politique

Martine Aubry à l’image de son parti

Le parti socialiste n’a jamais été écolo. Pas un mot sur l’urgence écologique dans la Revue Socialiste n°42 (2e trimestre 2011)  qui brosse héritages et espérances sur la période 10 mai 1981 – 10 mai 2011. Trente ans à ne pas s’apercevoir que la température monte, que les eaux baissent, que le pétrole rejoint les espèces en voie de disparition. Si on analyse l’enquête menée à l’occasion du trentième anniversaire de l’élection première de François Mitterrand, on s’aperçoit que les références idéologiques des adhérents restent toujours traditionalistes. Les idées sociales-démocrates l’emportent par 76 % d’accord contre 18 %. L’altermondialisme par 57 % contre 28. Mais il y a encore 10 % d’adhérents tentés par le libéralisme économique et même 71 % pour estimer que les entreprises doivent faire des profits pour que l’économie marche bien. Personne ne s’interroge si la croissance va encore durer longtemps  alors que le rapport du club de Rome sur les limites de la croissance date de 1972, bien avant qu’on ne « change la vie » avec Mitterrand pour mieux faire du surplace.

Ce mardi 28 juin, Martine Aubry, première secrétaire du PS, annonce sa candidature après plusieurs semaines de faux suspense. Ce sera encore une fois la guerre des chefs et aucune réflexion sur notre avenir commun. Jusqu’à présent la feuille de route de Martine, « Elections cantonales, préparation du projet, accord avec la gauche, primaire » était d’une banalité à pleurer. Aujourd’hui Aubry veut prendre le relais d’un Sarkozy qui cherchait la croissance avec ses dents. « Une offensive de civilisation est fondée sur un autre modèle de croissance… Sans croissance on ne peut rien… »*. Martine parlait encore de construire des logements sociaux, mais pas un mot sur l’efficacité énergétique de cet habitat. En définitive, rien sur le blocage énergétique que va rencontrer prochainement notre société. Ce n’est pas ainsi qu’un Parti dit de gouvernement nous prépare des lendemains qui chantent. A croire que Martine n’a pas écouté les avertissements de Jean-Marc Jancovici et Yves Cochet lors d’un colloque pourtant organisé par la branche écolo de son propre Parti !

Martine Aubry a bien lâché sa bombinette après Fukushima, « Je crois qu’il faut sortir du nucléaire »**. Mais dans sa motion au Congrès de Reims (novembre 2008), Martine écrivait le contraire : « S’agissant du nucléaire, le fonctionnement et le renouvellement de la filière, dans notre pays, doivent se faire. » Martine est à l’image de son parti, adepte d’une critique molle du capitalisme négligeant l’incompatibilité entre les forces de l’argent et celles de la nature. Dans l’affrontement capital/travail, le PS a oublié l’environnement et une donnée désormais vitale : les ressources de la planète ne sont ni infinies ni éternelles. Menacé par l’activité humaine, l’état de la biosphère chamboule les axiomes. Mais le PS n’en a cure, il se tourne encore et toujours vers son passé.

* LeMonde du 3 mars 2011, Le livre-programme du PS.

** LeMonde du 29 mars 2011, Sur le dossier nucléaire, Martine Aubry est prise entre deux feux

 

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en 2012, écologisme contre extrême droite

Il existe seulement deux offres politiques sérieuses pour les présidentielles 2012, celle de l’extrême droite et celle de l’écologie. Daniel Cohn-Bendit pense encore qu’une candidature écolo au premier tour des présidentielles 2012 est inefficace ou superflue. C’est faire peu de cas d’une histoire de l’écologie politique qui présente  sans interruption au moins un candidat aux présidentielles depuis 1974. C’est oublier que l’écologie  progresse régulièrement dans le choix des électeurs : en 2002, Noël Mamère a dépassé la barre  symbolique des 5 % et même les 7 % si on y ajoutait les voix de Corinne Lepage. Notons aussi que l’alliance des écologistes et de la société civile pour les européennes de 2009 a permis de faire quasiment jeu égal avec le Parti socialiste. L’écologie n’est plus une candidature de témoignage, elle devient une nouvelle offre politique. Mais il existe aussi un autre positionnement depuis 1974, celui de l’extrême droite. Face à la crise globale de notre système thermo-industriel, le Front National propose le repli sur nos frontières et désigne des boucs émissaires, l’immigration principalement. Il est en effet plus facile dans l’adversité de montrer du doigt un coupable présumé. Face à cette tactique souvent utilisée dans la pratique électorale, l’écologie politique présente nombre d’analyses et de pratiques possibles, c’est-à-dire des réponses complexes pour une crise multiple. Or une idée juste mais complexe passe beaucoup plus difficilement dans les urnes qu’une réponse fausse mais simple. C’est d’abord pour cela que le Front national est arrivé au deuxième tour des présidentielles en 2002.

La France connaît d’ailleurs, dans la perspective des présidentielles 2012, un alignement de la droite sarkozienne sur les thèses de l’extrême droite. Avec Claude Guéant, Brice Hortefeux ou Marine Le Pen, il existe une homogénéité voulue dans la recherche de boucs émissaires. Avec l’écologie « qui commence à bien faire », l’abandon de la taxe carbone et les rêves envolés du Grenelle de l’environnement, nous voyons que la droite n’est pas capable de traiter l’urgence écologique. De son côté le Parti socialiste continue à sous-traiter la question environnementale ; lors du dernier congrès à Reims en 2008, le PS a complètement ignoré la possibilité de devenir un parti résolument écologique comme le proposait la motion B de son pôle écologique. Face à un socialisme engoncé dans une social-démocratie obsolète et bien proche des fondamentaux de droite, seule une candidature écologiste porte une autre voix, celle de la réconciliation entre les activités humaines et les possibilités de notre planète.

Il y a urgence. Depuis le rapport du club de Rome en 1972 sur les limites de la croissance en passant par les analyses du GIEC, l’écologie scientifique nous a permis de mesurer les dégâts du progrès. Or l’UMP et le PS restent deux idéologies jumelles, associées à la révolution industrielle et vouées à la croissance économique, valorisant le facteur capital et/ou le facteur travail, oubliant complètement le facteur terre. Ces pratiques du « toujours plus » nous ont entraînés dans des impasses tant financières qu’environnementales. C’est l’écologie politique qui montre la nécessité d’une troisième voie, au-delà de la droite et de la gauche, rassemblant tous les citoyens conscients des limites de notre planète. S’il n’y avait pas de traduction politique de l’urgence écologique, ce serait démobilisateur et démoralisant. Face aux crises systémiques, Europe Ecologie-Les Verts propose un changement en profondeur de notre système économique et social qui passe par une rupture dans nos modes de production et de consommation.

