énergie

Diminution du nucléaire veut dire pour Hollande maintien !

F. Hollande s’était engagé à réduire de 75 % à 50 % la part de l’électricité d’origine nucléaire d’ici à 2025 : fermeture d’une vingtaine de réacteurs ? Cela devient aujourd’hui : « La loi sur la transition énergétique se bornera à poser le principe d’un plafonnement à son niveau actuel de notre capacité de production nucléaire. » Les centrales stoppées seront remplacées, sur les mêmes sites, par des EPR de troisième ou quatrième génération, afin de maintenir une puissance du parc constante. Mais la part relative du nucléaire diminuera mécaniquement (à 50 % sans doute) en raison de la hausse de la consommation d’électricité liée aux nouvelles technologies et à une population forte de 6 millions d’habitants supplémentaires. Cqfd !  Quid de la promesse de diviser par deux la consommation d’énergie d’ici à 2050, un point-clé pour les ONG et dont le patronat ne veut pas entendre parler ?*

                Voici quelques commentaires perspicaces d’internautes sur lemonde.fr :

– Balustre : Définition hollandaise du mot « changement » : « comme avant » !

– Démocrate : Dans la série « tout le monde comprend que je promets une chose, et je fais le contraire, mais je ne me contredis pas »… Hollande a déjà fait fort, mais là il se surpasse : « D’accord on ferme la moitié des centrales nucléaires … et on les remplace par autant de EPR ! »

– Nicotine : Pour éviter de construire des centrales nucléaire nouvelles, pourquoi continuer à construire tous ces constructions inutiles fortement génératrices de CO2 que sont par exemple les Centres commerciaux, les stades de foot, les stations de ski, les paquebots de croisière, les centres aquabidules, etc …

– Emile Pouget : … et les équipements militaires, les activités d’emballage des industries, les aéroports supplémentaires… La liste est longue effectivement. Il ne s’agit pas de choisir entre nucléaire et énergies fossiles génératrices de CO2. Il s’agit d’un tout : faire baisser la consommation d’électricité par une politique de bon sens, de décroissance salutaire, en supprimant les industries et les grands projets nuisibles ; prendre enfin des mesures anti-bagnole et anti-camions (travailler et consommer local par la même occasion). Enfin bon, tout ça dépend du genre de société que l’on veut, voir de quel régime politique.

– Jerôme françois : « le nucléaire est une énergie qui n’émet pas de CO2. » On croirait rêver ! L’uranium est importé à près de 95% ; il vient tout seul par les airs ? De plus « continuer à booster la compétitivité du tissu industriel français grâce à un prix de l’électricité inférieur« : complètement pipeau! quand on aura réussi à démanteler toutes les centrales et mesurer sans trucage le coût d’enfouissement des déchets, on en reparlera…ou plutôt, oui, si les citoyens payent et non EDF…

– Patriote et républicain : Comme toute extraction de minerai, l’extraction et le transport du minerai d’uranium émet du CO2. C’est aussi le cas du pompage du pétrole et de son transport, de la liquéfaction du gaz naturel et de son transport, etc.

– Jacqueline G : La réalité du nucléaire est quand même préoccupante. Les formules magiques depuis De Gaulle et l’avènement miracle de l’électricité cachent beaucoup de choses : le coût réel de l’électricité, la sécurité soi-disant maîtrisée (bonjour les incidents !), les déchets non gérés en cadeau aux générations futures. Des phénomènes géostratégiques comme l’épuisement de l’uranium sont à venir…

– Yumi Natoyo : Etant donné que nous allons manquer de combustible pour les centrales nucléaires avant la fin du siècle, la question du nucléaire n’est que passagère. Par contre ses conséquences vont devoir être gérées bien après la fin de son exploitation. D’ici là, prions le bon dieu qu’aucune centrale ne nous pète à la gueule.

– Emile Pouget : Irrationnelle la pollution du pacifique par les rejets de la centrale de Fukushima ? La contamination pour encore des dizaines d’années d’une partie non négligeable de l’Ukraine ? L’empoisonnement les populations du Niger par les mines d’uranium françaises ? Le problème non résolu des déchets (dont on ne peut être sûrs qu’une solution sera un jour trouvée) ? Le patronat ne veut pas entendre parler de réductions de consommation énergétique, le problème il est là : cette minorité de nantis continue à dicter ses exigences, au mépris total de la sécurité et de la santé du plus grand nombre. Cet entêtement gouvernemental pro-nucléaire en est une illustration.

* LE MONDE du 11 février 2014, Nucléaire : les manœuvres de l’Elysée

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Le prix Tournesol de la BD écolo à Angoulême

A chaque festival de la BD depuis 18 ans, le prix Tournesol récompense la BD la plus fidèle aux idées de l’écologie politique parue en langue française dans l’année écoulée. Le 31 janvier 2014 à Angoulême, le prix est allé à « Plogoff », dessiné par Alexis Horellou et scénarisé par Delphine Le Lay (éditons Delcourt).

Cet album raconte la saga de la lutte menée dans les années 1973-1981 par le village de Plogoff et sa région de Bretagne contre l’implantation d’une centrale nucléaire. Historiquement, c’est une des grandes victoires écologiste françaises, avant même la création institutionnelle des Verts en 1984. Les plus jeunes ignorent tout de cette lutte qui agrégea, autour de gens simples et peu préparés à la bagarre, des anti-nucléaires de la France entière. Alexis est né l’année de cette victoire, Delphine n’avait alors que deux ans. Dessinée sans ostentation ni lyrisme abusif, cette BD montre que des combats écolos peuvent être gagnés.

Pour accéder à un panorama des BD écolos,

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Il n’y a sans doute pas de voiture vraiment « propre »

Ils partagent une même vision des transports, le fait de circuler, tous les jours, sans voiture. Lui en métro, à Paris (Denis Baupin). Elle à vélo et en tramway, à Strasbourg (Fabienne Keller). Bref, « avec Fabienne, c’est du sérieux », dit Denis. « Avec Denis, c’est du sérieux », répond Fabienne. Ces deux parlementaires viennent de commettre un rapport de 261 pages sur l’avenir de la « voiture écologique ».

Le tandem s’attaque à certains tabous :

– L’écologique, ce n’est pas l’électrique.

– L’électrique, c’est beaucoup de comm’.

– Haro sur les rocades et les autoroutes : Les élus demandent des infrastructures proportionnées aux besoins. On songe à l’aéroport Notre-Dame des Landes, aux centres commerciaux, aux infrastructures routières…

Baupin et Keller envisagent aussi quelques solutions :

– Le partage plus performant que la technologie : mutualisation d’une automobile, autopartage et covoiturage.

– L’écotaxe, plus grand, plus fort. Le rapport comporte un volet fiscal, des avantages seraient accordés aux véhicules moins puissants et moins volumineux, aux flottes d’entreprise « écologiques ». (résumé d’un texte d’Olivier Razemon)*

* http://transports.blog.lemonde.fr/2014/01/22/10-choses-pas-tres-consensuelles-a-savoir-sur-la-voiture-ecologique/

Quelques commentaire intéressants d’internautes :

– 50% des déplacements font moins de 3 km (chiffre Ademe). 99% de ces déplacements de moins de 3 km sont fait en voitures…
cherchez l’erreur !

– Certains semblent présenter le vélo comme une torture physique. Dans certains pays, les gens se marreraient bien en nous voyant acheter du carburant à l’autre bout de la terre pour nous trimbaler une tonne d’acier avec nous juste pour aller acheter du pain, et considérer le fait d’utiliser ses jambes comme une torture moyenâgeuse. Personnellement, je pense pas qu’il soit exagéré de considérer ces choses comme un luxe.

