politique

supprimons les inégalités de salaires (suite)

Sur lemonde.fr, la richesse des commentaires à propos du plafonnement des salaires inscrit dans le projet socialiste mérite d’être soulignée. C’est pourquoi nous reproduisons ici les plus significatifs :

1) sur la « compétence »

– Les bonnes places dans ces entreprises se répartissent selon des règles monarchiques ! Les heureux « élus » ne sont pas plus compétents que d’autres, issus d’une clique qui se coopte à la sortie des grandes écoles ou dans des dîners politiques.

– Parce que vous croyez que, dans une boîte, le n° 2 ne fera pas aussi bien que le n° 1 pour moins cher ? A d’autres !

– M Ghosn fera-t-il 4 fois moins bien son travail si son salaire est divisé par 4 ? Et par 5, 6, 7, 8… ? A partir de quand M Ghosn fait grève ? Et aussi, peut-on trouver mieux que M Ghosn pour 10 fois moins cher ? 20 fois, 30… ? A partir de combien on ne peut plus trouver personne ? Ce serait le vrai prix de M Ghosn, en logique libérale.

– Il n’existe pas réellement de marché du Dirigeant. Puisqu’ils veulent jouer le marché, jouons-le ! Ouvrons la concurrence et faisons des économies : des grands patrons potentiels, la république en produit des milliers chaque année, des centaines de docteurs de l’université, des dizaines de promotions de l’ENA, ENS, X, CENTRALE… Pour un salaire de 1 à 10, des milliers se battraient pour avoir la place.

– Les entrepreneurs étaient-ils mauvais même avec un salaire seulement égal à 20 fois le salaire de base jusque dans les années 70 ? A coup sûr l’histoire économique dit non

– Il y a patron et patron. Certains, comme Bill Gates savent transmettre une grande partie de leurs gains, acquis grâce à leur génie, à des fondations caritatives. Malgré leur savoir-gagner de l’argent, ils ont encore des sentiments humains. D’autres, manifestent plutôt un amour pathologique de l’argent. Ils ramassent et amassent. Ceux-là, n’aiment pas donner aux hommes, ils aiment accaparer les gains. A ce jeu, ils ne récoltent que le mépris de tous. Ils s’en foutent !

– Et la liste des patrons « catastropheurs » quel que soit d’ailleurs le statut juridique de l’entreprise: CREDIT LYONNAIS/Haberer ; VIVENDI/Messier ; GMF/Pétriat ; en SUISSE/ADECCO ; aux USA/ENRON ; en ITALIE:/PARMALAT ; en GB/ROVER. Stop! Les centaines de milliards d’euros, de sterlings et de dollars perdus par leur faute tournent la tête. Nos omniscients ne le sont pas tant que ça et pire certains sont des escrocs comme MADOFF.

– Les patrons si chers payés n’ont rien vu venir de la crise financière.

– « La compétence des grands patrons », un mythe ! Toutes décisions d’une SA sont collégiales et issues d’expertise. Le Grand Patron n’est que le médiateur d’idées émises par d’autres.

– Ce ne sont pas les compétences des chefs d’entreprise qui leur donnent leur statut envié, respecté, et surpayé ; c’est à l’inverse leur position de chef d’entreprise qui les fait respecter et surpayer par les nigauds que nous sommes. Nous vivons dans une société tellement hiérarchisée, tellement confucéenne (au plus mauvais sens du terme) que nous idolâtrons nos exploiteurs. Honte à nous !

– Mme Bettencourt doit rigoler en vous voyant parler d’effort et de prise de risques. Le mec qui fait du marteau-piqueur prend davantage de risques et fournit davantage d’efforts que les Proglio et autre Lauvergeon tout en étant payé à coups de pompes dans le c*.

2) sur les contre-propositions

– Le FRONT de GAUCHE propose un salaire maximum à 20X le SMIC. Et ceux qui ne peuvent se « contenter » de 27 300 EUR par MOIS…et bien : QU’ILS S’EN AILLENT TOUS !

– Que ces patrons courant après le fric aillent à l’étranger, c’est justement un des buts. Ne resteront que des patrons tout aussi compétents mais bien moins cupides qui n’ont pas pour objectif l’enrichissement maximal.

– Pourquoi plafonner le salaire des patrons et pas ceux des sportifs (footeux par ex) dont les salaires sont largement subventionnés par les collectivités territoriales et donc les impôts?

– Est-ce qu’on plafonnerait aussi les salaires des footballeurs par rapport au salaire des employés du club ? Tout ce qu’il est possible de faire, c’est de décider que les rémunérations dépassant le plafond ne seront plus déductibles et de les soumettre, par exemple, à une cotisation supplémentaire de solidarité, et augmenter le taux maximum de l’impôt sur le revenu. Pourquoi pas jusqu’à 100 % !

– La mesure évoquée par le PS ne concerne qu’une minorité, pas les PME ! Souvent le patron ne gagne pas plus que le mieux payé de ses employés (par nécessité, il est même parfois obligé de se sucrer son salaire).

– Un patron qui ne gagnerait que 20 fois le Smic devrait pouvoir survivre, non ?

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1981-2011, le projet socialiste patine

Chaque jour davantage le Parti Socialiste nous donne des raisons de désespérer. La dernière mouture du « projet socialiste » n’a rien de nouveau. Sur les 30 priorités pour 2012, la dernière promet le « droit de vote des étrangers aux élections locales » Mais en avril 1981, sur les 110 propositions de Mitterrand, figurait déjà le « droit de vote aux élections municipales après cinq ans de présence des travailleurs immigrés sur le territoire français ». Trente ans après, le PS n’a toujours pas respecté sa parole ! En 1981, « 60 000 emplois d’utilité collective seront mis à la disposition des associations et des collectivités locales ». En 2011, « Création de 300 000 emplois d’avenir pour les jeunes ». Les emplois au rabais sont restés une spécialité du PS. En 1981, la proposition 39 portait sur « un vaste programme d’investissement destiné à économiser l’énergie ». Rien n’a été fait depuis, aussi on renouvelle aujourd’hui l’espoir d’un « développement massif des économies d’énergies » (priorité 10).

Le projet de Martine Aubry n’est pas un projet collectif, c’est le bégaiement de l’histoire, c’est un saupoudrage pour ne fâcher personne ; il intègre l’essentiel des désirs des différents candidats aux primaires. Ce n’est même pas une synthèse à plusieurs voix, c’est surtout la plume de Guillaume Bachelay. Ce secrétaire national du PS à la politique industrielle se pique de « social-écologie en actes » ! La social-écologie constituerait le cœur du socialisme post-libéral qu’il voudrait porter aujourd’hui. On ne s’en rend vraiment pas compte après lecture de ses 30 propositions (validées par Martine).

