biodiversité

Sommes-nous si bêtes au point de mépriser la vie ?

Le bioéthicien Peter Singer se consacre à la protection animale et lutte contre le spécisme, dénigrement des autres espèces comme cela se pratiquait autrefois à l’encontre des noirs (racisme) ou des femmes (sexisme), jugés « inférieurs ». Interrogé par LE MONDE*, voici son argumentation qui établit une autre hiérarchie entre les formes de vie (« ils n’ont pas le même statut moral ») :

– le statut moral du ver de terre n’est pas égal à celui de l’homme. A l’évidence, non. On ne sait même pas si le ver de terre a une sensibilité à la douleur.

– les poissons sont des êtres sensibles, capables de ruser et d’utiliser leur mémoire. La souffrance du poisson est aussi importante qu’une souffrance ressentie par un être humain. Mais il ne souffre pas émotionnellement de la mort de sa progéniture. La priorité est d’inclure les êtres doués de sensibilité dans notre sphère de considération morale.

– la plupart des animaux de consommation vivent confinés dans des lieux totalement artificiels. La question est la suivante : est-ce que l’on encourage une industrie qui exploite les animaux et, si non, jusqu’à quel point est-on prêt à s’y opposer ? Il appartient à chacun de trouver sa propre réponse.

– les grands singes connaissent la douleur, sont des mammifères sociaux et ressentent des émotions. Il faut étendre aux chimpanzés, gorilles et orangs-outangs trois droits jusqu’alors réservés à l’homme : le droit à la vie, à la protection individuelle et au respect de l’intégrité physique.

Commentaire de biosphere : Le pathocentrisme, centré sur la souffrance, de Peter Singer est un critère trop restrictif. Il s’agit de s’identifier aux êtres qui nous ressemblent (ici par la souffrance) et de les valoriser. Vieil argument : un homme valait autrefois plus qu’une femme puisqu’elle n’était pas un homme. Cet anthropomorphisme-là est dépassable, nous pouvons différencier librement ce qui a une valeur intrinsèque et ce qui n’est pour nous qu’un objet (la femme est encore considérée par certains comme un objet). On peut donc aller plus loin que l’éthique animale en définissant un biocentrisme : un être ne vaut pas tant par sa capacité à souffrir que par le fait qu’il vit et poursuit ses intérêts propres. La vie d’une palourde est certainement trépidante. Rien n’empêche d’ailleurs d’incorporer les végétaux dans la sphère des êtres susceptibles d’avoir des intérêts. Les plantes sont vivantes, ce sont des êtres sensitifs qui réagissent à leur environnement, la lumière, la température, l’humidité… Les avancées scientifiques ont mis en évidence de nombreux traits communs entre les végétaux et les animaux aux niveaux cellulaires et moléculaires, raison pour laquelle il n’y aurait pas d’arguments décisifs pour écarter les végétaux de la sphère éthique a priori. Dès lors se pose la question de savoir si un arbre devrait pouvoir bénéficier de notre prévenance ou de notre sollicitude au même titre qu’un animal qui souffre.

Remarquons qu’il n’y aurait pas lieu de s’interroger sur la valeur des espèces si celles-ci n’étaient pas directement menacées par nos activités. Le ver de terre est déconsidéré par Peter  Singer mais valorisé par Charles Darwin :  il participe de la bonne santé de la terre, il est exterminé par l’agriculture industrielle. Le vrai problème, qui fonde l’éthique de la terre, est de savoir comment les hommes, toujours plus nombreux, vont pouvoir rétablir une cohabitation harmonieuse avec le monde naturel. Aldo Leopold définissait une bonne approche : l’occasion s’offre à nous de penser enfin l’homme comme « le compagnon voyageur dans l’odyssée de l’évolution ». Cette découverte devrait nous donner un sentiment de fraternité avec les autres créatures ; un désir de vivre et de laisser vivre ; un émerveillement devant la grandeur et la durée de l’entreprise biotique. L’homme en soi ne vaut pas beaucoup plus que le ver de terre, et il est même souvent beaucoup moins utile.

* LE MONDE Culture&idées du 8 juin 2013, « Il faut inclure les êtres sensibles dans notre sphère de considération morale »

PS : à lire pour compléter vos connaissances :

1993 Questions d’éthique pratique de Peter Singer (Bayard, 1997)

2010 philosophie de la biodiversité (petite éthique pour une nature en péril) de Virginie Maris

2011 Ethique de la nature et philosophie de la crise écologique (DEEPWATER HORIZON) de Stéphane Ferret

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Mieux vaut un surfeur mort que la chasse aux requins

A La Réunion, un squale a tué un touriste surfeur. Plusieurs personnes avaient prévenu le jeune homme des risques qu’il encourait ; en raison du manque de visibilité sous-marine, on interdisait la pratique de tous les sports aquatiques*. Si la responsabilité du surfeur est clairement pointée, l’accident n’en a pas moins relancé la polémique sur les attaques de requins. Le député-maire Thierry Robert estime pertinent «  d’effectuer des prélèvements préventifs de requins ». Depuis dix ans, entre cinquante et cent attaques de squale sont recensées chaque année contre l’homme, pour moins de dix morts en moyenne. Du point de vue des requins, plus de 100 millions d’entre eux sont tués chaque année par l’homme, et la plupart des stocks connus ont diminué de plus de 80 %. Les squales sont surtout victimes du « finning », cette pratique qui consiste à découper immédiatement les ailerons et à jeter par-dessus bord la dépouille agonisante. Voici quelques commentaires sur lemonde.fr que la biosphère trouve (im)pertinentes :

Chloé : Quand on va dans un pays que l’on ne connaît pas, on regarde et on écoute. Aller au delà du lagon comporte des risques. Dès que l’eau est trouble, il y a danger, c’était affiché et le touriste a été prévenu par les habitués. La nature ne lui appartenait pas et s’il voulait « jouer » encore fallait-il qu’il pense que la mer est plus un lieu de vie qu’un terrain de jeux. Il y a des règles à respecter, comme partout. La mer n’est pas un pays conquis !

Jeb : Les requins sont indispensables au bon équilibre des fonds marins. Les tuer est d’une stupidité sans nom. Il n’y a pas d’autre choix que de les protéger. Après, si un bodyboarder (et non un surfer !) décide d’aller faire trempette alors qu’on lui dit que c’est plein de requins autour. Comment dire… darwinisme ?

Cédric : Il n’y a qu’à effectuer des prélèvements préventifs de surfers, ça n’est pas du tout une espèce en voie de disparition et sa prolifération est plus inquiétante que celle des requins.

Max Lombard : Les requins tuent moins dans le monde que les méduses, les avalanches, les chasseurs, les abeilles, les champignons, les trains, les bateaux, les avions, les vélos, les fils électriques, le froid, le chaud, le ski, l’alpinisme, le bricolage, la cuisine… (hors concours les véhicules motorisés à 2 ou 4 roues). Eradiquer les requins « économiserait » quelques décès annuels, combien avec une meilleure connaissance des champignons?

