épuisement des ressources

retour à la charrue ?

Demain la plupart d’entre nous redeviendront agriculteurs. Alain de Janvry en détecte les premiers signes : « Quand la crise touche un pays, c’est le retour à l’agriculture de subsistance qui offre la seule option possible » (LeMonde du 4 février). Bien entendu ce professeur à Berkeley ne pense qu’aux pays à bas revenus, par exemple un million de résidents urbains sont actuellement en train de chercher refuge dans les régions rurales à Haïti. Mais en Chine, suite au tsunami financier, 20 millions de chômeurs urbains sont retournés à leurs communautés rurales d’origine. Or le prochain choc pétrolier va toucher non seulement les pays pauvres et les pays émergents, mais aussi les nations dites « développées ». Quand la crise touche les prix agricoles, l’emploi industriel et par ricochet le secteur des services, il y a licenciement massif, ce qui rend difficile la survie dans les villes ; la seule option (à part le banditisme) se trouve à la campagne.

C’est ce qu’Hervé Bourhis met en scène dans une BD intitulée « la main verte ». Le successeur de Sarkozy s’exprime à la radio : « Françaises, Français, nous avons avec mon gouvernement tenté de préparer la France à ces difficultés. Malheureusement, les études les plus pessimistes sous-évaluaient l’imminence de la pénurie, la production pétrolière est proche de zéro, etc. » Il n’y a plus de vente de BD, le dessinateur qui se met en scène perd son job, se retrouve vélo-taxi et pour finir va demander à son père des conseils de jardinage…

Personnellement, nous trouvons les deux analyses ci-dessus très pertinentes !

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no limits ? Absurde !!

No limits ! La société moderne formate les esprits pour éliminer tout sentiment des limites. Nous avons confiance dans un progrès technique qui accroît le progrès social et réciproquement, nous avons marché sur la lune et dominons les terres et les mers, la croissance économique est devenue l’incontournable nec plus ultra, etc. Si cette société rencontre des obstacles comme l’épuisement des ressources fossiles, peu importe, la puissance de créativité de nos techno-scientifiques va résoudre le problème illico presto. Ce sentiment de toute puissance se double d’une impression de totale liberté pour aller en avion à l’autre bout du monde plonger dans une mer turquoise. Du moins quand on appartient à la classe globale mondialisée dont le pouvoir d’achat permet d’entretenir ce monstre à 4 roues qu’on appelle auto-mobile.

Car la première limite de notre capacité de faire se trouve dans le niveau de solvabilité des individus. L’argent est un système de rationnement subtil mais efficace. L’absence de « pouvoir d’achat » constitue une limite absolue pour beaucoup, mais la classe globale apprend à ne plus regarder le SDF ou à ne plus se soucier de ceux qui crèvent de faim. Cette limite socio-économico-culturelle se double aujourd’hui du fait que nous dépassons les limites bio-physiques de la planète. A l’heure actuelle, nous avons dépassé de 30 % environ les capacités de régénération de la biosphère, ce qui veut dire que nous puisons dans le capital naturel. Une espèce de poisson qui ne peut plus assurer sa reproduction du fait d’une surpêche met beaucoup de temps pour s’en remettre même si on la classe comme espèce protégée. Une ressource non renouvelable partie en fumée est définitivement perdue pour les générations futures…. dans l’absolu.

Autrefois la population du dieu unique croyait que le paradis était accessible, mais après la mort ! Aujourd’hui les sirènes du monde moderne font croire que le paradis techno-industriel peut exister sur terre. Ce sont deux formes de croyance, ce sont toutes deux des religions, dans le sens qu’elles relient les individus à une certaine culture, ce qui empêche de penser de façon plus profonde, ce qui empêche pour la seconde de se limiter volontairement. Mais quand l’argent aura perdu toute valeur, on s’apercevra que l’argent ne se mange pas. Quand il n’y aura plus de pétrole, il restera encore la charrette à bras…

 

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Haïti peut être aidé, mais après?

Les écologistes profonds sont quasiment les seuls à se poser les vraies questions à propos des souffrances en Haïti : « Que se passera-t-il dans un monde aussi inégal qu’aujourd’hui, quand les catastrophes liées au changement climatique se multiplieront ? » La réponse est déjà en cours d’exécution, ce sont des guerres du climat. « Pourra-t-on supporter des aides d’urgence de plus en plus répétées ? » La réponse est NON. D’autant plus que les victimes du climat ne seront pas la seule source des difficultés géopolitiques. La raréfaction du pétrole va par exemple bloquer matériellement et financièrement les pays anciennement industrialisés, ces donateurs en dernier recours qui sont déjà si endettés. Bien entendu, il vaudrait mieux prévenir les catastrophes. Mais cela suppose d’en terminer avec la civilisation thermo-industrielle. Cela n’est pas à l’agenda des décideurs de ce monde, on l’a bien vu à Copenhague.

