anti-immigré ou xénophobe ?

Devant une atteinte à son identité, réelle ou ressentie comme telle, un groupe humain peut devenir très méchant. Ainsi la montée de l’extrême droite en Europe* dont le discours principal est le rejet des immigrés. Comme les problèmes économiques et écologiques structurels ne peuvent que rendre de plus en plus aiguë la question migratoire, une réflexion approfondie s’impose. Selon notre point de vue, il nous faut distinguer entre discours anti-immigré et discours xénophobes ou racistes. Il est anormal de tenir un discours stigmatisant les Roms, les islamistes ou n’importe quel autre groupe ethnique : Blancs et Noirs, athées ou confits en dévotion, ici ou ailleurs, nous sommes tous frères et sœurs, la  génétique nous l’a appris indiscutablement. Un parti d’extrême droite ou un président de la République qui ferait des distinctions entre les personnes est condamnable car nous sommes tous égaux.

Quant aux immigrés, Gordon Brown disait en 2007 : « British Jobs for British Workers. »  Aujourd’hui Merkel et Sarkozy cherchent chacun de son côté à faire partir des immigrés clandestins, l’Allemagne ferme ses frontières aux habitants du Kosovo**. La planète est devenue un monde dont nous avons historiquement transgressé toutes les frontières, nous sommes dorénavant enfermés dans un monde fini et appauvri au niveau de ses ressources naturelles. Les grandes migrations entre pays ou à l’intérieur d’un pays, c’est terminé, définitivement terminé. Le droit de se déplacer selon son choix empiète sur les capacités de la Biosphère, les humains ne peuvent continuer à cohabiter de façon apaisée avec des migrations de masse, y compris touristiques. Le partage de l’espace va devenir un problème crucial et malheureusement chaque groupe national ou local devra d’abord compter sur ses propres forces.

Un point de vue démographique s’ajoute à ce contexte, le phénomène de cocotte-minute. Dans le cadre de liberté des flux migratoires, l’excédent d’êtres humains ne trouvant pas de travail dans le pays d’origine peut partir pour en trouver dans les pays d’accueil. En conséquence une permissivité totale est laissée au taux de fécondité du pays puisque le surplus démographique peut s’échapper. En revanche la fermeture des frontières empêche la cocotte-minute de jouer son rôle, ce qui pousse les autorités publiques à prendre des mesures conséquentes – à être responsable démographiquement -, d’où par exemple la politique de l’enfant unique en Chine.

*LeMonde du 23 septembre, l’extrême droite « faiseuse de rois » en Europe

**LeMonde du 23 septembre, l’Allemagne veut obtenir le départ de près de 13 000 réfugiés kosovars

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le vélo, plus rapide qu’une auto

Selon Grégoire Alix*, le vélo est plus rapide que la voiture en ville pour les trajets jusqu’à 5 km. Il aurait du ajouter que si on calcule sa vitesse généralisée, le vélo est pratiquement toujours plus rapide que la voiture.

L’automobiliste calcule superficiellement sa vitesse de déplacement en ne prenant en compte que la distance parcourue et le temps qu’il est resté au volant, soit un certain nombre de kilomètre par heure de conduite. Il pense donc que sa voiture est un mode de transport rapide et efficace. Mais pour avoir le droit de s’installer au volant, il lui a fallu consacrer un grand nombre d’heures de travail pour amortir l’achat de son véhicule et payer tous les frais inhérents à son fonctionnement (plein d’essence, réparations …). Si on divise le nombre moyen de kilomètre parcouru dans l’année par la durée réelle qui permet de couvrir le coût total (les heures de travail qui s’ajoutent au temps de déplacement), on obtient la vitesse généralisée, et non l’apparence de la performance. Un tel calcul qui met en relation le salaire horaire d’une personne et le modèle de véhicule qu’elle utilise permet de montrer que la voiture va moins vite qu’une bicyclette. Si l’absurdité de la condition d’automobiliste n’apparaît pas aux yeux de la classe globale, c’est qu’on valorise le sentiment de vitesse sans faire de lien avec le temps de travail nécessaire pour jouir de sa voiture.

De plus la possession d’une voiture entraîne l’éloignement croissant entre les lieux de travail et les lieux de vie, ce qui entraîne l’allongement des distances ; un cercle vicieux s’installe, on travaille en ville et on vit à la campagne, on fait ses courses au loin, les nécessités de la vie familiale et sociale multiplient les déplacements, il faut donc une (ou plusieurs) voiture. Bien plus, il faudrait ajouter à ces coûts personnellement assumés l’épuisement des ressources non renouvelables qui n’est pas encore comptabilisé dans le prix du pétrole et l’augmentation de l’effet de serre qui va pénaliser les générations futures. Que ce soit en argent, en énergie physique, en usure de matériaux, en risques et dégâts écologiques, le coût des incréments de vitesse croissent plus rapidement que la vitesse elle-même.

C’était « Nos commentaires biosphèriques » à propos du Monde

*article de Grégoire Alix, la mobilité sans voiture, une révolution au ralenti (22 septembre 2010)

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philosophie de la Nature selon Michel Onfray

La nature a disparu de la ligne de mire philosophique : Comment oser dire que les paysages ne se limitent plus au béton, au bitume et à l’asphalte ? Que la mer n’est pas seulement une occasion de plage pour cultiver les mélanomes ? Et ce sans se faire regarder de travers et suspecter de réactiver les thèses d’extrême droite. Ajoutons à cela le réflexe bien français de criminaliser toute référence à la nature comme un tropisme qui sent bon son pétainisme. C’est le point de vue de Michel Onfray*.

                Il est vrai que les jeunes citadins, n’ayant connu que le béton urbain et les pollutions sensorielles, se retrouvent coupés de la nature, ignorant ses rythmes, coupés des forces qui nous déterminent. Mais les philosophes, ceux qui savent prendre du recul et cultiver la sagesse ? Michel Onfray veut ignorer toute l’évolution  de la philosophie qui commence à poser les bas d’une éthique de la terre. Michel Onfray n’a pas encore fait la connaissance d’Aldo Leopold, Arne Naess ou John Baird Callicott, il n’a pas encore compris que nous ne vivons pas la disparition de la nature, mais l’aube d’une nouvelle ère, d’une recomposition de notre conception de la nature et de nos rapports avec elle. L’anthropocentrisme de la philosophie ordinaire doit s’effacer pour donner à la nature et à ses composantes une valeur intrinsèque. C’est le grand enseignement de l’écologie scientifique – science des interrelations des êtres vivants entre eux et avec leur milieu – que de nous apprendre à voir et à ressentir que, depuis la bactérie jusqu’à la faune charismatique (l’ours blanc ou l’éléphant), nous appartenons à la communauté des vivants. Sans compter que procédant d’une même origine, tous les êtres vivants sont parents.

