caca nerveux à l’EELV

Eh oui ! Jean-Paul Besset mesure la bêtise humaine. Il avait fait le rêve que les Assises écolos de Lyon, le 13 novembre, seraient « une date constituante, consacrant l’aboutissement d’une démarche de dépassement collectif pour construire une force alternative, responsable et désirable ». Jean-Paul Besset, qui oeuvrait depuis trois ans au mariage des Verts, des amis de Cohn-Bendit ou des écologistes associatifs, claque la porte : «  L’après Lyon, à l’image du nom retenu (Europe Ecologie-Les Verts), reproduit le scénario des crispations et des jeux claniques, la comédie du pouvoir, le monopoly des territoires. Règlements de compte, délices du déchirement, obsessions purificatrices et procès en sorcellerie saturent à nouveau l’espace, au point de rendre l’air interne irrespirable et le travail politique secondaire. La fusion-dépassement n’a pas eu lieu. D’un côté, le parti où nombre de Verts verrouillent une reproduction à l’identique, avec les mêmes têtes, les mêmes statuts, les mêmes pratiques, les mêmes courants, la même communication pseudo radicale, la même orientation servile vis à vis de la gauche ; de l’autre côté, la Coopérative que certains veulent instrumentaliser en machine de guerre contre le parti. » Jean-Paul Besset refuse de s’épuiser à « construire des passerelles alors que l’essentiel des préoccupations consiste à entretenir les suspicions ou à rêver d’en découdre pour affaiblir tel courant, détruire tel individu ou conquérir tel pouvoir. »

                Les problèmes peuvent se résumer en un seul mot : électoralisme. L’électoralisme des écologistes a désarmé un mouvement qui était né en 1974 des mouvements associatifs  et de l’action directe. La lutte des ego a remplacé le combat contre le nucléaire, contre le productivisme, contre l’aliénation, pour la Biosphère… Ainsi Stéphane Gatignon a orchestré une vague d’adhésions massives (tamoules) pour avoir plus de poids. Ainsi Dany Cohn-Bendit a réuni une soixantaine de personnalités, y compris du centre, voire de la droite, en marge du parti. Ainsi Jean-Vincent Placé et Jean-Marc Brulé ont organisé une négociation secrète avec le PS pour préparer les sénatoriales de 2011… Le pouvoir à n’importe quel prix !

                Pour construire ensemble un avenir durable, nous conseillons aux écolos deux choses. D’abord de ne jamais démissionner, sauf pour rejoindre un mouvement qui soutient lui aussi l’écologie politique. Ensuite de proposer encore et encore aux instances officielles un système de tirage au sort entre tous les candidats à un poste électif. Seul le tirage au sort permet d’éviter les bagarres entre gens qui se disent œuvrer dans le même sens. Seul le travail et l’obstination permettent de lever les barrières de l’ostracisme humain.

caca nerveux à l’EELV Lire la suite »

Bettencourt, les leçons d’une affaire imaginaire

Finalement LeMonde n’est pas assez sélectif. Il réalise un hors-série de 100 pages sur l’affaire Bettencourt alors  même que nous apprenons que l’affaire se termine en jus de boudin. Une page entière du quotidien* y est encore consacrée qu’on pourrait résumer ainsi : « Que de bruits pour une affaire imaginaire ». Combien cette blague aura-t-elle coûté à la collectivité en temps de juges et de greffiers ? Le problème essentiel, c’est que la place consacrée par LeMonde à trop de faits divers s’opère au détriment de l’essentiel.

                C’est la chronique d’Hervé Kempf, destruction durable, qui aurait du tenir plusieurs pages au lieu d’1/7ème de page : quand il s’agit de transformer la terre agricole en surface bétonnée, la bonne entente UMP/PS est de règle. Pourquoi se priver de construire un autre aéroport près de Nantes ? Pourquoi s’empêcher de privilégier le tourisme avec le bâtisseur Pierre&Vacances ? Pourquoi interdire à la grande distribution de construire des entrepôts géants ? Parce que le pétrole viendra à manquer et que les aéroports, le tourisme de masse et les grandes surfaces deviendront obsolètes. Parce que nous avons besoin dans le proche avenir de terres agricoles pour être résilients face à la démondialisation, la désurbanisation, la désindustrialisation.

                Historiquement les premiers journaux n’étaient que de simples instruments pour organiser le bavardage, et ils le sont plus ou moins restés. Même Le Monde…  Que les journalistes du Monde fassent enfin leur travail, trier et hiérarchiser les informations, au lieu de s’occuper longuement des faits divers qui ne peuvent intéresser un quotidien national de référence… notre avenir commun en dépend.

* LeMonde du 8 décembre 2010, Liliane Bettencourt et sa fille mettent fin à leur bataille judiciaire

Bettencourt, les leçons d’une affaire imaginaire Lire la suite »

Miss France mise à nu

Les foires à bestiaux déterminent les plus gros cochons, Miss France désignent la plus belle truie. Car de toute façon, il s’agit dans les deux cas de faire défiler des morceaux de  viande fraîche. Les féministes réagissent. Entre vingt et trente personnes, c’est à dire 12, avaient décidé de se réunir à Caen pour protester contre l’élection de Miss France. Les non-féministes sont partout. LeMonde* consacre un page entière au gala. Endemol produit Miss France comme il produit la télé-réalité poubelle (Loft Story…). Geneviève de Fontenay, 78 ans, s’accroche à sa seule joie de vivre et finance Miss nationale. Les commentaires sur lemonde.fr restent au ras des pâquerettes : « Les Ivoiriens ont bien deux présidents, pourquoi pas deux Miss France… Ca nous fait vraiment une belle jambe… ou plutôt 4. » Les internautes veulent maintenant savoir si on peut trouver des photos dénudées de la lauréate, Laury Thillemann. Toujours plus !

Ce monde de midinettes qui fait défiler les nymphettes est le signe le plus évident de la confusion des sens. Car rien ne change. Les hommes sortent encore vainqueurs : ils ont les défilés de Miss pour le fun et les match de foot pour le mental. La société du spectacle joue son rôle dans tous les domaines, nous divertir, c’est-à-dire détourner notre attention des choses qui comptent. Car notre nature humaine n’est pas régie par les lois de la Nature. Les anthropologues ont renouvelé l’approche du rapport homme/femme en montrant l’importance, dans le processus même de l’hominisation, de la perte de l’œstrus. La relation entre les sexes est soumise chez les mammifères, y compris les grands singes, à une horloge biologique et hormonale qui détermine les périodes de rut ; pour les humains au contraire, l’absence de cette détermination naturelle met la sexualité sous le signe de la disponibilité permanente. Il est par exemple possible chez la femme de favoriser un orgasme par des stimulations psychologiques portant sur les zones érogènes secondaires.

Toute société doit donc déterminer une certaine image de la femme. Elle peut valoriser la soumission de la femme, militer pour l’égalité des sexes (féminisme), cultiver le sex-appeal ou l’androgynie. Cette liberté totale de détermination des rôles sociaux est la condition nécessaire de l’apparition des Miss France : exciter (un peu) la libido tout en multipliant les interdits (dont Mme Fontenay raffolait). Mais le vrai succès des Miss France remonte à 1986, première retransmission télé du concours, un soir de réveillon chez Guy Lux. L’audimat grimpe en flèche, notre société n’est pas réellement pour l’égalité des sexes… Les canons de la beauté ne remplacent pas les canons de la guerre mais continuent d’accompagner les guerres.

