Le totalitarisme désigne une dictature totale, s’imposant à chaque conscience, l’inverse de la démocratie qui repose sur la libre délibération des citoyens. Cette mainmise totale de l’État sur la libre expression se généralise dans beaucoup de pays.
Deux exemples récents parmi tant d’autres :
– Vietnam : La journaliste Pham Doan Trang a été condamnée le 14 décembre 2021 à neuf ans de prison pour « crimes d’écriture » et « propagande anti-Etat ». Ses déclarations seraient « préjudiciables » à la stabilité de la société vietnamienne. Cinq autres journalistes ont été condamnés à de la prison pour « abus de droits démocratiques ». Nous avons affaire à une justice politique, aux ordres du parti au pouvoir, dont le seul but est de punir ceux qui tentent d’informer leurs concitoyens.
– Hongkong : Les Hongkongais sont appelés à voter pour leur Parlement le dimanche 19 décembre 2021. Il sera pour la première fois composé exclusivement de « patriotes », au sens entendu par le Parti communiste chinois. La quasi-totalité des candidats de l’opposition qui avaient prévu de se présenter au scrutin sont actuellement derrière les barreaux, en liberté sous caution, ou en exil. Sur 90 sièges, seulement 20 sont élus au suffrage universel direct ont été réduits à 20. Un comité d’étude de l’éligibilité des candidats a été créé pour vérifier non seulement le patriotisme des candidats mais aussi, sur la base d’un avis émis par la police de Hongkong, qu’ils ne présentent pas de risque pour la « sécurité nationale ». Appeler à l’abstention ou au vote blanc est devenu un délit passible de trois ans de prison. Tous les partis à obédience « localiste » (insistant sur la différence entre Hongkongais et Chinois continentaux) s’étaient dissous par précaution.
Explication : Claude Lefort voit cette mainmise totale de l’État par un désir de fusion dans le groupe qui ferait jusqu’à aimer la tyrannie. Cela n’explique pas le pourquoi du désir de fusion. En fait les humains sont à l’origine un animal de petit groupe, de clan. Une meute. Lorsqu’il s’agit de réfléchir en petit groupe, les participants sont capables d’aboutir à une réflexion commune, un consensus. Mais au niveau national, à plus forte raison au niveau mondial, le consensus n’est plus possible. En d’autres termes, 8 milliards de personnes, cela fait une capacité d’action qui tend vers l’infini. Mais 8 milliard de personnes, cela fait une capacité de réflexion collective qui tend vers zéro. L’humanité a la capacité physique d’aller au désastre, nucléaire à une époque, climatique aujourd’hui. Pourquoi ? Parce qu’elle est dans l’incapacité totale de maîtriser démocratiquement la puissance issue du surnombre d’humains.
Application : Plus il y a de personnes, plus le nombre d’interrelations se multiplie et bloque l’expression d’une intelligence collective ; la surpopulation fait le lit du populisme. La colère de la masse est mauvaise conseillère, elle fait le jeu de quelques leaders qui savent profitent des circonstances à un moment donné. Ce mode de gouvernance n’a pas de contenu programmatique spécifique, il s’agit d’agréger des revendication diverses, pour le pouvoir d’achat et pour l’emploi, contre les immigrés, contre les élites… Le populisme est en fait l’art de se servir des ressentiments du peuple pour prendre le pouvoir, et de manière annexe le lui confisquer. Extrême droite et ultragauche se rejoignent. « Contre la droite du fric, la gauche du fric, je suis la candidate de la France du peuple », affirmait Marine Le Pen lors du lancement de sa campagne présidentielle de 2017. L’affiche électorale de Jean-Luc Mélenchon était du même tonneau : un portrait de lui-même surmonté du slogan « La force du peuple ».
Lire, Pourquoi l’inéluctable montée des populismes ?
