effet de serre

Agir radicalement contre le réchauffement climatique

Synthèse du cinquième rapport du GIEC : « Le temps est compté… Echec des politiques publiques mises en œuvre jusqu’à présent… De 2000 à 2010, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 2,2 % par an… Il faudra se préparer à un réchauffement compris entre 3,7°C et 4,8°C… » Le problème de cet article du MONDE*, c’est qu’on fait comme s’il s’agissait d’un problème des pouvoirs publics nationaux et internationaux. Il ne parle jamais de l’activité des citoyens qui sont bien les émetteurs de gaz par leur mode de consommation. Boire du café, c’est émettre pas mal de CO2 à cause de la chaîne de production et de distribution. Ensuite cet article parle des solutions techniques, pas des solutions comportementales. On envisage l’efficacité énergétique, c’est-à-dire la technique qui sauve (mais qui utilise de toute façon de l’énergie). On évoque les énergies renouvelables (qui jamais ne nous donneront la profusion énergétique des ressources fossiles). Ne parlons pas de la séquestration et du stockage du carbone dont « les risques sont mal maîtrisés ». Nulle part la journaliste Laurence Caramel n’indique que la première des solutions, c’est l’énergie que l’on ne consomme pas, la sobriété énergétique, la reconsidération de nos besoins.

                LE MONDE et ses journalistes devraient lire le scénario suivant : « L’association négaWatt a été crée en septembre 2001. Le premier scénario négaWatt fut lancé en 2003 comme un défi adressé au Premier ministre Raffarin qui s’était engagé à diviser par 4, d’ici à 2050, les émissions de gaz à effet de serre de la France. La démarche négaWatt se décline en trois temps : sobriété, efficacité, renouvelables.                 La notion de sobriété nous invite à nous interroger personnellement sur nos besoins, sur leur importance réelle ou supposée, ainsi que sur les priorités que nous pouvons établir entre eux. Nous pouvons définir une hiérarchie qui passe des besoins vitaux aux essentiels, puis indispensables, utiles, convenables, accessoires, futiles, extravagants et inacceptables. Chacun peut se livrer à l’exercice pour lui-même, en famille ou au travail, de façon à prendre conscience de l’impact de tel ou tel achat ou comportement. Rien ne sera possible sans une adhésion pleine et entière de tous nos concitoyens. Il s’agit de faire jouer à plein ce qui est la contre-partie indissociable de notre liberté : notre responsabilité ! Prenons l’exemple de nos besoins de mobilité individuelle. Le principe de sobriété nous incite à les réduire en essayant de nous rapprocher de notre lieu de travail. Nous pouvons aussi recourir à un mode doux de déplacement, marche, vélo, rollers, trottinette… La sobriété dimensionnelle nous incite à éviter toute surpuissance inutile dans le choix d’un véhicule. La sobriété coopérative repose sur la mise en commun pour réduire les besoins : mutualisation des équipements, autopartage, co-voiturage, auto-stop. La sobriété d’usage consiste à limiter le niveau et la durée d’utilisation d’un appareil, conduite douce par exemple… La sobriété ne s’applique pas qu’à nos comportements individuels, elle doit guider nos choix collectifs, notamment l’aménagement de l’espace. »**

Ce scénario a été récemment édité en abrégé, plus facile à lire pour des journalistes : « Nous sommes encore aveuglés par l’incroyable facilité avec laquelle nous avons accès à la modernité : appuyer sur l’interrupteur pour que la lumière jaillisse, ouvrir le robinet et l’eau chaude apparaît, remplir le réservoir de la voiture puis rouler. Mais nous savons que si nous continuons à faire tous ces gestes sans tenir aucun compte des conséquences que cela peut avoir, nous contribuons à accélérer et amplifier les menaces qui pèsent sur notre environnement et nos modes de vie. Les mots d’obligation et d’interdiction ne doivent pas effrayer. La quasi-totalité des conducteurs d’automobiles acceptent des règles contraignantes qui restreignent leur liberté, parce que leurs effets positifs sont jugés bien supérieurs à ceux que procurerait l’absence de règles. Qui serait d’accord pour que les chauffards irresponsables ne soient jamais sanctionnés ? Il en va de même avec l’énergie. Nous devons accepter une limitation de notre consommation d’énergie, l’obligation de la mise aux normes, l’interdiction de certaines extravagances et inventer ensemble, démocratiquement, un Code de bonne conduite énergétique. »***

*LE MONDE du 15 avril 2014, Réchauffement climatique : les Etats doivent agir vite et radicalement

**  Manifeste négaWatt (réussir la transition énergétique) par association négaWatt (édition Actes Sud, 2012)

*** Changeons d’énergie (transition mode d’emploi) de l’association négawatt (Actes Sud 2013, 94 pages, 10 euros)

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Ecotaxe sur le gaz et CCE, la parole aux contribuables

Que la nouvelle ministre de l’écologie Ségolène Royal le veuille ou non, la taxe carbone ou écotaxe ou contribution climat énergie (CCE) progresse dans les faits, si ce n’est dans les mentalités. Dans ce cadre les ménages français ont été soumis au premier avril 2014 à une nouvelle taxe sur la consommation de produits énergétiques polluants. Elle sera l’équivalent pour le gaz des taxes intérieures de consommation perçues sur les carburants, le fioul ou le charbon et alourdira leur facture de gaz. C’est une sorte de « taxe carbone » qui consiste à lier les taxes sur les énergies à leurs rejets de gaz carbonique. Pour les ménages les plus modestes, des compensations sont prévues pour accompagner la montée en charge de cette contribution, au moyen d’une revalorisation des déductions forfaitaires dont ils bénéficient via le « tarif spécial de solidarité » du gaz.*

                Voici quelques réactions d’internautes sur lemonde.fr qui augurent des débats houleux que nous aurons bientôt à propos de la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre :

Jacques Arnoux : Voilà une mesure raisonnable: des rentrées (nécessaires) d’argent, une incitation à consommer moins d’énergie, ce qui est vital et le sera de plus en plus, un accompagnement social qui équilibre la charge de cette contribution civique dans le sens d’une solidarité en faveur des plus modestes. Encore une bonne réforme de ce gouvernement, qui fait un boulot peu populaire qui va dans le sens de l’intérêt général. Bien sûr les réactions vont toutes dans le même sens: un effort, moi ? Jamais !

Thierry : On essaie de vous faire croire que l’énergie est rare ! C’est hallucinant ! Cet univers n’est qu’énergie ! Vous en avez partout, il faut même s’en préserver – tsunamis, tempêtes, soleil, vent… La matière même n’est qu’énergie – E=MC2. Où sont les efforts démesurés pour capter cette énergie gratuite ? À part quelques balbutiements, un ou deux gadgets… Sans l’idée de pénurie personne n’accepterait de payer aussi cher son litre d’essence ou son mètre cube de gaz.

Contraventionvoituredefonctions : Continuons à croire que les ressources, notamment énergétiques, du monde sont gratuites, abondantes jusqu’à assurer leur renouvellement sans qu’elles ne s’épuisent jamais ! Et puis tous ces kon qui prennent leurs voitures pour aller chercher du pain, à 150 m de chez elles. Et ces nain béssiles qui ne veulent pas prendre les transports en communs avec les pauvres aux heures de pointe et préfèrent croupir dans les embouteillages et polluer l’Ile-de-France ? Même le chef écolo Jean-Vincent Placé !!

Lorraine : Habitante du « Grand Est », ma facture de gaz c’est 3/4 d’un mois de mon salaire enviable d’instit… : 1300 euros de chauffage gaz, sachant que j’ai un poêle à bois en complément… A terme, je vais donc payer 100 euros de plus. Qu’importe, je suis nantie. Et non loin de chez moi, une centrale électrique gaz vient d’être construite. Cela ne met personne mal à l’aise ? Enfin… Je vais investir dans du mohair pour me tricoter un grand châle et baisser à nouveau le thermostat de 1°C.

