énergie

EDF, CGT, ministres…, des menteurs au service du nucléaire

Dans un avis de novembre 2011, l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) estimait qu’« il n’est pas possible d’évaluer avec un degré de confiance suffisant » la robustesse des réacteurs pour des niveaux d’aléas supérieurs à ceux pris en compte lors de leur conception. Pourtant, selon le ministre de l’industrie et de l’énergie Eric Besson, « l’équilibre de la filière nucléaire n’est pas menacé par le prix à payer de la robustesse supplémentaire ». Qui croire, un établissement public sous tutelle des ministres ou un ministre sous tutelle des lobbies énergétiques ? Nous dirions de l’EPIC-IRSN qu’il n’est pas complètement autonome, nous dirions d’un politique qu’il veut seulement rassurer les peureux que nous sommes : donc leurs fonctions sont complémentaires, le mensonge n’est pas exclu.

Pourquoi mentir ? Henri Proglio est le PDG d’EDF, sa fonction est donc de nous mentir pour assurer la pérennité de son entreprise. S’appuyant sur la conclusion du rapport de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire), il juge qu’il n’y a aucune raison objective de fermer Fessenheim, ni aucune autre centrale. Ce n’est pas lui qui paiera les investissements exigés par l’ASN, ce sont les consommateurs ! La responsable d’un syndicat catégoriel en est encore à jouer l’argument usé de l’électricité « sans production de CO2 ». Tout et n’importe quoi pourvu qu’on préserve son gagne-pain. La ministre de l’écologie Nathalie Kosciusko-Morizet veut nous faire croire que la sûreté nucléaire se tiendra à distance de toute considération idéologique et économique, de tout débat partisan, de tout acte de foi. Mais NKM se retranche derrière l’avis de l’ASN, « pas de fermeture immédiate d’un réacteur ». NKM se retranche derrière la décision d’EDF, « un exploitant peut choisir de fermer une installation ». La ministre NKM ménage la chèvre et le chou, elle a simplement oublié qu’un gouvernement national est là pour trancher dans l’intérêt public !

Quel calcul avantage/coût ? François Brotte, le M.Energie de François Hollande, juge que « la sécurité n’a pas de prix ». Nathalie Kosciusko-Morizet  affirme qu’on prendra toute mesure nécessaire pour augmenter la sûreté, « quel qu’en soit le coût ». Droite-gauche, même combat. Mais une telle exigence de sécurité illimitée devrait entraîner ipso facto l’arrêt du nucléaire, car le coût de la sécurité serait incommensurable. La commande du gouvernement à l’ASN se limitait aux risques de séismes et d’inondations. Le débat sur le coût réel du maintien du choix nucléaire n’est pas ouvert et ne le sera pas : EDF a déjà minimisé la somme nécessaire pour les travaux demandés par l’ASN. Le passé ne plaide pas en faveur d’EDF. Jusqu’à présent le coût de retraitement des déchets n’a jamais été pris en compte. Un rapport de la Cour des Comptes sur le financement du cycle de vie de la filière nucléaire est attendu pour fin janvier 2012. Pas trop tôt ! C’est en 1973 qu’un Conseil des ministres avalisera la construction d’une première tranche de 13 réacteurs nucléaires sans savoir ce qu’on ferait des déchets nucléaires. Inconscience ! Il faut donc sortir du nucléaire.

Quel est le risque du nucléaire ? Les autorités chargées de contrôler le nucléaire ont jusqu’à présent adopté des raisonnements de type probabiliste. Quand un événement avait peu de chances de se produire, on ne le prenait pas en compte sur le plan des contraintes de sécurité. Pourtant quatre accidents majeurs de réacteurs se sont produits au cours des 30 dernières années sur un parc mondial de 450 réacteurs. Le calcul des probabilités officiel n’en imaginait que 0,014 sur la même période ! Même Henri Proglio (EDF) a décidé aujourd’hui d’écarter la notion de probabilité et d’intégrer l’improbable dans les scénarios. Mais alors  il n’y a pas de nucléaire sûr, il n’y a que des centrales moins vulnérables que d’autres. Et l’improbable, c’est aussi l’erreur humaine ou l’action de terroristes. Risque maximum ! Il faut donc sortir du nucléaire.

Quel avenir pour le nucléaire ? Rémy Prud’homme s’appuie sur une vague étude de 2010 de l’AIE (200 études de cas dans une vingtaine de pays) pour estimer le coût du MWh nucléaire à 42 euros. Selon Proglio, le prix du MWh passerait de 46 euros avant Fukushima à peut-être 50 euros après. Calcul approximatif. Il faut renforcer le radier (le socle de béton) de Fessenheim, mis en service en 1978. Proglio se garde bien d’en chiffrer le coût. Selon les écologistes, 600 à 800 millions d’euros sont nécessaires pour la remise à niveau de Fessenheim. Proglio se contente de dire que le surcoût global des mesures prises après Fukushima sera de 10 milliards d’euros. Il est impossible de débattre du coût du nucléaire car la « vérité » des prix relève de l’idéologie. Par contre on sait que la suppression d’une centrale nucléaire ne coûterait que 3000 emplois directs en moyenne. On peut donc sortir du nucléaire. Il suffit de consommer moins d’électricité…

Source d’information : LE MONDE du 5 janvier 2012

– éditorial du MONDE : du culte de l’atome au principe de réalité

– Henri Proglio : « La capacité d’investissement d’EDF sera au rendez-vous »

– Nathalie Kosciusko-Morizet : « Je ne veux pas entrer dans une logique de marchandage »

– Greenpeace déplore un travail incomplet de l’ASN

– En finir avec l’atome d’ici à 2030, c’est possible ! (Benjamin Dessus, Bernard Laponche)

– Les écologistes estiment que débattre du coût du nucléaire n’est plus « tabou » (Anne-Sophie Mercier)

La CGT soutient à fond la filière

– Une protection renforcée des fonctions vitale en cas d’accident (Pierre Le Hir)

– L’arrêt du nucléaire coûterait cher aux Français en emplois (Rémy Prud’homme)

– Moins de 2 % de hausse des factures, selon Eric Besson

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Rémy Prud’homme, le remplaçant de Claude Allègre

Rémy Prud’homme est un professeur « émérite » d’économie qui sait tout sur tout du moment où il peut faire la preuve de son écoloscepticisme. Ce sera le remplaçant de Claude Allègre dans les médias ! Il a écrit une chronique dans LE MONDE* qui soutient le nucléaire avec des arguments vaseux. Il n’en est pas à son coup d’essai, voici ses exploits épistolaires :

– Eolien : les limites du « modèle » danois(L’Expansion)

– Des éoliennes à Paris, oui, mais à quel prix ? (L’Expansion)

– Le gaspillage des éoliennes en mer (Les Echos)

– L’écologie ne crée pas d’emplois (Les Echos)

– Climat : la « pétition des 600 » ruine la crédibilité du Giec (L’Expansion)

– Les trois péchés de la taxe carbone (Les Echos)

– Electricité : les calculs bidons de l’Ademe (L’Expansion)

– Le bonus-malus de Borloo a augmenté les émissions de CO2 ! (L’Expansion)

– Qui va payer la facture du Grenelle de l’environnement ? (L’Expansion)

Rémy Prud’homme avait-il sa place dans LE MONDE, notre quotidien de référence ? Nous en doutons.

* LE MONDE du 5 janvier 2012, L’arrêt du nucléaire coûterait cher aux Français en emplois ainsi qu’en pouvoir d’achat

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Fessenheim, bientôt une friche industrielle

Fessenheim dans cinquante ans ? Une friche industrielle. Que ce soit demain ou plus tard, de toute façon la centrale nucléaire de ce patelin cessera d’exister. Le boucher de Tchernobyl a fermé boutique du jour au lendemain, celui de la plus ancienne centrale du parc français mettra la clé sous la porte tôt ou tard. Aucune « Union sacrée » n’éliminera la dégénérescence d’une technique industrielle. Pourtant habitants de Fessenheim et commerçants, syndicat et salariés se mobilisent. Ils défendent leur boulot, leur clientèle, les cotisations versées par EDF à la commune, la fiabilité supposée de leurs deux réacteurs de 900 MW. La maire de Fessenheim défend « sa » centrale, comme le boucher du coin ou l’élu CGT payé par EDF.