Au niveau international, les populistes profitent du malaise socio-économique pour se multiplier, Chavez/Maduro, Trump, Bolsonaro, etc. Or les manipulations des foules ne sont jamais porteurs de bonne nouvelle. Le profil psychologique requis pour devenir dictateur ne laisse guère augurer un comportement soucieux du bien public. La vague populiste ne menace pas seulement nos libertés au sens classique, mais la possibilité même de pouvoir continuer à vivre sur la planète Terre. Des populations désorientées, soumises à des pénuries diverses, seraient probablement susceptibles de succomber à un désir autoritaire. Les « démocraties » les plus peuplées comme l’Inde ou le Brésil sont gouvernées par des leaders qui proclament être la représentation exclusive du peuple, et tous ceux qui ne sont pas d’accord avec eux y sont considérés comme des traîtres. Dans une démocratie de masse où il faut entraîner à sa suite des millions d’électeurs lors d’une présidentielle, il est nécessaire d’avoir un leadership par lequel se faire reconnaître. Il était significatif que trois des quatre mouvements politiques qui sont arrivés en tête à la présidentielle française de 2017 étaient animés par une personnalité charismatique, Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. La forme « démocratie » est tellement procédurale et complexe sur le plan des pratiques qu’elle a besoin d’incarnation à un moment donné .
Références historiques :
– Étienne de la Boétie (1576) : « Il y a trois sortes de tyrans. Les uns ont le royaume par élection du peuple ; les autres par la force des armes ; les autres par succession de leur famille. Pour dire la vérité, je vois bien qu’il y a entre eux quelques différences, mais de choix, je n’y en vois point, la façon de régner est toujours quasi-semblable. Celui à qui le peuple a donné l’État devrait être, ce me semble, plus supportable, et le serait n’était que, dès lors qu’il se voit élevé au-dessus des autres, il délibère de n’en bouger point… » Le populisme par exemple est l’art de se servir des sentiments du peuple pour prendre le pouvoir, et de manière annexe le lui confisquer. En effet la colère est mauvaise conseillère, elle fait le jeu de quelques leaders autoproclamés.(Discours de la servitude volontaire)
– Malthus (1798) :« Le peuple doit s’envisager comme étant lui-même la cause principale de ses souffrances. Tant qu’il sera au pouvoir d’un homme mécontent et doué de quelque pouvoir d’agiter le peuple, de lui persuader que c’est au gouvernement qu’il doit imputer les maux qu’il s’est lui-même attiré, il est manifeste qu’on aura toujours de nouveaux moyens de fomenter le mécontentement et de semer des germes de révolution. Après avoir détruit le gouvernement établi, le peuple, toujours en proie à la misère, tourne son ressentiment sur ceux qui ont succédé à ses premiers maîtres. La multitude qui fait les émeutes est le produit d’une population excédante. Cette multitude égarée est un ennemi redoutable de la liberté, qui fomente la tyrannie ou la fait naître. Si les mécontentements politiques se trouvaient mêlés aux cris de la faim, et qu’une révolution s’opéra par la populace, en proie aux besoins d’être nourrie, il faudrait s’attendre à de perpétuels changements, à des scènes de sang sans cesse renouvelées, à des excès de tout genre qui ne pourraient être contenus que par le despotisme absolu. » (Essai sur le principe de population)
Lire, l’écologie est un anti-totalitarisme
Il est urgent de comprendre que seule l’écologie est un anti-totalitarisme car cette vision du monde accepte la diversité des cultures humaines associée à la diversité des écosystèmes. Il est urgent que l’État, source potentielle de totalitarisme, laisse place à des communautés que puissent déterminer elles-mêmes leur autonomie énergétique et alimentaire.Sinon, ce sera la barbarie d’un fascisme qui se servira de l’urgence écologique pour en faire la justification de l’acharnement contre des boucs émissaires, les juifs, les migrants, les étrangers, et toujours Nous contre EUX
Ce passage de Malthus nécessiterait plusieurs pages pour le commenter.