Pour l’éthique de la terre, nous faisons partie du paysage. C’est la conscience de cette réalité qui rend légitime, et fondé en raison, le projet philosophique d’une extension de l’éthique au-delà de la communauté humaine. Mais c’est aussi un vrai bouleversement, une rupture. L’éthique de la terre est un remaniement intime de nos loyautés, de nos affections, de nos centres d’intérêt et de nos convictions intellectuelles. Et chaque modification significative de la notion de nature emporte avec elle une modification du projet humain, dessine de nouveaux contours à la civilisation. Les civilisations se construisent aussi avec des idées. Callicott, bon connaisseur de Platon, ne cache pas que l’éthique de la terre constitue quelque chose  comme une renaissance de la philosophie.

 

*LeMonde du 29-30 septembre 2010, « Lire la nature » de Michel Onfray

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la science n’aime pas l’Académie des sciences

 

La science déteste le secret car elle aime partager. L’Académie des sciences cultive le secret, la science n’aime pas l’Académie des sciences. C’est à la
demande de plus de 600 chercheurs en sciences du climat, avec l’aval de Valérie Pécresse, que démarre un débat sur les affirmations médiatiques de Claude Allègre et compères :  « Nous, scientifiques du climat, attachés au devoir de rigueur scientifique, interpellons les structures référentes de la recherche scientifique française, face aux accusations mensongères lancées à l’encontre de notre communauté. » D’un côté des climato-sceptiques  peuvent s’exprimer ouvertement sans contradiction possible, de l’autre côté une « Académie » veut juger de leurs affirmations à huis-clos.

En fait cette Académie ne s’intéresse pas à la science mais à la politique (économique). Prenons l’exemple de son rapport de 2004 sur les nanotechnologies : « Ce monde est porteur d’une évolution industrielle majeure, celle des nanotechnologies, qui permet d’organiser la matière à l’échelle de l’atome. Les implications sont considérables dans tous les secteurs. Quelques réalisations existent déjà, d’autres restent encore aujourd’hui du domaine du rêve, mais qui se matérialisera bien vite. Ce rapport présente les applications actuelles, il présente également des recommandations visant à faire en sorte que la recherche française défende son rang au plan international. » L’Académie dite des sciences valorise les applications de la science, pas la science elle-même.

Les véritables scientifiques font uniquement de la recherche, pas du développement ; sinon ils se mettent au service de l’industrialisation et de ses excès. Il est d’ailleurs significatif qu’en matière de réchauffement climatique (qui remet en question la boulimie de nos activités thermiques en énergie fossile), le silence de l’Académie des sciences est jusqu’à présent impressionnant. En avril 2010 son président, Jean Salençon, ne désavouait personne : « Je ne peux pas répondre à la question de l’implication de l’homme dans le réchauffement climatique. L’Académie, ce sont 250 chercheurs chevronnés, avec des positions discordantes sur ce sujet. Il n’est pas question de vote ou de position unique. D’ailleurs, s’y expriment Vincent Courtillot ou Jean-Louis le Mouël, qui partagent le point de vue de Claude Allègre. »

Si l’Académie (franco-française) des Sciences ne se sent pas capable d’émettre un avis consensuel permettant de départager les points de vue, pourquoi avoir demandé à cette institution de trancher la controverse ? Nous ne pouvons qu’inviter à relire la Déclaration commune des Académies des sciences pour le Sommet du G8 de juillet 2009 qui recommande la réduction des impacts anthropogéniques sur le changement climatique.L’éditorial du Monde (19-20 septembre) est assez cinglant et en rappelle à l’essentiel, le fonctionnement démocratique de nos sociétés : « Rompant avec la méthode scientifique, qui préfère l’ouverture et la transparence, l’Académie a choisi d’organiser une rencontre dans l’opacité et le secret. »

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l’impossible enrichissement de tous

LeMonde met en épingle des événements ponctuels comme les Roms de Sarko, quelques enlèvements au Niger ou un succès de la thérapie génique car les gens n’aiment pas lire les choses qui fâchent, le pic pétrolier, le réchauffement climatique, la 6e extinction des espèces… Aussi, quand il s’agit de sujets plus structurels comme la pauvreté dans le monde, on  rassure, on compte sur la croissance pour l’éradiquer (Robert Zoelick) ou sur l’enrichissement (Bjorn Lomborg). Aujourd’hui LeMonde* complète par une étude du groupe Allianz qui constate l’émergence d’une classe moyenne mondiale définie comme les personnes « disposant d’actifs financiers compris entre 5300 euros et 31600 euros ». Cette classe globale atteindrait 565 millions de personnes aujourd’hui contre 200 millions en l’an 2000.

                Le capitalisme libéral (Allianz) cherche ainsi à détourner l’attention du public de la montée des inégalités en laissant croire que tout le monde peut s’enrichir. Non seulement c’est une illusion, il n’y a pauvreté que parce qu’il y a des riches, mais c’est aussi un cercle vicieux. Hervé Kempf montre bien dans son livre « Comment les riches détruisent la planète » que la destruction de la planète est entraînée par l’existence d’une classe moyenne mondiale. Nous pouvons mieux désigner cette catégorie prédatrice par une expression symbolique, celle de classe globale. Non seulement cette classe globale dilapide les ressources de la planète, mais la tendance des catégories moins favorisée à vouloir imiter ce genre de vie entraîne un consumérisme généralisé. Comment faire en sorte que cette nouvelle Nomenklatura soit prête à changer de mode de vie et à ne plus accumuler des capitaux ? Difficile.

