Le mensuel « La Décroissance » offre une mine de renseignement sur les livres récemment paru. Ainsi cette interview de Bénédicte Bonzi (La France qui a faim. Le don à l’épreuve des violences alimentaires) dont nous résumons les propos tenus dans le journal de mai 2023.
Bénédicte Bonzi « L’aide alimentaire n’est pas une sympathique aide aux pauvres. Elle est un maillon dans la chaîne du contrôle des populations par les institutions étatiques et marchandes dominantes. Pour résumer, une agriculture hyper-industrielle a massivement détruit les milieux naturels et le travail des paysans, ce qui entraîne 4 millions de personnes qui se retrouvent devoir compter sur l’aide alimentaire. La loi Garot de 2016, issue du Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire, a pris alors la forme d’une convention de don à l’avantage des supermarchés auxquels les dons assurent une défiscalisation. Grâce aux pauvres, les riches paient moins d’impôts ! Mais c’est aux bénévoles associatifs d’assurer le transport des produits, de garantir la chaîne du froid et de servir les pauvres. Le résultat, tout le monde mange à peu près à sa faim, il n’y a pas d’explosion de colère sociale. C’est fondamentalement à cela que sert l’aide alimentaire. Comme il y a appel d’offre, cela garantit la part du marché de l’aide à l’agriculture productiviste. Ce ne sont évidemment pas des produits paysans qui se retrouvent dans les paniers de l’aide alimentaire. Et les intermédiaires savent se rendre « invisibles »….
Une sécurité sociale de l’alimentation, par exemple 150 euros par personne et par mois, seraient fléchés : on ne pourrait acheter que des aliments issus d’une agriculture qui respecterait l’environnement naturel. De plus, si nous voulons le retour des paysans, il nous faut accroître la part de l’alimentation dans les budgets des familles. »
Le point de vue des écologistes des temps futurs
Prolongeons les enseignements de Bénédicte Bonzi. L’agriculture productiviste a oublié que sans énergie fossile, elle est vouée au néant. La période de l’agro-industrie, basée sur des ressources fossiles en déplétion, va se terminer faute de carburant. Alors il y a aura une inversion, la loi d’Engel qui décrit l’évolution du budget alimentaire ira dans l’autre sens. Cette « loi » énonce qu’au fur et à mesure que le revenu augmente, la part des dépenses alimentaires diminue. Historiquement, notons d’abord que c’est l’augmentation de la productivité industrielle qui a permis de consacrer la plus grande part de son budget à des dépenses secondaires. De plus, paradoxalement, l’agriculture, le secteur primaire, fondement de notre survie physique, est subventionnée par l’Union européenne (la PAC) ; on ne paye pas le vrai prix de notre alimentation. Enfin la pression à la baisse des prix imposée aux agriculteurs par la grande distribution est une anomalie. Dans l’avenir, nous reviendrons à une situation plus normale, moins de gadgets achetés et beaucoup plus d’argent consacré à notre alimentation de base. Il y a aura aussi une autre inversion, l’exode rural deviendra le retour à la terre. Cela sera très dur, les produits agricoles seront plus cher, le travail à la ferme bien plus physique que l’emploi tertiaire. Il nous faudra oublier les grandes phrases hors sol du type « bon produit sain et au plus bas prix ».
Quant à l’aide alimentaire, un tonneau sans fond à l’heure actuelle qui ne profite qu’à l’agro-industrie, il faudra bien arriver à la réduire d’une manière ou d’une autre. Si on peut concevoir une aide alimentaire de court terme, on ne peut soutenir éternellement des pays en surpopulation, et la France est un de ces pays. Agir sur l’alimentation, c’est nécessairement agir aussi sur la population. Lire sur notre blog :
Arrêtons l’aide alimentaire structurelle
extraits : Disons-le alors tout net, tout pays qui ne fait pas l’effort de maîtriser sa fécondité, et subit en conséquences des problèmes économiques et socio-politiques structurels, n’a pas droit à une aide alimentaire continue. Malthus était très clair sur ce point : « N’oublions pas que l’humanité et une vraie politique requièrent impérieusement que dans des circonstances de famine, les pauvres reçoivent tous les secours que la nature des choses permet de leur donner. Il est donc de notre devoir de leur donner dans les années de détresse quelques secours temporaires. »
Baisse de l’aide publique au développement
extraits : Dans un compte-rendu de colloque, « Malthus hier et aujourd’hui » (1984), le politicien sénégalais Landing Savané affirmait : « L’aide internationale est comparable à la Loi des pauvres puisqu’elle bloque la nécessité de développer la production locale et d’assurer l’autosuffisance alimentaire. On voit mal comment il serait soutenable de fournir en permanence des aides toujours croissantes à une population dont la croissance provoquerait la dégradation des sols sur lesquels elle vit, et donc une diminution de ses propres ressources. » Depuis, on a laissé la situation démographique se détériorer jusqu’à ce que dans plusieurs pays comme l’Égypte ou le Nigeria on ait atteint le point de non retour.