* du 5-6 décembre 2010, Sœur Geneviève (- de Fontenay, née  Mulmann)

Miss France mise à nu Lire la suite »

avec Cantona, se réapproprier l’argent

Pierre-Antoine Delhommais* a tort. Ce n’est pas parce que Cantona est un pur produit du système que ce qu’il prescrit n’a pas de sens ! Delhommais critique Eric Cantona pour ce discours : « Pour parler de la révolution, on va pas prendre les armes, on va pas aller tuer des gens. Il y a une chose très simple à faire. Le système tourne autour des banques, il est bâti sur le pouvoir des banques. Donc il peut être détruit par les banques. Au lieu d’aller dans les rues, tu vas à la banque de ton village, tu retires ton argent, le système s’écroule. Pas d’arme, pas de sang… » Agir brutalement n’est jamais bon, mais ne plus laisser son argent dans les banques affairistes est réaliste.

Notre argent n’est pas en sécurité dans les banques. Depuis la démonétisation de l’or, l’argent n’est qu’une valeur fiduciaire, c’est-à-dire que cet instrument de paiement repose sur la confiance que les gens lui donnent. Un billet de banque n’est qu’un bout de papier, un chèque ne correspond qu’à une ligne de compte, une carte bancaire n’est utile que si le réseau électrique ne tombe pas en panne. La dématérialisation progressive de la monnaie, son passage de l’or à la monnaie électronique est une vraie menace. Non seulement on ne perçoit plus à quoi correspond nos fonds, mais la pyramide de crédit que traficote nos banques peut s’écrouler du jour au lendemain (cf. crise des subprimes).

De plus les banques font « travailler » notre argent. C’est à dire qu’elles le placent dans des activités économiques ou financières dont nous ne sommes plus maître. Les banques financent des activités diverses qui sont plus ou moins émettrices de carbone. LeMonde** titrait il n’y a pas longtemps : « Diminuez l’empreinte carbone de votre épargne » ! Il est donc préférable de dépenser son argent immédiatement, soutenir une AMAP, financer un chauffe-eau solaire sur son toit, et donner son surplus financier à Greenpeace ou une autre association écolo. Les gens doivent se réapproprier leur argent.

« Se réapproprier l’argent » est le dixième point rajouté par Serge Latouche*** à son programme politique. Dans la transition vers une civilisation de l’après-pétrole, il convient d’encadrer l’activité des banques et de la finance, en finir avec la titrisation des crédits ou l’excès des effets de levier. Les flux monétaires devraient rester le plus possible là où ils ont été engendrés tandis que les décisions économiques devraient être prises à l’échelon local. Le développement des monnaies alternatives, locales ou biorégionales, selon des formules diverses, participe de cet objectif et constitue un puissant levier pour relocaliser. Le palmas brésilien, le chiemgauer allemand ou l’abeille française encouragent l’achat local et interdisent la spéculation****. Même le patron de Goldman Sachs aurait le droit (le devoir ?) de se lancer dans une croisade en faveur de banques relocalisées.

* LeMonde du 5 décembre 2010, d’Eric the King à Eric le Rouge

** LeMonde, supplément économie du 23 novembre 2010

*** Le pari de la décroissance, préface de juin 2010

**** LeMonde magazine, les frappés de la monnaie locale (4 décembre 2010)

avec Cantona, se réapproprier l’argent Lire la suite »

tout savoir sur le pic pétrolier

Les politiques s’intéressent marginalement au réchauffement climatique et pas du tout au pic pétrolier. Pourtant les quantités de pétrole commencent déjà à plafonner au niveau de la production mondiale. C’est le début de la fin, ce que nous pouvons appeler la Crise Ultime, la Pétrole-Apocalypse ou la Longue Catastrophe. Des livres nous avertissent, des blogs nous interpellent… personne ou presque ne réagit !

 

Bibliographie :

1979 Vivre sans pétrole de J.A.Grégoire

2003 Pétrole, la fête est finie (avenir des sociétés industrielles après le pic pétrolier) de Richard Heinberg

2005 la fin du pétrole (le vrai défi du XXIe siècle) de James Howard Kunstler

2005 Pétrole apocalypse d’Yves Cochet

2005 la vie après le pétrole de Jean-Luc Wingert

2006 le plein s’il vous plaît (la solution au problème de l’énergie) de Jean-Marc Jancovici et Alain Grandjean

2009 la crise pétrolière (analyse des mesures d’urgence) de Bernard Durand

 

sur ce blog biosphere :

Cancun en décembre 2010

le pic pétrolier s’est produit en 2006

après le pic pétrolier, le pic charbonnier

le pic pétrolier dans le quotidien Le Monde

les dates du pic pétrolier

bientôt le baril à 200 dollars

 

Blogosphère :

http://petrole.blog.lemonde.fr/

http://www.avenir-sans-petrole.org/

www.manicore.com

 

tout savoir sur le pic pétrolier Lire la suite »

Cancùn, Cancon, Canquand

Cancùn n’est qu’une conférence internationale de plus ; personne ne se sent concerné. D’ailleurs aucun des chefs d’État présents à Copenhague n’a fait le voyage. Le quidam peut donc conserver l’idée trompeuse qu’il peut en toute quiétude continuer sa petite vie hautement énergivoraces. Pour beaucoup d’Américains, qui n’ont jamais connu que le monde de l’énergie bon marché, il est tout simplement impossible d’imaginer la vie sans pétrole. La plupart des Chinois ne pensent qu’à une chose, rejoindre le niveau de vie américain. Les touristes de tous les pays prennent l’avion pour l’autre bout du monde. Personne n’est prêt à renoncer à sa voiture, SUV ou Tata Nano. Tout le monde émet des gaz à effet de serre.

                La déclaration de Cochabamba sera sans doute présentée à Cancùn. Il s’agit d’établir un tribunal de justice climatique. Il s’agit de réduire les émissions de gaz à effet de serre des nations les plus industrialisées de 50% (contre celle de 7 à 16 % proposée à Copenhague). Il s’agit de rejeter totalement le marché du carbone et les biocarburants. Il s’agit donc de mesures rationnelles à mettre en place immédiatement, mais qui fâchent. Il s’agit donc de mesures mort-nées.

                Alors, 1000 Cancun partout dans le monde ? En France, Attac, la Confédération paysanne, les Amis de la Terre et même le NPA ont pris l’initiative d’un rassemblement à Cancon dans le Lot et Garonne. Comme le constate Hervé Kempf*, « l’événement est cependant loin de l’attention publique ». Le quidam ne perçoit pas le réchauffement climatique dans sa vie courante, il ne se mobilisera pas pour les générations futures. Le seul événement qui fera bouger les foules, c’est la hausse du baril suite au pic pétrolier. C’est pour bientôt, mais paradoxalement personne ne sait qu’on a déjà franchi le pic pétrolier, à part quelques rapports confidentiels de la Bundeswehr ou du Pentagone !

