Biosphere-Info, SARS-CoV-2 et choc pétrolier

Notre synthèse « Biosphere-Info » paraît le premier de chaque mois. Pour la recevoir gratuitement par mail, il suffit de contacter biosphere@ouvaton.org

Un événement chasse l’autre. Les médias nous font passer avec trop de facilité d’une spectacularisation à une autre ; avant-hier le réchauffement climatique, hier le terrorisme, aujourd’hui la pandémie, demain… on en oublie la descente énergétique. On capte notre attention pour nous détourner de l’essentiel, nos lendemains seront de plus en plus difficiles. La tendance de long terme de ce système de production a été de détruire des emplois puisqu’on a substitué le pétrole à l’énergie humaine. La bonne nouvelle, c’est que l’inéluctable déplétion pétrolière multipliera les emplois intensifs en travail comme la culture du sol et l’artisanat. La mauvaise nouvelle, c’est que nos dirigeants, ignorant les contraintes biophysiques, vivent au jour le jour et veulent retrouver post-covid une croissance « business as usual ». C’est impossible durablement vu le blocage énergétique qui se profile, et quelles que soient les mesures de relance mises en place. Peu de gens restent lucides sur le rôle essentiel du pétrole, voici les différents avertissements de Jean-Marc Jancovici. suivie par notre synthèse sur la question énergétique. Une catastrophe n’a pas effacée la catastrophe précédente, il faudrait agir dans tous les domaines, instituer une stratégie globale de rupture avec la société thermo-industrielle.

09.04.2020, du pétrole ou pas: « Avec un baril qui se traîne aujourd’hui entre 20 et 30 dollars dans un contexte de surproduction massive, il serait déraisonnable d’expliquer que nous en manquons déjà. Et pourtant… Si l’indicateur retenu est la quantité produite par terrien et non la quantité produite globale, le premier pic est survenu en 1979. Jamais un humain n’avait autant utilisé de pétrole que cette année là, et jamais plus il n’en utilisera autant. Avec ce passage du pic de la production par personne, nous avons assisté, dans tous les pays occidentaux en même temps, à l’apparition du chômage, de l’endettement public, des services et de la mondialisation, c’est-à-dire la recherche de gains de productivité en allant chercher ailleurs du travail pas cher. En 2008, nous avons connu un nouveau pic de production, global cette fois, celui du pétrole conventionnel. Ce passage du pic conventionnel conduit la production mondiale à rester quasiment stable de 2005 à 2009, déclenchant un nouveau choc économique, la « crise des subprimes » qui vient heurter le mur de dettes qui s’est patiemment construit depuis le choc de 1973. Mais les pétroliers n’ont pas encore dit leur dernier mot, et la production repart grâce à deux ressources de fonds de tiroir : les sables bitumineux du Canada, et surtout les pétroles de roche mère des USA. Malgré cet apport, depuis fin 2018 la production a de nouveau cessé de croître. Cela va avoir une conséquence majeure pour nous. Cela fait 40 ans que le PIB mondial varie exactement comme la quantité de pétrole qui sort de terre (quel que soit son prix), parce que les transports sont le facteur limitant de l’économie mondiale. Quand le pétrole va se mettre à baisser de façon structurelle, le PIB va faire de même « un certain temps ». Les montagnes de liquidités qui seront déversées post-covid n’y changeront hélas pas grand chose. »

29.08.2019, Leçon inaugurale de Jean-Marc Jancovici à Sciences Po: « Les indicateurs monétaires ne font que suivre les indicateurs physiques. L’économie n’est qu’une machine à transformer des ressources naturelles. Par définition, l’énergie est la grandeur qui quantifie le degré de changement d’un système. Il n’y a donc pas de transformation sans énergie, et donc pas d’économie sans énergie. PIB ou CO2 faut choisir. Personne dans le discours politique ne le dit, à part Yves Cochet. Les politiques sont devenus paresseux, ils ne font pas l’effort de concevoir des programmes qui permettraient de vivre sous contrainte et de faire revenir du sens, ce qui ne se trouve pas dans l’idée de vouloir augmenter les résultats trimestriels. Un manque d’énergie signifie diminution de production, c’est un facteur limitant. Pas d’énergie, pas de PIB. Sans énergies fossiles, il n’y aura pas de croissance économique. Quand on ne pourra plus promettre la croissance, les arbitrages politiques vont devenir très violents. Marine Le Pen, enfant du carbone ! Tant que nous ne nous mettrons pas la décarbonisation de l’économie au sommet de nos politiques, ce qui nous attend au bout du chemin est hélas uniquement le chaos et le totalitarisme. Tant que la pédagogie du problème ne sera pas faite, ce sera l’impasse. »

Sur ce blog biosphere, nous sonnons le tocsin depuis longtemps :

18 mai 2019, Le réchauffement climatique a occulté le pic pétrolier

21 septembre 2019, + 7 °C en 2100 ou krach pétrolier en 2020 ?

17 septembre 2019, Bientôt le choc pétrolier ultime ?

24 août 2017, L’objectif, faire entrer le pétrole en politique ?

16 mars 2016, BIOSPHERE-INFO, bientôt la crise pétrolière ultime

23 avril 2014, Le PIB va s’effondrer avec le prochain choc pétrolier

31 mars 2013, transition énergétique : rien sur le pic pétrolier !!!

