Décroissance suppression des vols en avion

Le Flyer des frères Wright est le premier avion ayant effectué un vol motorisé validé historiquement en 1903 ; il vole sur 284 mètres pendant 59 secondes. En 1914, un entrepreneur américain ouvre la première ligne aérienne régulière en Floride, la compagnie survivra pendant quatre mois. En 1919, Lucien Bossoutrot réalise le premier vol commercial entre Paris et Londres… Autant dire que la consommation de masse du plus lourd que l’air a moins de 100 ans. Il est donc possible en moins de 100 ans à revenir à des transports qui n’utilisent jamais l’avion, même si à l’heure actuelle de l’aliénation consumériste de la classe globale (tous ceux qui on déjà une voiture), cela nous parait impossible.

Le raisonné ne veut pas dire raisonnable, encore moins rationnel.

Éditorial du MONDE : Pour une utilisation raisonnée de l’avion. D’un côté, les besoins sont exponentiels, notamment au regard des aspirations des pays émergents pour accélérer leur développement. L’aérien ne représente que 2,5 % des émissions de CO2 globales, mais la moitié des émissions du secteur est générée par seulement 1 % de la population mondiale. Les progrès technologiques ont contribué à réduire les coûts pour proposer des tarifs de plus en plus bas, qui ont abouti sur la période à multiplier par douze le trafic mondial. Plus de 46 000 nouveaux appareils vont être mis en service au cours des deux prochaines décennies pour répondre à une augmentation chaque année du nombre de voyageurs de près de 4 %.

De l’autre, l’avion est l’incarnation même d’un monde carboné, dont il est urgent de tourner la page afin de maîtriser le changement climatique. La mise au point de moteurs plus économes et l’optimisation du trafic ont permis des gains énergétiques de 80 % en un demi-siècle.Si les émissions de CO2 par voyageur ont donc sensiblement diminué, en revanche, leur volume global est en constante augmentation. Les innovations mettront du temps à passer au stade industriel et le remplacement du kérosène sur les vols long-courriers est encore de la science-fiction. Reste le troisième levier : la régulation du volume du trafic.

En conséquence une course contre la montre s’est engagée entre des progrès technologiques permettant de réduire les émissions de CO2 et la croissance rapide du trafic aérien mondial. Avant d’envisager des mesures radicales comme fixer des quotas individuels de vols – certains le proposent –, il est urgent de faire évoluer notre façon de prendre l’avion. « L’avion est nécessaire, mais il faut le rendre acceptable par une utilisation raisonnée », estime le PDG du Groupe ADP. C’est sur cette notion de « raisonné » que doit maintenant porter le débat.

Le  point de vue des écologistes rationnels

Michel SOURROUILLE : cet éditorial constitue une application concrète de l’équation IPAT. L’impact écologique I de l’avion est la conséquence du nombre de passagers P, multiplié par le nombre de déplacements effectifs A, le tout multipliée par l’incidence de la technologie employée T. Comme des innovations pour remplacer le kérosène en grande quantité sont impossibles à trouver, comme on ne peut pas interdire aux populations « émergentes » de vouloir sacrifier leur développement sur l’autel d’une sobriété réclamée par les pays riches, il reste l’organisation de quotas de déplacement par intermédiaire par exemple d’une carte carbone individuelle. C’est certes un rationnement, mais il est paraît plus acceptable que laisser les plus riches seuls à embarquer quand les prix des billets vont exploser. C’est le plus raisonné, le plus raisonnable, la seule voie rationnelle qui s’ouvre à nous.

Philémon Frog : « Rendre l’avion acceptable par une utilisation raisonnée » dit l’éditorial ? Le problème réside dans l’aptitude de l’humain à la raison !