Pourtant dans la Revue socialiste (4e trimestre 2010), Guillaume Bachelay posait le fond du problème des socialistes : « Il est paradoxal que notre critique féroce du capitalisme ait longtemps négligé l’incompatibilité entre les forces de l’argent et celles de la nature. Dans la dialectique production/redistribution, nous avions omis une donnée désormais vitale : les ressources de la planète ne sont ni infinies ni éternelles. Dans l’affrontement capital/travail, nous avions oublié l’environnement. Menacé par l’activité humaine, il est venu chambouler nos axiomes ». La problématique du XXIe siècle est posée, mais le PS se tourne encore et toujours en 2011 vers son passé productiviste.

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Montebourg ou Strauss-Kahn ?

Montebourg ou Strauss-Kahn ? Le combat semble gagné d’avance, un gros bœuf charolais contre un minuscule souriceau ! Mais qui a raison, au fond ? En février 2009, Dominique Strauss-Kahn, s’alarmait : « Le protectionnisme peut revenir par la porte de derrière ». Il est vrai que le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) ne peut jurer que par la mondialisation libérale, hier et demain. De son côté Arnaud Montebourg* se veut l’apôtre d’une démondialisation.

Sur cette question et bien d’autres, entre la droite et DSK, il n’y a même pas l’épaisseur d’un cheveu : le libre-échange resterait notre maître. Le FMI, l’OMC et les transnationales continueraient de marcher main dans la main. Pour quel résultat ? Comme l’exprime Arnaud dans son livre**, « le bilan de la dernière décennie de mondialisation est un désastre » : délocalisation en série, destruction d’emplois et d’outils de travail, diminution des revenus du travail par la pression à la baisse. Si l’on voulait résumer les quinze années écoulées, il ne serait pas excessif de dire que la mondialisation a fabriqué des chômeurs au Nord et augmenté le nombre de quasi-esclaves au Sud. Cette ouverture aux marchandises et aux capitaux est l’ennemi déclaré de l’économie locale, y compris au niveau alimentaire.

Le PS se situe à mi-chemin de DSK et Arnaud, pour le « juste échange », c’est-à-dire » un système commercial régulé, loyal et équitable, respectueux des hommes et de l’environnement.». Blabla et langue de bois, la dernière mouture du programme socialiste ne jure que par la relance économique et la compétitivité internationale. Heureusement que le candidat socialiste aux primaires pourra n’en faire qu’à sa tête quant aux idées posées par Martine Aubry ! Arnaud ne veut plus être un des infirmiers de la mondialisation, le cogérant d’un système moribond qui s’écroule. Arnaud Montebourg sera peut-être le futur Jaurès de l’écologie, de toute façon DSK et les autres charolais du PS ne représentent plus que notre passé. Arnaud propose un concept dont The Economist lui attribue la paternité, la démondialisation. Une démondialisation concertée est le seul espoir de bâtir des communautés de résilience pour surmonter choc pétrolier, réchauffement climatique, etc. Cette relocalisation paisible sera notre avenir, sinon les guerres ordinaires prolongeront les guerres commerciales… comme cela s’est toujours fait !

* LeMonde du 3-4 avril 2011, La primaire socialiste ne peut pas se réduire à un concours de bœufs charolais.

** Des idées et des rêves d’Arnaud Montebourg (Flammarion, 2010)

PS : Attention, comme nous l’a fait remarquer un commentateur, The Economist a attribué la paternité du terme « démondialisation » à Walden Bello et non à Arnaud Montebourg.

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écologie et risque fasciste

La démocratie sera la première victime de l’altération des conditions universelles d’existence que nous sommes en train de programmer. Les catastrophes écologiques qui se préparent à l’échelle mondiale dans un contexte de croissance démographique, les inégalités dues à la rareté locale de l’eau, la fin de l’énergie bon marché, la raréfaction de nombre de minéraux, la dégradation de la biodiversité, l’érosion et la dégradation des sols, les événements climatiques extrêmes… produiront les pires inégalités entre ceux qui auront les moyens de s’en protéger, pour un temps, et ceux qui les subiront. Elles ébranleront les équilibres géopolitiques et seront sources de conflits. Parce que nos démocraties n’auront pas été capables de se prémunir de leurs propres excès, elles risquent de basculer dans l’état d’exception et de céder aux dérives totalitaristes.

Lorsque l’effondrement de l’espèce apparaîtra comme une possibilité envisageable, l’urgence n’aura que faire de nos processus, lents et complexes, de délibération. Pris de panique, l’Occident transgressera ses valeurs de liberté et de justice. Pour s’être heurtées aux limites physiques, les sociétés seront livrées à la violence des hommes. Nul ne peut contester a priori le risque que les démocraties cèdent sous de telles menaces.

Les enjeux, tant pour la gouvernance internationale et nationale que pour l’avenir macroéconomique, sont de nous libérer du culte de la compétitivité, de la croissance qui nous ronge et de la civilisation de la pauvreté dans le gaspillage. Si nous n’agissons pas promptement, c’est à la barbarie que nous sommes certains de nous exposer. Pour cette raison, répondre à la crise écologique est un devoir moral absolu. Les ennemis de la démocratie sont ceux qui remettent à plus tard les réponses aux enjeux et défis de l’écologie.

[Résumé d’un texte de Michel Rocard, Dominique Bourg et Floran Augagneur (Le Monde du 3-4 avril 2011, Le  genre humain, menacé)]

NB : nous sommes heureux de voir que LeMonde-papier se fait l’écho des thèses que nous défendons sur ce blog, par exemple

Démocratie et risque d’écofascisme

L’écologie est un antitotalitarisme

Capitalisme vert-de-gris

Eloge de la dictature ?

 

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LeMonde s’enlise en Libye

Nous avons enfin compris les deux éditoriaux* bellicistes du Monde. Alain Frachon, directeur éditorial, critique ce jour** Rony Brauman qui s’oppose à l’intervention sarkozienne en Libye : « Des interventions destinées à prévenir des massacres, j’en ai vu d’autres. Elles ont gelé la situation, et les massacres qui se sont produits ultérieurement ont été pires. » Brauman, ancien de médecin sans frontières, sait pourtant de quoi il s’agit en matière d’humanitaire. Par contre Frachon  croit que deux ou trois bombardiers qui restent en l’air vont « mettre fin à quarante-deux ans d’une dictature folle et cruelle ». C’est désolant de voir un journaliste du Monde si naïf. Car demain en Libye ou ailleurs sera semblable à hier, guerre, massacre, abus de pouvoir, non-respect du droit des hommes, du droit des femmes, du droit des animaux, etc. Or, si tout le monde agissait comme Gandhi, mettant en harmonie la fin et les moyens, il n’y aurait plus de violence. Où se situe le blocage ?

