Financer la bagnole ou marcher à pied ?

L’auto, ça tue, ça pollue et ça rend con. La preuve, c’est le gouvernement français qui donne quelque 8 milliards pour un secteur automobile employant 900 000 personnes en France, en perdition depuis l’émergence du Covid-19. Les uns seront pour, les autre contre, l’écologie ne peut que prôner le dévoiturage.

Thèse : un communiqué de presse d’EELV « appelle Renault à prendre l’engagement, en échange de l’aide de l’État, de ne fermer aucun site, de ne pas procéder à des licenciements » Qu’un parti social-démocratique mette l’emploi en premier se comprend, qu’un parti écolo dise de même paraît incongru. Nous aurions mieux fait de rappeler que la voie du plus lourd que l’air et l’ère de la voiture individuelle est vouée à la disparition complète par raréfaction des ressources fossiles et pollutions diverses. Au niveau pragmatique, il faut insister sur le fait que la disparition de certains emplois néfastes  est inéluctable, il ne faut donc pas subventionner les secteurs thermiques mais financer les moyens de la reconversion.

Antithèse : « C’est quand même incroyable d’entendre dire que les écolos ne doivent pas se préoccuper de l’emploi quand on a 4 sites de Renault qui risquent de fermer avec ses milliers d’emplois à la clé… Bien sûr qu’il faut penser à la reconversion industrielle mais ça c’est pour le moyen terme, à court terme il faut éviter que les emplois partent en Chine » dixit un porte -parole d’EELV.

Synthèse : Notre système médiatique et politique soutient les grandes entreprises et pas du tout les petites. A peine 30 % des autoentrepreneurs ferment boutique, qui en parle ? L’industrialisation de l’agriculture a imposé sans indemnisation des reconversions forcées à une très grande partie des paysans, qui en parlait ? Et il faudrait maintenant soutenir les travailleurs de Renault ou Air France en conservant des entreprises néfastes à la soutenabilité de notre environnement ? Voici quelques pistes de réflexion :

– la question sociale. Un parti écologique doit être clair sur la question sociale : on aide les travailleurs à supporter le choc d’une reconversion, on ne soutient pas des entreprises qui doivent disparaître. Je rappelle que c’est sans état d’âme qu’on a fermé les mines de charbon en Angleterre ou en France, cela paraissait inéluctable. De même la fermeture de toutes les entreprises basées sur les ressources fossiles devrait être présentée comme inéluctable. Un parti qui se veut « écologiste » doit affirmer la disparition programmée des secteurs d’activité carbonés. Qu’un militant écolo veuille défendre le court-termisme de l’emploi au détriment du sort des générations futures est une injure faite au rapport sur les limites de la croissance de 1972, à René Dumont notre candidat à la présidentielle 1974, et à toutes les études scientifiques qui nous indiquent que nous allons au désastre.

– la question écologique. Le « business as usual » nous amène trop rapidement vers un monde qui connaîtra non seulement la fournaise climatique, mais aussi le choc pétrolier ultime auprès duquel l’épisode du coronavirus ou même la crise de 1929 paraîtront de courtes parenthèses. L’écologie politique, c’est la gestion du long terme. Elle doit son existence à la détérioration des conditions de vie sur terre et indique un avenir possible face au désastre provoqué par la société thermo-industrielle. Il faut indiquer au corps électoral que la nécessaire transition écologique ne sera pas facile, que ce sera même très dur ; mais ce n’est pas être punitif qu’être réaliste. Il faut indiquer médiatiquement que le chantage à l’emploi fait par tous les anti-écolos retarde la transition écologique. Plus le temps passe sans rien faire ou presque, plus la « transition » deviendra un effondrement non maîtrisable de façon humaine. Nier les contraintes biophysiques fera à terme, et fait déjà le jeu des populistes qui inventent des boucs émissaires symboliques pour prendre et/ou garder le pouvoir.

7 réflexions sur “Financer la bagnole ou marcher à pied ?”

