Des milliers d’opposants au projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres ont manifesté le 21 octobre 2023 : « Ramdam sur le macadam », « Plus de moisson, moins de béton », « Aux arbres citoyens », « Le 69 oui, l’A69 non », « Amour et rage, no macadam ! ». L’objectif du cortège le plus « déterminé » était une cimenterie de la société Carayon pour y taguer des slogans hostiles à l’A69, et déployer une grande banderole « No Macadam » sur une centrale à béton. Trois camions toupies ont été incendiés. Est-ce du terrorisme ?
Le terrorisme reste difficile à définir tant le mot est polysémique.
Marc Semo : « Il n’a jamais été possible à l’ONU ni à la Cour pénale internationale de se mettre d’accord sur une définition précise, et surtout acceptée par tous, du terrorisme. Le terrorisme n’est pas une idéologie mais un mode d’action qui peut servir les idéologies les plus variées. Ses définitions sont généralement critiquables pour leur caractère tautologique : le terrorisme est ce qui crée la terreur ! Si sa définition reste floue, la naissance de cette notion est bien circonstanciée. C’est la Révolution française, en particulier la Terreur en 1793-1794, qui invente le terrorisme moderne, la chose puis le mot. Les premiers dans l’histoire à être appelés “terroristes” sont les conventionnels envoyés en mission en province pour assurer la répression du royalisme et du fédéralisme. Le terrorisme naît donc en haut, au cœur même de l’État, il est donc possible de parler de terrorisme d’État. Mais le sens du mot s’est désormais inversé. Il désigne une stratégie de contestation violente de l’Etat, au nom des classes exploitées, puis au nom des peuples opprimés. Le terrorisme se pose dès lors comme l’arme des faibles.
Les autorités françaises furent parmi les premières à introduire, dès 1986, une définition juridique. A l’époque, elle visait à sanctionner avant tout des poseurs de bombes corses, des pirates de l’air ou des preneurs d’otages. Dans le code pénal français, le terrorisme est caractérisé comme « une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur ».
Un exemple contemporain d’application
Le « terroriste », c’est d’abord celui dont on veut délégitimer le combat. Une dizaine de policiers, dont plusieurs encagoulés et équipés d’un bélier, ont sonné le 20 octobre 2023 au domicile de Jean-Paul Delescaut, secrétaire départemental de la CGT dans le Nord. Ils intervenaient dans le cadre d’une enquête ouverte pour « apologie du terrorisme » et « provocation à la haine et à la violence ». En cause, un appel à manifester en « soutien au peuple palestinien en lutte contre l’Etat colonial d’Israël ». Sur ce tract, on y lit : « Les horreurs de l’occupation illégale se sont accumulées. Depuis le samedi 7 octobre, elles reçoivent les réponses qu’elles ont provoquées. » Hamid Chebout, coordinateur de la CGT nordiste : « Nous avons condamné les actes terroristes du côté d’Israël et des Palestiniens. On est clairs et on assume notre position : nous sommes pour une Palestine libre. »
Dès 1948, Albert Einstein et Hannah Arendt n’avaient pas hésité à employer le mot terroriste à propos du mouvement dirigé par Ménahem Begin.
« A l’éditeur du New-York Times. – New York, 2 Dec. 1948. Parmi les phénomènes politiques les plus inquiétants de notre époque, il y a dans l’état nouvellement créé d’Israël l’apparition du “Parti de la Liberté” (Tnuat Haherut), un parti politique étroitement apparenté dans son organisation, ses méthodes, sa philosophie politique et son appel social aux partis Nazi et fascistes. Un exemple choquant fût leur comportement dans le village Arabe de Deir Yassine. Ce village, à l’écart des routes principales et entouré par des terres Juives, n’avait pas pris part à la guerre, et avait même combattu des bandes Arabes qui voulaient utiliser comme base le village. Le 9 avril 1948, des bandes de terroristes ont attaqué ce village paisible, qui n’était pas un objectif militaire dans le combat, ont tué la plupart de ses habitants – 240 hommes, femmes et enfants – et ont maintenu quelques uns en vie pour les faire défiler comme captifs dans les rues de Jérusalem. Les terroristes, loin d’avoir honte de leurs actes, étaient fiers de ce massacre et ont invité tous les correspondants étrangers présents dans le pays à venir voir les tas de cadavres et les dégâts causés à Deir Yassin. Au sein de la communauté Juive, le Parti de la Liberté prêche un mélange d’ultra-nationalisme, de mysticisme religieux, et de supériorité raciale.
Le point de vue des (éco)terroristes
Nous sommes tous des écoterroristes !
extraits : Les organisateurs, dont la Confédération paysanne et le collectif Bassines non merci, avaient appelé les volontaires pour un périple en tracteur ou à vélo, appelé « convoi de l’eau », pendant une semaine entre Sainte-Soline et Orléans. Devant les grilles de l’agence de l’eau à Orléans, le 25 août, une petite foule de 600 personnes : « Nous sommes tous des écoterroristes ! » Un clin d’œil aux déclarations du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, et à sa décision de dissoudre les Soulèvements de la Terre.