Vivement le baril à 300 dollars…

LeMonde du 3 décembre : Cancon, un contre-sommet sur le climat

Cancùn, Cancon, Canquand Lire la suite »

se raser, c’est rasoir

Il ne faut pas se raser. Pour les garçons la transformation du duvet en barbe révèle la fin de l’adolescence et l’identité masculine, un véritable ancrage dans une spécificité corporelle. Le fait de se raser n’indique pas une convergence des sexes ou l’éloignement de l’homme  de son origine animale. Il s’agit uniquement d’une instrumentalisation des hommes, le poil est devenu le cœur d’une nouvelle cible à des fins mercantiles. On a inventé les rasoirs mécaniques ou électriques, les jetables et les super-performants à trois lames, bravo les ingénieurs au service du profit ! C’est la civilisation thermo-industrielle, son rasoir et ses lames jetables, qui a transformé le monde occidental en cohortes de mâles bien propres sur eux.

                Il ne faut pas se raser. Comme l’exprime Georgescu-Roegen* : « Il faut nous guérir du circumdrome du rasoir électrique, qui consiste à se raser plus vite afin d’avoir plus de temps pour travailler à un appareil qui rase plus vite encore, et ainsi de suite à l’infini… Il est important que les consommateurs se rééduquent eux-mêmes dans le mépris de la mode. » Les innovations représentent le plus souvent un gaspillage de base entropie. Autour de nous, toute chose  s’oxyde, se casse se disperse, etc. Il n’y a pas de structures matérielles immuables, parce que la matière tout comme l’énergie se dissipe continuellement et irrévocablement. Toujours plus de rasoirs et toujours plus de lames signifie forcément une pollution et un épuisement des ressources naturelles plus important.

Dans LeMonde**, c’est un tout autre discours. Il paraît que la mode est à la barbe, ou plutôt au rasage irrégulier… L’homme non rasé serait jugé séduisant puisque le regard de la femme aurait changé… La barbe témoignerait d’une sorte de paresse… Mais l’heure est à la reconquête, raser n’est plus une corvée c’est un plaisir, affirment les marques de rasoir… En France, 419 millions d’euros de rasoirs manuels et de lames en 2009, ce n’est pas rien. En définitive, on ressent fortement l’emprise des fabricants de rasoir sur les journalistes du Monde : « Le rasage est un véritable rituel… L’enjeu pour les ingénieurs est d’être capable de développer un produit qui réponde à des pratiques… Il faut tenter de persuader ce consommateur casanier de tester le produit dernier cri… » On ressort de cet article sans savoir combien de fois il faut se raser par semaine, 3,6 fois comme les Ibères ou 5 fois comme les Allemands. Mais les journalistes du Monde ne répondent pas la question de fond : Faut-il se raser ?

* La décroissance (entropie, écologie, économie) de Nicholas Georgescu-Roegen (Sang de la terre, 1995)

** LeMonde du 1er décembre, La barbe, nouvel attribut de séduction

se raser, c’est rasoir Lire la suite »

WikiLeaks, d’intérêt public

 Ce que dit Timothy Garton Ash * « On accède à une qualité spéciale de compréhension lorsqu’on dispose d’un large éventail de sources, mais l’historien doit patienter vingt ou trente ans avant de pouvoir accéder aux archives diplomatiques. Voici avec WikiLeaks, exposées à la vue de tous, les jugements francs et parfois brillants que portent les diplomates américains. C’est le rêve de l’historien. Et le cauchemar du diplomate (…) Il y a un intérêt public à savoir comment fonctionne le monde et ce que l’on y fait en notre nom. Il y a aussi un intérêt public à ce que la politique étrangère soit menée de façon confidentielle. Et ces deux intérêts sont contradictoires. »

Notre commentaire : Ce professeur d’histoire à l’université d’Oxford parle pour ne rien conclure. Car l’essentiel est de résoudre les contradictions ! Si les divers gouvernants agissaient en toute transparence puisqu’ils agissent en notre nom, il n’y aurait pas besoin de fuites et de lanceurs d’alerte. Comme dit Bruno PERRIN sur lemonde.fr :

«  Je viens d’écouter Védrine à la radio et j’ai beaucoup ri. Sur la dictature de la transparence, sur les dérives du monde numérique, etc. Il ne faut pas espionner l’Etat, pas divulguer les secrets d’Etat, etc. Et il prend comme exemple la vie privée. Mais WikiLeaks ne parle pas de notre vie privée. Par contre, les entreprises et les services publics ne se privent pas de collecter des données privées sur notre compte. Il me prend pour un débile, Mr Védrine ? Je dois tout donner et rien recevoir ?? »

* LeMonde du 2.12.2010, Les documents secrets révélés par WikiLeaks relèvent de l’intérêt général.

WikiLeaks, d’intérêt public Lire la suite »

ce que révèle WikiLeaks de notre démocratie

La superficialité des écrits des diplomates américains révélés par LeMonde  grâce au site WikiLeaks ne mérite pas quatre pages*.  Par contre l’existence de WikiLeaks revitalise notre démocratie vacillante. Car aujourd’hui il y a transparence des humbles et anonymat des puissants. Dans toute démocratie véritable, c’est l’inverse qui devrait être vrai. Analysons la plaidoirie pro domo de l’ambassadeur des Etats-Unis en France**. Selon Charles Rivkin, « La franchise du dialogue au sein des gouvernements et entre les gouvernements est au cœur des relations internationales. Les diplomates doivent être assurés que ces discussions garderont leur nature privée » ! Cette phrase montre bien la dissymétrie du pouvoir instauré de façon illégitime par nos gouvernants. En effet un gouvernement  n’est que l’émanation des citoyens, ce qui veut dire que les citoyens doivent être au courant de tout ce que disent et font les gouvernants en leur nom. C’est pourquoi les écrits des diplomates sont par nature  publics et non « privés ». Malheureusement il n’en est pas ainsi.

Les diplomates sont d’abord au service de « ces princes qui nous gouvernent*** » et non directement au service de l’intérêt général. La politique étrangère américaine obéit aux principes édictés par Machiavel. L’objectif de Machiavel était de servir le prince et la puissance de l’Etat, les conseillers des présidents aux USA ont le même. Pour nous tous, en tant que citoyens, l’expérience historique devrait nous pousser à rejeter Machiavel, à refuser la soumission, aux princes et aux présidents, et à étudier par nous-mêmes les fins sous-jacentes aux politiques nationales. Il a toujours existé des gens qui pensaient par eux-mêmes, contre l’idéologie dominante, et c’est lorsqu’ils étaient suffisamment nombreux que l’histoire a connu ses moments les plus glorieux****.

Que de documents en France sont classés secret défense alors qu’il ne s’agit que de protéger les intérêts des puissants ! Aujourd’hui Internet permet l’expression anonyme des lanceurs d’alerte et la veille citoyenne. Le site Internet WikiLeaks, créé en 2006, a publié des milliers de documents dénonçant des méfaits perpétrés par des politiciens, des fonctionnaires et des hommes d’affaires du monde entier. WikiLeaks est indispensable. Pas le fait de délayer dans des quotidiens de référence ce que nous savons déjà !