L’amour du prochain et la paix civile ne se décrète pas, il découle de tout un apprentissage social. Un couple parental qui disjoncte, un milieu de travail stressant, des médias qui valorisent la violence, la crainte de Dieu qui dresse contre les autres croyances, un anthropocentrisme qui incite à piller la Nature… ne peuvent préparer une société pacifique. C’est donc tout le conditionnement social qui est à revoir. Il faut aussi bien supprimer les jeux vidéos qui banalisent la guerre et le massacre que condamner l’intervention armée en Libye et tous les autres conflits armés… Cette bataille pour une socialisation conviviale est loin d’être gagnée, mais elle mérite d’être menée. Car c’est la seule bataille qui compte.

                La France n’a pas à exporter des armes, et il est paradoxal que des Rafales français attaquent des Mirages français acquis  par Kadhafi. La France n’a pas à exporter la démocratie, elle doit montrer que sa démocratie fonctionne bien, ce qui est loin d’être le cas. Notre comportement est soumis à l’interaction spéculaire ; j’agis ainsi parce que je vois les autres agir ainsi. Il est donc important de montrer l’exemple, c’est ainsi qu’on peut convaincre ses voisins et les autres peuples. Supprimons notre armée pour la remplacer par un entraînement à la défense civique non violente ; si nous avions fait cela sur notre territoire depuis toujours, il n’y aurait même plus de nations européennes ou arabes, il n’y aurait que la fraternité humaine. Cela n’a pas été fait, rien n’empêche de commencer…

* voir 21 mars et 24 mars

** LeMonde du 25 mars 2011, La Libye, on fait quoi demain et après-demain ?

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LeMonde, une guerre « juste » en Libye ?

L’éditorial engage le journal tout entier et l’humanitaire a bon dos ! Pour la deuxième fois en quelques jours, LeMonde* prend fait et cause pour la guerre de Sarkozy. Cette fois, ce n’est pas pour fouler aux pieds la neutralité de l’Allemagne, c’est pour se retrancher derrière la « doctrine d’intervention humanitaire » de 2005. Ah le droit d’ingérence ! Comme dit l’ex-diplomate Jean-Christophe Rufin**, où s’arrête la guerre « humanitaire » ? D’ailleurs, où commence ce droit qui ne peut être utilisé que par les puissants pour attaquer qui ils souhaitent ? Nous, sur ce blog, nous ne pouvons croire à la guerre « juste ».

                L’idée qu’il y a des guerres injustes mais aussi des guerres justes est inoffensive : elle ne menace en rien les fortunes établies et les pouvoirs en place. Il n’y a pas que l’ONU en 2005, l’Eglise catholique a depuis longtemps développé une doctrine sur les guerres justes et les guerres injustes : massacrer pour la « bonne cause » a été l’une des maladies de toutes les époques. Soyons clair : les guerres sont intrinsèquement mauvaises pour être jamais justes. Les tentatives d’humaniser la guerre en 1932 inquiétèrent au plus haut point Albert Einstein : « Il ne faut pas banaliser la guerre en y fixant des règles. La guerre ne peut pas être humanisée, elle ne peut qu’être abolie. » La conférence de Genève se poursuivit néanmoins et l’on s’y obstina à définir des règles censées rendre les guerres plus « humaines ». Règles qui seront systématiquement violées au cours de la guerre mondiale suivante. On sait même que Churchill commanda des milliers de bombes à anthrax. Tout animal ayant inhalé pendant une minute les spores de l’anthrax a toutes les chances d’en mourir brusquement et sans douleurs la semaine suivante. Ce sont les délais de production qui empêchèrent la réalisation de ce projet.

                Il n’existe pas de guerre juste, l’exemple de la Seconde Guerre mondiale est le test suprême. Les nazis étaient des assassins pathologiques. Nous devions les arrêter et seule la force pouvait y arriver. Mais la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ne s’opposaient au fascisme que parce qu’il menaçait leur propre domination sur certaines ressources naturelles et sur certaines populations. Et les ingrédients du fascisme (le militarisme, le racisme, l’impérialisme, la dictature et le nationalisme exacerbé) survécurent sans problème à la guerre. Nous conseillons aux éditorialistes du  Monde de lire  Désobéissance civile et démocratie d’Howard Zinn.

* LeMonde du 24 mars 2011, Le mandat de l’ONU, ni plus ni moins (éditorial)

** LeMonde du 24 mars 2011, La France s’est placée totalement en dehors de sa propre doctrine militaire

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LeMonde sent le vent tourner en Libye

Hier l’éditorial du Monde était belliciste en Libye et accusateur pour le neutralisme allemand. Aujourd’hui 22 mars, la réalité du terrain est bien différente dans ses colonnes :

– Nul n’avait vu venir la contre-offensive de Kadhafi, l’Elysée avance à l’aveuglette ;

– La qualité des informations au sol est quasi-nulle ;

– Les chasseurs français ont survolé la Libye sans ouvrir le feu ;

– La France ne dispose pas de Tomahawk ;

– Sarkozy  court le risque d’apparaître en néo-conservateur comme George W.Bush ;

– Les opinions publiques arabes s’inquiètent de bombardements effectués de facto par une expédition américano-franco-britannique ;

– La Ligue arabe commence à prendre ses distances ;

– Seuls les Emirats arabes unis et le Qatar participeraient à l’effort de guerre ;

– L’union africaine rejette toute intervention militaire étrangère ;

– Déjà le conflit libyen est instrumentalisé par des régimes africains ;

– Des manifestations pro-Kadhafi ont eu lieu en Guinée-Bissau et en Côte d’Ivoire ;

– Un nombre important de missiles sol-air du parc libyen va se retrouver au Sahel ;

– Si le guide de la Jamhirya ne tombe pas, il n’y a aucun doute que ce sera la guerre.

                La gesticulation de Sarkozy va-t-en-guerre pour compenser le désastre vécu par son parti aux élections cantonales a déjà fait long feu. Comment un président vivant au XXIe siècle peut-il avoir oublié la leçon de l’histoire : aucune guerre n’a été victorieuse. Nous avons à construire la paix avec une biosphère malmenée, nous n’avons plus de temps à perdre dans des conflits armés inter-humains.

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LeMonde, va-t-en guerre en Libye !

C’est la guerre de Sarko en Libye. Que l’éditorial* du Monde soutienne ce va-t-en guerre impulsif et incohérent est déjà incompréhensible. Mais qu’un quotidien de référence s’attaque à l’Allemagne est carrément insupportable. Il paraît que l’Allemagne n’est pas à la hauteur de ses responsabilités : ce pays s’est abstenu à propos de la résolution ambigu de l’ONU. C’était là son analyse, et elle se comprend : il y a des risques considérables de devenir partie prenante dans une guerre civile. Comble de l’absurde, le non-engagement allemand dans l’imbroglio libyen illustrerait selon l’éditorial son « manque de maturité » ! La maturité consiste-telle à l’aligner sur les autres puissances occidentales ?  L’Allemagne est pacifiste ! Et alors ? Ce pays ne sait que trop ce que la guerre veut dire. L’Allemagne ne peut engager son pays dans une opération militaire ! Mais c’est là un bon exemple à appliquer en France. Son « pacifisme » serait un handicap ! Pour nous sur ce blog, c’est la seule voie d’un avenir durable.

