150 citoyens tirés au sort, et moi et moi émoi

150 citoyens tentent de résoudre ce que les élus de la nation ne sont pas parvenus à faire. Le 25 avril 2019, Emmanuel Macron annonçait, sur les décombres de la taxe carbone, la création d’une convention citoyenne pour le climat. L’objectif est fondamental : définir une série de mesures permettant de réduire d’« au moins 40 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, dans un esprit de justice sociale ». Notons déjà, ce qui nous paraît le plus significatif, « le retour éventuel d’une hausse de la taxe carbone, à l’origine de la colère des gilets jaunes, a soigneusement été écarté des pistes de travail. » C’est comme le Grenelle de l’environnement (laissé sans suite), le nucléaire avait été soigneusement exclu des débats par le gouvernement ! Laissons la parole aux Internautes, entre doute et enthousiasme :

Diplo : 150 inconnus amateurs tirés au sort se retrouvent le soir au bar à période fixe après des débats dirigés par Terra Nova et proposent la mesure révolutionnaire d’inscrire l’urgence climatique dans la Constitution. Waou.

jea.vie : Force est de constater que, pour le moment ce grand moment de démocratie se déroule dans l’indifférence générale. De toute façon je n’ai toujours pas compris en quoi 150 citoyens lambda tirés au sort seraient plus compétents que les milliers d’experts de tous poils qui phosphorent sur le sujet depuis des années. Jean Jouzel et ses petits camarades doivent quand même l’avoir un peu mauvaise. On verra bien ce qu’il en sort, mais pour le moment ça ressemble plutôt à un caprice de Macron qu’à autre chose…

Jean Rouergue : Quand le parlement ne sait plus assumer ses responsabilités, assurer son autonomie, réfléchir par lui-même mais est devenu une chambre de godillots aux ordres, il faut extrader la décision, l’analyse, la réflexion, tout en somme….
Victor M : Il faut espérer que le résultat soit meilleur que celui du « grand débat », qui a seulement abouti à : les français ne veulent plus payer d’impôts et veulent plus de services publics. Une conclusion très simpliste qui écarte complètement le sentiment d’injustice sociale et d’abandon de certains territoires et populations. Pour participer régulièrement au semblant de « démocratie » qu’offre les consultations et débats publics, les conclusions sont souvent loin des remontées, les décisions encore plus loin.

G.Martin : Jean-Marc Jancovici a-t-il été tiré au sort ??? Non ! Dommage…

César Bistruk @ Martin : Soyez rassuré, il fait partie du panel d’experts consultés par cette Assemblée. Cf. une des dernières vidéos youtube qu’il a postées sur Youtube. Cet enregistrement de la première séance en illustre parfaitement le mode de fonctionnement. Les citoyens sont bien épaulés pour organiser les débats et les thématiques, d’une manière plutôt efficace.

Cyril Videau : Il me semble que ces pistes d’action sont bien résumées dans l’étude du cabinet d’analyse BL Évolution « Comment s’aligner sur une trajectoire 1,5 degré ». Elle liste les mesures concrètes à mettre en œuvre pour s’aligner sur une trajectoire de réchauffement limitée à + 1,5°C, et pas davantage. Parmi elles, l’interdiction de vendre des véhicules thermiques pour un usage particulier, l’interdiction du chauffage au fioul, la mise en place d’un « couvre feu thermique » entre 22h et 6h (température plafonnée à 17 degré dans les logements), l’interdiction de la plus grande partie des déplacements en avion ou encore l’instauration de quotas sur les produits importés (café, chocolat…). Vous pouvez consulter le résumé de cette étude en infographie sur le site de Novethic. Cette étude n’est peut-être pas parfaite mais elle donne une idée des efforts à réaliser pour limiter le changement climatique (mesures à mettre en œuvre au niveau mondial pour qu’elles aient un véritable effet).