– Si le monde entier vivait avec le niveau de vie de la France, les ressources terrestres ne suffiraient pas. Il y a donc forcément un moment où on va devoir réduire notre consommation et renoncer à certains avantages. Le progrès collectif ne passera pas toujours par une augmentation de votre petit luxe.

– Quand on voit une femme de 50 kg (mais c’est aussi valable pour un homme de 70 kg hein, pas de sexisme) utiliser 1.5 tonnes de ferraille pour se déplacer sur quelques kilomètres, on se dit simplement que l’essence n’est pas encore assez chère.

En effet, l’essence coûte 2 fois moins chère aujourd’hui qu’en 1971, ceci rapporté au SMIC, 3.3 litres en 1971 pour 1 heure de Smic, 6.5litres en 2014.

– Vous voulez des données chiffrées et vérifiables :
1971: SMIC horaire brut = 3,69 FF ; litre d’essence (plombée) = 1,13 FF
2014: SMIC horaire brut = 9,53 € ; litre d’essence (SP95) = 1,47 €
Deux simples divisions vous font retrouver les chiffres précédents.

– Déduire ses frais kilométriques de ses impôts est un vraie aberration. Celui qui fait le choix d’habiter plus proche de son lieu de travail et qui doit donc supporter un loyer plus élevé ne bénéficie pas des même avantages. Dans les deux cas, il s’agit de dépenses de fonctionnement. Pourquoi l’état favorise-t-il l’habitat dispersé dans les zones rurales et non l’habitat collectif en ville au travers de ces mesures?

– Un mot sur le barème kilométrique de l’administration fiscale qui permet de déduire plus de frais si on a un véhicule plus puissant !

– C’est moins vrai aujourd’hui. Depuis l’année dernière, le barème kilométrique est limité à 7 CV.

– Tout cela va devenir une question de survie très rapidement, et pour des raisons très « banales », le fait que l’on est actuellement au « pic » (maximum d’extraction) de pétrole.

– Conclusion du Rapport au Club de Rome en 1972 : on ne peut avoir une croissance infinie basée sur des ressources finies.
http://www.manicore.com/documentation/club_rome.html

– L’électricité est aussi propre que la manière de la produire. Dans les pays où l’électricité est faite au charbon, la voiture électrique pollue plus que la voiture à pétrole ! Par ailleurs, les éoliennes et autres panneaux PV ne sont pas « propres » ni renouvelables non plus (il faut du lithium pour les batteries, du neodyme pour l’aimant permanent, etc.)

– Dire qu’une voiture électrique ne pollue pas n’est vrai que sur son lieu d’utilisation ! Mais sa fabrication nécessite des matières premières rares et non renouvelables (dont l’extraction pollue, par ailleurs), et le passage à l’échelle est donc limité par la disponibilité de ces matières premières (e.g. lithium, zinc, etc.) dont l’épuisement est annoncé à peu près en même temps que le pétrole i.e. dans pas très longtemps.

– Le bilan environnemental d’une automobile ne se mesure pas seulement quand elle roule, mais entre le moment de sa conception et sa destruction.

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enfin une bonne nouvelle, le pétrole devient rare

Plus de 50 milliards de barils de pétrole et de gaz consommés en 2013 mais seulement 20 milliards de barils d’hydrocarbures conventionnels découverts : ces deux chiffres résument bien la redoutable équation à résoudre pour conserver la première source d’énergie primaire de la planète… C’est dans son rapport 2010 que l’agence internationale de l’énergie (AIE) avait reconnu pour la première fois le déclin de la production de pétrole conventionnel (hors bruts extra-lourds et schistes bitumineux)… La production quotidienne mondiale pourrait tomber de 70 millions de barils à 48 millions en 2020 et à… 17 millions en 2035. Telle est l’information qu’on trouve dans LE MONDE*. Les commentaires sur le monde.fr se partagent entre l’illusion d’une alternative qui nous permettrait de consommer comme avant et ceux qui pensent à juste titre que la société que nous allons connaître saura ce que « économiser » veut dire.

1/2) Les partisans de la croissance de l’offre d’énergie

– C’est un bonne nouvelle ! Il va falloir chercher ailleurs, vers d’autres moyens de maintenir ce monde en marche. Chercher des solutions pour sécuriser le nucléaire et mettre des équipes de tous les pays pour travailler sur la fusion.

Il faudrait découpler les budget de R&D pour la fusion qui est à ce jour la seule solution massive alternative et presque propre.

– L’intérêt de la fusion est que la ressource de base étant quasi inépuisable, on pourrait aussi diminuer l’usage du charbon et gaz. Car le risque de la disparition du pétrole, c’est l’explosion de la consommation de charbon…Et là… on aura perdu !

2/2) Les partisans d’une décroissance de la demande d’énergie

– Cette fuite en avant pour accroître la production pétrolière est absurde. La ressource est finie, non renouvelable, polluante et aucun effort sérieux n’est fait pour économiser et chercher des alternatives. Brûler du pétrole revient à faire passer dans l’atmosphère du carbone enfoui dans le sol, et sous forme d’une des molécules les plus stables qui soit, le CO2. On s’apprête donc à rechercher TOUT ce carbone, pour se retrouver de toute façon Grosjean comme devant au bout du compte, avec dégâts climatiques irréversibles au passage.

– Les bonnes nouvelles pour le monde (pas le journal). On va pouvoir commencer a parler efficacité énergétique et baisse de consommation.

– Et oui, la croissance infinie dans un monde dont le périmètre est fini, cela ne marche pas!

– Le marché fera le ménage, progressivement ou brutalement. La loi de l’offre et de la demande fera augmenter le coût de la ressource jusqu’à ajuster la consommation à la capacité de production. De facto en proscrivant à terme certaines utilisations idiotes, comme le carburant pour automobiles par exemple.

* LE MONDE éco&entreprise du 12-13 janvier 2013, Les pétroliers trouvent de moins en moins de gisements

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Fatih Birol, prévisionniste déjanté d’un infini pétrole

La prévision en matière de pétrole est simple, le pic du pétrole conventionnel est dépassé depuis 2006, nous allons donc connaître la descente énergétique et la hausse structurelle du prix du baril qui accompagne la raréfaction de l’offre. Mais Fatih Birol est là pour ne pas le dire, il est l’économiste en chef de l’AIE (agence internationale de l’énergie), une émanation du club des pays riches (l’OCDE) chargé de garantir l’approvisionnement en combustibles du monde développé. Comme chaque année en novembre, LE MONDE brosse les chaussures de Fatih Birol à l’occasion de son rapport annuel, le World Energy Outlook, qui détaille les scénarios de production et de consommation d’énergie à moyen terme.

En novembre 2012, Fatih Birol déclarait : « La future autonomie énergétique américaine est due au développement des technologies de pointe qui lui permettent notamment d’exploiter les hydrocarbures non conventionnels comme le pétrole et le gaz de schiste. » Fatih Birol croyait que la demande d’énergie allait croître de plus d’un tiers d’ici à 2035, nulle pensée pour le peu de possibilité pour le gaz de schiste d’éponger notre soif de carburant, nulle mention dans son discours de la nécessaire sobriété énergétique. Pour lui, la « demande » se résumait à la politique menée par Obama en faveur des biocarburants. Nulle remarque sur l’incompatibilité entre agrocarburants et nourriture, nul rappel du fait du pic pétrolier, « dormez braves gens ».