Alors on engage aujourd’hui des actions humanitaires, on décide des interventions militaires pour étendre la démocratie. Il se pourrait qu’un jour ce modèle occidental, avec toutes ses conquêtes en matière de démocratie, de libertés, de tolérance, de créations artistiques, apparaisse aux yeux d’un historien du XXIIe siècle comme un vestige incongru. Si du moins il y a encore des historiens au XXIIe siècle.

Ce modèle de société, si implacablement efficace qu’il ait été pendant 250 ans, parvient maintenant à une limite de son fonctionnement, une limite que personne ou presque n’avait soupçonnée si proche et si nette. Comme les ressources vitales s’épuisent, il y aura de plus en plus d’hommes qui disposeront de moins en moins de moyens pour assurer leur survie. Il est évident que cela entraînera des conflits violents entre ceux qui prétendent boire à la même source en train de se tarir, et il est non moins  évident que, dans un proche avenir, on ne pourra plus faire de distinction pertinente entre les réfugiés fuyant la guerre et ceux qui fuient leur environnement. Le XXIe siècle verra non seulement des migrations massives, mais des solutions violentes aux problèmes de réfugiés. La violence a toujours été une option de l’action humaine.

Sur le questionnement d’Hervé Kempf (LeMonde du 17-18 janvier), les réponses d’Harald Welzer (les guerres du climat)

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la fin de la bagnole

La mode du « développement » est une croyance contemporaine qui affecte aujourd’hui des milliards de croyants, même s’ils habitent Haïti. Au niveau du vocabulaire, cette croyance mondialisée au « développement » repose sur le point IV du discours du président Truman en 1949. La mise en pratique précède la théorie, elle débute avec la Ford T, née en 1908 et dont le 10 millionième exemplaire sort des usines en 1924. L’ère de la production et de la consommation de masse débute avec cette voiture moins chère qu’un cheval et destinée à tous dans un maximum de pays. LeMonde du 15 janvier titre de façon justifiée (mais sans doute  inconsciente) « le rêve renouvelé de la voiture mondiale » ; cette grande aventure motorisée va bientôt se terminer. Car ce n’était qu’un rêve et la mondialisation de la Focus ou la fabrication de la  Tata Nano ne va rien changer, tout au contraire, cela accélère la fin inéluctable de la bagnole. Les Indiens ou les Chinois n’atteindront jamais les niveaux d’équipement du monde occidental.

En effet, le déplacement d’une voiture gaspille une ressource fossile mise par la nature gratuitement à disposition de la civilisation thermo-industrielle. Mais, contrairement à l’usage d’un cheval, cette source d’énergie n’est pas renouvelable : plus on fabrique de voitures, plus on accroît l’imminence du pic pétrolier, ce moment où la production de pétrole va diminuer inexorablement. Alors nous nous rendrons compte que la voiture pour tous n’était qu’un rêve, entretenu par une pression médiatique et publicitaire absurde dont même LeMonde se fait régulièrement l’écho. Absurde ? Comme nos infrastructures, nos modes de production et de loisirs, nos modes de consommation et même notre alimentation dépendent du pétrole, la fin du pétrole ne sonnera pas seulement le glas de la bagnole, mais l’effondrement d’une civilisation.

Pour de plus amples informations, lire le livre de Richard Heinberg, The Party’s Over. War and the Fate of Industrial Societies, (2003) traduit en français par Pétrole : la fête est finie ! (2008).

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la fin de la mondialisation

Au cours de la décennie 2000 qui vient de s’écouler, quels sont les événements fondateurs du XXIe siècle ? Certainement pas le 11 septembre 2001 qui a plus ressemblé à un jeu vidéo qu’à un mouvement durable et généralisé. Le fait que le terrorisme international va s’amplifer ne fera que renforcer l’appareil répressif du monde occidentalisé, il ne change rien fondamentalement. Al Qaida est un bouton de fièvre, pas une maladie grave. Certains pensent que l’ampleur des menaces financières et écologiques poussera obligatoirement à la recherche de solutions à l’échelon supranational. Mais l’échec de Copenhague est durable, les nations n’abandonneront pas de sitôt la défense des intérêts de leurs ressortissants, même au détriment des équilibres de la planète. Non seulement il ne poussera pas des ailes à l’ONU, mais un machin planétaire est forcément incapable de réguler la complexité des activités humaines sur une planète dévastée. Le monde est solidaire en apparence, quelques sauveteurs  envoyés en ce moment à Haïti, profondément égoïste en réalité, chacun pour soi : nécessité fait loi.