10 décembre 2012, Pic pétrolier : l’alerte ignorée d’un expert du FMI

25 février 2012, campagne présidentielle française et déni du pic pétrolier

6 février 2012, pic pétrolier, pic de la mondialisation, pic de notre civilisation

16 février 2011, le pic pétrolier vu par les politiciens

15 février 2011, le pic pétrolier vu par Yves Cochet

14 février 2011, le pic pétrolier vu par JM Jancovici

13 février 2011, le pic pétrolier vu par Bernard Durand

30 décembre 2010, Crise ultime et pic pétrolier

4 décembre 2010, tout savoir sur le pic pétrolier

25 novembre 2010, pic pétrolier, le commencement de la fin

6 novembre 2010, après le pic pétrolier, le pic charbonnier !

12 août 2010, la date du pic pétrolier

19 avril 2008, pic pétrolier (USA, Russie, etc.)

Bibliographie pétrolière

1979 Vivre sans pétrole de J.A.Grégoire

2003 Pétrole, la fête est finie (avenir des sociétés industrielles après le pic pétrolier) de Richard Heinberg

2005 la fin du pétrole (le vrai défi du XXIe siècle) de James Howard Kunstler

2005 Pétrole apocalypse d’Yves Cochet

2005 la vie après le pétrole de Jean-Luc Wingert

2006 le plein s’il vous plaît (la solution au problème de l’énergie) de Jean-Marc Jancovici et Alain Grandjean

2009 la crise pétrolière (analyse des mesures d’urgence) de Bernard Durand

4 réflexions sur “Biosphere-Info, SARS-CoV-2 et choc pétrolier”

  1. Je crois qu’on mélange plusieurs choses : la production de pétrole et la mondialisation ; elles sont indépendantes. 1) Qu’est-ce qu’il nous raconte ? Un pic pétrolier en 1978 ? Mais on n’a cessé de produire encore plus, jusqu’à 100 millions de barils/jours en 2018. Un record, vous l’avez tous entendu ; Si la quantité de pétrole par terrien a diminué, c’est que la bombe démographique continue d’enfler, tandis que la conso des pays riches diminue, crise du pétrole oblige : les mesures d’économie (moteurs, chaudières, isolation, etc.) portent quand même leurs fruits. 2) Mondialisation, délocalisation : c’est dû à la chute du communisme soviétique, et à l’ouverture de la Chine, bien obligée ! 1 milliard de travailleurs pour presque rien, tout le monde s’est engouffré. D’où le chômage, surtout chez les riches qui ont trop d’impôts et de charges sociales. 3) Supprimer le pétrole, c’est bien joli, mais ce n’est pas par hasard qu’on l’appelle « manne pétrolière », 6 milliards, ajoutez-y le charbon et le gaz, c’est une manne de 10 milliards de dollars PAR JOUR (avant le corona), dont tout le monde profite (oui, même vous, les Français ! Avec les taxes dérivées, 45 milliards). Vous croyez qu’on peut y renoncer comme ça ?

  2. Didier BARTHES

    Oui le télescopage dans l’actualité de problèmes de fond et à longue échéance avec des sujets plus immédiats pose toujours problème. Les premiers font régulièrement les frais de l’urgence et du côté spectaculaire des seconds, c’est pourquoi des livres, des journaux, des sites, des blogs restent toujours essentiels face à la dictature des chaînes d’information en direct

  3. Autrefois le choc pétrolier, avant-hier la pandémie, hier l’écologie à l’école, aujourd’hui le pétrole, demain la canicule, comment veux-tu comment veux-tu ! Veut-on nous détourner de l’essentiel ? Mais c’est quoi l’essentiel ?
    Biosphère dit : «nos lendemains seront de plus en plus difficiles.» Si ce n’est que ça l’essentiel, rassurons-nous. Aujourd’hui «Allo maman bobo» et puis un jour même plus mal, nous serons tous morts. Ouf que ça fait du bien quand ça s’arrête ! Et là tous en cœur : «Vas y Franky c’est bon !» Franky c’est le type qui adore se taper sur les doigts avec un marteau, parce que ça lui fait un bien fou quand il s’arrête, c’est tout con. Un marteau pour se taper sur les doigts, ou pour démolir peu importe, en attendant chacun prend son pied comme il peut. De toute façon nous devons en passer par là, alors pourquoi en faire un fromage ? En attendant savourons, les fromages et les bons vins, les bonnes choses quoi. Pas comme des porcs bien sûr mais comme des fins gourmets, tout doucement, en prenant notre temps. Ne nous mettons pas la pression, ne nous la laissons pas mettre, buvons-là !
    L’essentiel ne serait-il pas de parvenir à lier tout ça, de manière à cesser de tourner en rond, comme des couillons ? Pour qu’enfin nous cessions de demander à notre papounet, «Dis Papa c’est quand qu’on va où ?» Pour qu’enfin nous grandissions, un peu c’est déjà ça. Il n’est jamais trop tard pour apprendre cependant il vaut mieux commencer tôt. L’essentiel ne serait-il pas de recâbler nos pauvres neurones, l’essentiel ne passerait-il pas par les bancs de l’école, par hasard ? Comme par hasard hier nous parlions de l’écologie à l’école, Janco devrait être évidemment au programme. Dès la maternelle. Sénèque aussi. Et puis les philosophes du marteau, et Souchon et Renaud et tant d’autres.

Les commentaires sont fermés.