Des éco-terrorisants au parlement !
extraits : La déconsidération de l’écologie prend souvent la forme du sophisme de la pente glissante : exagérer ce qu ’on dit ou prtique pour en dénier la validité. Ainsi le fait de traiter les écolos de Khmers verts, d’Ayatollahs de l’écologie, d’écoterroristes, et même au niveau de nos élus d’écototalitarisme. plus de deux cents élus, dont Christophe Castaner et Bruno Retailleau, défendent la corrida et s’opposent à « l’écototalitarisme » : « Interdire la corrida, c’est interdire une culture et humilier une partie de nos concitoyens. Nous ne l’accepterons pas. Du sapin de Noël à la chasse, du barbecue amical aux rêves d’enfants de devenir aviateur, nous ne voulons pas interdire, normer, supprimer, effacer. Nous sommes des défenseurs acharnés de la liberté, et des opposants résolus à l’écototalitarisme…
Eco-guerriers plutôt qu’éco-terroristes
extraits : Hier comme aujourd’hui, l’histoire montre que les premiers coups de canon d’une guerre ou d’une révolution sont toujours sémantiques. Selon M. Darmanin, la France serait menacée par des armées d’écoterroristes prêts à mettre le pays à feu et à sang au nom de leur dangereuse idéologie et de leur sectarisme. Rien de moins ! Que le ministre de l’intérieur d’un pays qui a été ensanglanté par une série d’attentats terroristes islamistes se permette d’établir un parallélisme de langage avec les actions des écologistes relève de l’indécence, du cynisme et d’une irresponsabilité confondante…
Le terrorisme ne peut que s’amplifier (2020)
extraits : Samuel Paty a été assassiné pour avoir défendu dans sa classe la liberté d’expression et fait ainsi son métier d’enseignant. C’est le prolongement d’une longue série de meurtres perpétrés par un islamisme dévoyé et voyou. Mais cela ne doit pas occulter le fait que le nombre total de morts par ce genre de terrorisme en France est marginal par rapport au résultat des interventions militaires occidentales en Afghanistan, en Irak, en Libye ou au Mali. Avec des menaces aussi visuellement impressionnantes que le terrorisme après les attentats du 11 septembre 2001, on a perdu tout sens des proportions et on réagit avec force à des probabilités très faibles.
Peur du terrorisme, insouciance totale pour le climat (2017)
extraits : Le bais de disponibilité, qui s’appuie sur le vécu récent, maintient la menace au premier plan, et l’incertitude quant à la date du prochain attentat ne diminue en rien cette peur : elle l’amplifie. Par contre le changement climatique n’est pas aussi médiatiquement stigmatisé, et les phénomènes météorologiques extrêmes nous sont dans une certaine mesure familiers. C’est pourquoi l’incertitude concernant ses effets n’instille pas un sentiment de crainte ; il donne la marge de manœuvre nécessaire pour nous laisser croire ce que nous avons envie de croire. La perception du risque est aussi déterminée par l’angle social sous lequel il est observé et c’est l’un des puissants aspects qui tend à diviser les gens.
Ecoterrorisme, les écologistes sont-ils coupables ? (2016)
extraits : « Le terrorisme dont sont accusés ces militants radicaux n’est, selon eux, que la réponse au véritable terrorisme que commet quotidiennement et à grande échelle la civilisation industrielle. Leur slogan traduit parfaitement leur philosophie extrémiste : « Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend. » (in Écoterrorisme, de la contestation à la violence (Altermondialisme, écologie, animalisme)
Les centrales à charbon, un terrorisme contre le climat (2015)
extraits : Empêcher d’une manière ou d’une autre une centrale thermique à charbon de fonctionner peut être considéré comme une œuvre de salut public. On sait en effet que le charbon doit rester sous terre, sinon nous allons droit vers un chaos climatique qui multipliera les réfugiés climatiques, endommagera le rendement des récoltes, produira la famine, détériorera l’ensemble de la trame du vivant, exacerbera les violences, produira des guerres, etc. Mais si je dis maintenant aujourd’hui clairement que je trouve tout-à-fait juste et légitime de saboter une centrale à charbon, c’est moi qui sera poursuivi devant les tribunaux pour incitation au sabotage. Personne n’accusera les promoteurs des centrales à charbon. Beaucoup parleront même à mon égard de terrorisme vert alors que le véritable responsable de la détérioration écologique et socio-économique est la centrale à charbon.