* LeMonde du 30 novembre, WikiLeaks décryptages (4 pages)

** LeMonde du 30 novembre, le Etats-Unis regrettent la divulgation de documents secrets par le site WikiLeaks

*** titre du pamphlet de Michel Debré en 1957. En résumé, les citoyens votent, et entre deux élections, ils ferment leur gueule.

**** lire Howard Zinn, Désobéissance civile et démocratie

 

ce que révèle WikiLeaks de notre démocratie Lire la suite »

tactique Cohn-Bendit ou stratégie NKM ?

Nous ne croyons plus à l’autonomie de la question environnementale en politique, NKM* non plus. Plus précisément, l’évolution des menaces (pic pétrolier, réchauffement climatique, perte de biodiversité…) va dans le sens d’une prise en compte par tous les élus sans exception de cet enjeu. Bien sûr l’écologie comme problématique nouvelle était nécessairement minoritaire à ses débuts.  Bien peu avait lu ou compris le rapport du club de Rome en 1972. Le passage de certaines associations de protection de la nature à l’engagement politique s’est fait en France grâce à la candidature de René Dumont aux présidentielles de 1974 (1,3 % des suffrages exprimés), en corrélation avec le premier choc pétrolier et la question nucléaire. Mais depuis lors, l’idée écologique a fait son chemin tant dans les esprits qu’au niveau électoral. La sauvegarde des habitants de la planète rend désormais nécessaire le fait que les partis de gouvernement se saisissent de cet enjeu. Dès 2002, le mot d’ordre interne au Parti socialiste était de ne plus sous-traiter l’écologie. L’UMP au pouvoir a mis en place un Grenelle de l’environnement. L’écologie politique, de minorités externes aux deux partis de gouvernement, devient progressivement minorité interne. Comme l’exprime NKM, « La métamorphose doit venir de l’intérieur… Il m’importe plus de savoir si un parlementaire est motivé sur l’environnement que s’il vient du RPR ou du parti républicain. ».

Nous ne croyons pas qu’Europe-Ecologie ou les Verts, même regroupés, soient désormais d’une grande utilité, si ce n’est symbolique. Nous ne croyons pas que le Parti de Gauche de Mélenchon pourra porter très haut la question écologique. Nous ne croyons pas que Cap 21 de Corinne Lepage ait jamais pesé d’un grand poids. Nous ne croyons pas au Modem ou aux centristes. Nous pensons que si tous les écologistes sincères rejoignaient un parti de gouvernement, la cause écologique serait défendue beaucoup mieux qu’à l’heure actuelle. Nous laissons au flair de chacun de déterminer si les perspectives pour l’écologie politique sont meilleures à l’intérieur du PS ou de l’UMP !

* N.Kosciusko-Morizet, ministre de l’écologie : « J’ai sympathie et respect pour les personnes impliquées dans les partis écologistes, mais je ne crois pas à l’autonomie de la question environnementale en politique. Cela a été mon engagement à l’UMP. » (LeMonde du 28 novembre, L’image du Grenelle s’est brouillée)

tactique Cohn-Bendit ou stratégie NKM ? Lire la suite »

l’humaniste est-il écolo ?

Certaines méchantes langues traitent certains écologistes d’anti-humanistes. L’analyse ci-dessous montrent que c’est plutôt un humanisme étroit qui empêche d’être vraiment écologiste. L’humanisme qui consiste à tout ramener à l’homme – surtout occidental – instaure un anthropocentrisme aussi dévastateur pour le reste de la création qu’il est hégémonique. Quelques témoignages :

Claude Lévi-Strauss en 1955 : Tout abus commis aux dépens d’une espèce se traduit nécessairement, dans la philosophie indigène, par une diminution de l’espérance de vie des hommes eux-mêmes. Ce sont là des témoignages peut-être naïfs, mais combien efficaces d’un humanisme sagement conçu qui ne commence pas par soi-même mais fait à l’homme une place raisonnable dans la nature au lieu qu’il s’en institue le maître et la saccage sans même avoir égard aux besoins et aux intérêts les plus évidents de ceux qui viendront après lui (…) Un humanisme bien ordonné ne commence pas par soi-même, mais place le monde avant la vie, la vie avant l’homme, le respect des autres avant l’amour-propre  (Tristes tropiques)

Jean Baudrillard en 1973 : Pourquoi faut-il que la vocation de l’homme soit toujours de se distinguer de l’animal ? L’humanisme est une idée fixe qui nous vient, elle aussi, de l’économie politique – enfin, laissons cela -.  (Le miroir de la production)

Sale Kirkpatrick en 1995 : L’un des traits de l’industrialisme et de faire un usage intensif des trésors concentrés dans la nature et de ses organismes vivants, dénommés « ressources », sans égards pour la stabilité du monde qui les fournit. C’est un processus ratifié par des idéologies industrielles tels que l’humanisme, qui en donne le droit, le matérialisme, qui en donne l’explication, et le rationalisme, qui en donne la méthode. Ce que Carlyle voyait au XIXe siècle comme une économie « en guerre contre la nature » est devenu une guerre encore plus violente au XXe. (La révolte luddite, briseurs de machine à l’ère de l’industrialisation)

Catherine et Raphaël Larrère en 1997 : Une des caractéristiques du cadre conceptuel de la modernité fut de poser l’extériorité de l’homme à la nature. De ce grand partage, on a décliné les dimensions ontologiques (sujet # objet), scientifiques (sciences de la nature # sciences humaines) et morales (humanisme antinaturaliste) Or, c’est cette partition que les développements contemporains de la science remettent en question. La parenté de l’humanité avec toutes les autres espèces, que le darwinisme avance, permet de surmonter la scission entre le sujet et l’objet. La modernité n’est pas anthropocentrique (…) Remontant à la politique nazie de protection de la nature (la Naturschutz, antérieure à la venue des nazis au pouvoir, mais conservée par ceux-ci), Ferry assimilait dans un même  antihumanisme lourd de menaces fascistes la deep ecology, l’environnementalisme américain, Michel Serres et les thèses de Hans Jonas. Nous avons quelques raisons de penser que les écologistes ne représentent pas le véritable danger, alors que les menaces qu’ils dénoncent sont souvent réelles. La dénonciation de la deep ecology ou de l’écocentrisme demeure un rituel obligé qui ne nous paraît pas justifié. (Du bon usage de la nature, pour une philosophie de l’environnement)

Philippe Descola en 2005 : La subordination des non-humains aux décrets d’une humanité impériale est de plus en plus contestée par des théoriciens de la morale et du droit qui travaillent à l’avènement d’une éthique de l’environnement débarrassée des préjugés de l’humanisme kantien. Aux Etats-Unis, en Australie en Allemagne et dans les pays scandinaves a surgi une approche morale des devoirs de l’homme vis-à-vis de la collectivité du vivant et des droits que celle-ci pourrait posséder de façon intrinsèque (…) L’anthropologie est donc confrontée à un défi formidable : soit disparaître avec une forme épuisée d’humanisme, soit se métamorphoser en repensant son domaine de manière à inclure dans son objet bien plus que l’anthropos, toute cette collectivité d’existants liée à lui et reléguée dans une fonction d’entourage. (Par-delà nature et culture)