Les individus ne voient pas plus loin que le pas de leur porte. Ils tiennent le discours de leurs habitudes, ils ont intériorisé les avantages présents de la centrale, pas du tout l’inéluctable fin de leur gagne-pain. Un référendum pour ou contre la fermeture ne ferait pas de doute à Fessenheim ; ainsi va la démocratie, soumise aux intérêts particuliers du court terme. Mais que sera Fessenheim dans cinquante ans ? Une friche industrielle ! Que sera la démocratie dans 50 ans ? Sans doute un éco-totalitarisme…

Nous avons dilapidé nos richesses matérielles en gadget et en réchauffement climatique. Nous aurions du conserver le travail patient de la terre, un régime plutôt végétarien, le sens des limites et celui de la méditation.

* LE MONDE du 3 janvier 2012, Union sacrée à Fessenheim pour défendre la centrale nucléaire

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L’incapacité des politiques à Fukushima et ailleurs

Le problème essentiel des centrales nucléaires, c’est que leur gestion (construction, fonctionnement, démantèlement, gestion des déchets) dure des dizaines et des dizaines d’années, si ce n’est des siècles. Or nous ne pouvons même pas déterminer l’état de nos sociétés dans deux ans. L’instabilité économique, socio-politique et écologique est trop grande pour s’aventurer à des pronostics. Nous avons vu la surprise de tous les  « spécialistes » face aux premiers chocs pétroliers des années 1970 ou face aux multiples crises financières actuellement. Guerre ou effondrement, tout est possible, sans prévenir. Qui va pouvoir assurer que le site de Fukushima pourra être réhabilité d’ici 40 ou 50 ans ? Avec quel financement ? Déjà l’action de Tepco a perdu 10 %. Comment cette compagnie peut-elle assurer le coût du démantèlement après avoir indemnisé toutes les victimes de l’accident nucléaire ? S’il y a nationalisation de Tecpco, donc prise en charge publique des coûts, qui peut assurer que l’Etat japonais sera solvable quand il faudra ? Regardons plus précisément l’étendue des dégâts :

– Le 16 décembre 2011, la température au fond des cuves est inférieure à 100 degrés dans les trois réacteurs endommagés de la centrale nucléaire de Fukushima. Or un véritable « arrêt à froid » n’a de sens que si le réacteur est en bon état, avec son combustible en place, prêt à être retiré. Mais le combustible des trois réacteurs a fondu, percé la cuve et pénétré la couche de béton de l’enceinte de confinement. Comme l’état réel du combustible reste inconnu, un refroidissement n’exclut pas le risque d’une nouvelle réaction en chaîne. Sans compter un nouveau séisme, dont la probabilité est élevée. Sans compter la décontamination des zones polluées qui concerne une superficie de 2 400 km².

– Le 21 décembre, le gouvernement japonais prévoit un démantèlement s’étalant sur une durée de 40 ans. Il faudra d’abord enlever le combustible usé des piscines, puis extraire le combustible fondu dans les réacteurs 1 à 3. Mais le ministre japonais de l’environnement ne sait pas encore comment on fera, les techniques actuelles ne sont pas adaptées à de tes problèmes. Nos techniques créent plus de problèmes qu’elles n’en peuvent résoudre, nous montrons une incapacité chronique à faire face aux risques. Rien n’a changé, voici ce que déclarait en 1972 le ministre français de l’environnement Robert Poujade :

Question* : Le développement des centrales nucléaires accroît la production de déchets radioactifs. Le problème de leur stockage n’est pas résolu…

Robert Poujade. – Je ne le crois pas, en effet. C’est une impression personnelle, je m’empresse de le dire. Le problème est difficile. Je n’entrerais pas dans le détail des techniques de stockage des déchets. Y en a-t-il une qui soit souveraine ? Je n’en suis pas sûr.

Q : Le directeur de la Commission de l’Energie atomique américaine a conclu que la seule solution était de lancer les déchets dans l’espace.

R.P. – C’est une solution d’une technologie tellement avancée que je ne me sens pas qualifié pour vous répondre !

* La dernière chance de la terre (hors série du Nouvel observateur, juin juillet 1972)

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l’électricité en France, 13 décembre 2026

Les capacités d’EDF, fonctionnelles jusqu’à la catastrophe de la centrale nucléaire de Blaye (décembre 2018), n’ont jamais été rétablies par le Réseau intermittent d’électricité (RIE). L’arrêt de la fourniture d’électricité allemande et espagnole en 2023, a aggravé la situation. Même Paris, qui était encore correctement alimenté il y a peu, est touché. La capitale est exaspérée par les coupures sauvages d’électricité. Les rationnements provoquent une frustration toujours plus grande parmi les Français. Les inégalités dans l’accès à l’électricité augmentent l’amertume des plus défavorisés. Plus de 90 % des habitants de la Bretagne vivent avec au moins douze heures de coupures quotidiennes. Les délestages signifient, pour ceux qui n’ont pas d’alimentation en électricité privée (plus de 42 % de la population), des maisons plongées dans l’obscurité dès la tombée de la nuit ou des heures de paralysie sans pouvoir utiliser d’appareils électriques.

Pour une couverture minimale durant les heures de délestage, les abonnés aux générateurs (bruyants, très polluants et illégaux) font face à des frais toujours plus difficiles à soutenir. Parmi les industriels, les coûts en énergie sont si élevés qu’ils mènent parfois à la faillite. Chez tous, les coupures nourrissent le sentiment d’une incurie totale de l’Etat. Les dirigeants sont perçus comme corrompus et opportunistes, à incapables de résoudre les problèmes. Ah, voir un politicien chercher une bougie pour s’éclairer, le rêve ! L’électricité reste l’un des rares thèmes sociaux capable de mobiliser.

Ce scénario est déjà décrit dans LE MONDE du 11-12 décembre 2011, « Au Liban, l’électricité de la colère ». Il nous a suffi de remplacer Liban par France, Beyrouth par Paris et de substituer à la guerre du Liban une catastrophe dans une centrale nucléaire. Les humains sont des animaux parmi les autres qui vivent normalement sans voiture électrique ni éclairage en pleine nuit. Il nous faudra considérer un jour que seule la lumière du soleil nous procure une énergie durable, il nous faudra accéder à d’autres valeurs que le tout électrique. Parions que d’ici 2026 tous les besoins faussement essentiels basés sur une électricité à flux continu tomberont dans les oubliettes de l’histoire ; avec une énergie intermittente, il faudra beaucoup travailler simplement pour obtenir un peu d’eau potable et l’alimentation de base.

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le lobby des économies d’énergie et Cancun

Il y a des lobbies pour le nucléaire, l’éolien, les Mac do, la RATP… pourquoi n’y aurait-il pas un lobby des économie d’énergie ? En effet, ça chauffe. Notre planète est sur une « trajectoire à haut réchauffement et à haut risque », à hauteur de + 3,5 °C en moyenne mondiale par rapport à l’époque pré-industrielle*. Les gouvernements n’ont plus guère que quatre ans pour inverser la tendance. Mais après l’échec de Copenhague et Cancun, la conférence de Durban sur le climat n’en prend pas le chemin**. L’Inde émet 2 tonnes de CO2 par habitant, la Chine 6 et les Etats-Unis 20. L’Inde veut donc pouvoir émettre d’avantage, les pays industrialisés ne veulent pas que soit pris en compte leur émissions du passé et ne veulent pas faire d’efforts pour le futur. Lors des présidentielles françaises,  qui parle du facteur 4, une réduction drastique de la consommation d’énergie? Personne.

