Service national universel, foutaise macroniste

Emmanuel Macron imagine encore pouvoir rencontrer la nation, il ne cache pas ses intentions : « Fabriquer les républicains de demain. »  Le 14 juillet 2022, Emmanuel Macron avait ordonné aux armées de s’investir « plus et mieux dans le grand projet de service national universel [qu’il] porte ». C’est évidemment chimérique, car la nation est une collectivité imaginée par les pouvoirs et le Républicain un imaginaire contestable.

Sebastian Roché : La secrétaire d’Etat chargée du SNU est rattachée au ministère des armées. Le SNU va peut-être évoluer, mais pas sa matrice : la foi nationale se tient dans l’uniforme et l’exposition aux symboles du culte. Ecole ou armée, le projet d’Emmanuel Macron semble être hiérarchique : il va s’imposer du haut en bas. Les meilleurs spécialistes de l’engagement citoyen concluent pourtant à un rôle négligeable des cours magistraux d’éducation civique à l’école. Quant à l’uniforme, il peut même constituer une barrière à l’apprentissage. Gabriel Attal, désormais premier ministre, a beau insister lors de sa prise de fonctions,sur « l’école comme mère des batailles », les faits seront têtus : se lever tôt, chanter La Marseillaise devant le drapeau, suivre un cours d’éducation civique ou mettre un uniforme ne vont en rien modifier l’adhésion à la nation.

Le problème, ce n’est pas le récit national, mais ce que les jeunes vivent – particulièrement la ségrégation et l’inégalité des chances.

Le point de vue des écologistes pacifistes

Marc Goetz : Nation, Etat, Société… il me semble manquer un concept fondamental. Rappelons que la devise République en France est bien malmenée depuis fort longtemps. Et si on tentait de revenir à ce triptyque simple à comprendre : Liberté (avili et remplacé par la sécurité), Égalité (est-il besoin de vous faire un dessin ?), Fraternité (mais qu’est ce c’est que ce machin ?)

Firesnake77 : Merci d’avoir rappelé que les valeurs françaises sentent mauvais quand elles sont nationalistes. La jeunesse n’a pas à être manipulée, mise au pas, sous uniforme à chanter la Marseillaise comme des petits robots. Perte de temps et vide intellectuel. La libre pensée, la laïcité, le savoir des citoyens vaut mieux que ça. Quelle dégradation du projet républicain !!
Le nationalisme est historiquement une idéologie extrême qui génère des millions de morts pour asservir des populations entières à un pouvoir et à la guerre.

Enkidou : « La formation et la reproduction d’une nation ne sont pas des faux sujets », nous dit Roché. Et si, justement, c’étaient des faux sujets, ou en tout cas de mauvais sujets ? La nation, « projet de l’État » ? Oui, dans les États totalitaires ou conquérants. La nation, ça ne sert qu’à combattre les ennemis désignés de ladite nation (et désigner des ennemis, c’est le ciment d’une nation). A envoyer les gens se faire tuer quand ses dirigeants le jugent bon. Ce n’est pas une nation que l’école doit former, ce sont des personnes. Ce qu’il faut apprendre aux enfants à respecter, ce n’est pas la France ou n’importe quelle nation, hymne, drapeau ou uniforme (qui ne sont rien d’autre que des armes de guerre symboliques) : ce sont les gens. Apprendre à respecter les autres, ça suppose effectivement un minimum de brassage social. Quant à faire chanter les enfants ensemble, c’est bien, mais plutôt « A la volette » (c’est un exemple) que la Marseillaise (musique médiocre, paroles insupportables).

R.Dholland : Le patriotisme contemporain ne peut se fonder sur un culte totémique d’une tribalité fantasmée. Un patriotisme fondé sur les instincts de meurtre et l’aveuglement fanatique ne peut mener très loin. Au siècle, qui plus est, de la lente construction d’un fédéralisme européen, peut-être demain mondial, le réenferment dans le « pré carré » mental et matériel du nationalisme archaïque n’est pas signe de « réarmement » mais de régression et d’affaiblissement. Devenir aussi stupide que les russes ne peut être que le désir de désespérés, déjà à moitié morts. Il est dramatique que des élites flattent la morbidité.