Robert Barbault en 2006 : Ce dont il s’agit n’est rien de moins que l’avènement d’un humanisme planétaire, lequel suppose une sorte de réconciliation entre l’homme et la nature. Oui, nous sommes entrés dans une nouvelle ère et l’appeler anthropocène doit nous inviter à prendre conscience des responsabilités que cela nous donne vis-à-vis des générations futures et des autres habitants de la Terre. (Un éléphant dans un jeu de quilles)

Baptiste Lanaspeze en 2007 : Le fait d’accorder une valeur en soi au monde naturel ou, en d’autres termes, de quitter l’ancien point de vue anthropocentrique pour adopter un point de vue « écocentrique », c’est ce qui caractérise pour le philosophe norvégien Arne Naess le passage à l’écologie profonde. Que l’on n’ait cessé de dénoncer une « rupture avec l’humanisme » là où il s’agit d’approfondissement des valeurs, voilà qui peut sembler étrange. Car ce dont il s’agit précisément pour Naess, c’est de réformer l’éthique et la métaphysique, pour permettre à l’homme de vivre une vie meilleure au sein de ce qui l’entoure (…) Assumer ce label de deep ecology, c’est rappeler à l’humanisme étroit qu’il a raison de ne pas aimer la deep ecology, car la deep ecology ne l’aime pas non plus. (L’écologie profonde n’est pas un « totalitarisme vert »)

Alain De Benoist en 2007 : Il ne serait cependant pas honnête de passer sous silence les impasses dans lesquelles l’écologie pourrait s’engager. Le biocentrisme égalitaire, où la vie d’un homme ne vaudrait finalement rien de plus que celle d’une vache ou d’un puceron reviendrait à passer d’un excès à l’autre. Il s’agit de rejeter d’un même mouvement l’humanisme héritier des Lumières, qui croit qu’on ne peut reconnaître à l’homme sa dignité qu’en l’arrachant au monde naturel, et l’idéologie de ceux qui oublient ce qui fonde en propre le phénomène humain. Reconnaître la spécificité humaine ne légitime pas plus la domination et la destruction de la Terre que la défense et la préservation de la nature n’impliquent la négation de ce qu’il y a d’unique dans l’espèce humaine. La conscience du rapport de co-appartenance interdit tout aussi bien de faire de la nature un objet intégralement dominé par l’homme que de faire de l’homme un objet intégralement agi par la biosphère. (Demain, la décroissance ! penser l’écologie jusqu’au bout)

Jacques Grinevald en 2007 : Eduqué dans mon enfance d’une manière très catholique, je me suis éloigné d’un certain humanisme soi-disant universel que je trouve à présent terriblement eurocentrique, et même excessivement anthropocentrique. Je me suis révolté intérieurement contre le fossé des deux cultures, l’humaniste et religieuse qu’on m’avait inculquée, et celle plus écologique et scientifique. Dans les années 1970, l’écologie (scientifique et politique) devenait une nouvelle perspective, aussi subversive que passionnante (…) L’arrogance de l’humanisme fait partie des racines culturelles et historiques de notre crise écologique. (La Biosphère de l’Anthropocène, repères transdisciplinaires)

Roger Ribotto en 2007 : L’anthropocentriste distingue si fort la nature de la culture que pour lui la spécificité de l’homme est d’être anti-nature. Anthropocentrisme égale humanisme….dans la mesure où humanisme égale anthropocentrisme. Tant que la nature n’aura pour nous d’autres raisons d’exister que son exploitation par l’homme, la crise  durera, s’amplifiera. Il faut donc rejeter l’anthropocentrisme pour une pensée plus moderne, mieux adaptée à notre temps : mettre l’homme à sa bonne place dans la nature. (L’écologie profonde)

Serge Latouche en 2007 : La décroissance, entendue comme philosophie fondatrice d’un projet de société autonomie, implique une rupture avec l’occidentalocentrisme. Ce n’est pas un hasard si la plupart des inspirateurs de la décroissance (Illich, Ellul, Claude Lévi-Strauss et bien d’autres), ont dénoncé l’humanisme occidental : toute tentative de formuler des postulats issus du code moral d’une seule culture réduit la possibilité d’appliquer à l’humanité dans son ensemble quelque déclaration des droits de l’homme que ce soit (…) C’est pourquoi le projet de la décroissance n’est pas un modèle clef-en-main, mais une source de diversité. Cela dit, ne nous méprenons pas. Cette conception n’est en aucun cas un antihumanisme. Peut-être pourrait-on parler d’un a-humanisme comme je parle d’a-croissance. (petit traité de la décroissance sereine)

Harald Welzer en 2009 : Les cultures occidentales tiennent très fort à l’Humanisme, à la Raison et au Droit, bien que ces trois régulations de l’action humaine aient historiquement succombé à chaque attaque, dès qu’elle fut un peu  rude. De fait la culture n’a de sens qu’en elle-même, en tant que technique pour accroître les chances de survie des groupes sociaux. La variante occidentale ne dure que depuis 250 ans seulement, et au cours de cette minuscule période il s’est trouvé plus de ressources détruites que pendant les 39 750 années précédentes. Or ces ressources ne sont pas perdues que pour le présent, mais aussi pour l’avenir. L’histoire de l’Occident libre, démocratique et éclairé écrit aussi sa  contre-histoire, faite de non-liberté, d’oppression et du contraire des Lumières. De cette dialectique, l’avenir des conséquences du climat montre que le rationalisme des Lumières ne pourra s’exempter. Il y connaîtra son échec. (Les guerres du climat)

Alain Papaux en 2010 : L’homme peut tout vouloir, les indisponibilités auxquelles il est confronté n’étant dues qu’à une limite passagère, à une connaissance-maîtrise momentanément insuffisante de la science. Le transhumanisme qui porte ce projet est bien un humanisme, un héritier de la vision moderne de l’homme et de la science. La nature humaine est devenue indistincte puisque commensurable aux artefacts, rendue disponible par la convergence NBIC (sciences dites nano-bio-informativo-cognitives). Même l’intériorité s’est technicisée. Toutefois la liberté des Modernes, libérée par disparition des limites, loin de nous accomplir, se prépare à nous engloutir. (l’illimité à l’indisponible in Crise écologique, crise des valeurs sous la direction de Dominique Bourg et Philippe Roch)

Anne Dalsuet en 2010 : Pour Arne Naess, une acception de l’humanisme, fort insuffisante, valorise l’homme en faisant de lui le seul sujet de droit. Selon le schéma kantien, il n’y a de valeur utilitaire, esthétique ou morale qu’en vertu de l’attribution d’un sujet, c’est pourquoi « sans les hommes, la création tout entière ne serait qu’un simple désert inutile et sans but final ». Seuls les hommes sont pour Kant sujets et dignes d’être considérés comme des valeurs ou des fins en soi.

Nous devons nous délivrer de cette conception dominatrice de l’homme ; les hommes ne construisent pas tout seuls leur monde. Il faut déconstruire l’idéologie parasite par laquelle les hommes légitiment leur comportement destructeur à l’encontre de la Terre. Rolston et Taylor ne limitent pas la sphère de la moralité à la stricte humanité. Dans la nature, il existe de nombreuses stratégies adaptatives : tous les êtres vivants animaux et végétaux, s’emploient à préserver leur existence et à se reproduire, en ayant recours à des stratagèmes qui sont autant de moyens mis au service de fins. (Philosophie et écologie)

l’humaniste est-il écolo ? Lire la suite »

L’humanitaire est-il écolo ?