En novembre 2013*, Fatih Birol récidive en faveur des gaz de schiste : «  Je crois que grâce à eux, le secrétaire d’Etat américain doit se sentir dans une situation plus confortable lorsqu’il est en tournée à l’étranger ». Ils ont certes réduit la dépendance des Etats-Unis aux hydrocarbures du Moyen-Orient, mais ce n’est que temporaire. Nulle mention dans l’article du MONDE* de l’opposition internationale aux gaz de schiste, nulle référence à une quelconque avancée technologique pour limiter les effets environnementaux désastreux de la fracturation de la roche mère. Si on vous dit que Fatih Birol est aussi en faveur du nucléaire, vous ne serez donc pas étonné. Un avenir sans pétrole ni nucléaire n’est pas abordé.

Fatih Birol pratique la désinformation de la population et les auteurs de l’article, les journalistes Jean-Michel Bezat et Gilles Paris, font de même. Pour ces gens-là, il n’est pas question de préparer la civilisation de l’après-pétrole, il faut rassurer les automobilistes… C’est pourquoi notre réveil sera brutal, quand il n’y aura plus de carburant à la pompe !

* LE MONDE éco&entreprise du 12 novembre 2013, Fatih Birol, le prévisionniste en chef du monde de l’énergie

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Aimer se faire très mal grâce aux agrocarburants

Ainsi va le monde des humains qu’il court au désastre car ce qui importe pour certains, ce n’est pas la vie humaine ou le fait de manger à sa faim, mais le plaisir de conduire vite et le plus longtemps possible. Voici quelques extraits significatifs :

– LE MONDE du 8 octobre 2013

Le comité d’experts du Conseil national de la sécurité routière recommande de réduire la vitesse autorisée à 80 km/h sur les routes où elle est limitée à 90. un tel abaissement permettrait de sauver 450 vies. L’association 40 millions d’automobilistes a lancé une pétition en ligne contre cette proposition.

– LE MONDE du 9 octobre 2013

40e session du Comité de la sécurité alimentaire mondiale de l’ONU

Le représentant de l’association européenne des producteurs d’éthanol durable : «  Les agrocarburants offrent une source de revenus précieuse pour les agriculteurs tout en fournissant de l’énergie… Le texte final devra mentionner explicitement les bénéfices des agrocarburants. »

Un porte-parole de la société civile : « Les intérêts de l’industrie des biocarburants risquent de prendre le dessus sur notre responsabilité commune d’assurer le droit à l’alimentation…. Le minimum serait que le texte final fasse référence à l’impact des politiques d’incorporation obligatoire dans les carburants d’origine fossile sur la sécurité alimentaire mondiale. »

Stéphane Le Foll, ministre français de l’agriculture : « Supprimer les agrocarburants serait une catastrophe pour les agriculteurs car cela entraînerait un effondrement des prix agricoles. Mais on ne peut pas non plus continuer comme cela à consommer de l’espace et à concurrencer les cultures alimentaires sans réfléchir. »

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Retraites : ce qu’en disent les écologistes (a)variés

Un écologiste en politique qui ne parle pas d’écologie est peut-être un politique, mais certainement pas un écologiste. Prenons l’exemple de la retraite. La nième réforme en France vient d’être adoptée dans l’indifférence générale*. Aucune manifestation d’envergure dans les rues à l’inverse de ce qui s’était passé en 2003 et 2010. Il est vrai qu’il n’y a aucun changement particulier, on se prépare déjà à la réforme suivante. Les écologistes institutionnels (les parlementaires EELV) se sont abstenus sur les motivations suivantes : « Les mesures de financement sont inacceptables… Les écologistes sont totalement opposés à l’allongement de la durée de cotisation… Félicitations pour la création du compte personnel de prévention de la pénibilité… Ses quelques avancées sociales permettent – péniblement – de sauver l’équilibre de ce texte… »** Aucune argumentation écologique dans ce texte des écologistes, rien pour différencier le groupe parlementaire EELV du reste des députés socialistes !

Un livre*** présente pourtant la réforme des retraites d’un point de vue écologiste : « La coutume de la retraite a été le résultat de l’ère de l’abondance. Pendant une brève période, moins d’un siècle, les pays riches ont considéré qu’il était rationnel de payer les aînés pour qu’ils quittent le marché du travail afin de maintenir le chômage à un niveau acceptable politiquement. Tout cela découlait d’une économie industrielle qui débordait d’énergie à faible coût, qui facilitait le remplacement de la main d’ouvre par des machines et qui cherchait sans cesse de nouveaux marchés lucratifs, dans ce cas-ci l’industrie de la retraite. Avant cette période, un peu moins de la moitié de toute l’activité économique était le fait de l’économie de marché. La plupart des femmes et beaucoup d’homme trop vieux pour occuper un emploi régulier travaillaient dans l’économie domestique où les échanges familiaux l’emportaient sur les forces du marché. Tous ceux qui auraient eu droit à la retraite, selon nos standards actuels, y participaient. La fin de l’énergie abondante et bon marché signifie que de telles économies domestiques redeviendront nécessaires. On aura intérêt à garder les personnes âgées à la maison pour contribuer aux tâches et n’aura plus intérêt à les mettre à l’écart dans une oisiveté souvent confortable…. Si vous êtes comme moi à plus de trente ans de la retraite, oubliez le financement de la retraite, vous ne la prendrez probablement jamais. Si vous avez une grande famille avec laquelle vous vous entendez bien, vous gagnerez votre place en s’occupant des petits et du potager… »

Est-ce du fondamentalisme écolo ? Le spécialiste français de l’énergie, Jean- Marc Jancovici tient pourtant le même discours : « Ce que nous appelons « création de richesses » n’est en fait qu’une transformation de ressources naturelles, et tout notre système économique ne consiste qu’à utiliser ces ressources pour en faire autre chose… Enseignants, informaticiens, chercheurs, retraités et vacanciers sont tous des enfants de l’énergie abondante à prix décroissant : rien de tout cela ou presque n’existe dans les pays où l’énergie reste un luxe… Retraites et études longues sont « assises » sur des consommations d’énergie importantes… La contrainte sur l’approvisionnement énergétique futur, qui va venir contrarier la productivité physique de manière forte, aura pour conséquence que le niveau relatif des retraites baissera, et que l’on va probablement pour partie revenir à un système de gestion des personnes âgées économe en énergie, c’est-à-dire… les garder chez leurs enfants. La question n’est pas de savoir si cette organisation est désirable ou non. Les bons sentiments sans kilowattheures risquent d’être difficiles à mettre en œuvre ! »****

Il y aura encore un long parcours avant qu’on se rende compte qu’on va vraiment changer de civilisation avec la pénurie énergétique qui nous attend au tournant.

* LE MONDE du 16 octobre 2013,  Pourquoi la réforme des retraites en France est adoptée dans l’indifférence générale

** http://barbarapompili.fr/retraites-labstention-des-ecologistes/

*** La fin de l’abondance, l’économie dans un monde post-pétrole (John Michael Greer)

éditions écosociété 2013, 238 pages, 19 euros

**** Changer le monde, tout un programme de Jean-Marc Jancovici (Calmann-lévy, 2011)

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gaz de schiste, l’interdiction demeure… et demain ?

 Le Conseil constitutionnel a décidé, vendredi 11 octobre, de valider la loi du 13 juillet 2011 (votée à l’initiative de Christian Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale) qui interdisait la fracturation hydraulique*. Une compagnie pétrolière texane avait en effet déposé une question prioritaire de constitutionnalité (QPC). La bataille juridique tournait autour de deux points.

