude. […]
      La tâche de l’homme indépendant est de réveiller, de former les cœurs et les esprits. »

  2. major Daubuisson

    J’ ai trouve un thème pour les prochains Bac
    le gaucho de base naît-il acéphale (privé de cerveau) ou la société l’ a t’il rendu ainsi ?
    Pensez-vous qu’ un test de gauchisme potentiel avant naissance puisse – être développé ?

  3. Misère misère !

    Eh ben… il est beau le statut de la vérité au BAC des fachos.

  4. Esprit critique

    – « L’idée que nous pourrions n’être pas faits pour connaître est une idéologie moderne, plutôt désespérante ; ce n’est pas une évidence philosophique. »
    ( Sommes-nous faits pour connaître ? Roger Pouivet – books.openedition.org )

    – « N’existe-t-il pas dans l’esprit humain un élan pour en savoir toujours davantage, même quand la science lui ordonne d’en rester aux strictes limites de la connaissance sans les outrepasser ? » ( Frédéric Manzini – philomag.com )

    Et c’est bien ça la question. Même si à son époque les connaissances (la Science) étaient très loin de ce qu’elles sont aujourd’hui, pour Aristote c’était entendu, évident :
    – « Tous les êtres humains désirent naturellement savoir ».
    TOUS donc ! Les lions, les baleines, les arbres… il ne le dit pas.
    Bref, une loi de la nature donc. Un postulat. ( à suivre )

    1. Esprit critique

      Oui mais… aujourd’hui, en 2024, que nous dit la Science sur ce point ?
      – Quel besoin avons-nous de chercher la vérité ? (sujet BAC 2006)
      Que savons-nous de l’esprit humain ? A t-ON par exemple découvert une certaine zone du cerveau… voire le gène…de cet élan du savoir, toujours plus ?
      Notre «spécialiste» en génétique biosphérique assoiffé de savoir et de réponses pourrait-il répondre à ces questions ? Ou n’importe quel autre sachant ou «sachant» peu importe. Parce que moi, voyez-vous, je veux savoir !
      J’ai besoin, j’ai une envie folle… de savoir !
      De bien rigoler et en même temps. C’est grave Docteur ?

  5. J’imagine les correcteurs de ces je ne sais combien de copies rendues par nos jeunes philosophes en herbe… Combien ont-ils de temps pour juger et finalement mettre une note, avant de passer au suivant ? J’ai horreur du travail à la chaîne. Corriger un devoir de philo ce n’est pas comme corriger un devoir de maths. Pour ça un robot (à la con) fait très bien l’affaire.
    – Baccalauréat 2024 : l’insaisissable « vérité des notes » (La Croix 18/06/2024)

    A priori… la copie du professeur Didier Guilliomet ne me semble pas si mauvaise que ça.
    Comme celle de Frédéric Manzini (philomag.com).
    Pourquoi ? Parce qu’elles me semblent correspondre à ce que Moi j’en attends. Pour ne pas dire à ce que Moi je pense. À juste raison ou pas, pour le moment peu importe… elles satisfont donc un de mes BESOINS. Lequel ? Celui de croire (penser) que j’ai raison, et que je détiens la vérité.
    ( à suivre )

    1. (suite) Mon «besoin de vérité», mon amour de Vérité…
      Et ce n’est qu’avec ça que je leur mets une bonne note. Aux suivants, hi-han !
      Tout ça pour dire que sur ce genre de sujet nos jugements sont purement subjectifs.
      Je vous laisse imaginer l’objectivité, l’impartialité, d’un juge technophilo-scientiste.
      Ou technophobo-déiste, scientophile-athée… peu importe.

      Mais finalement, que devons-nous attendre de nos jeunes philosophes en herbe ?
      Pour ne pas dire nos jeunes (éco)citoyens. Pour moi… d’abord qu’ils aient bien compris le sens de la question. Aussi bien que les principales notions mobilisées par le sujet.
      Notamment ici science, vérité, religion, et besoin. Qu’ils sachent faire la différence entre besoin, désir, voire soif… de vérité. Entre croire et savoir, etc. etc. etc.
      Bref, qu’ils soient capables de penser (réfléchir, juger) correctement, logiquement.
      Pour ne pas dire intelligemment.

      Aux suivants !

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