L’aide humanitaire, facteur de surpopulation
extraits : « Alors que nous ne sommes pas responsables de notre propre naissance, la société nous rend responsable de toutes les naissances… L’humanitaire est le substitut mercantile, infantile et hypocrite de l’humanisme… 170 ONG s’occupent des réfugiés du Moyen-orient et de l’Afrique de l’Ouest, la plupart reçoivent des subventions sans aucun contrôle. Certains l’appellent « l’industrie de l’aide »…La seule conséquence de toute aide est de favoriser la reproduction… La seule charité concevable, c’est celle qui permet d’aider une femme à avorter si elle le désire…Le sage n’a rien à faire de la charité ; s’il a fait le choix de ne pas devenir l’esclave des désirs et des passions, ce n’est pas pour aider les autres à y succomber…
Tout savoir sur l’aide au développement
extraits : Lutter contre les causes structurelles de la faim par l’agriculture biologique est certes nécessaire. Mais il serait aussi urgent d’augmenter fortement la part de l’aide publique au développement à destination du planning familial. L’association Démographie Responsable demande que 25 % de l’APD y soit consacré. La maîtrise de la fécondité est un accompagnant obligé de la production de nourriture, sinon il y a une course sans fin entre croissance démographique et ressources vivrières comme l’avait montré Malthus. C’est d’autant plus urgent que ce sont les cultures d’exportation qui sont aidés de façon préférentielle, ce qui détériore la capacité d’autonomie alimentaire des pays concernés.
MALTHUS, aider les pauvres n’est pas aider !
extraits : Aujourd’hui encore une partie de l’intelligentsia fait mine de croire qu’il s’agit d’être « anti-pauvres » alors que Malthus pensait au contraire défendre la cause des pauvres. Il croit en une approche qu’on pourrait appeler aujourd’hui social-libérale, reposant sur la responsabilité individuelle : « Le peuple doit s’envisager comme étant lui-même la cause principale de ses souffrances… Si nous négligeons de donner attention à nos premiers intérêts, c’est le comble de la folie et de la déraison d’attendre que le gouvernement en prendra soin… En Angleterre, les lois sur les pauvres ont été incontestablement établies dans des vues pleines de bienveillance. Mais il est évident qu’elles n’ont point atteint leur but… Les lois sur les pauvres tendent manifestement à accroître la population sans rien ajouter aux moyens de subsistance… Ainsi les lois y créent les pauvres qu’elles assistent… Ce que je propose, c’est l’abolition graduelle des lois sur les pauvres, assez graduelle pour n’affecter aucun individu qui soit actuellement vivant, ou qui doivent naître dans les deux années prochaines… »
L’aide aux pauvres, l’aide alimentaire, les banques alimentaires, les Restos du Cœur, et ces Enfoirés qui portent bien leur nom… et tout le reste bien sûr, les Jeux du Cirque etc. etc.
Tout ça fait le Système. Tout ça c’est LE Système.
– « Grâce aux pauvres, les riches paient moins d’impôts ! » ( Bénédicte Bonzi )
Et encore s’il n’y avait que ça. Grâce aux guerres, aux virus, aux catastrophes naturelles, à toutes les misères du monde, connerie incluse, les riches s’enrichissent toujours plus.
Vouloir sauver les pauvres, voire les faire disparaître… tout en voulant rester dans le Système, en pensant dans le Système… c’est de l’escroquerie. Pourtant c’est ce que vendait Malthus.