Les « bons » sentiments se monnayent en oboles de toutes sortes. Cela nourrit des Organisations de Solidarité Internationale dont le nombre se compte par milliers. Les sommes investies dans ces placements aux retours incertains par milliards. Face à un moribond, disent les apôtres de l’ingérence humanitaire, on ne se pose pas de question, on soigne. Mais comment est-il possible de ne pas se poser de questions ? Car ce qu’on fait n’est jamais innocent. Karl Blanchet* travaille dans l’humanitaire et se pose des questions : « Sauver des vies aujourd’hui c’est tuer des vies demain. Que penser de tous ces avions humanitaires qui portent une assistance humanitaire en Haïti ? Les humanitaires essayant de porter assistance immédiatement même si l’empreinte écologique produite par les avions porte atteinte à la vie des générations futures. Les écologistes ne se focalisant que sur les années à venir et tentant de trouver des solutions appliquées aujourd’hui pour améliorer le futur. En un sens, humanitaires et écologistes auraient deux approches contradictoires  (…) Mais il devient évident que ces deux mondes vont se côtoyer de plus en plus afin de répondre aux tensions de plus en plus croissantes entre populations, tensions créées par les pressions mises sur nos ressources naturelles et nos conditions de vie. (lemonde.fr du 26.11) »

                Certains estiment de leur côté que l’humanitaire est une manière de ne pas résoudre le fond des problèmes :

          Croire aider les pauvres du Sud par avion et en 4×4, c’est croire au père Noël, c’est croire qu’on est le père Noël.

          Des centaines de millions de vie misérables, qui mettent en valeur l’admirable dévouement d’une mère Teresa, valent-elles mieux qu’un contrôle rationnel de la fécondité permettant de faire accéder au véritable statut d’homme et de femmes des êtres moins nombreux mais plus heureux ? (Georges Minois)

          Le néo-colonialisme, avec l’assistance technique et le don humanitaire, a fait sans doute beaucoup plus pour la déculturation que la colonisation brutale. (in Défaire le développement, Refaire le monde)

          Pour le volet social, on fait largement appel à un « samu mondial » dont les ONG humanitaires sont l’outil capital. Toutefois, si les « formes » changent considérablement, tout un imaginaire du développement reste bien en place. (Serge Latouche)

          La main qui reçoit l’aide est toujours en dessous de celle qui la donne.

          La décroissance des besoins au Nord est la meilleure des aides possibles pour le Sud.

*PS : LeMonde du 27 novembre résume assez maladroitement la position de Karl Blanchet : « Certains écologistes utilisent à outrance le terme génocide pour parler de la dégradation de la biosphère. »

L’humanitaire est-il écolo ? Lire la suite »

croissance, une idée de droite

Au XIXe siècle, la croissance économique était cyclique, une période de récession suivait l’expansion, crise de surproduction oblige ; les travailleurs étaient exploités, mal payés, alors que la mécanisation et l’utilisation de l’énergie fossile (charbon principalement) augmentait démesurément  la production. Après la Grande dépression de 1929, il fallait donc trouver une solution durable. Déjà Henry Ford avait commencé à lier aux USA production de masse et consommation de masse. Le travail à la chaîne faisait en sorte que le prix de la Ford T soit inférieur à celui d’un cheval à cause de l’augmentation de la productivité. Les ouvriers pouvaient espérer l’acheter grâce à une augmentation des salaires (5 dollars par jour). Le capitalisme mettait ainsi les travailleurs dans sa poche ! Le théoricien J.M.Keynes a complété en 1936 en donnant à l’Etat un rôle de soutien à l’activité des entrepreneurs : la politique de relance par soutien de l’offre et de la demande grâce à une politique monétaire et budgétaire laxiste. Il s’agissait de sauver le capitalisme libéral. La période des Trente Glorieuses (1945-1974) en est la résultante. La crise financière actuelle de surendettement des ménages et des Etats aussi. Il faut ajouter l’exploitation forcenée des ressources de la planète, d’où tous les problème écologiques émergents (réchauffement climatique, épuisement des ressources…).

                Aujourd’hui le Parti socialiste épouse encore les thèses de la droite, mais les choses évoluent (trop lentement). Dans sa première convention sur un nouveau modèle de développement économique, social et écologique, il faudrait lire : croissance du nécessaire à l’exclusion du superflu qui dilapide les ressources, produit du gaz à effet de serre et décuple les déchets. Ce n’est pas encore la lecture que font tous les militants socialistes. Ainsi dans la convention égalité réelle qui est discutée en ce moment dans les fédérations, le mot « croissance » est encore mis en évidence. Pour que la gauche socialiste ne tienne pas le même discours que la droite croissanciste, il faudrait donc supprimer :

– Dans l’introduction, 2) de nouvelles marges de manœuvre  : « La croissance entraînera aussi une hausse des recettes fiscales ».

– Au II, A, 1), à la fin du  3ème paragraphe : « C’est dans cette voie d’une croissance équilibrée…gains de productivité ».

                Cette bataille d’amendements est loin d’être gagné, l’idée de croissance intoxique encore les esprits, de droite comme de gauche.

croissance, une idée de droite Lire la suite »

climat, agir ou s’adapter ?

La France a choisi, il n’y aura pas de taxe  carbone, la bagnole est chouchoutée et l’écologie, ça commence à bien faire. Cancun sera un échec, comme Copenhague, et les températures vont continuer à monter. Alors la ministre du développement durable, Nathalie Kosciusko-Morizet, a choisi l’adaptation au changement climatique*. Il est vrai que dans son livre, Tu viens ?, nous trouvions déjà NKM assez défaitiste : « Une société bien équilibrée devrait pouvoir partager des rêves qui disent à la fois le passé et l’avenir. Nous en sommes loin, nous ne parvenons qu’à échanger quelques cauchemars (…) Le prophète écologiste est un prophète à qui son public fait défaut ; on en oublie trop vite la folie de tous ceux aux oreilles desquels le tocsin sonne depuis des années sans qu’ils aient rien changé de leurs habitudes (…) Chaque fois que nous avons lâché nos lièvres dans l’Assemblée, nous nous sommes heurtés à un lobby. »

                Le Plan national d’adaptation au changement climatique, sans moyens financiers suffisants, tient de l’incantation. De toute façon, à quoi sert d’élever quelques digues pour protéger quelques routes, la mer qui monte a toujours raison. NKM aurait mieux fait d’agir contre les émissions de gaz à effet de serre. NKM en définissait d’ailleurs la stratégie dans son livre : « La crise que nous traversons doit nous servir de leçon. Elle dit la faillite d’un modèle de développement : celui de l’augmentation indéfinie de la quantité produite et consommée (…) Nous avons un gros échec à digérer, celui de notre mode de vie. Nous devons nous résoudre à avaler la nécessité d’un changement profond de nos modes de production et de consommation (…) Je crois à la sobriété. C’est une vertu ancienne, dont le caractère peut paraître suranné, mais qui sera l’un des traits de notre avenir. C’est exactement cela que nous recherchons aujourd’hui lorsque nous privilégions le naturel, après des années de culte de l’artifice, lorsque nous voulons réduire les distances et permettre à nos vies comme à nos activités de fréquenter des échelles réduites, celles du local. »