L’efficacité de l’analyse marxiste, c’était sa simplicité : il y avait deux classes en lutte, donc un adversaire bien délimité, une conscience de classe objectivée et un projet de transformation de d’appropriation du capital. A l’heure actuelle la classe globale n’a pas d’adversaire qui puisse lui imposer le changement et elle vit avec délice un sentiment d’abondance. Les peuples vernaculaires sont écrasés, ou ne veulent qu’une chose, accéder à leur tour à la classe globale ! Il faudrait  que cette classe globale (qui comprend aussi les ouvriers des pays les plus développés) prenne conscience des conséquences de son propre comportement sur la planète. Mais les gens n’aiment pas envisager les choses qui dérangent…

                Deux faits peuvent cependant faire bouger les mentalités. D’abord, l’usage de la pédagogie de la catastrophe, sachant que c’est plutôt la catastrophe qui nous servira de pédagogie. Les soubresauts de la biosphère rappellent de plus en plus fréquemment aux humains qu’ils sont dépendants de ses services. Il n’y a plus seulement le facteur travail et le facteur capital à considérer, il y a aussi le facteur Terre. Ensuite le quatrième pouvoir, celui des médias, sera essentiel. Il est symptomatique que chaque journal télévisé ou presque ait sa rubrique environnementale. Il est symptomatique que le journal LeMonde ait créé la rubrique « environnement et science » cantonnée dans les dernières pages. Maintenant il s’agit de la rubrique « Planète », mis en évidence page 4 et servant aussi de nomenclature pour les blogs.

*LeMonde du 18 septembre, La classe moyenne a triplé en dix ans (Une étude montre la dynamique de l’enrichissement à l’œuvre dans les pays les plus pauvres)

PS : un autre article du Monde est à mettre en contradiction avec l’idée d’enrichissement : « La pauvreté augmente aux Etats-Unis, notamment chez les Noirs et les Hispaniques ».

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la croissance n’éradiquera pas la pauvreté

Quand nous avons terminé la lecture du point de vue de Robert Zoellick*, président de la Banque mondiale, nous avons eu l’impression d’avoir traversé le vide sidéral. Ce type qui gère des milliards de dollars se contente d’ânonner des fondamentaux débiles, investissements (terme qui revient à chaque paragraphe), opportunités, productivité, yaqua, fauquon. Il ne se rappelle même plus son premier rapport de 2007 désignant l’agriculture comme « outil fondamental ». Il fait seulement référence au rapport de 2008 concluant que « la croissance est indispensable pour faire reculer la pauvreté ». Zoellick croit encore que « Le potentiel de croissance n’est pas limité à quelques marchés émergents. » Malgré la toxicité avérée de la potion, on continue de plus belle à vouloir l’administrer : toute croissance durable dans un monde fini est impossible. Pourtant la chute de Lehmann Brother avait mise en lumière le fait que l’orthodoxie dominante est mauvaise gestionnaire. Pourtant les crises écologiques qui  se profilent, à commencer par la désertification des sols, vont déconsidérer le système actuel de production.

Zoellick se trompe, on ne peut éradiquer la pauvreté par l’investissement institutionnalisé et la croyance en la croissance. La place considérable accordée à cette croyance dans un quotidien de référence comme LeMonde va nous porter gravement préjudice car cela nous empêche de considérer l’essentiel. La croissance ne se « transfert » pas, dans un monde fini les « différentiels de croissance » résultent d’une guerre économique : le jeu est à somme nulle. La recherche de productivité en agriculture entraîne une détérioration des sols : l’agroécologie sera notre avenir. C’est la juste répartition des richesses produites qui éradiquera la pauvreté, les pays riches comme les riches de tous les pays doivent réduire fortement leur niveau de vie et apprendre à partager ; sans riches, il n’y a plus de pauvres. La concurrence et la compétition doivent être remplacés par l’aide à l’autonomie, l’aide à la constitution de territoires autogérés assurant leur souveraineté alimentaire. Nous vivrons bientôt le retour des paysans, nous serons un jour agriculteur ou artisan.

Allez, hop, monsieur Zoellick, 6 mois dans les rizières, pour apprendre à traiter de notre avenir…

*
LeMonde du 17 septembre, « C’est la croissance qui éradiquera la pauvreté »

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ne pas confondre désobéisseur et désobéissant !

 « La démocratie en dissidences » titre LeMonde des livres du 17 septembre. Très bien, comme titre. Parfait, une page entière consacrée aux politiques de la désobéissance.  Mais la théorie désobéissante n’a pas commencé en 1846 avec le pamphlet de H.D.Thoreau. Mais la désobéissance civile n’a pas commencé en 1963 avec l’appel des 121 pour le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie. Mais insister sur la démocratie délibérative, c’est dévaluer la thématique de la lutte contre l’injustice aujourd’hui.

                Bien avant le refus de Thoreau de payer ses impôts à un gouvernement en guerre, le refus du service armé, ainsi que du serment à l’empereur a constitué la position officielle de l’Eglise jusqu’en 314, date du Synode d’Arles. Les sectes issues de la réforme (par exemple les Anabaptistes) continueront à prêcher dès le XVe siècle l’observation à la lettre des prescriptions du Nouveau Testament concernant le refus des serments et de devoir de ne pas résister au mal. Toutes les désobéissances non-violentes découlent de cette prise de position, à l’origine religieuse.

L’appel des 121 est dans la stricte continuité du texte d’Etienne de La Boétie sur la servitude volontaire, publié pour la première fois en 1576 : « Comment il peut se faire que tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations endurent quelquefois un tyran seul, qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent, qui n’a de pouvoir de leur nuire sinon tant qu’ils ont vouloir de l’endurer, qui ne saurait leur faire mal aucun sinon lorsqu’ils aiment mieux le souffrir que le contredire (…) Plus ils pillent, plus ils exigent, plus ils ruinent et détruisent, plus on leur donne, plus on les sert, de tant plus ils se fortifient  et deviennent toujours plus forts. Si on ne leur donne rien, si on ne leur obéit point, ils demeurent nus et défaits, et ne sont rien. »