1) Que le peuple ne s’en prenne qu’à lui-même je veux bien. C’est d’ailleurs ce qu’avait développé bien avant lui La Boétie, et résumé par «Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genou». Le Peuple c’est le Gros Animal, comme disait Platon. On peut dire aussi que c’est la foule. Et il n’y a rien de plus con que la foule, surtout lorsqu’elle est menée par un ou des grands malades qui prétendent représenter le Peuple. Finalement le Peuple c’est n’importe quoi, je préfère de loin parler de la population.
2) « La multitude qui fait les émeutes est le produit d’une population excédante. »
On retrouve là la sempiternelle théorie selon laquelle le Surnombre est La Cause de tous les maux. Comme si les émeutes, les révolutions, les guerres, n’étaient que les conséquences d’une population excédante, ou excédentaire.
Les émeutes expriment toujours un ras-le-bol. Ce ras-le-bol peut être dû à des tas de choses : marre d’avoir faim, et/ou d’avoir froid, marre d’être privé de liberté, marre d’être une vache à lait, marre d’être pris pour des cons etc. etc. Et quand plusieurs raisons s’accumulent, et que la coupe est pleine, il suffit d’une goutte pour faire déborder le vase. Et c’est la révolution.
Tout casser parce qu’on en a marre, c’est juste se défouler. Certes ça fait du bien, sur le moment, en plus c’est authentique, puisqu’il n’est plus question là de faire semblant. Certes on a vu des révolutions dites pacifistes (ex. la révolution des Œillets), mais une véritable révolution se doit d’être authentique, autrement dit violente. Maintenant ce n’est pas forcément là le meilleur moyen de construire autre chose de meilleur. Sauf si cette casse a été précédemment bien préparée, à la manière d’un putsch (ex. la révolution des Œillets). Mais à ce moment là c’est comme avec la guerre, ce n’est pas le Peuple (la piétaille, la chair à canon) qui décide, mais une poignée d’individus. Et là encore, rien ne dit que les choses se dérouleront comme ils les auront prévues. Et finalement c’est toujours le hasard qui fait les choses.
Machiavel considère toutefois l’alternance des régimes comme due principalement au hasard. Il écrit ainsi : « ces variations de gouvernements naissent au hasard parmi les hommes » (anacyclose – Wikipedia)
Parce que je crois au hasard, je serais plutôt favorable à cette théorie.
Ainsi, après l’ochlocratie actuelle (règne de l’Opinion, du grand n’importe quoi etc.) qui peut se voir aussi (et en même temps) comme une oligarchie, plus exactement une ploutocratie (gouvernement exercé par les plus riches), et/ou comme «Une étrange dictature» (Viviane Forrester), nous pourrions très bien avoir, non pas une monarchie, mais une véritable dictature.
Une dictature enfin digne de ce nom, qui ferait l’unanimité, sur laquelle il n’y aurait plus à chipoter. Si le hasard en décidait ainsi, ou même en forçant un petit peu le hasard, pour commencer elle pourrait être «sanitaire». Puis «verte» par la force des choses. Ou encore, ce qui reviendrait finalement au même, un régime type Meilleur des Mondes-1984-Soleil vert, en attendant Mad-Max.
Faudra me dire si ma théorie tient la route, ou pas.
– « Il est urgent de comprendre que seule l’écologie est un anti-totalitarisme car cette vision du monde accepte la diversité des cultures humaines associée à la diversité des écosystèmes.» (Biosphère)
Alors là, pas d’accord du tout ! Déjà parce que derrière le mot «écologie» on peut y mettre n »importe quoi. S’il s’agit d’écologie politique on devrait alors parler d’écologisme, et donc d’idéologie. Or de l’idéologie au dogmatisme il n’y a qu’un pas, inutile de le démontrer. Et du dogmatisme au totalitarisme c’est pareil.
D’autre part il faut être aveugle pour ne pas voir que tout le monde s’en réclame, de l’écologie. Même les plus pourris ! Bien sûr ça ne date pas d’aujourd’hui, pensons au sinistre Adolph et tant pis pour Godwin. En attendant, nous voyons clairement et notamment ici sur Biosphère, que certains ne rêvent que de totalitarisme. Misère misère !