  • Il s’agissait d’abord de savoir si l’article 1 de la loi s’appuie sur le principe de précaution (danger potentiel) ou sur le principe de prévention (risques avérés).

  • Deuxième point de discorde, la loi Jacob revêtirait un caractère discriminatoire dans la mesure où elle ne concerne que les huiles et gaz de schiste et non la géothermie – pour laquelle la fracturation est parfois utilisée.

Un échange sur lemonde.fr montre, au delà des circonvolutions juridiques, l’enjeu véritable. L’emploi contre l’environnement, l’intérêt public contre les intérêts privés :

– « Les hydrocarbures de roche-mère (car c’est ainsi que ça s’appelle, gaz de schiste c’est pour paniquer les gens avec des vidéos sur Facebook), ce n’est pas que les multinationales, c’est aussi du travail pour les géologues et techniciens de forage français. Qu’on nous laisse travailler, coprolithe alors ! »

– « L’exploitation du gaz de schiste, tout comme l’exploitation du pétrole classique est une insulte à la planète. Cessez de nous ennuyer avec votre emploi, surtout s’il consiste à détruire la planète encore un peu plus. Vous prétendez être géologue, c’est-à-dire quelqu’un qui s’intéresse à la terre, à son histoire, à sa formation. Vous salissez ce noble métier quand vous le réduisez à de la prospection. Dehors ! »

Les Sages du Conseil constitutionnel estiment d’ailleurs que le législateur « a poursuivi un but d’intérêt général de protection de l’environnement ». Ils concluent « que la restriction apportée tant à la recherche qu’à l’exploitation des hydrocarbures ne revête pas, en l’état des connaissances et des techniques, un caractère disproportionné au regard de l’objectif poursuivi ». Un secteur d’activité qui n’œuvre pas pour le bien-être des hommes et de la planète n’a pas lieu d’être. Un emploi qui n’est pas durable et justifié n’est pas un véritable emploi, plutôt un gaspillage. L’emploi aujourd’hui peut se fait au détriment de l’emploi demain.

* LEMONDE.fr du 11 octobre 2013, gaz de schiste la fracture hydraulique restera interdite en France

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l’effondrement programmé de la méga-machine

 Dans nos sociétés complexes, toute notre vie quotidienne repose sur un système mondial de réseaux techniques interconnectés. Derrière une automobile, un grille-pain, un portable, il y a des centrales nucléaires, des lignes à haute tension, des oléoducs et gazoducs, des guerres menées pour assure l’approvisionnement en énergie… A partir du moment où cette méga-machine n’est plus alimentée par une énergie abondant et bon marché, doit-on s’attendre à un effondrement de civilisation ? Voici quelques réponses :

  1. Lorsque l’historien américain Lewis Mumford a pour la première fois parlé de méga-machine, dans les années 1960, c’était pour traduire le caractère systémique de la technique qui englobe dans une même unité une machinerie colossale et un nombre considérable d’individus soumis à une organisation centrale. Désormais, parce qu’ils dépendent de sources d’énergie elles-mêmes mises en réseau, les individus et leurs machines sont interconnectés. Dans ce contexte, une panne globale est tout à fait envisageable. Mais peut-être le terme de « panne » est trop faible pour désigner le risque majeur que représente par exemple l’arrêt de la fourniture d’électricité. (Christian Godin)

  2. Dans tout système vivant, la complexité a un coût métabolique ; plus une société est complexe, plus elle requiert de l’énergie. Nous ne percevons pas actuellement les coûts de la complexité car ils sont subventionnés par les combustibles fossiles. Confrontés à des difficultés, les solutions que nous mettons en place tendent à impliquer plus de technologies élaborées. La résolution de nos problèmes atteint le point que l’on connaît sous le nom de rendements décroissants : passé un seuil, vous payez de plus en plus pour obtenir de moins en moins de bénéfices. Nous pouvons voir dans les crises financières actuelles que nous avons atteint les rendements décroissants, car notre capacité à résoudre les problèmes passe par un endettement croissant; nous avons plus de difficultés à payer plus de complexité. Après avoir épuisé l’énergie bon marché et la dette abordable, nous perdons notre capacité à résoudre nos problèmes. C’est précisément le processus qui a entraîné l’effondrement d’anciennes sociétés. L’effondrement est la simplification rapide d’une société. Ainsi, après l’effondrement romain, l’Europe occidentale est entrée dans le haut Moyen Age, période pendant laquelle les sociétés étaient largement simplifiées. (Joseph Tainter)

  3. Le premier des risques systémiques tient à notre politique de croissance qui empêche la recherche d’un état stationnaire et nous fait osciller entre deux états instables : l’expansion et la crise. Ce système expansionniste sait parfaitement accompagner la hausse. En revanche il ne sait pas comment faire face à la baisse sans générer des purges. Il n’y a plus aucun outil (comme l’autoproduction) pour gérer une récession. On rajoute de la complexité à la complexité, on veut plus de croissance pour réparer les dégâts de la croissance. La société ne fait que répondre par les mêmes vieilles méthodes, le même logiciel qui celui qui a créé les problèmes. (Alban Vétillard)

NB : publié en 1988 en anglais, le livre de Joseph Tainter, L’effondrement des sociétés complexes, est enfin publié en français : éditions Le retour aux sources (196 pages, 26 euros)

(Extraits du dossier mené par le mensuel La Décroissance d’octobre 2013)

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Gaz de schiste : premiers déclins aux Etats-Unis

Résumé d’un article de Matthieu Auzanneau, à lire absolument :

« Les puits de Barnett et Haynesville ont fourni jusqu’ici près de la moitié de la production américaine de gaz de schiste. C’est là que le boom des gaz de schiste a commencé. C’est là aussi que le déclin semble s’amorcer. Les champs de Barnett et de Haynesville, dans le Sud des Etat-Unis, ont franchi leur pic de production respectivement en novembre et décembre 2011. Indispensable pour exploiter les gaz de schiste, la fracturation de la roche ne permet de libérer ces gaz que dans un périmètre restreint autour de la zone fracturée. Par conséquent, la production d’un puits d’hydrocarbures de schiste atteint en général sa production record dès son ouverture, et décline ensuite très rapidement, souvent dès les premiers mois d’exploitation. Pour maintenir une production élevée, il est nécessaire de forer sans cesse de nouveaux puits, de dix à cent fois plus que pour du pétrole conventionnel.

La réduction du nombre de forages est la conséquence de la combinaison de deux facteurs, l’un économique, l’autre géologique : le repli des cours du gaz naturel depuis fin 2011 (lui-même provoqué par le boom des gaz de schiste) ; la tendance à devoir forer les nouveaux puits dans des zones moins fertiles en hydrocarbures. Les hommes ont tendance à cueillir d’abord les fruits les plus mûrs et à portée de main. La destinée humaine s’écoule selon la pente de plus faible résistance, parfois jusqu’à se perdre comme un oued. En ouvrant la perspective, il semble pour l’heure envisageable qu’à l’échelle du globe, les meilleurs fruits à attendre du boom des gaz de schiste soient ceux qui sont déjà en train d’être cueillis aux Etats-Unis. Les ressources polonaises en gaz de schiste se trouvent être enfouies plus profondément que celles exploitées aux Etats-Unis. Une différence qui handicape sévèrement la rentabilité potentielle des forages.