Olivier : Il faut éliminer toutes ces espèces malfaisantes. Moi, je proteste énergiquement contre les écolos rêveurs. J’ai été piqué dernièrement par une rose que j’essayais de cueillir, cela m’a fait très très mal. Je réclame avec force qu’on éradique cette espèce dangereuse.

BenMontpellier : Tuons toutes les « bestioles » qui nous gênent. Vive l’humanité suprémaciste dans son infinie bêtise : indéniablement c’est là le signe d’une intelligence exceptionnellement « supérieure »… Il n’est pas inutile de rappeler que nous sommes nous aussi des bestioles (des primates, mais oui!), et que nous ne sommes qu’une espèce parmi les autres. Malgré les âneries colportées ici et là, rien ne prouve que l’être humain soit plus important qu’un papillon ou qu’un requin.

Gérald : Quand je pense qu’on nous « vend » les surfeurs comme des « rebelles » amoureux de la nature…

* Le Monde.fr | 09.05.2013, Tuer ou protéger les requins, la question continue de faire polémique

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Les tueurs d’abeilles vus au prisme de la démocratie

La Commission européenne a annoncé, lundi 29 avril, qu’elle devrait suspendre pour deux ans, à compter du 1er décembre, l’utilisation de trois insecticides néonicotinoïdes (imidaclopride, lthiaméthoxame, clothianidine) mis en cause pour leur rôle dans le déclin des abeilles et autres insectes pollinisateurs sur quatre grandes cultures (maïs, colza, tournesol et coton)*. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) montre les risques pour la santé des abeilles malgré d’intenses pressions de la part  de l’agrochimiste suisse Syngenta, puis il faut un vote du Comité permanent de la santé animale et de la chaîne alimentaire, puis un vote des Etats-membres qui n’aboutit pas (Quinze Etats membres pour, quatre abstentions, huit contre, pas de majorité qualifiée), puis une décision souveraine de la Commission de Bruxelles : méandres de la politique européenne !

Le Collectif Sauvons les fruits et légumes de France s’inquiète des conséquences de la suspension des néonicotinoïdes alors que les trois insecticides pourront être utilisés dans des centaines d’autres cultures : désinformation. Il est vrai que ce « collectif » dénonce le « lobbying démagogique et effréné d’associations environnementalistes ». Cet organisme ne sait vraiment pas faire la balance entre les pouvoirs immenses de lobbying des firmes agro-industrielles d’un côté et les quelques associatifs qui défendent le plus souvent bénévolement les abeilles de l’autre. Le porte-parole de Générations Futures se réjouit au contraire de cette suspension : « Plus de 350 000 signatures d’une pétition ont permis de convaincre la Commission de prendre la bonne décision ». Collectif de « citoyens » d’un côté, pétitions de l’autre, lobbying et pressions de tous côtés, où va la démocratie ?

Nous ne sommes plus en démocratie. Nos décisions finales ne sont plus le résultat de la raison, de la science et de l’éthique, elles résultent d’un rapport de force : lobbying des firmes agrochimiques contre mobilisation du secteur apicole. Comme si les intérêts des personnes engagées dans les firmes n’était pas les mêmes que ceux qui s’occupent des abeilles ! Comment voulez-vous que pollinisation se fasse ? Nature se meurt, et nous aussi par la même occasion j’en ai bien peur.

* LE MONDE du 2 mai 2013, Bruxelles va suspendre pour deux ans trois insecticides tueurs d’abeilles

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Les animaux ne peuvent parler ni se révolter, dommage

Manon Dené s’exprime ainsi devant la journaliste Catherine Vincent* : « L’être humain est un animal particulier, plus intelligent et plus fort que d’autres. Mais c’est justement parce qu’on est plus intelligents et plus forts qu’on devrait avoir plus d’humilité et intégrer les animaux dans notre écosystème, et les protéger plutôt que les utiliser… La société a toujours été bâtie sur une exploitation. Il y a eu le racisme, le sexisme, le ségrégationnisme. Mais le problème avec les animaux, c’est qu’ils ne peuvent pas parler, ni se révolter. On les exploite dans tous les domaines, mais tout le monde préfère l’ignorer. C’est ancré dans les mœurs. » Manon Dené se veut activiste, elle veut faire du lobbying : « C’est vraiment ça qui m’intéresse : pouvoir avoir un peu d’influence sur les dirigeants, les parlementaires, les eurodéputés… C’est à travers la législation et la politique qu’on peut faire bouger les choses, mais aujourd’hui, il n’y a pas beaucoup de politiciens qui s’intéressent à la protection animale. » Manon Dené devrait employer le terme d’acteurs absents.

Il faudrait que chaque citoyen (en position de décision délibérative) se fasse l’avocat des acteurs-absents, c’est-à-dire ceux qui ne peuvent prendre la parole lors d’une négociation, ou qui ne sont pas invités à la table des négociations : milieu naturel, être vivants non humains, générations futures. Tous ceux qui ne peuvent parler et se révolter doivent être représentés. Rosanvallon décrivait la condition nécessaire pour préparer le long terme : « Il n’y aura pas de sortie de la myopie démocratique si les citoyens ne sont pas eux-mêmes les défenseurs d’une conscience élargie du monde. » Le suffrage universel est un conquête récente qui s’est progressivement élargi à de multiples acteurs. Au début, il s’agissait en France d’un corps électoral restreint par le suffrage censitaire à 246 000 hommes. Les votants sont devenus 9 millions avec l’adoption du suffrage universel et direct en 1848 ; les femmes, les militaires et les colonisés étaient encore exclus. Il faudra attendre 1944 pour que l’universalité s’étende aux femmes, 1945 pour que les miliaires deviennent électeurs ou éligibles et 1956 pour la reconnaissance d’une citoyenneté de plein droit aux indigènes des colonies françaises.

On pourrait aller encore plus loin. Ce serait élargir l’universalité bien plus fondamentalement que le droit de vote à 18 ans si on pouvait inclure dans la participation électorale les êtres vivants non humains, le milieu naturel et les générations futures. Ce n’est pas une procédure véritablement démocratique que de décider sans eux, les acteurs absents, les tiers-absents, de ce qui les intéresse au premier chef. Une telle délibération, qui n’élargit pas la pensée dans l’espace et dans le temps, ne peut qu’entraîner de mauvaises décisions. Les ruptures écologiques qui perturbent les ressources et le climat résultent de l’usage d’une démocratie restreinte. Manon Dené a raison de s’intéresser à la parole des animaux.

* http://animaux.blog.lemonde.fr/2013/03/22/les-animaux-ne-peuvent-ni-parler-ni-se-revolter/

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Les espèces invasives, un fléau ou une fatalité ?

Qui stoppera l’invasion du poisson-lion ? C’est le grand titre de la page Planète du MONDE*. Originaire de l’océan indo-pacifique, le poisson-lion a envahi la Caraïbe à une vitesse fulgurante. Ce Pterois volitans est devenu un fléau pour la Guadeloupe, une menace pour la pêche et la biodiversité. Une stratégie de lutte contre cette espèce invasive se met en place contre cet Attila des mers : « Il rafle tout : œufs, juvéniles, crustacés, tant que leur diamètre n’excède pas la taille de sa mâchoire ». Une cinquantaine de chasseurs en tuent 20 à 30 à chaque plongée, environ une fois par semaine. Mais nul n’imagine éradiquer le problème ainsi. D’ailleurs, faut-il éradiquer une espèce invasive ?

