Il y a des articles assez dégueulasses sur les nullipares, ainsi cet article du Nl Obs sur les croisés de la dénatalité : « Les forcenés de la grève de l’utérus… Pas d’enfants de la vie, un rêve pour ces angoissés de l’hyperfertilité… Ces pythies de la non-reproduction… ». Et puis paradoxalement, dans le dernier Figaro-Madame*, un article perspicace sur le « No-kid par militantisme » : « Pour certains, ne pas avoir de fils ou de fille, est un service rendu à l’humanité… On est déjà beaucoup trop sur terre… Il faut réguler la démographie… Une population moins nombreuse faciliterait l’organisation sociale, le partage de l’espace et donc l’émergence possible de relations apaisées entre humains et avec la nature. »
La journaliste aurait aussi pu citer George Minois qui s’exprime ainsi dans « Le poids du nombre » : « Face au vieillissement de la population, la pire des solutions est d’encourager la natalité. Les enfants que l’on fait naître aujourd’hui auront la charge d’entretenir les effectifs pléthoriques de leurs parents, grands-parents, et même une bonne partie de leurs arrière-grands-parents, étant donné l’allongement de la longévité. Et cela dans un monde aux ressources raréfiées et à l’environnement saccagé. C’est cela qui est suicidaire… Il existe des mouvements militants faisant campagne dans les pays développés pour une réduction des naissances, tels que l’Optimum Population Trust, le Worldwatch Intitute, l’Association for Voluntary Sterilization, ou encore le mouvement No Kids. » Une BD est même sortie en 2011 sur « celle qui ne voulait pas d’enfant ». Cette BD était intitulée « Et toi, quand est-ce que tu t’y mets ? ». La réponse sur 52 page est toujours la même, « jamais ». L’auteure, Véronique Cazot remerciait bien sûr le Dr Gregory Pincus pour l’invention de la pilule en 1956. L’autre auteure, Madeleine Martin, dédicaçait cet album à celles qui ne veulent pas d’enfant, celles qui en veulent mais qui en ont marre qu’on leur demande tout le temps « Et toi, quand est-ce que tu t’y mets ? », celles qui ne peuvent pas en avoir, celles dont le mec hésite, celle que ça angoisse et toutes les autres. On pourrait aussi ajouter « No Kid (40 raisons de ne pas avoir d’enfants) » de Corinne Maier.
Laissons pour conclure la parole à Corinne Maier qui s’exprime ainsi récemment dans le livre « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie ) » : « Les childfree (le mot n’existe pas en français) sont taxés d’égoïsme, sont soupçonnés d’être de mauvais citoyens… (Pourtant) non seulement notre « boom démographique » français ne sert pas la condition des femmes, mais il n’apporte aucun sang neuf à un pays ossifié, qui ne sait que faire de ses jeunes. Il est temps de se demander si le contribuable veut payer pour une politique familiale qui n’apporte pas de bénéfice à la collectivité. Il semble évident que, dans un pays démocratique, la liberté de devenir parent doit être respectée ; mais, si les gens veulent des enfants, qu’ils en assument donc entièrement la charge. A bon enfanteur, salut !»
* Figaro-Madame du 15 juillet 2014
Ne pas vouloir d’enfants est humain. Aujourd’hui nous vivons dans une société bercée par la maladie d’Alzheimer, la dépendance, le difficile financement des retraites et la coûteuse prise en charge des ainés. Pour beaucoup, il est impossible de garantir un avenir aux enfants…
Grâce à ma fille, j’ai souvent l’occasion de rencontrer des jeunes dont le choix « no kid » est le fruit d’une réflexion sans devenir une croisade. Ils sont plus nombreux qu’on le pense souvent, comme ceux qui ont abandonné la voiture. Mais en déplacement dans des lotissements je vois encore très souvent des parents, y compris jeunes, qui promènent leurs enfants, dont le troisième dans une poussette chargé grâce aux allocations familiales de compléter le remboursement du prêt immobilier. Pour ceux qui se souviennent des « petits enfants du siècle » de Christiane Rochefort, on retrouve là les descendants du « bébé frigo » ou du « bébé voiture ».