C’est donc une démondialisation que le XXIe siècle connaîtra. En fait Obama, Sarkozy, Attac, Transition Towns poursuivent le même combat, qui va à l’inverse de la centralisation. Chacun en effet appelle aujourd’hui les entreprises à rentrer au bercail. Si certains surfent sur le patriotisme économique, d’autres imaginent déjà une nouvelle économie décarbonée et proche des consommateurs. Pour éviter la désindustrialisation forcenée qui alimente le chômage et fait grimper l’extrême droite, il faudra en effet régionaliser les économies. Pour éviter les chocs écologiques, il faudra relocaliser les productions. La self-reliance (l’autonomie territoriale) s’imposera à tous ceux qui ne peuvent plus rêver bénéficier de l’impossible prospérité promise à tous par le « développement » (la croissance) et le marché. Ils seront de plus en plus nombreux. La self-reliance est liée à l’économie de guerre et à la pénurie, mais le XXIe siècle sera un siècle de guerres et de pénuries. Le système mondialisé ne pourra survivre à son effondrement.

Cet article est une réponse au dossier du Monde (14 janvier 2010) « Ce siècle avait dix ans » qui conclut : «  C’est la force et la fragilité de nos sociétés que de n’être désormais rien sans les autres, des mondes forcément solidaires plutôt que clos par nécessité. »

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bientôt la fin du monde

Un de nos plus fidèles commentateurs nous écrit : « ce blog biosphere tente lamentablement de justifier, sous prétexte d’une urgence écologique qui n’existe que dans ses rêves, la mise en place de structures totalitaires. » Sur l’idée de totalitarisme, notre commentateur serait bien en peine de trouver sur ce blog une justification de ses dires. Notre philosophie se veut conforme à l’esprit de non-violence et adepte du sens de la responsabilité inhérente à chaque individu.

Sur l’urgence écologique, nous pensons avec beaucoup d’autres analystes que le XXIe siècle va être totalement différent de ce que l’humanité a connu jusqu’à maintenant ; les modifications des écosystèmes et de la culture des peuples ne seront pas lentes, mais très (trop ?) rapides. La rupture prônée par Sarkozy aux présidentielles n’est qu’un euphémisme par rapport à ce qu’il faudrait réellement faire : préparer l’humanité à la fin du pétrole et à l’augmentation brutale de son prix, préparer l’humanité à affronter des perturbations et des guerres du climat, essayer d’enrayer la baisse inéluctable des rendements agricoles et la perte de biodiversité, dépasser un système  capitaliste qui va être remis en question dans ses fondements (la publicité, le crédit et la division exacerbée du travail), dépasser les égoïsmes nationaux et le sociocentrisme dominant, affronter la gouvernance de 9 milliards de personnes en 2050, etc. Que ce soit clair, ce n’est pas la prochaine génération qui connaîtra des guerres civiles et des problèmes aux frontières, c’est déjà la notre. Le mouvement d’autodestruction de notre société thermo-industrielle ne va que s’amplifier au cours de ce siècle.

            Nous savons aussi, avec Serge Latouche, que la ruse de l’histoire serait qu’un pouvoir autoritaire se targue de la nécessité écologique pour faire accepter la restriction des libertés sans avoir à toucher aux inégalités. La gestion des épidémies, les accidents nucléaires, la gestion des réfugiés climatiques sont autant de motifs qui faciliteraient la restriction des libertés. On passerait ainsi du totalitarisme rampant de la ploutocratie actuelle, qui conserve encore un semblant de démocratie formelle, à un écofascisme musclé qui imposerait des restrictions draconiennes à une population affolée et apathique. L ‘« écologie » peut très bien être intégrée dans une idéologie néo-fasciste. Nous faisons tout notre possible, sur ce blog et ailleurs, pour qu’il n’en soit pas ainsi.

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supprimons les courses automobiles

Les experts ne savent plus quoi dire. Dans un même article, ils peuvent à la fois affirmer que la reprise économique va suivre (le cours des Bourses) en 2010 car c’est le sens de l’histoire et conclure avec Isaac Newton : « Je sais mesurer le mouvement des corps célestes, pas la folie des hommes. » (Jacques Marseille, Travailler plus, pour gagner plus, pour consommer plus, est dépasséLeMonde du 5 janvier). Jacques ne sait plus où nous pousse le vent de l’histoire puisque « si la Chine et l’Inde continuent sur le même rythme de croissance, d’ici quelques décennies, il faudra les ressources de quatre planètes pour soutenir la demande globale ». Mais dans le même numéro du Monde, le « Dakar » continue sa course folle. Comme l’exprime les premiers concernés (la Fundacion para la defensa del ambiente), cette course « est un amusement pour riches qui viennent jouer à l’aventure dans le tiers-monde ».