Les forces de l’ordre sont intervenues ce dimanche 22 octobre pour déloger des opposants au chantier d’autoroute A69 du lieu-dit de La Crémade où ils s’organisaient en zone à défendre (ZAD). Deux véhicules blindés, venus en soutien des forces de l’ordre, faisaient face aux manifestants scandant « No macadam, no macadam ». Thomas Brail, l’arboriste grimpeur, qui a fait plus de quarante jours de grève de la faim et quelques jours de grève de la soif contre le projet d’autoroute : « Il y a 53 kilomètres d’autoroute. Bon courage pour protéger tous les chantiers. »
Le ministre des transports, Clément Beaune : « Je vais être très simple, très clair, très ferme : il ne peut pas y avoir de ZAD et il n’y aura pas de ZAD sur l’A69 ».
Comment des politiciens locaux, minoritaires de surcroît, ont décidé de rajouter un clou sur le cercueil de l’humanité. Ils resteront dans l’histoire comme les fossoyeurs de la nature.
Tout ça pour gagner dix minutes pied au plancher de leur SUV !
Un faux péage, des entreprises de BTP attaquées et une nouvelle zad… Au « Ramdam sur le macadam », la grande mobilisation contre l’A69, les milliers de manifestants ont multiplié les cortèges pour déjouer le dispositif policier. Faisant face aux militaires, les manifestants se sont mis à scander « Nous sommes tous des écoterroristes » en tapant dans leurs main sur le rythme du slogan antifasciste « Siamo tutti antifascisti ». La création d’une zad ? Certains assument déjà le mot. Une chose est sûre, ces bâtisses expropriées par le promoteur du projet sont au cœur du tracé de l’A69.
Ah ok… on arrête le bitume lorsque tout le monde aura une autoroute à moins de 2 km de chez lui.
C’est bien parti pour la ZAD, et le Ramdam. Si c’est ça que voulait le gouvernement c’est réussi. Jouer les gros bras à Paris c’est facile. En attendant, certains grand élus locaux marchent sur des œufs, et se font tout petit petit. Notamment ces grandes gueules qui ont osé dire que 100% des élus étaient POUR. Et puisqu’il faut des noms, voir la liste de ces 159 élus locaux qui ont publié une tribune ce 18 octobre pour affirmer « Non, il n’existe pas une très large majorité d’élus locaux favorables à l’A69 ».
– « Le sens du mot s’est désormais inversé. Il désigne une stratégie de contestation violente de l’Etat, au nom des classes exploitées, puis au nom des peuples opprimés dans leur lutte anticoloniale. » (Marc Semo – Le MONDE)
Si encore il n’y avait que celui-là. Bien sûr que c’est un problème, que cette inversion du sens des mots. Mais c’est à qui qu’il revient de le résoudre ? Aux linguistes… ou bien aux politiques, aux écologistes etc. Et dans quelle mesure ?
Imaginez un club, de pétanque par exemple… où les membres passeraient les trois quarts de leur temps à s’occuper des taupes qui ravagent leur boulodrome. Comment faudrait-il le baptiser ce club : «Les Pétanquistes»… ou bien «Les Taupistes» si ce n’est «Le Mouvement des Taupistes Indépendants» ? Imaginez maintenant que leur quart de temps restant soit con sacré à trancher cette épineuse question. ( à suivre )
Ne riez pas, nous (Dany et Compagnie) parlions hier de l’énergie (et du temps) que les militants consacrent à régler les problèmes internes de leur structure, parti ou mouvement. Non seulement les guéguerres internes, au sujet de conneries diverses et variées, comme le nom du club, mais en plus une énergie folle à tenter d’expliquer, et pour bien faire de démontrer, par a + b, qu’un chat est un chat . Un cercle un cercle, un carré un carré, une vessie une vessie etc. etc. c’est bon j’espère que vous aurez compris.
Voilà donc où nous en sommes. Et nous, comme des couillons de tomber dans tous les pièges. Suffit qu’on nous balance n’importe quel attrape-couillons pour qu’on s’y jette tous dessus. Et pendant qu’on discute et qu’on se bouffe le nez sur des conneries, pendant con chasse les taupes et con répare leur trous… eh ben ON ne joue pas aux boules.
A69 ! Comme d’habitude, une poignée de factieux d’extrême-gauche, baignant dans la longue tradition de violence d’extrême-gauche, brûlent et cassent tout pour imposer à la majorité leurs opinions radicales et ultra-minoritaires. Ces chemises brunes imbibées des idées totalitaires d’Andreas Malm, se prennent pour des résistants.
Heureusement qu´il y avait des enfants dans le défilé, ça a du remonter le niveau de l´âge mental des manifestants. Et l´autre perché sur son arbre… Non mais franchement pour un homo sapiens, ça la fout mal.
J’imagine sans difficulté dans quel camp vous vous situez. Et l’idée que vous avez de la droite et de la gauche. Et bien sûr de l’extrême-gauche. TOUS des violents, des incendiaires, des casseurs, d’affreux terroristes quoi.
Et j’imagine le travail (c’en est un) qui vous attend… si des fois il vous prenait l’envie de décoloniser votre pauvre imaginaire. Misère misère !