Michel SOURROUILLE : Anciennement ministère de la Guerre de 1791 à 1946, puis ministère de la Défense de 1946 à 1958, de 1969 à 1973 et de 1974 à 2017, le ministère des Armées est connu sous ce nom de 1958 à 1969, de 1973 à 1974 et depuis 2017. Il y avait progression, on passait de l’état de guerre à la défense nationale, qu’elle soit civile ou militaire. L’appellation actuelle ministère « des armées » fait oublier l’objection de conscience et le service civil, pourtant dispositif statuaire toujours légal à l’heure actuelle et ce depuis décembre 1963. Militariser une nation n’est que suivre le principe « si tu veux la paix prépare la guerre », il oublie le principal « si tu veux la paix prépare la paix ». Militariser, c’est prolonger l’état de guerre.

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Objection de conscience en temps de guerre

extraits : Les médias ne prêtent pas suffisamment attention à l’objection au service militaire. C’est pourquoi il y a aussi peu d’objecteurs de conscience. Il est vrai aussi que nous sommes enfermés dans des ridicules espaces territoriaux artificiels qu’on appelle « nation » ; le patriotisme est resté une vertu pour les dirigeants, qu’on s’appelle Volodymyr Zelensky, Vladimir Poutine ou même Emmanuel Macron. Pourtant se déclarer objecteur de conscience est un droit fondamental…

Objecteur de conscience je suis, je serai

extraits : Personnellement je suis et reste un objecteur de conscience. Pourtant je suis devenu insoumis au service civil pour contester une affectation autoritaire à l’ONF (office national des forêts). Pourtant l’éducation nationale m’a demandé de faire mon service militaire (à 32 ans) puisque en tant que fonctionnaire je n’étais pas « au clair » par rapport à mes obligation statutaires de participation à la défense nationale. La vie est un éternel compromis entre nos propres valeurs et les contraintes institutionnelles…

Manifeste du pacifisme (Michel Sourrouille, 2010)

extraits : Désobéir pour la paix est à la fois un acte individuel et un acte collectif. La démarche de l’objecteur de conscience, refusant l’armée pour des motifs personnels, ne peut en réalité se concevoir que dans une vision de la société désirable et dans la volonté de faire partager un idéal. Car la recherche de la paix a le mérite de poser publiquement des questions fondamentales : – Quel type de société mérite d’être défendu ? – Contre qui ? – Par quels moyens qui soient à la fois efficace et justes ? Lutter contre l’encarsénement nous semble un bon signe de santé mentale, mais difficile à mettre en œuvre quand toute notre existence est une mise en boîte…

7 réflexions sur “Service national universel, foutaise macroniste”

  1. Si on veut de la cohésion (appelez ça comme vous voulez, «esprit national», «républicain» etc.)… la première des choses est d’éviter de diviser les gens. Sans ça, tout le reste n’est évidemment que foutaise. Maintenant si on veut de bons petits soldats, qui marchent bien au pas, et dans les clous, qui pensent modérément etc. etc. là en effet l’École comme l’Armée ont leur rôle à jouer.
    Ces deux institutions sont justement des machines (des moules) à formater. Ce formatage commence à la maternelle et se poursuit toute la vie. Pas seulement dans les écoles, mais aussi dans les entreprises, les stades, à la télé etc. etc. Sans parler des chapelles diverses et variées.
    La Compétition, le Combat, la Victoire (leur Défaite), la Réussite (la Rolex à 50 balais), la Fierté de son drapeau, de sa couleur (Allez les Bleus !)… c’est notamment avec ça qu’ON communie.
    ( à suivre )