NB de Matthieur Auzanneau: A ceux qui s’étonneraient du récent ralentissement du rythme de publication sur mon blog : je viens de boucler la plus grande partie d’une histoire de « l’Homme-Pétrole », à paraître aux éditions de La Découverte. La publication des articles va désormais reprendre à son rythme habituel (au moins deux par mois). Je suis journaliste indépendant, blogueur invité de la rédaction du Monde.

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Source : http://petrole.blog.lemonde.fr/2013/10/01/gaz-de-schiste-premiers-declins-aux-etats-unis/

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Un seul député pour sortir du tout-pétrole, lamentable !

Le titre est explicite : « Le tout-pétrole (timidement) contesté en Norvège. »  Mais l’article se cache en bas de page du supplément géopolitique*. Il faut vraiment lire attentivement le quotidien de référence pour percevoir l’avenir qui nous attend. Ramus Hansson est le premier et le seul élu des Verts dans le nouveau parlement norvégien. Pour lui, il ne fait pas de doute que le pétrole norvégien doit rester là où il est : « Il est évident que les nouveaux gisements en mer de Barents ne doivent pas être exploités. Le pétrole est une ressource fabuleuse qui peut être utilisée pour beaucoup de choses, comme la pétrochimie. Il serait donc primitif de simplement le brûler. » Ramus Hansson s’appuie aussi sur l’argument climatique : « Si nous voulons rester sous la barre des deux degrés en termes de réchauffement climatique, nous devons laisser les deux tiers des réserves de pétrole et de gaz connues dans le sol. Dans le cas norvégien, si tout ce qui est déjà trouvé est consommé, nous exploserons nos objectifs. La conclusion est que nous devons arrêter maintenant. » Pourtant la Norvège a réaffirmé sa volonté d’être un producteur d’hydrocarbures aussi longtemps que possible et le Parlement a voté en faveur de nouvelles activités pétrolières et gazières.

Nous apprécions l’expression de Ramus Hansson : c’est vraiment « primitif », c’est une totale absence de raisonnement à long terme que de brûler les richesses du sous-sol. Mais Ramus Hansson est le seul à exprimer ce qu’il faudrait. Le gouvernement socialiste comme les « écolos » français ne raisonnent pas mieux que le parlement norvégien : on ne prépare donc pas la civilisation de l’après-pétrole, on se contente de vouloir brûler ce qu’il reste des ressources fossiles… Nous sommes une société digne d’Attila. Les générations futures, du moins les personnes qui survivront aux déflagrations qui se préparent, penserons que nous avions une mentalité de barbares, sans foi ni loi, avec des élus indignes d’être élus.

* LE MONDE du 26 septembre 2013

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P. Gattaz : orientons la France vers la décroissance !

Pierre Gattaz, Président du Medef : « Le Medef veut rendre les sources de production de moins en moins émettrices de carbone et limiter au maximum l’impact environnemental des consommations. La France a la capacité d’organiser une transition énergétique écologiquement compatible. Maintenir le coût de l’énergie comparativement moins cher que chez nos concurrents est une absurdité à l’heure où les ressources fossiles s’épuisent mondialement. La démarche de transition doit au minimum être pensée au niveau européen. Il y a là une occasion de renforcer l’axe franco-allemand et l’UE doit assurer une véritable coordination des politiques énergétiques nationales.

La croissance et la réindustrialisation sont des phénomènes du passé ; cessons d’opposer l’activité des entreprises et l’écologie ! Les secteurs industriels et de services commencent à intégrer la dimension écologique dans leurs démarches. Refuser d’étudier ne serait-ce que la potentialité du gaz de schiste est justifié, la pénurie absolue en hydrocarbures nous attend de toute façon. Il nous faut sonner le tocsin de l’urgence climatique tout en analysant objectivement les faits : la transition énergétique en Allemagne est difficile, elle a entraîné une augmentation de ses émissions de CO2 et une hausse du prix de l’énergie qui pèse sur les ménages et les PME. La transition écologique oriente en effet la société vers la décroissance, mais elle devra être organisée. Les efforts demandés à tous seront immenses. Nos enfants vivront moins bien que leurs parents, il faut nous y préparer et parler des combats à mener lorsque l’on parle écologie. Cristalliser le débat écologique sur l’approche fiscale n’est qu’un premier signal. Le gouvernement va présenter sa loi sur la transition énergétique. Il faut espérer qu’elle puisse enfin traduire une réelle ambition. Le Medef et toutes les entreprises sont mobilisés pour mener à bien cette transition. Mais il faut que le pragmatisme et la raison l’emportent sur le dogmatisme et la posture des économistes à l’ancienne. »

Il nous suffisait de changer quelques mots du discours de Pierre Gattaz dans LE MONDE* pour inverser le sens de son discours qui parlait avant tout de croissance et de compétitivité. L’économie à l’ancienne nous prépare une récession économique, une croissance « négative », une décroissance subie. Il pourrait en être autrement en préparant une société de décroissance. Cela, le Président du Medef est encore loin d’en prendre conscience…

* LE MONDE du 19 septembre 2013, « N’orientons pas la France vers la décroissance ! » (Pierre Gattaz)

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Ce qui doit arriver, c’est la perte de pouvoir d’achat

Il paraît que le gouvernement se prépare pour l’année 2025 (séminaire gouvernemental de 4 heures le 19 août). Le président Hollande y cite Bergson : « L’avenir n’est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons faire. » Vaste question qui n’est pas philosophique du point de vue écologique : nous savons de source sûre que le pétrole va bientôt manquer, donc nous devons dès à présent préparer politiquement la civilisation de l’après-pétrole. LE MONDE* prend comme une nouveauté l’annonce par le ministre de l’écologie Philippe Martin d’une « contribution climat énergie ». Il ne nous donne pas la mémoire de l’événement, l’instauration d’une telle taxe n’est pas seulement une revendication d’EELV.

– 2007, le terme « contribution climat-énergie » est utilisé par Nicolas Hulot dans son pacte écologique et validé par les présidentiables Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal.

– 1er juillet 2009, le secrétariat national du PS avait validé, après intense réflexion d’un groupe de travail, une contribution climat-énergie universelle (CCEU).  Le groupe de travail était composé de parlementaires socialistes (dont Philippe Martin) et de responsables nationaux. Il avait auditionné un certain nombre d’experts (Jean-Marc Jancovici, Alain Grandjean, Pierre Radanne, la CGT, le Medef, l’OCDE).

– juillet 2009, conclusion de la commission Rocard (mise en place par Sarkozy) : « Il faut atteindre en 2030 un prix du gaz carbonique émis de 100 euros la tonne en démarrant à 32 euros. »

– novembre 2011, l’accord programmatique entre PS et EELV prévoyait le retour de la taxe carbone en évoquant une « contribution climat-énergie ». Rien de bien précis.

– janvier 2012 : dans ses 60 engagements pour la France, François Hollande reprend l’idée d’une Contribution climat-énergie « aux frontières de l’Europe » ; rien sous la rubrique réforme fiscale comme taxes écologiques au niveau national.

– avril 2013 : des parlementaires proposent officiellement une résolution « pour une fiscalité écologique  au cœur d’un développement soutenable ». Ils déclarent que l’énergie la plus propre et la plus économique est celle que l’on saura ne pas consommer. La principale mesure envisagée, qui permet de taxer l’ensemble des dépenses d’énergie, est la contribution climat énergie (CCE). Il  leur paraît opportun de la mettre en place dès 2014, au moins dans son volet carbone.