Depuis la formation en Nouvelle Zélande du premier parti écologiste, le « Values Party » en 1972 et la candidature de René Dumont pour les présidentielles françaises de 1974, l’écologie politique va bientôt avoir quarante ans. L’âge de la maturité ? Pas encore. Ses porte-parole peinent à s’imposer dans un milieu de libertaires qui peuvent commettre des errements du genre « pacte anti-Hulot ». Mais c’est un projet d’avenir qui valorise le respect de la diversité biologique et culturelle ; l’inverse des choix de la droite. C’est un projet qui prône la décentralisation de l’économie et du pouvoir ; l’inverse des choix de la droite. Mais ce sont surtout les craquements de la planète qui valident la candidature d’un ou une écologiste aux présidentielles 2012.

(chronique déjà parue à notre initiative sur lemonde.fr)

 

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pacte anti-Hulot, manipulation de la démocratie

En ce moment même ont lieu les primaires de l’écologie dont Hulot est un des candidats.  La campagne de dénigrement à son égard va-t-elle réussir ? Ce dénigrement remonte bien loin, le 1er juin 2007. Ce jour-là, le journal La Décroissance lançait médiatiquement une pétition – Pacte contre Hulot – « pour sauver la planète, mais surtout ses habitants ».

Motif réel : « En faisant ratifier un programme minimal par la quasi-totalité des candidats, Hulot a commis un second faux pas : il a déminé toute polémique, anéanti tout débat et fait de l’environnement une sorte de grosse chose molle et consensuelle dans laquelle tous les prétendants élyséens font mine de se retrouver. Terre d’asile pour hypocrites, le pacte écologique sert de faux nez aux zélateurs du libéralisme le plus débridé, et donc le plus pollueur. » Donc raisons politiciennes !

En novembre 2007, déjà plus de 5 000 signatures pour le « Pacte contre Hulot ». Le 1er juillet 2010, La Décroissance revendique 10 000 signatures du « Pacte contre Hulot ». Passons sur le fait que les rédacteurs de La Décroissance » s’appuient sur des « écologistes » comme Eric Zemmour, Claude Allègre ou l’anti-ours Jean Lassale. Listons simplement les mots même de Nicolas Hulot tel que repris par leur site Internet consacré à cette campagne de dénigrement. A chacun de juger ce que dit Nicolas Hulot :

24.05.2009 : « Il faut tout oser. Aller au-delà des frontières de l’utopie. »

25.05.2009 : « Je n’arrive pas à donner plus. J’aimerais bien être plus efficace, ou être moins seul. J’aimerais bien être relayé par les leaders politiques. De temps en temps, je trouve que c’est très lourd. Parfois, je me dis que garder l’espoir devient un acte de bravoure. Les tentations de désespoir sont légion. Il y a une telle inertie et une telle pyramide de complexité ! Quand on voit toutes les crises se rejoindre, la tentation de repli sur soi… On se dit : comment y arriver ? »

26.05.2009 : « Je ne donnerai pas de noms mais il y a des entreprises avec lesquelles je refuse de travailler. Je pense qu’il y a des entreprises qui évoluent dans leurs pratiques et qu’il y en a qui sont dans un cynisme absolu. »

07.09.2009 : « Ça fait des années que j’assume: pour agir, il faut des moyens. Plutôt que d’aller les chercher seulement auprès des particuliers, je souhaite aussi me tourner vers les entreprises, pour nouer un dialogue. À la condition expresse que mon indépendance de parole ne soit jamais prise en défaut. On est dans une forme de guerre. Je me refuse à me tenir à l’écart dans une attitude de puriste. Ne diabolisons pas les entreprises. »

16.09.2009 : « Je suis contre la construction de nouvelles autoroute »

17.09.2009 : « Une certitude : il serait grand temps que nous passions du siècle des vanités au siècle de l’humanité ».

27.09.2009 « Si j’étais vraiment désespéré, je resterais avec les miens, à profiter d’eux avant que tout ne bascule. Mais je ne le suis pas. » ; « Il y a une autre énergie qui est renouvelable, qui est inépuisable, c’est l’énergie de l’amour (…) On est condamnés à s’aimer ou on va mourir comme des imbéciles. » ; « Je ne suis pas contre le libéralisme par principe mais par réalité ».

01.10.2009 : « Notre liberté éditoriale [à la Fondation Nicolas Hulot] ne dépend que de nous. Ce serait faire injure que de penser le contraire. »

05.10.2009 : « EDF, Orange et la SNCF font partie des partenaires de mon film le syndrome du Titanic. Ont-ils eu une influence ?
Aucune. C’est une règle d’or chez moi. Je n’ai pas une vision machiavélique ou binaire du monde de l’entreprise, qui est par ailleurs le monde du travail. Je ne suis pas non plus un naïf.»

06.10.2009 : « Ils [les multinationales sponsors de Nicolas Hulot] ne peuvent pas utiliser mon image. Le mécénat c’est encadré par la loi. (…) Il peuvent pas utiliser la bobine de Nicolas Hulot pour faire de la pub, pour vendre, bon ben voilà. Je crois que c’est assez clair. » ; « Je n’ai pas une vision diabolique du monde économique. Je les mets pas tous évidemment  au même niveau. C’est aussi le monde du travail. (…) Je vais pas aller prioritairement  demander des sous aux citoyens qui sont déjà exsangues ou à l’Etat dont le budget à pas besoin de ça, le déficit budgétaire. Ça me paraît normal qu’on aille chercher de l’argent là ! Que ce soit à ces groupes-là de nous permettre d’agir. »

06.04.2010 : « Nous sommes sept milliards sur Terre, bientôt neuf, et nous n’avons d’autre choix que de changer de logiciel économique, en produisant et en consommant à la fois mieux et moins. »

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René Dumont est mort, l’écologie politique va désigner un successeur

René Dumont, né en 1904, est mort le 18 juin 2001, il y a juste dix ans. Il a été pour nous l’homme au pull-over rouge qui, lors de sa campagne présidentielle de 1974, avait bu un verre d’eau à la télévision, avertissant que « nous allons bientôt manquer de l’eau ». Election piège à cons, nous ne voulions pas voter. Mais René Dumont représentait enfin à nos yeux un candidat aux présidentielles crédible par son projet radical de changer la vie : l’écologie ou la mort ! Son projet était celui d’un agronome devenu anti-productiviste. Il s’exprimait ainsi dans la Gueule ouverte (mensuel, mai 1974) :