Bardamu : Le thermolactil damart n’est pas encore surtaxé c’est une chance. En tout cas demain ça va chauffer gratis pour certains.

Nicotine : Finalement il vaut mieux un bon poêle à bois !

A Thomyck : Un chauffage au bois, mais c’est criminel, toutes ces particules fines, vous voulez que j’attrape le cancer, c’est ça, avouez ! Et en plus ça sera encore plus difficile à taxer que le reste, évasion fiscale, c’est pas très beau.

* Le Monde.fr avec AFP | 29.03.2014, Les ménages soumis à la « taxe carbone » au 1er avril

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Ségolène Royal contre l’écotaxe, une grossière erreur

A peine nommée au ministère de l’écologie, Ségolène Royal fait cavalier seul. Elle ne tient aucun compte des travaux parlementaires en cours, un travail de six mois conduit par cinquante députés et destiné à redonner du sens à l’écotaxe poids lourds et la rendre acceptable. Elle souhaite « remettre à plat» la taxe sur les poids lourds de plus de 3,5 tonnes. Elle dit des choses indignes d’une écologiste : « «Les Français ont déjà beaucoup payé d’impôts supplémentaires… L’écotaxe est un impôt… J’en comprends bien le sens : il s’agit de taxer ceux qui polluent, mais j’ai toujours dit que, pour respecter la citoyenneté, l’écologie ne doit pas être punitive et on ne doit pas taxer des gens s’ils n’ont pas le choix de prendre le transport propre. »*

Un député rétorque : « Ségolène Royal a fait une déclaration sur un dossier qu’elle ne connaît pas. Elle parle d’une taxe supplémentaire alors qu’il s’agit d’un péage, d’un droit d’usage. » Le numéro un de la CFDT, Laurent Berger dénonce un « mauvais signal » envoyé par la ministre de l’écologie : « L’écotaxe, ce n’est pas de l’écologie punitive, au contraire, c’est de la fiscalité responsable, pour responsabiliser les transporteurs. » Les associations environnementales sont furieuses. Il est vrai qu’une ministre de l’écologie qui affiche sa sympathie à l’égard du mouvement des “bonnets rouges” contre l’écotaxe, cela fait désordre. Positionnement d’autant plus étrange que l’ancienne candidate aux présidentielle 2007 était favorable à l’écotaxe : « Je souhaite faire sortir la France du « tout routier », en matière de transport de marchandises. Pour cela, il faut faire émerger la vérité des coûts du transport de marchandises par camion (par exemple, par une « éco-redevance », intégrant les coûts indirects des transports : dégradation des routes, impact sur la santé et l’environnement, sécurité…). »**

Ségolène Royal au pouvoir est donc partisanE d’une écologie superficielle, se retranchant derrière le pouvoir d’achat des ménages modestes pour ne rien faire de sérieux. Comme l’exprimait l’ex-ministre socialiste de l’écologie Delphine Batho, « l’enjeu pour le gouvernement est de dépasser une vision de l’écologie qui serait seulement sectorielle ou tactique, liée à des équations électorales »***. On ne devient vraiment écolo que quand on a quitté le gouvernement ! Rappelons que la taxe carbone dont l’écotaxe n’est qu’une petite facette est un projet défendu par tous les politiques un tant soit peu réalistes dans un contexte de réchauffement climatique et de pénurie prévisible de pétrole. Le 1er juillet 2009, le secrétariat national du PS avait validé, après intense réflexion d’un groupe de travail, une contribution climat-énergie universelle (CCEU). En avril 2013, les députés se sont prononcés pour une fiscalité écologique. Faute d’une écotaxe, nous aurons donc un jour une carte carbone… sans Ségolène !

* LE MONDE du 5 avril 2014,  A peine nommée, Ségolène Royal relance la polémique sur l’écotaxe

** http://decodeurs.blog.lemonde.fr/2013/11/11/ecotaxe-la-grande-amnesie-de-segolene-royal/

*** LE MONDE du 22 août 2013, Delphine Batho : « L’écologie n’est pas un enjeu sectoriel »

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Les municipales ou l’essentiel, il faut savoir choisir

On reconnaît un journal de référence à la hiérarchie qu’il donne aux informations. Dix pages dans LE MONDE (+ le numéro spécial ville par ville) pour les municipales*, une seule page pour les nouvelles menaces** liées au changement climatique. LE MONDE se prend pour un journal local qui parle des élections locales. LE MONDE n’avait pas à faire un enjeu national d’une amplification du désarroi global de la population qui ne sait plus à quel maire se vouer. Par contre nous devrions avoir eu de larges extraits du dernier rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) : nos sociétés ne sont pas suffisamment préparées au changement climatique en cours qui met en péril leur sécurité et leur stabilité. La production de blé va baisser d’année en année, la disponibilité en eau va s’effondrer partout dans le monde, des conflits violents comme les guerres civiles ou les affrontements interethniques vont se multiplier, les tensions entre Etats vont s’accroître. Entre une péripétie nationale qui touche à la politique politicienne comme les municipales et un évènement mondial qui va impacter le sort de centaines de millions de personnes, LE MONDE a fait le mauvais choix. C’est un journal qui s’intéresse à l’écume des évènements de court terme (et même de plus en plus aux faits divers), pas aux évènements longs et structurants.

Mieux vaudrait lire le livre « La nature est un champ de bataille » de Razmig Keucheyan. Tout un chapitre est consacré aux guerres vertes, la militarisation de l’écologie. En 2010 le NSS américain (National Security Strategy) inclut pour la première fois une section consacrée aux implications militaires du changement climatique. Les émissions de gaz à effet de serre deviennent un « multiplicateur des menaces ». Le terrorisme international va prospérer, il y aura une urbanisation de la guerre dans le bidonville global.  Pour Razmig, la classe politique est victime d’un court-termisme qui la rend inapte à intégrer le changement climatique dans ses calculs.

Les scientifiques du GIEC et les militaires sont d’accord pour nous dire la montée des périls. Cela a de l’importance. Mais le traitement par le MONDE des informations ne nous prépare nullement à envisager une diminution de nos émissions de gaz à effet de serre ; mieux vaut parler des dernières élections à la mode…

* LE MONDE du 1er avril 2014, Hollande pris dans le piège d’une déroute historique

** LE MONDE du 1er avril 2014, Le GIEC alerte sur les impacts du réchauffement

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Bientôt les pieds dans l’eau et même la sécheresse….

« Pour comprendre la réalité du réchauffement climatique, il faut avoir les pieds dans l’eau. » Trouver cette phrase dans un éditorial du MONDE* montre à quel point la situation écologique devient plus que préoccupante… car tout le monde s’en fout ! Comme le principe de précaution ou le principe responsabilité restent des mots inconnus du grand public et d’ailleurs combattus par la nomenklatura qui nous dirige, il ne nous reste que le principe de réalité : nous adapter à l’insupportable. Car le dérèglement climatique est déjà là, LE MONDE en fait tout un dossier**. La situation est d’autant plus dramatique que les gaz à effet de serre ne sont qu’une des innombrables menaces qui pèsent sur nous.