Aujourd’hui Philippe Martin semble très en deçà de ce qu’il faudrait ; il ne donne pas les contours de cette « taxe carbone ». Si cette contribution était présente dès le budget 2014, il y aurait un « débat sur son montant et sur son rythme ». La porte-parole du gouvernement est encore plus en retrait : « Il ne s’agit pas de créer une nouvelle taxe, il s’agit simplement de verdir les taxes déjà existantes sur l’énergie. » Le ministre de l’écologie en rajoute : « Cela doit nous permettre de préserver le pouvoir d’achat des Français, notamment modestes, qui est rongé chaque jour davantage par la hausse du coût de l’énergie. » Le social l’emporte sur l’écologique, aucun politique ne veut expliquer aux Français que la hausse du prix des hydrocarbures est inéluctable et que le pouvoir d’achat va en pâtir nécessairement. On veut faire la transition énergétique sans s’en donner les moyens.

Comme l’exprime l’ex-ministre socialiste de l’écologie Delphine Batho, « l’enjeu pour le gouvernement est de dépasser une vision de l’écologie qui serait seulement sectorielle ou tactique, liée à des équations électorales »**. On ne devient vraiment écolo que quand on a quitté le gouvernement ! Pour terminer de façon constructive, une petite citation : « Pour que les rapports sociaux soient placés sous le signe de l’équité, il faut qu’une société limite d’elle-même la consommation d’énergie de ses plus puissants citoyens. (Ivan Illich, énergie et équité, 1973) »  Le pouvoir d’achat des plus riches devrait bien sûr diminuer d’ici 2025 de façon bien plus rapide que celui des catégories qui peuvent encore s’acheter une petite voiture individuelle.

* LE MONDE du 24 août 2013, aux journées d’EELV le ministre de l’écologie a annoncé la création d’une « contribution climat énergie »

** LE MONDE du 22 août, Delphine Batho : « L’écologie n’est pas un enjeu sectoriel »

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fin inéluctable du pétrole, enfin visible dans LE MONDE

Extraordinaire, LE MONDE* commence à se poser la question de la fin du pétrole : « Les « super-majors » occidentales Exxon, Shell, BP, Chevron et Total ne sont pas sur la paille. A elles cinq, ont engrangé 62 milliards de dollars de bénéfice net en six mois. Mais les bénéfices semestriels ont reculé de 20 % chez Total, de 23 % chez Shell, de 35 % chez Exxon. Shell ne tiendra pas son objectif de porter sa production de 3 millions de barils par jour actuellement à 4 millions en 2017. Ses comptes seront aussi amputés de 2,1 milliards de dollars en raison de forages décevants dans le pétrole de schiste aux Etats-Unis. Les justifications diverses des mécomptes de l’industrie pétrolière ne sont que conjoncturelles : difficultés dans les raffineries américaines, des troubles au Nigeria, etc. Le problème paraît plus profond. La demande mondiale pour leurs produits progresse de 1 % en moyenne. Mais les majors ont de plus en plus de mal à trouver et produire autant de pétrole qu’elles le voudraient. Les gisements faciles et peu coûteux à exploiter, comme ceux du Moyen-Orient, les compagnies d’Etat de ces pays se les gardent pour elles. Exxon, BP et les autres doivent donc s’aventurer toujours plus loin, tenter des projets toujours plus complexes, par exemple dans l’offshore ultra-profond ou la liquéfaction de gaz. Les coûts de production des grands pétroliers montent en flèche. La facture en Alberta pour les sables bitumineux a dépassé le devis de 60 %. »

Dépenser plus pour produire moins, les majors ne pourront pas sortir de cette équation. Le pic du pétrole conventionnel est passé depuis plusieurs années, les consommateurs ne s’en rendent pas suffisamment compte à la pompe. La civilisation thermo-industrielle est au bord de l’effondrement, les politiques ne font rien pour préparer l’après-pétrole. Engranger des milliards de dollars sur des ressources fossiles non renouvelables qui ont mis des millions d’années pour se constituer était un vol manifeste. Rouler en voiture individuelle n’aurait jamais du être autorisé. Malheureusement la nature ne peut défendre ses richesses de la rapacité humaine. Elle se contente de dire seulement indirectement par les chocs pétroliers et le réchauffement climatique que les humains ont exagéré et qu’ils vont en payer le prix. Notre réveil sera brutal quand les compagnies pétrolières seront proche de la faillite !

* LE MONDE du 4-5 août 2013, L’avenir compliqué des « super-majors » du pétrole

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gaz de schiste et nucléaire ne peuvent être solution

Gaz de schiste et nucléaire sont deux sources d’énergies non renouvelables, donc sans intérêt pour construire un avenir durable. En insistant sur ces deux éléments, les médias se polarisent sur l’offre d’énergie alors que le problème fondamental face à la pénurie prévisible d’uranium et de gaz est d’inciter à diminuer la demande d’énergie. Les gouvernements devraient nous inciter à reconsidérer l’échelle de nos besoins pour faire face à la prévisible descente énergétique. Mais nos dirigeants n’ont aucune vision du long terme. En France le Medef mène un combat d’arrière garde, il défend le système productif tel qu’il est, issu de l’abondance énergétique. Les syndicats emboîtent le pas du patronat, ne voyant que les emplois actuels et les avantages acquis… Pour un écolo, c’est-à-dire quelqu’un qui voit plus loin que le bout de son nez, la fermeture rapide de Fessenheim et l’interdiction du gaz de schiste ne sont pas négociables.

Pourtant la journaliste Marie-Béatrice Baudet met en valeur les errements du gouvernement français et laisse la plus grande place aux pro-gaz de schiste et aux pro-nucléaires. Elle pense que « les dossiers nucléaire et gaz de schiste ont été, dès le départ, fort mal engagés… Avec la loi du 13 juillet 2011 qui interdit la fracturation hydraulique, on paie le prix de la précipitation… alors que le boom du gaz de schiste aux Etats-Unis fait fantasmer les entreprises françaises et que la crise économique éclipse l’écologie… L’expertise sur les enjeux techniques, environnementaux et économiques de ces hydrocarbures non conventionnels a été expédiée lors des débats au Parlement… De nouvelles missions parlementaires sont lancées pour juger de l’impact réel du gaz de schiste et tenter d’ébranler davantage la position du gouvernement…  Cette ambiguïté plane aussi sur le dossier du nucléaire… Officiellement Fessenheim sera fermée d’ici fin 2016, c’était l’erreur à ne pas commettre… Arrêter définitivement un réacteur passe par le respect de procédures incontournables liées à la sûreté nucléaire, soit entre quatre et cinq ans… Le 19 septembre 2012, les directeurs des 19 centrales nucléaires françaises signent une lettre de soutien aux salariés qui travaillent sur les sites pour dénoncer la décision du chef de l’Etat. Trois mois plus tard, la CGT empêche l’homme désigné par le gouvernement pour fermer Fessenheim, d’entrer dans la centrale… »*

LE MONDE est-il toujours un quotidien de référence ?

* LE MONDE du 27 juillet 2013, Nucléaire et gaz de schiste, boulets de la présidence Hollande

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transition énergétique, un débat qui n’en est pas un

Le Débat national sur la transition énergétique, lancé en novembre 2012 sans visibilité médiatique, devra être rediscuté lors de la Conférence environnementale fin septembre pour nourrir dans un très vague futur une improbable loi de programmation énergétique. Notons que le PS, en son sein, n’a jamais voulu débattre de la question énergétique.