Europe Ecologie-Les Verts serait normalement le parti à même d’animer un lobby des économies d’énergie. Mais EELV s’intéresse surtout à la production, pas à la consommation d’énergie. Pire, ayant excommunié gaz de schiste et nucléaire, EELV fait le choix implicite du charbon, le tueur de climat***. Il existe bien un organisme qui fait ce qu’il peut, l’ADEME (Agence de l’environnement et de maîtrise de l’énergie). Le site n’est pas très convaincant, les campagnes inaudibles face à la puissance publicitaire d’EDF ou des marcahdns de voitures, tous ceux qui nous incitent à consommer encore plus d’énergie. L’ADEME peut peu.

En fait nous avons oublié qu’il y a un lobby des économies d’énergie. Il est composé de tous ceux qui réduisent consciemment et consciencieusement leur facture énergétique. Vous voulez un exemple détaillé, lisez No Impact Man, édité en langue française. Et faites personnellement le maximum d’économies d’énergie… Le lobby fondamental, ce sont les consommateurs qui décident ou non d’acheter plus que le nécessaire. Sinon ça chauffera, et nous serons à la fois responsables et coupables.

* LEMONDE.FR avec AFP | 06.12.11 | Le climat sur la voie d’un réchauffement de 3,5 °C

** LE MONDE du 7 décembre, L’Inde exige un partage équitable de la facture climatique

***  Claude Henry | LEMONDE.FR | 07.12.11 | Au charbon les verts !

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Greenpeace attaque des centrales nucléaires

Greenpeace par intrusion dans deux centrales nucléaires apporte la preuve de leur vulnérabilité. Ce sont des « stress tests » gratuits pour le gouvernement ! Pourtant des commentateurs du monde.fr se déchaînent. Nous répondons.

– Pierre-Marie Muraz : « Il serait temps que les ayatollahs de Green Peace soient sanctionnés… »

Notre analyse : Les ayatollahs se trouvent du côté d’un système politique qui a mis en place des réacteurs nucléaires sans jamais consulter le peuple… Pierre-Marie Muraz ne peut l’ignorer, les écologistes ont passé la nuit en garde à vue, ils seront convoqués devant le tribunal correctionnel, ils seront sanctionnés*. C’est paradoxal. On devrait récompenser  des militants qui attaquent un système industriel qui pollue et qui n’a aucun avenir.  C’est donc Pierre-Marie Muraz  qui se comporte comme un ayatollah !

– Pierre Guillemot : « Dommage que les journalistes publient rarement des informations sur ces « militants », qui ils sont vraiment, d’où ils viennent, et de quoi ils vivent ? »

– Jean-Michel P : « J’ai du mal à croire que, avec les moyens qu’elle met en oeuvre, cette douteuse officine ne vive que des cotisations de gentils membres. Qui finance Greenpeace ? »

Notre analyse : Greenpeace est un mouvement international, peu importe la nationalité des militants. Il y a des firmes multinationales comme EDF ou AREVA, heureusement qu’il y a un certain contre-poids avec des ONG mondiales. Précisons que Greenpeace, contrairement à d’autres associations environnementalistes, est complètement indépendante car elle est financée uniquement par ses adhérents. En fait un cotisant milite par procuration, c’est comme s’il payait pour agir à sa place. Il faut dire que les actions de Greenpeace, tout non violentes qu’elles soient, sont souvent assez périlleuses à accomplir.

– Daniel Tourtois : « Par leur action (débile ?) ces militants professionnels n’ont réussi à démontrer qu’une chose: la sécurisation des centrales nucléaires passent par l’usage des armes contre toute tentative d’intrusion. »

– Eric Bricout : « En ne tirant pas – au moins, en sommation – les gendarmes ont failli. C’est tout. »

Notre analyse : En 2007, juste après la première intrusion de Greenpeace dans une centrale, le gouvernement avait mis en place deux premières unités du PSPG (Peloton spécialisé de protection de la gendarmerie nationale).  Nous aurons bientôt 20 unités soit 740 militaires. Une action non violente favorise donc le renforcement d’un système militarisé, ce qui va apparemment à l’encontre du but poursuivi. Mais il faut se rendre compte que, dès l’origine, le nucléaire civil étant l’enfant reconnu du nucléaire militaire, la construction de réacteurs relevait d’un système totalitaire et non d’un système démocratique. C’est un argument socio-politique majeur qui penche en faveur de l’absence totale du nucléaire dans une nation respectueuse des droits de l’homme.

– Jean-Michel Boissier : « Du terrorisme écologique. Rien de plus. Les actions de Greenpeace aussi motivées soient-elles, ne peuvent sortir d’un cadre légal. »

Notre analyse : Jean-Michel Boissier ne semble pas connaître la différence entre légalité et légitimité. Ce n’est pas parce que quelque chose est entré dans la loi qu’il faut considérer cela comme légitime. Sinon toute loi répressive et injuste serait validée ad vitam aeternam ! La désobéissance civile dont Greenpeace est un porte-parole permet la respiration de la démocratie. L’avortement a été jugé illégal, l’IVG est maintenant reconnu par la loi grâce à l’action des illégaux comme le MLAC (mouvement pour la libération de l’avortement et de la contraception). Le nucléaire était intouchable en France, il deviendra proscrit un jour comme il l’est déjà dans d’autres pays… grâce entre autres à Greenpeace.

* LEMONDE.FR avec AFP | 06.12.11 | Neuf militants de Greenpeace déférés au parquet

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Sarkozy-Chevènement, même discours, nucléariste

Nos politiques, qu’ils soient de gauche ou de droite, possèdent des éléments de langage qui leur ont été inculqués depuis plus de quarante ans par le lobby nucléaire. Voici par exemple une comparaison des discours de Chevènement* et Sarkozy** :

Chevènement : Nous assistons au triomphe de « l’idéologie de la peur ».

Sarkozy : A plusieurs reprises, Sarkozy a répété le mot « idéologie » pour qualifier les positions de la gauche.

Chevènement : Les « forces de progrès » sont encore puissantes dans la gauche et dans le pays.

Sarkozy : Face au retour au Moyen-Age, le progrès… On ne va pas retourner à la bougie !

Chevènement : Le triomphe de « l’idéologie de la peur » sur notre continent contraste avec la confiance en eux des pays émergents tournés vers la science et la technologie, ne manquerait pas d’accélérer notre déclin.

Sarkozy :Devons-nous être le seul pays qui tourne le dos au progrès ?

Chevènement : Le Parti socialiste s’éloigne de ses racines.

Sarkozy : Ce choix, ce n’est pas moi qui l’ait fait, il fait l’objet d’un consensus qui réunissait la gauche et la droite quelle que soit la famille politique qui était au pouvoir.

Chevènement : Ce serait un tournant culturel grave pour la France.

Sarkozy : Le nucléaire est l’intérêt supérieur de la France.

Chevènement : Nous nous laissons imposer un choix contraire aux intérêts du pays…

Sarkozy : Notre parc nucléaire constitue une force économique et stratégique considérable pour la France.

Chevènement : les entreprises françaises, qui bénéficient d’une électricité 40 % moins chère que dans le reste de l’UE, perdraient cet avantage comparatif, ce qui aggraverait leur problème de compétitivité.

Sarkozy : Le chef de l’Etat s’est fait le défenseur du pouvoir d’achat avec une électricité deux fois moins chère selon lui qu’en Allemagne et ce, grâce au nucléaire.

Chevènement : Le coût du MW/h du parc nucléaire français est de 42 euros. Le coût de l’éolien terrestre s’élève à 90 euros/MWh, l’éolien marin est à 150 euros/MWh et le solaire photovoltaïque à 250 euros/MWh.

Sarkozy : Je souligne les limites de l’éolien et notamment de son coût ainsi que du photovoltaique « qui représente 5 à 10 fois le coût de production de l’énergie nucléaire ».

Chevènement : L’éolien et le solaire produisent trop peu. Une éolienne terrestre ne produit que 20 à 25 % du temps, une éolienne maritime 30 à 35 % et le solaire photovoltaïque en France 10 à 15 %.

Sarkozy : Les énergies renouvelables sont par nature, intermittentes… Et oui, la nuit, il n’y a pas de soleil.

