Libre d’accoucher comme on veut, où on veut ?

Le décès d’une femme de 37 ans qui avait décidé d’accoucher à son domicile, sous la supervision d’une sage-femme, a amené une large frange de gynécologues obstétriciens à rappeler leurs fortes réserves, voire leur franche opposition, à cette pratique.

Mattea Battaglia : Un millier de naissances seraient des accouchements à domicile, sur plus de 700 000 recensées chaque année.« La dangerosité potentielle de l’accouchement à domicile doit être dénoncée, insiste Bertrand de Rochambeau, à la tête du Syndicat national des gynécologues-obstétriciens de France, et il en est de même de tout ce qui peut favoriser ce choix, et de tout ce qui galvaude les risques encourus. » Hémorragie, embolie amniotique, césarienne en urgence : dans ces situations, « chaque minute compte », ont coutume de dire les soignants, qui insistent sur les « garanties » apportées par les ressources d’un hôpital.

Du côté des sages-femmes, le principe de l’accouchement à domicile ne suscite pas la même opposition : « La demande existe, des patientes la font valoir… L’accouchement à domicile n’est pas interdit par la loi. » Il existe aussi l’« accouchement non assisté », un « ANA », selon l’acronyme en vigueur, inspiré du « freebirth » des Anglo-Saxons.

Quelques commentaires sur lemonde.fr

Pro-choice : Le rapport de l’Enquête nationale sur les morts maternelles faisait état de 262 décès maternels sur la période 2013-2015, soit 1 décès tous les 4 jours en France d’une cause liée à la grossesse, à l’accouchement ou à leurs suites. Non seulement la statistique est ancienne, les chiffres faibles et les causes de décès multiples, y compris hors accouchement. Peu importe, la question essentielle est celle du consentement, le mot à la mode. Le principe de libre choix individuel implique que c’est à la femme enceinte de privilégier l’accouchement non assisté ou bien plus ou moins médicalisé. Le débat devrait s’arrêter là, sans intervention des professionnels de l’accouchement payant ! Il est utile de rappeler qu’en Hollande (plus haut niveau de vie de l’Europe), l’accouchement à domicile est normal, avec le même taux d’incident, et concerne une femme sur 6.

Mètre des phynances : La mortalité obstétricale est de l’ordre d’un décès pour 10000 naissances en ce qui concerne les mères, plus importante pour les nouveau-nés, mais je n’ai pas le chiffe exact .

M.d Allemagne : Mon corps, mon choix. Oui, j’ai le droit de choisir mon accouchement. Personnellement je suis heureuse de ne pas avoir dû accoucher en France, allongée sur le dos, les pieds dans les étriers. Seuls les hommes ont décidé que c’était la bonne façon de faire. Pas une femme au monde n’accouche ainsi quand elle a le choix. Donc oui, mon droit, mon corps.

Carlinette : La naissance, processus a priori physiologique mais confié aux spécialistes pratiquant dans des centres de plus en plus éloignés des domiciles des futures mères à la campagne… Le mérite de la discussion est de permettre qu’on se pose quelques bonnes questions de nouveau. À l’accouchement à domicile, on oppose la « sécurité » hospitalière. Mais l’hôpital de campagne n’est plus assez sûr non plus, d’après nos grands spécialistes. Donc bientôt accoucher relèvera des hôpitaux universitaires… Limoges, Toulouse ou Clermont-Ferrand !!

dominique5: la mortalité en couches a été l’angoisse des femmes jusque dans les années 1950, et explique pourquoi la (peut-être excessive ) médicalisation a été vécue comme un soulagement fondamental : la mort en couches était en effet la cause principale de mortalité féminine pendant des millénaires.

Sodade : Entre-temps, des millions de femmes à travers le monde accouchent en toute insécurité chez elles, ne pouvant que rêver de l’assistance que ces femmes françaises refusent.

Paul Very : Bref, un problème de riches !