Christian Lévêque** pense que non : « Brown constatait une sorte de xénophobie irrationnelle face aux plantes et animaux invasifs, qui s’apparente à l’intolérance de certains citoyens vis-à-vis de races étrangères. Le langage militaire est de mise, il faut bouter l’envahisseur, l’éradiquer (…) On attribue les mêmes qualificatifs aux espèces invasives que ceux attribués aux immigrants : fécondité incontrôlée, agressivité, comportement prédateur, etc. C’est accentuer l’opposition entre ce qui est « de chez nous » et ce qui « vient d’ailleurs ». En réalité il y aurait concomitance d’un effacement des espèces natives et d’un accroissement des naturalisations, mais pas de relation directe de cause à effet dans une invasion ! Les exotiques occuperaient simplement les nouvelles niches créées par les modifications du milieu et laissées vacantes par les espèces natives. »

La crédibilité de l’écologie réside dans sa capacité à apporter des réponse. Là, le doute s’installe : faut-il vraiment éradiquer une espèce invasive ? Le débat est ouvert, nous attendons sur ce blog vos commentaires éclairés.

* LE MONDE du 14-15 avril 2013

** L’écologie est-elle encore scientifique ? (éditions QUAE, 2013)

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Souffrance animale, un secret industriel qui fait mal

Un texte significatif d’Audrey Garric* : « Des films montrant une cruauté extrême dans les élevages et abattoirs, réalisés par des militants de la cause animale, ont choqué l’opinion publique et entraîné des sanctions contre les fautifs. Pourtant une douzaine d’Etats américains ont proposé ou adopté récemment des lois criminalisant la dénonciation de ces pratiques. Ces législations interdisent de filmer ou de prendre des photos secrètement au sein de fermes d’élevage et de postuler pour un emploi dans l’un de ces établissements sans divulguer des liens avec des groupes de défense des animaux. Le plus extrême de ces textes, en Arkansas, va même jusqu’à proposer d’interdire à quiconque d’autre que les autorités d’enquêter sur les animaux. La plupart de ces projets de loi punissent non seulement les militants qui prennent des photos et des films, mais aussi les médias et les organisations de défense des droits des animaux qui diffusent les documents. Selon les représentants des firmes d’élevage, « ces tournages nuisent à la réputation de la filière ». Un porte-parole de l’ALEC** : « Vous ne voudriez pas que je vienne dans votre maison avec une caméra cachée. » »

Quelques commentaires perspicaces à la suite de cet article sur lemonde.fr :

– Le plus affligeant c’est que le libéralisme stipule la responsabilité du consommateur, responsabilité qui repose sur l’information, information qu’on cache, par tous les moyens possibles y compris la loi. Les USA sont un pays malade.

– On peut aussi ajouter l’interdiction de mentionner qu’un produit alimentaire ne contient pas d’OGM. Du coup ils peuvent facilement affirmer que les consommateurs ne refusent pas les OGM.

– Par contre, nier l’existence des chambres à gaz est protégé par le premier amendement, lui … allez comprendre la logique.

– Aucune loi n’interdit pourtant de filmer les horreurs de la guerre ou de la folie ordinaire des hommes. Au contraire, c’est même le fond de commerce de toute une industrie du spectacle.

– Il devient illégal de dénoncer la torture des animaux mais il est quasiment impossible d’interdire à tous les fous de se procurer des armes légalement et de commettre de gentils petits massacres !

– Dans la logique américaine, il faudrait autoriser le port d’armes pour les animaux !

– Ce projet plus l’amendement Monsanto***…. passé en catimini et signé par Obama en connaissance de cause, sont instructifs.

– Les tenants de l’agrobusiness finiront par nous traiter comme ces animaux maltraités.

* Le Monde.fr | 11.04.2013, Filmer la cruauté envers les animaux, un crime aux Etats-Unis

** ALEC,  American Legislative Council, un think-tank conservateur

*** Le « Monsanto Protection Act » garantit la culture des OGM contre toute décision de justice.

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Gaucho, Regent, Cruiser, l’infernal trio anti-abeille

Le Gaucho, c’est pas beau, le Regent, c’est méchant… et le Cruiser, c’est l’enfer. Les insecticides néonicotinoïdes sont une cause majeure du déclin des abeilles ; la plante s’imprègne du produit et devient, tout au long de sa croissance, toxique pour les insectes. Dans un éditorial*, LE MONDE est cinglant : « L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a fini par reconnaître, au printemps 2012, que les tests réglementaires qui ont conduit à l’homologation de ces molécules ne permettaient pas d’en évaluer les risques… Le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll se soucie des apiculteurs, il aurait pu se soucier aussi des abeilles… Avant d’annoncer un plan d’aide à la filière apicole, il aurait fallu, de toute urgence, avoir le courage d’interdire ceux qui demeurent autorisés. »

Stéphane Le Foll n’y connaît rien à rien. Il veut créer un observatoire des résidus de pesticides dans l’environnement de l’abeille**. Or depuis plus de dix-sept ans il y a eu beaucoup d’études scientifiques sur l’impact des pesticides dans la vie des ruches. En janvier dernier, l’EFSA a même rendu un rapport très critique, indiquant que certains néonicotinoïdes présentaient des risques importants pour les abeilles. Stéphane Le Foll n’a pas abordé ce problème, préférant attendre  une future décision européenne. Il a été nommé « ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire », ce qui témoigne clairement de la dérive productiviste de ce gouvernement. Car qui dit « agroalimentaire » dit agro-business. Jamais encore le mot « agroalimentaire » n’avait été utilisé pour le Ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture, de la Pêche, du Développement rural ! Stéphane Le Foll s’est opposé à une proposition de la Commission européenne d’allouer au minium 25 % des fonds européens à des mesures agro-environnementales et à l’agriculture biologique. Son ministre délégué chargé de l’agroalimentaire, le socialiste Guillaume Garot, s’était lancé au micro d’Europe 1 sur la nécessaire réduction du sucre, du sel et du gras dans l’alimentation. Stéphane le Foll se désolidarise de son ministre délégué : « L’Ania (Association nationale des industries alimentaires) peut critiquer les déclarations de Garot à condition de ne pas mettre clairement en cause le gouvernement dans son ensemble ».

Stéphane Le Foll est le contraire d’un écolo. Dans le même temps, on n’entend plus du tout l’ancienne porte-parole du candidat Hollande, Delphine Batho, aujourd’hui ministre de l’écologie : elle peine à exister, c’est le naufrage total. Du point de vue de l’écologie, ce gouvernement socialiste n’est pas mieux qu’un gouvernement de droite.

* LE MONDE du 10-11 février 2013, Pesticides : pitié pour les abeilles !