* LE MONDE du 22.11.11 Nucléaire, non à l’énergie de le peur ! (le point de vue de Chevènement)

** LEMONDE.FR | 26.11.11 | Pour Nicolas Sarkozy, le nucléaire est « l’intérêt supérieur de la France »

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Chevènement, des présidentielles pro-nucléaire

Jean-Pierre Chevènement nous présente un point essentiel de son programme pour 2012 :

« Sortir du nucléaire, c’est casser une infrastructure très rentable et la remplacer par une autre, plus polluante, émettrice de CO2. C’est vouloir une augmentation du prix de l’électricité. Le coût du MW/h du parc nucléaire français est de 42 euros seulement, le solaire photovoltaïque à 250 euros/MWh ! L’image d’un monde éclairé par la seule grâce du soleil et du vent que nous présentent les partis écologistes est un leurre, une erreur dramatique. L’éolien et le solaire sont non seulement chers, mais ils produisent trop peu : ce sont des énergies intermittentes, le vent s’arrête, la nuit tombe.

« Sortir du nucléaire serait obéir à la dictature de l’émotion. N’ayons pas peur, Fukushima n’a pas été « l’apocalypse » annoncée dans la panique des premiers jours, ni même un accident nucléaire très grave. L’industrie charbonnière fait 2 500 à 3 000 morts par an en moyenne, Fukushima deux seulement. Ne nous laissons pas imposer par les écolos un choix purement idéologique et contraire aux intérêts de notre beau pays. En octroyant un groupe parlementaire aux Khmers verts, le Parti socialiste s’éloigne de ses racines républicaines ainsi que des valeurs des Lumières héritées du rationalisme cartésien (croyance en la Raison, liberté de la recherche, volonté de progrès, etc.).

« Sortir du nucléaire serait un tournant culturel grave pour la France et pour l’Europe car le triomphe de cette « idéologie de la peur » sur notre continent contraste avec la confiance en eux des pays émergents tournés vers la science et la technologie. Ne succombons pas au mythe du déclinisme de la France, notre nation chérie. Continuons d’être fier de notre chant guerrier, la Marseillaise. Que tous les élèves du primaire reprennent en coeur nos fondamentaux. Soyons prêt, s’il arrive un Tchernobyl en France, à se sacrifier pour notre mère patrie. Construisons des centrales nucléaires, exportons nos EPR.

La sortie du nucléaire, c’est finalement le triomphe du dogmatisme, le triomphe de « l’idéologie de la peur » à la sauce Hans Jonas (« l’heuristique de la peur ») ou Ulrich Beck (« la société du risque »). Cette idéologie a déjà contaminé notre Constitution avec un « principe de précaution » qui n’a rien de scientifique. Car, sachons-le, la Constitution française est d’ordre scientifique ; avec moi, la politique et la science travailleront la main dans la main. Mon camarade François Hollande a succombé au chantage d’Europe Ecologie-Les Verts. C’est un mou, incapable de gouverner… Votez pour moi aux présidentielles, vive Areva, vive la France. »

NB : Pour consulter le texte intégral de Chevènement,

LE MONDE du 22 novembre 2011, Nucléaire : non à l’idéologie de la peur !

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Sortir du MOX, sortir du nucléaire

Le Mox est un mélange d’oxydes, uranium et plutonium de récupération. Aujourd’hui, les réacteurs à eau sous pression produisent un plutonium qui peut être réutilisé une fois en combustible mixte (Mox). AREVA produit 95 % du MOX utilisé dans le monde. C’est François Mitterrand qui a autorisé la fabrication du Mox*. Au cours de ses deux septennats, on va inaugurer 38 réacteurs sur les 58 en fonctionnement aujourd’hui. Au fond de lui-même, Mitterrand assimile la technologie nucléaire au progrès. On ne connaissait même pas le nom du conseiller chargé de l’environnement durant les deux premières années de son règne. En France, les responsables politiques continuent d’affirmer que « la » solution à la lutte contre le changement climatique est le nucléaire ; ils nous entraînent en fait vers un cumul des risques. Les EPR sont conçus pour fonctionner largement avec du combustible Mox**. Or l’usage de ce combustible entraîne une série de risques, pollutions et difficultés de gestion particulièrement importants. Une fois brûlé, le plutonium encore contenu dans le Mox*** n’est plus techniquement réutilisable car sa composition chimique a changé.

Alors que la France s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, aucune mesure symétrique n’a été prise pour contrôler à la source la croissance du stock de déchets nucléaires et de matières potentiellement proliférantes comme le plutonium. L’hypothèse la plus probable est que les pouvoirs publics se contentent de regarder déraper les consommations et les émissions de gaz à effet de serre sans prendre les mesures nécessaires à la maîtrise des consommations, ni arriver à réaliser leur ambitieux programme nucléaire. En somme, on nous propose à la fois le nucléaire ET le changement climatique. Que fait le PS ?

Le bureau national du PS, après avoir validé le contrat de mandature avec EELV, a retiré le paragraphe sur le Mox (« reconversion à emploi constant de la filière de retraitement de la fabrication du MOX « ) à la hussarde. Le lobby nucléaire avait envoyé des textos en plein BN ! Mais les deux négociateurs, Michel Sapin (PS) et Jean-Vincent Placé (EELV), viennent de préciser que le Mox**** faisait bien partie de l’accord entre leurs deux formations… avec l’assurance de ne pas s’attaquer au retraitement et au combustible Mox d’ici 2017 en cas de victoire de la gauche ! La toute puissance d’Areva commence quand même à être remise en question. Ce n’est qu’un début, continuons le combat…

* 2007 Des cancres à l’Elysée (5 Présidents de la république face à la crise écologique) de Marc Ambroise-Rendu

** 2004 SO WATT ? (l’énergie, une affaire de citoyens) de Benjamin Dessus et Hélène Gassin

*** La Tribune.fr, 10 novembre 2010

**** LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 17.11.11 | 15h20 le PS et EELV trouvent un compromis sur la filière MOX

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Sortir du pétrole ET Sortir du nucléaire

Sortons du pétrole, laissons le pétrole sous terre, c’est aussi important que de sortir du nucléaire. Car la valeur du pétrole est incommensurable. Il faut environ 100 millions d’années pour « produire » du pétrole ; si la nature était une marchande capitaliste, à combien nous offrirait-elle le litre de super ? Certainement  pas à 100 dollars le baril, ni même à 1000 ! Pourtant Antoine Reverchon* s’escrime à envisager un brillant avenir pour le pétrole : « Les découvertes de nouveaux gisements reculent sans cesse la date du « pic de production »… « Les entreprises du secteur pétrolier et gazier voient leurs actions servir de valeurs refuges à l’heure où les titres d’Etat sont risqués. » Pourtant le pic du pétrole conventionnel est dépassé depuis deux ou trois ans !

Antoine Reverchon ne voit qu’une limite au pétrole, le réchauffement climatique : « L’Agence internationale de l’énergie (AIE), dans son rapport World Energy Outlook 2011, révèle que la combustion de l’énergie fossile produite actuellement et dans les années à venir par les équipements existants en 2010 (usines, transports, bâtiment) provoquera, à l’horizon 2050, un réchauffement du climat de 6° C, alors que notre économie planétaire ne pourraient absorber sans catastrophe majeure qu’une élévation de température de 2°C. » Alors « la valorisation des entreprises du secteur énergétique n’a pas de sens économique puisqu’elle ne tient pas compte du risque climatique. »  Mais « pour les investisseurs, le scénario de la production jusqu’à la dernière goutte reste le plus attractif. »

Contre la myopie de ces « investisseurs » et de leurs marchés, il faudrait dès aujourd’hui se préparer au plus vite à des changements structurels de nos modes de vie pour éviter le double fléau de la pétrole-apocalypse et du cataclysme climatique. Seule une augmentation du prix du pétrole constante et progressive, dont les royalties iraient à la promotion des économies d’énergie et non aux rentiers du pétrole, permettrait une prise de conscience mondiale. Cela ne peut se faire que si une volonté politique forte et cohérente incite à l’augmentation régulière et programmée du prix des énergies fossiles. La campagne présidentielle française de 2012 a commencé, aucun des candidats n’envisage une telle politique. Nos dirigeants sont aussi aveugles que les marchés… Il faudra voter écolo dès le premier tour, au pays des aveugles les borgnes sont rois.