« J’enseigne à l’Institut national d’agronomie. L’agronomie, d’après ma définition, c’est l’artificialisation du milieu naturel. Ce milieu naturel, en l’artificialisant, on peut l’améliorer ou le démolir. Très tôt dans ma carrière, j’ai vu les dégâts de l’érosion en Algérie, j’ai aussi vu les dégâts de la désertification du nord du Sénégal en 1951. J’étais donc en contact avec des problèmes écologiques. J’avais pédalé avec les Amis de la Terre, j’avais assisté à la manifestation annuelle Combat pour la survie de l’homme. Tous ces amis sont venus me chercher pour me présenter aux présidentielles au nom du Mouvement Ecologique. Jusqu’à présent, tout ce que pouvaient faire les écologistes, c’était d’aller frapper à la porte des candidats en leur disant, dites donc, soyez gentils, tenez compte de la gravité de la situation. Les candidats nous répondaient : « Oh ! Combien vous avez raison », et dès que nous avions tourné le dos, ils oubliaient tout ce que nous leur avions dit. Maintenant, devant le mouvement qui s’est très vite développé autour de ma candidature, je pense que notre utopie peut aboutir à des réalisations si nous parvenons à percer le mur d’incompréhension, le mur d’ignorance. D’où l’importance des mass média. Je suis en ce moment le porte-parole parce qu’il en fallait un, mais je ne suis pas le leader. Pour le mouvement écologique, je fais un petit testament dans lequel je lui conseille de se structurer pour continuer un groupe ayant une possibilité de pression politique. Je ne dis pas la forme à trouver, mais cette action politique est destinée à faire un projet révolutionnaire de changement total de la société, condamnant l’économie de profit, l’économie capitaliste. Il n’y a pas de défense écologique qui ne passe par une solution politique. »

Aujourd’hui en juin 2011 se déroulent les primaires de l’écologie ; René Dumont aura un successeur. Comme l’urgence écologique est encore plus grande qu’en 1974, le vote des citoyens pour l’écologie politique aux présidentielles de 2012 nous paraît nécessaire, indispensable, urgent… irréfutable !

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agir pour une planète dénucléarisée

Europe Ecologie-les Verts approuve et fait sien l’appel suivant pour une Europe sans armes ni centrales nucléaires (Congrès fédéral à La Rochelle les 3, 4 et 5 juin 2011). Voici quelques extraits significatifs :

« L’Europe est composée de peuples qui se sont tantôt rassemblés et tantôt combattus. Elle a connu de nombreuses guerres, colonisé en partie le reste du monde, provoqué deux guerres mondiales, subi et exporté des dictatures, atteint le paroxysme de la violence en inventant les camps de concentration et les totalitarismes génocidaires.

L’Europe doit tirer les leçons de son propre passé dans ce qu’il a de tragique. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est une valeur ; ainsi, les peuples doivent être directement consultés sur les questions d’importance qui engagent leur avenir. A ce titre, l’énergie nucléaire sous son double aspect civil et militaire aurait dû et devra faire l’objet de décisions collectives et de consultations démocratiques. Nous, citoyens d’Europe et du monde, faisons nôtres et appelons les citoyens de tous les pays d’Europe à partager les exigences suivantes :

· 1. De l’Atlantique à l’Oural, plus aucun armement nucléaire ne doit stationner ni être installé en Europe.

· 2. Plus aucune arme nucléaire ne doit menacer l’Europe ni menacer le reste du monde.

· 3. L’Europe doit initier et soutenir jusqu’à son plein achèvement le processus d’abolition des armes nucléaires dans le monde, conformément à l’article VI du traité de Non Prolifération.

· 4. La Conférence du Désarmement basée à Genève doit aboutir à ce résultat par quelque moyen que ce soit.

· 5. L’AIEA basée à Vienne doit cesser de prôner l’énergie nucléaire pour se consacrer exclusivement au contrôle des installations nucléaires civiles et militaires, empêcher le détournement des matières fissiles et la fabrication de nouvelles armes, aider au

démantèlement des armes et des centrales nucléaires existantes.

· 6. L’Organisation du Traité d’Interdiction Complète des Essais nucléaires (TICE) basée à Vienne doit devenir opérationnelle.

· 7. Toute la lumière doit être faite sur les causes et les conséquences réelles de catastrophes nucléaires comme celles de Tcheliabinsk et de Tchernobyl.

· 8. L’accord de 1959 entre l’AIEA et l’OMS, qui impose à l’OMS la désinformation et le mensonge en matière nucléaire, doit être abrogé.

· 9. Le traité EURATOM doit être abrogé et aucune nouvelle centrale nucléaire ne doit être construite.

· 10. L’Europe doit devenir une zone intégralement dénucléarisée, afin de contribuer à la dénucléarisation totale de la planète sans attendre une action similaire des autres Etats ou continents.

Nous appelons les citoyens, les ONG, les Etats et les peuples d’Europe à s’unir et agir pour réaliser ces objectifs dans les meilleurs délais. »

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premier débat Hulot/Joly, léger avantage à Nicolas

Premier round pour les candidats à la primaire d’Europe Ecologie-Les Verts lundi 6 juin*. Avec plus de 25 000 votants contre seulement 8 000 adhérents il y a deux ans, difficile de savoir qui peut l’emporter. D’autant plus que sur le positionnement politique, ils sont tous d’accord. Pour Henri Stoll, « L’écologie est à gauche », Nicolas Hulot a martelé « qu’il n’y avait pas de compatibilité politique avec la droite », Eva Joly estime que « Ceux qui soutiennent la droite peuvent difficilement avoir leur place à EELV ». Sauf que Nicolas fait entendre sa petite musique :  « Est-ce que l’écologie n’amène pas un petit supplément d’âme que simplement être de gauche ? ». Il devrait le clamer bien plus fort, l’écologie ou art de bien gérer notre maison commune (la planète) doit rassembler au-delà des sensibilités partisanes. L’écologie politique est une façon de penser le monde radicalement nouvelle qui ne peut s’enfermer dans les catégories habituelles.