Un livre de 1972 montrait que nous sommes en train de détruire, au-delà de toute possibilité d’équilibre, les bases mêmes de la vie. Pour examiner cette problématique mondiale, le rapport du Massachusetts Institute of Technology (commandité par le club de Rome), avait choisi la dynamique des systèmes mise au point par le professeur Forrester. Ce modèle d’analyse globale traitait cinq tendances fondamentales : l’industrialisation, la population, l’alimentation, les ressources naturelles non renouvelables et la pollution. On se trouve en présence de phénomènes de nature exponentielle. Considérant le temps de doublement relativement court de ces cinq variables, on arrive aux limites extrêmes de la croissance en un temps étonnamment court. De plus les interactions sont permanentes. Ainsi la population plafonne si la nourriture manque, la croissance des investissements implique l’utilisation de ressources naturelles, l’utilisation de ces ressources engendre des déchets polluants et la pollution interfère à la fois avec l’expansion démographique et la production alimentaire. Ce livre de 1972 a été actualisé en 2004 sous le titre The limits to Growth – The 30-year update). Les tendances de base restent les mêmes : si rien n’est fait, un effondrement de la civilisation devrait avoir lieu dans le courant du XXIe siècle.

Plus les problèmes sont à longue échéance et leur impact étendu, plus est restreint le nombre d’individus réellement soucieux de leur trouver une solution. La plupart des gens résolvent leurs problèmes dans un contexte spatio-temporel restreint avant de se sentir concernés par des problèmes moins immédiats : il leur faut avoir les pieds dans l’eau, et ce n’est même pas suffisant. Comme nous pensons quand même qu’il n’est jamais trop tard pour essayer d’améliorer notre « intelligence collective », vous pouvez vous abonner gratuitement à notre bimensuel Biosphere-Info. Il suffit de nous écrire : biosphere@ouvaton.org. A bientôt…

* LE MONDE du 18 février 2014, les Etats face à la réalité des dérèglement climatique

** LE MONDE du 16-17 février 2014, dérèglement climatique, l’hiver de tous les extrêmes

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on ne voit plus les fondements biophysiques de notre survie

« Suite au réchauffement climatique, les populations voient chuter leurs rendements agricoles et sont tentées de quitter leur village pour gagner les villes. Pourtant beaucoup d’experts ès sciences humaines acceptent mal l’idée que la destinée de sociétés puisse être déterminée par des variables géophysiques non immédiatement accessibles à notre perception (…) On cherche plus volontiers les déterminants des crises sociales ou politiques dans les paramètres intrinsèques aux sociétés plutôt que dans les métamorphoses des socles matériels sur lesquels elles prospèrent… La probabilité est donc forte que nous persistions à ignorer les causes ultimes des crises que nous traversons. »* En d’autres termes, nous n’agissons pas car nous ne percevons pas les fondements écologiques de l’activité économique et les conséquences néfastes de  cette ignorance voulue.

Un chapitre** d’un livre qui vient de sortir nous montre la profondeur du désarroi qui va toucher une bonne partie de l’humanité. « Avec le réchauffement, les migrations transnationales se multiplieront, tout comme le nombre de réfugiés intérieurs, entraînant des violences au plan local comme régional. (…) Sauf exceptions assez rares, l’intelligence humaine ne semble plus admettre l’existence de limites, limites à notre reproduction, limites à nos migrations. La volonté de puissance semble avoir comme corollaire l’impuissance à regarder en face les conséquences de nos actes. On cherche à s’adapter au réchauffement climatique plutôt que de limiter nos émissions de gaz à effet de serre. C’est la marque de la société humaine actuelle de ne pas lutter sérieusement aujourd’hui contre les dérèglements environnementaux en prétextant de nos capacités d’adaptation demain. Il s’agit d’une fuite en avant ; on a adapté le milieu à nos besoins au point de le détruire, on veut maintenant s’adapter à la destruction de ce milieu. Cela ne peut mener qu’à une impasse. »**

* LE MONDE du 2-3 janvier 2014, Des variables cachées, chronique de Stéphane Foucart

** La problématique des migrations sur une planète close et saturée

in « Moins nombreux, plus heureux » (l’urgence écologique de repenser la démographie)

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Climatosceptiques et écologistes : un dialogue de sourd

Résumé d’une chronique* de Stéphane Foucart : « « Ce qui se produit est un déséquilibre radiatif provoqué par les émissions humaines de gaz à effet de serre. Wallace Broecker parlait en 1975 de « Réchauffement global », il aurait pu traduire cela par « perturbation », « dérèglement », « crise » ou – pourquoi pas ? – « cancer atmosphérique ». L’expression « réchauffement global » trompe notre perception du changement en réduisant celui-ci à une manifestation unique, la probabilité accrue de températures élevées. Et elle ne dit rien des effets majeurs du phénomène : montée et acidification des océans, bouleversement de la circulation atmosphérique et des précipitations, renforcement des régimes d’incendies, augmentation de la fréquence des cyclones les plus puissants… Le climat ne va pas devenir uniformément plus chaud, il deviendra de plus en plus étrange. » Un commentateur, Nico, s’exclame sur le forum : « Je suis chaque jour assez effrayé de voir la puissance du scepticisme en général sur lemonde.fr, quel que soit le sujet. » Voici d’autres commentaires qui montrent amplement la dureté du faux débat entre climatosceptiques et écologistes :

Jay Lahaine : « Dernière trouvaille en date de nos amis du GIEC : le climat ne se réchauffe plus, il devient étrange. Oh, oh! Houdini, sort de ce cumulonimbus! Il est vrai que, depuis 1997, l’absence constatée de hausse des températures embarrasse fortement les gourous du groupe de pression. Souvenez vous d’Al Gore, juché sur son chariot élévateur pour évoquer le réchauffement. Le ridicule ne tue pas, sinon le malheureux se serait rompu le cou dans cet exercice qui a pris une tournure indéniablement comique. »

Philippe : « Non, le réchauffement ne s’est pas arrêté en 1997, non, Al Gore n’a rien de ridicule, et surtout, la tournure que prennent les événements est véritablement dramatique ! »

Romain : « Il pleut aujourd’hui, j’en conclus que le soleil est un canular. »

Homère : « Franchement Monsieur Foucart, je ne suis pas davantage convaincu par « l’étrangeté » des évènements climatiques que par le réchauffement global.. »

La Grenouille : « Excellent article qui par son titre piège tous les climato-septiques qui bien souvent confondent météo locale avec climat planétaire. Mais qui surtout ont vraiment très très peur d’être obligés de remettre en cause la confortable gabegie actuelle. »

Patrick : « Pour parler de dérèglement climatique avec certitude, il faudrait avoir des données statistiques sur très longue période. Quelques dizaines d’années ne veulent rien dire. Il faut en matière scientifique s’appuyer des faits et non des on-dit. C’est bien le problème du « réchauffement climatique ». Le GIEC n’a pas travaillé correctement. Un chercheur devenu ministre posait des questions de scientifique, mais ce n’était pas politiquement correct (comme Galilée plusieurs siècles avant) »

Louis A : « Si c’est de Claude Allègre dont vous voulez parler il ne nie pas le réchauffement mais la cause du réchauffement. Quant aux longues périodes analysées elles se font, entre autres, par analyse de la glace aux pôles. J’attends avec impatience vos arguments scientifiquement étayés qui démontent le travail du GIEC. Sans ça vos propos ne sont que bla-bla de café du commerce.