En effet, la cause profonde des conduites les plus injustes ou les plus cruelles est moins le sadisme de quelques individus que la soumission collective à l’autorité. Or notre société tout entière est basée sur une organisation injuste et cruelle, que ce soit la militarisation de la société, l’exploitation des travailleurs dans les entreprises, le pillage des ressources de la biosphère, etc. L’insurrection des consciences devrait donc être permanente, elle n’est que diffuse et médiatisée seulement sur des questions secondaires. Il nous faut donc une formation permanente à la désobéissance civile, c’est ce qu’essaye de mettre en place les désobéissants (à ne pas confondre avec les « désobéisseurs », tant aimés du Monde).

http://www.desobeir.net/

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le libéralisme et la faim dans le monde

Même une description est déjà une prescription. Un choix de présentation relève d’une idéologie, il n’y a jamais neutralité du point de vue. Par exemple l’article du Monde du 15 septembre, « la faim a un peu reculé en 2010 » s’interroge sur les prix alimentaires, les stocks et les récoltes. Notre quotidien de référence souligne la nécessité d’une régulation des marchés, l’importance des investissements agricoles dans l’aide publique, la vulnérabilité face aux importations alimentaires. Mais LeMonde ignore l’autre facette de la faim, l’évolution de la population humaine. La faim est le résultat d’une évolution de la population qui déborde la production agricole. Comme le dit un membre de démographie responsable, « la plus sûre façon de réduire la faim dans le monde n’est pas d’augmenter les rendements grâce aux intrants issus d’un pétrole en voie d’épuisement, ni de continuer à appauvrir les terres arables, ni même de s’approprier encore plus les territoires occupés par la faune sauvage, mais bel et bien de stabiliser la population mondiale par l’éducation, la planification familiale et la gratuité de la contraception ». Où serait la Chine sans sa politique de l’enfant unique et sa tentative (passée) de maîtriser la croissance urbaine ?

Ce n’est pas tout, rappelons l’essentiel, le fonctionnement de notre système : c’est la mainmise du système industriel libéral sur les campagnes qui appauvrit les paysans et c’est l’éloignement des ressources alimentaires par l’urbanisation et le libre échange qui affament les autres. Pour résumer, c’est la montée des inégalités causée par la mondialisation libérale qui nous mène à une famine structurelle : les riches ne souffrent jamais de la faim !

Pour plus d’informations, lire « Les paysans sont de retour ».

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mauvais choix du MONDE, Lomborg

Bjorn Lomborg a droit à une demi-page Planète (LeMonde du 14  septembre) alors que son discours est si dénué d’arguments que plus personne ne devrait lui faire confiance. Une analyse de ses fantasmes aurait du faire atterrir son interview dans les poubelles d’un vrai journal de référence.

Lomborg n’explique pas pourquoi il a levé ses réserves sur le changement climatique et Lomborg continue de minimiser le phénomène en parlant des autres problèmes, manque d’eau et de nourriture… tout en admettant que le changement climatique entraînera « des impacts négatifs sur l’agriculture » ! Lomborg parie sur un surcroît de richesse dans les pays en développement (« Le Bangladesh en 2100 plus riche que les pays Bas aujourd’hui ») pour résoudre tous les problèmes. Or nous savons maintenant que la croissance du PIB se fait au détriment de l’environnement et de la pérennité des ressources, ce qui n’est pas durable. Il décide d’abandonner le consensus autour du protocole de Kyoto, il est vrai que Lomborg est directeur d’un centre de « consensus ». Ses copains « réunis autour de lui » pensent que les économies d’énergie, c’est trop coûteux. Alors Lomborg parie sur un improbable succès de la technologie, séquestration du CO2, géo-ingénierie, énergies vertes… Qu’attendons-nous pour lancer des écrans solaires géants en orbite, pour pulvériser des milliers de tonnes de soufre à haute altitude, pour repeindre toutes les toitures de toutes les maisons du monde en blanc réfléchissant ?! Bien entendu Lomborg ne précise rien et ne donne aucune probabilité sur les chances de succès de ses fantasmes technologiques. Pour un statisticien, y’a un manque.

Non seulement Lomborg n’apporte rien de nouveau et de fiable, mais il délire sur bien d’autres points. Lomborg est contre le développement des énergies renouvelables (les seules qui nous resteront quand il n’y aura plus d’énergies non renouvelables), Lomborg nie le pic pétrolier (qui a lieu en ce moment, sauf que c’est un plateau ondulant), Lomborg fait confiance au charbon (la source la plus polluante des énergies fossiles),  Lomborg cultive l’ambiguïté sur la taxe carbone. L’important pour Lomborg, c’est la poursuite de la consommation à outrance, c’est la défense du mode de vie occidental, mais ça, il ne le dit pas directement : de toute manière on a bien le temps de réfléchir à tout çà calmement. Eh hop le tour est joué !

LeMonde n’a que trop ouvert ses colonnes aux écolo-sceptiques dont le seul but est de nous empêcher d’agir réellement. LeMonde n’avait-il pas de vrais spécialistes à interviewer ?

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les profs d’histoire nous manipulent

La manipulation de notre mémoire n’est pas seulement la spécialité des systèmes autocratiques qui prétendent soumettre les faits à leur propre conception. Les professeurs d’histoire en France ne sont en fait que de propagandistes de la cause nationaliste, des défenseurs acharnés d’un fragment de terre unique. Que dit LeMonde du 12-13 septembre ? Des débuts de la IIIème république jusqu’à la fin des années 1950, le passé étudié en classe est restée essentiellement national et événementiel, une histoire exagérément franco-centrée. Historiquement les profs d’histoire avaient une fonction identitaire, il fallait fabriquer des petits français. Aujourd’hui encore, un groupe intitulé Notre histoire forge notre avenir regrette la place trop mince réservée au passé national dans les nouveaux programmes au collège avec ce slogan : « Louis XIV et Napoléon, c’est notre Histoire ».

Désolé, mais les fastes de Louis XIV et les guerres de Napoléon ne sont pas notre histoire, mais une façon d’occulter la vraie vie des gens pour ne parler que d’égocentriques qui ont entraîné un pays dans des dépenses inutiles et des souffrances humaines. Désolé, mais nous ne sommes pas enfermés dans des frontières politiquement imposées, nous sommes partie intégrante d’un écosystème et d’une communauté biotique. Les écoliers ne doivent plus apprendre le temps des Capétiens qui défendent leur royaume contre ses voisins (histoire inversée chez les autres pays concernés). L’histoire humaine n’est pas celles des ethnies particulières, même pas celle des hominidés, elle est aussi ce qui récuse toute forme d’ethnocentrisme pour se centrer sur les relations de l’humanité et de la Biosphère. Ce qui importe, ce sont les histoires des déséquilibres que les pratiques politiques et agro-industrielles ont entraînés dans le passé comme dans le présent et les perspectives d’avenir souhaitable pour les générations suivantes comme pour les non-humains.

