Le monde est un baril de pétrole qui ne demande qu’à s’enflammer. Qui aurait dit en septembre 1972 que le prix du baril allait quadrupler au cours de l’année 1973, entraînant pour les années suivantes stagnation de l’activité économique et inflation (stagflation) ? La guerre du Kippour d’octobre 1973 a entraîné le premier choc pétrolier, l’invasion de l’Ukraine pourrait bien déclencher le choc pétrolier ultime !
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Michel Lepetit : Le conflit entre Égypte et Israël avait été le prétexte à un embargo pétrolier, qui durera jusqu’en mars 1974, et à une spectaculaire envolée des prix du brut imposée par l’OPEP. Le quintuplement des prix du brut aurait été atteint dès la mi-1974. Mais le catalyseur de cette crise est d’abord la soif effrénée de croissance économique des pays riches, assouvie par une consommation énergétique toujours plus abondante. Pour autant, c‘est l’embargo de 1973 qui envoient un signal politique fort et clair.La crise révèle la vulnérabilité de secteurs entiers aux hydrocarbures, en particulier l’agriculture, du fait du machinisme agricole (pétrole) et des engrais (gaz naturel). Les pays de l’OCDE doivent déployer des plans de rationnement sans précédent en temps de paix : restrictions d’approvisionnement de l’industrie ; fermeture de stations-service ; limitations de vitesse sur les autoroutes ; normes de température dans les bâtiments publics ; sensibilisation de l’opinion (la « chasse au gaspi ») ; interdiction de l’éclairage des bureaux et des enseignes lumineuses après 22 heures ; arrêt des émissions télévisées à 23 heures ; interdiction de circuler le dimanche (en Suisse). L’industrie automobile se voit imposer des normes spectaculaires, favorisant les petits véhicules, plus sobres.
Michel SOURROUILLE : Rappelons ce qu’écrivait un spécialiste de l’automobile en 1979, JA Grégoire : « L’observateur ne peut manquer d’être angoissé par le contraste entre l’insouciance de l’homme et la gravité des épreuves qui le guette. Comme le gouvernement crie au feu d’une voix rassurante et qu’on n’aperçoit pas d’incendie, personne n’y croit. Jusqu’au jour où la baraque flambera. Comment l’automobiliste pourrait-il admettre la pénurie lorsqu’il voit l’essence couler à flot dans les pompes et lorsqu’il s’agglutine à chaque congé dans des encombrements imbéciles ? Cette situation me paraît beaucoup plus inquiétante encore que celle des Français en 1938. Ceux qui acceptaient de regarder les choses en face apercevaient au-delà des frontières la lueur des torches illuminant les manifestations wagnériennes, ils entendaient les bruits de bottes rythmant les hurlements hystériques du Führer. Tous les autres refusaient de voir et d’entendre. On se souvient de notre réveil en 1940 ! » (Vivre sans pétrole)
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Tragiquement, la crise pétrolière des années 1970 avait débouché sur le triomphe d’une idéologie du tout-marché, une économie qui ignore fondamentalement la centralité de l’énergie. Trop souvent la victime collatérale d’une crise est l’environnement. Tous les discours écologiques des années 1970 ont été remisés dans les oubliettes jusqu’à nos jours. Cinquante ans de perdus !
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Énervé par la colère, un beau soir après la guerre
J’ai balancé ma télé par la f’nêtre.
Comme j’suis un garçon primaire, je m’suis dit : un militaire
Avec un peu d’bol, s’la mange en pleine tête !
Libérés, enfin mes yeux, ont r’gardé l’scaphandrier d’l’aquarium
Qui cherche un trésor planqué sous les cailloux bariolés
Pauv’ bonhomme…
Enervé par France Intox, les FM et les juke-boxes
J’ai balancé ma radio par la f’nêtre,
En priant pour qu’elle tombe pas sur la tronche du môme en bas
Le p’tit joueur d’accordéon à casquette.
Libérées, mes deux oreilles, ont écouté le poisson rouge d’l’aquarium
Qu’était content d’être tout seul, qui f’sait juste un peu la gueule
Ou tout comme…