* LE MONDE économie du 15 novembre 2011, Quelle est la vraie valeur des réserves d’énergie fossile ?

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HOLLANDE et SARKOZY, main dans la main nucléaire

Le bras de fer entre François Hollande et EELV à propos de l’EPR à Flamanville serait largement incompréhensible si on ne savait pas de quel poids le lobby nucléaire a pesé sur le PS. Le CEA, EDF et Areva noyautent depuis des années la commission nationale environnement du parti et les vieux cadres du PS sont tous des nostalgiques du nucléaire, à l’égal de la droite.

Michel Rocard est donc pronucléaire*, comme Copé. Ses arguments ? « Le charbon tue beaucoup plus de gens que le nucléaire… Je n’ai pas été d’accord avec l’idée de Hollande de réduire de 75 % à 50 % la part de l’électricité nucléaire en France… Vouloir attenter au nucléaire est une folie… Il nous faut retrouver sur le nucléaire de la sérénité… » On croirait du Giscard d’Estaing !

Arnaud Montebourg est pronucléaire, comme la droite. Ses arguments ? « Arrêter un chantier où on a déjà dépensé quelques milliards, c’est de la destruction de valeur. » On croirait du Chevènement : « Nous n’avons pas investi dans le nucléaire 500 milliards d’euros depuis un demi-siècle pour les voir partir en fumée. »

Jean-Pierre Chevènement est pronucléaire, comme Sarkozy. Ses arguments ? « J’observe que sur la poursuite des travaux de l’EPR, François Hollande a tenu un propos clair et ferme. Et je pense qu’en restant ferme, il acquiert quelque chose qui le rapproche d’une stature de présidentiable. » Il recopie Pierre Moscovici : « Nous ferons Flamanville, c’est une décision de François Hollande, c’est un acte de fermeté, c’est une position de principe. » … « Au nom de la France », on croirait du Guéant !

François Hollande fait moins bien que Jospin. Devenu Premier ministre de Jacques Chirac en mai 1997, les écologistes participaient au nouveau gouvernement ; Jospin leur donne un os à ronger en prononçant cette phrase le 19 juin : « Le surgénérateur qu’on appelle Superphénix sera abandonné. » La question des sommes déjà investis ne pèse donc pas grand chose quand on a des « principes ». Pour l’instant, sur la question nucléaire, nous ne trouvons pas tellement de différence entre Sarkozy et Hollande. Sauf que sur les autres questions écologistes, Hollande est encore moins bon que Sarkozy. Et ce ne sont pas les vieux éléphants du PS qui vont aider Hollande à y voir plus clair.

LEMONDE.FR | 14.11.11 | Nucléaire : Montebourg, Rocard et Chevènement soutiennent Hollande

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démographie et énergie, le couple infernal

Avec notre passage à 7 milliards d’habitants début octobre, beaucoup a été écrit sur l’eau, l’alimentation, l’éducation et tous les risques de conflits, mais presque rien sur les scénarios énergétiques. Or tout ramène à l’énergie. On peut en théorie dessaler l’eau de mer, mais il faut de l’énergie. L’alimentation dépend de la répartition des terres entre cultures vivrières et agrocarburants. Dans des villages en Inde, on lance l’unique générateur d’électricité pour que les élèves puissent faire leurs devoirs le soir. La natalité aussi est affaire d’énergie. Une femme qui accouche sans aide médicale aura consommé quelque 90 kWh en neuf mois. Une femme occidentalisée, après des visites médicales régulières, des échographies, un accouchement en maternité, consomme l’équivalent énergétique d’environ 4 000 kWh.

Pour Jacques Foos et Yves de Saint Jacob*, l‘avenir souhaitable est que toutes les femmes du monde bénéficient de 4000 kWh. Pour eux, l’évolution de la population mondiale va « – et doit – » se traduire par une augmentation considérable de la consommation en énergie plus importante que la croissance démographique : « Comment penser que le monde va consommer l’énergie à un rythme inférieur à celui du XXe siècle… Notre discours n’est en aucun cas catastrophiste… La science et les techniques vont progresser. Les besoins futurs rendent irresponsables ceux qui s’opposent par idéologie à certaines énergies, qu’il s’agisse du nucléaire ou des gaz de schistes. »

Oh que c’est marrant ces idéologues qui, par idéologie, font acte de foi en la technique et la multiplication des besoins !Ces idéologues vivent sur le passé et traitent les autres d’idéologues ! Ils militent pour la croissance de la production énergétique sans concevoir que nous buttons contre les limites géophysiques de la planète. Yves Cochet nous paraît plus réaliste : « C’est la disponibilité à bon marché des énergies fossiles qui a permis à l’humanité de vivre au-dessus de la capacité de charge de la planète. C’est-à-dire avec un si grand nombre d’humains pour un niveau de vie moyen. Cette époque s’achève avec l’arrivée du pic de pétrole, et vers 2025, du pic énergétique général. Il existe une corrélation historique entre la quantité totale d’énergie dans le monde et le niveau démographique lié au niveau de vie. Cette corrélation est si forte qu’on peut émettre l’hypothèse d’une causalité : moins il y aura d’énergie disponible, moins la planète pourra accueillir d’individus à un certain niveau de vie. Si cette hypothèse est vraie, comme je le crois, le nombre maximal d’humains sur terre, au niveau de vie moyen actuel, déclinera d’environ 7 milliards vers 2025 à environ 5 milliards en 2050, puis 2 à 3 milliards en 2100. En résumant, dans l’expression « niveau de vie moyen » sur la Terre, le rapport entre la consommation d’énergie par personne et la population, on pourrait énoncer que plus le niveau de vie est élevé, moins la planète peut accueillir de personnes. »

En conséquence nous estimons sur ce blog pouvoir dire avec une certitude très probable que jamais toutes les femmes de la planète ne bénéficieront d’une échographie. Pour Jacques Foos et Yves de Saint Jacob, il s’agit en fait de préserver le niveau de confort d’une oligarchie mondiale en faisant croire que le nucléaire va sauver les plus pauvres « dans le futur ». Cela nous paraît plus qu’irresponsable, plus que mensonger, dégueulasse !

* Démographie et énergie, un couple indissociable, Point de vue | LEMONDE.FR | 10.11.11 |

** Antimanuel d’écologie d’Yves Cochet (Bréal, 2009)

NB : Comme c’est bizarre, le Professeur Jacques Foos a été titulaire pendant 25 ans de la chaire de sciences nucléaires du Conservatoire National des Arts et Métiers. Son livre co-écrit avec Yves de Saint Jacob « Peut-on sortir du nucléaire ? Après Fukushima, les scénarios énergétiques de 2050 » conclut comme par hasard que nous ne pourrons pas nous passer du nucléaire dans l’avenir…

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critique constructive du scénario Négawatt par Benoît Thévard

En résumé : « Ce scénario qui reste le plus abouti jamais réalisé pour une réelle transition énergétique. Mais il est nécessaire de remettre certains paramètres dans le contexte actuel. Dans le scénario nW, la sobriété ne représente qu’un quart de la réduction des consommations d’énergie. Environ 75% seraient obtenus grâce à l’efficacité énergétique, c’est-à-dire au renouvellement des équipements. Quelle aubaine, pour les grosses industries, de voir un scénario qui ne peut fonctionner que grâce à leur technologie de pointe ; cela implique une économie de croissance, impossible croissance. Que deviendront ces grosses industries après le pic pétrolier, avec une économie en crise et des états sur-endettés ? Il s’agit d’une réalité physique non prise en compte dans ce scénario. J’ajoute que l’hypothèse de prix du pétrole, pour le scénario, a été fixée à 80$/baril. Cette hypothèse, à l’avenir, ne tiendra qu’en période de récession, c’est-à-dire lorsque la consommation et les investissements diminueront. La sobriété doit prendre une place beaucoup plus importante

Cette démonstration technique est vraiment rassurante pour une population qui rechigne à modifier ses comportements. Pour moi, c’est une erreur de miser autant sur l’efficacité énergétique et aussi peu sur la sobriété. Cette dernière demande surtout du bon sens et de l’organisation intelligente et collective. Ce qui ne veut pas dire que c’est simple. Par exemple, je n’imagine pas qu’en 2050, la voiture individuelle puisse avoir une place presque aussi importante qu’aujourd’hui. C’est pourtant ce que propose ce scénario.