Les logiques économiques, sociales et culturelles qui président à la variabilité des actions humaines échappent à l’analyse de l’écologue : l’homme apparaît comme une population sujette à de perpétuelles mutations, une boîte noire particulièrement fantasque. Mais c’est aussi une personne à la recherche d’un bonheur partagé. C’est pourquoi nous avons besoin d’un chef d’Etat courageux qui dira au prochain sommet mondial :  

« Je suis là pour représenter les intérêts de ma patrie, mais je suis là aussi pour représenter les générations futures, tous les pauvres de notre planète, et notre Terre-patrie. C’est pourquoi je demande une mesure symbolique immédiate pour lutter contre nos émissions de gaz à effet de serre, l’arrêt de toutes les courses automobiles. En effet le temps n’est plus où des gens au volant n’avaient plus le temps d’admirer les paysages et de nouer des relations conviviales. Le temps n’est plus où il fallait forcer la reprise avec des plans de relance qui soutiennent des entreprises sans avenir comme les constructeurs automobiles. Le temps n’est plus où nous pouvions gaspiller en deux siècles la moitié de nos ressources fossiles. Le temps n’est plus où nous ne prêtions aucune attention aux équilibres écologiques de notre petite planète.  Faisons tous l’effort de comprendre les maux de notre société pour pouvoir y remédier. Vous pouvez compter sur moi : Yes, we can ! »

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bonne année 2050

En ce jour de réveillon en 2050, Léa confectionne un repas 100 % local, ce qui réduit considérablement la variété des mets possibles. Elle se souvient comme d’un rêve des papayes que ses parents lui achetaient à la fin du XXe siècle, sans se soucier du fait qu’il avait fallu dépenser pour cela plusieurs litres de pétrole. De toute façon elle est bien seule, il ne lui reste plus qu’un dernier descendant. Ses deux autres petits-enfants sont décédés il y a trois ans, ils ont succombé à l’une de ces nouvelles maladies à côté desquelles l’épidémie de grippe aviaire, qui avait frappé la France en 2010, n’avait été qu’une discrète entrée en matière. Ils avaient été victimes d’un virus apparu en Sibérie du Nord, là où le permafrost a cédé la place à des marais à partir de l’année 2025. Maintenant des millions de personnes sont au chômage. Le gouvernement français vient d’interdire toute manifestation et même les rassemblements de protestation. Le ministre de l’Intérieur vient de prendre un de ces décrets maudits, c’est l’armée qui réprimera d’éventuels troubles de l’ordre public.

Léa a renoncé depuis longtemps à l’idée d’acheter une automobile ; en 2035, l’Union européenne avait réservé l’usage des biocarburants aux véhicules utilitaires. Même l’utilisation du charbon liquéfié a été proscrite car les sols et surtout les océans qui séquestraient le carbone depuis toujours, ne jouaient plus leur rôle, renforçant ainsi très brutalement l’effet de serre anthropique et les dérèglements du climat. Cet été, Léa avait appris par une amie que le thermomètre était monté jusqu’à 45°C à Caen.

La Biosphère vous souhaite un bon réveillon 2009, coloré de sobriété joyeuse.

NB : pour en savoir plus sur l’histoire de Léa, lire « Le développement durable, maintenant ou jamais, de D.Bourg et G.Rayssac

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Obama, en liberté conditionnelle

Le jury Nobel (de la paix) attend beaucoup d’Obama, le monde entier attend beaucoup d’Obama, nous attendrons en vain. Autant je suis personnellement libre de ma pensée pour défendre les intérêts de la biosphère, autant Obama est contraint dans ses actes pour pacifier l’humanité. Autant je suis libre de transcender en parole  les intérêts des humains parce que je n’ai pas de statut social apparent, autant Obama est obligé de protéger les intérêts des Américains du nord parce qu’il a été élu pour cela. Pour Obama, les valeurs de l’Amérique sont le travail et le patriotisme, pas la paix mondiale. Les humains, surtout quand ils sont présidents, se croient libres parce qu’ils ont conscience de ce qu’ils font. Mais en fait ils ne font que répondre aux causes qui déterminent leurs actions.

Le nouveau président des Etats-Unis avait dit lors de son discours d’investiture : «  La façon dont nous consommons l’énergie menace notre planète », «  Nous allons lutter contre ce fléau qu’est le réchauffement de la planète », « Nous ne pouvons pas consommer sans réfléchir les ressources du monde ». Cela n’était qu’un recueil de bonnes intentions qui n’engagent personne. Et d’ailleurs, le président Obama avait posé deux conditions au changement qui ne peuvent que l’empêcher de finaliser ses intentions :  « Faire redémarrer la croissance, construire routes et ponts… » et « Nous n’allons pas nous excuser pour notre mode de vie, nous le défendrons sans relâche ». Or la paix du monde nécessite une baisse du niveau de vie américain. C’est la défense du niveau de vie américain qui avait empêché G.Bush de ratifier le protocole de Kyoto, c’est le niveau de vie américain qui est devenu le modèle à imiter au-delà de ce que notre planète peut supporter, c’est le mythe de la croissance quantitative qui nous empêche de trouver d’autres voies d’épanouissement.