Léonore Moncond’huy : C’était mon rêve d’enfant de prendre l’avion pour aller à l’autre bout du monde. Mais je pense que vous ne vous rendez pas compte des rêves dont on doit préserver les enfants. L’aérien, c’est triste à dire, mais cela ne doit plus faire partie des rêves d’enfants aujourd’hui. Je considère que l’argent public ne doit plus financer les sports fondés sur la consommation de ressources épuisables, c’est aussi pour ce type de décisions, qui requestionnent nos politiques au filtre du changement climatique, que nous avons été élus. »

Nicolas Hulot : L’avion est comme la ville, un endroit inhumain, sans horizon, où l’on ne respire pas un air sain, où l’on vit sans possibilité d’évasion, de sortie, d’exception. Aujourd’hui, en avion, en voiture et même en train, on ne voyage plus, on se déplace ; témoin inconscient d’un spectacle trop rapide que l’esprit ne peut fixer.Le trafic aérien a été exclu du protocole de Kyoto, et par ailleurs le kérosène des avions n’est pas taxé… si bien qu’il coûte beaucoup moins cher que l’essence utilisée par les automobilistes. Ce n’est pas normal. Mettre 20 tonnes de pétrole dans un avion pour emmener 180 Français à Venise n’a pas de sens.

Jean-Marc Jancovici : Ce quota de 3 à 4 vols dans toute une vie que j’ai déjà proposé en novembre 2022 avait fait l’effet d’une petite bombe médiatique.  Depuis, j’ai fait les calculs, c’est à peu près le bon ordre de grandeur. Mon père qui était d’une catégorie socio-professionnelle supérieure, professeur d’université, quand il est allé aux États-Unis pour faire un post-doct, il est allé en bateau. L’idée même que l’on puisse prendre quatre vols dans une vie, il y a un gros demi-siècle, ça n’existait pas pour la population dans son ensemble. Pour ceux pour qui cela paraît inconcevable et restrictif, il faut bien qu’ils se rendent compte que c’est quelque chose extrêmement récent et que ça partira avec le pétrole. Une fois qu’il n’y aura plus de pétrole, il n’y aura même pas de quoi assurer quatre vols dans une vie par terrien. Il est urgent d’organiser notre avenir économique en fonction de ça.

B.lefort : Je pense à ma femme de ménage qui prend l’avion à Paris 4 fois par an pour joindre sa famille au Portugal. L’aller retour lui revient à 90€ soit 3 ménages…

ChrisBY : L’aviation c’est 6,5% des émissions en France en 2019 (Ministère des transports). C’est 2 à 3 fois plus si on considère les effets induits. C’est le seul secteur avec aucun engagement et dont les émissions augmentent sans cesse. Enfin, 1000 Gigatonnes de CO2 émis en 2019 place l’aviation mondiale au niveau du Japon, 5ème émetteur mondial, plus que l’Allemagne et la France réunie.

Saga : L’utilisation raisonnée de l’avion est au CO2 ce que l’agriculture raisonnée est aux pesticides : un grand foutage de gueule. A quand les avions à « Haute Valeur Environnementale » ?

Le paraméen : L’avion à hydrogène est un leurre, et une énergie « verte » pour remplacer le kérosène rapidement, une galéjade. L’efficacité énergétique pour faire voler un avion est une réalité, mais avec l’effet rebond, plus de vols comme l’indique l’éditorial, cette efficacité est annulée et les émissions de CO2 vont grimper. Le plan de fabrication d’ Aibus pour les années à venir ne laisse aucune illusion.

R3D3 : A problèmes radicaux, mesures radicales. Oui, on ne devrait plus prendre l’avion du tout. Jean-Marc Jancovici a raison lorsqu’il parle de quotas. Au pire, on pourra avoir droit à 2, 3, 4 voyages en avion dans notre vie par personne, et c’est tout.

Sudam : Très bonne idée. Il faut aussi limiter la consommation de vin ( très émettrice de CO2 et consommatrice d’eau) à une caisse de rouge et une caisse de blanc dans sa vie. On est donc d’accord : chacun fait un effort. Étant tolérant, je vous accorde aussi une caisse de rosé.