1/3) Transition énergétique, débat national sans perspectives

La première phase, le débat national, s’est achevé officiellement le 18 juillet. La journaliste Marie-Béatrice Baudet s’égare : « Il s’agit de conduire une société française sobre en carbone à l’horizon 2050, en clair de promouvoir les énergies renouvelables. » Apparemment Marie-Béatrice ne sait pas qu’il existe une différence entre la demande d’énergie (société sobre) et la production d’énergie (renouvelables ou non). A plus forte raison elle ne semble pas savoir qu’il y a différence entre sobriété (limitation des besoins en énergie) et efficacité énergétique (technologie qui permet d’économiser l’énergie). Mais Marie-Béatrice n’est pas dupe de l’issue finale de ce débat, « les derniers arbitrages ne sont toujours pas rendus à quelques jours de la fin du débat ».?

Source : LE MONDE économie&entreprise du 16 juillet 2013

2/3) Le Medef refuse les conclusions du débat sur la transition énergétique

L’exercice était périlleux. C’est désormais un échec. Le Medef, la CGPME, l’Union professionnelle artisanale et la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles refusent d’avaliser les quinze recommandations du Un représentant du patronat lira un communiqué expliquant que « le document soumis au conseil national du débat [qui rassemble syndicats, ONG, employeurs, élus, parlementaires et représentants de l’Etat] est une synthèse partielle et ne peut être considéré comme consensuel ». (Le Monde.fr | 18.07.2013)

3/3) Débat sur la transition énergétique : le Medef sauve les apparences

Après un premier refus du patronat, plusieurs amendements et de laborieuses batailles sémantiques, le texte est dépouillé du mot « recommandation » et rebaptisé « synthèse des travaux ». Si le contenu est quasiment inchangé, les quinze « recommandations » ont été renommés « enjeux ». Cette simple synthèse laisse ouvertes des divergences de fond, comme l’objectif de diviser par deux la consommation d’énergie d’ici 2050. Le projet est plus consensuel sur la rénovation énergétique des bâtiments. Le document final propose aussi de réduire la consommation d’énergie dans les transports, en développant par exemple les services de partage de voitures ou en réduisant les vitesses maximales autorisées. (Le Monde.fr avec AFP | 18.07.2013)

Conclusion : nous avons suivi la politique du patronat pendant deux siècles et cela nous a conduit au bord du précipice écologique et économique. Il n’y a aucune raison, avec le CNPF (le père, Yvon Gattaz) devenu MEDEF (le fils, Pierre Gattaz), que cela change. Ce n’est que lorsque nous serons face à une pénurie de pétrole ou un dérèglement climatique majeur que le patronat demandera ce que fait l’Etat…

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Hydrocarbures, nécessité d’une réforme du code minier

Suite au recours de France Nature Environnement, le Conseil d’Etat vient d’invalider un décret du 2 juin 2006 qui soumettait à simple déclaration les forages destinés à la recherche de gisements d’hydrocarbures. Une bonne nouvelle en matière de prévention des risques.

1/3) Une procédure obsolète

Les forages offshore en eau profonde qui ont démontré leur potentiel destructeur suite à l’explosion de la plateforme de « deep water horizon »1 en 2010 au large du Mexique, ainsi que les forages dans la roche mère à 3000 mètres de profondeur en vue de l’exploration de gisements d’hydrocarbures non conventionnels sont donc actuellement encadrés par le simple régime de la déclaration. En raison des risques majeurs pour l’environnement et la santé mais aussi pour la sécurité des travailleurs, FNE a demandé au gouvernement de soumettre ces travaux au régime de l’autorisation qui permet d’encadrer les activités présentant des risques graves. Suite au refus d’agir du gouvernement, FNE a saisi le Conseil d’Etat, qui vient de lui donner raison

2/3) La Haute juridiction rend une décision lourde de conséquences

Par une décision du 17 juillet 2013, le Conseil d’Etat a considéré que ces travaux présentent des risques majeurs pour l’environnement, la santé publique ou la sécurité des travailleurs. Pour le juge, le gouvernement a commis une erreur manifeste d’appréciation en considérant que ces travaux pouvaient être encadrés par le régime simplifié de la déclaration. FNE se réjouit de cette décision qui remet en cause l’ensemble des forages actuellement menés en France en vue de la découverte de nouvelles mines d’hydrocarbures.

Pour Maryse Arditi, responsable du dossier Energie : « Du point de vue de la prévention des risques, il est inconcevable que les forages menés par Shell au large de la Guyane soient encadrés par une procédure simplifiée ne garantissant pas l’absence de dommages pour l’environnement. C’est le cas de plusieurs forages réalisés en Ile-de-France qui présentent nécessairement des risques de pollution de nappes stratégiques pour l’alimentation en eau potable de la région la plus peuplée de France.»

3/3) La réforme du code minier ne doit plus attendre

Pour Olivier Gourbinot, membre du directoire des réseaux Juridique et Energie de FNE : « Fort de cette décision, FNE va demander et obtenir l’annulation systématique des récépissés de déclaration qui permettent la réalisation des forages. Cette décision démontre que le code minier actuel doit absolument être réformé dans les plus brefs délais car il n’assure pas plus la prévention des atteintes à l’environnement qu’il ne garantit la sécurité juridique des projets miniers. »

FNE demande au gouvernement de s’appuyer sur les travaux réalisés sous la présidence de Thierry Tuot, conseiller d’Etat en charge de la réforme du code minier. Un avant projet de loi de qualité, débattu de manière transparente et contradictoire par l’ensemble des acteurs est actuellement à la disposition du gouvernement. Dans ces conditions, FNE ne pourrait pas comprendre qu’un projet de loi ne soit pas adopté en Conseil des ministres dans les plus brefs délais.
1explosion de la plateforme Deepwather Horizon qui a coûté la vie à onze travailleurs, a causé une marée noire de grande ampleur (fuite de 4,1 millions de barils selon l’équipe de scientifiques mandatés par le gouvernement américain) et engendré des dommages actuellement estimés entre 30 et 40 milliards de dollars.

(communiqué de presse FNE, 17 juillet 2013)

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les éléments de langage sur la transition énergétique

Le débat franco-français sur la transition énergétique touche à sa fin. Mais bien avant qu’il ne commence, on savait déjà comment il allait se terminer. Les éléments de langage communs à l’élite qui nous gouverne sont ressassés depuis des années déjà. Prenons le dernier discours de Laurence Tubiana* :

– croissance : « L’amélioration de l’efficacité énergétique est nécessaire pour relancer la croissance française. »

– productivité : « La croissance peut se trouver augmenter par une augmentation de la productivité de l’économie française. »

– technologie : « La France doit saisir aujourd’hui l’opportunité d’entrer sur les marchés des technologies d’avenir… L’innovation technologique et sociale est primordiale. »

– compétitivité : « La maîtrise des technologies environnementales sera l’une des clés pour une compétitivité durable. »

– rentabilité : « Oui, la transition énergétique est un processus économique rentable. Les coûts qu’engendrerait le maintien du système énergétique actuel, basé sur les énergies fossiles, se révéleraient à terme plus élevé que ceux que représentera la transition énergétique. »

Laurence Tubiana semble parfois dire vrai: « Imaginez une source d’énergie qui soit bon marché et couvrirait 50 % de nos besoins domestiques : il s’agit tout simplement des économies d’énergie ! » Mais ces économies d’énergie reposeraient uniquement sur « l’amélioration de l’efficacité énergétique ».  Elle passe sous silence le fait que la première source d’économie d’énergie est la sobriété, le refus de la surconsommation, ce qui implique de savoir s’entraider et d’être heureux de peu. Une véritable transition repose sur la décroissance des besoins, l’usage de techniques douces moins productives mais plus adaptées à l’homme et à la planète, la coopération internationale et non la compétition, le refus du profit à court terme et de la rentabilité financière. L’inverse des éléments de langage véhiculés par la classe dirigeante et ses sbires.

