Shift Project, les politiciens l’ignorent

Jean-Marc Jancovici : « Il n’y a pas d’échappatoire au problème climatique »

Lire,Voiture ou climat, on est obligé de choisir

Jean-Marc Jancovici : Beaucoup de politiciens n’ont pas compris le côté systémique du problème climatique. Ils sous-estiment cruellement « le sang et les larmes » qu’il faudra pour parveJnir à la neutralité carbone. Ce qui organise le monde aujourd’hui, ce sont des infrastructures qui ont des durées de vie très longues. Pour changer un réseau de transport ou d’électricité, il faut environ un siècle. Pour modifier l’urbanisme à large échelle, il faut plusieurs siècles. Le paysage agricole, il faut au minimum deux générations. Donc si on veut changer ce système, on a besoin de voir loin sinon on déstabilise tout le système ; ça s’appelle planifier. La planification a un avantage, c’est qu’elle sécurise, et un inconvénient, c’est qu’elle contraint. Collectivement, nous avons intérêt à évoluer vers un système dans lequel on a un peu plus d’efforts à faire à court terme et beaucoup plus de sécurité à moyen terme. Une fois qu’on a poussé au maximum les améliorations technologiques, on se rend compte que ça ne suffit pas pour atteindre la neutralité carbone, il faut donc avoir recours à la sobriété. Si on arrive à décarboner la production de 1 tonne de ciment de 70 % alors qu’il faudrait la décarboner de 80 %, les 10 % qui restent, cela veut dire qu’il faudra produire moins de ciment. La France a mis en œuvre un plan pour lutter contre le tabagisme ; nous nous sommes imposés des restrictions sur la consommation de tabac. Pour faire baisser les émissions de 5 % par an, il faut redonner une place centrale à l’agriculture. Donc, ça veut dire plus de monde – environ 1 % de la population française doit y aller –, ce qui est par ailleurs cohérent avec le fait qu’il faut faire dégonfler les villes. Mais dans la campagne présidentielle, le sujet de la trajectoire à adopter face au défi climatique est absent.

Lire, CLIMAT : rationnement, alternative d’avenir

The Shift Project  (présidé par Jean-Marc Jancovici) : Il faut consommer un peu plus d’électricité qu’aujourd’hui, en étant plus sobre dans de nombreux autres domaines : réduire drastiquement la consommation d’énergie, limiter la consommation de matériaux limiter fortement la construction de logements neufs, limiter l’exploitation du bois et des ressources forestières, diminuer d’un tiers la production de lait et d’œufs et par trois celle de viande, réduire massivement les transports en véhicule individuel, baisse du trafic aérien de 35 % …

Lire, Neutralité carbone, l’exigence de la sobriété

Le point de vue des écologistes : Ce Plan de transformation de l’économie française (PTEF) du Shift Project aurait du être précédemment énoncé par le Commissaire au Plan, François Bayrou. Celui-ci a préféré recommander une hausse de la natalité française ! Ce plan aurait du utiliser un terme générique qui n’est autre que « décroissance économique ». Il aurait pu indiquer des pistes très rapide à mettre en œuvre, par exemple l’arrêt de la publicité commerciale qui nous vend en permanence du rêve polluant. Il manque la dimension internationale qi devait être un aspect très important d’un programme pour la présidentielle 2022. Et il se refuse à aborder un sujet qui structure pourtant notre avenir commun, le planning familial.

Lire, Décroissance économique ET démographique

NB : cf. l’article publié par les JNE :

Sobriété, l’antithèse du pouvoir d’achat – par Michel Sourrouille

10 réflexions sur “Shift Project, les politiciens l’ignorent”

  1. – « Jancovici… une imposture écologique ? » (Reporterre 22 juin 2021)

    Et ben pour moi la réponse est non ! Jancovici a raison de dire que le nucléaire est le parachute ventral pour amortir le choc de la décroissance ! Ben oui, la décroissance il faut l’organiser, notamment en formant la population à des métiers qui ont disparu à cause de l’industrie. Parce que là, si on coupe l’électricité aux 3/4 de la population du jour au lendemain parce qu’on aurait fermé les centrales nucléaires, vous aurez la violence dans les rues, les conflits sociaux vont s’intensifier direct ! En terme de compétences, la population ne saura pas vivre sans électricité ou ne serait ce moins d’électricité du jour au lendemain.