  1. On peut toujours opposer les thèses et les antithèses, dire que la Bagnole n’en a plus pour longtemps, fusse t-elle électrique, dire qu’un véritable parti écolo se doit de faire ceci et de pas faire cela, etc. En attendant, l’équation n’est pas des plus faciles à résoudre (doux euphémisme).
    Taper sur l’Avion et la Bagnole, taper sur tel ou tel secteur considéré comme néfaste, OK. La Publicité ne serait elle pas pire que tout, tout bien considéré ? De toute façon c’est facile de taper, aussi facile que d’aligner des yaca-faucon. En attendant, là derrière il y a non seulement des milliers d’emplois mais il y a tout le Système. Or le Système ne se laissera pas abattre comme ça, il a plus d’un tour dans son sac pour s’accaparer tout ce qui peut lui faire obstacle et le retourner à son avantage. Le «capitalisme vert» et la fUmeuse Transition ne sont que des exemples de ce dont il est capable. Comme toutes les dictatures («Une étrange dictature») le capitalisme excelle dans le formatage des esprits (des imaginaires). Celle-ci formate à l’individualisme, à la compétition, à l’idée qu’on n’arrête pas le Progrès etc. Et bien sûr elle détient sa propre Vérité. C’est ainsi qu’«à force de répétitions et à l’aide d’une bonne connaissance du psychisme des personnes concernées, il devrait être tout à fait possible de prouver qu’un carré est en fait un cercle […] » qu’une vessie est une lanterne, que la gauche c’est la droite etc. Et c’est comme ça qu’on a pu voir ouvriers et patrons main dans la main pour exiger la réouverture de telle ou telle usine pourrie (AZF Toulouse). En plus le Capitalisme a cette formidable aptitude à se transformer, quitte à se rendre méconnaissable. Toutefois il reste fidèle à ses dogmes, notamment l’accumulation des dites richesses, toujours plus. Bref, rien de possible dans ce cadre là.
    Alors que faire, en attendant ? That’s The Question ! Taper sur le Capitalisme, OK, ça c’est comme le reste c’est facile. La preuve, le Capitalisme c’est comme l’Auto (ou comme le ski) ça pue ça pollue et ça rend con.

    1. «  »Or le Système ne se laissera pas abattre comme ça, il a plus d’un tour dans son sac pour s’accaparer tout ce qui peut lui faire obstacle et le retourner à son avantage. » »

      Hormis que ceux qui défendent ce système, peut-être qu’ils n’en subiront pas directement les conséquences, mais leurs propres enfants amis et familles des générations à venir les subiront !! Ils envoient leurs enfants dans le gouffre de la mort agrémentée de plein de souffrance… Bref, ces défenseurs du systèmes sont les ogres qui mangent leurs propres enfants….. Bref, ces défenseurs du système concoctent à leurs enfants un bon cocktail de pollution, déplétions de ressources naturelles, guerre épidémies famines et sécheresses et un grand nombre de catastrophes naturelles…. Ces défenseurs du système ricanent bêtement et narquoisement au nez de ceux qui remettent en question leur système, mais je ne suis pas certains que leurs enfants vont pouvoir partager la joie emplies de sarcasmes de leurs parents….

      1. Après les cannibales, les ogres qui mangent les petits enfants. Demain les vampires, après demain les zombies. En attendant, c’est bon les petits enfants ?

        1. Ben alors Michel tu n’abandonnes pas ta voiture pour faire plaisir à Greta Thunberg et sauver le climat ? Me dis pas que tu es méchant avec les petites filles ?

  2. Un conseil scientifique ou rien. Quelques questions à se poser sur la mobilité : « Quelle sera la part du véhicule individuel dans les 10 ou 15 prochaines années ? Quelle technologie relativement propre ? Peut-on les fabriquer chez nous ? Avec combien d’emplois ? Que faire pour les emplois surnuméraires ? Quelle reconversion ? Quel accompagnement? Etc… » Un parti écolo devrait pouvoir répondre à ces questions. Encore faudrait-il avoir un conseil scientifique à sa disposition !
    Début 2000, Nicolas Hulot souhaitait devenir un acteur du débat public. A la différence de nombre de personnalités qui s’autorisent une opinion tranchée sur ce qu’il convient de faire alors qu’au fond elles ne connaissent rien au sujet, il décide qu’il veut comprendre de quoi il retourne avant de commencer à intervenir publiquement. Il crée au sein de sa fondation un organe, le Comité de veille écologique. Ses membres sont tous des experts…Le « Conseil scientifique de la Fondation Nicolas Hulot » est un des rares endroits où se croisent les plus grands spécialistes aussi bien dans les sciences de la matière et du vivant (écologues, climatologues, mathématiciens, médecins etc.) que dans les sciences humaines et sociales (sociologues, économistes, philosophes, juristes etc.).

    1. Mais non il n’y a pas que notre cher Nicolas pour nous sauver, et heureusement. Ce ne sont pas les groupes de réflexion (avec ou sans guillemets) qui manquent. Ni même les think tank écolos. Par exemple nous avons celui de Janco, The Shift Project. Et puis aussi le Groupe de réflexion sur l’écologie et la spritualité (GRES). Et puis… mais combien ça nous en fait en tout, des think tanks et des bonnes âmes qui creusent ?

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