JS.F : « Si vous lisiez le rapport du GIEC vous sauriez que la communauté scientifique a un tout petit peu plus que quelques dizaines d’années de données sur la question. Mais comparer Allègre à Galilée révèle le sérieux de votre analyse. »

CMO : « Le ministre en question faisait semblant de confondre météorologie et climatologie. Il mentait et la raison de son mensonge nous échappe. Mais il mentait sur bien d’autres choses encore , la non-dangerosité de l’amiante par exemple. »

Lupin : « Les modèles dits « climatiques » sont mathématiquement identiques aux modèles météorologiques. Comme eux, ils comportent les équations du mouvement fluide dites « de Navier-Stokes ». Comme eux, ils sont donc structurellement imprédictibles, du fait de la non-linéarité de ces équations et de leur caractère dissipatif. Ça se nomme « chaos déterministe » et les « climatologues  » (?) ont toujours fait mine de l’ignorer… »

Yann : « Svp messieurs les sceptiques, cet article ne fait que rapporter des conclusions déjà mentionnées depuis bien longtemps. Ne faites pas semblant de le découvrir et ne taxez pas l’auteur d’inconstance. Les déchets des activités humaines modifient le climat en augmentant la fréquence et la puissance des phénomènes extrêmes, pas en le réchauffant en tous points du globe. »

Manon Troppo : « C’est bien, on progresse… Le rétropédalage commence mais comme il ne faut pas tuer la poule aux oeufs d’or on complexifie le discours pour ne pas reconnaître qu’en fait on ne sait rien prédire du tout. Si vous n’aviez pas d’œillères vous verriez que tout démontre que le CO2 n’y est à peu près pour rien dans les évolutions récentes MAIS comme il faut continuer à faire peur aux gens et à alimenter les caisses des ONG écolo vous adaptez le discours ! »

Renaud Defrance : « Allègre oh, manon troppo! Bon sang! Mais c’est… bien sûr! 😉 »

Louis A : « La théorie du complot c’est un peu mince comme argumentation. »

Laputa : « Demandez à Héraclite, il y a un changement, la belle affaire, reste à en déterminer les causes, et puisqu’il n’y a de permanent que le changement, quel est le climat étalon dans votre histoire ? »

Lautrebor : « Ne peux-t-on pas analyser autrement les phénomènes climatiques ; les inondations en Bretagne seraient une conséquences de l’intensification de l’agriculture et à la destruction du bocages. Nos statistiques et nos références climatiques sont des données trop limitées.

Olivier : « Vous confondez les événement locaux et globaux. Mais certainement la multiplication de ces effets mineurs participe aussi au changement global. Les gaz à effet de serre ont par contre un effet directement mondial. »

Nicotine : « Aujourd’hui en période de crise, le principe de précaution ne serait-il pas d’arrêter de gaspiller tout cet argent en recherches et en conférences internationales pour une hypothèse de réchauffement qui ne parait pas se confirmer ? »

Martin Desruisseaux : « Ça me parait une conception assez étrange du principe de précaution. Sur des échelles de plus de 15 ans, la tendance au réchauffement depuis l’ère industrielle est largement confirmée. L’article essaie d’expliquer que ce réchauffement n’est pas uniforme et que des variations brutales existent. Des oscillations même fortes autour d’une tendance à long terme ne font pas disparaître la tendance, et ignorer ses conséquences économiques (sècheresse, etc.) pas très prudent. »

Jean-Marc Creau : « Tant que l’on n’a que des inondations, des tsunamis, un hiver polaire dans l’hémisphère nord, c’est pas grave…. »

L’excédée : « J’en déduis que tout va bien dans le meilleur des mondes. 50 degrés en Australie, chutes du Niagara presque figées, pluie en Terre Adélie, et roses dans mon jardin. Dommage que l’article n’ait pas été lu pour ce qu’il apportait. »

François Crommelynck : « Comment se fait la biosphère? Une atmosphère riche en gaz carbonique et en eau reçoit la lumière du soleil. Une merveilleuse réaction chimique s’établit : la photosynthèse. L’eau et le gaz carbonique sont transformés en oxygène et en matière vivante. Une question se pose maintenant: Pourquoi la biosphère qui a transformé et qui transforme une quantité phénoménale de gaz carbonique en matière vivante serait incapable de transformer le tout petit excès actuel produit. »

Maxime Suard : « « le tout petit excès actuel produit » dont vous parlez correspond a une concentration actuelle de CO2 dans l’atmosphère terrestre de 396 ppmv (parties par million en volume) aujourd’hui (chiffre en constante augmentation), contre une concentration de 280 ppmv au début de l’ère industrielle (19eme siecle). Le « tout petit excès » dont vous parlez correspond donc a une augmentation des concentrations en CO2 dans l’atmosphère terrestre d’environ 41% par rapport a leur niveau pré-industriel. »

Homère : « Le chaos météorologique qui a toujours été, ne peut rien prouver pour ce qui concerne l’évolution climatique à long terme. Je reste sceptique face aux démonstrations du GIEC faisant des prévisions pour la fin de siècle, alors que les mêmes se trompent sur des évolutions à 5 ou 10 ans. En retardant les échéances on peut toujours avoir raison. »

Fabrice Roux : « Il y aura toujours des gens qui pensent que la réalité complexe ne tient que dans des mots simples, que plus les mots sont simples plus ils sont vrais, donc que l’expression « réchauffement global » décrit tout le phénomène climatique, donc que le GIEC ment ! »

* LE MONDE du 12-13 janvier 2014, Planète : étrangeté globale

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tout accord fait grâce à l’avion n’est pas un bon accord

Congressistes, restez chez vous ! Vous ne servez à rien. L’accord 2013 sur le climat est adopté à Varsovie… pour rien. On se reverra l’an prochain pour une autre « conférence d’étape, on prendra l’avion et on étudiera les modalités de la prochaine conférence. Celle de 2015 à Paris fera un accord engageant pour la première fois tous les pays qui n’entrera en vigueur qu’en 2020…ou plus tard. Tout sommet international se termine par un texte, mais ce n’est que du vent : tout le monde repart frustré mais de façon équitable ! L’objectif toujours repoussé de limiter le réchauffement à 2° C devient inaccessible. Alors soyons concret.

Le chef de la délégation sriklankaise à Varsovie met le doigt où ça fait mal : « Nous continuerons à essayer de nous mettre d’accord chaque année en contribuant toujours plus aux émissions de CO2 par nos voyages en avion. » Les ONG (Organisation non gouvernementale) comme Greenpeace, Oxfam ou WWF, avaient envoyé 800 observateurs à Varsovie, sachant par avance que cette conférence dans un pays pro-charbon et gaz de schiste n’allait servir à rien. Elles ont claqué la porte de la conférence avant son terme, ses militants auraient mieux fait de ne pas prendre l’avion et sensibiliser chez eux la population pour qu’elle roule en vélo plutôt qu’en voiture.

Le mensuel « Silence » de novembre 2013 pense aussi que prendre l’avion ne défend pas le climat : « En juin 2013, le RAC (Réseau action climat, regroupement de 850 ONG) a lancé une campagne – l’avion c’est du vol – demandant que l’avion soit taxé pour la pollution qu’il émet. Toutefois certains d’entre nous ont reçu un courriel du RAC les invitant à participer au sommet climatique de juin 2013 à Istanbul. Au nom de l’efficacité, évidemment les salariés des associations prennent l’avion. Or l’avion est le plus sûr moyen de détruire la planète (le plus fort taux d’émission de gaz à effet de serre par passager transporté). Qu’en est-il de notre cohérence ? « La fin est dans les moyens comme l’arbre dans la graine » nous disait Gandhi. Il serait peut-être temps d’apprendre à modérer nos déplacement militants, à apprendre à déléguer à des personnes vivant sur place. Lors du premier forum social mondial de Porto Alegre en 2001, notre revue Silence avait cofinancé l’envoi d’un journaliste sur place. Celui-ci avait pris l’avion comme plusieurs centaines d’autres Français ! Nous n’avons pas renouvelé l’opération : nous avons fait le constat que nous pouvions interroger les personnes rencontrées sans nous déplacer : en leur écrivant, en leur téléphonant et maintenant en échangeant par Internet. Il serait intéressant que les animateurs du RAC mettent en place un outil de contrôle de leurs propres émissions de gaz à effet de serre et montrent l’exemple en les diminuant. » Rien n’empêche les autres participants d’une conférence mondiale de se coordonner sans se déplacer. Nous y gagnerions même en efficacité, ce qui n’est pas difficile, surtout pour une négociation sur le climat !