Quand un fou en arrive à tuer, Sarko intervient immédiatement dans les médias. Quand un fou menace de massacrer son peuple, Sarko veut faire parler de lui. La France, grâce à quelques complaisances de ses alliés, joue les caïds pour des raisons de politique intérieure. Nous sommes en présence d’une nouvelle action militaire principalement occidentale dans un troisième pays musulman ; si j’étais musulman, je penserai qu’il y a là un acharnement. Nous sommes contre Kadhafi aujourd’hui, mais cela ne nous a pas empêché de lui vendre des armes pendant des années ou de le recevoir triomphalement avec sa tente. Hypocrisie de la diplomatie française ! Questionner la pertinence de l’action militaire aurait été digne d’un éditorial du Monde. Cela n’a pas été le cas.

                « Former les conditions permettant à la communauté internationale d’agir de concert », comme le souhaite Obama ne peut passer par la voie militaire de nations parcellaires. Il devient en effet essentiel dans un monde surarmé de penser au désarmement généralisé. La France n’a pas besoin d’une force militaire, encore moins de la dissuasion nucléaire. La négociation internationale devrait se suffire à elle-même. La guerre n’est plus la continuation de la politique par d’autres moyens, elle est devenue le résidu d’un passé qui a décimé bien des populations civiles. La France n’a pas besoin d’une industrie de l’armement. Ses avions ne devraient pas équiper toutes les armées de ces pays autocratiques que nous faisons semblant aujourd’hui de vouloir « démocratiser ». Les peuples doivent se libérer de leurs chaînes par leurs propres moyens, un tyran n’a que le pouvoir qu’on lui concède. Si la Libye avait besoin de forces d’interposition sur le terrain, les casques bleus sont là pour ça. LeMonde n’aurait jamais du céder aux gesticulations de Sarkozy.

* LeMonde du 20-21 mars, Berlin face à ses responsabilités internationales (Editorial)

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PSE, Parti Socialiste Européen, Parti Social-Ecologiste ?

Début 2009, le Manifesto du PSE (Parti Socialiste Européen) parlait bien peu de la perturbation climatique, et les socialistes français n’ont même pas su qu’ils avaient un texte élaboré au niveau européen. Alors, les électeurs ! Dans une lettre aux militants, Martine Aubry rêvait : « Il suffit que dans 20 pays européens, les socialistes gagnent un ou deux députés de plus par rapport aux prévisions pour que le PSE passe devant la droite. » Nous connaissons la suite, résultat des élections européennes : les sociaux-démocrates ne sont plus à la tête que de cinq pays de l’UE (Autriche, Espagne, Grèce, Portugal et Slovénie). Au Congrès de Prague en décembre 2009, les socialistes européens voulaient préparer leur résurrection. Mais en matière d’écologie, ils se contentaient d’un slogan aussi vite énoncé qu’oublié : « Le social-libéralisme est mort, vive la social-écologie ! »

Car le PSE envisageait surtout un « keynésianisme vert continental », c’est-à-dire le même discours que la droite. En France, la Déclaration de principes de 2008 allait déjà dans le même sens : « Pour les socialistes, l’Union européenne doit avoir pour mission, par ses politiques communes, de favoriser une croissance forte et durable (article 17). » Soyons clair. Un keynésianisme vert, c’est en fait une relance de la croissance économique avec un déficit budgétaire encore plus grand et l’inflation comme résultat final. Nous ne voyons pas la différence entre une politique de relance socialiste et une relance sarkozyste…

                Aujourd’hui en réunion* à Athènes, le PSE ne voit toujours pas que la crise économique est au bout d’une croissance à crédit : un plan de rigueur est appliqué par le gouvernement socialiste de Grèce sous l’égide du FMI, donc du socialiste Dominique Strauss-Kahn. Les socialistes dénoncent en cœur les politiques qu’ils sont obligés d’appliquer, alors que c’est l’endettement keynésien des Etats qu’il faudrait pourfendre. Ils font le contraire en adoptant encore à Athènes une « stratégie pour la croissance juste ». Les socialistes n’ont pas encore compris qu’il est impossible de poursuivre une croissance économique dans une biosphère dont on a déjà dépassé les limites. Ce n’est pas ainsi qu’on fera diminuer l’injustice sociale. Ce n’est pas le mirage de la croissance qu’il faut poursuivre, il s’agit de mettre un terme aux inégalités et de partager de façon solidaire la pénurie à venir. Car le PSE devra faire face aux deux jumeaux de l’hydrocarbure, pic pétrolier et réchauffement climatique. Le PSE sera alors un Parti Social-Ecologiste.

* LeMonde du 8 mars 2011, Le PSE propose de baisser les taux sur les prêts à l’Irlande et à la Grèce.

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pour un Parti Social(-Ecolog)iste

Pondu par des marxistes au XIXe siècle, fécondé par René Dumont en 1974, le socialisme est devenu une chrysalide. Un jour elle se transformera en un magnifique PSE, un Papillon Social-Ecologiste. Longtemps, parce que les rapports de forces socio-économiques étaient exclusivement forgés par le dualisme entre le capital et le travail, progressisme rimait avec productivisme. Dans les 110 propositions pour la France de 1981, François Mitterrand réduisait la politique environnementale à la seule la proposition 38, « un vaste programme d’investissements destiné à économiser l’énergie sera entrepris » ; une proposition aussi prophétique qu’inappliquée. Dans l’affrontement capital/travail, les socialistes avaient oublié l’environnement. Le socialisme est né dans la fumée des usines, sa mue se fera dans la nature retrouvée…. plus tard !