Corinne Lepage, qui a parcouru presque tout l’éventail politique, en sait quelque chose : « Les partis traditionnels ont certes un volet écologique dans leur programme politique, cela va de soi. Mais la question est traitée en aval. Lorsqu’ils ont décidé le modèle socio-économique qu’ils veulent mettre en place, alors ils se posent la question de l’impact environnemental que cela va avoir. La particularité de l’écologie politique est dans l’inversion de l’ordre des facteurs : qu’est-ce qui est le système ? Moi, je suis pour faire de l’économie un sous-système de l’écosystème global. L’alternative, c’est de ne plus considérer les capacités physiques de la planète comme étant une variable d’ajustement, mais comme étant le point à partir duquel on construit un projet politique. »**

Daniel Cohn-Bendit précise :  « Dans le ni droite, ni gauche, il y avait quelque chose de juste. C’est vrai qu’on est critique du productivisme de gauche, et du productivisme de droite, donc on est ni à gauche, ni à droite, on est autre part… C’est vrai aussi qu’à certains moments historiques, il faut créer des majorités, et que dans certaines majorités, tu ne peux pas réaliser ce que tu veux faire. »

Cécile Duflot peut conclure : « C’est vrai que c’est compliqué de faire des alliances avec le Parti socialiste. Oui, on est une troisième voie ; oui, on est capable de passer des accords ; non, ce n’est pas automatique. Nous Europe Ecologie et les Verts, notre position, c’est de revendiquer, à la fois, l’autonomie de notre projet politique différent, et la possibilité de passer des accords.  On ne peut légitimer des valeurs politiques qui sont basées sur la compétition, la concurrence, le refus de prendre en compte le long terme… »

En clair, le refus du positionnement procède d’un refus des termes habituels du champ politique pour restituer le radicalisme que les écologistes veulent poser comme une nécessité.

* lemonde.fr avec AFP et Reuters | 07.06.11 |

** Des écologistes en politique d’Erwan Lecoeur (lignes de repères, 2011)

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bientôt un écolo président de la République française

Un jour, le (ou la) président(e) de la République française sera écolo. Cela ne peut faire de doute. Nous le savons depuis 1972, lorsque le rapport du club de Rome a dénoncé la course à la croissance en démontrant les limites de la planète. Deux ans plus tard avec le premier choc pétrolier, nous savons que notre civilisation dépend du pétrole. D’ailleurs, pour la première fois, René Dumont portait ce message aux présidentielles 1974 : l’écologie ou la mort, à vous de choisir ! Depuis 1990 et le premier rapport du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), nous savons aussi que l’humanité va faire face à un réchauffement climatique. Nous savons désormais de façon scientifiquement prouvée que le choc des hydrocarbures n’est qu’une partie des dégradations écologiques qui menacent nos sociétés. Qu’attend le peuple pour porter au pouvoir un ou une écolo ? Dépassons les vieilleries de droite comme de gauche !

Les ressorts sociaux-démocrates sont fatigués, le PS ne reste le parti dominant à gauche que par le poids de son passé. La fascination et la complaisance des socialistes pour les règles libérales qui se sont imposées au monde résonnent comme une forme d’échec. De façon symptomatique, ils voulaient tout miser sur Dominique Strauss-Kahn, la personne la plus à droite de ceux qui se disent à gauche. La gauche socialiste n’est plus la gauche. La gauche socialiste n’a jamais été écolo. Réformer le pays, sa politique énergétique, sa société, cela transcende les méthodes et les discours standardisés de la gauche. Mais le PS n’aime pas les idées nouvelles, il préfère se déchirer dans des querelles sans fin de leadership.

Cécile Duflot a gagné son congrès* ; sa reconduction comme secrétaire nationale témoigne de la maturité d’Europe Ecologie-Les Verts. Ceux qui portent l’idée de transformation sociale, qui veulent construire dans la durée, agir pour les générations futures, ce sont les écologistes. Ils sont en position non seulement de faire bouger les lignes, mais de gagner la majorité et conquérir le pouvoir. Tout est possible. On se souvient du 21 avril 2002, Le Pen n’avait pas été envisagé pour le 2ème tour et pourtant l’extrême droite devance le candidat du PS. En 2007 le centriste Bayrou était à 8 % en intentions de vote, il a fait plus de 18 % des voix. Aujourd’hui pour 2012, l’écologie avec EELV dispose d’un programme en phase avec les attentes de la société, d’une assise électorale confirmée par les précédents scrutins, de deux candidats qui représentent à la fois la probité et la volonté d’un changement écologique de la société. Dépêchez-vous de vous inscrire aux primaires de l’écologie politique, il ne vous reste plus que 5 jours :

www.primairedelecologie.fr

* LeMonde du 5-6 juin 2011, Cécile Duflot se pose en patronne

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Daniel Cohn-Bendit, le Shtroumpf grognon

Cohn-Bendit ne supporte pas son éclipse, il n’a pas eu « envie » d’aller au Congrès d’EELV ce WE. Il boude et se répand dans les médias*. Il a peur d’un 21 avril et ne voudrait pas d’un candidat  écolo au premier tour. Il est d’autant plus en décalage avec l’écologie qu’il croyait Strauss-Kahn le meilleur candidat pour battre Sarkozy. Ses propos d’avant 1974  font perdre de la crédibilité à tout le monde : depuis René Dumont, les écologistes ont toujours été présents au premier tour des présidentielles car l’écologie est le seul projet politique de rupture avec la société thermo-industrielle. Cohn-Bendit est devenu une nuisance pour l’écologie politique et pourtant il a droit quasiment à une page entière dans LeMonde !

Cohn-Bendit agit en sous-marin du parti socialiste au moment même où l’écologie devient une force politique majeure, et pas seulement en France. Cohn-Bendit voudrait encore un accord avec le PS, mais cela fait longtemps que le PS fait cavalier seul en organisant une primaire fermée sur les seuls socialistes. Cohn-Bendit admet quand même l’existence de haines entre présidentiables socialistes tout en osant parler de direction « collégiale » au niveau du PS. Cohn-Bendit ne connaît pas le programme de Martine Aubry et ce qui la différencie de François Hollande. Cohn-Bendit ne sait rien du positionnement du PS sur la transformation écologique. Cohn-Bendit n’a donc pas compris que pour l’instant le mouvement écologique se fait en  dehors de la gauche. Car le PS s’acharne à produire des programmes affadis par une pseudo-concertation, gauchis par concession à son aile gauche, réécrits cent fois et jamais lus véritablement. En définitive, un présidentiable socialo ne représente que lui-même et les quelques ténors du parti qu’il a réussi à enrôler. Le PS fait tout sauf de l’écologie. Et il faudrait que les écolos se couchent face à une telle imposture ? Cohn-Bendit est devenu une nuisance pour l’écologie et pourtant il a droit quasiment à une page entière dans LeMonde !

Car le problème de fond est là. Pourquoi LeMonde donne-t-il la parole à Cohn-Bendit dont la motion n’a obtenu que 26,5 % des voix et pas à Cécile Duflot qui reste majoritaire et secrétaire nationale d’EELV ? Parce que LeMonde cultive l’ignorance du public en mettant en place des mécanismes agnotologiques***. LeMonde accroît le savoir disponible avec comme résultat de brouiller complètement toute visibilité. Quand l’information n’est pas suffisamment triée et hiérarchisée, nous arrivons en effet au résultat que trop d’information tue l’information. LeMonde, en insistant sur les propos du minoritaire Cohn-Bendit, dévalorise l’écologie politique et la connaissance des enjeux. C’est le défaut de ce média de présenter des points de vue contradictoires et marginaux : qui peut alors parfaire son opinion ?