    1. D’un côté La Marseillaise… de l’autre Parachutiste (Le Forestier), ou La Médaille (de Renaud).
      Il y a aussi Brassens et tant d’autres. Comme Einstein quand il parle de la moelle épinière.
      Ce n’est pas l’Armée qui peut enseigner ça à nos gamins.
      Autant je pense qu’il n’y a rien à attendre de bon du formatage militaire, autant je pense que l’École peut jouer un rôle positif. Sinon c’est à Désespérer de tout. Seulement là encore c’est d’abord une question de moyens. Manque de profs, écoles qui ferment… programmes scolaires plus ou moins adaptés, problèmes sociaux, de discrimination etc.
      Attal dev(r)ait nous Débloquer tout ça. 😉

      1. Cette fois Michel C nous sommes tout à fait d’accord, le service militaire est une horreur, un formatage de petits soldats et c’est bien en effet à l’école de nous apprendre à réfléchir, de nous donner les moyens de le faire (mais pas de nous dire quoi penser).

        1. Je suis content, que pour une fois nous nous retrouvions dans le même camp.
          J’ai toujours dit que l’École se devait de former (formater) des sujets libres, responsables, des futurs adultes capables de réfléchir par eux-mêmes etc. Bref de véritables citoyens, comme on dit. Et non pas des bœufs, des toutous, des crétins, encore moins des machines, de vulgaires producteurs-cons-sots-mateurs.
          Si l’École ne doit pas dire (dicter) que penser… par contre je pense qu’elle doit dire (montrer) ce qu’il ne faut pas penser. C’est notamment grâce à l’esprit critique, que l’École se doit évidemment d’enseigner, que le gamin peut parvenir de lui-même (même si on lui tient la main) à faire la juste part entre ce qu’il est bon et mauvais de penser, ou de croire. Comme par exemple au sujet du Père Noël. 😉

        2. Didier BARTHES

          Ah, peut-être petite différence quand même Michel C, si l’école nous dit ce qu’il ne faut pas penser, c’est qu’elle nous dit un peu ce qu’il faut penser.
          Remarquez, ce n’est pas toujours efficace, dans mes études on m’a longtemps fait la promotion des populations nombreuses. Bon, la propagande n’a pas vraiment marché.
          J’ai retenu les méthodes de réflexion, pas les conclusions, et c’est bien ainsi.

        3. Je suis bien sûr d’accord avec vous. Comme quoi c’est en discutant (échangeant) qu’on peut avancer, et non en se bouffant le nez. 😉
          Un peu, beaucoup, passionnément… quoi qu’elle enseigne et comment, l’école reste une machine à formater. Les esprits bien sûr. Notamment les jeunes esprits.
          Je veux juste dire, vous serez sans doute d’accord, qu’il vaut mieux formater (former etc.) les jeunes (et les moins jeunes) à l’esprit critique, au doute, à la juste mesure, la tolérance, l’écoute et des choses comme ça… c’est à dire à la réflexion… plutôt qu’à l’esprit de compétition, de hiérarchie, de victoires, de mérite et j’en passe. Esprit délétère qui peut se résumer ainsi : « Je sais tout, c’est moi qui a raison, j’ai les diplômes qui le prouvent, je suis donc le plus fort et patati et patata.» ( à suivre )

        4. (Suite et fin) Sans oublier la foi aveugle dans le Progrès, dont l’enseignement n’est qu’un catéchisme comme un autre, un endoctrinement d’ordre religieux. Religion qui rejoint bien sûr celle de la Croissance, économique comme démographique.
          Pour moi l’École doit être laïque, dans le sens où elle n’a pas à inculquer telle ou telle religion. Toutefois rien ne l’empêche de les aborder, d’en parler, mais seulement sous l’angle de l’esprit critique. Et si Malthus doit d’être enseigné dès la maternelle… alors il doit l’être en même temps que Jésus, Mahomet, Marx, Proudhon et Jean Passe. Autant dire que nos chères petites têtes risquent alors de chauffer. 🙂

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