                Nous  conseillons à Nathalie Kosciusko-Morizet de se relire, et à faire preuve de courage politique…

* LeMonde du 25 novembre 2010, la France face aux impact du réchauffement

climat, agir ou s’adapter ? Lire la suite »

pic pétrolier, le commencement de la fin

Dormez, braves gens, la fin de votre monde est proche, le pic pétrolier s’est produit en 2006. Matthieu Auzanneau avait presque soulevé la tempête dans son blog* : « Près de 30 % de la production des puits aujourd’hui en activité aura disparu dans 10 ans, passant de 68 à 48 millions de barils par jour (mb/j) en 2020. Et dans une génération, en 2035, les champs de pétrole actuellement exploités ne fourniront plus que 17 mb/j, soit moins d’un cinquième de la demande future, d’après le graphe reproduit ci-dessous, issu du rapport annuel que vient de rendre public l’Agence internationale de l’énergie (AIE)… La production de pétrole conventionnel a atteint son « pic historique » en 2006, elle ne le redépassera « jamais »…Hervé Kempf en rajoute une louche sous le titre Le pic pétrolier s’est produit en 2006**.

On disait autrefois, en 1973, « il reste 40 ans de pétrole » et en 2010 « il reste encore 40 ans de pétrole ». On en tirait la conclusion que les hypothèses alarmistes n’étaient pas fiables. Mais la notion de pic pétrolier est plus précise, c’est le moment où la production de pétrole commence inéluctablement à décroître. Le diagnostic de Bernard Durand***, spécialistes de géologie et géochimie pétrolière, paraît imparable : « La moitié des réserves initiales réactualisées des gisements actuellement en productions ayant été consommée en 2008, la production commencerait déjà à décliner si un petit répit n’était apporté par les réserves de gisements découverts ces dernières années ce qui permet de repousser le pic de production à 2010. Le progrès technologique ne permet pas d’augmenter sensiblement les réserves, mais seulement pendant quelque temps les vitesses de production. »

                Alors, 2006 ou 2010 ? Peu importe les détails, c’est en ce moment. D’année en année, la demande va donc devenir plus forte que l’offre, le prix du baril va exploser, et le prix de l’essence itou. Un nouveau choc pétrolier approche à grands pas, qu’on pourrait nommer la crise ultime. Peak oil, commencement de la fin du pétrole, commencement de la fin de la civilisation thermo-industrielle. Concluons avec Hervé Kempf : « Mais cela impliquerait de… changer de politique… maintenant. Ah, horreur ! »

* http://petrole.blog.lemonde.fr/2010/11/18/tout-va-bien-le-peak-oil-est-atteint-dit-lagence-internationale-de-lenergie/

** LeMonde du 24 novembre 2010

*** La crise pétrolière (analyse des mesures d’urgence) de Bernard Durand (EDP sciences, 2009)

pic pétrolier, le commencement de la fin Lire la suite »

placer son argent pollue, respirer aussi !

LeMonde nous culpabilise, même LeMonde économie fait de l’écologie en première page : « Diminuez l’empreinte carbone de votre épargne » ! La plupart des banques ne s’estimaient pas concernées par le réchauffement climatique, sinon via leurs faibles émissions directes. Mais l’argent placé dans les banques sert à financer des activités diverses qui, elles, sont plus ou moins émettrices de carbone. Salauds de pauvres avec leur livret A… Il faut arrêter de fumer, de se laver, d’utiliser du savon, de laver notre linge, de travailler, d’épargner etc. pour éviter d’avoir une empreinte carbone ! Et aussi de vivre ? Plus de problèmes pour les retraites, la sécurité sociale… Arrêter cette dictature !

Mais transposons, car l’argent des banques, c’est aussi l’argent des ménages. La plupart des individus ne s’estiment pas concernés par le réchauffement climatique. Mais leurs consommations finance des activités diverses qui sont plus ou moins émettrices de carbone. Un commentateur illustre la chose sur lemonde.fr : « Le CO2 se planque partout… y compris dans l’énergie nécessaire à écrire et afficher ce post, la construction de nos écrans, le chauffage des ingénieurs qui les ont conçus… » Un autre ajoute : « Je ne fume pas, je récupère l’eau de pluie (WC), je me douche tous les jours mais j’utilise du savon une seule fois par semaine, mon lave-linge est alimenté par mon chauffe eau solaire, je vais à pied à mon travail, je place mon argent en investissant dans des biens durables et propres, je compte sur une retraite à l’âge où je ne pourrai PLUS travailler, je compte sur la sécu pour ce qui DÉPASSE mes moyens. Ce sont des choix, pas une dictature. »

En guise de conclusion, un autre commentateur nous explique : « J’ai hésité entre placer de l’argent à la banque ou dans mes idées, en fin de compte j’ai mis 20 k€ d’économie dans les banques et autant en capteurs solaires sur mon toit. Les euros de la banque ont fondu avec la crise financière et j’apprends à présent qu’ils ont pollué. Les 20 k€ de capteurs se sont révélés être un meilleur placement que la banque et en plus baisse la pollution. Mieux vaut utiliser son intelligence que la déléguer aux banques ! Une voiture propre, une pompe à chaleur, etc. » Sauf qu’une voiture propre, ça n’existe pas, toute source de chaleur utilisé par l’homme émet du CO2, etc…

* LeMonde, supplément économie du 23 novembre 2010

placer son argent pollue, respirer aussi ! Lire la suite »

L’ultra-gauche se convertit à l’écologie

Le Parti de gauche tenait congrès le WE dernier. A 13h07, dimanche, le point de vue était clairement écolo : « La bataille sociale est ordonnée par la bataille écologique car sans écosystème, il ne peut même plus être question d’intérêt général. » Peut-on alors douter du mélenchonisme écologique ? NON si on en croit ces propos* :

          Le lien est désormais manifeste entre la nature capitaliste du mode actuel de développement et la gravité de la crise écologique.

          Dès ses premiers pas, le PdG a affirmé sa volonté de rompre avec le productivisme. Nous avons donc entrepris notre bifurcation idéologique.

          On ne peut changer radicalement la société sans penser l’humanité dans son écosystème. Cela légitime la contrainte légale au nom de la maintenance vitale de l’écosystème.

          La planification écologique permet de retrouver le temps long de la planète.

          Je suis favorable à une décontamination publicitaire de l’espace public. Les mouvements antipub, injustement criminalisés, contribuent à défendre l’intérêt général. L’idée même de publicité doit être interrogée. Comment ne pas voir sa place centrale dans la production méthodique des frustrations qui sont à la base de l’extension du productivisme ?

          La relocalisation de la production sera un levier à long terme pour limiter le routier au strict nécessaire.

          Notre parti est favorable à une sortie maîtrisée du nucléaire.

          Le PdG défend un moratoire sur la mise en culture des OGM, leur commercialisation et donc aussi leur importation.