** LE MONDE du 10-11 février 2013, Un plan de soutien contre le déclin de l’apiculture

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Journal intime d’une mouche tsé-tsé

Imaginez-vous quelque part  en Afrique de l’Ouest, en zone tropicale humide, à l’état d’œuf, dans l’utérus d’une mouche tsé-tsé, votre mère, et laissez-vous vivre… Extraits :

Dix jours se sont écoulés, je suis brusquement mise en contact avec un sol tiède et humide. Je m’agite pour atteindre une profondeur de quelques centimètres dans le sol… Ma cuticule externe durcit rapidement, mon épiderme devient imperméable… ma transformation en adulte s’effectue sans apport alimentaire… Je suis devenu une mouche tsé-tsé… Nombre d’entre nous ne seront jamais porteuses de parasites pathogènes durant notre vie… Je ne choisis pas plus que les vertébrés  d’être infecté par le terrible trypanosome, un protozoaire parasite… Ma vitesse moyenne atteint maintenant 10 mètres par seconde, soit 36 kilomètres par heure… Mon cerveau gère la cartographie odoriférante de mon environnement. Je me sens capable de remonter un gradient d’odeur jusqu’à sa source, flaveurs d’urines, d’excréments, de sueurs que dégagent les mammifères, mes futures proies… un jeune mâle se place d’un seul coup d’ailes au-dessus de mon abdomen. Bien arrimé, il prend le temps de fabriquer un spermatophore avant de l’introduire au fond de mon utérus. Le tout l’occupe pendant au moins une heure… Je me mets en quête d’un hôte nourricier pour satisfaire mon besoin de sang, la poursuite de mon cycle biologique en dépend… Je viens d’assurer ma descendance… Malheureusement les trypanosomes d’une bête infectée n’ont pas été détruits par mes lectines intestinales… L’invasion parasitaire progresse et bouleverse l’intimité de mon corps…. Je me sens femelle porteuse involontaire et impuissante d’hôtes indésirables qui assurent leur pérennité à mes dépens…. Je vais contaminer malgré moi les animaux ou les hommes. Autant dire que ces parasites n’hésitent pas à ruiner la santé d’un vertébré pour rélargir leur cycle biologique complet, etc. » Il est inquiétant de constater que, depuis trente ans, aucune molécule nouvelle possédant une activité trypanocide n’ait pu être proposée…

NB : Ce « Journal intime », essai d’empathie animalière, n’est pas destiné à la vente. Il est disponible auprès du CIRAD-Savoirs, avenue Agropolis, 34398 Montpellier cedex 5 (édité en 2008).

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conte animalier pour favoriser l’empathie humaine

Le conte scientifique animalier est un récit qui permet au lecteur de s’imaginer partager la vie d’un animal sur la base des  connaissances scientifiques disponibles. Il s’agit de favoriser une approche de la biodiversité par l’empathie, cette faculté propre aux humains de pouvoir se mettre à la place d’un autre, de percevoir ce qu’il ressent. Les capacités humaines d’empathie s’exercent malheureusement assez peu envers les autres humains (même les plus proches), et de façon insignifiante envers les autres membres de la Biosphère, si ce n’est quelque animal domestique qu’on traîne en laisse à côté de soi. Pourtant, plus vous augmenteriez l’empathie, plus le monde des humains et des non-humains pourrait coexister pacifiquement.

En 2005, le premier conte animalier censé favoriser l’empathie porte sur l’ornithorynque. Il a été choisi comme modèle pour son caractère aussi étrange qu’attachant et son extrême rareté. « Pour entrer dans l’histoire, imaginez-vous quelque part sur la bordure est du continent australien, dans l’atmosphère tiède et obscure d’un terrier, transformez-vous en un œuf d’ornithorynque et laissez-vous vivre. » Ainsi se termine l’introduction du Journal intime d’un ornithorynque.

Ce « Journal intime » n’est pas destiné à la vente puisque financé sur fonds européens. Il est disponible auprès du CIRASTI, BP 485, 86012 Poitiers cedex (édité en 2005).

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Conférence mondiale sur la biodiversité, bavardage !

Dans le sud de l’Inde, à Hyderabad, 11e conférence des parties de la Convention sur la diversité biologique (CDB)*. Nous pourrions reprendre tel quel l’article que nous avions fait à propos de la précédente conférence il y a deux ans seulement : rien n’a changé :

« Aucune conférence internationale n’arrivera à solutionner quelque problème que ce soit. A Nagoya, la dixième conférence des parties à la CDB ne fera pas exception à la règle. Que LeMonde (19 octobre 2010) consacre une page à la disparition des espèces n’y changera rien ! Une conférence internationale est par définition une rencontre entre nations : chacun défend les intérêts de son pays, pas l’intérêt commun. En 2002, on s’était déjà engagé à freiner la disparition accélérée des espèces d’ici à 2010, aucun pays n’a respecté cet objectif. Les scientifiques démontrent qu’il n’y aura pas de planète de rechange, pourtant  rien ne change politiquement. La superficie et la qualité des habitats naturels continuent à se dégrader presque partout. Le rythme auquel disparaissent les espèces est de 100 à 1000 fois plus rapide que ce qui s’est passé au cours des 500 derniers millions d’année.

Que la vie dans les forêts, les océans et les écosystèmes de notre planète constituent les fondements de notre société et de notre économie, au fond tout le monde s’en fout : nous n’en voyons pas encore la réalité dans notre quotidien ! La perte de biodiversité est encore une abstraction aux yeux des travailleurs : le chômage d’abord, le pouvoir d’achat ensuite ! La perte de biodiversité est toujours un avantage pour les industriels et les consommateurs : tout le monde est donc complice ! Personne ne manifestera dans les rues pour protéger la richesse de la biodiversité. »

* Le Monde.fr avec AFP | 19.10.2012 Les pays riches sous pression au dernier jour de la conférence sur la biodiversité

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anthropocentrisme, bio- ou écocentrisme, que choisir ?

Un insecte possède un cerveau, plus petit que celui d’un humain sans doute, mais un cerveau quand même. L’escargot est également doté d’un ganglion cérébral, et d’un cœur avec une seule oreillette et un seul ventricule, mais un cœur tout de même. Le schéma d’organisation du vivant est assez similaire d’un bout à l’autre de la planète, homo sapiens ne constituant pas une exception ! Pourtant certains croient encore à la spécificité humaine, fabulant que l’Homme est à l’image de dieu et la Terre au centre de l’univers. Ils font preuve d’anthropocentrisme, l’homme (anthrôpos) au centre. Contre ce nombrilisme qui oppose l’homme à la nature, une autre éthique est possible, le biocentrisme : on accorde une valeur intrinsèque à chaque être vivant (bio-), qu’il soit d’ailleurs animal ou végétal. Pour une petite minorité de gens éclairés, il faut aller encore plus loin. Parce qu’ils constatent que nous faisons partie de la même communauté biotique, nous aurions des devoirs aussi bien à l’égard de ses différentes composantes vivantes que de la communauté considérée comme un tout. Cette éthique est dite écocentrique (oikos, la maison, la Terre). Qu’en penser ?