LeMonde du 11-12 octobre nous révèle d’ailleurs que Barack Obama a une compréhension limitée des affaires internationales. On lui a donné le prix Nobel pour ce qu’il doit maintenant accomplir, mais c’est quelqu’un qui n’a encore rien réalisé. La situation internationale  dépasse sa compétence. Dans le même numéro du Monde et à deux mois de Copenhague, les Américains bloquent toujours la négociation climatique. Ils veulent encore laisser de côté les engagements contraignants du protocole de Kyoto, ils ne peuvent agir en l’absence d’une législation votée par le Congrès américain. Le jury Nobel s’est trompé, Obama, va montrer qu’il n’est qu’un américain moyen alors qu’il devrait déclarer l’état de guerre face aux crises écologiques qui s’annoncent…

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bien-être et religion

La religion a cela de sublime qu’elle permet à des gens plus pauvres que pauvres de trouver la transcendance et le bonheur en écoutant les boniments d’une secte comme par exemple l’Eglise catholique. Pour les peuples riches, cette religion extraterrestre a été remplacée par la religion économique, c’est-à-dire « la religion du chiffre et la religion du marché ». Je trouve d’ailleurs paradoxal que cette analyse vienne de Sarkozy (LeMonde du 15 septembre) à l’occasion du rapport Stiglitz. En fait la religion de la croissance permet la transcendance (vous serez riches plus tard puisqu’il y a accroissement du PIB) et les riches peuvent, en attendant l’abondance pour tous, se vautrer sans remords dans le bonheur du consumérisme.

Mais si le rapport Stiglitz veut inventer une nouvelle croissance qui privilégie le bien-être humain (titre en première page du Monde), il y a maldonne. La nouvelle politique de civilisation qu’appellent de leurs vœux aussi bien la gauche socialiste que la droite sarkozyste ne peut plus nous illusionner avec l’idée de croissance. Pourquoi ? Parce que le bien-être n’a rien à voir en soi avec l’économie marchande, le sentiment de bonheur résulte d’une élaboration subjective que nous ne pouvons pas mesurer. Ensuite la croissance capitaliste a tellement  détruit de capital naturel que les générations futures devront se contenter de beaucoup moins qu’aujourd’hui. Comme dit J.P.Fitoussi, «  la croissance du PIB est une mauvaise chose puisqu’elle se fait au détriment de l’environnement ». Il ne peut donc pas y avoir soutenabilité du bien être, c’est-à-dire sa capacité à se maintenir dans le temps (point 11 du rapport Stiglitz) parce qu’il n’y a pas de soutenabilité de la croissance économique. Nous devrons bientôt raisonner en terme de baisse du niveau de vie des riches (la classe globale, toutes les personnes qui ont l’idée saugrenue de posséder un véhicule personnel) et nous apprendrons, j’espère, que pauvreté n’est pas misère.

PS : Nous ne sommes pas encore préparés mentalement au changement de civilisation qui s’annonce, l’ère de l’après-pétrole ; le rapport Stiglitz ne changera rien. Mais la bonne nouvelle, c’est que les « experts » commencent à changer d’avis ! J.P.Fitoussi écrivait dans LeMonde du 12 février 2008 que l’avenir de nos petits-enfants était garanti. Peu importe la raréfaction des ressources naturelles non renouvelables et la surexploitation des renouvelables, nos petits-enfants seront assurément au moins 5 ou 6 fois plus riches que nous !

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Vision d’apocalypse

La chronique de Franck Nouchi (LeMonde du 11 septembre) ne s’intéresse qu’au fait de coloriser ou non l’histoire de la deuxième guerre mondiale, présentée comme une apocalypse. La colorisation aurait un intérêt pédagogique en termes d’audience. Mais l’histoire du passé est dépassée, les jeunes générations se foutent complètement d’Hitler et de savoir combien il y a eu de victimes des camps de concentration. Ce qui compte vraiment, c’est l’inaptitude flagrante à la prévision face à l’arrivée au pouvoir du régime nazi. Ceux qui acceptaient de regarder les choses en face apercevaient au-delà des frontières la lueur des torches illuminant les manifestations wagnériennes, ils entendaient les bruits de bottes rythmant les hurlements hystériques du Führer. Tous les autres refusaient de voir et d’entendre. On devrait se souvenir de notre réveil en 1940 ! Les jeunes générations actuelles devraient se pencher sur leur propre avenir.

L’observateur attentif ne peut manquer d’être angoissé par le contraste entre l’insouciance des jeunes et la gravité des épreuves qui les guettent. Comme le gouvernement crie au feu d’une voix rassurante, par exemple avec la taxe carbone, et qu’on n’aperçoit pas d’incendie, personne n’y croit. Jusqu’au jour où la baraque flambe. Comment l’automobiliste pourrait-il admettre la pénurie prochaine lorsqu’il voit l’essence couler à flot dans les pompes et lorsqu’il s’agglutine chaque jour dans des encombrements imbéciles ? Cette situation me paraît beaucoup plus inquiétante encore que celle des Français en 1938. Apercevoir la fin des ressources pétrolières, admettre son caractère inéluctable et définitif, provoquera une crise irrémédiable que j’appellerai « crise ultime », ou apocalypse, ou Jugement dernier de la civilisation thermo-industrielle. Nous n’en souffrons pas encore. Les premières ruptures sérieuses d’approvisionnement du pétrole la déclencheront. Alors on reverra, comme au temps de Suez ou de la guerre du Kippour, un brutal renversement de l’opinion, définitif cette fois.