En résumé, un professeur d’histoire est l’instrument de notre consentement à une société qui impose depuis trop longtemps la défense des intérêts de groupes privilégiés dans une sphère spatiale particulière. Il en résulte une communauté de citoyens obéissants, consentants et passifs, danger mortel pour la démocratie. Cela doit changer. Si tu n’es pas encore convaincu, il te faut lire d’urgence Désobéissance civile et démocratie d’Howard Zin (édition Agone)

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brûler le coran ET brûler le drapeau

Brûler le  drapeau national est interdit dans certains pays, autorisé dans d’autres. Brûler le coran est autorisé quand le free-speech est reconnue, interdit dans les pays qui sacralisent un simple livre. Si on en croit le principe de libre expression, brûler le coran ET le drapeau devraient aller de soi. Faire à titre personnel un grand feu de joie où on se libérerait en brûlant des bibles et des corans, des drapeaux nationaux et des portraits de Sarko, quel soulagement… On appellerait ça le bûcher des illusions, et on y brûlerait toutes les excuses inventées par les hommes pour ne pas penser par eux-mêmes et ne jamais se prendre en main. Il est d’ailleurs significatif qu’un pouvoir national fasse cause commune avec un pouvoir spirituel : La Maison Blanche s’est dite « préoccupée » par le projet de brûler publiquement un exemplaire du Coran à l’occasion du neuvième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, elle craint pour la vie des soldats américains. L’Eglise catholique condamne fortement cette intention, « contraire au respect dû à toutes les religions et contraire à notre doctrine et notre foi ». Les deux idéologies qui empêchent les hommes de penser par eux-mêmes, le nationalisme militarisé et la religion instituée travaillent la main dans la main pour conserver leur pouvoir de manipulation et d’enrégimentement. Le fait religieux et le fait nationaliste, souvent alliés historiquement, ont toujours abouti à l’affrontement et aux guerres. Mais alors, quel est le critère profond qui puisse permettre de distinguer entre le licite et l’illicite ?

Les recherches actuelles sur l’éthique permettent de tracer des pistes de recherche. Pour J.Baird Callicott, l’éthique de la Terre affirme que ce qui bon est ce qui contribue à préserver la stabilité de la communauté biotique dont l’espèce humaine n’est qu’une infime partie. Cela implique, même si Callicott n’en a pas pleinement conscience, que le tout a plus d’importance que la partie. Les obligations envers la nature passent avant les obligations ecclésiastiques, les obligations envers la planète passent avant les obligations nationales, l’individu est d’abord au service de l’ensemble. Une véritable religion ne repose pas sur un livre soi-disant dicté par Dieu ou par les prophètes, elle consiste à relier une communauté humaine avec son environnement global ; une relation durable ne repose pas sur le communautarisme d’une nation ou d’un groupe quelconque, elle repose sur l’ouverture conviviale à toutes les formes de vie. Il s’agit d’inverser la conception de l’extrême droite selon laquelle il faut préférer ses filles à ses nièces, et les femmes françaises aux femmes étrangères (J.M Le Pen).

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l’échec du Développement Durable

Le Développement Durable était une mode. Notre avant-garde intellectuelle commence à s’en apercevoir. Dominique Bourg, pourtant l’un des promoteurs du DD en France, membre du Conseil national du DD du ministère de l’écologie, membre du comité DD d’un fonds spéculatif,  s’exprimait ainsi dans Etudes du juillet 2010 : « Nous parlons de DD depuis plus d’une vingtaine d’années. C’était une tentative pour dissocier la croissance du PIB de la consommation d’énergies et de ressources naturelles. Nous savons maintenant que c’est impossible. Deuxième diagnostic sévère sur le DD : ce devait être une démarche de prévention, d’anticipation à l’échelle des problèmes globaux, tant en matière d’environnement que de répartition de la richesse. Or, force est de constater que le DD est à cet égard un échec. Repensons à ce que disaient les grands textes fondateurs de la réflexion écologique des années 1970, ceux d’Illich, des époux Meadows, de Georgescu-Roegen, Goldsmith ou Gorz. Tous n’envisageaient d’autres possibilité qu’une décroissance des économies. Or nous sommes contraints de considérer à nouveau cette perspective. Il revint donc de refermer la parenthèse du DD.

– Dominique Bourg est si convaincu de son revirement qu’il a répondu aux questions du journal La Décroissance (numéro de septembre 2010).

– Notre réseau de documentation a aussi fait une étude exhaustive du concept de développement qui montre que l’idée même de développement est nuisible.

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l’avenir est-il derrière nous ?

« L’avenir se trouve dans le passé et la solution de nos problèmes consiste à retourner vers ce qui nous a précédés ». Cette phrase nous paraît sensée, c’est même l’objet d’une précédente chronique, l’agriculture du passé sera notre avenir

L’anthropologue Jean-Loup Amselle croit le contraire, traitant cette orientation de « primitivisme » (LeMonde des livres, 10 septembre). En fait Amselle recycle l’antienne du « retour à la chandelle » ou de « la vie dans les grottes » proférée par le libéralisme technophile contre les écologistes. C’est là un raisonnement primitif car on peut penser que la techno-science nous conduit au désastre sans vouloir revenir à la chasse et  la cueillette. Ainsi un des plus féroces contempteurs du primitivisme, Ted Kaczynski, nous promet quand même « L’effondrement du système technologique » :               

1. Le progrès technologique nous conduit à un désastre inéluctable. Il peut s’agir d’un désastre physique (par exemple une catastrophe environnementale), ou d’un désastre en termes de dignité humaine (réduction de l’espèce humaine à une condition dégradée et asservie). Quoi qu’il en soit, le progrès technologique aboutira à un désastre de l’un ou l’autre genre.