* LeMonde du 4 juin 2011, Ma crainte, c’est qu’on se retrouve à 3 % en 2012

** LeMonde du 4 juin 2011, L’ignorance : des recettes pour la produire, l’entretenir, la diffuser.

*** l’agnotologie ou science de l’ignorance s’intéresse au pourquoi et au comment de ce que nous ignorons.

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François Hollande est-il normal ?

François Hollande se dit un candidat « normal », c’est-à-dire qu’il dit « avoir des qualités exceptionnelles » et suivre un régime amaigrissant ! En résumé, il a tout misé sur son régime et rien sur son programme. Mais ce n’est pas normal qu’un présidentiable se contente de jouer avec les mots. Car pendant ce temps-là, la France vit le printemps le plus chaud « depuis au moins 1900 », selon Météo France : réchauffement climatique ? Au 30 mai, 54 départements font l’objet d’une décision publique limitant l’usage de l’eau et sept sont en vigilance. Plus globalement dans notre biosphère, les émissions de CO2 ont atteint en 2010 leur plus haut niveau historique. Il s’agit d’un « sérieux revers » pour la lutte contre le réchauffement climatique, annonce l’Agence internationale de l’énergie.

Ce record fait craindre une élévation de la température supérieure à 2 °C, seuil au-delà duquel pourrait advenir un « dangereux changement climatique » selon les scientifiques. Que ferait Hollande après 2012 ?

Gouverner « normalement », ce serait selon Hollande rechercher l’équilibre, faire preuve de modération et rompre avec l’image présidentielle donnée par Sarkozy. Mais dans un contexte écologique aux multiples menaces, il ne s’agit pas de préparer une gouvernance « normale », mais une candidature de rupture avec la société thermo-industrielle. Hollande n’est pas capable d’une action de cette envergure, lui qui a toujours cherché le compromis mou et les synthèses bancales du temps qu’il était Premier secrétaire. Récemment, nous avons échangé avec François sur la perspective d’une descente énergétique. Il disait partager nos inquiétudes face au déclin de la production pétrolière et savoir la nécessité d’un nouveau mode de développement face à la crise écologique, énergétique et climatique. Il pensait qu’un « plan de transition énergétique » était indispensable pour financer le développement des sources d’énergie renouvelable. Ce plan sur 10 ans viserait à modifier le mix énergétique de notre pays, il serait réalisé par un investissement à la fois de l’Etat et des collectivités locales complétés par des fonds structurels européens. Cet élan, disait-il, contribuerait à positionner la France sur les marchés des technologies propres, porteuses de croissance à long terme (énergies renouvelables, stockage de l’énergie, éolien, photovoltaïque, véhicules propres, voitures électriques). Il s’agirait donc autant, a-t-il conclu, d’écologie que d’économie.

François Hollande n’est donc pas en phase avec la profondeur des crises écologiques qui s’annoncent, en particulier le réchauffement climatique et la descente énergétique. Hollande se situe dans une perspective de production d’énergie, il n’a pas encore compris que l’énergie renouvelable est en quantité infime par rapport à nos besoins actuels, ce qui va poser un énorme problème socio-économique. Hollande n’a pas encore compris que la première des priorités doit aller aux économie d’énergie, c’est-à-dire agir sur la demande et non sur l’offre d’énergie. Hollande se polarise sur l’idée de « croissance à long terme » alors que l’idée de croissance infinie dans un monde finie devrait être politiquement invalidée depuis 1972 et le rapport du Club de Rome sur les limites de la croissance. Hollande n’a pas encore réalisé que « nouveau modèle de développement » ne veut pas dire, dans une perspective d’après-pétrole, croissance quantitative, mais au contraire décroissance conviviale. Enfin Hollande croit aux « technologies propres », aux véhicules propres… Or personne n’a réussi à démontrer la « propreté » des technologies actuelles (voiture électrique) ou imaginées (géo-ingénierie, ITER, Astrid…). Même le photovoltaïque, théoriquement renouvelable, pose problème.

François est à l’image d’un parti socialiste dont le discours singe encore celui de la droite et dont les dirigeants n’ont pas encore compris l’urgence écologique…

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Nicolas Hulot et la primaire de l’écologie

Les inscriptions pour participer aux primaires de l’écologie sont ouvertes jusqu’au 10 juin prochain. Nicolas Hulot paraît objectivement le mieux placé pour remporter cette primaire face à Eva Joly. En effet, il se prépare depuis plus de vingt ans et il possède une vision stratégique : l’urgence écologique. L’empreinte des humains est démesurée, nous vivons l’anthropocène, les dérèglements des écosystèmes sont généralisés. Nicolas sait tout cela, il a déjà écrit deux livres sur le « syndrome du Titanic ». Très tôt, il ne s’est pas contenté de ses émissions télévisées. Il lance en 1990 une « Fondation pour la nature et l’homme », reconnue d’utilité publique : campagnes pour l’éco-citoyenneté, informations scientifiques sur l’environnement, sensibilisation aux enjeux de la biodiversité. Jacques Chirac, à l’époque maire de Paris, appréciait les émissions télévisées de Nicolas et souhaite de plus amples renseignements sur sa fondation. Sur son scooter, Nicolas franchissait les grilles de l’Élysée avec ses bouquins, apportant à Chirac une moisson de lectures écologistes. Des heures de conversation pour « déghettoïser » l’écologie en formant celui qui allait être appelé aux plus hautes fonctions en 1995.

Début 2000, Nicolas Hulot souhaite devenir un acteur du débat public, mais il éprouve le besoin d’étayer ses convictions. Dans le cadre de sa fondation, un comité de veille écologique lui apporte base scientifique et données rigoureuses. Ses membres sont tous des experts d’un sujet donné, et souvent chercheur dans les domaines sensibles comme la biodiversité, le climat, l’énergie… En pratique, tous les deux mois environ, ils se retrouvent à dix ou quinze autour de Nicolas. Divers ouvrages ont donc été rédigés, dont le plus visible a été combien de catastrophes avant d’agir. Lorsque la campagne présidentielle de 2002 a commencé, Nicolas n’a pas manqué cette chance historique d’infléchir les événements. La promesse de Chirac d’une charte de l’environnement « adossée à la Constitution », c’est un peu grâce à lui. Dès les premières phrases du discours de Chirac le 2 septembre 2002 au sommet de Johannesburg, le ton est donné : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. La nature, mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer et nous refusons de l’admettre. L’humanité souffre… » Ce texte était l’aboutissement d’années d’efforts pour faire partager par le Président les convictions auxquelles Nicolas était attaché.

