Virus et état de guerre, allons à l’essentiel

« Nous sommes en guerre, allons à l’essentiel. » Ainsi pourrait se résumer l’intervention télévisée du président de la république française lundi 16 mars (lire en fin de cet article). Mais il ne s’agit que de lutter contre le coronavirus pour une période que Macron estime temporaire. Notre réalité structurelle est tout autre. Nous avons fait la guerre à la planète, épuisé ses richesses et ses potentialités, il est urgent de faire la paix. Mais cela veut dire aller à l’essentiel, pratiquer le rationnement pour une sobriété partagée et ce sur une période très très longue. Voici quelques références sur notre blog biosphere :

23 décembre 2019, Après les fêtes de Noël, l’économie de guerre

« Mon discours ne fera jamais recette. Je (Yves Cochet) ne suis pas entendu, et c’est précisément pour cela que l’effondrement va arriver. Pour s’en sortir, il faudrait une économie de guerre comme à Londres, en 1941. Je suis pour le rationnement de l’essence, des vivres, des vêtements, et pour le contrôle des naissances. Mais il n’y a pas d’exemples dans l’Histoire où une économie de guerre a été adoptée avant la guerre. Les gens ne l’acceptent pas. Aujourd’hui, la préoccupation première des Français, c’est le pouvoir d’achat…

3 décembre 2019, état de guerre, la planète ne négocie pas

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres affirme, à la veille de l’ouverture de la conférence sur les changements climatiques (COP25) : « L’espèce humaine est en guerre contre la planète et la planète rend coup pour coup. » Il a présenté la liste effrayante des effets dévastateurs de plus en plus « meurtriers » du réchauffement : hausse du niveau des océans, fonte des calottes polaires, sécheresses… « Le point de non-retour n’est plus loin à l’horizon, il est en vue et se rapproche de nous à toute vitesse »…

4 octobre 2011, Avec Lancia, abandonnez le superflu, ne gardez que l’essentiel

Abandonnez le superflu, ne gardez que l’essentiel. » Message admirable qui passait à la télé. Mais il s’agit d’une pub pour la nouvelle Lancia Ypsilon qui poursuit : « redécouvrez l’élégance et laissez-la s’exprimer » … Abandonner le superflu pour ne garder que l’essentiel se trouve du côté de la simplicité volontaire et bientôt de l’austérité obligée quand on s’apercevra que les réserves de pétrole ont une fin et que les publicitaires nous ont trompé et fait vivre un rêve sans lendemain…

7 juin 2010, Blood, Toil, Tears and Sweat

« I have nothing to offer but Blood, Toil, Tears and Sweat » s’exclamait Churchill le 13 mai 1940 : « Je n’ai rien d’autre à offrir que du  sang, de la peine, des larmes et de la sueur ». Nous sommes en état de guerre, de guerre contre la planète ; la question monétaire est secondaire par rapport à la question des ressources physiques. Bien plus, tout ce que nous avons imaginé antérieurement pour sortir de la crise financière (remettre en route la machine à créer de la monnaie dans les banques) ne servira qu’à mieux préparer la prochaine crise. Les politiques doivent faire leur le diagnostic de Jean-Marc Jancovici et Alain Grandjean : « Osons le dire : celui ou celle qui arriverait, aujourd’hui, avec les idées claires sur la contrainte des ressources naturelles, et qui aurait un programme bien bâti pour y répondre, avec un mélange de souffle nouveau et d’efforts pour chacun, celui-là ou celle-là pourrait être audible. »…