Il ne s’agira pas, comme on le croit et comme les économistes eux-mêmes l’affirment, de surmonter une crise difficile, mais de changer de civilisation. L’humanité devra passer de l’ère d’abondance factice à celle de la pénurie, de l’orgueil insensé à celle de l’humilité. Elle devra répartir des richesses qui, au lieu d’être infinies comme elle le pensait naïvement, lui  apparaîtront à l’heure du bilan bien modeste en face de ses besoins. Les pays riches devront réduire leur train de vie, ce qui pour chaque individu représentera une contrainte douloureuse à laquelle il n’est aucunement préparé.

(Article réalisé avec l’aide du livre de1979, Vivre sans pétrole, de J.A. GREGOIRE)

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chômage 2050

Dans les couloirs du pôle emploi de la ville, l’humeur est sombre. Les demandeurs venus pointés pour toucher leurs allocations jettent à peine un œil sur le panneau où sont affichés les offres d’emploi locales. Pourquoi faire ? Il n’y a aucune offre valable. Dans la région, le chômage a atteint 32,2 %. On peut parler de conflit « désespéré » quand les salariés ont beaucoup de mal à retrouver un emploi ; des salariés viennent juste de renoncer à mettre à exécution la menace de faire exploser leur entreprise avec des bonbonnes de gaz. Dans l’Union européenne, le chômage est au plus haut depuis dix ans. Toujours en hausse, le chômage reste aussi le principal souci des Américains. Le spectre du chômage de masse hante les dirigeants politiques. Nous ne sommes pas en 2050, toutes ces informations sont déjà dans LeMonde du 2-3 août 2009. Mais dans une quarantaine années, la situation locale et internationale sera bien pire qu’aujourd’hui.

Nous venons de connaître un simple tsunami financier, les crises écologiques feront un bien plus grand nombre de chômeurs. En effet, l’argent ne fait qu’habiller une réalité économique alors que l’état de nos ressources naturelles forme le socle incontournable sur lequel repose nos activités socio-économiques. Or, d’ici à 2050, la dégradation des sources de l’emploi à l’occidentale va devenir  rapide et brutale : épuisement du pétrole et de la plupart des ressources non renouvelables, chute de la biodiversité, emballement de l’effet de serre causé entre autres par le dégel des tourbière nordiques (étude de la revue Nature du 1er juillet 2009).

Comme l’exprime Jean-Marc Jancovici dans Ca m’intéresse de juillet 2009, « Nous risquons rien moins que la guerre, la dictature, la forte baisse de l’espérance de vie et d’autres bricoles guère plus amusantes…Il faut donc se mettre en économie de guerre pour éviter la vraie ».

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le passé est notre avenir

Enfin un bon article dans LeMonde du 24 juillet. Il est en effet exceptionnel de lire un(e) journaliste (ici Annie Kahn) décrire notre passé pour mieux envisager notre avenir. Dès le début de 1949, les bonnes nouvelles se multiplient : le 1er avril, la confiture et les pâtes sont en vente libre ; les produits laitiers suivront, le 15. A partir de mai, seuls les produits  importés restent rationnés. Le 1er décembre 1949, c’est la fin des tickets de rationnement. La France sortait alors de la guerre pour entrer dans les Trente Glorieuses.

Mais notre futur ressemblera à une guerre permanente, différents chocs écologiques vont faire vaciller définitivement la société thermo-industrielle. Annie Kahn pense la même chose que moi, elle termine ainsi son article : « Les dégâts écologiques de la société d’abondance pourraient remettre au goût du jour ces vieilles valeurs  (servir le pays et ses habitants) que les ultra-libéraux croyaient avoir envoyées au musée. La sortie de crise passera par une utilisation plus rationnelle des ressources, et des permis d’émissions de CO2. Mais sans carte ni ticket. Pour l’instant. »

Je souligne, pour l’instant. Il me paraît en effet évident qu’après le marché du carbone, nous passerons assez vite à la taxe carbone (c’est en cours), et avant 2050 à la carte carbone, c’est-à-dire au rationnement par rapport aux ressources fossiles.

