Nombreux sont les militaires qui, n’étant plus en activité, ont exprimé leur conviction selon laquelle la dissuasion nucléaire est désormais inutile et dangereuse. La capacité d’exterminer des millions de civils innocents sur décision d’un seul homme, assurerait la sécurité de notre pays ? C’est oublier qu’elle repose sur un pari, celui de la rationalité d’un agresseur éventuel. Une frappe nucléaire de notre part entraînerait une escalade aboutissant à la destruction de la France. Invoquer la course aux armements pour justifier que notre pays s’y joigne équivaut à souhaiter l’abolition du code pénal au motif qu’il existe des criminels. En proclamant que la dissuasion nucléaire constitue sa garantie ultime de sécurité, la France tient un discours proliférant qui ne peut qu’inciter d’autres pays à se doter de l’arme nucléaire. L’hypothèse de l’échec de la dissuasion nucléaire doit nécessairement être prise en compte.
Bruno Tertrais : « Le débat sur la dissuasion et son éthique commence dès 1942, au sein de l’équipe de Robert Oppenheimer [physicien américain considéré comme l’inventeur de la bombe atomique], lorsque l’arme nucléaire n’était encore qu’un projet.
Est-il moral d’envisager des destructions apocalyptiques pour éviter une guerre ?
Doit-on menacer des populations civiles à cette fin ?
On peut débattre à l’infini de la compatibilité de la dissuasion avec les principes du droit international humanitaire, comme la proportionnalité de la riposte ou sa nécessité. Nous en sommes aujourd’hui à quatre-vingts ans de non-emploi. Celui qui se risquerait à rompre avec cette tradition prendrait une responsabilité immense devant l’histoire. Mais l’hypothèse de l’échec de la dissuasion nucléaire doit nécessairement être prise en compte. Dans son dernier discours à la Chambre des communes en 1955, Winston Churchill [le premier ministre britannique d’alors] s’inquiétait déjà des limites de la dissuasion en disant qu’« elle ne fonctionne pas avec Hitler dans son bunker ». Vladimir Poutine est « déraisonnable » au regard de notre vision du monde, mais pas « irrationnel » au regard de la sienne… »
Le point de vue des écologistes pacifistes
CotCotCot : 1) Première règle de la guerre nucléaire : la guerre nucléaire n’a pas de règles. Encore moins de lois. 2) Tous les wargames de guerre nucléaire se sont terminés avec la vie biologique sur la planète quasi annihilée en 45 minutes. 3) Quand la dissuasion échoue, aucun wargames n’a réussi à la rétablir. Tout se passe trop vite.
Castanea : Aucune confiance en la dissuasion à long terme. On est passés très près de l’utilisation de l’arme nucléaire lors de la guerre de Corée et lors de la crise des missiles de Cuba.
Abilene : Parier sur ce que des dirigeants feront ou ne feront pas est dangereux. Leur gestion, en général catastrophique des crises, montrent que la plupart sont arrivés à leur plus haut niveau d’incompétence combinée à une forme de psychopathologie narcissique.
Sudam : Le risque le plus important vient d’Israël si son existence vital était menacée. Elle n’hésiterait pas alors à sacrifier la planète, certaine de rejoindre « son créateur » après la mort. Le principal danger vient de là.
Khee Nok : Comme le disait McNamara, « la combinaison des armes atomiques et de la faillibilité humaine détruira des nations ». Il n’est pas raisonnable de stocker des armes nucléaires, en tout cas dans des quantités permettant la destruction de l’humanité (et de bien d’autres formes de vie).On peut aussi lire « The Doomsday Machine: Confessions of a Nuclear War Planner ». Annie Jacobsen détaille un scenario de conflit . La conclusion ? Dès qu’une première bombe explose, un enchaînement inexorable conduit à un échange de missiles global et apocalyptique.
Denis Monod-Broca : « la bombe » est notre divinité. Toute-puissante, elle nous protège. Sur elle repose la paix du monde. Cette croyance n’a rien de rationnel : soit la bombe est utilisée et elle aura été un échec, soit elle ne l’est pas, perd son pouvoir, et donc risque à tout moment d’être utilisée. Il n’y a qu’une façon de renoncer à la violence : y renoncer.
