les conflits d’intérêts sont aussi dans notre assiette

Nous faisons une synthèse d’un article de Stéphane Foucart* qui mérite l’attention :

– Corporate Europe Observatory (CEO) met en évidence l’ampleur des liens d’intérêts noués entre les experts de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et le monde industriel : près de 59% des membres des groupes de travail de l’EFSA sont en situation de conflit d’intérêts.

– Pour l’EFSA, « la participation à des recherches financées par l’industrie ne constitue pas nécessairement un conflit d’intérêts, pour autant que les recherches en question ne concernent pas directement le sujet examiné par le groupe scientifique ou le groupe de travail ». En d’autres termes, être financé par une entreprise n’exclut pas de participer à l’expertise d’un produit commercialisé par l’entreprise en question.

– Le CEO note que les règles fixées par l’agence ne sont pas respectées. En particulier, les conditions d’indépendance requises pour qu’un expert puisse obtenir la présidence ou la vice-présidence d’un groupe scientifique.

– A l’EFSA, on rappelle que les expertises rendues par l’agence sont le fruit de délibérations collectives, « avec chaque expert ayant une voix équivalente », « aucun d’eux ne pouvant influencer la décision du groupe ».

– Le CEO : « L’influence de l’industrie tend à s’exercer à travers des processus structurels de long terme consistant à construire des relations au sein même de la communauté scientifique, et d’y promouvoir une culture, des dynamiques collectives, l’acceptation de paradigmes, etc. »

– L’EFSA répond que les scientifiques sans liens avec l’industrie sont de plus en plus rares.

– Le CEO constate que l’expert indépendant n’est pas rémunéré pour son travail d’expertise.

Cette analyse de Stéphane Foucart mériterait d’être lue et diffusée par chacun d’entre nous. Et les parlementaires européens devraient se saisir du problème. Malheureusement les internautes préfèrent s’intéresser au portable (espionné) d’Angela Merkel… plutôt qu’à l’innocuité de leur alimentation. Et les politiques regardent ailleurs… les messages sur leur portable.

* LE MONDE du 24 octobre 2013, Sécurité alimentaire européenne : 59 % des experts en conflit d’intérêts

5 réflexions sur “les conflits d’intérêts sont aussi dans notre assiette”

  1. « D’un côté la recherche fondamentale, de l’autre la recherche appliquée ou techno-science ».
    Cette difference n’existe que dans votre imagination, et est basee sur votre incomprehension de ce qu’est la science.

    1. Réponse de Stéphane Foucart à Coq au vin
      « La traque des conflits d’intérêt est un instrument que les scientifiques utilisent de plus en plus pour apprécier le travail de leurs pairs. Il n’y a pas disqualification a priori. Il s’agit de comprendre et d’expliquer, a posteriori, des divergences de résultats ou de jugements. Comprendre et expliquer : n’est-ce pas la raison d’être de la science ? »
      (Chronique Planète, LE MONDE du 27-28 octobre 2013)

  2. Resumons:
    1) En ce qui concerne le climat: les scientifiques, gens aussi vertueux et honnetes qu’il est humainement possible, ont raison. Les specialistes en particulier savent de quoi ils parlent, et ceux qui ne sont pas specialistes (qu’ils soient d’autres scientifiques ou du grand public) n’ont pas a avoir d’avis, et il ne faut pas leur parler.
    2) En ce qui concerne tout le reste: les scientifiques, gens aussi faibles et influencables qu’il est humainement possible, ont tort. Les specialistes en particulier sont manipules sciemment ou non par des interets commerciaux. Il est indispensable que des autres scientifiques, mais surtout le grand public qui n’y connait rien et qui donc est plus honnete (en en particulier Mr Foucart – ce hero du peuple) les denoncent et ne les ecoutent pas.

  3. Resumons:
    1) En ce qui concerne le climat: les scientifiques, gens aussi vertueux et honnetes qu’il est humainement possible, ont raison. Les specialistes en particulier savent de quoi ils parlent, et ceux qui ne sont pas specialistes (qu’ils soient d’autres scientifiques ou du grand public) n’ont pas a avoir d’avis, et il ne faut pas leur parler.
    2) En ce qui concerne tout le reste: les scientifiques, gens aussi faibles et influencables qu’il est humainement possible, ont tort. Les specialistes en particulier sont manipules sciemment ou non par des interets commerciaux. Il est indispensable que des autres scientifiques, mais surtout le grand public qui n’y connait rien et qui donc est plus honnete (en en particulier Mr Foucart – ce hero du peuple) les denoncent et ne les ecoutent pas.

    1. Coq, vous avez fort bien résumé la situation, le statut des scientifiques devient incertain.
      Pour simplifier, on peut cependant distinguer deux types de scientifiques. Ceux qui recherchent sans avoir de lien avec les puissances commerciales (votre premier exemple avec les climatologues). Ceux qui sont liés à l’industrie par des liens plus ou moins occultes. D’un côté la recherche fondamentale, de l’autre la recherche appliquée ou techno-science. La situation est d’autant plus complexe qu’on peut passer assez facilement d’un statut à un autre statut. L’argent mène le monde…

Les commentaires sont fermés.