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statistiques sinistres

– Sur 6,7 milliards d’êtres humains, la planète compte 2,8 milliards vivant de la terre. Et sur 1,3 milliards d’actifs agricoles, seuls 28 millions utilisent un tracteur, 250 millions des animaux de traits. Plus de 1 milliard ne disposent que de leurs mains. Sur le milliard de personnes qui souffrent d’un apport alimentaire insuffisant, 50 % sont de petits paysans, 10 % des éleveurs, 20 % des paysans sans terre et 20 % des urbains pauvres.(Le Monde du 30 juin)    

– La population urbaine des pays en développement s’accroît de 70 millions d’habitants par an, un milliard d’humains vivent déjà dans des bidonvilles et 360 millions d’urbains habitent des zones côtières de basse altitude, menacées par la montée des océans.(Le Monde du 30 juin)

– Si l’on devait résumer en chiffres environnementaux une journée typique aujourd’hui, on obtiendrait cela : nous allons perdre 20 000 hectares de forêt tropicale. Nous allons aussi perdre à jamais entre 40 et 100 espèces vivantes. Nous allons en revanche gagner un quart de million de personnes. Et nous allons produire plus de 10 millions de tonnes de déchets et injecter 15 millions de tonnes de carbone dans l’atmosphère. Chaque jour. (L’écologie pour les nuls, 2009)

sans commentaire…

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les 3 F et la Faim

Comment ne pas être frappé par ce rapprochement dans LeMonde du 20 juin 2009. D’un côté les « trois F ». « F » pour « fuel », « food » et « financial », et c’est la barre du milliard de victimes de la faim qui vient d’être franchie. A une autre page, une pub couleur montrant une fille qui se tortille par terre en tenant une poêle : une pub minable pour Mc’ Do, le fournisseur des obèses de la société de consommation.

Je suis tellement écœuré que je ne commente pas davantage…

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endettés jusqu’au cou

La rubrique du Monde Breakingsviews est le plus souvent à chier, simple panégyrique à la gloire du libéralisme. Mais celle du 17 juin me fait tilter : « Angela Merkel déclare ouverte l’ère de l’austérité en Allemagne ». Même les libéraux se rendraient compte que la fête est finie et qu’il va falloir se serrer la ceinture ? En fait l’article se consacre à l’équilibre budgétaire, dans la lignée du moins d’Etat. Les Etats sont endettés (par exemple déficit américain supérieur à 10 % du PIB), leurs citoyens sont endettés (crise des subprimes), les plus ou moins riches des pays riches sont endettés, c’est le monde à l’envers, un riche doit épargner, pas emprunter !

Mais l’essentiel est dans un autre endettement, beaucoup plus grave. En 2008, notre planète était entrée le 9 octobre dans le rouge. Chaque année, on calcule la date à laquelle la consommation des ressources de la planète dépasse la capacité de renouvellement. Cette date anniversaire a été baptisée Jour de la dette écologique ou Jour du dépassement (Overshoot day). Passée cette date, on est en situation d’épuisement des réserves. Depuis vingt ans, cette date intervient chaque année de plus en plus tôt, ce qui signifie que les ressources disponibles pour une année sont consommées de plus en plus vite. En 1987, l’humanité était passée dans le rouge un 19 décembre. En 2009, ce sera sans doute en septembre. Ce n’est pas durable, on consomme le capital naturel.

 Oui, il va falloir se serrer la ceinture. Mais le privilège des riches, c’est-à-dire la classe globale (ceux qui croient qu’ils peuvent user d’une voiture individuelle), c’est qu’ils ont le pouvoir et qu’ils feront tout pour ne pas changer leur mode de vie ostentatoire : ils feront payer aux pauvres cette dette écologique jusqu’à mettre la planète à feu et à sang. Cela a d’ailleurs déjà commencé…

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Martine Aubry, out !

Tout le monde peut se tromper. Dans une lettre récente aux militants, Martine Aubry rêvait : « Il suffit que dans 20 pays européens, les socialistes gagnent un ou deux députés de plus par rapport aux prévisions pour que le PSE passe devant la droite ». Nous connaissons la suite. Martine Aubry dit aujourd’hui qu’il « faudra assurément travailler avec les écologistes ». Non Martine, tu as encore tout faux. Il ne s’agit pas de « travailler avec », ce qui voudrait dire que les préoccupations écologiques ne font pas partie intégrante du projet de société socialiste. Si on veut un avenir moins tourmenté, il faut intégrer les idées socialistes à une nouvelle idéologie fondée sur les réalités de la Biosphère. Pourquoi ?

Luc Folliet retrace l’histoire de Nauru, petite île du Pacifique riche en phosphate jusque dans les années 1990. Après l’épuisement des ressources, c’est dorénavant l’un des Etats les plus pauvres de la planète (LeMonde du 7-8 mai 2009). Belle parabole. Avec bientôt 9 milliards d’humains, notre planète est devenue toute petite. Avec le prochain épuisement des ressources fossiles (charbon, pétrole, gaz), la civilisation thermo-industrielle basée sur l’énergie fournie gratuitement par la nature va s’effondrer. Nous allons devenir une planète de pauvres pour qui la notion de pouvoir d’achat deviendra désuète. Il nous faudra apprendre à vivre autrement, sans voiture individuelle, sans télé individuelle, sans portable individuel, sans McDo, etc.

Les humains s’ils deviennent sages, c’est-à-dire économes, pourront toujours se faire plaisir avec de petits riens. Et les socialistes devront mettre l’écologie au centre de leur projet.