Alimonosou : Autrefois on naissait à la maison et on mourait dans son lit. « Maintenant ça n’est plus ça, ça change, ça change.… »

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Accouchement à domicile, un interdit ? (novembre 2020)

extraits : Il n’est pas recommandé de donner la vie de manière naturelle, sans péridurale ni ocytocine, cette hormone de synthèse qu’on injecte pour accélérer et renforcer les contractions. Les femmes sont minoritaires à aller à rebours des accouchements médicalisés, entre 1 000 et 3 000 actes par an pour 800 000 naissances annuelles en France. L’accouchement accompagné à domicile (AAD) ne s’est jamais vraiment remis de l’avènement de l’hôpital public, dans les années 1950 et 1960…

Violences obstétricales, médicalisation de l’accouchement (septembre 2017)

extraits : L’absence d’explications et de recueil du consentement des patientes, par exemple pour l’utilisation des forceps ou la pratique d’une épisiotomie sont mis en cause, car ils rendent ces gestes incompréhensibles. Il y a encore en France 30 % d’épisiotomies (44 % pour le premier enfant, 14 % ensuite). La péridurale et la position allongée sont devenues routinières. Quasiment toujours médicalisé, l’accouchement est aujourd’hui standardisé. Pendant sa grossesse, la future mère peut être suivie par une demi-douzaine de personnes différentes. « On a l’impression de n’être plus qu’un utérus », résume Magali…

L’accouchement à domicile, c’est un choix de l’écologie (novembre 2013)

extraits : LE MONDE se refuse à toute propagande en faveur de l’accouchement à domicile. Car entre lemonde.fr* et la parution papier**, il a entre autres sucré cette phrase de Carole Rossow, jeune accouchée « maison » : « C’est cet accompagnement (par une sage-femme) que je recherchais, accoucher chez soi, dans l’intimité et la douceur, et non à être accouchée dans un protocole strict, avec un rythme d’usine et par des gens inconnus. » Il a sucré aussi le fait des manifestations en faveur de l’accouchement à domicile. Il ne reste que des considérations bassement financières : attestation d’assurance pour l’intervenant(e) de 19 000 à 25 000 euros par an, l’équivalent du revenu total moyen d’une sage-femme, pour un acte facturé moins de 314 euros…

accouchement, désert médical ou société surmédicalisée ? (octobre 2012)

extraits : « Mort sur l’autoroute A20 d’un nouveau-né dont la mère n’avait pu accéder à une maternité. » Diantre ! beaucoup de bruit pour pas grand chose. Personnellement ma mère m’a mise au jour à domicile, comme cela se faisait autrefois. Jamais nous n’aurions à l’époque pris une autoroute, elles n’existaient pas. Le président François Hollande s’exclame : « Aucun Français ne doit se trouver à plus de 30 minutes de soins d’urgence ». Mais presque toutes les femmes enceintes se trouvent à moins de cinq minutes d’un lit, d’eau chaude et de soins attentionnés si notre société était plus solidaire et les citoyens mieux formés à l’art de l’accouchement… Aux Pays-Bas, l’accouchement à domicile est courant. Rappelons que l’acte de donner la vie n’est pas une maladie…

6 réflexions sur “Libre d’accoucher comme on veut, où on veut ?”

  1. On voit avec ce sujet la propension des médecins à vouloir régenter de façon autoritaire la santé des individus au nom de la santé publique , sujet politique.
    Et L’ordre des médecins a montré récemment l’étendu de son pouvoir de nuisance sur la liberté individuelle.
    Pour les accouchements, ce n’est pas un acte médical. C’est un processus physiologique normal qui se passe très bien dans l’immense majorité. Un sage-femme à domicile peut parfaitement aider à un accouchement normal.
    L’exemple de la Hollande le montre.
    Une femme enceinte est suivie par un obstétricien(ne) avec plusieurs bilans biologiques et examens, échographies.
    C’est donc la responsabilité du médecin de décider si L’accouchement doit être médicalisé. Ce qui devrait concerner un nombre limité de femme. Et là c’est utile.
    Bien sûr le gain va vers une médicalisation dans des hôpitaux privés.
    D’où l’empressement des médecins à coopter cette activité. CQFD

    1. Que les obstétriciens voient ça d’un mauvais œil, c’est de bonne guerre (Business as usual).
      La grossesse n’est pas une maladie, l’accouchement reste quelque chose de naturel, OK . Seulement il y a des risques. Accoucher à la maison c’est bien (mourir aussi).
      Mais à choisir autant être bien assisté (AAD). Sinon pour moi c’est comme rouler sans assurance. (ANA = 0,1 % des naissances en France)
      De toute façon il reste le problème des moyens.
      – « Si vous ne vous sentez pas à l’aise avec la médicalisation de l’accouchement, il existe des alternatives à l’ANA […] des salles dites “nature” […] où vous pourrez accoucher dans la position souhaitée, dans un climat plus intime, parfois même une baignoire vous est proposée [etc. etc.]» (Quand certaines femmes accouchent seules- doctissimo.fr )
      C’est bien joli tout ça. Et en même temps ON ferme des maternités, on manque de sages-femmes etc. etc. Cherchez la logique !