L’ invasion est aussi animale ou végétale mais ces espèces suscitent à juste titre beaucoup moins d’ antipathie .
Redoutables pour nos espèces locales , elles n’ ont pas le même potentiel de nuisance que nos « chers » divers 😎
« que seule l’écologie est un anti-totalitarisme car cette vision du monde accepte la diversité des cultures humaines associée à la diversité des écosystèmes. Il »
Exact mais dans la mesure où chaque culture reste dans son biotope naturel : les africains en afrique , les muzz chez les muzz , les chinetoques en Chine , les Afghans en Asie, … et ne tente pas de déverser son trop plein de population « enrichissante » ailleurs .
Il n’ y a aucune recherche de bouc émissaire parmi les juifs et les migrants , ils récoltent ce qu’ ils ont semé : beaucoup de juifs médiatiques (Attali, BHL , Minc , Glucksmann , Askolovitch ,Rut et Grief , Con Bandit , Dray , Lang, …) sont de grands nuisibles (gauchisme délirant, encouragement au multiculturalisme, délires LGBT, Woke et cancel culture ) et on peut en dire autant des (im)migrants (ruine de la CAF (Centre à Fric), natalité débridée , criminalité délirante
– « Mais 8 milliards de personnes, cela fait une capacité de réflexion collective qui tend vers zéro. »
Réflexion collective… de quoi parle t-on ? De cette intelligence collective que je n’arrive pas à cerner ? En attendant, tout le monde sera d’accord pour dire que les choses se compliquent à partir du moment où on est deux à prendre une décision. Et qu’au-delà d’un certain nombre c’est impossible. Et là, qu’on soit mille ou 8 milliards ne change finalement pas grand chose.
Populisme ? Là encore de quoi parle t-on ? Maintenant si on parle de démagogie, d’électoralisme, d’opportunisme, de beaux parleurs, de sophistes, de marchands de promesses et de salades etc. on peut remonter très loin. Si on fait le lien entre populisme et totalitarisme, dictature, tyrannie, force est de constater qu’il ne nous aura pas fallu attendre d’être 8 milliards pour goûter au pire.
– « […] la surpopulation fait le lit du populisme. »
Je peux dire de même que la fatigue fait le lit du populisme. La fatigue ou la fainéantise, la trouille, la bêtise, la décadence etc. c’est comme on voudra. Au-delà d’un certain nombre je peux dire n’importe quoi, il s’en trouvera toujours un pour me suivre.
En attendant, je peux toujours dire que l’Opinion se fabrique, se manipule (La fabrique du consentement. De la propagande médiatique en démocratie. Chomsky). Que la démocratie est un trompe couillons. Et que la propagande reste le meilleur moyen pour éviter que chacun s’éparpille dans tous les sens (Propaganda. Edward Bernays).
La propagande reste un discours de manipulation des foules, au delà de la prise du pouvoir son but est d’éviter le chaos et d’établir un certain ordre (l’Ordre Établi).
Seulement rien n’est éternel, tout lasse et tout casse, tout se transforme etc. L’anacyclose est une théorie politique qui remonte à l’Antiquité (Platon, Aristote, Polybe…), les régimes politiques se succèderaient selon un cycle.
Pour l’historien grec Polybe de Mégalopolis ce cycle comporte 6 phases : Monarchie, tyrannie, aristocratie, oligarchie, puis démocratie, qui dégénère en ochlocratie… avant l’avènement d’un homme providentiel qui ramènera la monarchie. Pour lui l’ochlocratie (la foule, la populace qui gouverne) est le pire des régimes. Et pour cause, l’ochlocratie c’est le grand n’importe quoi.
Si Polybe a vu juste… il ne nous reste plus qu’à attendre cet homme providentiel. Ou cette cette femme providentielle peu importe.