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Nicolas Baverez out !

L’économie est une  chose trop sérieuse pour la laisser à Nicolas Baverez. Celui-ci liste huit défis pour demain (LeMonde-Economie du 3 juin) : croissance faible, chômage de masse, hyperdette des Etats, bulle financière des banques centrales, inflation, SMI, dynamisation de la demande, mondialisation des règles budgétaires, fiscales et industrielles. Les économistes sont enfermés dans leur bulle d’économiste, aucune ouverture d’esprit, pas un mot pour les chocs écologiques qui se préparent.

Personnellement je liste huit défis écologiques pour demain qui auront forcément des impacts économiques majeurs : Le pic énergétique mondial, le réchauffement climatique, les problèmes liés à l’eau, les pollutions chimiques, l’état des ressources halieutiques, la crise agricole, l’absence d’une OME (organisation mondiale du commerce), une déflation liée à une récession structurelle.

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zéro-carbone bientôt ?

Selon LeMonde du 28 mai, il y a une « course effrénée au titre de ville zéro-carbone ». Mais on se rend tout de suite compte que cette course est illusoire. Copenhague prévoit que ses véhicules rouleront à l’électricité ou l’hydrogène. Mais l’électricité n’est pas une source d’énergie primaire, il faut la fabriquer. Avec quoi ? Quant à l’hydrogène, c’est exactement le même problème, on ne trouve pas cette molécule à l’état libre et utilisable. S’il y a compensation carbone pour assurer une « neutralité carbone », c’est du vent : on construit un barrage ailleurs pour continuer à gaspiller et polluer ici. Même une toute petite ville comme la suédoise Växjö (80 000 habitants) qui voudrait se débarrasser de tout combustibles fossiles ne veut pas chasser l’automobile et recourt aux agrocarburants (qui seront produits grâce à des combustibles fossiles, ou au détriment de la biomasse et de l’alimentation humaine). Le problème de l’épuisement des ressources fossiles et du réchauffement climatique reste donc entier. Comme l’exprime le sous-tire du Monde, des municipalités « prétendent » s’affranchir des énergies fossiles. Ce n’est que du greenwashing.

On ne sait pas encore comment convaincre les citoyens de changer de mode de vie ? Augmentons continûment le prix du baril et vous verrez un réajustement des comportements. Vive la taxe carbone, en attendant la carte carbone (c’est-à-dire le rationnement).

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enfin la décroissance !

Enfin la décroissance ! Avec deux trimestres de « croissance négative », la France entre officiellement en récession. La ministre de l’économie estime même que la « croissance » du PIB devrait s’établir autour de – 3 % en moyenne pour l’année 2009 (LeMonde du 16 mai). Nous battrons largement les records de 1974-75 (- 1 %) et de 1993 (- 0,9 %). Tout le monde s’étonne. Mais nos économistes et nos politiciens ont oublié la leçon principale de Schumpeter, l’activité économique est cyclique : à une expansion doit succéder obligatoirement une baisse du PIB. Jusqu’à présent cette baisse n’était que relative, un simple ralentissement de la croissance, car le soutien des pouvoirs publics, le forcing publicitaire et la mondialisation des échanges ont tout fait pour maintenir une surchauffe de notre système (avec une inflation limitée à cause principalement de la mondialisation). Mais plus on force artificiellement l’activité économique, plus les lendemains sont douloureux. Les plans actuels de relance ne font que retarder la grande dépression qui s’annonce.

Une réalité biophysique fait que l’avenir de la civilisation thermo-industrielle est encore plus sombre. Schumpeter analysait les vagues d’innovation qui font repartir la croissance. Grâce au moteur à combustion, aux biens durables et au libre-échange généralisé, nous avons pu connaître les Trente Glorieuses. Mais ces innovations sont gourmandes en énergie, et c’est le blocage énergétique qui va prochainement faire basculer notre société, de gré ou de force. Vers 2025 au niveau mondial, nous connaîtrons un pic énergétique général toutes ressources confondues : la baisse sera inéluctable. De plus notre civilisation a atteint des sommets de complexité, la division du travail, nationale et internationale, est poussée à l’extrême. Ce qui fait que quand un morceau de notre société va commencer à s’effondrer vraiment, par un effet en chaîne toute la structure des interdépendances socioprofessionnelles va s’écrouler.

« Un seuil a été dépassé, un seuil de liaison entre le capitalisme fondé sur le crédit et les ressources naturelles qui sont la base de toute richesse réelle. L’espoir d’une nouvelle phase A (le moment de la reprise économique analysé par Schumpeter) du Kondratieff, cet espoir est vain. Nous ne sommes pas à l’aube d’une nouvelle croissance matérielle, nous sommes dans la phase terminale du capitalisme» (Yves Cochet).

Si nous étions prévoyants, nous utiliserions cette perspective pour changer notre mode de pensée et notre façon de vivre…

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