De plus en plus de personnes commencent à ressentir la « honte de voler » en avion, flygskam en suédois, flight shame en anglais. Ce sentiment de culpabilité nous semble tout à fait normal rationnel, moralement nécessaire, et même inéluctable à l’heure de la fin du kérosène et du réchauffement climatique. On obtiendra même peut-être un jour le comportement idéal : « J’ai honte de voyager en avion, j’ai honte de manger de la viande, j’ai honte de lire « Le Monde » numérique, j’ai honte de rester plus de deux minutes sous la douche, j’ai honte de faire du tourisme au long cours, j’ai honte de ne pas avoir de toilettes sèches, j’ai honte de posséder encore une voiture thermique (vade retro Satanas !)… » On installera des confessionnaux où chacun pourra regretter ses péchés et la planète sera (peut-être) sauvée.
Pour l’instant le refus de prendre l’avion ne concerne que quelques personne à l’avant-garde. Les objecteurs de conscience sont toujours minoritaires. D’autant plus que le changement de mode de vie et de production ne peut se faire en un jour dans un système actuel d’organisation très très complexe où tout peut être sujet à discussion.
Audrey Garric : Gianluca Grimalda est connu comme le premier employé licencié pour avoir boycotté l’avion. Il avait refusé de prendre un vol pour rentrer d’une mission scientifique en Papouasie-Nouvelle-Guinée, afin de réduire ses émissions de gaz à effet de serre. A la place, il avait parcouru 28 000 kilomètres en train, cargo, ferry et voiture, un périple de soixante-douze jours à travers 16 pays pour rejoindre la ville allemande où il travaillait. Cette décision lui a coûté son poste à l’Institut pour l’économie mondiale (IfW). Gianluca Grimalda et son ancien employeur ont accepté l’accord proposé par le tribunal du travail de Kiel : l’institut dédommagera le chercheur, mais sans le réembaucher, en raison d’une « incompatibilité des convictions idéologiques des parties ».
C’est déjà un premier pas dans la reconnaissance légale d’une objection de conscience pour des raisons climatiques. Son cas permet d’ouvrir une discussion sur l’usage de l’avion et sur l’articulation entre contraintes professionnelles et réduction de l’empreinte carbone. A ceux qui jugent sa décision insensée, Gianluca Grimalda rétorque que « la folie réside dans la poursuite du “business as usual” », qui mène à des points de bascule climatique. Notons que l’IfW a clairement exercé des représailles contre l’engagement d’un scientifique engagé dans la désobéissance civile au sein du collectif Scientist Rebellion (Scientifiques en rébellion pour la branche française).
Le point de vue des écologistes perplexes
Le chercheur s’était rendu sur l’île de Bougainville, dans l’archipel des Salomon, en Océanie, pour étudier les impacts sociaux sur les populations relocalisées en raison de la montée des océans. Son boulot est-il vraiment utile ? On aurait sans doute pu confier sa mission à un journaliste local. Pourquoi ne pas prendre un avion qui n’est pas complet, prendre une place n’ajoute aucun CO2 ? Les alternatives à l’avion fonctionnent-il sans électricité issue de centrales à charbon ou de pétrole pour les bateaux ?
Dans un monde en pleine phase de catastrophe écologique et avec des ressources qui s’épuisent, il est urgent de remettre en cause la mobilité généralisée. On commence à entrer dans un monde dans lequel on voyagera beaucoup moins, de gré ou de force. Jadis on allait en Papouasie en voilier. Lesquels faisaient le tour du monde en un ou deux ans. L’avenir des chercheurs est à chercher dans le passé. Regardez Darwin ! Son voyage à bord du Beagle a duré cinq ans. Ce qui est absurde c’est de faire comme si on pouvait continuer à faire usage de l’avion comme auparavant.
Il faut arrêter le golf aux Seychelles, la semaine all inclusive en République dominicaine, le bonga-bonga en Thaïlande.… tout çà pour des selfies à facebooker….le vide existentiel !!! Même Bernard Arnault commence à voir honte : il a vendu son jet privé, il loue désormais des avions privés …
En savoir plus grâce à notre blog biosphere
Décroissance par suppression des vols en avion
extraits : Le Flyer des frères Wright est le premier avion ayant effectué un vol motorisé validé historiquement en 1903 ; il vole sur 284 mètres pendant 59 secondes. En 1914, un entrepreneur américain ouvre la première ligne aérienne régulière en Floride, la compagnie survivra pendant quatre mois. En 1919, Lucien Bossoutrot réalise le premier vol commercial entre Paris et Londres… Autant dire que la consommation de masse du plus lourd que l’air a moins de 100 ans. Il est donc possible en moins de 100 ans à revenir à des transports qui n’utilisent jamais l’avion, même si à l’heure actuelle de l’aliénation consumériste de la classe globale (tous ceux qui ont une voiture personnelle), cela nous parait impossible.