Untel : L’erreur est de croire que nous sommes au centre des enjeux. Pour la démographie, pour les émissions, pour l’équilibre économique de la planète, cela se passe ailleurs. Agir ici, de manière isolée, sans vérifier si les centres plus importants font pareil, aux USA, en Chine, en Inde, en Afrique, est une pure ânerie. Le monde entier se fiche de notre exemple. Ils attendent que nous commettions des fautes, notamment en décroissant, pour prendre nos marchés et notre place via l’immigration.

Camille Pol @untel : Votre raisonnement consiste à dire : s’il y a tant de pays ou les droits de la femme sont peu respectés, alors ne nous fixons pas d’objectif d’amélioration en France, si certains pays n’interdisent pas le travail des enfants, ou appliquent des conditions de travail esclavagiste, abandonnons toute réglementation de droit du travail en la matière, si certains pays obligent leurs étudiants à emprunter des sommes astronomiques, ne nous posons aucune question concernant les difficultés rencontrée par les étudiants français, … bref, dans une logique très malhonnête de la « goutte d’eau » de la France par rapport au monde, abandonnons toute ambition d’un monde meilleur ?

Mamani Quispe : Vouloir transformer pilotes d’avion, ingénieurs aéronautiques, vendeurs d’autos, agents de tourisme, en paysans, et paysans sans tracteurs bien sûr, c’est une vue de l’esprit. D’autant plus que la destruction de toutes ces filières aura un effet domino. L’aéronautique, l’automobile, font vivre l’informatique, la filière acier, etc. Que fait-on des centaines de millions de chômeurs dans les industries de l’automobile, de l’aéronautique, du tourisme, chez les exportateurs de café et de chocolat, pour ne citer que cela ?

Cyril Videau @ Mamani : je suppose qu’ils deviennent agriculteurs, non ? Un système économique qui n’est plus basé sur les énergies fossiles, cela veut dire une vie moins confortable et la nécessité de se recentrer sur les besoins de base. Je pense qu’il faut que des ingénieurs, scientifiques, médecins, juristes, économistes, financiers, artisans… se penchent sur la question. Pour nous dire comment on pourrait mettre en œuvre cette politique de décroissance énergétique et matérielle, de manière à permettre un rétablissement des équilibres écologiques de la planète tout en préservant une certaine paix sociale. Mais dans tous les cas, cela veut dire une baisse du niveau de confort et une vie moins facile qu’aujourd’hui. Et probablement qu’une majorité de la population préfèrera conserver son « pouvoir d’achat », même si cela signifie détruire les équilibres écologiques de la Terre.

Novi : Ce que veulent les écologistes sans le dire, une baisse de la population mondiale, car le vrai sujet est celui de la surpopulation. Certains écolos n’hésitent pas à espérer une grande crise engrainant une baisse de la population comme la peste noire en son temps. C’est le commandant Cousteau qui expliquait parmi les premiers combien il fallait supprimer d’hommes sur Terre pour sauver la planète.

Quidam : Émettre des idées, c’est toujours assez facile, Les faire partager par des personnes qui sont comme vous volontaires pour échanger positivement, c’est relativement simple. Maintenant les frotter aux réactions des râleurs professionnels, des partisans politique qui regarderont cela à l’aune de leur doctrine politique, des citoyens persuades qu’il ne faut rien changer, des réalités économiques, de l’inanité de certaines reformes franco-française dans un système planétaire, tout cela sera très compliqué,

C.Paris : Cette méthode d’élaboration consensuelle par commission citoyenne a montré en Irlande tout son intérêt (loi pro-avortement malgré l’opposition des partis et corps intermédiaires). Elle est une réponse satisfaisante à la demande d’implication des populations et de dépassements des structures en place (aprtis, syndicats…) forcément sclérosés.
Reste encore à aboutir par des lois et décrets.