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la fuite éperdue des politiques devant la taxe carbone

Contradictions, contradiction des contradictions, tout n’est que contradiction. Une ministre de l’écologie veut faire de l’écologie… le premier ministre Jean-Marc Ayrault la vire. Quelques bonnets rouges manifestent contre l’écotaxe, la  taxe poids lourds, Jean-Marc Ayrault baisse la culotte. L’éditorial du MONDE* le conseille, la mise en place immédiate et en augmentation constante d’une taxe sur le carbone est absolument nécessaire pour enrayer le réchauffement climatique : « Ne pas le faire conduira, à l’évidence, à des situations plus ingérables encore. » Mais dans le même numéro, un long article réhabilite sans complexe l’esprit 4×4 en faisant le panégyrique du « Duster » qui rapporte gros à Renault mais n’échappe pas au malus écologique. D’un côté il faut taxer le carbone pour bâtir la civilisation de l’après-pétrole, de l’autre on est prêt à prendre les armes pour continuer à rouler librement. Même le REDD (réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts) ne fait pas l’unanimité.**

Les politiques font n’importe quoi, le président français de droite Sarkozy a abandonné la  taxe carbone, le président de gauche qui lui succède, François Hollande, fait pire : il s’empresse de diminuer le prix de l’essence. En Australie les travaillistes (la gauche) mettent en place des outils de lutte contre le réchauffement, dont la taxe carbone. Le gouvernement conservateur (la droite) qui lui succède veut faire l’inverse et c’est un « ministre de l’environnement » qui défendra un texte anti-écolo***. Autant dire que le sommet annuel sur le climat qui se tient à Varsovie jusqu’au 23 novembre débouchera sur du vent. D’autant plus que le gouvernement polonais défend ardemment sa production de charbon dans le même temps qu’il reçoit cette conférence. Contradictions, tout n’est que contradiction.

Alors, écoutez attentivement ce sage indien : « Nous avons décidé que nous n’avions pas besoin de l’argent du programme REDD****. Nous avons des châtaigniers, des fruits, du bois. Nous savons gérer notre forêt. Qu’ont à nous apprendre ces ONG**** qui n’ont même pas un morceau de terrain ? » Seul le rapport direct avec la nature réconcilie les contraires.

* LE MONDE du 15 novembre 2013, Catastrophes climatique : non au fatalisme

** LE MONDE géopolitique du 15 novembre 2013, Indiens contre « carbon cowboys »

*** LE MONDE du 16 novembre 2013, L’Australie saborde ses outils de lutte contre le changement climatique

**** Des ONG (Organisations Non Gouvernementales) font les intermédiaires à titre payant pour vendre le carbone sauvegardé dans une forêt à des entreprises qui vont s’empresser en contre-partie d’émettre beaucoup de gaz de serre ailleurs. C’est le mécanisme de la REDD (réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts), une des facettes de la compensation carbone, ce qu’on appelait il y a bien longtemps le trafic des indulgences : rémission totale ou partielle devant Dieu de la peine temporelle encourue en raison d’un péché pardonné, ce qui se faisait généralement contre espèces sonnantes et trébuchantes.

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Quelques informations utiles aux climatosceptiques

Quelque informations utiles aux climatosceptiques :

– La concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère n’a jamais été aussi élevée. Entre 1990 et 2012, « le forçage radiatif de l’atmosphère par les gaz à effet de serre, qui induit un réchauffement climatique, a augmenté de 32 % ». Selon Michel Jarraud, secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), si le monde continue sur cette voie, « la température moyenne du globe à la fin du siècle pourrait dépasser de 4,6 degrés ce qu’elle était avant l’ère industrielle [1750], et même plus dans certains régions, les conséquences seraient catastrophiques ».*

– Les dix pays les plus exposés au péril climatique sont aussi parmi les plus pauvres (Bangladesh, Guinée-Bissau…). Une partie des pays émergents devraient également être touchée (Inde, Pakistan…). Plus de 4,5 milliards de personnes vivent dans ces pays exposés et ce  chiffre pourrait excéder 5 milliards en 2025. Les cinq centres urbains les plus menacés sont Dacca, Bombay, Manille, Calcutta et Bangkok.**

– Les émissions cumulées de gaz à effet de serre des pays en développement depuis 1850 sont en passe de rattraper celles des pays développés. Les projections indiquent que, « dans la décennie en cours, la part des émissions historiques cumulées des pays en développement surpassera celle des pays développés ». En 2020, elle devrait atteindre 51 % du total. Cela s’explique par la récente montée en puissance des économies émergentes – singulièrement de la Chine–, accompagnée d’une exploitation croissante d’énergies fossiles. Les émissions mondiales de CO2 ont atteint en 2012 un nouveau record, de 34,5 milliards de tonnes. L’écart entre la trajectoire suivie par les émissions de CO2 et celle qui permettrait de limiter à 2 oC le réchauffement ne cesse de s’amplifier.***

* Le Monde.fr avec AFP | 06.11.2013, La concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère n’a jamais été aussi élevée

** LE MONDE géopolitique du 7 novembre 2013, Le PIB mondial au gré du changement climatique

*** LE MONDE du 6 novembre 2013, le Sud et le Nord désormais responsables à part égale du réchauffement climatique

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La chasse aux immigrés climatiques a déjà commencé

En France et ailleurs, nous faisons la chasse aux immigrés clandestins. Sur une planète close et saturée d’humains, la politique migratoire se crispe. Demain les réfugiés climatiques ne trouveront plus où aller. Nous continuons à brûler les dernières réserves fossiles qui nous restent, nous accélérons les perturbations de notre météo, nous refusons d’en assumer les conséquences. Ioane Teitiota s’est  vu refuser le statut de réfugié par les autorités néozélandaises*. Cet habitant des Kiribati, archipel du Pacifique menacé par la montée des eaux, avait demandé le statut de réfugié.

C’était la première fois qu’une personne réclamait asile en invoquant directement un motif climatique. S’en tenant à la convention de Genève de 1951**, la Nouvelle Zélande a fait valoir que personne ne menaçait sa vie s’il retournait chez lui. Il peut mourir de la montée des eaux, personne n’en est responsable directement ! En fait aucun Etat ne souhaite définir un statut de réfugié climatique. Cela ne servirait d’ailleurs à rien, l’application des principes est non contraignante et dépend de la bonne volonté des Etats.

Télescopage de l’info ! En face de la page traitant de Ioane Teitiota, un article sur le « Retour au charbon »***, la plus polluante des ressources fossiles : « La part du charbon n’a cessé de progresser au cours des quarante dernières années… La part du charbon dans l’énergie consommée est passé à 28,8 % en 2011… la part du charbon n’a cessé d’augmenter dans la production mondiale de CO2 (35 % en 1973, 44 % en 2011 selon l’AIE). » Cela veut dire que les émissions de gaz à effet de serre sont considérées comme une nécessité et que nous en acceptons les conséquences en termes de perturbations climatiseurs. Mais nous refusons dans le même temps de considérer le sort des réfugiés climatiques. Pour nous, c’est évident ; nous avons décidé collectivement de sacrifier une partie de la population en continuant à brûler des réserves (pétrole, gaz, charbon) qui ont mis des millions d’années pour se constituer et que nous allons gaspiller en trois siècles. Il y a quelque chose d’absurde sur cette planète…

* LE MONDE géopolitique du 24 octobre 2013, Ioane Teitiota sera-t-il le premier réfugié climatique ?