Discours de Macron : « Samedi soir, les restaurants, les bars, tous les commerces non essentiels à la vie de la nation ont également clos leurs portes… Jamais la France n’avait dû prendre de telles décisions, évidemment exceptionnelles, évidemment temporaires en temps de paix. Elles ont été prises avec ordre, préparation, sur la base de recommandations scientifiques avec un seul objectif : nous protéger face à la propagation du virus…Nous sommes en guerre, en guerre sanitaire certes. Nous ne luttons ni contre une armée ni contre une autre nation, mais l’ennemi est là, invisible, insaisissable, et qui progresse. Et cela requiert notre mobilisation générale. Nous sommes en guerre. Toute l’action du gouvernement et du Parlement doit être désormais tournée vers le combat contre l’épidémie, de jour comme de nuit. Rien ne doit nous en divertir… Nous sommes en guerre. J’appelle tous les acteurs politiques, économiques, sociaux, associatifs, tous les Français à s’inscrire dans cette union nationale.. Nous sommes en guerre et la Nation soutiendra ses enfants qui, personnels soignants en ville, à l’hôpital, se trouvent en première ligne… »

https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/16/nous-sommes-en-guerre-retrouvez-le-discours-de-macron-pour-lutter-contre-le-coronavirus_6033314_823448.html

9 réflexions sur “Virus et état de guerre, allons à l’essentiel”

  1. Le président des Etats-Unis a affirmé aujourd’hui 18 mars que le pays était en « guerre contre le virus chinois », selon la formule controversée qu’il utilise désormais. Le secrétaire américain au Trésor a brandi la menace d’un taux de chômage de 20 % si un gigantesque plan de relance économique n’était pas adopté pour amortir l’impact de l’épidémie. L’administration Trump a demandé mercredi au Congrès d’approuver le versement de 500 milliards de dollars (461 milliards d’euros) aux contribuables américains…
    C’est ça, business as usual, comme après le choc boursier en 2008 ! Les Américains pourront continuer ensuite à faire la guerre à la planète en faisant la politique de la Terre brûlée.

  2. De toute façon, une fois que la période de confinement sera terminée, et ben l’épidémie se propagera à nouveau. En effet, les individus qui sont porteurs du coronavirus sans être malade, le diffuseront à nouveau à l’ensemble de la population une fois que tout le monde pourra circuler librement….

  3. L’essentiel reste finalement quelque chose d’assez flou. C’est quoi l’essentiel ?
    Le dico nous dit que l’essentiel c’est ce qui est d’une grande importance, ce qui est le plus important, ce qui est capital, etc. Ainsi pour certains, l’essentiel sera leur capital justement, pour d’autres ce sera leur sacro-sainte Bagnole, pour d’autre encore leur job, etc. etc.
    Alors bien sûr, on peut toujours dire que l’essentiel c’est ce qu’il reste une fois qu’on s’est débarrassé du superflu. Une fois avoir dit, nous voilà donc bien avancés.

    En attendant, pour Lancia, cette fois l’essentiel semble être l’élégance. Et après tout pourquoi pas. Afin de nous vendre cette même bagnole, Lancia nous dit également «Le luxe est un droit». Devons-nous alors associer le luxe à l’élégance ? Ben ….
    Mais, c’est quoi l’élégance ? Mis à part bien sûr celle de la nouvelle Lancia Ypsilon.
    Et là je pense à cette phrase de Michel Onfray, dans Décadence : «Le bateau coule ; il nous reste à sombrer avec élégance.» 😉

  4. « Le mot d’ordre est clair : restez chez vous ! », a déclaré le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, lundi 16 mars. Les déplacements sont autorisés à condition d’être muni d’une attestation pour les cas suivants :
    – déplacements entre le domicile et le travail lorsque le télétravail est impossible ;
    – déplacements pour faire des courses ;
    – déplacements pour motif de santé ;
    – déplacements pour motif familial impérieux, pour l’assistance aux personnes vulnérables ou la garde d’enfants ;
    – déplacements brefs, à proximité du domicile, pour faire du sport individuellement (marche, course) et pour les besoins des animaux de compagnie.
    Ouaf, Miaou, les chiens, les chats et les poissons rouges font l’objet de dérogation… la biodiversité est sauvée.