Les humains et les non humains ne sont concrètement que des nœuds relationnels sur le réseau du vivant. Au niveau social, les individus se constituent par leurs relations aux autres, et ne sauraient exister par eux-mêmes, sans ces relations aux autres. Il en est de même de l’être humain qui est inséré dans un écosystème et en étroite interrelation avec lui. Oublier cela, c’est oublier l’essentiel. Le circuit économique entre ménages et entreprises n’est valide que si on considère que la circulation entre revenus et consommations dépend des richesses accordées ou non par la nature. Faisons un parallèle. L’unité de base des formes de vie, la cellule, est enfermée dans une membrane munie d’une multitude de portes microscopiques qui lui permettent d’échanger avec son milieu. L’échange se fait parfois au détriment de la cellule, ou à son avantage. En retour la cellule transforme aussi le milieu dans lequel elle évolue. Le milieu est partie constitutive de l’identité de la cellule comme la Nature est partie constitutive de l’identité humaine. Même entre le vivant et l’inerte, il n’y a pas de frontières rigides. A l’échelle atomique, ce sont par exemple les mêmes éléments qui constituent l’eau et environ 56 % du corps humain à l’âge adulte (40 litres d’eau pour une personne de 70 kilos). Mais les humains n’ont pas de relation obligée avec leur milieu, ils sont obligés de réfléchir pour savoir ce qui est le mieux. Et ce n’est pas évident pour eux !

Nous avons exprimé plusieurs millénaires durant que les humains n’étaient pas tous frères et sœurs alors que nous appartenons tous, blonds ou bruns, blancs ou noirs, à la même race « homo sapiens » ; nous avons considéré pendant des milliers d’années qu’il existait une différence fondamentale entre l’homme et la femme alors que l’égalité aurait pu aller de soi depuis longtemps ; nous valorisons notre propre ethnie ou notre nation comme le centre de ce qu’il faut reproduire et défendre alors que nous devrions essayer de vivre en symbiose avec tous, humains et non-humains. L’anthropocentrisme est une notion du passé, avant que Galilée démontre que la terre tourne autour du soleil et non l’inverse, avant qu’on ne découvre que plumes, écailles et dents proviennent tous du même tissu épithélial, dépendent tous du même répertoire génétique. Les gènes qui mettent en place le plan de fabrication d’un être humain sont les mêmes que ceux fonctionnant chez un ver de terre ou une céréale. Et homo sapiens est une invention  très récente de l’histoire géologique. Nos ancêtres directs,  des mammifères, ne sont apparus qu’il y a 150 à 200 millions d’années sous la forme d’un petit rongeur… Par la suite, il y a quelques 20 millions d’années, un singe arboricole possédait une colonne vertébrale assez rigide pour lui assurer une station temporaire sur ses deux jambes… mais l’histoire véritable des hominidés ne remonte approximativement qu’à 7 ou 8 millions d’années… et homo sapiens sous sa forme actuelle aurait seulement 150 à 200 000 ans. Il nous faut savoir écouter la voix de la Biosphère

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Moi, taureau de corrida, exige la réciprocité

J’ai fait un rêve, merveilleux rêve, qu’un homme beau et costaud se retrouve dans l’arène, tout nu. Il entre sur le sable, aveuglé par les projecteurs, court à droite ou à gauche, ne sait où aller, ce qu’on attend de lui. Une clameur gonfle, un taureau entre à son tour, majestueux dans sa robe noire, il salue la foule en délire. L’homme comprend brusquement, ce sera une lutte à mort, il cherche comment se défendre, on lui lance un petit couteau. Le spectacle commence. Le taureau, mon frère, va sortir vainqueur, presque toujours. Mais mon cœur pendant le combat a comme d’habitude défailli pour les risques  qu’il fallait prendre face à ce monstre sanguinaire armé d’une lame d’acier.

Nous avons sélectionné cet homme pour sa force et son intelligence, nous l’avons élevé avec d’autres dans l’ignorance de son sort funeste, nous l’avons choisi pour mourir aujourd’hui en public. Ainsi va la vie. Il faut dire que dans notre petit patelin, ça nous amuse beaucoup, la mise à mort d’un homme. C’est notre culture ancestrale, et ce n’est pas quelques opposants à l’humanomachie qui vont nous empêcher d’organiser cette cérémonie, cette façon d’être ensemble de façon effusive, scandée par nos encouragements au taureau. Je me souviens encore avec effroi, j’étais jeune, de ce taureau illustre qui était mort d’un coup de couteau que le hasard avait trop bien placé. Ce que nous aimons, c’est la mort de l’homme. Car l’arène est un lieu d’exaltation, de socialité, un croisement des classes sociales et des âges comme l’avait affirmé notre grand penseur Francis Marmande dans le MONDE* (lu par les taureaux).

Un jugement vient de conforter nos traditions. Organiser des corridas humaines dans certaines régions est conforme à la Constitution, vient de juger le Conseil constitutionnel, rejetant le recours d’associations qui militent contre l’humanomachie**. Les sanctions infligées pour cruauté envers les animaux humains ne peuvent s’appliquer partout. Le critère de « tradition locale ininterrompue », inscrit dans le code pénal pour les exceptions à ces sanctions, est « précis, objectif et rationnel ». Nous l’avions bien compris ainsi, le fait de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, est bien puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende. Sauf s’il s’agit de la mise à mort d’un humain dans notre patelin…

* LE MONDE du 21 septembre 2012, « Pourquoi la corrida ? J’ai à faire avec la vie, l’amour, la mort »

** Le Monde.fr avec AFP | 21.09.2012, La corrida jugée conforme à la Constitution

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Ecoterrorisme et écoguerriers, le cas Paul Watson

L’ONG Sea Shepherd (« berger des mers ») a envoyé par le fond bon nombre de bateaux. Le capitaine Paul Watson et ses bateaux ont affronté des baleiniers soviétiques ou japonais, les braconniers sur toutes les mers du globe… sans jamais faire de morts. Mais pour les Japonais, dont il combat sans relâche la pêche à la baleine en Antarctique, c’est un « écoterroriste ». Prétextant des faits remontant à 2002, Paul Watson est arrêté dix ans après par les autorités allemandes à cause d’un mandat d’arrêt émis par le Costa Rica. Une nouvelle procédure sans doute totalement fabriquée par le Japon, utilisant sa puissance commerciale pour pousser le Costa Rica à agir. D’ailleurs des discussions avaient eu lieu en 2011 entre le gouvernement japonais et Hillary Clinton, dans le but de retirer à l’ONG son statut caritatif. Paul Watson rentre aujourd’hui dans la clandestinité*. Mais qui est vraiment l’écoterroriste dans cette histoire, qui est antihumaniste ?