En savoir plus grâce à notre blog biosphere
les chiens de garde de la dissuasion nucléaire
extraits : Défendre le nucléaire militaire ne devrait pas entrer dans la logique d’un écologiste. Pourtant c’est ce que font tous les présidentiables, et 2022 n’échappera pas à la règle. Le propre d’une institution, c’est de vouloir sauvegarder son existence sans s’interroger sur le bien fondé de sa pérennité. Ainsi la dissuasion nucléaire qui a ses chiens de garde, rassemblés au sein de la commission des forces armées de l’Assemblée nationale. Fabien Gouttefarde, député LRM : « Oui, la dissuasion nucléaire a encore un sens. La dissuasion, c’est une industrie et des emplois. C’est une capacité, nos 4 sous-marins nucléaires portent des charges dont chacune équivaut à vingt fois celle de la bombe d’Hiroshima. C’est œuvrer pour la survie du peuple français face à un ennemi qui voudrait l’annihiler….
Dissuasion nucléaire à l’échelle européenne ?
extraits : Discours de Macron en février 2020 sur la dissuasion nucléaire prononcé à l’École de guerre : « Je souhaite que se développe un dialogue stratégique avec nos partenaires européens qui y sont prêts sur le rôle de la dissuasion nucléaire française dans notre sécurité collective ». Le chef de l’Etat propose à ses partenaires européens d’être « associés aux exercices des forces françaises de dissuasion »*. Sur la force de frappe française, le président s’inscrit dans la continuité doctrinale de ses prédécesseurs.
Dissuasion nucléaire, une ligne Maginot !
extraits : Dissuasion nucléaire à l’échelle européenne ? La position de Macron est osée, qui va décider d’appuyer sur le bouton… quand l’Europe n’arrive pas à s’entendre sur des sujets moins belliqueux. La dissuasion nucléaire est une erreur militaire tragique, c’est accepter des bombes qui vont tuer en masse des civils. Sans être croyant, on ne peut qu’’être en accord avec la position du pape François : « On ne construit pas la paix sur la peur que l’on crée en montrant sa force. Or, avoir des armes nucléaires, c’est menacer de s’en servir. On ne peut donc se contenter de mettre en cause la dissuasion. Il faut aussi mettre en cause leur possession »
Sur ce blog biosphere, nous sommes depuis toujours pour l’abolition des armes nucléaires
25 septembre 2019, Pour un désarmement nucléaire
24 mars 2019, Le nucléaire, inacceptable dans un pays démocratique
23 janvier 2018, NI dissuasion nucléaire, NI service national universel
10 octobre 2017, La folie du feu nucléaire entretenue par un journaliste
30 mars 2017, Les présidentiables face au feu nucléaire
21 février 2015, François Hollande fait joujou avec la bombe nucléaire
16 juillet 2014, L’art de ne pas répondre… sur le nucléaire militaire
21 mars 2014, Un gouvernement français de tout temps pro-nucléaire
27 juin 2012, supprimer la dissuasion nucléaire, alléger le budget !
23 juillet 2011, les socialistes sont pro-nucléaires
19 juillet 2011, la dissuasion nucléaire, un débat pour 2012
Moscou a décidé le 25 septembre 2024 de réviser sa doctrine nucléaire. M. Poutine a souhaité qu’une « agression contre la Russie par un Etat non nucléaire, mais avec la participation ou le soutien d’un Etat nucléaire, soit considérée comme une attaque conjointe menaçant l’existence de l’Etat ». La Russie pourra désormais utiliser des armes nucléaires « si elle recevait des informations fiables sur le début d’une attaque transfrontalière massive par voie aérienne, au moyen de l’aviation stratégique et tactique, de missiles de croisière, de drones et d’armes hypersoniques ».
L’attaque transfrontalière par l’Ukraine existe déjà, il suffit maintenant d’estimer qu’elle est « massive » pour rayer Kiev et son régime « fasciste » de la carte du monde.
Tout ce qu’ON sait, et qu’ON peut dire, ce sont les effets que produit une bombe comme celle d’Hiroshima, ou de Nagasaki. Tout le reste n’est que théories, imagination.
ON sait aussi que comparées à celles dont disposent aujourd’hui les grandes puissances, ces deux bombes sont des bombinettes. Certes… mais tout de même !
À 10 :48 j’ai dit quelques mots au sujet de ce que raconte CotCotCot (la suite est quelque part dans les tuyaux). Le commentaire de Khee Nok est du même genre, à noircir le tableau plus qu’il n’en faut. Si CotCotCot est devenu expert en guerre nucléaire grâce aux wargames, Khee Nok l’est devenu en lisant un bouquin :
– « On peut aussi lire « The Doomsday Machine: Confessions of a Nuclear War Planner ». Annie Jacobsen détaille un scenario de conflit . La conclusion ? Dès qu’une première bombe explose, un enchaînement inexorable conduit à un échange de missiles global et apocalyptique. »
( à suivre )
(suite) Si ON aime se faire peur… oui ON peut, lire ce bouquin, et d’autres.