Si ce scénario est une très bonne ligne de conduite pour l’Etat, il laisse le citoyen dans son rôle habituel de consommateur attentiste au lieu de l’inviter à une émancipation indispensable pour repenser son mode de vie. Si nous misons tout sur un scénario basé sur de la production industrielle, qu’il s’agisse de bien de consommation ou d’équipements énergétiques, nous prenons le risque de voir tous les efforts anéantis au premier crash boursier ou à la première pénurie d’énergie ou de matériaux. C’est d’ailleurs pour cela que j’invite plutôt à s’orienter vers une stratégie de résilience dans laquelle ces ruptures, bien qu’imprévisibles, sont assumées et anticipées. »

Source : http://www.avenir-sans-petrole.org/article-regard-sur-le-scenario-negawatt-2eme-partie-86002743.html

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les agrocarburants sont méchants

Il est amusant de constater que certaines propositions, jusqu’ici sèchement écartées sous prétexte d’extrémisme gauchiste ou d’écologie extrême, font leur bonhomme de chemin. Nous pouvons citer le contrôle du secteur de la finance (taxe Tobin) ou la sécurité alimentaire. Les biocarburants ont perdu de leur superbe ; ils sont devenus agrocarburants, puis nécrocarburants, et maintenant des organismes que personne ne connaît les dénigrent comme c’est pas possible. Ainsi le CSA (Comité de la sécurité alimentaire mondiale) *, qui en est à sa 37e session,  révèle ce qu’on savait déjà : les agrocarburants sont méchants.

Le CSA découvre que les politiques de soutien des nécrocarburants sont largement coupables de la flambée des prix internationaux des produits alimentaires en 2007-2008. Notre soif de carburant vient concurrencer les cultures vivrières et accélère la course aux terres arables. Les investissements à grande échelle nuisent à la sécurité alimentaire… Le CSA demande donc aux gouvernements la suppression des objectifs de consommation de biocarburants ;  le SCA suggère la fin des subventions et des tarifs douaniers relatifs à leur production et à leur transformation ; le CSA propose une dose de coordination internationale. Le CSA fait des rapports, mais nous savons bien que cela ne sera pas suivi d’effets. D’ailleurs, ni Aubry ni Hollande n’ont parlé en France des agrocarburants !

Si nous avons été si lents à mesurer collectivement la nocivité des agrocarburants, c’est aussi à cause de la complicité des médias. Si nous relisons nos billets sur ce blog réalisés en 2008, on s’aperçoit que les journalistes du MONDE avaient préféré soutenir l’industrie des agrocarburants plutôt que d’en faire une analyse objective, pression de la publicité exige…

11 septembre 2008, agrocarburants ou culture vivrière ?

11 juin 2008, abengoa bioenergy

28 février 2008, le  cycle de la vie et de la mort

* LE MONDE du 18 octobre 2011, Les biocarburants dans le collimateur du Conseil de sécurité alimentaire

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Jean-Michel Bezat occulte la fin du pétrole

Jean-Michel Bezat occulte la fin du pétrole en laissant trop de place à un écolo-sceptique, Daniel Yergin. Son article du MONDE* est d’autant plus biaisé qu’il dévalorise les analystes du pic pétrolier, traités d’adeptes du peak oil alors que ce sont des géologues confirmés. Voici quelques précisions :

Daniel Yergin est un écrivain-historien, pas du tout un géologue pétrolier. Etre diplômé en relations internationales ne permet pas de parler du pic pétrolier… mais il est vice-président d’IHS, puissante agence d’intelligence économique considérée comme très proche des majors américaines du pétrole. Yergin est donc un vendu au capital, il joue le même rôle que les climatosceptiques, enfumer l’auditoire… En termes polis, il s’agit de lobbying. La réponse de l’ingénieur pétrolier Jean Laherrère à Yergin, exposée sur lemonde.fr par le blog d’Auzanneau, semble beaucoup plus convaincante que cet article du MONDE qui laisse un peu trop de place aux adeptes du pétrole « Y’a pas de problème ». Selon Laherrère, les « capteurs numériques » cités par Yergin servent seulement à impressionner les actionnaires. A ce jour aucun champ parvenu à maturité n’a vu ses extractions augmenter de façon significative avec ça. Prétendre comme le fait Yergin accroître les réserves n’est rien de plus qu’un vœu pieux, auquel ne correspond pas la moindre étude sérieuse. La technologie ne peut en rien modifier la géologie d’un réservoir ! On produit plus vite, accélérant d’autant le déclin des champs matures…

Quant à Jean-Michel Bezat, il suffit de rappeler ses articles antérieurs pour mieux connaître son parti pris. Sous la rubrique matières premières (29-30 mars 2009), il s’interroge doctement sur le juste prix du pétrole ou optimum économique. A-t-il la réponse ? Oui, il a la réponse : « Le prix équitable se situe autour de 70 dollars ». Pour l’affirmer, il suffit au journaliste de recopier ce que réclame les pétromonarchies du Golfe. Le 25-26 janvier 2009, Bezat nous parle bien du pic pétrolier, mais celui de la demande, qui va baisser pour la première fois depuis un quart de siècle. Pour le pic de production, pas besoin de s’inquiéter : « Le pétrole irriguera encore l’économie pendant des décennies, comme il l’a fait sans discontinuer depuis cent ans ». Ce n’est pas avec de tels journalistes que nous sortirons de notre dépendance envers le pétrole, l’affairisme est valorisé, ils sont comme  des serpents que notre planète nourrit en son sein comme une trop bonne mère. Mais n’occultons pas à notre tour la conclusion de Jean-Michel : le sursis que les pétroliers s’accordent ne fera que rendre plus difficile la résolution de l’équation climatique.

* LE MONDE du 29 septembre 2011

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les socialistes sont pro-nucléaires

Si la genèse du nucléaire hexagonal repose sur un usage militaire, son histoire irrigue celle de « la gauche » (lorsque j’emploie ce vocable dans un contexte politique, je l’entoure systématiquement de guillemets).

1/5) un membre du PC, concepteur de la bombe atomique

Le 4 mai 1939, le physicien Frédéric Joliot, membre du Parti communiste, déposa via la Caisse nationale de la recherche scientifique (Paris) à l’Office national de la propriété industrielle, en compagnie de ses collègues du Collège de France, Hans von Halban et Lew Kowarski, le brevet «Cas N° 3», intitulé «Perfectionnement aux charges explosives», le mode d’emploi de la bombe A. Sous son égide, la France acquit l’intégralité de l’eau lourde norvégienne et s’assura de l’approvisionnement en uranium dans le Haut-Katanga (Congo) ; elle devint la première importatrice de ce minerai. Le co-lauréat, avec son épouse Irène, du Prix Nobel de chimie, en 1935, dirigea, dès sa création, le 18 octobre 1945 par le général Charles de Gaulle, le Commissariat à l’énergie atomique. Il en fut évincé après qu’il eut lancé, le 19 mars 1950, l’Appel de Stockholm afférent à l’interdiction absolue de l’arme de destruction massive dont il apparut, avec les physiciens d’obédience socialiste, Francis Perrin et Yves Rocard, comme un des géniteurs. Taraudé par ce que je qualifierais de «syndrome Frankenstein/Einstein», le concepteur de la pile «Zoé» au fort de Châtillon (à cinq kilomètres au sud de la capitale) réalisa avec effroi l’incommensurable nocivité de son «œuvre».