Il faut attendre 2008 pour que la chenille socialiste commence à fabriquer son cocon bio. Le pôle écologique, constitué de quelques députés dissidents et de membres déviants de la commission nationale environnement pèse sur l’élaboration de la nouvelle Déclaration de principes. La fin de l’article 3 considère enfin le facteur nature : « Conscients de l’étroite interaction des activités humaines et des écosystèmes, les socialistes inscrivent la prise en compte de la planète au même rang de leurs finalités fondamentales que la promotion du progrès et la satisfaction équitable des besoins. » Mais les socialistes n’ont pas encore l’habitude de fréquenter la biosphère ; au congrès de Reims de novembre 2008, la motion du pôle écologique, pour un parti socialiste résolument écologique, n’obtient que 1,58 % des suffrages avec 2075 voix. Les militants cultivent le culte des chefs, Ségolène ou Martine, le renouvellement doctrinal passe à la trappe. Le PS n’a toujours pas abandonné la sous-traitance aux Verts depuis 1996, quand l’Union de la gauche se mettait au vert. Et puis les socialistes restent croissancistes :  « La social-écologie offre de nouvelles opportunités de développement économique durable, de créations d’entreprises et d’emplois… Une politique économique et industrielle social-écologique n’est pas la révolution – ne rasez pas les usines ! – mais une évolution. »*

Les projets socialistes ignorent encore le pic pétrolier et la détaxation du kérosène. L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes va se faire avec le soutien des élus locaux socialistes et le silence pesant du reste du PS. Il faut chercher attentivement sur la toile pour avoir une contestation bien isolée du côté socialiste. Le Parti Social-Ecologiste n’est pas encore sorti de sa chrysalide. Un nouveau parti, le PSE, oui… mais quand le baril atteindra 300 dollars, ce qui ne saurait tarder !

* La social-écologie en actes, par Guillaume Bachelay et Nicolas Mayer-Rossignol La Revue Socialiste  n° 40 (4ème trimestre 2010), La social-écologie en débat

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portrait anticipé de Sarkozy

D’une autre façon que dans les monarchies absolues, dans les démocraties le trône est presque inaccessible. Celui qui y prétend doit suivre des détours, notamment l’élection et la montée dans la hiérarchie du parti, que l’attention aux moyens finit par lui faire oublier les fins qui étaient la raison d’être de son engagement politique. La dureté de la concurrence sélectionne les plus doués, ceux qui ont le sens de la manipulation des masses. Cette forme d’intelligence peut être le fruit d’un esprit borné qui ne s’interroge pas sur la valeur des stéréotypes et des moyens nécessaires à son succès : si tel slogan se révèle efficace, il sera le premier à y croire. En politique, comme dans d’autres domaines, la sélection se fait à l’envers : l’individu ayant un minimum d’exigence intellectuelle se détourne de la « politique » en la laissant aux mains de médiocrités incapables de tout autre talent.

L’engagement politique a toujours mélangé de façon ambiguë le désir de servir Dieu, le bien public ou le peuple, et la volupté de se hisser à la direction des affaires et au commandement des hommes. Trop souvent qui dévoue sa personne au peuple dévoue le peuple à sa personne et l’y sacrifie.

On croirait un portrait craché de Sarkozy, il s’agit en fait d’une analyse écrite en 1980 par Bernard Charbonneau (in Le Feu vert). Et son message reste d’actualité : « Reste le mouvement écologique. Mettant en cause la totalité du monde industriel au nom  de la préservation de la nature et de la liberté, il peut redonner contenu et sens à la politique. »

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pourquoi le parti socialiste va mal

Le parti socialiste est au plus mal parce qu’il avance à grands pas vers le service gériatrie ; c’est un vieux parti de plus d’un siècle avec de vieux militants dont la moyenne d’âge est celui de la retraite. Les nouveaux adhérents, un temps appâtés par une promo à 20 balles, repartent aussi vite qu’ils apparaissent… à moins de briguer un poste. Car le deuxième symptôme de ce parti est la valse des ego ; de l’élection municipale à la présidentielle, la soif du pouvoir voit s’affronter des ambitions démesurées, certainement pas des camarades socialistes. Et quand le poste convoité est conquis, l’élu devient un petit potentat qui n’accepte que les courbettes du militant de base. Ainsi le plus sûr moyen de devenir député, c’est d’être le porte-flingue du député qu’on veut remplacer. Le PS est un parti d’élus, pas de militants.

Pourquoi le PS va mal ? Parce qu’il est encore obnubilé par la croissance économique comme source d’emploi. Or la croissance économique est manifestement destructrice d’emploi : soixante ans de croissance en France et le chômage est devenu structurel. Pourtant pour les socialistes, la bonne santé écologique et sociale est déterminée par la croissance économique, il suffit d’écouter les discours de Dominique Strauss-Kahn et des autres prétendants aux primaires. Car modifier ses paradigmes de référence est toujours difficile, surtout dans une société croissanciste qui vous ressemble. Le socialisme productiviste n’a pas encore compris que c’est l’état des ressources naturelles qui conditionnent les performances économiques, et non l’inverse. Et comme la santé de la biosphère est de plus en plus défaillante, le social risque fortement d’en souffrir.

Alors, l’unité par la pensée ? Même les vénérables du parti constatent une culture militante de plus en plus faible ; encore faudrait-il d’ailleurs que les socialistes aient une véritable doctrine qui puisse les différencier de la droite libérale. Construire un aéroport tout neuf ou exporter une centrale nucléaire (ça on ne le dit pas, mais on le fera) reste le leitmotiv de la gauche socialiste. Il faut bétonner, laisser une trace matérielle de sa présence, dépenser plus l’argent qu’on n’a pas gagné ; les élus ont la mentalité de leur fonction. Au moins, le parti socialiste travaillerait-il ? Entre conventions et colloques, il s’agit de faire parler des intervenants dont jamais la parole ne remontera au sommet et encore moins redescendra vers la base. De toute façon le programme du présidentiable 2012 ne relèvera que de quelques scribouillards recrutés pour l’occasion par l’Elu. Pendant ce temps notre planète est dévastée et l’énergie devient de plus en plus chère.

Les socialistes doivent changer et comprendre ce que signifie vraiment une transition social-écologiste. L’heure n’est plus aux effets de manche et à la langue de bois, il est dorénavant impératif de penser en termes de sobriété et de relocalisation. Or ce n’est pas encore la  culture du parti socialiste, tournée vers le passé des lendemains qui chantent.

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démocratie et risque d’écofascisme

La démocratie est mal partie. Les marxistes expliquaient que la démocratie occidentale n’était que formelle, n’avait que l’apparence de la démocratie : ce sont les intérêts économiques qui tiennent le pouvoir politique et l’influence omniprésente des lobbies confirme le diagnostic. Comme l’exprime Hervé Kempf, « derrière le spectacle du jeu électoral, la politique réelle est définie en privé dans la négociation entre les gouvernements élus et les élites qui représentent les intérêts des milieux d’affaires »*. Nous savons aussi que les démocraties populaires ne reposaient pas sur le pouvoir du peuple ; un parti unique tend au centralisme « démocratique », c’est-à-dire la mort de la démocratie. L’oligarchie financière d’un côté, la nomenklatura de l’autre, ce sont toujours un groupe de personnes qui tiennent les rênes du pouvoir. Que faire d’autres ?