  2. – Accouchement, désert médical ou société surmédicalisée ? (octobre 2012)

    Là encore ON partait d’un fait divers. Seulement le débat (« débat »), du moins au niveau national, portait cette fois sur le problème des déserts médicaux. Autrement dit sur le manque de moyens, que j’ai abordé à la fin À 10:30.
    Premiers mots de Biosphère : « Diantre ! beaucoup de bruit pour pas grand chose. »
    Diantre ! Le manque de moyen c’est pas grand chose ! C’est bien le cas de le dire.
    Mieux vaut en rire, certes… mais quand même !
    Que l’Etat (le corps médical) ait pris le pouvoir pour régenter notre vie de la naissance à la mort (sic) c’est un fait. Là encore Business as usual. ( à suivre )

    1. Pour autant, peut-ON sérieusement dire que notre société est surmédicalisée ?
      C’est quoi alors la juste mesure ? Serait-ce juste quelques maternités dans les hôpitaux universitaires, Limoges, Toulouse ou Clermont-Ferrand… comme le prévoit ici Carlinette ?
      Pareil pour les dentistes, les urgences etc. ? Hollande déconnait-il quand il s’exclamait : «Aucun Français ne doit se trouver à plus de 30 minutes de soins d’urgence» ? Est-il normal, en 2023, d’avoir du mal à avoir un RDV avec un généraliste ? De manquer de sages-femmes, etc. etc. ?

      Oui je sais, ça en fait des questions.
      Sans compter celles de A (le commentateur des 22-23-25 et 26 OCT 2012)

  3. Selon votre goût pour l’Assistance… un peu, beaucoup, passionnément, etc. vous avez le choix entre l’ «accouchement assisté à domicile» (AAD) et … l’ «accouchement non assisté» (ANA). Celles qui n’ont pas besoin qu’ON leur tienne la main, comme la mienne, devraient donc préférer l’ANA. Et les assistées l’AAD. Si vous êtes indécise ce n’est pas bien grave, sachez que les deux, qui n’en font qu’un, accouchement, se déroulent au domicile. Généralement en présence d’un(e) assist… euh pardon sage-femme.
    Vu que vous êtes libre d’accoucher comme on veut, où on veut… parce que vous le valez bien, le problème c’est surtout le choix de la position. La classique, couchée sur le dos, jambes en l’air, pas très appétissante, à quatre pattes, pas mal, à genoux, sur une chaise et j’en passe les experts disent qu’il y en aurait vingt, positions. La mode est aussi à faire ça dans l’eau.
    Encore faut-il avoir une piscine, à domicile.

    1. Non mais sans déconner… les meRdias n’ont-ils rien trouvé d’autre pour nous amuser ? Prendre un fait divers comme celui-ci pour relancer un « débat » comme celui-là !
      Sans parler des accouchements dans les ambulances, les taxis etc. «Un millier de naissances seraient des accouchements à domicile, sur plus de 700 000 recensées chaque année.» (Le MONDE) «Les décès maternels en AAD restent rares : un seul était signalé dans le rapport de l’Apaad 2021 sur des données de 2020.» (Le Figaro 21/11/2023)
      Alors certes il y a la Demande : «36% des femmes âgées de 18 à 45 ans, souhaiteraient accoucher à domicile.» (Ifop janvier 2021)
      Et d’autre part il y a l’Offre (l’Offre et la Demande => la Poule et l’Œuf) :
      – « Aujourd’hui, nous en sommes rendus à ne plus avoir assez de sages-femmes pour faire les accouchements » (Le MONDE 27 juillet 2022)

      Mais nom de dieu qu’ON y mette alors les moyens !
      Comme pour les soins palliatifs, à domicile.

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