Notre plus ancien article sur la question
28.09.2005 Limiter le trafic aérien
Si les émissions totales de gaz à effet de serre ont diminué en Europe de 3 % entre 1990 et 2002, celles générées par le trafic aérien ont augmenté de près de 70 %. Au niveau international, le trafic aérien a engendré en 2002 des émission qui représentent 12 % du total des émissions produites par les transports. Mais l’impact est nettement plus grand si tous les facteurs sont pris en considération. Les oxydes d’azote qui sont rejetées par les avions à leur attitude de croisière forment de l’ozone. Ils engendrent la formation de traînées de condensation qui contribuent également au réchauffement climatique. Pour donner une idée de l’ampleur du problème, sachez que chaque vol aller-retour entre Londres et New York produit, pour deux passagers, presque autant de CO2 qu’une voiture particulière européenne moyenne en un an. La commission européenne pense que si les prix reflètent ces coûts externes, les consommateurs seront plus conscients du coût global de leur vol et les compagnies seront plus enclines à investir dans des technologies respectueuses de l’environnement.
La Biosphère pense que les riches n’ont pas à monopoliser les voyages en avion ; de plus faire confiance au progrès technique est une illusion car rien ne peut faire voler des plus lourds que l’air sans conséquences sur l’entropie. A chacun d’en tirer les conclusions !
Notre blog biosphere, contre l’avion depuis longtemps
Le monde d’après Covid, avec ou sans avions ? (2021)
Des avions qui volent au colza, foutaises (2021)
Léonore Moncond’huy, seule contre les avions (2021)
Pour l’avion tous bords politiques confondus (2019)
Faire « tourisme et découvertes » sans prendre l’avion (2019)
Pour ne pas changer le climat, ne pas prendre l’avion (2015)
tout accord fait grâce à l’avion n’est pas un bon accord (2013)
trop de touristes prennent l’avion (2010)
des avions cloués au sol, la bonne affaire ! (2010)
la fin de l’avion plus lourd que l’air (2009)
les avions, au sol ! (aéroport de Nantes, 2009)
avions et climat (2007)
Pour finir, de faire exploser le over quota 😉 … je tiens quand même à rendre hommage à ce pauvre baroudeur licencié… pour son courage. Je l’ai déjà dit À 12 :27 : chapeau l’artiste !
Donner 75.000 euros pour soutenir des actions de protection de l’environnement et du climat… chapeau ! Même si cette somme ne représente qu’une (infime ?) partie de son indemnité de départ (versée généreusement par la Princesse IFW de Kiel)… même si ce n’est pour lui qu’une « demi-victoire »… CHAPEAU L’ARTISTE !
Il faudrait avant de juger ce cas savoir deux choses :
– recevait il son salaire pendant ces 72 jours de périple ?
– avait-il prévenu son employeur avant (il avait bien accepté de partir en avion)
Si la réponse à ces question est oui, quel que soit notre point de vue idéologique on peut aussi comprendre son employeur
Quoi qu’il en soit… moi je dis CHAPEAU L’ARTISTE !
Non … vous n’êtes pas d’accord avec moi ?
Je ne sais pas, il faut voir les détails, si c’est pour une aventure personnelle à ses frais, oui chapeau. Si c’est pour se moquer des gens et se mettre en valeur aux frais et des autres et en se moquant d’eux, non.
@ Barthès : Le chercheur paie à chaque fois lui-même les coûts supplémentaires liés au voyage lent, notamment les visas, sauf dans le cas de la mission en Papouasie-Nouvelle-Guidée, financée par une fondation allemande.
Dans la boite où je bossais (à faire des devis…), il y avait un type qui était payé pour s’occuper des missions. Frais de missions, réservations d’hôtels, billets de train etc. etc. Le type (jeune cadre dynamique) avait une poule à Paris. Qu’il avait connu lors d’une mission. Pour aller la voir le plus possible, il s’organisait des missions. C’est lui qui choisissait l’hôtel, et se réservait les billets… d’avion.