Nous avons lu avec plaisir le livre de Lamya Essemlali, Capitaine Watson, entretien avec un pirate , donnant la parole à Paul Watson : « J’ai côtoyé l’horreur. J’ai vu des bébés phoques dépecés vivants. J’ai vu des baleines, magnifiques et intelligentes, agoniser sans fin. Lorsque j’ai croisé le regard d’une baleine mourante, j’y ai vu de la pitié pour nous, ses bourreaux. Ce jour de 1975, ma vie a changé pour toujours et je suis alors devenu biocentrique, c’est-à-dire que je considère que les autres espèces ne sont pas inférieures à la nôtre. Se concentrer sur notre famille nucléaire nous a amenés à négliger et ignorer la famille naturelle. Conserver et protéger la capacité de charge de la planète devrait être une priorité pour chacun d’entre nous… Etre écologiste, c’est faire partie du continuum de la vie. Tout ce que nous faisons aujourd’hui aura un impact significatif sur le genre de monde que nous laisserons dans 100 000 ans, dans un million d’années. Chaque espèce que nous menons à l’extinction envoie un ricochet dans le futur avec un incroyable impact négatif… L’écologie profonde place la vie au centre de toutes choses – pas la seule vie humaine, la vie dans son ensemble. Donc oui, je me considère comme appartenant à cette mouvance parce que je soutiens que la biosphère est plus importante que les gens. Ce que je veux dire, c’est que protéger la nature, c’est protéger l’humanité. Ce n’est pas un parti pris anti-humain, c’est juste une approche réaliste. »

L’humanité est devenue trop nombreuse, très violente, prédisposée depuis toujours au sadisme, persuadée qu’elle échappe au règne animal. Paul Watson nous permet d’y voir plus clair. Les baleiniers japonais sont les écoterroristes de même que les gouvernements qui les soutiennent. Paul n’est qu’un écoguerrier qui mérite d’être reconnu comme tel.

* LE MONDE du 15 septembre 2012, Paul Watson, prisonnier des mers

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Nous, Lions de Tanzanie, nous voulons la paix

Nous, Lions de Tanzanie, déclarons : à qui appartiennent les terres ? Toutes les terres nous appartiennent, nous les animaux. Nous les partageons avec toutes les autres créatures, nous aimons nous coucher dans l’herbe et savourer le temps qui passe. Les humains ne sont pas notre mets préféré, notre tête ne devrait pas être un trophée qui orne le mur d’un salon. Vivons en paix. Qu’il nous semble lointain le temps béni où nous partagions la savane avec beaucoup de Gnous et très peu de Massaïs ! Mes frères les Lions et nos cousins les Eléphants sont maintenant pourchassés en Tanzanie*, payant un lourd tribut à la destruction de la nature par l’espèce humaine. Nous sommes maintenant une espèce en voie de disparition. Quelques humains bien intentionnés nous ont enfermés dans des « parcs nationaux » au nom de la « conservation de la nature ». Comme si de grands zoos permettaient d’améliorer nos relations avec les autochtones ! Nous, Lions de Tanzanie, nous n’avons que des problèmes.

Vos parcs naturels ne sont qu’illusion. Sanctuariser toujours plus d’espaces pour enrayer le mouvement d’extinction des espèces n’est qu’un acte administratif trop souvent suivi de peu d’effets**. La solution est ailleurs. Les conflits entre lions et humains découlent d’abord de la pullulation humaine. La population de pasteurs semi-nomades est de plus en plus nombreuse, sans compter tous les foyers de sédentarisation. Le mari part avec son troupeau d’animaux domestiques, beaucoup trop nombreux, et la femme reste au village entourée d’une nuée d’enfants. Un ami de Démographie responsable nous a fait parvenir ces chiffres : en 1950 la Tanzanie comptait 7,7 millions d’âmes. Aujourd’hui elle en accueille 48 millions. Selon l’ONU, les projections sont : pour 2050, 138 millions et pour 2100, 316 millions. Cette multiplication par 41 en un siècle et demi équivaudrait à 1,7 milliards de français !

Autant dire que si cette explosion démographique perdure, la faune sauvage tanzanienne ne sera plus qu’un lointain souvenir. Nous les grands fauves, nous ne sommes plus que 20 000 à 40 000… dans le monde entier. Que diriez-vous si votre population humaine comptait aussi peu de représentants ? Que direz-vous si on vous enfermait dans des parcs pour humains, avec vos parcs de loisirs et vos parkings, resserrés sur quelques kilomètres carrés, et pourchassés ?

* LE MONDE du 9-10 septembre 2012, En Tanzanie, les hommes et la faune sauvage face à face

** LE MONDE du 9-10 septembre 2012, la superficie mondiale des aires protégées a augmenté de 50 % depuis 1990

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Face aux éleveurs, des loups exaspérés

Nous les loups, nous ne pouvons pas saquer les bergers. Sans nous, ils se croyaient en vacances en haute montage. Mais pour nous la montagne, sans les bergers, c’était le paradis ! Ils font de l’élevage pour la viande, un ranching avec des troupeaux de plus en plus importants tout en économisant la main d’œuvre. Optique de courte vue, productiviste. En plus, de quoi se plaignent ces éleveurs : ils sont indemnisés pour chaque bête que nous égorgeons. Nous soupçonnons les bergers de hurler au loup simplement pour accroître leurs émoluments. Nous en avons marre d’être pourchassés alors que nous ne faisons que vivre notre existence de loup. Notre vie devient impossible, même José Bové a demandé de nous tirer comme des lapins. La préfecture vient d’autoriser « un tir de prélèvement » ; mais c’est d’un abattage qu’il faudrait parler, d’un assassinat. Des loups seront définitivement séparés de leur conjoint par la faute de la brutalité des chasseurs. Au nom de quoi faudrait-il préférer le loup aux brebis ?

Quand on voit ces alpages où l’herbe n’est plus qu’un paillasson parce qu’il y a trop de moutons, nous sommes exaspérés. Regardez bien comment l’homme a défiguré la montagne par le surpâturage, par la disparition de la flore alpine du fait des dents du mouton. Une brebis peut être remplacée rapidement, une montagne mise à mal par l’excès d’ovins a besoin de deux ou trois décennies pour se reconstituer. Nous les loups, nous sommes donc utiles pour réguler la pression des herbivores sur les alpages. Avec vos troupeaux de milliers de têtes dans le Mercantour, trop, c’est trop : nous ne sommes pas encore assez ! Vous avez pourtant tenté de nous éradiquer. Nous avions disparu depuis soixante ans, nous ne revenons dans le Mercantour que depuis 1992. Nous ne sommes que 200 à 250 loups dans l’hexagone, seulement 30 à 40 dans les Alpes-maritime*. Combien d’humains compte la France ? Plus de 60 millions… et vous nous accusez d’être trop nombreux ?

Notre ami Hugues Stoeckel a bien décrit notre supériorité sur les humains : « Le loup limite sa reproduction au seul couple dominant de la meute pour ajuster ses effectifs aux ressources disponibles. Quand les proies se font rares, la meute reste parfois deux ou trois ans sans mises bas. Ce comportement est d’autant plus admirable que le loup, bien qu’intelligent, ne dispose pas de cet outil prospectif unique au monde qu’est le néocortex humain. Un outil en l’occurrence totalement déficient : l’espèce humaine s’avère incapable d’accepter, ni même de discerner une limite à sa propre prolifération. Et ce, bien qu’elle subisse déjà les premiers effets de l’effondrement énergétique. » Il vous faudra suivre notre exemple et maîtriser votre surpopulation. Suivez l’enseignement de notre philosophie, l’écologie profonde : « L’épanouissement de la vie et des cultures humaines est compatible avec une diminution substantielle de la population humaine. L’épanouissement de la vie non-humaine requiert une telle diminution. »

Nous, les loups, nous vous faisons remarquer en conclusion que, par la faute principale des humains, un cinquième des invertébrés de la planète est menacé d’extinction**. Ce ne sont pas les loups qui sont trop nombreux, ce sont bien les humains et leurs moutons. On vous prévient, ça va mal finir.