** La Convention du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés, dite Convention de Genève, définit les modalités selon lesquelles un État doit accorder le statut de réfugié aux personnes qui en font la demande. Cette convention ne développe qu’un seul des deux articles de la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948) se rapportant au sujet : l’article 14 sur le droit d’asile sans l’article 13 sur la liberté de circulation. La convention de Genève garantit une protection aux personnes « craignant avec raison d’être persécutées du fait de leur race, de leur religion, de leur nationalité, de leur appartenance à un certain groupe social ou de leurs opinions politiques ». Cette orientation produit un « droit d’asile dérogatoire » : une philosophie du droit d’asile conçu comme une dérogation à la fermeture des frontières et organisant une sélection politique des « vrais » réfugiés.

*** LE MONDE géopolitique du 24 octobre 2013, retour au charbon

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Faut-il débattre avec les climatosceptiques ? NON

Une opinion personnelle ne peut avoir la même validité qu’un discours scientifique. Il est donc inutile de discuter avec des climato-sceptiques, c’est ce que veulent montrer Thierry Libaert et Dominique Bourg dans le texte que nous avons résumé et mis en commentaire. Mais d’abord quelques interventions intéressantes sur lemonde.fr :

– Depuis quand la démarche scientifique doit-elle être démocratique? L’avis de M. Toulemonde sur des affirmations scientifiques m’intéresse peu ou pas : l’avis des comités de lecture compétents, oui. Je suis désolé pour les climato-sceptiques qu’ils ne soient pas entendus, mais en tant que simple citoyen, mon meilleur pari me semble être d’écouter ces comités. Et le débat de société vient après le débat scientifique.

– La raison pour laquelle il y a autant de climato-sceptiques, c’est qu’en matière de changement climatique, il faut dix secondes pour sortir une ânerie, et dix minutes pour expliquer pourquoi c’est une ânerie.

– Croire que la démocratie c’est l’obligation de discuter avec qui ne sait rien mais a une opinion revient à obliger ceux qui savent à descendre discuter au café avec ceux qui boivent…

– Nous devrions nous intéresser aux notions d’hypothèses, d’expériences, de preuves. Un débat scientifique est tout sauf une salle d’enregistrement pour béni oui oui. Il y a des débats, mais il n’y a pas d’opinion. L’opinion des gens sur le théorème de Thalès n’intéresse aucun véritable scientifique. L’opinion c’est l’irruption de la psyché et de l’idéologie sur un savoir qui manque encore de bases solides.

– Soyons clairs : je ne perdrai pas une seconde à suivre un débat télévisé portant sur le fait de savoir si la Terre tourne autour du Soleil ou l’inverse.

– De la même manière, faut-il débattre avec les créationnistes, qui estiment que des livres de fiction écrits il y a des milliers d’années à partir de légendes et d’histoires contées possèdent la vérité absolue ? On peut débattre d’arguments scientifiques, mais pas de croyances.

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Un climatosceptique au pouvoir, l’horreur absolue

résumé d’un article du MONDE* : « Tony Abbott, le nouveau premier ministre conservateur australien, qualifiait en 2009 de « connerie absolue » l’attribution du changement climatique à l’activité humaine. Il avait fait des élections législatives « un référendum sur la taxe carbone » ; entré en vigueur en 2012, ce dispositif prenait la forme de permis d’émission de CO2 que doivent acheter les 500 plus gros pollueurs du pays. C’est au nom de l’économie que les conservateurs s’attaquent à l’écologie : « supprimer la taxe carbone doit alléger la pression sur les familles, aider les petites entreprises et restaurer la confiance dans l’économie ». Le ministre de l’environnement, Greg Hunt, est aussi prié de faire des économies en supprimant plusieurs organismes chargés de la lutte contre le changement climatique. Le nouveau gouvernement espère enrayer le récent ralentissement de la croissance australienne, en allégeant les contraintes qui pèsent sur les entreprises. »

LE MONDE donne ensuite la parole à l’opposition écolo, Christine Milne : « C’est un jour noir dans la lutte contre le réchauffement climatique. Tony Abbott a démontré son mépris pour la science du climat et pour la santé et le bien-être des générations futures. » Tout est dit. Que ce soit par la grâce d’un gouvernement national irresponsable, par le blocage des négociations internationales sur le climat, par le désir des gens de rouler à moindre frais sans taxe carbone, on va brûler les dernières gouttes de ressources fossiles sans rien laisser aux générations futures.

Nos descendants vivront alors comme dans les temps anciens : quelques gens représenteront une élite autoproclamée et l’esclavage humain remplacera nos esclaves mécaniques actuels. Les perturbations climatiques et la montée des eaux ne seront que cerise que le gâteau. Nous aimerions bien avoir tort, mais l’élu Tony Abbott et tant d’autres font tout ce qu’il faut pour préparer cet avenir sans futur.

* LE MONDE du 15 octobre 2013, L’Australie sacrifie l’environnement pour relancer son économie

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La nullité des climatosceptiques s’étale au grand jour

Un article du MONDE* veut renvoyer les climatosceptiques à leur néant… ceux-ci se déchaînent alors en commentaires sur lemonde.fr. En voici un florilège que nous jugeons inutile de discuter. En effet un croyant est allergique à tout raisonnement, surtout quand il est payé en sous-main par les lobbies hydrocarbures :

gfafet2 : C’est affreux ce terme de « climato sceptique »! Il n’y a pas de sceptique contre non-sceptiques, il faut être chercheur et agir en tant que tel. Les chercheurs sont critiques par définition de la profession. Cet article est assez affreux aussi par d’autres insinuations (les « sceptiques » seraient influencés par des lobbies qui les rémunèrent) et par certains termes utilisés, tels que « déni ». Enfin, les catastrophes (innondations, incendies…) ont toujours existé… Bref, très mauvais article.

REMAD : Je suis climato-sceptique. ce n’est pas une maladie ! Les réchauffements observés tout au long des derniers millénaires avaient-ils une cause humaines liés à l’émission du CO2? Bien sûr que non ! De tous temps les périodes froides et chaudes ont alterné. Alors stop à la pensée unique !

Théo Parfin : Bien sûr que le réchauffement climatique n’est pas démontré, sinon même le GIEC ne parlerait pas de « très forte probabilité »…

Laputa : Je propose de rebaptiser le Giec le Fond Carbone International, une institution supranationale qui rassemblera les climato-béats, dont l’agenda politique consistera à décider quelle nation a le droit de respirer et à quelles conditions.

Gérard : Parmi les scientifiques du climat, il y a ceux qui travaillent à partir des observations réelles, les climatosceptiques sont plutôt dans leurs rangs, et puis ceux qui travaillent sur des simulations informatiques, et qui sont anthropo-réchauffistes. Il paraît bien plus raisonnable de se fier aux premiers.

Alain B. : Au tout début des années 70, mes profs de fac annonçaient la fin du pétrole pour les années 90… et on nage encore dedans ! Dans les années 80, c’étaient les pluies acides : ah ces images de la forteresse du Haut Koenigsbourg entourée de squelettes d’arbres ! Années 90, le trou de la couche d’ozone allait provoquer des millions de cancers de la peau… Alors maintenant, comment, pourquoi croire au réchauffement climatique ?

George : Quand j’étais jeune, dans les années 70, les écolo-alarmistes nous annonçaient que toute vie aurait disparu de la surface de la Terre en l’an 2000. En 2003, on nous a annoncé une canicule tous les 2 ou 3 ans. On attend toujours. Maintenant, on nous annonce une « pause » dans le réchauffement. La science n’est pas une élection au suffrage universel. Ecolo-sceptique? Non, mais si on nous annonce demain que tout ceci n’était qu’une fausse alerte, je ne tomberais pas des nues.