Le type collectionnait les missions et les billets d’avion. Les poules je sais pas. Ce que je sais, c’est qu’avec les Miles* qu’il cumulait et collectionnait l’artiste et sa poule s’offraient des petits week-ends à Rome, voyages à la Réunion et j’en passe… aux frais de la Princesse. Qui entre les devis à la con, les missions bidons et j’en passe a fini par déposer le bilan. Pauvre Princesse. 🙂
* ces bons points que les compagnies filent aux bons clients.
Tu fais bien de le rappeler… les énergies fossiles. Principalement le Pétrole.
Même si Donald croit qu’il en a pour des siècles et des siècles (amen) sous ses palmes (pieds)… je ne vois pas comment les avions «de demain» (ce qui ne saurait finalement tarder) pourraient faire pour voler.
Peut-être en battant des ailes, comme les canards. Chaque passager actionnerait une rame, comme sur les galères… Ou alors un pédalier, comme les Shadocks.
Les américains ont déjà en vue de fabriquer du carburant de synthèse ! Pour le moment le procédé est onéreux, car il faudrait en produire de plus grosses quantités avant d’entamer le processus de réduction des coûts de production (du système capitaliste) ! Or pour le moment, il n’est pas encore nécessaire d’en produire de plus grosses quantités puisqu’on peut encore en extraire beaucoup sous le sol, donc pour le moment le procédé reste encore trop coûteux. Mais au fur et à mesure que la ressource pétrole va se tarir, il est à parier que la production de pétrole de synthèse va augmenter, et à partir de ce moment les coûts de production de pétrole de synthèse vont diminuer. Certes, tout le monde n’aura pas accès à ce pétrole de synthèse, seuls les plus riches y auront accès, mais les américains seront à coup sûr les premiers servis…
Petites précisions suite à 14:02 ; 15:20 et en suivant :
Ceux qui me connaissent savent POURQUOI… je refuse de prendre l’avion. Je n’ai donc pas besoin de leur expliquer, comme à ceux qui me demandent si je souffre d’aérodromophobie, d’aviophobie, ou autre problème de ce genre. Dit en passant, si ce n’est que ça … ça aussi ça se soigne.
Même que nos «braves gens» sont encore là pour aider tous ces pauvres malheureux.
– « de nombreux centres de formation et compagnies aériennes se sont mis à proposer des stages visant à vaincre l’aviophobie, premier lancé par Air France en 1995. » (L’aérodromophobie touche 20% de la population : mais pourquoi a-t-on si peur de l’avion ? sciencepost.fr)
Ne seraient-ce qu’en leur donnant quelques conseils :
– « Nous vous conseillons pour vaincre votre peur de l’avion. […] Ne soyez pas émotif à propos des accidents d’avion […] Détendez-vous pendant le vol […] Au-dessus de chaque siège se trouve un ventilateur, grâce auquel vous pourrez respirer de l’air frais tout au long du vol. Dans les moments de faiblesse, respirez profondément avec le ventre. [etc. etc.] »
( Aviophobie comment surmonter la peur de voler – europefly.com )
Pour les compagnies, aériennes et Compagnie… l’aviophobie est peut être une menace bien pire que le Flygskam. Mais ON n’ira quand même pas jusqu’à souhaiter une augmentation exponentielle des crashs aériens.
L’autre jour je regardais un documentaire sur le groupe The Cure. C’est ainsi que j’ai appris que Robert Smith (leader du groupe) refusait de prendre l’avion.
Je ne sais plus quand exactement… le groupe est donc allé aux USA en bateau.
The Cure a prévu pour 2025 une tournée mondiale. Je ne sais pas quels modes de déplacements sont prévus. Fan ou pas peu importe, si quelqu’un peut m’éclairer… je le remercie.
