Certaines personnes, par souci écologique, ont fait le choix de ne pas avoir d’enfant. On les désigne par l’acronyme « Gink », pour Green Inclination No Kid en anglais. En France, Corinne Maier a publié No Kid, Quarante raisons de ne pas avoir d’enfant et le belge Théophile de Giraud Save the planet, make no baby.
Il est vrai que la stérilisation pour raison contraceptive n’est pas réservé aux femmes ou au hommes, ligature des trompes d’un côté, vasectomie de l’autre. Dans sept pays, la prévalence de la stérilisation masculine est supérieure à celle de la stérilisation féminine : en Nouvelle-Zélande, en Australie, au Royaume-Uni, en Corée du Sud, en Espagne, au Bhoutan et aux Pays-Bas.
Plusieurs médias s’emparent actuellement de cette question, « faut-il arrêter de faire des enfants pour sauver la planète ? » Ainsi Ouest-France qui donne chiffres et témoignages : 30 % des Françaises sans enfant et en âge de procréer disent ne pas souhaiter en avoir selon un sondage réalisé par le magazine ELLE en partenariat avec l’Ifop en 2022. En outre, la moitié de ces femmes sans enfant estime que ce n’est pas indispensable à leur épanouissement personnel, et 39 % d’entre elles expliquent ce choix par la crise environnementale et climatique, et 35 % par la crainte de la surpopulation.
« Dans quel monde on va laisser nos enfants ? s’interroge Margaux, 24 ans, étudiante en mode à Bordeaux, auprès de Ouest-France. La situation actuelle ne fait qu’empirer, il y a des incendies, des inondations, des ouragans… Ça fait peur. On se demande déjà comment ce sera pour nous dans vingt ans, alors dans soixante ans… » Émilie, étudiante en design à Paris affirme vouloir devenir mère mais préfère y renoncer tant que les questions concernant le réchauffement climatique ne seront pas prises au sérieux par les politiques. Loïc, 24 ans, étudiant parisien en photographie, est quant à lui décidé à ne pas avoir de descendance : « Je suis partisan de ne plus avoir d’enfants, si on veut que les choses s’améliorent, quitte à sacrifier toute une génération. » En France, 24 % de personnes de 18 ans remettraient en question leur désir d’enfant par crainte du réchauffement climatique et de ses conséquences, selon un sondage YouGovFR et Huffington Post, réalisé en octobre 2019.
Dans son livre « Alerte surpopulation », Michel Sourrouille fait une synthèse. En France, très peu de médecins acceptent de stériliser des jeunes gens de moins de 30 ans sans enfant. Certaines personnes font une fixation sur la stérilisation, considérée par eux comme obligatoirement forcée. Il est vrai que cela a existé historiquement. En 1934, les États-Unis lancèrent à Porto-Rico un programme de stérilisation de masse. Au niveau intérieur les USA ont pratiqué entre 1907 et 1949 des milliers de stérilisations forcées sur des aliénés, des épileptiques, des syphilitiques, des délinquants récidivistes, etc. En Suède, au moins 60 000 personnes ont été stérilisées de force de 1935 à 1975. En 1975, Indira Gandhi décréta l’état d’urgence démographique. On stérilisa des hommes en échange de postes de radio, on stérilisa des femmes à leur insu dans des conditions souvent catastrophiques.
Pourtant la stérilisation comme méthode de contraception peut être considérée aujourd’hui comme une pratique volontaire et courant en Inde. Selon la dernière enquête nationale sur la santé de la famille, 37,9 % des femmes mariées et en âge de procréer optent pour la stérilisation comme moyen de contraception ; c’est pour elles souvent synonyme de libération. A l’inverse, la stérilisation masculine, pourtant plus simple d’un point de vue chirurgical, stagne. Seuls 0,3 % des hommes y ont recours. En France, la stérilisation a été interdite en 1994 par la première loi de bioéthique1, elle était considérée comme une mutilation corporelle. Aujourd’hui la stérilisation à visée contraceptive est autorisée par la loi n° 2001-588 du 4 juillet 2001. Un délai de réflexion de 4 mois est prévu avant une seconde consultation médicale au cours de laquelle vous donnez votre consentement par écrit2.
Mais quelle différence faire entre libre arbitre et soumission volontaire ? Difficile exercice de philosophie. Dans un système véritablement démocratique, les adultes sont considérés comme en mesure de décider ce qui est le mieux à la fois pour leur propre personne et pour le bien commun. Aujourd’hui surconsommation et surpopulation détériorent gravement les conditions de la vie sur Terre, l’avenir de nos générations futures est de ce fait gravement compromis, il semble donc normal que la question de la stérilisation choisie se pose.
Pour en savoir plus
Ginks, pourquoi ne pas avoir d’enfants ?
Parce que «c’est mon choix» (l’émission télé), et «parce que je le vaux bien» (la pub), je peux me raser la boule à zéro comme me faire tatouer de la tête aux pieds.
Si ensuite ça ne me plait pas, et que je me dis alors que j’ai fait une connerie, pour ce qui est de la première ce n’est pas bien grave, ça va repousser. Pour la seconde c’est une autre paire de manches.
Pour ce qui est de la stérilisation, si après mûre et mûre réflexion … d’au moins 4 mois comme le prévoit la loi française en la matière… si Untel ou une Untelle décide de se faire stériliser… alors je ne vois aucune bonne raison de les en dissuader. Parce qu’après tout, si pour telle ou telle raison ces gens-là refusent d’avoir des enfants, ils ont toujours recours à la contraception et à l’avortement. Donc qu’ils soient stérilisés ou pas n’y change absolument rien. ( à suivre )
Maintenant quand la stérilisation vient se substituer à la contraception, et/ou qu’elle devient une sorte de mode*… là il me semble normal que la question de la stérilisation choisie (avec ou sans « ») se pose. Et ce sans se voir accusé du fumeux sophisme de la pente glissante.
– « Pourtant la stérilisation comme méthode de contraception peut être considérée aujourd’hui comme une pratique volontaire et courante en Inde. » (Biosphère)
Une pratique courante en effet, quant à volontaire alors là ! Si Biosphère tient tant que ça à faire de la pub pour la «stérilisation volontaire» après tout ça ne me gêne pas. Mais qu’elle évite surtout de prendre l’Inde comme modèle.
– Inde : quand la politique de contrôle des naissances passe par la stérilisation des femmes ( 24 juillet 2021 – neozone.org )
– L’avortement en Inde en 2022 ( 30/06/2022 – lepetitjournal.com )
– * Vasectomie : la nouvelle mode ? (19 Oct 2021 – genethique.org )
– « « Stérilisations meurtrières en Inde ». Pourquoi ce titre racoleur dans LE MONDE* […] Pourquoi s’appesantir sur les décès de plusieurs femmes… […] Pourquoi ne pas s’intéresser plus au fond sur la politique de planning familial dans un pays dont la population a augmenté de 187 millions en 10 ans pour atteindre 1,25 milliard d’habitants ? [etc.] »
( Biosphère 13 novembre 2014 )
Ben oui, pourquoi s’émouvoir, s’appesantir… sur ces femmes ? Et pourquoi écrire un article là- dessus… alors qu’il y a bien plus grave. Ben voyons !
C’est donc ainsi que Biosphère réagissait à cet article du MONDE du 13 nov 2014, à l’époque où l’Inde stérilisait des femmes à la chaîne dans les pires conditions.
Fallait oser quand même, non ?