La démocratie est d’autant plus mal partie que les contraintes écologiques croissantes risquent fort de nous faire basculer dans un totalitarisme oligarchique. La puissance industrielle prive l’homme non seulement de nature, mais aussi de liberté. Car plus la puissance grandit, plus l’ordre doit être strict. Comme l’exprimait Bernard Charbonneau** en 1980, « L’écofascisme a l’avenir pour lui, et il pourrait être aussi bien le fait d’un régime totalitaire de gauche que de droite sous la pression de la nécessité. En effet, les gouvernements seront de plus en plus contraints d’agir pour gérer des ressources et un espace qui se raréfient. Déjà commence à se tisser ce filet de règlements assortis d’amendes et de prison qui protégera la nature contre son exploitation incontrôlée.

Que faire d’autre ? Ce qui nous  attend, comme pendant la seconde guerre totale, c’est probablement un mélange d’organisation technocratique et de retour à l’âge de pierre ». C’est pourquoi il nous semble que le colloque du 15 mars 2011 pourrait aboutir au constat de la démocratie en échec… ou à l’élaboration d’une potion magique !

* L’oligarchie, ça suffit, vive la démocratie d’Hervé Kempf (Seuil, 2011)

** Le Feu vert de Bernard Charbonneau (réédition Parangon, 2009)

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socialistes à droite, écologisme à droite

Les socialistes tournent à droite, l’écologisme est à droite. Que reste-t-il au parti socialiste ? Le « socialiste » Dominique Strauss-Kahn est un ardent défenseur de la financiarisation de la planète. Le FMI qu’il dirige a un long passé de déstructuration des pays du Tiers-monde. Le socialiste Pascal Lamy est un ardent défenseur du libre-échange. L’OMC qu’il dirige reste le maître d’œuvre du laisser-passer, une ouverture imposée des frontières qui déstabilise et appauvrit tous les  pays au profit des FMN. L’écologisme est de droite. Toutes les avancées politiques ont été mises en place par la droite : le ministère de l’environnement et de la nature est une création de Pompidou en 1972. La Charte de l’environnement adossée à la Constitution a été imposée par Chirac. Le super-ministère du développement durable a été mis en place par Sarkozy ainsi que le Grenelle de l’environnement. Brice Lalonde avait bien senti le vent de l’histoire, il a viré à droite pour se retrouver aujourd’hui à l’ONU en train de préparer 2012l et a conférence des Nations unies sur le développement durable. Les ministres de droite qui ont mené une politique franchement écolo sont de droite, Serge Lepeltier, Nathalie Kosciusko-Morizet, Chantal Jouanno.

                Que fait le parti socialiste ? Il continue encore aujourd’hui à sous-traiter l’écologie en la confiant aux Verts. La motion qui voulait que le parti socialiste soit résolument écologiste a obtenu un score minable au Congrès de Reims. La gauche social-démocrate comme la gauche plus-à-gauche ne veulent pas voir les crises écologiques, ils préfèrent le productivisme qui va créer emploi et pouvoir d’achat au détriment les ressources de la planète. Le pic pétrolier n’appartient pas à leur langage alors que cela impliquerait d’inverser l’évolution catastrophique de nos structures sociales depuis plus de trente ans : banlieues tentaculaires contre ville compacte, culte de la bagnole au lieu du rapprochement des lieux de vie et de travail, achat de produits chinois plutôt que relocalisation et démondialisation.

                La mentalité hors sol du parti socialiste est telle que beaucoup de militants social-écologistes rejoignent aujourd’hui EELV alors que c’est le contraire, le passage des écologistes dans un parti de gouvernement, qui devrait avoir lieu. Pendant ce temps, la droite continue de s’essayer à l’écologie et la gauche de s’enliser dans la bataille des ego. Les socialistes ne commenceront à comprendre la réalité que quand le baril sera à 200 dollars…

FMI, Fonds monétaire international.

OMC, Organisation mondiale du commerce

FMN, firmes multinationales

EELV, Europe Ecologie – Les Verts

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Strauss-Kahn Président, tel est le vœu de l’oligarchie

DSK va se présenter. De source sûre. Il s’est fait rétamer par Ségolène la dernière fois, il a un moral de tueur, il veut nécessairement revenir dans l’arène politique française. Il croit que la France a besoin de lui, il croit que les socialistes sans lui, c’est Sarko qui reste au pouvoir. DSK sera donc Président. LeMonde* trace de lui un portrait  flatteur, le nouvel actionnaire du Monde Matthieu Pigasse, est de ses amis, comme Bernard-Henri Lévy, membre du conseil de surveillance du Monde. Déjà les agences de publicité parient sur son image ; Euro-RSCG met au service de DSK ses meilleurs employés. Sarko fricotait avec les riches, DSK sera l’idole des riches. DSK se repose dans un riad raffiné de Marrakech, il a un petit pied à terre de 4 millions de dollars à Washington, tout le monde veut loger chez lui ; il n’a pas besoin d’aller sur le yacht des autres. Sa femme Anne Sinclair rappelle qu’elle peut payer ; son grand-père était le marchand d’art Paul Rosenberg. Ses amis jonglent avec les langues comme avec les fuseaux horaires ; au temps de la mondialisation, quoi de mieux comme président qu’un serviteur du FMI. Strauss-Kahn est devenu un spécialiste du management à l’américaine, DSK sera un parfait Président de droite…

                Argh, erreur ! Nos conseillers nous rappellent que Dominique (Strauss-Kahn) serait socialiste. Bon, passons, entre la social-démocratie et l’UMP, il y a l’épaisseur d’un cheveu. Au Parti de gauche, on pense tout haut que si le PS était encore socialiste, il devrait exclure Strauss-Kahn. L’eurodéputé écologiste Daniel Cohn-Bendit a jugé que Dominique StraussKahn serait un bon candidat, il a oublié de dire « de la droite ». Une figure tutélaire de l’écologie, Alain Hervé, estime sur son blog que les socialistes Strauss-Kahn, comme d’ailleurs Royal, Aubry, Fabius, Vals, Hollande… n’ont aucune idée de ce qu’est l’écologie. D’ailleurs la candidate écolo Eva Joly connaît bien Strauss-Kahn, elle l’a mis en examen. « DSK président », hurlait pourtant un cœur de supporter en marge des journées d’été du PS en août 2006. DSK présentait alors son programme écolo : « Encore plus de croissance économique et tous les problèmes environnementaux seront résolus. » Où est la différence avec la droite ?

