La ministre de l’écologie Nathalie Kosciusko-Morizet a fait le pari de traiter l’urgence écolo à l’intérieur de l’UMP. Mais elle aurait pu aussi bien militer chez les Verts ou au Parti socialiste. Son arrière-grand-père, sénateur-maire SFIO de Boulogne-Billancourt, avait été, en 1932, l’auteur de la loi Morizet, la première loi écologique D’ailleurs le contenu de son livre (Tu viens ?) n’est pas partisan. Mais comme NKM est ministre de droite, elle défend son parti-pris dans LE MONDE* : « Je ne crois pas aux partis spécialisés… Le PS ne fait pas son travail sur l’écologie et sous-traite le problème… » Cécile Duflot, la secrétaire nationale d’EELV, défend son domaine trans-partis : « L’écologie, ce n’est pas une question de parti spécialisé, mais de projet politique d’ensemble. Cela a autant d’importance que la vision libérale ou la vision socio-démocrate… Ce ne sont pas ceux qui sont devenus des alibis à l’intérieur même de leur propre parti qui font progresser l’écologie… NKM est confrontée à un président qui dit que l’écologie, ça commence à bien faire… »
Il est vrai que l’histoire plaide en faveur de la droite. C’est bien la droite qui a créé en 1971 le premier ministère de l’environnement, qui a constitutionnalisé une Charte de l’environnement, qui a organisé le « Grenelle de l’environnement » en 2007. Par contre, aucun fait marquant en matière écologique ne découle des années de pouvoir de Mitterrand. Sur la période Jospin de 1997-2002, seul reste l’arrêt du surgénérateur de Creys-Malville. De source sûre, on peut même dire que la commission nationale environnement du PS est toujours restée une coquille vide, que le pôle écologique du PS n’a jamais eu la moindre influence interne et que François Hollande raisonne comme avant René Dumont (1974). Dans son livre, NKM était cinglante : « Il m’a semblé que le levier du mouvement était à droite, quand la gauche française me paraissait vouée à la répétition vaine de principes dont elle faisait, au mieux, une sorte de vêtement de l’inertie. L’invocation permanente de la justice sociale, du partage, tout cela n’habillait plus rien. »
Il est donc vrai que le PS a besoin actuellement d’un aiguillon extérieur : c’est EELV. Mais que ce soit clair, l’écologie politique porte un projet global qui « intègre la vie sur une planète aux ressources limitées » (Cécile Duflot*). Ce projet n’est porté ni par la droite, ni par la gauche. Comme l’exprimait le Manifeste pour une société écologique lors de la création d’EELV le 13 novembre 2010 :
« L’écologie politique n’a pas vocation à devenir la branche supplémentaire d’un arbre déjà constitué, aussi vénérable fut-il, elle est à elle seule cet arbre, autonome, alternatif, un arbre qui entend faire forêt. La société écologique pose les fondements d’une organisation économique et sociale d’un autre type : à la démesure, les écologistes opposent la conscience des limites et la modération ; aux mécanismes marchands, à la course au profit et aux gaspillages, une régulation fondée sur la durabilité des écosystèmes et les besoins sociaux ; à la pulsion dominatrice sur la nature, la sanctuarisation du vivant et des équilibres naturels garantissant la diversité biologique ; au dogme de la croissance infinie, la décroissance des excès ; à la gloutonnerie en énergie et matières premières, la réparation, le recyclage, la réutilisation ; à la gabegie productiviste et avare en emplois, la reconversion et la relocalisation industrielle et agricole ; au libre échange planétaire, la proximité et les circuits courts ; au talon de fer de la concurrence, le commerce équitable et la mutualisation ; à la fuite en avant technologique et nucléaire, la sobriété énergétique, les énergies renouvelables et des solutions maîtrisables et décentralisées ; aux dérives de l’endettement aveugle, la prudence du recours au crédit ; au règne de l’argent et de l’accumulation, la redistribution et le partage ; à la standardisation, la diversité ; à la concurrence, la coopération ; à la compétitivité, l’accomplissement personnel… »
* LE MONDE du 16 novembre 2011 : Ecologie, deux stratégies pour la transition politique