En tant qu’espèce, nous n’avons jamais bâti de grand projet pour l’Humanité, nous nous contentons de nos confrontations intra-espèce tout en mettant la planète au pillage. Le XXIe siècle ouvre-t-il une nouvelle ère, l’écologie comme vecteur de rassemblement et d’union ? Nous assistons seulement aux bribes de définition d’avant-projets encore trop souvent considérés comme dignes des « Khmers verts ».
Un livre vient de sortir qui décrit dans le détail les travaux et les propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC). Le titre, « Cap 2030, une décennie pour changer le monde »*, est mal choisi car il ne dit rien du contenu, la CCC. Ce livre de 218 pages est à 10 euros seulement, l’effort pour se le procurer est minuscule. De notre côté nous ne parlerons pas de la question démographique qui a été soigneusement évitée par la CCC. Par contre nous allons commenter ses propositions pour le transport, sachant que la taxe carbone a été explicitement retirée de l’ordre du jour des travaux. Or pour parvenir à la neutralité carbone, un Français devrait émettre en moyenne 2 tonnes de CO2 équivalent par an, soit 5 fois moins que ce qu’il émet individuellement. « Se déplacer », l’un des six groupes de travail, a donné lieu à 43 propositions de la CCEC sur 149, presque 30 %. La mobilité moderne est remise en cause, le recours massif au pétrole entraîne un coût climatique important. De toute façon, taxe carbone ou non, les prix du baril sont voués à augmenter car les réserves diminuent, le pic du pétrole conventionnel est déjà dépassé. Que faire ? Voici quelques pistes qui montrent la difficulté de la rupture écologique d’avec notre système thermo-industriel croissanciste.
La proposition PT3.1 de réduire à 110 km/h sur autoroute est celle qui a eu le moins d’adhésion des participants de la CCC, 60 % des votants. Pourtant cette diminution de 20 km/h permettait de réduire jusqu’à 20 % les émissions de gaz à effet de serre de la circulation sur autoroute. Le président Macron a éliminé d’office cette proposition : « Joker, il faut reporter le débat sur les 110 kilomètres/heure. Pour que ça marche, il ne faut pas stigmatiser les gens, ll ne faut pas les diviser. Et donc je propose de repousser ce débat. Je ne voudrais pas que vous connaissiez le même sort que moi, c’est à dire avoir des mois de travail qui s’abîment dans une polémique. » C’était pourtant une des mesures les plus simples à mettre en œuvre. La liberté qu’offre la voiture individuelle, nous la prenons à crédit sur le dos de nos enfants. Est-ce que, eux, ils méritent d’être privés de liberté ? De toute façon toutes les mesures de la CC verront apparaître des accusateurs féroces.
Sortir des avantages fiscaux sur le gazole (proposition SD-B1.4) mettra les chauffeurs routiers en vrille, c’est déjà arrivé ; en novembre 1997, ils avaient bloqué nombre de centres névralgiques. L’objectif SD-B2 de réduire à zéro les émissions des navires lors de leurs opérations dans les ports est tellement marginale qu’elle en devient risible : il faudrait interdire tous les navires de plaisance à moteur, naviguer à la voile est un plaisir, conduire une voiture sur l’eau une absurdité. L’objectif SD-C1 d’aider à la transition vers un parc véhicules propres est encore plus dément, surtout quand ils sont électriques : il n’y a pas de véhicules propres excepté les jambes et le vélo. Seul le dévoiturage est un objectif raisonnable, mais cela les participants de la CC ne le savaient pas. Quant à interdire la construction de nouveaux aéroports et l’extension des aéroports existants, cette proposition SD-E3) ne tiendra pas les airs quand le tourisme au long cours voudra repartir après la pandémie. En clair, la CCC se voulait iconoclaste, mais ses idées étaient molles ; pourtant elles vont être complètement dénaturées par le parlement ou renvoyées aux calendes grecques.
pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :
SYNTHESE sur la CCC (2 juin 2020)
8 décembre 2020, Parlement godillot et convention citoyenne
28 janvier 2021, Yann Arthus-Bertrand transmet son héritage
* éditions Michel Lafon
Il se présente 2 mouvements écologiques =
1/ Le premier, celui de l’UmPs, les escrolos qui défendent très médiatiquement l’idée de la croissance verte via les nouvelles technologies, la nouvelle révolution industrielle pour le développement durable. Bref le courant de pensée hégémonique que tout l’Umps et supplétifs vert rouge modem rafolent, de Jérémy Rifkin qui a entre autre publié « Le New Deal Vert Mondial » Autrement dit des voitures électriques, des éoliennes, des panneaux solaires, des trains hyperloop, des camions et des avions électriques. En résumé, tout le monde peut comprendre que ce sont des faux écologistes, des écolos à faux nez, les escrolos, quand on sait toute la quantité de métal et de métaux rares que cela implique, en plus du pétrole pour extraire les métaux, pour mettre en œuvre cette soit disant croissance verte.
2/ Et le second, les écolos en-dehors de l’UmPs et supplétifs, qui défendent l’idée de décroissance et de la sobriété heureuse. Bref ce sont les vrais écologistes qui ont compris qu’il fallait réduire ses ambitions matérialistes afin de réduire les besoins en ressources naturelles et par ricochet la pollution. Aussi que renoncer à la croissance matérielle pouvait réellement rendre heureux puisqu’on ne serait plus soumis au stress quotidien afin de financer les crédits qui alimentent les dépendances matérialistes. Par exemple, lorsqu’on n’a pas de voiture, on n’a pas peur de voir passer le huissier pour rembourser le crédit.
2 suite / Aussi on n’a plus peur de la pression sociale des gens qui nous entourent, parce qu’ils ressentent comme un sentiment d’échec social le fait de ne pas être propriétaire de voiture. Autrement dit, la décroissance permettrait de démanteler cette pyramide de hiérarchie sociale, qui veut qu’on manifeste ostensiblement nos richesses matérielles pour être considéré socialement. La décroissance permettrait de renouer des liens sociaux plus humains, ou plus exactement plus sains. Mais ceux qui partagent ce courant de pensée vont être diabolisés par l’UmPs en les qualifiant de fascistes et bien d’autres horreur encore…
Indispensable sobriété démographique couplée à la sobriété consommatoire !
– « En tant qu’espèce, nous n’avons jamais bâti de grand projet pour l’Humanité »
Au contraire, l’Homme n’a jamais cessé d’imaginer de grands projets pour l’Humanité et parfois de les bâtir.
Un grand projet pour l’Humanité n’est rien d’autre qu’un projet de société, autrement dit une utopie, entendue dans son sens premier. La démocratie à Athènes restera un beau projet de société, ce que nous en avons fait après est une autre histoire. Après la seconde guerre mondiale l’idée d’une Europe pacifiée reste peut-être la dernière utopie à avoir été concrétisée, depuis nous n’en avons aucune.
Ceci dit un projet de société peut nous mener vers le meilleur comme vers le pire.
Hitler, Mao, Pol-Pot et Jean Passe avaient eux aussi leur projet de société. Dans les années 50-60 la déjà vieille idée que les progrès technoscientifiques (Le Progrès) mettraient fin à toute la misère humaine (les guerres, les maladies, le travail etc.) était un projet louable. Et tout le monde ou presque a voulu y croire. Sauf que ce projet comportait des lacunes et des erreurs. Seulement personne à l’époque ne pouvait croire qu’il était techniquement et naturellement impossible à concrétiser, encore moins qu’il nous mènerait dans un cercle vicieux et une impasse.
Et maintenant que nous y sommes, il ne nous reste plus que nos yeux pour pleurer. Pleurer et mourir de chagrin. De chagrin ou de peur… bonnet blanc et blanc bonnet. Ou alors continuer à vivre, en attendant. Croire au Grand Soir, à la sacro-sainte Prise de Conscience, au Messie ou à la Poupée qui Tousse peu importe. C’est toujours pareil, à chacun sa came. Vivre bien et de son mieux, ou vivre comme des porcs, en attendant.