Baby Huey : Climato-sceptique, cela ne signifie rien. Admettons que tout cela soit faux. Qu’avons-nous à perdre à moins polluer ? Qu’avons-nous à perdre de prendre soin de la Terre ? Peu importe que le lien entre réchauffement et activité humaine soit prouvé à 100 %. On vivra toujours mieux en faisant attention à l’endroit dans lequel on vit.

NB : un intrus se  cache dans les commentaires ci-dessus, à toi de le trouver.

* LE MONDE du 28 septembre 2013, les climato-sceptiques toujours en embuscade

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velléités de lutte contre le réchauffement climatique

Pendant  des années, les Etats-Unis ont tout fait pour ne pas agir contre leurs émissions de gaz à effet de serre. Ils n’ont pas signé le protocole de Kyoto en 2001, ils ont nié l’origine anthropique du réchauffement climatique, ils ont toujours privilégié le niveau de vie des Américains. Barack Obama n’échappe pas à la règle. Autant je suis libre de transcender en parole les intérêts immédiats des humains parce que je n’ai pas de statut social apparent, autant Obama est obligé de protéger les intérêts des Américains du nord parce qu’il a été élu pour cela. Le président des Etats-Unis est en liberté conditionnelle ! Il avait dit lors de son discours d’investiture le 20 janvier 2009 : «  La façon dont nous consommons l’énergie menace notre planète », «  Nous allons lutter contre ce fléau qu’est le réchauffement de la planète », « Nous ne pouvons pas consommer sans réfléchir les ressources du monde ». Mais Obama avait dit aussi en 2009 : « Nous n’allons pas nous excuser pour notre mode de vie, nous le défendrons sans relâche ». Il a fallu attendre le 25 juin 2013 pour que Barack Obama lance enfin un plan d’action nationale pour le climat*.

Il est très significatif que les chaînes câblées se sont détournées du discours présidentiel pour Edward Snowden, qui n’avait dit que ce qu’on savait déjà : les Etats nous ont tous mis sous surveillance électronique. Les Américains ne croient pas qu’il leur faut diminuer leur consommation de ressources fossiles, et personne ne leur explique clairement. Puisque le Congrès est paralysé par le négationnisme climatique des républicains, Obama entend agir par des mesures réglementaires. Obama annonce une mesure immédiatement qualifiée de « guerre contre le charbon » par les républicains. On attendra longtemps des limites contraignantes imposées aux émissions des compagnies d’électricité. Obama n’autorisera le pipeline Keystone XL, prévu pour acheminer le pétrole des sables bitumineux du Canada jusqu’au golfe du Mexique, que s’il « n’exacerbe pas de manière significative le problème climatique »**. Admirons le style : « exacerber » et « de manière significative ». Toutes les interprétation les plus laxistes seront  faites alors que le pétrole canadien issu des sables bitumineux génère beaucoup plus de gaz à effet de serre que le pétrole conventionnel.

Obama s’était engagé en 2009 à réduire les émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis de 17 % au-dessous de leur niveau de 2005 d’ici à 2020. Rien n’a été fait. Le protocole de Kyoto demandait aux USA de les diminuer de 7 % en 2012 par rapport à 1990. En 2004, ces émissions étaient supérieures de 16 % au niveau de 1990. Bis repetita. Quand New York sera définitivement sous les eaux, les Américain/es comprendront peut-être la stupidité de leurs consumérisme éhonté.

* LE MONDE du 27 juin 2013, Obama repart au combat contre le réchauffement

** LE MONDE du 27 juin 2013, Le projet d’oléoduc géant entre le Canada et les Etats-Unis suspendu à son bilan carbone

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LE MONDE en lutte contre le réchauffement climatique

L’éditorial du MONDE* fait fort : « Le climat terrestre s’altère à une vitesse sans équivalent dans l’histoire de notre espèce. La communauté scientifique compétente est unanime. Elle ne cesse de prévenir des graves dangers qu’il y a à ignorer la science et à s’en remettre aveuglément à un système de développement fondé sur la combustion des ressources fossiles. Elle prêche dans le désert ! La question climatique pèse – et pèsera, plus encore, demain – sur la dégradation économique mondiale. Les fenêtres d’action se ferment peu à peu. L’objectif de limiter à 2 °C le réchauffement d’ici à la fin du siècle est déjà presque intenable. Que risque-t-on ? L’altération du climat n’est pas une dette financière, mais géophysique. La première peut se renégocier, être annulée. La seconde est plus dangereuse, nous n’aurons d’autre choix que de la rembourser, avec aucune certitude sur le taux de l’emprunt. » La communauté internationale serait bien avisée de ne pas feindre de l’ignorer. »

Apparemment bravo, LE MONDE a enfin tout compris aux dérèglements de ce monde. Mais s’en remettre à la « communauté internationale » alors qu’on est un média de référence affaiblit le point de vue. LE MONDE devrait se sentir concerné par le réchauffement climatique et ne plus faire de publicité pour tout ce qui propage le consumérisme : plus de propagandes directes ou indirectes pour la bagnole, pour les voyages en avion, pour le goût du luxe, etc.

* LE MONDE du 8 mai 2013, Changement climatique : retour au pliocène ?

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les climatosceptiques à 400 ppm veulent avoir très chaud

Une petite pensée pour les climatosceptiques qui veulent avoir très chaud. LE MONDE* nous informe qu’un cap symbolique est en passe d’être franchi. Pour la première fois depuis que l’homme est apparu sur Terre. Et même depuis plus de 2,5 millions d’années… Le seuil de 400 parties par million (ppm) de dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique devrait être atteint courant mai. A Mauna Loa (Hawaï),, la concentration de CO2 pointait déjà, vendredi 3 mai, à 399,29 ppm. L’Organisation météorologique mondiale (OMM) place l’année 2012 au neuvième rang des années les plus chaudes observées depuis la fin du XIXe siècle. La concentration atmosphérique de CO2 n’excédait pas alors les 300 ppm. Au rythme actuel des émissions de dioxyde de carbone, l’objectif fixé par la communauté internationale de limiter, à l’horizon de la fin du siècle, le réchauffement à deux degrés au-dessus du niveau préindustriel, est désormais quasi intenable.

Le commentaire de Pablo sur le monde.fr est significatif des négationnistes du climat :  « Bof, il y a de la marge… Des tas de gens vont pouvoir profiter de températures plus chaudes. Je trouve cela plutôt sympa. Les grincheux n’ont qu’à aller ailleurs. »

Nous adorons par contre le commentaire de Raymond Zaharia :

« Il y a une dizaine d’années, Hubert Reeves racontait cette petite fable: La Terre rencontre une autre planète qui s’exclame: « Tu n’as pas l’air d’aller très fort, dis-moi ? » Et la Terre d’acquiescer: « Oui, je me sens vraiment patraque. J’ai la température qui monte, le pouls économique qui s’emballe puis qui cale, le teint grisâtre… Le docteur dit que j’ai attrapé l’Humanité ». « Ah, ce n’est que ça ? Ne t’inquiète pas, je l’ai eue. C’est très désagréable, mais ça disparaît tout seul ! »

* LE MONDE | 06.05.2013, Le taux de CO2 dans l’air au plus haut depuis plus de 2,5 millions d’années

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Climat : l’offensive de M Obama contre les « négateurs »

Il s’agit d’un simple tweet* du président américain Barack Obama ; « Dites aux négateurs du changement climatique qui siègent au Congrès d’arrêter d’ignorer les preuves écrasantes de la science ». En 140 signes maximum, la condamnation n’est-elle pas puérile ? Mais le message est accompagné d’une vidéo. Le montage rappelle que, en 2011, 240 parlementaires américains ont estimé que le changement climatique était un canular. Depuis, 24 auditions parlementaires sur le climat ont toutes été rejetées par les républicains. Elle moque ensuite ces derniers, tournant en dérision leurs déclarations publiques sur la science climatique.