Perros Jean Michel : J’imagine la déception de ces 150 citoyens quand ils verront la suite donnée à leurs préconisations après passage de l’étape « État profond », c’est à dire l’énarchie des cabinets ministériels. Pour en savoir plus, notre blog biosphere :

14 août 2019, La volonté du peuple exprimée grâce au tirage au sort

3 septembre 2019, Convention citoyenne sur le climat, mascarade ?

8 octobre 2019, Écologie populaire et médiatisations

23 octobre 2019, On n’a pas de pétrole, mais on a des idées

* LE MONDE du 20 novembre 2019, « La convention pour le climat a déjà réussi ce petit miracle : refabriquer de la citoyenneté »

6 réflexions sur “150 citoyens tirés au sort, et moi et moi émoi”

  1. Je rappelle qu’il est possible de contribuer en ligne à ce débat, c’est d’ailleurs ce qu’a fait l’association Démographie Responsable en évoquant le lien entre CO2 et Démographie

    1. Bonjour Didier Barthès.
      Vous avez très bien fait de contribuer à ce débat (avec ou sans guillemets). Et j’espère que les participants mettront en avant, en plus de la « l’obsession pour la croissance » etc. l’enseignement du port du préservatif dès la maternelle. Et puis si Edouard leur dit qu’ « il n’y a pas d’argent magique » pour ça, il suffira de lui répondre que y’aca supprimer les allocs.

      1. Didier Barthès

        Mais pourquoi cette ironie Michel C ? (préservatif à la maternelle, réponse y’aca, comme si Démographie Responsable c’était ça )
        C’est si facile l’ironie ! Que proposez-vous ? Qu’avez vous fait de votre côté ?

        1. Mais pourquoi mal le prendre Didier Barthès ? Le 22 novembre 2019 à 15:30 je rappelais encore ce que tout le monde sait, et les démographes mieux que les autres, à savoir que quoi qu’on fasse la Terre portera quelques 10 milliards d’êtres humains en 2050. Bien sûr, bien sûr… à moins, à moins… qu’un terrible évènement non pris en compte dans leurs savants calculs n’intervienne d’ici là.
          Eh oui l’ironie, que voulez-vous que je propose de mieux ?

  2. Le plus rigolo, c’est que les macronistes commencent à s’inquiéter des futures exigences des 150 : les participants ont déjà mis en avant « l’obsession pour la croissance », « la logique d’intérêt financier » ou « la culture de la consommation » comme des freins à la transition écologique.
    Un pilier de la majorité : « La sélection s’est faite correctement mais le fait que ce soit des volontaires induit un biais : des gens qui sont d’accord pour passer six week-ends à parler d’écologie sont forcément déjà sensibles à cette thématique et ne sont pas des climatosceptiques… On peut donc craindre qu’à l’arrivée ils vont charger la barque » !
    Edouard Philippe a souligné que les mesures devront être finançables. « Il n’y a pas d’argent magique », a-t-il noté, se disant hostile à une écologie « punitive » ou « brutale ». Sans oublier de lâcher : « Je ne peux pas vous promettre que toutes vos propositions vont être appliquées, je vous mentirais si je vous disais ça. » (LE MONDE du 23 novembre 2019)

    1. En effet, le seul fait que les tirés au sort puissent refuser de participer à ce cirque vient modifier la représentativité de cet échantillon. En effet, faut vraiment être motivé pour sacrifier 6 week-ends. Même Dany «le rouge » semble n’avoir pas pu y renoncer.
      Maintenant je ne pense pas que «les exigences des 150″ viennent trop perturber la Macronie, dirigée par le roi de l’enfumage. Juste pour retrouver une représentativité qui les arrange bien, ils sont fichus de rémunérer les tirés au sort, et ceci même si « il n’y a pas d’argent magique ». Et pour contrer la grève du 5 décembre ils peuvent même décréter que cette journée sera payée double. Trop fort, je vous dis !

Les commentaires sont fermés.