En attendant… artistes, acteurs, sportifs (de haut niveau), de plus en plus de gens refusent de prendre l’avion (pour protéger la planète). Là encore c’est un fait ! Et là encore je vous laisse le soin et le plaisir de trouver les sources (preuves) par vous-même. 😉
Né tout récemment (2018), notamment grâce à Greta… ce fameux Flygskam a vite été pris au sérieux. ON ne compte plus les articles, même Wikipédia lui consacre une page :
– « L’ampleur croissante de ce mouvement chez les jeunes inquiète les compagnies aériennes. Le président de l’Association du transport aérien international, Alexandre de Juniac, évoque en mai 2019 « une grande menace qui va se propager », déplore la méconnaissance des mesures et engagements pris par les compagnies et annonce le lancement d’une importante campagne de communication pour la combattre »
( Honte de prendre l’avion, Flygskam – Wkipedia )
Du moment qu’ils voient ça comme une grande menace… une chose est sûre.
Nous pouvons compter sur tous les tenants du Système, tous réunis… pour venir en aide à tous ces pauvres malheureux. Les aider à se «soigner»… à se débarrasser de cette affreuse et terrible honte… bref les aider à déculpabiliser. (à suivre)
(suite) Entre infos et infox… nos «braves gens» auraient-ils déjà réussis ?
Et si tel est réellement le cas… chapeau ! Trop fort le Système !
– Transport aérien : l’échec du « flygskam (Les Echos 3 juin 2024)
– Transport aérien, l’échec de la « honte de voler » (France Inter 4 juin 2024)
– La fin du flygskam ? Les gens n’ont plus honte de prendre l’avion (geo.fr 11 sept. 2024)
– Transport aérien : pourquoi le « flygskam » a-t-il échoué à freiner la croissance de l’aviation ? (isowafa.com/2024/08/16)
– etc. etc. etc.
Voilà donc ce qu’ON appelle « une importante campagne de communication ».
Trop fort le Système !
En bateau, pour un trajet France/Usa, ou Angleterre/Usa (dans le cas de The Cure), la durée moyenne d’une traversée est d’environ 7 à 9 jours (ce qui n’est pas si horrible que ça), selon le type de navire et la route empruntée. Les cargos peuvent parfois prendre plus de temps en raison de leur vitesse réduite (mais ça concerne essentiellement les cargos de marchandises beaucoup plus lourds donc plus lents).
Ensuite, j’imagine que le groupe emprunte un car aménagé pour effectuer les trajets terrestres, en suivant les camions qui transportent tout leur matériel (instruments de musique, enceintes, câbles, projecteurs, etc)
J’ai pris ce groupe musical en exemple, sans savoir pourquoi, exactement, ils refusaient de prendre l’avion… j’ai dit que je ne savais pas quels modes de déplacements ils avaient prévu pour leur tournée en 2025. Bref, ce n’est pas là le plus important de ce que je raconte, et cherche à faire comprendre.
Ou alors ON part sur un autre sujet, certes lié. Une autre réflexion… pour cette fois essayer de voir et de dire si la musique est quelque chose d’utile… d’important… ou pas. ON passera ensuite en revue toutes les autres activités, artistiques… ON pourra parler des cirques (Pinder etc.), et de leurs gros camions, etc. etc.
L’histoire de ce Gianluca Grimalda est en effet intéressante. J’ose même dire amusante.
Soixante-douze jours à travers seize pays, plus la mission en Papouasie-Nouvelle-Guinée…
et le tout aux frais de la Princesse IfW… chapeau l’artiste !
Tout aussi amusante, cette idée de confessionnaux… où chacun pourra regretter ses péchés (sic). Là encore chapeau l’artiste !
Blagues à part, je suis d’accord avec le point de vue de ces écologistes perplexes.
En effet ON a tendance à penser que certains déplacements (transports =˃ émissions, nuisances) seraient dispensés de sobriété, de décroissance.
Comme ceux pour la recherche scientifique, la politique, les secours…
Et ce en raison de leurs plus hautes… importances !
( à suivre)
(suite) Comme il y a quelques jours ce déplacement de Bayrou, en jet…
pour se rendre à Pau… à une réunion de la plus haute… importance !
Et c’est là qu’ON pense à ce fameux (fumeux) télé-travail.
Seulement ON oublie de penser à la finalité (au sens) de ce fameux (fumeux) TRAVAIL .
Travail, ou mission, réunion etc. Si cette activité consiste à brasser du vent… alors je dirais que ce n’est pas ce qu’il y a de pire. Par contre si c’est pour élaborer, concevoir, produire ou vendre des choses sans réel intérêt * (un nouveau gadget par exemple)… ou pire néfastes (un nouvel EPR par exemple)… alors là ce n’est plus pareil
* hors-mis bien sûr celui d’engranger le plus de Pognon possible.