« À partir de 2005, Nicolas Hulot élabore avec le Comité de veille écologique un « Pacte écologique ». L’enjeu est de le faire signer par tous les candidats à l’élection présidentielle de 2007. Devant l’inertie des candidats, Nicolas menace de se présenter. Alors ils signent presque tous ; le faire, c’était l’espoir de rallier sur son nom au second tour tous ceux qui auraient voté pour Hulot au premier. Ensuite les choses s’enlisent même si l’idée du Pacte écologique d’un ministre de l’écologie aux pouvoirs étendus est mise en place : demi-échec du Grenelle2, abandon de la taxe carbone. La Fondation pour la nature et l’homme écrit en 2010* : « L’opinion doit accepter des contraintes opposées à ses désirs (de déplacements sans limites, de puissance sans limites, de consommation sans limites)… Si l’humanité n’est pas capable d’un sursaut moral assez tôt, il faudra s’attendre à l’effondrement général de la civilisation matérialiste industrielle. » Contre une telle destinée, Nicolas avait tout essayé, les émissions télé, le statut de conseiller des princes, la réflexion collective, les livres, le film, la pression sur les élections présidentielles. Nicolas se pose dorénavant la question : comment forcer le cours des choses ? Comment choisir les tribunes efficaces, peser sur la société ? Il ne lui reste plus qu’une chose à tenter, la présidence de la République. Le 13 avril 2011, il a franchi le cap.

Nicolas Hulot se lance dans la course aux présidentielles et fait appel à « celles et ceux qui ne se résignent pas au déclin conjoint de l’humanité et de la nature ». Pour Nicolas, l’étymologie ne ment pas : l’écologie n’est ni plus ni moins que la science de notre maison à tous. Loin des appareils politiques, il est en train de faire aujourd’hui avec l’économie ce qu’il a fait hier avec l’écologie. Les experts en mouvements de capitaux ont rejoint les spécialistes de la flore subsaharienne. Nicolas n’est plus l’électron libre qui n’avait jamais suivi des hommes, mais seulement des idées. Nicolas n’a pas envie que son fils Nelson dise plus tard : les salauds, ils savaient. Il rentre en personne dans l’arène politique, il participera aux primaires d’Europe Ecologie-Les Verts. Aux électeurs maintenant de juger…

* Vers une société sobre et désirable, les vingt ans de la Fondation (Puf, 2010)

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l’écologie au premier tour depuis 1974, au second en 2012

A mourir de rire, la déclaration de Jean-Paul Huchon* invitant « les écologistes à la primaire socialiste ». Il ne sait pas encore que n’importe qui peut voter pour les clones de DSK du moment qu’il est inscrit sur les listes électorales. Il a oublié que le PS a laissé passer sa chance en refusant une primaire socialiste ouverte aux candidatures de toute la gauche. Il veut ignorer que les inscriptions pour les primaires écolos sont ouvertes sur le site www.primairedelecologie.fr. Jean-Paul Huchon croit encore que « Martine Aubry est la mieux placée pour empêcher une candidature écologiste au premier tour de la présidentielle ». Comment va-t-elle s’y prendre, l’excommunication, la prison, les promesses de dernière minute ?

Les écologistes présentent des candidats aux présidentielles sans interruption depuis René Dumont en 1974. Ils ont raison, c’est le seul projet de société qui sonne le tocsin et appelle à une joie de vivre coexistant avec moins d’eau, moins de pétrole, moins de viande. La présidentielle est une élection où on vote dès le premier tour pour celui ou celle qu’on voudrait voir au deuxième. Ni Cohn-Bendit, ni un militant du Front national ne nous démentira ! Si la grâce touchait les électeurs en 2012, Nicolas Hulot deviendrait Président de la République française. Cela démontrerait que les électeurs ne sont plus dupes d’un système qui peut nous présenter des individus aussi semblables que Strauss-Kahn ou Sarkozy en disant qu’ils sont différents. Cela prouverait que les électeurs ont appris que ce sont les contraintes écologiques qui déterminent notre mode de vie, et certainement pas les vaines promesses de la croissance des riches, l’emploi pour des privilégiés et le pouvoir d’acheter des conneries. Si le PS était devenu un parti social-écologiste, cela se saurait, on voterait pour lui.

* LeMonde du 26 mai 2011, M.Huchon invite les écologistes à la primaire socialiste

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un laboratoire sans idées, le parti socialiste

Le laboratoire des idées du PS veut recycler le mitterrandisme. Son président, le député Christian Paul, annonce pour 2012 un « projet de redressement* ». Mais les seules propositions sont de parler « aux classes populaires du chômage, de l’emploi et du pouvoir d’achat, comme en 1981 ». Il est vrai que Mitterrand affirmait : « L’emploi, c’est la première de nos obligations. J’y consacrerai toute ma volonté ». Pendant sa campagne électorale, il annonçait : « Je serai en mesure de créer un million d’emplois jeunes durant l’année 1982 ». Malgré la cinquième semaine de congés payés et la semaine de 39 heures, le chômage est passé de 1 600 000 chômeurs en 1981 à 3  300 000 à la fin de l’année 2004 ! Dès 1983, alors que le chômage reprenait brutalement sa hausse, la priorité s’était inversé : le gouvernement, pour éviter la faillite financière à cause du déficit commercial mettait l’accent sur le redressement des finances publiques et la lutte contre l’inflation. Christian Paul ne prend pas les bonnes références historiques, il n’y a pas grand chose à reprendre du bilan de Mitterrand.

Christian Paul précise aussi que le PS va « aborder sans tabou la question du pouvoir d’achat, par le salaire, mais aussi par le blocage des loyers, en réduisant la facture d’énergie et de transport ». D’abord le salaire ne se décrète pas, il dépend de la bonne santé des entreprises et on ne peut pas dire que les perspectives économiques soient joyeuses. Ensuite tout blocage des prix empêche les ajustements et cela fait longtemps que la France a abandonné le principe d’une telle politique. Enfin, prévoir de réduire la facture d’énergie et de transport constitue une méconnaissance de l’avenir puisque la raréfaction des ressources fossiles nécessite l’augmentation du prix de l’énergie. Ce manque de réalisme de Christian Paul n’est pas étonnant, il n’y a pas au PS véritablement de laboratoire des idées qui fonctionne, ni d’ailleurs de comité scientifique, ni à plus forte raison de projection dans le futur : on en reste à l’héritage impotent de Mitterrand.