2. Seul l’effondrement de la civilisation technologique moderne peut empêcher le désastre. Bien entendu, l’effondrement de la civilisation technologique sera un désastre en soi. Mais plus le système technologique continuera à croître, et plus grave sera le désastre final. Un moindre désastre aujourd’hui en empêchera un plus grand demain. Ellul en particulier a souligné l’autonomie de la technologie, c’est-à-dire le fait que la technologie moderne s’est dotée d’une vie propre et n’est pas sujette au contrôle humain.

                Même si Kaczynski se trouve actuellement en prison, il nous semble plus réaliste qu’Amselle…

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Sarkozy a-t-il pensé à la carte carbone ?

Le système de valeurs de notre société occidentale occulte complètement la réalité émergente, même si cette réalité va nous frapper durement. Sur le blog toujours bien informé http://petrole.blog.lemonde.fr/, on apprend que selon le département d’analyse du futur de la Bundeswehr, il existe « une certaine probabilité pour que le Peak Oil se produise aux alentours de l’année 2010 ». A moyen terme, des pénuries de biens vitaux, notamment de nourriture, pourraient apparaître. Comme le pétrole intervient directement ou indirectement dans la production de 95 % des biens industriels, le système économique mondial et ses variantes nationales pourraient même s’effondrer. On peut aussi s’inquiéter pour la survie de la démocratie elle-même : devant une crise systémique générale, des alternatives idéologiques du type extrême droite pourraient s’imposer aux yeux d’une population. La rubrique Breakingviews du Monde (12 août 2010) avait d’ailleurs quitté la sphère strictement économiciste pour se pencher sur le pic pétrolier : « Toute transition vers un abandon du pétrole devrait être anticipée avec des décennies d’avance. » L’Agence Internationale de l’Energie était déjà devenue pessimiste dès 2005, la production pétrolière des Etats non-OPEP (Russie, Etats-Unis, Norvège…) déclinant peu après 2010 alors qu’ils fournissent  60 % du brut mondial. L’AIE s’exclamait : « Economisez l’énergie, économisez le pétrole ! Et diversifiez-vous, s’il vous plaît. Sortez du pétrole ! » De plus en plus de monde s’accorde aujourd’hui sur la nécessité de prendre en compte l’empreinte carbone de nos consommations.

Pourtant aucun politique en France ou au niveau international n’a osé jusqu’à présent expliciter les conséquences vertigineuses du pic pétrolier. Le premier homme politique conscient serait Michael Meacher, secrétaire d’état à l’environnement de Tony Blair en 1997. Il avait tiré les conclusions des travaux de l’Aspo, dont le fondateur Colin Campbell est un géologue britannique ; le pic pétrolier mondial est pour bientôt. L’idée de rationnement date de 1996, toujours dans le même pays : un groupe d’économistes proposait de définir un plafond annuel d’émissions de gaz à effet de serre et de diviser le total par le nombre d’habitants. Pour l’heure, le Parlement britannique se contente d’une étude de faisabilité de la carte carbone. En France, Yves Cochet (député vert) a proposé cette carte carbone sans être suivi. En Europe, la Commission européenne l’a simplement évoquée. Selon David Miliband, quand il était ministre britannique de l’environnement sous Tony Blair, la carte carbone serait plus équitable qu’une taxe carbone. En effet, une taxe carbone viendrait gonfler les prix des produits et des services, et alourdirait le premier poste de consommation des ménages modestes, l’énergie.

Alors la question fondamentale se pose : mais que va faire Sarkozy face au pic pétrolier ? Devenir empereur des Français, Sarko 1er 

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l’homme doit disparaître

Tout avait pourtant commencé avec les meilleures intentions du monde, réfléchir au meilleur moyen de sauver l’humanité menacée d’extinction au cours du deuxième millénaire. De jeunes chercheurs s’étaient donc réunis lors d’un stage en 2009 pour préparer La Singularité, cet  événement sans précédent et irréversible au cours duquel les machines ont pris le pouvoir dans l’intérêt des hommes. Cela s’est fait assez vite, en 2045, la puissance de l’intelligence artificielle s’étant multipliée de façon exponentielle. L’interconnexion par Internet avait fait le reste. Mais les brillants étudiants de la Singularity University, sortis lauréats des écoles les plus prestigieuses, n’avaient pas prévu le raisonnement implacable des machines. Ils croyaient avoir inculqué à leurs créatures robotisées des « valeurs humanistes » avec comme objectif la préservation et l’amélioration de la race humaine. Les machines, pas si bêtes, avaient conclu de leur côté que les humains étaient devenus des créatures nuisibles à la planète, donc à éliminer. En quelques millisecondes, le temps de passage d’un électron, l’ordre mécanique fut donné d’envoyer des ondes électromagnétiques mortelles pour tous les cerveaux branchés sur écran, soit la presque totalité de la race humaine : presque 9 milliards de patins disloqués s’effondrèrent devant les dernières images d’un monde artificiel et pervers.

                A la suite des transhumanistes, les grands responsables de cette destruction finale ont été les adeptes de la Longévité maximale, mouvement en plein essor en Californie dans les années 2000. L’éternité ne pouvait plus attendre !  Dans leur labo artisanal de biologie moléculaire et synthétique à Sunnyvale, dans la Silicon Valley, ils avaient inventé ce qui permet de transformer le corps humain en une machine aussi durable que la maintenance technique pouvait le permettre. Au cours des années 2020, les nanotechnologies avaient même permis la fabrication d’ordinateurs de la taille d’une cellule qui, injectés par voie veineuse, allaient se loger dans le cerveau. Sauf que l’objectif que leur était assigné n’était plus de fabriquer des humains « augmentés » grâce à leurs prothèses comme l’avait cru naïvement les transhumanistes réunis autour d’Alex Lightman, mais des esclaves de l’OU, l’Ordinateur Universel. D’ailleurs Alex avait été clair dans sa déclaration au LEMonde (5-6 septembre 2010) : « Si un jour on me propose de m’ôter un œil pour le remplacer par un œil artificiel capable de voir à la fois à très grande distance et au niveau microscopique, je le ferai sans hésitation, malgré le risque chirurgical. » Il avait pris le risque, et quelques cerveaux humains s’étaient progressivement intégrés dans l’OU qui avait pris le contrôle de leur corps. Ces cyborgs, dont le contenu cérébral était stocké sur ordinateur et mis en ligne, avaient basculé sans rien dire du côté des machines dans les années 2030, aidant à la préparation finale du jour de La Singularité. Désormais les réseaux d’ordinateur ont mis en place leur propre processus de reproduction sans aucune intervention humaine, capable même de s’auto-améliorer, d’avoir de l’imagination, et de s’aimer en tant que machines.