Mais rien ne nous oblige à prendre ce scénario d’apocalypse qu’il raconte pour autre chose que de la fiction.
– « […] le conflit nucléaire est la guerre la plus brumeuse. Il n’y a jamais eu d’échange nucléaire, donc personne ne sait vraiment ce qui se passerait, et toutes les projections soigneusement calibrées et déterminées algorithmiquement […] ne valent peut-être pas le papier informatique sur lequel elles sont imprimées. »
(Critique de livre : « Guerre nucléaire », par Annie Jacobsen ; « Compte à rebours », de Sarah Scoles – 24heuresdulivre.fr)
N’empêche que l’arsenal nucléaire de Poutine n’aura nullement dissuadé Zelensky :
– « Envahir l’envahisseur, il faut oser. »
( La nouvelle jeunesse de la dissuasion nucléaire – Le MONDE 20 septembre 2024 )
Sur ce coup les potes à Poutine, qui se reconnaîtront… oseront-ils donner raison à Audiard ?
– « Les cons, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît. »
P’têt ben qu’oui, p’têt ben qu’non…
N’empêche que maintenant il a belle gueule l’envahisseur à grande gueule !
Et maintenant, qu’est-ce qu’il va faire l’envahisseur envahi, hein ?
Ne serait-ce que pour sauver la face. Sa misérable face de rat.
Va savoir… En attendant, faites vos jeux, les paris sont ouverts.
– Le pari audacieux de l’offensive de l’Ukraine en Russie (Le MONDE 13 août 2024)
Autres jeux de cons, les jeux vidéos. Dont l’impact sur notre santé, et notamment sur notre cerveau, sont maintenant bien connus. (voir CotCotCot)
Alors bien sûr, ON dira que c’est comme pour tout, et n’importe quoi, qu’il faut les consommer avec modération. Mais que bien utilisés ils ont de nombreux avantages, dont la con centration, qu’ils améliorent les capacités cognitives et patati et patata.
ON dira aussi qu’ils permettent la… sociabilisation. Ben oui souvenez-vous, le con finement. Eh oui aujourd’hui sans écran ON se retrouve tout seul, comme un con, ON ne plus rien FAIRE, ni apprendre, ni se distraire, ni jouer et j’en passe.
Bref, admettons… que les jeux vidéos puissent nous rendre moins cons. Essayons alors de voir quels jeux… et dans quels domaines ils pourraient nous tirer vers le haut.
Les échecs… admettons. 🙂
(et fin, enfin) Mais les jeux de guerre (wargames), franchement… mais quel peut donc être leur intérêt ? Mis à part bien sûr pour les winners, les killers, ceux qui rêvent de domination et de «réussite».
– Wargames et stratégies de communication (journal openedition.org)
Mais si ce n’est que de ça dont ils rêvent, misère misère, qu’ils aillent tout connement sauter du haut d’un pont. À l’élastique comme c’était à la mode il n’y a pas longtemps chez les jeunes cadres dynamiques. Ou alors qu’ils s’offrent un stage de survie en pleine nature, sauvage. Pour faire mumuse les petits foufous de guéguerre ont également le paintball. Une belle saloperie ça aussi.
Bof… tellement c’est évident, à quoi bon en rajouter. Si ce n’est quelques mots au sujet de ce que nous raconte ce CotCotCot. Personnellement, celui-là je ne le rangerais pas, ni le genrerais, dans la grande famille des «écologistes pacifistes». Du moins de suite.
Peut-être même pas dans celle des pacifistes tout court. Mais plutôt dans celle des gameurs.
– gameur, gameuse : Personne passionnée de jeux vidéo et y jouant fréquemment (Larousse)
Comment ces malheureux… totalement déconnectés de la réalité, et qui vivent dans le virtuel… pourraient-ils nous éclairer, nous permettre d’avancer, ne serait-ce qu’un peu ?
Celui-là, le pauvre, s’en remet donc aux règles, voire aux lois… des wargames… pour nous «démontrer», en deux temps trois mouvements… que la guerre nucléaire n’a pas de règles. N’importe quoi !