Terminons par une anecdote**. En juin 1984, le socialiste Pierre Moscovici téléphonait à celui qui fut son professeur à l’ENA, Dominique Strauss-Kahn, pour lui demander ce qu’il pensait de l’Inspection des finances : « C’est la meilleure business-school française. Vous y restez quatre ans et vous gagnez plein de fric. » Et le Trésor ? « C’est un peu moins bien, mais là aussi vous gagnez du fric. »

Laissons maintenant les citoyens de la gauche social-écologiste, si cela existe, trancher aux prochaines primaires socialistes. Le peuple obtient toujours ce qu’il mérite…

* LeMonde du 3 février 2011, Dominique Strauss-Kahn, L’embarras du choix

** L’oligarchie, ça suffit, vive la démocratie d’Hervé Kempf (Seuil, 2010)

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l’abominable pouvoir des journalistes

Michel Rocard passe près d’un tiers de son temps à répondre aux médias. Il n’a aucune légitimité électorale pour cela, mais au moins il dit des choses sensées, contrairement à bien d’autres. Par exemple devant les élèves du Centre de formation des journalistes : «  Vous futurs journalistes allez devenir des spécialistes de l’événement et de l’instantané. Or la politique relève du long terme. La brièveté des messages implique que l’on n’aille pas vers la complexité. Vous chercherez seulement le choc de la petite phrase. »*

                Bien vu, la démocratie fout le camp. Comme l’analyse Hervé Kempf**, l’échange d’arguments rationnels qui forme la conversation de la démocratie a été transformé par l’avènement de la radio et des techniques de manipulation de masse. La révolution de l’imprimerie avait créé au XVIIIe siècle les bases des Lumières, c’est-à-dire la libre circulation des idées. Mais la télévision est devenue aujourd’hui la source dominante d’information. Or les écrans nous entraînent dans un nouveau monde où chaque événement fait son entrée en scène à toute vitesse et disparaît aussitôt pour céder la place à un autre. C’est donc un monde sans beaucoup de cohérence ni de sens ; un monde qui ne nous demande pas d’agir et ne nous le permet pas non plus ; un jeu de « coucou, me voilà ! » Ainsi aux Etats-Unis, le dialogue politique est conduit pour l’essentiel au moyen d’annonces télévisées de trente secondes. Alors on recherche la petite phrase. Les élus pensent que ce qui compte c’est ce qui est dit dans les spots de 30 secondes. En France de toute façon, les journalistes coupent la parole des politiques au bout de 10 secondes ! Alors, pour expliquer politiquement des questions aussi complexes que le pic pétrolier…

                Le problème, c’est que les médias-papiers tombent dans le même travers, la recherche de la petite phrase et le culte de l’événementiel. Les événements en Tunisie sont oubliés grâce aux événements en Egypte, qui seront oubliés grâce à… Sarkozy était devenu un spécialiste de ce jeu de « chaises musicales », une connerie faisant oublier la précédente. Cette tendance à la désinformation n’est pas innocente, elle protège l’oligarchie dominante (qui possède d’ailleurs la plupart des grands médias) puisqu’elle empêche de penser. Alors nous n’avons plus les moyens d’agir face aux menaces écologiques, déplétion pétrolière, réchauffement climatique, etc. Et le débat « démocratique » se limite dans la presse à qui va gagner les prochaines élections. Hervé Kempf n’envisage qu’une issue probable : « Une assez large fraction de l’oligarchie reconnaîtra l’ampleur du danger environnemental et imposera à l’autre un changement radical. » Comme il ajoute qu’il y faudra aussi de la vertu, l’avenir semble joué d’avance : les plus faibles seront les premières victimes…comme d’habitude.

Nous aimerions qu’il en soit autrement…

* LeMonde du 1er février 2011, chronique de Franck Nouchi : petite phrase

** L’oligarchie, ça suffit, vive la démocratie d’Hervé Kempf (Seuil, 2011)

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l’oligarchie, ça suffit, out !

Le gotha mondial des affaires et de la politique s’était retrouvé le 26 janvier dernier à Davos pour le premier jour du Forum économique mondial. Trente-cinq chefs d’Etat et de gouvernement ainsi que deux mille cinq cents décideurs du monde entier. La Chine a dépêché en Suisse la plus nombreuse délégation officielle (66 personnes). Davos, c’est donc le rassemblement d’une bonne partie de l’oligarchie qui nous domine.

                L’oligarchie se réunit régulièrement, le groupe Bilderberg depuis 1952, la commission Trilatérale depuis 1973, le Forum économique mondial depuis 1987. Ces hommes et ces femmes partagent des convictions : la globalisation, la libre circulation du capital, le marché interconnecté pour permettre aux multinationales de progresser. L’oligarchie ne se dissimule plus. Dans la débâcle de 2008, la branche politique de l’oligarchie a mobilisé l’épargne publique pour éviter l’effondrement, la branche financière a continué à piller. Quand le profit est placé au-dessus de l’intérêt général, la morale est pervertie. Comme l’écrit Hervé Kempf*, « les puissants ne sont pas les meilleurs, ils visent d’abord la conservation de leur puissance, ils gouvernent en vue de leur propre but qui est, dans le capitalisme finissant, une accumulation sans limites de richesses et de prestige ostentatoire. En Egypte la classe dirigeante, qui pressure le peuple avec un cynisme éhonté, fait éduquer dès le plus jeune âge ses enfants en anglais ou en français, et non en arabe, la langue du pays. L’oligarchie mondiale n’a pas d’autre patrie que celle de l’argent ». Notons que les forums antérieurs n’avaient rien vu venir de la crise financière de 2008, l’oligarchie ne peut envisager que sa prospérité à court terme.

Cette oligarchie n’est pas prête à assumer les responsabilités que le pic pétrolier et autre épuisement des ressources imposent. Elle est contestée en Egypte, elle sera contestée un peu partout dans le monde. Mais comment la remplacer quand on sait que le pouvoir ne sera jamais dans la rue ?

*L’oligarchie, ça suffit, vive la démocratie d’Hervé Kempf (Seuil, 2010)

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bien parti pour la décroissance