John Boehner (président de la Chambre des représentants) : « C’est presque comique. Chaque fois que nous expirons, nous expirons du dioxyde de carbone. Toutes les vaches du monde, lorsqu’elles font… eh bien… ce qu’elles font, cela ajoute du dioxyde de carbone. »

Ted Poe (Texas) : « Nous respirons tous du CO2, il n’y a aucune preuve que le CO2 humain change le climat. »

Bill Cassidy (Louisiane) : « Cela peut être séculaire, ou juste un changement de l’axe » de rotation de la Terre…

Dana Rohrabacher (Californie) : « Les calottes polaires fondent, mais elles l’ont toujours fait. Et elles fondent sur Mars aussi ! »

Pour faire piètre contre-poids à ces « négateurs » (« deniers », en anglais), la vidéo reprend un bref extrait du discours sur l’état de l’Union, prononcé par Barack Obama à la mi-février. « Nous pouvons choisir de croire que la super-tempête Sandy, que la plus sévère sécheresse depuis des décennies et que les pires feux de forêt jamais vus dans certains Etats ne sont qu’une bizarre coïncidence. Ou nous pouvons choisir de croire le jugement de la science et agir avant qu’il ne soit trop tard. »  Une telle réponse « ou, ou » n’est pas crédible. Les négationnistes du climat s’y retrouvent aussi !

Rappelons à Barack Obama quelques données sur le mode de vie américain si nuisible pour le climat : « Comparés aux habitants d’autres pays de même niveau de richesse, les Américains ont plus de voitures par personne, font plus de kilomètres, prennent plus souvent l’avion et vivent dans de plus grandes maisons. Le menu américain moyen à base de viande équivaut, pour les émissions de gaz à effet de serre, à 2900 kilomètres de conduite automobile. En 1980, la maison uni-familiale moyenne avait une surface de 162 m2, en 2000 elle couvre 234 m2. Il s’avère que 95 % de ces maisons possèdent au moins deux salles de bain, 90 % l’air conditionné et 19 % des garages pour trois voitures ou plus. L’Américain moyen émet 19,7 tonnes de CO2 par an tandis que les Allemands, les Japonais en émettaient 10 tonnes environ. Si les Américains voulaient vraiment modifier leur mode de vie, ils pourraient – sans sacrifice inutile – réduire leur empreinte bien au-delà de la moitié des chiffres actuels. »**

* LE MONDE du 28-29 avril 2013, l’offensive de M Obama contre les « négateurs » (un vrai faux titre !)

** in La véritable richesse de Juliet B.Schor (éditions Charles Léopold Mayer, 2013)

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le réchauffement climatique expliqué aux climatosceptiques

Philippe Squarzoni a réalisé une BD, « Saison brune », sur le réchauffement climatique». Voici quelques éléments de réflexion à l’usage des climatosceptiques tirés d’EcoRev’  n° 40, « dans les pas de SAISON BRUNE » :

Philippe Squarzoni : Il existe une porte par laquelle passer pour éviter les conséquences les plus graves du changement climatique. Cette porte n’est pas très large, il nous reste peu de temps pour la franchir. Je ne crois pas qu’on la prendra.

Le chemin nécessaire vers la sobriété, je ne crois pas qu’on l’empruntera. En tout cas, pas volontairement. Et pas à temps. Parce que rien ne nous y incite. Au contraire. La crise climatique est encore trop lointaine pour que l’on renonce aujourd’hui à ce qui constitue notre bien-être matériel. Et trop d’intérêts économiques redoutent les mesures qui pourraient être prises. Décideurs politiques, dirigeants d’entreprises, actionnaires de multinationales… leur résistance au changement est énorme. Regardez les réactions effrayantes déclenchées au moment où Obama tente de réformer le système de santé américain. Ou bien quand le gouvernement Hollande propose de taxer les plus riches. Si nous ne sommes pas capables d’accepter de simples réformes comme celles-là, comment pourrions-nous imaginer réaliser cette réforme complète du système économique et social nécessaire pour faire face à la crise climatique ? Quand EDF a racheté toute électricité photovoltaïque à un prix supérieur au marché, certaines personnes ont eu l’idée d’éclairer leurs panneaux solaires la nuit avec des lampes halogènes pour revendre l’électricité à EDF ! Ce genre de choses témoigne d’un cynisme moderne assez désespérant.

Pourtant, cette transformation, nous la ferons un jour. Nous la ferons parce que nous aurons atteint les limites ultimes de nos ressources naturelles. ou parce que le réchauffement aura soudain franchi un seuil, et qu’une cassure climatique brutale nous frappera de plein fouet. Mais nous accomplirons ce  changement dans de mauvaises conditions. Je peux me tromper…

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Interview du PDG de Total, bluff et désinformation

Pour le PDG de Total Christophe de Margerie le terme « transition énergétique » (pour le débat national initié par les socialistes) paraît plus « raisonnable » que  « décarbonisation » de l’économie. On voit déjà où il veut en venir, continuons à brûler du pétrole ! Rajouter qu’« un débat franco-français sans vision mondiale n’aurait aucun sens » veut bien dire qu’il ne faut rien changer… alors que la France pourrait jouer un rôle d’exemplarité. Christophe de Margerie affirme que la lutte contre le changement climatique, « c’est une question de survie à court ou moyen terme ». Donc arrêtons de brûler du pétrole, qui émet des gaz à effet de serre ! Mais de Margerie préfère parler de rentabilité des gaz de schiste : « Bientôt on pourra même exploiter les champs de gaz sec de manière rentable. » Et vive l’effet de serre. Et comme on cherche ardemment des alternatives à la fracturation hydraulique, on sera au point « dans dix à vingt ans… pour développer une technologie de rupture ». Toujours cette croyance aveugle de la technique qui trouve toujours ce qu’il faut… demain… ou plus tard ! D’ailleurs, « parlons plutôt de « massaging » de la roche plutôt de « fracturation » ». Quelle bonne idée que c’est là, mieux vaut massage que fracture, pourtant c’est la même chose ! « Si on exploitait le gaz de schiste français, ce serait bon pour l’économie et pour la sécurité de notre approvisionnement ». Ah, toujours le chantage à l’économie, brûlons la planète, cela fait des emplois ! « Les études à charge (fuites de méthane sur les forages de gaz de schiste) n’ont aucune valeur. » Bien entendu, seul Margerie a raison !

Et la descente énergétique après le pic pétrolier, solution première aux émissions de gaz à effet de serre ? Christophe de Margerie fait fort : « Le peak oil n’est plus vraiment d’actualité. Des découvertes et le développement de nouvelles technologies ont permis d’accroître les ressources pétrolières dont le monde dispose sur le long terme. Grâce en particulier aux huiles et gaz de schiste. Concernant le pétrole, nous estimons que nous disposions de plus de cent ans de ressources sur la base de la consommation actuelle. » Belle confusion entre réserves ultimes et pic quantitatif du pétrole ! De toute façon l’affirmation Margerie relève du mirage car, comme il le dit lui-même, « nous sommes toujours confrontés au « peak capacity« , c’est-à-dire à notre capacité à transformer toutes ces ressources en réserves développées » ! Hypocrisie quand tu nous tiens…

Matthieu Auzanneau, autrement dit notre copain Oil Man, commente : Margerie dit qu’il n’y a pas de « peak oil » MAIS confirme un « peak capacity » vers 2020-2025. Il ne reste plus qu’à expliquer la différence !

* LE MONDE du 11 janvier 2013 Christophe de Margerie : « Le changement climatique, c’est sérieux »

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