* LE MONDE du 2-3 septembre, Face aux loups, des éleveurs exaspérés

** LE MONDE du 2-3 septembre, de la coccinelle à l’éponge, un invertébré sur cinq est guetté par l’extinction

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Participer ou non… à la conférence sur l’environnement

La Conférence environnementale est mal partie*. Deux jours seulement les 14 et 15 septembre prochain pour aborder les questions complexes de la biodiversité et de la transition énergétique, c’est déjà acter le fait que les socialistes au pouvoir n’ont aucune sensibilité écologique. Quand, juste avant la première réunion préparatoire avec les ONG (mercredi 29 août), la ministre de l’écologie Delphine Batho se positionne POUR l’aéroport Notre-Dame-des-Landes (le joujou d’Ayrault) et POUR « le nucléaire, filière d’avenir » (phrase culte de Montebourg), cela ne présageait d’ailleurs rien de bon. Quand on accepte de rajouter, au dernier moment et sous réserve d’arbitrage (!), le nucléaire et les gaz de schiste aux discussions prévues, cela préfigure l’impasse.

La suite paraît déjà claire. Quand la patronne des patrons veut « donner une chance à l’innovation technologique », c’est-à-dire à l’exploitation des gaz de schiste, on va sans doute voir un socialisme aux ordres du Medef.  Quand le PDG de Total réclame du « courage » sur le gaz de schiste (« ne pas se donner la possibilité de développer du gaz c’est dommage »), on va sans doute voir un socialisme aux ordres des intérêts pétroliers. N’oublions pas que Nicole Brick, ministre PS de l’écologie, a été virée par le Premier ministre socialiste Ayrault pour avoir voulu suspendre des forages au large de la Guyane. De toute façon les lobbies du nucléaire campent depuis plusieurs années sur le palier des parlementaires socialistes. La commission nationale de l’environnement du PS est une annexe du CEA et le lobby GDF Suez était bien représenté à l’université d’été du PS ! D’ailleurs le candidat Hollande n’avait qu’une vision en termes d’offre d’énergie, aucune pensée pour la sobriété énergétique.

FNE (France Nature Environnement) s’inquiète aujourd’hui de l’absence d’objectifs précis à quinze jours des débats. L’inconnue demeure également le nombre et l’identité des participants, ainsi que le périmètre des tables rondes. FNE souhaite que des questions agricoles comme les pesticides ou l’irrigation ne soient pas mis sous le tapis. Or la récente déclaration du ministre de l’Agriculture remettant en cause l’objectif de réduction de 50% de l’usage des pesticides d’ici à 2018, résultant pourtant d’un consensus dans le cadre du grenelle de l’environnement, inquiète. Etc.

WWF (World Wildlife Fund, fonds mondial pour la nature) constate que la méthode proposée est calquée sur celle de la conférence sociale et non sur celui du Grenelle. Trop court. Alors que, lors du Grenelle en 2007, un représentant des ONG était accompagné de deux experts, le gouvernement propose aujourd’hui un seul représentant par association. Insuffisant. La filière d’avenir c’est l’intelligence collective, pas le nucléaire.

* LE MONDE du 31 août 2012, L’avertissement au gouvernement des ONG écologistes

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Malicorne, la nature menacée

Emporté dans sa frénésie d’inventivité, après une gestation de quinze milliards d’années, l’univers a accouché d’un  » mutant  » prodigieux. Dès son apparition dans la savane africaine, l’être humain par migrations successives occupe bientôt tout l’espace disponible sur la planète. La capacité d’adaptation et la compétitivité sont les ferments et les moteurs de l’évolution biologique. A ce jeu, l’être humain joue mieux que quiconque. Il est le champion toutes classes mélangées, il s’adapte à toutes les situations, sous toutes les latitudes et dans tous les climats. Il se prépare aujourd’hui à vivre dans l’espace. Poussée par sa propre politique d’inventivité et son obsession à créer toujours du plus complexe et du plus efficace, la nature semble s’être engagée dans une situation qui pourrait bien se retourner contre elle. Elle a mis au monde une espèce néfaste capable de neutraliser les instincts régulatoires qui assuraient la pérennité de la vie terrestre.

Avec le développement de la science et de la technologie, l’homme modifie considérablement la planète qu’il habite. Il aménage la nature et transforme la campagne. A part les paysages arctiques, toutes les régions ont été plus ou moins altérées par sa présence. Rien ne lui résiste. Son influence est singulièrement accélérée par l’apparition de la civilisation occidentale qui n’a plus, comme les cultures traditionnelles, le respect de la nature. Un grand nombre de biotopes et d’espèces vivantes disparaissent. Les forêts se rétrécissent et les sous-bois deviennent des parkings. L’asphalte et le béton sont les manifestations de cette nouvelle et menaçante monotonie. Vue sous l’angle  » l’homme hors de la nature « , l’arrivée de l’être humain apparaît ici comme une catastrophe cosmique. Notre planète est  » infestée  » d’hommes qui semblent décidés à saboter l’admirable harmonie de la nature. Ils pourraient bien la ramener à sa stérilité initiale.

Sous l’angle  » l’homme dans la nature « , les humains prennent enfin conscience de la menace qu’ils font peser sur la vie planétaire. C’est l’avènement du souci écologique. Tandis que la détérioration du paysage se poursuit et s’accélère, l’être humain se sent devenir responsable de l’avenir de la nature.Après un long passé d’agression et de brutalité, après l’extinction de nombreuses variétés végétales et animales. l’humanité manifeste le désir de protéger la vie. Des espèces. qui semblaient vouées à l’extermination, sont sauvées in extremis… Au Kenya, d’immenses populations de flamants roses nous font oublier qu’il y a quelques décennies à peine, on les croyait à jamais disparus. De tels événements méritent d’être salués. Dans le cadre de l’évolution cosmique leur portée s’étend bien au-delà de la vie des espèces épargnées. Par rapport au comportement antérieur des humains, ils représentent un espoir pour l’avenir de l’intelligence sur la Terre.

Hubert Reeves, Malicorne (Éd. du Seuil. 1990)

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sans sentiment de nature, la biodiversité fout le camp

Il paraît que le 22 mai  était le jour de la fête de la biodiversité et que la France lance un véritable ONB (Observatoire national de la biodiversité)*. Un autre article du MONDE même page pose le problème de fond : « Les sociétés humaines ont oublié qu’elles faisaient partie de la biodiversité, or elles ont besoin que la biodiversité fonctionne pour garantir leur bien-être et leur cadre de vie. »** Notre relation à l’écosystème reste en effet le grand absent du système de socialisation de nos enfants maintenant que la plupart des familles sont urbanisées et coupées de la nature. Cynthia Fleury, qui a co-dirigé l’ouvrage L’exigence de la réconciliation. Biodiversité et société, constate : « L’environnement est le parent pauvre de l’éducation. Notre citoyenneté doit pourtant nécessairement passer par un apprentissage de ce qui nous environne, comme étant la condition de notre humanité. » Ah, « l’environnement » ! Le mot pour dire que l’homme est au centre et tout le reste de la nature à l’extérieur, pour nous servir.

