Nous sommes des moutons et fiers de l’être

Au début des années 1950, le psychologue américain Solomon Asch étudie les capacités de résistance de l’individu. Il avait espéré que son étude montrerait les capacités de résistance de l’individu. Il ne connaissait pas encore la psychologie humaine ! 76 % de ses cobayes se rallièrent au moins une fois – et 11 %, toujours – à l’avis incorrect de la majorité.

Stéphanie Chayet : l’assistant d’Asch, le jeune chercheur Stanley Milgram, reproduit l’expérience de son mentor en Norvège où il constate un fort taux d’adhésion à la réponse majoritaire. Chez un animal social comme Homo sapiens, il est « adapté » de chercher à maintenir l’harmonie du groupe. Cette pression sociale, les psychologues l’appellent « influence normative ». Mais depuis, de nombreuses études ont montré que les groupes qui comptent un « avocat du diable » ont tendance à être plus lucides.

Le point de vue des écologistes pas manipulables

Michel SOURROUILLE : Cet article de Stéphanie est abusivement optimiste. Nous sommes un troupeau qui suit des directives et un lanceur d’alerte a de fortes chances d’y perdre son emploi et ses amis. Rappelons que la soumission volontaire est un fait généralisé. Il y a la soumission volontaire qui permet aux dictatures d’exister. Il y a la soumission des esclaves, des femmes ou des noirs qui a perduré parfois pendant des millénaires. Il y a la soumission plus ordinaire des gens qui obéissent à l’autorité, soumission si bien analysée par Hannah Arendt et Stanley Milgram. Et puis il y a la soumission aux diktats des marchands. La capacité de résistance doit s’apprendre, et pourtant il n’y a nul enseignement de cette capacité puisque cela remettrait en cause le système thermo-industriel qui nous broie. Les objecteurs de croissance sont très rares, les objecteurs de conscience encore plus rares… et donc inaudibles !

Jacques Py : E. Morin terminait sa tribune récente sur la crainte d’une société de soumission. Voir tous ces gens le même smartphone à la main ! Cette servitude volontaire si confortable et paresseuse, mimétisme analysé par un R. Girard notamment.

Lls : C’est exactement ce qui se passe sur les réseaux sociaux. L’adhésion de masse à des modes de pensées minoritaires qui apparaissent ensuite comme des normes. Même lorsque ces « normes » sont complètement aberrantes, des gens se mettent à y croire. C’est précisément comme cela que se construisent les théories du complot.

le sceptique : Le fait que l’humain soit un animal social a des traits positifs et négatifs. Le conformisme de groupe fait plutôt partie des traits négatifs, du moins dans les cultures qui valorisent la personne. Mais un avis partagé par beaucoup de monde a davantage de chances d’être fiable, au moins pour ce qui a trait à l’expérience ordinaire de choses répétées. Cela peut procurer un avantage de faire confiance plutôt que vouloir tout vérifier soi-même… biais qu’exploitent le cas échéant les manipulateurs de groupe.

Jairaison : Cela renvoie à une question fondamentale : comment se forme notre jugement ? L’influence du groupe sur l’individu est considérable et ça débute dès l’école maternelle. Se socialiser c’est forcément se conformer un tant soit peu. Et ce n’est pas parce qu’on fait une erreur depuis longtemps que c’est une vérité.

Vince : Et dire qu’on base la démocratie sur la supposée indépendance et discrimination d’esprit de l’électeur…

GusLeChinois : Je suis d’accord avec tous les commentaires ci-dessus !

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

À lire, Discours de la servitude volontaire (La Boétie, 1576)

Soumission/ volontaire, comment sortir de cet oxymore ?

Les humains, un animal débile

Sommes-nous prêt à électrocuter un inconnu pour les besoins d’un jeu télévisé ? Oui, d’après les résultats d’une expérience réalisée en 2009… Pour la biosphère, ce tortionnaire blotti en chacun de nous est une mauvaise nouvelle. Comme les humains sont prêts à faire n’importe quoi par interaction spéculaire, autant dire que la planète, ils s’en foutent complètement…

Interaction spéculaire, je fais comme toi

2 réflexions sur “Nous sommes des moutons et fiers de l’être”

  1. Parti d'en rire

    – « Je suis d’accord avec tous les commentaires ci-dessus ! » (GusLeChinois)
    Si 76 % des cobayes se rallient au moins une fois – et 11 %, toujours – à l’avis de Gus… alors je suis d’accord moi aussi. ON va quand même pas chinoiser !

  2. Didier BARTHES

    La soumission aux mesures anti-covid a constitué une merveilleuse illustration de tout ceci

Les commentaires sont fermés.