Le décret du 26 octobre 1954, signé par Pierre Mendès-France, président du Conseil, matérialisa noir sur blanc la détermination de construire le terrifiant engin de mort. Guy Mollet, qui cornaqua, sous la bannière de la Section française de l’Internationale ouvrière, le gouvernement entre le 1er février 1956 et le 13 juin 1957, acquiesça au plan quinquennal incluant la force de frappe, alors qu’il avait longtemps prôné une position «pacifiste», majoritaire dans sa formation.

2/5) la conversion du parti socialiste au nucléaire

Au printemps 1976, Charles Hernu, Robert Pontillon, Jean-Pierre Chevènement, Didier Motchane et Lionel Jospin achevèrent, au fil de motions internes aux tournures plutôt floues, de convertir le PS au nucléaire militaire. L’adhésion au volet civil suivrait incessamment. Au préalable, à l’aube d’un scrutin que beaucoup considérèrent comme crucial, il convenait de se démarquer du giscardisme. Le projet socialiste, édité au 1er trimestre 1980, insista sur «l’organisation d’un débat démocratique, non biaisé», impliquant «une opinion informée disposant d’un esprit critique…». La nouvelle majorité voterait dès son accession aux leviers de l’État une loi garantissant «les modalités de contrôle des citoyens et des élus sur le processus de décision», tant nationalement que régionalement, y compris dans le domaine de la sûreté nucléaire. Ces points figurèrent également dans les fameuses «110 propositions», dont les auteurs promirent de veiller à une diversification du panel, de pair avec une vaste palette d’économies d’énergie…

Au lieu de cela, les gouvernants propagèrent le chauffage électrique, une de ces aberrations d’envergure qui germent régulièrement dans le cerveau déjanté de bureaucrates patentés et de leurs hommes-liges. Si aujourd’hui la France végète, à l’échelle de la «vieille Europe», en queue de peloton quant à la promotion des sources renouvelables, nous le devons essentiellement à celles et ceux qui jurèrent, avec des accents rimbaldiens, de «changer la vie» !…

3/5) le nucléariste Mitterrand et sa suite

François Mitterrand abandonna simplement le projet de Plogoff (1), à la pointe du Raz (Finistère) de même que l’extension du camp dévolu aux jeux guerriers sur le plateau du Larzac. Assumant pleinement «l’héritage» de ses prédécesseurs (2), le «florentin», maître ès-esquive et manipulation, s’empressa non seulement d’enterrer le moratoire, comme l’idée d’une consultation du Parlement et a fortiori des citoyen(-ne)s, mais il accéléra les constructions en cours, en commanda d’autres, tout en ne modifiant pas d’un iota l’option de la dissuasion. Je rappelle qu’Anne Lauvergeon, récemment blackboulée par Nicolas Sarkozy des rênes d’AREVA, fut une sherpa et une groupie du «sphinx».

Nous avons loupé le coche du nécessaire tournant à l’été 1981, lorsque l’électricité d’origine nucléaire représentait 38% du «mix». Au terme de la première (et unique) législature socialo-communiste sous la cinquième République, le chiffre avoisina les 60%. Après la cohabitation du 20 mars 1986 au 10 mai 1988, avec Jacques Chirac à Matignon, le retour du PS aux affaires (jusqu’au 29 mars 1993) coïncida avec le quasi-bouclage du parc des centrales. Depuis, la proportion du courant généré par la fission ne variera plus guère : entre 75 et 78%, peu ou prou le double de «l’état des lieux» initial. La nomination de deux Verts au sein du cabinet de Lionel Jospin en qualité de Ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, Dominique Voynet (4 juin 1997 – 9 juillet 2001), puis Yves Cochet (10 juillet 2001 – 5 mai 2002), n’impulsa aucune esquisse d’alternative. L’actuelle maire de Montreuil signa une dizaine de décrets concernant cette occurrence, par exemple l’introduction du combustible MOX dans les installations de Chinon (Indre-et-Loire) et l’érection de deux  tranches à Civaux (Vienne) ou encore l’autorisation d’un chantier en vue de l’enfouissement éventuel de déchets radioactifs à Bure (Meuse)…

4/5) les accointances de Dominique Strauss-Kahn avec le lobby nucléaire

Dans leur essai, Les vies cachées de DSK (Le Seuil, mars 2000, 249 pages, 18,30 €), Véronique Le Billon et Vincent Giret, journalistes au mensuel L’Expansion, consacrent le chapitre «Ministre privé» à certaines prestations «intellectuelles» exécutées par Dominique Strauss-Kahn. On y apprend ses accointances, aussi vénales qu’idéologiques, avec le lobby nucléaire. Après sa défaite aux législatives de mars 1993, le recalé de l’ÉNA créa DSK Consultants. Entre 1994 et 1996, EDF lui versa environ 1,5 million de francs, en particulier pour avoir favorisé la coopération franco-allemande sur l’EPR (Siemens/Framatome). Il se ficha comme d’une guigne que la Cour des comptes l’épinglât pour le montant de ses émoluments. De la Cogéma, le natif de Neuilly-sur-Seine palpa quelque 600 000 francs pour des interventions auprès de députés sociaux-démocrates qu’il s’agissait de convaincre quant à l’opération susvisée. Il «pigea» aussi pour l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs. Au total, il perçut jusqu’en 1997 en moyenne 200 000 francs par mois pour quelques rapports, courriers, entretiens de visu et coups de fil…

Alors que son… addiction à…l’atome lui avait rapporté gros, quelques-un(-e) de ses affidé(-e)s prétendent que l’ex-ponte du FMI envisageait un désengagement de ce mode de production énergétique. Celui qui avait trop longtemps entretenu la fiction quant à son pouvoir de «séducteur» quasi irrésistible avait déclaré qu’il «n’est pas souhaitable que l’humanité y renonce…» (4). Pas au harcèlement sexuel, au nucléaire !…

5/5) les socialistes après Fukushima

Après l’accident survenu à Fukushima, suite au séisme et au tsunami du 11 mars 2011, irritée par la résurgence de la polémique autour d’une technologie de toute évidence guère maîtrisable en cas d’emballement et potentiellement à très haut risque, Ségolène Royal avait reproché aux écologistes de ne pas respecter un «délai de décence». Benoît Hamon demande un «inventaire précis». Je l’affranchis ? La France compte cinquante-huit réacteurs d’une puissance globale de 63260 mégawatts (quarante-quatre sur les berges d’un cours d’eau, quatorze en bord de mer) répartis sur dix-neuf sites. Seuls les States la devancent : cent quatre. Jack-«Il n’y a pas mort d’homme»-Lang ne craint pas d’être foudroyé par le ridicule en pérorant sur une «énergie pacifique, non-polluante».

François Hollande estime qu’abandonner une industrie «où on est sans doute les meilleurs» (sic) serait «ni économiquement sérieux, ni écologiquement protecteur, ni socialement rassurant». On concédera au moins au président du Conseil général de Corrèze une franchise qui tranche avec les louvoiements chafouins d’autres hiérarques siégeant au 10 rue de Solférino.

Aurélie Filippetti, députée de la Moselle, a pris sans ambiguïté ses distances avec la position du bureau national, une «vision dépassée» (5). Elle a exhorté ses «amis socialistes à une prise de conscience». Mouais ! Martine Aubry a sonné les cloches à la franc-tireuse, non sans indiquer qu’elle adhère à la «logique des Verts en la matière». Une sortie au mieux d’ici vingt ans, donc ! Eu égard à l’urgence d’un revirement et d’une reconversion, une telle échéance, que la fille de Jacques Delors aurait néanmoins du mal à vendre à ses ouailles, équivaut aux calendes grecques…

René HAMM

Bischoffsheim (Bas-Rhin), le 9 juillet 2011

(1) Le 16 mars 1980, 50 000 personnes manifestèrent à l’occasion de la clôture de l’enquête d’utilité publique. Le week-end des 24 et 25 mai, près de 150 000 opposant(-e)s se rassemblèrent face à la Baie des trépassés, quelque 60 000 restèrent pour un fest-noz. Je signale le documentaire en 16 mm de Nicole et Félix Le Garrec, Plogoff : des pierres contre des fusils (112 minutes), sorti le 19 novembre 1980, qui avait attiré 250 000 intéressé(-e)s dans les salles obscures, ainsi que l’ouvrage de Gérard Borvon, Plogoff, un combat pour demain, paru le 15 juin 2004 aux Éditions Cloître à Saint-Thonan (Finistère), 224 pages, 19 euros chez l’auteur, animateur de l’association S-Eau-S : 20 rue des frères Mazéas 29800 Landerneau.