Les Décroissants présentent des candidats aux cantonales. Ils ont bien du courage. Pourtant leurs « 10 chantiers de la Décroissance » méritent attention :
1. Valoriser l’expérimentation locale, associative et collective, encourager le bon usage. Faire évoluer le rapport à la propriété et au partage des richesses. Construire une politique de « ménagement du territoire » au service des individus.
2. Inciter la population à privilégier les transports doux (vélo et marche à pied) ou collectifs en augmentant les dessertes des bus et en pratiquant une politique tarifaire attractive. Créer des services de co-voiturage et de voitures partagées.
3. Développer une agriculture paysanne (biologique et de proximité) qui protège l’environnement et enrichit la vie rurale, en facilitant la mise à disposition de terres cultivables. Rechercher l’autonomie individuelle et locale par les jardins partagés, la mise en place de réseaux et les circuits courts, grâce aux subventions accordées aux associations et aux communes. Permettre aux collèges de préparer les repas de cantine à partir d’aliments biologiques locaux.
4. Mettre en œuvre des plans de réduction de la consommation d’énergie, encourager la production locale d’énergie avec le fond d’aide à l’énergie. Agir pour le recyclage et le tri à la source des déchets ménagers.
5. Promouvoir la mise en place d’une dotation inconditionnelle d’autonomie (DIA), à travers des droits de tirage sur les services publics, regroupant également les différentes activités de l’aide sociale, et aussi la santé, la culture, les transports, l’énergie, l’eau, la nourriture, l’accès au foncier, l’information, et la formation.
6. Concevoir des conférences au niveau départemental sur l’innovation sociale et écologique en particulier sur les expériences coopératives, l’habitat partagé, l’économie sociale et solidaire et la limitation des revenus.
7. Relancer la « production » de biens basés sur les échanges relationnels et conviviaux par le soutien ou la création de monnaies locales et régionales, de Systèmes d’Echanges Locaux, de groupement d’achats et de banques du temps.
8. Encourager une croissance de la richesse des rapports humains en soutenant la transmission des savoir-faire traditionnels locaux. Aider les pédagogies alternatives. Soutenir les initiatives d’auto-construction dans le domaine de l’habitat (par, entre autres, le fond de solidarité pour le logement).
9. Réorienter la recherche et la formation vers la transition écologique et créer des filières dans les domaines de l’alimentation, de l’énergie, de l’habitat, des transports, de l’artisanat et du tourisme écologique.
10. Permettre aux citoyens de s’impliquer réellement dans les instances de démocratie participative, organiser rencontres et débats. Œuvrer contre l’agression publicitaire et soutenir la mise en place de médias locaux indépendants.
Pour les rejoindre :
http://www.partipourladecroissance.net/

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le parti communiste est-il écolo ?

Georges Marchais avait déclaré, à la fin des années 1970 : « Au dessus de 40 000 francs par mois, je prends tout. » Il n’a pas été écouté. Aujourd’hui Carlos Ghosn touche 9,2 millions d’euros de rémunération annuelle. Si on distribuait cette somme aux salariés du groupe Renault, calcule un lecteur du Monde*, cela ne leur apporterait que 76 euros chacun. Noël Guibert en tire la conclusion que l’égalitarisme sommaire est une impasse, prenant l’exemple de la catastrophe économique que fut l’Union soviétique. Que répondre quand on est de gauche et écologiste ?

                D’abord qu’un sursalaire, au lieu d’être payé au dirigeant ou même aux salariés de l’entreprise, peut aller à une baisse des prix. C’est le consommateur d’automobiles qui fait la richesse de Renault, pas Carlos Ghosn. Ensuite l’Union soviétique n’a pas explosé à cause d’un « égalitarisme sommaire », mais au contraire à cause des inégalités de pouvoir qui existaient entre nomenklatura et citoyens de base. Enfin l’inégalité des revenus accroît la crise écologique en mettant en place un cercle vicieux diabolique : faut acheter une voiture parce que mon voisin en a une, mais j’en veux une plus grosse puisque mon voisin vient d’en acheter une. Comme dit une publicité ignoble qui passe en ce moment, j’achète pas cette voiture, elle n’est pas assez chère pour moi. Alors s’envole les émissions de gaz à effet de serre…

                De toute façon tirer ses revenus, comme Carlos Ghosn, d’un secteur d’activité qui nous incite à brûler une énergie fossile irremplaçable est un crime contre les générations futures. Georges Marchais avait raison de condamner la plus-value que s’accapare l’oligarchie dominante. Il n’en reste pas moins que le Parti communiste était à l’époque productiviste et le prolétariat à la fois amoureux de sa bagnole et aveugle devant le système « soviétique ». Le communisme français d’aujourd’hui ne semble pas avoir beaucoup réfléchi depuis les années 1970 !

LeMonde du 19 janvier 2011, courrier du jour de Noël Guibert (revenu maximum).

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Marine Le Pen est-elle écolo ?

La fille succède au père, leMonde s’interroge sur les ressorts du Front national nouveau : « En matière d’écologie, Mme Le Pen va loin, puisque la décroissance et la dénonciation de la logique consumériste ont fait leur apparition, tout comme le thème de la relocalisation, rapprochement des lieux de production et de consommation. » Sur le site FN, on en connaît un peu plus. Pour l’extrême droite, l’environnement est une préoccupation conservatrice, donc de droite. Pour Jean-Marie Le Pen, « La défense d’une harmonie entre la nature et l’activité humaine, ce que l’on nomme aujourd’hui l’écologie, fut le thème de la première publication du Front National en 1974 ». Par nature, le FN veut donc sauvegarder le patrimoine de la France qui s’incarne dans un peuple et dans une civilisation, mais aussi dans un terroir, avec ses paysages, sa faune et sa flore. Concernant les problèmes globaux de la planète, le nationaliste FN pense pourtant que des accords internationaux s’imposent dans le cas de la protection des océans et de l’atmosphère. De même « les oiseaux migrateurs, les poissons et cétacés dans les océans ne connaissent pas les frontières et une action internationale s’impose. » Car le FN aime la nature et les animaux : « La défense de l’environnement exige le respect des paysages, des animaux qu’ils soient de compagnie, de travail ou de boucherie, le respect des dons de la nature que sont l’air, l’eau, le ciel, la terre ou la mer. » Le FN va même jusqu’à affirmer que le respect de la vie est le fondement de son programme : « La manière dont un peuple traite les animaux, y compris ceux qui le nourrissent, est révélateur de son état de conscience morale. »

                Mais, parce que l’écologie est transversale, le FN refuse la création de tout nouvel impôt écologique : « la véritable approche écologique doit consister à affecter à la défense de l’environnement une part du produit fiscal provenant de toutes les taxes existantes.e Et le FN récuse toute gouvernance écologiste mondiale. Si le FN prône le retour à une agriculture « traditionnelle », il se garde bien de prendre partie sur le bio. Le FN veut réduire progressivement les consommations d’énergie fossile. Mais pas question de simplicité volontaire ou même de taxe carbone, il s’agit de parier sur les améliorations techniques (isolation, moteur sobre, nouvelles énergies…). De toute façon le FN reste nucléocrate : « La France fait déjà partie des bons élèves en matière de CO2 grâce à l’énergie nucléaire notamment (85% de notre électricité). »

                Enfin la relocalisation reste nationaliste, le FN nie toute autre communauté de base. Ainsi Louis Aliot, compagnon et tête pensante de Marine Le Pen, se dit en bisbille avec les Identitaires : « Les Bretons ils sont bien gentils mais la Bretagne sans la France, c’est plus la Bretagne quoi qu’ils puissent en dire. La Catalogne, le Pays Basque… ce sont des particularismes qui ne peuvent pas remettre en cause l’unité de la France. La France, ce n’est pas un puzzle, c’est un creuset. »

* leMonde du 18 janvier 2011, Faut-il avoir peur de Marine Le Pen ?

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