Un hymne à la violence des GJ dans LE MONDE

« Il n’y a que quand ça casse qu’on est entendu » : récit d’une journée de violence parmi les « gilets jaunes » à Paris (LE MONDE du 18 mars 2019)… « La violence, un « mal nécessaire » pour les « Gilets jaunes » (LE MONDE du 19 mars 2019). Le MONDE donne la parole aux casseurs : « Ça fait dix-huit semaines qu’ils ne nous écoutent pas ! Les black blocs avant ils faisaient peur à tout le monde, maintenant on trouve que c’est un plus. C’est eux qui font avancer les choses, nous, on est trop pacifistes. » ; « On a pris conscience qu’il n’y a que quand ça casse qu’on est entendu… » ; « C’est la violence d’Etat la première violence, celle qui donne la rage. » Etc. etc.

Mais il n’y a pas d’objectif à cette violence de la rue, déconnectée des finalités initiales du mouvement des « gilets jaunes ». C’est  un simple regroupement de professionnels de l’émeute, une forme d’addiction qu’on recherche pour l’adrénaline qu’elle génère, une mise en pratique des jeux vidéos qui imprègne tant de monde, une recherche de la médiatisation pour la médiatisation. Ce n’est qu’un épiphénomène auquel LE MONDE accorde trop d’importance. D’un autre côté les manifestations pour le climat de vendredi et samedi ne font pas le buzz, elles sont trop pacifiques ! La majorité des penseurs de l’écologisme pensent pourtant que l’usage de la violence est contre-productif. Voici trois analyses concordantes dans le mensuel « La décroissance »* :

Alain Refalo : Les deux mots « non violence » et « décroissance » sont des termes négatifs qui existent par ce à quoi ils s’opposent directement : la violence et la croissance. Ils permettent de nommer clairement la démarche de rupture engagée avec l’ordre établi, qu’il soit politique ou économique. Par contre la lutte par la violence renforce le système dominant, favorable à la croissance ; c’est enfermer notre avenir dans la violence destructrice là où il y a urgence de l’en délivrer. Le mot « non-violence, qui est la traduction par Gandhi du terme sanscrit ahimsa, signifie à l’origine la volonté de ne pas nuire aux êtres vivants. C’est la recherche d’harmonie, d’équilibre et de fraternité, et les moyens sont en cohérence avec la fin recherchée.

Serge Perrin : Ce n’est pas la violence, mais l’ensemble de la résistance sur la ZAD (zone à défendre) qui a permis de mettre en échec le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. En instaurant un rapport de force, c’est la convergence des militants, d’agriculteurs et de politiques hostiles à cette infrastructure qui a permis cette victoire. Au contraire, les actions violentes viennent toujours légitimer la répression policière. C’est en se revendiquant de la lutte contre les actions violentes que Macron a pu vider la ZAD. « Casser du flic » ne fait rien avancer, bien au contraire. La culture de la violence machiste, bas du front, fait totalement partie de la culture capitaliste ; ce sont des personnes en adéquation avec la logique de la loi du plus fort qui en est le fruit. Beaucoup de gens qui se revendiquent de la violence ne connaissent d’ailleurs pas la non-violence. Le contraire de la non-violence n’est pas la violence, mais la passivité. Hannah Aredt précisait : « Il n’est pas nécessaire d’être méchant pour faire le mal, il suffit de ne rien dire… »

Jean-Baptiste Libouban : Quel plaisir ce serait de voir sauter la Bourse en quelques secondes. Allons-nous continuer à rêver ? Ne voyons-nous pas que les fins sont incluses dans les moyens ? Vouloir instaurer le respect de l’environnement par la violence, c’est faire le lit des partis extrémistes. La cohérence, c’est de commencer à construire aujourd’hui ce monde que nous voulons pour demain. La non-violence n’est pas le fait de doux rêveurs. C’est une stratégie de lutte qui a fait ses preuves en Inde (Gandhi), en Amérique (Martin Luther King), et chez nous. Si les paysans du Larzac avaient suivi la proposition des maoïstes de prendre les armes, ils auraient été vite réprimés. Si les faucheurs volontaires d’OGM peuvent multiplier leurs actions non-violentes, c’est parce qu’ils ont obtenu un soutien massif de la population. Revenons au présent. Tout le monde sait que nous allons droit dans le mur. Quand je discute avec n’importe qui dans le train ou ailleurs, les gens ont bien conscience que cette société se casse la figure. Mais regardons toutes ses pousses vertes qui se dressent dans les failles du béton. Tous les résistants, qui font des jardins partagés ou qui travaillent sur eux-mêmes pour changer leur regard et leur mode de vie. Le pire n’est pas certain.

* « La décroissance » de mars 2019 : Pourquoi la décroissance passe-t-elle par la non-violence ?

5 réflexions sur “Un hymne à la violence des GJ dans LE MONDE”

  1. Si on agit pas délibérément et immédiatement contre le changement climatique, croyez-vous que la transition se fera ds la douceur ? Pensez-vous que les gens accueilleront paisiblement les pauvres migrants affamés ? Espérez -vous trouver de l’eau potable sans problèmes ?…
    [J’habite l’hémisphere Sud et je peux vous dire que c’est déjà commencé depuis 7-8ans !]

  2. Caliban, commentateur sur lemonde.fr : Brian « je n’ai pas réfléchi« . On a constaté depuis assez longtemps maintenant que chez les gilets jeunes il n’y a que le gilet qui réfléchit.
    PIERRE DUMONT : La raison est simple et connue même avant les années 30 : plus la foule est grande et plus le QI est bas, des salopards l’ont bien exploité. Comme aurait dit Desproges « on peut manifester contre tout mais pas avec n’importe qui ».

  3. Bryan, la carrure solide, reconnaît devant le tribunal avoir lancé « une ou deux pierres » sur des forces de l’ordre, samedi. « J’ai fait comme les autres, je n’ai pas réfléchi, je me suis fait engrener », tente-t-il d’expliquer.

  4. Emmanuel Macron : la violence des « gilets jaunes » n’est que la « translation dans le réel de ce qui se passe sur les réseaux sociaux », à savoir « le langage désinhibé et la très grande violence sous couvert d’anonymat ».

  5. Emmanuel Macron : la violence des « gilets jaunes » n’est que la « translation dans le réel de ce qui se passe sur les réseaux sociaux », à savoir « le langage désinhibé et la très grande violence sous couvert d’anonymat ».

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