Le rêve d’éternité et de grandeur de certains adeptes de la technoscience a donc été fatal à l’espèce humaine. Car pour leur plus grande partie, les bébés humains servent dorénavant de simple matière première et d’objet d’expérience : un atome reste un atome, mais quand il est bio son utilisation peut servir à tant d’usage bioniques. Surtout quand c’est la machine qui décide…

PS : Les auteurs de ce blog ont été électrocutés en décembre 2044 après leur procès pour technophobie aggravée. L’article ci-dessus a été un élément déterminant de leur condamnation à mort.

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l’agriculture du passé sera notre avenir

Il y a ceux qui prônent les OGM comme la fondation Rockefeller  et la fondation Bill Gates. Il y a ceux qui veulent que l’agriculture africaine passe de 8 kg d’engrais à l’hectare à 30 kg. Engrais-OGM, même combat ! Il y a au contraire ceux qui prônent l’agroécologie, veulent jouer sur la diversité des cultures pour se protéger des prédateurs, développer la fumure organique plutôt que  chimique, utiliser en définitive les processus biologiques plutôt que des techniques sophistiquées. Le forum international sur la révolution verte qui s’achève au Ghana (LeMonde du 4 septembre) ne découvre avec l’agroécologie rien de plus que ce que disait sir Albert Howard en 1940 dans son Testament agricole :

« Des engrais artificiels sont largement utilisés, ce que l’on pourrait appeler la mentalité NPK (azote, phosphore, potassium). On fait appel à la science agronomique pour aider à la production. L’agriculture a été rendue rentable, mais les engrais minéraux et les machines sont impuissants à maintenir un équilibre entre les phénomènes de croissance et ceux de dégradation. Les engrais artificiels mènent infailliblement à une alimentation artificielle, à des animaux artificiels et finalement à des hommes et des femmes artificiels. Dans les années à venir, les engrais chimiques seront considérés comme l’une des plus grandes stupidités de l’ère industrielle (…)

Dans le règne végétal, il ne se produit jamais de tentative de monoculture. La règle est : productions mixtes. Une grande variété de plantes et d’animaux coexistent. La terre est toujours protégée contre l’action directe du soleil, de la pluie et du vent. Rien qui ressemble à de l’érosion. La forêt se fertilise elle-même, elle fabrique son propre humus. Il s’établit une division naturelle entre le minéral et l’organique. L’humus fournit l’engrais organique ; le sol, la substance minérale.  Notre mère, la terre, ne cherche jamais à cultiver sans la présence de bétail ; elle réalise toujours des  cultures mixtes ; il est pris grand soin pour protéger le sol et empêcher l’érosion ; les phénomènes de la croissance et de la dégradation se tiennent en équilibre. Rien de nocif, pas d’incinérateurs, pas d’épuration artificielle, pas d’épidémie due à l’eau, pas de conseillers municipaux et pas d’impôts. »

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non à l’ultralibéralisme sceptique

Qui a le droit de s’exprimer dans les colonnes du Monde ? Certainement pas Drieu Godefridi. Pourtant il y a trouvé une tribune le 1er février et, plus récemment, le 2 septembre (La démission du président du GIEC est souhaitable). C’est comme si LeMonde soutenait la thèse du climato-scepticisme en laissant instiller le doute sur la réalité du réchauffement climatique et l’action nécessaire : économiser l’énergie fossile.

Précisons que Godefridi ne connaît rien aux sciences exactes, il est docteur en philosophie, mais surtout spécialiste du droit fiscal. Son fonds de commerce, c’est la polémique pour essayer de se faire un nom et de vendre son livre. C’est donc un intervenant régulier dans les médias sur la thématique du climato-scepticisme. En fait c’est un jeune militant belge du libéralisme économique, cette déviance de la pensée qui veut nous faire croire que la liberté d’entreprendre sans contraintes constitue la meilleure chose au Monde possible. A force de cultiver le sensationnalisme, LeMonde introduit le doute et empêche la réflexion de fond. Quelques réponses aux « arguments » de Godefridi :

– La campagne des climato-sceptiques contre le GIEC cherche surtout à discréditer et éviter le débat sur le fond. Pour ébranler le scénario central du GIEC, il faudrait pouvoir démontrer qu’il a peu de chances de se réaliser. Personne aujourd’hui n’est capable de faire cette démonstration. Aucune étude ne nous donne la moindre raison de le penser. Absolument aucune. Si nous agissons comme si la science avait raison et que, in fine, les risques s’avèrent moins importants, ce sera de toute façon une bonne chose : nous aurons découvert de nombreuses technologies utiles, nous aurons sécurisé nos approvisionnements énergétiques. En revanche, si nous agissons comme si la science se trompait, nous nous serons mis dans une position dangereuse dont nous serons peut-être incapables de sortir. Les sceptiques ont le droit de s’exprimer et de débattre mais pas celui d’avoir des arguments mal fondés.

– Le président du GIEC, l’Indien Rajendra Pachauri, est la cible d’attaques répétées de la part des négationnistes du climat. Pourtant Pachauri est non rémunéré par le GIEC. Ses activités de conseils à des entreprises entraînent des émoluments mensuels de 2960 euros qui lui sont versés par le centre de recherche TERI qu’il dirige.

– La découverte d’une erreur dans le rapport du GIEC a donné, fin décembre 2009, le coup d’envoi à une campagne médiatique sans précédent dirigée contre le panel d’experts sur l’évolution du climat. Faut-il se prêter à cette campagne de discrédit ? Ce serait ignorer la solidité du travail – accompli bénévolement par l’ensemble de la communauté scientifique – dans cette tâche titanesque qu’est la revue générale des connaissances dans le domaine des sciences du climat. Car le GIEC ne mène pas de travaux de recherche. Il synthétise les connaissances existantes pour en tirer un consensus le plus objectif possible.