Christian Paul ferait mieux de lire le dernier livre de Jancovici. Il apprendrait que le pouvoir politique ne peut agir d’aucune manière sur le pouvoir d’achat : « Sans énergie, impossible de déplacer un objet (ou notre propre corps), illuminer ou chauffer une pièce, transformer un poisson dans l’océan en poisson dans notre assiette. Cette énergie fossile à profusion, c’est la véritable cause de la hausse de notre pouvoir d’achat. En clair, le pouvoir d’achat augmente quand le prix de l’énergie baisse. »

Or la rareté croissante va faire obligatoirement augmenter le prix de l’énergie fossile, donc le pouvoir d’achat va baisser, inexorablement… Les classes populaires ne voteront plus socialiste, mais extrême droite. On leur aura appris à suivre un discours populiste, si ce n’est démagogique.

* LeMonde du 25 mai 2011, Le PS ne doit pas oublier le peuple

NB : pour écrire cet article vide de contenu, Christian Paul a du se faire aider du sociologue Camille Peugny

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l’affaire Strauss-Kahn en jugement

L’un des rares écolos des médias, Hervé Kempf*, fait un parallèle entre la démesure consumériste et l’hubris lubrique de DSK. Mais rien n’est dit sur l’origine de cette avidité inextensible. Quelle est la racine psychologique de cette envie irrepressible d’objets, de pouvoir et de femmes ? Pourquoi ce déni des contraintes écologiques ou morales ? L’explication première est le mécanisme de l’interaction spéculaire, en miroir. Je me réalise en échangeant avec autrui des modèles du monde formés par ces échanges. Je me représente la manière dont les autres se représentent les choses et moi-même. L’hypothèse de l’interaction spéculaire nous permet d’enterrer le vieux débat épistémologique sur l’antériorité de l’individu et de la société. L’un et l’autre se forment mutuellement. L’individu soumis à la société de consommation ne se demande pas s’il veut pratiquer la simplicité volontaire, mais seulement s’il le ferait au cas où un certain nombre d’autres le feraient aussi. L’écologie sociale part de ce constat psychologique.

                Ce qui est frappant dans l’affaire Strauss-Kahn, c’est le discours en miroir des socialistes : un parti ressemble à une meute, à une famille soudée autour de sa complicité. Pierre Moscovici considère DSK comme son frère en politique et bien sûr il faut défendre son frère. Jean-Paul Huchon ne monte pas les marches du festival de Cannes « par solidarité avec Dominique Strauss-Kahn ». Jack Lang s’emporte contre le système judiciaire qui « a envie de se payer un français, un Français puissant ».Plusieurs autres leaders socialistes interviennent pour témoigner leur amitié à DSK… Stupéfiant, indécent ! Une tentative de viol n’est presque rien pour eux, l’amitié avant tout. L’hubris lubrique de l’ex-futur président de la République a bien été soutenu implicitement par les protections de sa famille de gauche. L’hubris, lubrique ou non, peut s’exacerber lorsqu’on acquiert un sentiment d’impunité sous le regard complice de son miroir. Le  chef de famille peut-il se limiter quand il est défendu en toutes circonstances par sa famille ? Comme le dit l’avocate féministe Gisèle Halimi « le respect des femmes » devrait « prévaloir sur l’amitié et l’esprit de clan ». Evoquant « la levée de boucliers des amis » de Dominique Strauss-Kahn, elle se dit « déçue par la gauche ».

                Le sens du devoir envers les autres et la biosphère n’advient que pour les esprits libérés de l’esprit de famille, pour des militants libérés du culte du chef, pour des consommateurs libérés de la publicité, pour des travailleurs libérés des objectifs patronaux, pour des chercheurs libérés de l’obligation de l’application technique, pour des professeurs libérés de leur discipline, pour des élèves libérés de leurs écrans, pour des médias libérés de la pression de l’argent, pour des individus libérés de l’interaction spéculaire. C’est seulement à cette condition que nous pouvons échapper à la démesure actuelle d’un système social artificiellement dopée par l’énergie facile, par l’énergie fossile…

 LeMonde du 18 mai 2011, rubrique Ecologie, « Hubris » lubrique

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le viol de DSK et la société du spectacle

Tentative de viol ! Après l’immédiateté médiatique véhiculée par Internet vient l’amplification par les journaux papiers. Dans LeMonde du 17 mai 2011, l’affaire Dominique Strauss-Kahn  fait l’objet de l’éditorial, de 7 pages supplémentaires journalistiques, d’une page débat. Si on y ajoute la rubrique écran (DSK contre NYPD) et l’analyse de Gérard Courtois, que reste-il à lire du reliquat de l’actualité ? Trois pages pour le Festival de Cannes, des rogatons pour tout le reste. C’est ainsi, c’est la « société du spectacle ». Notre nouvelle organisation technicienne crée en abondance des images et des leurres comme  compensations mensongères à notre aliénation collective. Comme l’exprime Guy Debord  dans Commentaires sur la société du spectacle (1988) :

« La possession d’un « statut médiatique » a pris une importance infiniment plus grande que la valeur de ce que l’on est capable de faire réellement. Ne passent que rarement, et par brèves saccades, les nouvelles véritablement importantes sur ce qui change effectivement. Entre 1967 et 1988, le changement qui a le plus d’importance réside dans la continuité même du spectacle. Mac Luhan parlait de « village planétaire », si instamment accessible à tous sans fatigue. Mais les villages ont toujours été dominés par le  conformisme, l’isolement, les ragots toujours répétés. La pollution des océans et la destruction des forêts équatoriales menacent le renouvellement de l’oxygène de la Terre. Le spectacle conclut seulement que c’est sans importance. »      

                Dans LeMonde du 17 mai 2011, il y a quand même une page Planète qui insiste sur la sécheresse en France. Il  faudra s’adapter au réchauffement climatique, dit notre ministère, c’est-à-dire réduire notre consommation d’eau. Mais pour l’instant, les agriculteurs peuvent continuer à pomper. La sécheresse, c’est sans importance, parlons de DSK !

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plus à gauche et moins à droite, Nicolas Hulot

«  Ni droite, ni gauche » est un slogan qui ne veut rien dire, comme d’ailleurs « ce n’est pas démocratique » ou « Vive la liberté ». Tout dépend de ce qu’on entend par droite, gauche, démocratique et liberté ! Contrairement à ce qu’affirme LeMonde *, il n’y a pas de division au sein des écolos. Ils pensent que capitalisme et socialisme sont deux variantes d’un même modèle, la société de croissance, productiviste et inégalitaire. Les uns donnent un peu plus au capital, les autres disent agir pour les travailleurs, les deux s’entendent pour ignorer complètement le facteur Terre et la richesse du vivant. Constatant ce fait, l’écologie est une nouvelle offre politique qui se situe plus à gauche et moins à droite.