    1. Le chien est content, comme tous les jours Monsieur a encore droit à sa sortie quotidienne. Pour être en règle, faut juste que je pense à avoir sur moi le papier qui va bien. En plus, bien sûr, de la laisse et de la poche à crottes. Je suis d’ailleurs en train de me préparer une liste.
      Pour les poissons, je me demande toujours si j’ai le droit d’aller les taquiner un peu. Comme je n’ose pas déranger les Autorités pour le leur demander, si quelqu’un pouvait me répondre je lui en serais très reconnaissant. Après tout, la pêche à la ligne (hors concours évidemment) est une façon comme une autre de s’oxygéner, et de marcher, non ? Dans la vie, il n’y a pas que le boulot, la bouffe et la course tout de même ! 😉

  5. Oui, « on va injecter des milliards pour sauver notre modèle économique ». C’est comme les centaines de milliards (ce sont plutôt des trillions) de dollars que l’on a injecté dans le système bancaire et financier pour limiter les effets de la crise de 2008. On a sauvé le système financier, alors que dans les années 30, on a laissé le système s’effondrer. Cet effondrement a effacé une partie de la richesse détenue par les détenteurs de capitaux, d’où la réduction drastique des inégalités pendant l’entre-deux guerres (cf. Piketty). En revanche, suite à la crise de 2008, ce fut le retour à la « normale » dès 2009 (moyennant la crise grecque, mais là c’est une autre histoire…) quand les banques ont pu redresser leurs bilans. Les riches sont restés riches et les inégalités ont continué à grimper. Et les mêmes continuent à dilapider nos ressources et à polluer la planète…
    Cette crise sanitaire, c’est la crise de la phase actuelle de la mondialisation. Oui, mutatis mutandis, cette épidémie n’est pas sans rappeler les épidémies et famines de l’avant révolution industrielle. Sauf que la population continuera à croître une fois l’épidémie passée. Comment conçoit-on la transition vers autre chose ?

    1. Merci à vous aussi Cécile. Je suis également d’accord avec vous. En attendant… et quoi qu’il en soit, et/ou quoi qu’il en coûte… tout sera fait pour sauver le Système (et c’est ce que je disais encore hier). De ce côté là nous pouvons donc être rassurés.
      Un détail. Vous dites que dans les années 30, on a laissé le système s’effondrer. Pas du tout. Là encore tout a été fait pour le sauver. Herbert Hoover, alors président des États-Unis a fait ce qu’il a pu, seulement sa politique fut un échec. C’est Franklin Roosevelt qui dès 1932 lance l’idée du New Deal, qu’il mettra en place en suivant.

  6. Je vais peut-être vous choquer mais les épidémies font partie du mode de régulation de la population humaine, elles sont inévitables et d’autant plus meurtrières que nous sommes plus nombreux. On va mettre des milliards pour faire face au coronavirus et sauver notre modèle économique, mais on est pas capable d’engager des sommes équivalentes pour sauver le climat et réduire les pollutions qui provoquent d’autres crises sanitaires tout aussi, voir plus meurtrières.
    Le gouvernement est prêt à nous mettre en confinement complet, mais pas à supprimer les pesticides qui nous empoisonnent ou limiter fortement la circulation automobile qui nous étouffe. A promouvoir une consommation débridée de biens parfois inutile qui dilapide les ressources et fait tourner des usines et des transports polluants, fait circuler les marchandises, les  hommes et les virus,mais pas à préserver nos équilibrés écologiques vitaux.
    Il n’est sans doute pas l’heure, en pleine angoisse vitale, de tenir ce discours, mais c’est le seul que peuvent tenir des écologistes qui veulent changer de modèle pour le rendre plus vivable, plus durable, et par là même moins soumis à la propagation de nouveaux virus.

    1. Merci Lydia pour ce commentaire qui change un peu de ce que nous lisons régulièrement ici. Bien sûr, «les épidémies font partie du mode de régulation de la population humaine, elles sont inévitables et d’autant plus meurtrières que nous sommes plus nombreux. » Je rajouterais, et d’autant plus meurtrières lorsque nous n’avons pas les moyens d’y faire face.
      A part ça, je suis d’accord avec vous.

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