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démographie responsable

Certains font le choix de la nulliparité. Ainsi Mireille Dumas : « Depuis toujours, je suis enceinte d’un non-désir d’enfant qui ne fait que se confirmer. Je n’ai jamais, jamais ressenti cette nécessité de porter, de me prolonger, de me retrouver dans un enfant, de concrétiser dans un autre cet amour fort qui nous lie, depuis trente ans, mon compagnon et moi. Je préfère transmettre. Je crois plus en l’éducation qu’à la génétique.» Dans les pays anglo-saxons des associations de non-parents se sont crées au milieu des années 1980 et ont imposé l’usage du mot childfree à la place de childless, histoire de montrer que leurs adhérents ne souffrent d’aucun manque.

                Certains préconisent le modèle d’un seul enfant par famille. Le Kenya annonce que des « programmes agressifs » de planification familiale vont être lancé (LeMonde du 2 septembre). Ils se sont rendus compte que le fait de passer de 28,7 millions d’habitants en 1999 à 38,6 millions en 2009  allait être insupportable. Ils peuvent suivre l’exemple chinois. Si tu es intéressé par la question démographique nous te conseillons de contacter : http://www.demographie-responsable.org/

Cette association a pour objet d’œuvrer pour la stabilisation voire la diminution de la population humaine en incitant à l’autolimitation de la natalité. Elle s’appuie entre autres sur le rapport 2009 du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) : « L’effort à long terme nécessaire pour maintenir un bien-être collectif qui soit en équilibre avec l’atmosphère et le climat exigera en fin de compte des modes viables de consommation et de production, qui ne peuvent être atteints et maintenus que si la population mondiale ne dépasse pas un chiffre écologiquement viable. »

                La Biosphère te rappelle l’énorme responsabilité de donner la vie dans le monde tel qu’il est aujourd’hui. Une femme (un homme) devrait être terrifiée devant la décision de produire un être humain supplémentaire car ce n’est pas l’enfant qui donne un sens à la vie de ses parents ; ce qui compte, c’est la place que cet enfant va pouvoir assumer dans l’équilibre de moins en moins durable des écosystèmes.

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plus rien n’a d’importance

Feuilletons LeMonde du 1er septembre. Encore et toujours on y parle de l’omniprésence Sarkozy, du PS qui n’est pas prêt de sortir de son sarkophage, d’une mort célèbre sans importance, de l’éternelle question palestinienne, la routine ! Il faut lire dans les coins pour trouver quelque chose d’intéressant, par exemple un courrier des lecteurs. Mais c’est pour constater notre impuissance quand la mondialisation triomphante impose l’ère du cynisme. Faut-il désespérer ? Sans aucun doute. Les journalistes ne servent plus à rien, leurs « messages », en raison de leur monotone quantité et de leur vacuité, accroissent l’état de confusion culturelle dans lequel nous nous débattons. Pour LeMonde et les autres médias, il ne s’agit plus de penser globalement le monde, mais de se limiter à une vision fragmentaire dans laquelle prédomine l’ici et maintenant. L’esprit humain est en train de capituler devant les forces de dispersion. Nous sommes à l’ère de la confusion. L’action n’est plus mobilisatrice, elle n’est plus pensée. Cela signifie que l’humanité abdique sa quête de sens.

                Pendant ce temps les grandes sociétés minières renouent avec les fusions-acquisitions ; il faut bien anticiper les prix élevés des matières premières (p.11). Si certaines entreprises s’intéressent au long terme, il serait temps que philosophes, économistes et gouvernements fassent de même et s’intéressent à notre avenir commun. Hervé Kempf rappelle avec Tim Jackson (p.16) que les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d’énergie ou la consommation de matières n’opèrent pas depuis 1990 de découplage avec la croissance du PIB : une économie croissante (même lentement) ne diminue pas son impact sur la biosphère.

Pour nous, c’est la seule information qui importe ce jour, elle implique que nous devrions tous nous mobiliser autour des enjeux écologiques. Alors la construction d’un avenir moins sombre redonnerait un sens à notre vie…

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nous fonçons dans le mur

Il faut s’y résoudre, Hartmut Rosa a raison, nous accélérons sans rémission, nous fonçons tous dans le mur*. Nos sociétés foncent dans le mur, mur de la finance, mur de la pauvreté et de l’inégalité, mur des ressources vitales**. Nos sociétés foncent dans le mur et que disent nos experts ? L’éditorial du Monde*** est sans ambiguïté, on s’inquiète de l’essoufflement de l’économie américaine, il faut donc aller dans le mur toujours plus vite. A force de craindre récession et double dip, nos experts nous préparent la crise finale, celle qui verra s’effondrer la civilisation thermo-industrielle. Il ne s’agit plus de cauchemarder sur Wall Street ou l’indice Nikkei, il ne s’agit plus d’improviser d’improbables plans de relance dans une économie mondiale sur-endettée et qui vit au-dessus des capacités de la biosphère. Il est devenu urgent que les experts nous disent comment piloter une décroissance du niveau de vie à l’occidentale, il faut sortir de l’économie casino.

Ralentir, c’est possible. C’est possible si nous sortons d’un paradigme basé sur la croissance du PIB. Il s’agit de promouvoir l’entreprise légère (Haake-Gueorguievsky). Les villes doivent appliquer la charte Cittaslow, les restaurants doivent adopter la méthode Slow Food, les citoyens doivent suivre la Slow Life. Pour éviter le cauchemar de la dépression/déflation, il nous faut apprendre à aller lentement, voyager et non pas faire du tourisme, échanger avec une monnaie locale et quitter le dollar, pêcher de façon artisanale et non plus industrielle, produire du durable et non de l’obsolescence, prendre du temps avec ses enfants et non pas perdre son temps dans des futilités, se débrancher de la télé et des jeux vidéos, pratiquer la journée sans achat, la semaine sans écran, la nuit sans électricité… Car l’objectif dans notre vie, ce n’est pas de faire vivre le système thermo-industriel, c’est d’être heureux, tout simplement.

* LeMonde magazine du 28 août 2010, Ralentir c’est possible.

**  LeMonde du 29-30 août 2010, sortir de l’économie casino

**  LeMonde du 29-30 août 2010, le cauchemar de Wall Street et de l’Amérique

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