Mais certaines affirmations de Mélenchon  nous rendent sceptiques :

          La solution de nos problèmes est dans le renouvellement des techniques. Je ne crois pas qu’on pourra complètement se passer de l’automobile. Est-ce le même débat si elles prennent leur énergie dans les piles à combustible ?

          La perspective d’une transition vers un autre modèle compatible avec la préservation de la biosphère offre une alternative stimulante pour la recherche et l’industrie.

          De nombreux camarades pensent que l’accès aux OGM n’est ni pervers, ni mauvais en soi. C’est mon devoir de mentionner leur avis.

L’essentiel demeure. Le souhait de René Dumont d’écologiser les politiques semble enfin se réaliser…

* La Décroissance, avril 2009, Une écologie républicaine

L’ultra-gauche se convertit à l’écologie Lire la suite »

Mélenchon, son congrès et l’écologie

Mélenchon est aussi écolo que Sarko : un jour il n’y connaît rien, le lendemain, c’est le premier des écolos. Le parti de gauche tient son congrès au Mans du 19 au 23 novembre 2010. Revenons quelques années en arrière, du temps où Mélenchon était socialiste. Pour le Congrès socialiste du Mans en 2005, la contribution générale de Mélenchon sur le problème de l’énergie était absolument vide. Pourtant Hollande prévoyait alors la fin du pétrole au milieu de notre siècle, et Montebourg prédisait que « le phénomène de pic pétrolier est susceptible d’intervenir d’ici 2015 ». C’est à cela qu’on reconnaît un populiste, enfourcher le thème porteur même si par ailleurs on s’assoit dessus. Dans le numéro d’avril 2009 de La Décroissance, on découvre la très longue interview accordée par Jean-Luc Mélenchon, l’ultra-productiviste candidat du Front de gauche aux prochaines européennes dans le Sud-Ouest ! Il s’agit seulement de contrer l’étoile montante Cohn-Bendit. Lors de la convention du Parti de gauche (PG), qui se réunissait en décembre 2009, Mélenchon devait annoncer que le nom du parti comporterait dorénavant un sous titre Ecologie – Socialisme – République. Plus question d’apparaître comme la « vieille gauche », le PG est moderne et donc écolo.

LeMonde titre sur deux pages: «  Le Parti de gauche : populaire ou populiste ? »* Huchon ne mâche pas ses mots : « Le langage de Mélenchon est proche de celui de l’extrême droite, mais c’est plus grave que Le Pen ! Il incarne le populisme d’extrême gauche. » Cohn-Bendit l’accuse de « labourer les terres du FN ». Mamère s’exclame : « Le contenu de son discours fait la part belle à une démagogie, au sens premier du terme et qui, sur certains sujets, devient insupportable. »

En fait le livre de Mélenchon, « Qu’ils s’en aillent tous » est clair : seul Mélenchon doit rester. Nous avons vraiment besoin en France d’un Jaurès de l’écologie. Il ne semble pas que Mélenchon puisse s’attribuer  ce statut car il ne rassemble par ses outrances que les déçus de tous bords… Dommage !

* LeMonde du 20 novembre 2010

Mélenchon, son congrès et l’écologie Lire la suite »

totalitarisme sarkozien et écologie

Une définition simple du totalitarisme consiste à constater que tous les pouvoirs sont concentrés aux mains d’une seule personne. Hitler et Staline en sont les modèles, mais Sarkozy en reproduit les caractéristiques. L’indépendance de la justice n’existe plus. Sarkozy projette la suppression des juges d’instruction pour en confier toutes les enquêtes aux procureurs : ceux-ci sont liés au pouvoir, car nommés sur décret du chef d’Etat et soumis hiérarchiquement au ministère de la justice. Le ministre de l’intérieur de Sarkozy fait tout pour bloquer des enquêtes*. La télévision publique est dirigée par un pion nommé par Sarkozy, les journalistes sont choisis pour leur docilité, etc. Notons aussi qu’un système totalitaire ne tient que par la soumission volontaire des « collaborateurs », Premier ministre compris. Prenons l’exemple de Patrick Devedjian qui se plaint amèrement des manipulations d’une élection par le clan Sarkozy. Le président de la république Sarkozy fait même directement pression par téléphone sur un député, envoie ces hommes de main (les Balkany)… Tout le monde s’exécute, Devedjian est évincé. Cela n’empêche pas Devedjian de terminer son interview par cette assertion significative : « Nicolas Sarkozy est notre meilleur candidat pour 2012**. Le chien flatte le maître qui l’exploite
Que devient la cause écologique dans un système totalitaire ? Le grand chef peut se permettre de dire une chose et son contraire, il n’y a plus de politique structurelle possible, il n’y a plus d’avenir durable :
Sarkozy en octobre 2007 : « C’est bien à une révolution que nous invite ce Grenelle de l’environnement, une révolution dans nos façons de penser, dans nos façons de décider, une révolution dan nos comportements, dans nos politiques, dans nos objectifs. »

Sarkozy en mars 2010 : « Je voudrais dire un mot de toutes ces questions d’environnement, parce que là aussi ça commence à bien faire. Je crois à une agriculture durable. […] Mais il faut que nous changions notre méthode de mise en œuvre des mesures environnementales en agriculture. »
En définitive, le succès absolu d’un système totalitaire, c’est quand le fils succède au père, comme en Corée du Nord. Sarkozy ne voit qu’un seul être digne de lui succéder, son fils Jean…
* LeMonde du 20 novembre 2010 : Violation du secret des sources du Monde ; la place Beauvau bloque l’enquête.
** LeMonde du 20 novembre 2010 : Devedjian raconte sa défaite dans les hauts-de Seine. D’après les propos de l’ex-ministre de la relance, le président de la République a fait pression sur les élus.

totalitarisme sarkozien et écologie Lire la suite »

pourquoi Le Monde ne peut dire la vérité

Pourquoi LeMonde ne peut-il dire la vérité ? Parce qu’il est tenu par ses sponsors, c’est-à-dire les firmes qui vivent du pétrole bon marché. Son numéro du 19 novembre en est l’illustration : demi-page de pub pour les voitures Peugeot (p.7), 1/3 de page pour l’Alfa Giulietta (p.13), 1/3 de page pour Air France (p.15), page entière de pub pour Total (p.18), un article de Jean-Michel Normand pour la Renault haut de gamme (p. 24). Notre grand quotidien « de référence » est voué au gaspillage du pétrole !

                A l’heure où le pic pétrolier rend pessimiste le Pentagone, à l’heure où l’Agence Internationale de l’énergie dit que le peak oil est atteint (voir  http://petrole.blog.lemonde.fr/), rien dans les médias pour prévoir la fin de la civilisation thermo-industrielle et nous préparer à cette sombre perspective. Pourtant nous devrions exprimer déjà beaucoup de volontarisme politique et d’engagement citoyen. Mais tant que la manne publicitaire fera vivre nos journaux d’information, rien ne pourra s’afficher qui fasse vraiment réfléchir. La publicité émettrice de carbone sera reine. Dommage, car nos lendemains seront guerriers et la dernière goutte de pétrole ira dans le réservoir d’un tank !

pourquoi Le Monde ne peut dire la vérité Lire la suite »