    1. – « la population ne saura pas vivre sans électricité ou ne serait ce moins d’électricité du jour au lendemain.»
      Par la force des choses elle y parviendra. Bien sûr tout le monde ne s’en sortira pas de la même façon, pour certains ce sera dur, pour d’autres encore plus, pour d’autres moins. Pour avoir une idée il suffit de voir ce qui se passe dans les pays où les coupures d’électricité font partie du quotidien.
      Ceci dit, i… nos besoins en électricité se limitaient au strict nécessaire, comme il y a disons 60 ans … alors, etc. En France la conso d’électricité a triplé de 1973 à 2010 (source EDF). Toutefois n’oublions pas que la conso à elle seule ne détermine pas le montant de la facture. Exemple : 35KWh pour 2 mois. Soit 3 € d’élec. Plus 25 € pour l’abonnement et les taxes.

    2. Esprit critique

      Jancovici est bien un imposteur, un tartuffe. Voici ce qu’il dit :
      – « Si la population accepte de vivre dans un logement 4 fois plus petit, pas toujours chauffé, et de ne plus avoir de voiture : il n’y a aucun problème, 100 % renouvelables c’est possible. Mais, si on souhaite conserver quelque chose de proche du niveau de consommation actuel et, en plus de cela, se débarrasser des énergies fossiles, le nucléaire arrive immanquablement dans le débat. »
      ( « La croissance verte n’existe pas » Jean-Marc Jancovici – sfen.org )

      1. ESprit critique

        Certes il a raison. Mais alors… pourquoi dépense t-il autant d’énergie pour nous vendre le nucléaire ? Si ce n’est parce que lui le premier, n’est pas du tout disposé à vivre dans un logement 4 fois plus petit, pas toujours chauffé, de ne plus avoir de voiture etc. Mais alors… pour qui se prend-il ? Serait-ce alors parce que les autres sont tout simplement comme lui, qu’ils refusent de négocier leur mode de vie, de petits-bourgeois, qu’il nous faut absolument plus de nucléaire ? Jancovici ferait donc mieux de se taire, qu’il évite au moins de donner des leçons de sobriété.

  2. – « Jancovici… une imposture écologique ? » (Reporterre 22 juin 2021)
    Pour moi la réponse est OUI.

    – « Il faut consommer un peu plus d’électricité qu’aujourd’hui, en étant plus sobre dans de nombreux autres domaines : réduire drastiquement la consommation d’énergie, limiter la consommation de matériaux [et blablabla] »
    Jancovici reste le plus grand VRP de l’Atome. Business as usual. Son think-tank lui sert avant tout à vendre du temps de cerveau disponible à EDF-Enedis & Compagnie (voir qui finance son affaire). Marchand de nucléaire donc, de yaka-faukon et de salades et en même temps.
    Tout le monde sait que nous consommons trop d’énergie, et trop de tout.
    Alors ce n’est plus la peine de gaspiller de l’énergie pour nous le démontrer.

    1. En attendant, jamais un mot sur la démesure des plus riches. Les yachts, les jets privés et ces palaces qui pourraient abriter cent personnes, Janco dira que tout ça c’est «peanuts», que ça ne compte pas. Sans faire l’effort d’essayer de calculer combien ça représente en terme de mauvais exemple, de mauvaise image, ou d’effet rebond en quelque sorte.
      ( 20 décembre 2021 À 10:48 sur “Neutralité carbone, l’exigence de la sobriété”).
      Janco est théoricien tout autant qu’idéologue, 1 watt c’est 1 watt et peu importe à quoi il sert. Côté pratique, côté yaka-faukon, pour cette sobriété, suffit de faire comme pour le tabac. Yaka mettre l’essence à 30 ou 50 euros le litre et vous allez voir comment ça va décroître. Peut-être pas du côté des yachts et des jets privés, mais de ça on s’en fout.
      C’est c’là oui ! Janco au service du Capital bien plus que du Climat !

    2. Parti d'en rire

      Du point de vue des écologistes, disons plutôt de certains écologistes, le haut Commissaire au Plan n’a même pas planifié l’Essentiel…
      Ben oui. Et qu’est-ce qu’on pourrait espérer de plus d’un Rantanplan, lui aussi au service du Capital ?

  3. et bien dansez maintenant

    Je vote!
    Mais avant de respecter un tel programme, je reprendrai bien un peu de croissance polluante pour payer mon crédit immobilier et puis de la nourriture de qualité et puis l’entretien de ma vielle voiture et puis me payer des vacances en France et puis racheter un appartement pour mes enfants ou ma retraite…
    Je ne crois pas demander une vie luxe et pourtant j’entretiens une consommation délétère car multipliée par une population massive!

    1. Oui vous avez raison de souligner ces nécessités bien naturelles et qui ne sont en rien honteuses, le problème est donc bien difficile à résoudre, et il serait plus facile à résoudre si….

      1. Ben oui, même les décroissants en sont là. Autant dire qu’il va falloir un bon paquet de si. 🙂

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