Le chemin va donc être très long pour ressentir à nouveau que nous faisons partie de la nature et que les écosystèmes ont au moins autant d’importance que nos sociétés humaines. Nous conseillons un certain nombre de lectures pour aller plus loin :

2008 Ecopsychologie pratique, retrouver un lien avec la nature de Joanna Macy  et M.Y. Brown (Le souffle d’or)

2009 Nous réconcilier avec la Terre par Hervé René Martin et Claire Cavazza (Flammarion)

2010 L’éthique de la terre de John Baird Callicott (recueil de divers textes aux éditions Wildproject)

2010 Philosophie de la biodiversité (petite éthique pour une nature en péril) de Virginie Maris

2011 Ethique de la nature et philosophie de la crise écologique (DEEPWATER HORIZON) de Stéphane Ferret

2011 Pensées de la terre de J.Baird Callicott (éditions Wildproject)

* LE MONDE du 31 mai 2012, La France se dote d’un observatoire pour veiller sur la biodiversité

** LE MONDE du 31 mai 2012, La nature, « une affaire véritablement humaine »

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Hollande et Sarkozy face à la souffrance animale

J’ai affirmé à ma petite fille de bientôt 6 ans, Zoé, que l’homme était un animal parmi d’autres. Réaction spontanée de Zoé : « Mais papi, les animaux ne sont pas comme nous, ils ne parlent pas ». Ainsi commence l’anthropocentrisme, l’idée d’une supériorité de la race humaine puisque nous sommes différents, « supérieurs ». Je lui ai appris ce qui ne va pas de soi pour un enfant, par exemple : « La maman dinde a une incroyable gamme vocale pour s’adresser à ses petits. Et les petits comprennent. Elle peut les appeler pour qu’ils viennent se blottir sous ses ailes, ou bien leur dire de se rendre à tel endroit. » Plus tard j’ai demandé à Zoé ce que mangeait un veau : « Bien sûr de la viande ! » Je lui ai alors fait trouver par elle-même que le veau buvait le lait de sa mère, comme Zoé quand elle était petite : « Nous sommes des mammifères, comme les vaches. Les femelles ont des glandes mammaires et nourrissent leurs petits de leur lait. » Il y a 4000 espèces de mammifères, dont plusieurs centaines sont aujourd’hui menacées de disparition… par la faute du mammifère humain ! Nous devons abandonner notre anthropocentrisme destructeur pour mieux respecter les autres formes du vivant.

Qu’en pensent les présidentiables Sarkozy et Hollande ? Interrogés par la Fondation 30 millions d’amis sur leurs propositions en matière de protection des animaux, nous avons d’un côté un candidat trop péremptoire et de l’autre un futur président trop prudent ou inaudible. A vous de déterminer qui dit quoi :

« Je refuse d’interdire la chasse à courre, cette très ancienne tradition française, qui entraîne des prélèvements d’animaux très faibles ».

« Des débats sur la chasse à courre sont engagés à l’Assemblée nationale ».

« La corrida est une tradition locale séculaireune réalité que l’Etat se doit de respecter »,

« Je refuse d’interdire les activités des cirques qui contribuent à émerveiller tant d’enfants et à faire découvrir la beauté de nombreuses espèces dont la vision serait, sinon, réservée aux seuls plus aisés d’entre eux ».

« L’animal doit rester un « bien meuble », comme le dit le code civil. Une nouvelle définition créerait une série d’incertitudes juridiques sur les rapports liant l’homme à l’animal ».

«  Oui à une redéfinition « sur le principe », mais je ne suis pas convaincu que l’on puisse aisément s’accorder sur une définition globale de l’animal ».

Pourtant la définition d’un animal est claire : être vivant, généralement capable de se mouvoir, se nourrissant de substances organiques. Un homme, un chien ou un lion sont donc des animaux. Malheureusement pour le code civil français, tous les animaux autres que l’homme sont des « biens meubles ». Un chien est comme une chaise, par contre une femme est une personne. Une proposition de loi déposée, le 3 avril 2012, par le député Jacques Remiller (UMP), demande à ce que les animaux soient reconnus dans le Code civil comme « des êtres vivants doués de sensibilité ». Les présidentiables 2012 n’ont pas eu le courage de reprendre à leur compte cette proposition pour mettre un terme à l’extinction de la biodiversité. Car, ne nous leurrons pas, on peut encore faire tout ce qu’on veut ou presque des « animaux meubles »…

Pour en savoir plus, LE MONDE du 2 mai 2012, En France, les animaux sont encore…des meubles

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le fiasco du coton trangénique

Il en est de la chimie comme des OGM, les effets négatifs l’emportent à long terme, deux article du MONDE* vont en ce sens. On en reviendra à une agriculture plus traditionnelle, plus biologique.

Dix ans après l’introduction du coton transgénique en Inde, les semences locales ont quasiment disparu alors qu’elles étaient résistantes aux parasites suceurs. Le savoir-faire traditionnel est en train de disparaître. De plus les semences transgéniques consomment davantage d’eau et de nutriments, conduisant à l’épuisement des sols. Les engrais, insecticides et semences génétiquement modifiées ont un coût. Les paysans doivent s’endetter. En 2006, dans la région de Vidarbha, des milliers de paysans qui ne pouvaient plus rembourser leurs dettes se sont suicidés en ingurgitant des pesticides. La productivité dans le nord de l’Inde décline en raison de la baisse du potentiel des semences hybrides et de la difficulté de ce type de culture : pour éviter que les bactéries ou insectes développent des résistances aux variétés transgéniques, des semences locales doivent également être plantées dans de justes proportions. De toute façon les ravageurs reviennent en force. Le coton Bt est efficace contre une certaine chenille. Mais plusieurs dizaines de ravageurs peuvent attaquer le coton. Contrôler la chenille la plus gênante, c’est donc laisser la place aux autres ravageurs. Pour le coton herbicide aux USA, on n’avait pas du tout anticipé les phénomènes de résistance massive. Pour contrôler les herbes adventices, on fait maintenant venir des travailleurs mexicains pour arracher à la main les mauvaises herbes et les brûler.

En 2009, Monsanto a admis pour la première fois que sa variété de coton Bollgard avait perdu toute résistance au ver rose. Aux Etats-Unis, mais aussi en Chine, les producteurs sont désemparés et doivent recourir à des pesticides classiques. Certains experts américains disent maintenant : « On a besoin de nouveaux pesticides » – alors même que les OGM devaient nous en débarrasser. On ne négocie pas avec la nature. Les manipulations génétiques ne produiront jamais les résultats attendus car elles induisent des modifications de type retro-feedback. La nature est un système vivant, dynamique et complexe qui se défend contre la monoculture !

Pour en savoir plus, lire ce dialogue entre un partisan des OGM et un écolo.

* LE MONDE du 27 avril 2012, Les promesses non tenus du coton OGM en Inde

* LE MONDE du 27 avril 2012, Les producteurs OGM sont désemparés aux Etats-Unis

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