(2) Le 5 mars 1974, le premier ministre Pierre Messmer, disposant des pleins pouvoirs en raison de la maladie du Président Georges Pompidou (qui s’éteignit, le 2 avril suivant), lança la construction de la première ligne de TGV reliant Paris à Lyon et un gigantesque programme prévoyant six réacteurs par an pendant une décennie. Valéry Giscard d’Estaing en appliqua une partie.

(3) Le 16 juin 2007, il a adhéré au parti Die Linke (La Gauche). Depuis le 1er juillet 2010, il préside aux destinées du Centre pour le dialogue international et la coopération, une entité de la Fondation Rosa Luxemburg, à Berlin.

(4) La flamme et la cendre, Grasset, janvier 2002, 395 pages, 20 €. Dans cet assemblage de deux vocables que le thuriféraire de «l’économie de marché» avait récupérés dans un discours de Jean Jaurès, je perçois aujourd’hui, sans persiflage excessif, une métaphore de sa trajectoire, tant politique que privée…

(5) Le Monde du 16 mars 2011. Le 8 avril, celle qui évitait de se retrouver seule avec DSK dans un endroit fermé avait signé, avec Christophe Caresche, Jean-Paul Chanteguet, et Géraud Guibert, dans le quotidien vespéral une tribune titrée « Sortons du nucléaire ».

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bio, agro ou nécrocarburants ?

Pierre Le Hir, après des études de Lettres classiques, est devenu un journaliste scientifique du MONDE. Après un bourrage de crâne en janvier dernier sur le biofuel, Le Hir se rend compte aujourd’hui* que les agrocarburants (expression préférable à « bio »carburants) sont nocifs pour l’environnement. Il faut en effet corriger les performances annoncées par « le changement indirect d’affectations des sols ». Les cultures énergétiques, lorsqu’elles accaparent des terres agricoles, obligent en effet à déplacer les cultures alimentaires vers d’autres régions de la planète, ce qui entraîne une déforestation qui relâche du CO2 dans l’atmosphère. Au final, les agrocarburants génèrent de 81 à 167 % de gaz à effet de serre de plus que les carburants solides ! Mais Le Hir laisse croire encore à des « systèmes volontaires pour la certification de la durabilité des biocarburants ».

Non seulement on sait que toute recherche de profit empêche le volontarisme d’une gestion responsable (seul le pouvoir arrête le pouvoir), mais cette certification ne prend pas en compte le biais dénoncé plus haut. Le Hir termine par les hypothétiques carburants de seconde génération, « filières encore loin d’être opérationnelles ». La magie de la technique qui sauve est une constante de la société contemporaine et des journalistes qui la servent.

Le Hir ferait mieux de dire la vérité, la voiture individuelle est condamnée par la pénurie prévisible des carburants issus des énergies fossiles. Manger ou conduire, il faut savoir choisir. Il manque au MONDE ce petit brin d’esprit d’analyse approfondie, de synthèse ou tout simplement d’esprit critique, qui ferait que ce journal de référence soit bien au-dessus des canards que l’on distribue gratuitement.

* LeMonde du 20 juillet 2011, Le bilan environnemental global des cultures énergétiques n’est pas bon. Bruxelles s’interroge sur leur avenir.

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pourquoi et comment sortir du nucléaire

Pas plus tard que hier soir, nous avons écouté l’argument principal du député Yves Cochet sur le nucléaire : « Nous ne pouvons pas faire confiance à l’espèce humaine… La révolution industrielle s’est terminée par les boucheries des deux guerres mondiales, imaginez si les belligérants avaient déjà eu à l’époque l’arme atomique ! La nature humaine pousse à l’autodestruction. Imaginez une crise grave, qui va pouvoir gérer la maintenance complexe des centrales nucléaires ? Lors des inondations à la Nouvelle Orléans, 1/3 des  services de secours aux personnes ont fait défection, c’était chacun pour soi ! L’humanité est trop violente, trop lâche, trop irrationnelle pour être à la hauteur du nucléaire, qu’il soit civil ou militaire. Nous sommes dépassés par la mégamachine, cette monstrueuse bête technique qui semble fonctionner de façon autonome, sans la volonté humaine. Et la fusion est la grande énergie de l’avenir, et qui le restera toujours. »

Pourtant Yves Cochet reste  confiant. Plus on mettra en lumière les vices du nucléaire, plus on le fera disparaître, comme Dracula. De plus la sortie du nucléaire est possible avec la sobriété énergétique, l’efficacité énergétique, la montée en puissance des énergies renouvelables. Réduire de 50 % comme c’est possible nos 450 térawatts/heure d’électricité nucléaire permet d’ici 25 ans de trouver en substitut des 225 térawatts/heure qui restent à fournir des sources d’énergie fiable et durable. Il faut absolument ne plus acheter de congelés Picard, et abandonner son congélateur…

Yves nous conseille de consulter le site Global Chance, à l’initiative des scénarios Négawatts de sortie du nucléaire. Leur dernière mise en ligne hier, par Bernard Laponche : « Sortie du nucléaire : je suis sûr que les Allemands y arriveront ».

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l’énergie ne fait pas la démocratie

Selon Hervé Kempf*, reprenant Timothy Mitchell, le mode énergétique fait le système politique : « Les systèmes énergétiques traditionnels, par définition dispersés car dépendants des rayons du soleil, n’ont jamais offert une capacité d’action politique aux travailleurs. » Entre les années 1880 et l’entre-deux-guerres, « les ouvriers des pays industrialisés utilisèrent le pouvoir nouvellement acquis sur les flux énergétiques pour acquérir ou élargir le droit de vote, et surtout pour obtenir le droit de former des syndicats et de mener des actions collectives ».

Il est vrai que les esclaves énergétiques procurés par l’énergie fossile ont permis de supprimer la force des bras de l’esclave, mais on ne peut pas dire que les travailleurs ont alors pris le pouvoir. Un peuple de chasseurs-cueilleurs peut aussi bien fonctionner sur le consensus collectif qu’être le jouet d’un sadique ivre de son pouvoir. Il en est de même des sociétés complexes comme l’Allemagne industrialisée qui a connu le régime prussien et Hitler… Rudolph Diesel théorisait que son petit moteur libérerait le travailleur de sa dépendance des machines à vapeur et de l’exploitation capitaliste. C’était assez naïf. La technique qu’autorise une certaine forme d’énergie n’a jamais rien dit des rapports de pouvoir.

L’énergie nucléaire est aujourd’hui un système centralisé et non démocratique en France. Mais un pays qui approuve massivement le nucléaire par référendum est tout aussi possible. C’est pourquoi un avenir d’énergie décentralisée et renouvelable ne dit malheureusement rien de plus sur le partage du pouvoir. Autrefois, le moulin à vent ou à aube était propriété du seigneur auprès duquel on devait verser une taxe. La pratique démocratique découle d’abord d’une socialisation pertinente, pas du mode de production énergétique. Mais personne aujourd’hui encore ne nous apprend vraiment  à résister à la soumission volontaire, à pratiquer la défense civile non violente, à respecter la nature et à aimer ses prochains. Nous préférons nous battre pour le pouvoir ou subir la loi du plus riche ou du plus fort.

LeMonde du 19-20 juin 2011, Energie et démocratie

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