Laurence Tubiana appartient au comité de pilotage du débat sur la transition énergétique dont elle est la « facilitatrice ». Elle restera le soutien du système productiviste. La situation est bloquée. Sobriété énergétique, nucléaire, gaz de schiste : sur tous ces aspects décisifs du débat, une alliance de fait existe entre le Medef et trois syndicats de travailleurs : la CGT, FO et la CFE-CGC… Ils ont tous un intérêt commun : la préservation du statu quo dans les filières de l’énergie. Un document présentant la synthèse des « priorités » du débat national sur la transition énergétique vient d’être retiré du site du ministère de l’écologie, car jugé « inacceptable » par le patronat**. Ce texte évoquait en « priorité numéro deux » la « mise en place d’une fiscalité environnementale, en particulier d’une contribution climat-énergie ». Un casus belli pour le Medef. Or la taxe carbone ou assimilée serait le meilleur moyen de promouvoir la sobriété énergétique… Le projet de loi sur la transition énergétique n’arrivera en séance publique au Parlement qu’à la mi-février 2014. De toute façon, il ne fera pas bouger les lignes, à moins d’un nouveau choc pétrolier d’ici là !

* LE MONDE du 22 juin 2013, La transition énergétique est une  nécessité, les ressources se raréfiant (Laurence Tubiana)

** http://petrole.blog.lemonde.fr/2013/06/21/allies-medef-et-syndicats-ont-fait-voler-en-eclat-le-debat-sur-la-transition-energetique/

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Gaz et huiles de schiste, le pour et le contre

La Commission européenne avait publié, en septembre 2013, le bilan sanitaire et environnemental, climatique et économique d’une exploitation des gaz non conventionnels en Europe*. Verdict : c’est sale, pas sûr, non encadré juridiquement. Et cela ne donnera jamais l’indépendance énergétique au continent. Le document publié par la DG environnement de la Commission est basé sur toutes les données disponibles (essentiellement américaines) en matière de fracturation hydraulique en vue d’une production importante de gaz. Une longue litanie d’impacts négatifs… Le rapport révèle, entre autres, une consommation d’eau beaucoup plus importante que pour des techniques conventionnelles; une production de gaz moindre… Il révèle la difficulté de limiter les fuites de produits chimiques et le volume d’eau usée en phase d’exploitation. Il parle aussi du défi dans la sélection du site géologique, de la toxicité potentielle des additifs employés…En matière d’occupation des sols, la fracturation hydraulique est gourmande en terres. Chaque zone de forage (soit environ une dizaine de puits par zone) s’étend sur 3,6 hectare. Un minimum de 50 puits est nécessaire pour atteindre le même niveau de production qu’un puits en mer du Nord.

La France « doit » exploiter ses gaz de schiste. Le sénateur Jean-Claude Lenoir et le député PS Christian Bataille défendent une exploration et une exploitation « maîtrisées » du gaz de schiste** : « La France possède toutes les compétences scientifiques, techniques et industrielles, à tous les niveaux de la filière, pour créer une filière de fracturation propre. »« La fracturation hydraulique reste la technique la plus performante, la plus facile à utiliser, et celle qui est utilisée aujourd’hui n’a rien à voir avec celle qui a été utilisée auparavant. » Il ne fallait pas s’attendre à autre chose puisque les rapporteurs n’ont auditionné que les industriels et organismes de recherche.

L’Agence internationale de l’énergie tranche : les gaz de schistes ne sont pas la solution miracle pour l’Europe. Récemment, lors d’un débat radiotélévisé mercredi avec la présidente du Medef, la ministre de l’écologie Mme Batho avait réaffirmé que son exploitation, comme aux Etats-Unis, « n’est ni possible ni souhaitable » en France, et prôné à la place des investissements massifs « dans les économies d’énergies et les énergies renouvelables ».

* http://www.journaldelenvironnement.net/article/bruxelles-depose-le-bilan-des-gaz-de-schiste,30633

** Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 06.06.2013

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le faux débat national sur la transition énergétique

Nous avons assisté dans les locaux de la mairie d’une ville moyenne à un débat sur la transition énergétique organisé par l’entreprise Schneider. Mélange des genres public/privé, significatif ! Le thème est pourtant alléchant, « Consommer moins, consommer mieux ». Schneider n’a pas fait de publicité pour les produits de son entreprise, on a fonctionné selon les principes de la démocratie participative : chacun exprime ses thèmes préférentiels, on se réunit ensuite en groupe de travail, on fait enfin une synthèse. Bien entendu ce genre de procédure ne peut aboutir qu’à du bavardage. Mais Schneider réalisera plus tard un « livre blanc » qu’il remettra en main propre à la ministre de l’écologie. C’est là le véritable but recherché, peser directement sur le gouvernement.

Le gouvernement socialiste ne voulait pas d’une concertation sérieuse comme l’a été le Grenelle de l’environnement. C’est pourquoi le patronat peut faire ce qu’il veut du débat actuel sur la transition énergétique. Le nucléaire a été réintroduit dans le débat, mais on n’a même plus le temps de parler du nucléaire étant donné l’éparpillement des paroles de chacun. De son côté le Medef a élaboré à l’avance ses positions, constitué des équipes, placé ses pions. En clair, le débat national sur la transition énergétique, l’un des grands chantiers du quinquennat de François Hollande qui, selon le chef de l’Etat, « doit conduire à une société française sobre en carbone à l’horizon 2050 », est largement plombé*. La France vient d’entrer en récession et le chômage est à son plus haut. L’écologie n’est donc plus une priorité gouvernementale, même si l’urgence climatique est là… en attendant le prochain choc  pétrolier.

Le débat est de toute façon vicié de l’intérieur. On ne peut à la fois tenir les engagements de Paris en matière de réduction de gaz à effet de serre d’ici à 2050 (division par un facteur 4, c’est-à-dire division par deux de la consommation d’énergie) et ne pas pénaliser entreprises et consommateurs ! Autre contrainte, il faudrait selon les grands patrons « Lutter contre le changement climatique sans abîmer notre compétitivité ». Toujours la quadrature du cercle qui permet toutes les dérives du pragmatisme, y compris l’extraction du gaz de schiste ou la non-fermeture de la centrale de Fessenheim. Le moyen et le long terme ? « On verra après » reste le refrain croissanciste. On peut donc déjà dire que la future loi de programmation énergétique, issue des conclusions du débat et votée en principe début 2014, sera une coquille vide.

Une anecdote pour conclure. Lors de la rencontre menée par l’agence Havas sous la houlette de Schneider, nous avons noté la confusion faite plus ou moins sciemment entre efficacité énergétique et économies d’énergie. La sobriété renvoie à l’intelligence de l’usage, l’efficacité à la performance de l’équipement. Si on isole parfaitement une maison pour économiser l’énergie mais qu’on en profite pour vivre avec quelques degrés de plus, il n’y a pas de transition énergétique. La sobriété, c’est rompre avec la facilité, c’est le contraire de l’ébriété énergétique. En clair, cela veut dire limiter nos besoins et ne pas trop compter sur la technique et l’innovation. Cela, ni le gouvernement ni les entreprise ne sont susceptibles d’y penser. Mais les ménages sont-ils prêts à pratiquer la sobriété énergétique ?

* LE MONDE économie&entreprise du 17 mai 2013, Un débat français où chacun campe sur ses positions

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