Pkor : Cela n’a rien à voir et vous le savez bien. Faites le bilan écologique d’une bouteille, puis faites le bilan écologique d’un voyage en avion. Le voyage en avion est superflu, on vit très bien sans. Et sans alcool aussi, je vous le concède…

Notre blog biosphere, contre l’avion depuis longtemps

Le monde d’après Covid, avec ou sans avions ? (2021)

Des avions qui volent au colza, foutaises (2021)

Léonore Moncond’huy, seule contre les avions (2021)

Pour l’avion tous bords politiques confondus (2019)

Faire « tourisme et découvertes » sans prendre l’avion (2019)

Pour ne pas changer le climat, ne pas prendre l’avion (2015)

tout accord fait grâce à l’avion n’est pas un bon accord (2013)

trop de touristes prennent l’avion (2010)

des avions cloués au sol, la bonne affaire ! (2010)

la fin de l’avion plus lourd que l’air (2009)

les avions, au sol ! (aéroport de Nantes, 2009)

avions et climat (2007)

4 réflexions sur “Décroissance suppression des vols en avion”

  1. Bien qu’il ne représente que 2,5 % des émissions de CO2 globales, dont la moitié des émissions du secteur est générée par seulement 1 % de la population mondiale… l’Avion (l’aérien) fait partie intégrante de notre mode de vie. L’Avion en est un symbole. Il représente le voyage, la liberté, le rêve, le Progrès et j’en passe. Tout ce qui justement fait ce mode vie. Autrement dit cette façon de vivre et de penser, comme des porcs (Gilles Châtelet). Et pas seulement à cause du carbone. De la même façon que les vendeurs de came nous rendent accros à leurs merdes, cette sorte de religion, ce mode de vie de petits-bourgeois nous est d’une certaine façon imposé par les pires dealeurs qui soient.
    Le problème c’est que ces dealeurs sont partout, à chaque coin de rue, dans toutes les fenêtres, même dans nos têtes. Tout ça reste indissociable du Système, et la Boucle est bouclée, TINA etc. ( à suivre )

    1. George Bush l’a dit à Rio en juin 1992, ce mode de vie n’est pas négociable !
      Au moins lui avait le courage de le dire clairement. Pas comme tous ces gros hypocrites, comme ces petits-bourgeois gentilshommes (Accardo), tous ceux pour qui l’Avion, la Bagnole, le Smartphone, la Télé, Wiki et j’en passe, tous ces trucs et machins dont nous nous passions fort bien il n’y a pas si longtemps… se doivent désormais d’être juste «sans odeur», «propres», «sobres», «durables» etc.
      Et qui font qu’ON en redemande, qu’ON en veut toujours plus, qu’ON va communier et rêver au Salon du Bourget, à celui de l’Auto etc. etc. Autant dire que ça en fait du monde, pas du tout disposé à négocier grand chose.
      En attendant… il ne nous reste plus qu’à «négocier» l’augmentation du prix des carburants, les quotas de ceci et cela, la zone d’implantation de la Puce RFID qui nous pend au nez, et autres conneries du genre. Misère misère !

    2. – « C’est sur cette notion de « raisonné » que doit maintenant porter le débat. »

      Telle est la conclusion de cet édito du MONDE, au service de qui nous savons.
      Déjà quel débat ?
      – « Trois leviers peuvent être actionnés. Les carburants durables […] les gains d’efficacité énergétique […] la régulation du volume du trafic. »
      Nous voyons bien que là encore le Jeu est pipé, et qu’il n’y aura donc pas de débat. Pourquoi seulement ces 3 leviers ? Tout b(c)onnement parce ce que le Système DOIT continuer à tourner ! Et l’Avion de voler, la Bagnole de rouler etc. etc.
      Et ce quoi qu’il en coûte ! En terme de Pognon comme de dégâts. De dégâts sur l’environnement comme sur notre façon de penser (raisonner etc.) . ( à suivre )

      1. Ce à quoi Biosphère répond :
        – « Le raisonné ne veut pas dire raisonnable, encore moins rationnel. »
        Très juste ! Et voilà qui aurait pu faire un bon sujet de philo au BAC :
        – Être raisonnable est-ce bien raisonner ? (philagora.net)

        Le PDG du Groupe ADP cherche donc à nous vendre une «utilisation raisonnée» de l’Avion. Ce qui me fait de suite penser à cette «agriculture raisonnée» que certains n’ont pas hésité à décrire comme une foutaise raisonnée, vu que «raisonné» ça veut tout dire et ne rien dire en même temps. Et ensuite je pense aux tambours, et aux corps creux qui ratiocinent… aussi bien qu’ils résonnent. 🙂

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