Comme l’exprimait Serge Moscovici en 1978, la gauche et la droite sont des notions relatives : « Nous sommes à la gauche de la gauche. Cela veut dire que nous sommes proches de la gauche sur un certain nombre de points (rémunération, organisation des entreprises, internationalisme, etc.) ; mais sur d’autres points, c’est nous qui représentons la gauche, notamment pour tout ce qui a trait aux rapports à la nature, à l’utilisation des ressources, à l’autonomie des collectivités, au productivisme, à la croissance. Car, bien souvent, les hommes et les partis de gauche se sont éloignés de ce qu’on appelle le socialisme et, ce faisant, ont laissé un vide qu’on nous appelle à combler. »

Aujourd’hui Nicolas Hulot n’est pas un politique qui court après les places, ces Besson et consorts pour qui peu importe l’écurie avec laquelle on court puisqu’il s’agit de gagner. Pour lui, il y a une troisième voie entre la gauche et la droite. Pour lui c’est un peu plus à gauche et un peu moins à droite car l’avenir n’est pas « compatible avec le logiciel de droite ». Pour lui, il y a des principes supérieurs au bloc droite-gauche. Pour lui, la contrainte pétrolière, la perte de biodiversité et le réchauffement climatique conditionnent l’économique et le social. Nicolas voit sa campagne présidentielle comme une immense mission pédagogique, pas comme un endoctrinement.

Beaucoup de pages seraient encore nécessaires pour approfondir ce que veut dire politiquement droite ou gauche quand on y mêle l’écologie. Mais en résumé, il y a ceux qui estiment qu’il n’y a pas de limites à la volonté de puissance de l’homme, et ceux qui ont le sens des limites de la biosphère. Nicolas Hulot est actuellement le seul candidat aux présidentielles qui tienne ce discours.

* LeMonde du 15-16 mais 2011, Les écologistes face au vieux démon de la division

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la catastrophe, Nicolas Hulot n’en veut pas

Les risques de catastrophes « naturelles » dues, de près ou de loin, à l’industrie humaine sont devenus une menace incomparable de ce temps. La liste de ces catastrophes et de leurs victimes, pour les vingt dernières années, serait longue. Je ne veux pas être un prophète de malheur, mais je crains que dans le futur, si rien n’est fait, l’état de l’environnement, tel que nous l’avons façonné nous-mêmes, n’appelle d’autres graves désillusions. Il conviendrait de regarder enfin en face la situation de notre Terre et celle de la France, pour ne pas arriver toujours, et de plus en plus souvent, trop tard, après les catastrophes.

                Le titre que nous avons choisi pour ce livre est amplement justifié : Combien de catastrophes avant d’agir ? C’est-à-dire avant que les politiques prennent leurs responsabilités et donnent enfin à la politique de l’environnement la place qui doit lui revenir. Et avant que nous-mêmes, citoyens, électeurs et consommateurs, sortions de notre insouciance pour conjurer les périls qui sont déjà en la demeure et qui préparent immanquablement, à nous et à nos descendants, une forte dégradation de nos conditions de vie

                La politique est le lieu des décisions pour l’avenir. Dans la gestion gouvernementale, l’environnement n’a pas encore la place centrale qu’il devrait avoir. Dans les domaines sensibles, où l’urgence devient pourtant extrême (biodiversité, transports – routiers notamment -, océans et littoraux, pollution des sols et de l’eau douce par l’agriculture et l’élevage intensifs), la frilosité et le manque de courage politique sont évidents. Ceux qui sont aux affaires n’osent pas s’opposer aux divers lobbies : ils sont souvent incapables de faire respecter tout simplement la loi. C’est cela qui doit changer durant la présidence et la législature qui vient.

Nicolas Hulot, texte écrit en 2002

(résumé de l’introduction et de la conclusion par Nicolas Hulot du livre élaboré par son Comité de veille écologique, Combien de catastrophes avant d’agir ?)

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la catastrophe, c’est Luc Ferry

Il paraît que Luc Ferry est un type intelligent. Puisqu’il est devenu un jour ministre de droite, les doutes affleurent cependant. Confirmation de son aveuglement, son discours dans philosophie MAGAZINE de mai 2011. Luc Ferry ne fait qu’y réciter les poncifs et les caricatures  accumulés par la droite contre l’écologie. Voici quelques extraits :

« Je vois dans Fukushima trop de passions tristes. Nos écolos, animés par la peur et le ressentiment, ont cette joie mauvaise de ceux qui « vous l’avaient bien dit ». L’heuristique de la peur dont parle Hans Jonas est calamiteuse, comme l’absurde principe de précaution dans la Constitution française. La peur est devenue la passion fondamentale de l’écologie. »

« L’appel aux alternatives au nucléaire dissimule le vieux fantasme d’une autre politique qui réjouit les anciens du gauchisme reconvertit dans l’écologie, comme les fondamentalistes chrétiens, heureux de pouvoir stigmatiser l’hubris de l’homme sans Dieu. Il est facile de plaider pour la décroissance quand, en rentrant chez soi, on allume la lumière, on recharge tranquillement son portable en préparant son dîner sur une plaque électrique. »

« Même sur la question du réchauffement, il faut faire place au doute. Pourquoi tout faire pour cacher le plateau entre 1998 et 2011, comme si le débat était interdit ? Quant aux conséquences, rien ne prouve sérieusement qu’elles soient aussi catastrophiques que le prétend le GIEC, ni que nous soyons dans l’urgence absolue. Même si on table sur une augmentation de 2°C ou 3°C sur un siècle, ce qui n’a rien de certain, nous avons le temps de réagir. »

« Veut-on renoncer au progrès ? Si oui, il faut le dire clairement. Réfléchir sur ce qui menacera l’humanité dans cinquante ans, comme si l’état de la science était immuable, n’a aucun sens. La décroissance est invendable politiquement. Vous ne convaincrez pas les Chinois d’opter pour la décroissance. La solution, c’est l’innovation scientifique. »

« Le capitalisme n’est pas ce qui nous a plongés dans la misère, mais ce qui nous en a sortis. Les inégalités (un milliard soufrant de la faim, cinq milliards se débrouillant avec quelques dollars par jour, et un milliard dans le confort matériel) ne sont pas le fait de l’Europe. »

En résumé :

          N’ayez pas peur braves gens, dormez.

          Les inégalités ne sont pas mon problème.

          L’innovation techno-scientifique peut tout, Fukushima n’est rien.

          Les écolos disent n’importe quoi, c’est le maintien du capitalisme qui importe.

          Les scientifiques du GIEC écrivent n’importe quoi, rien ne presse pour agir contre les gaz à effet de serre.

 

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Nicolas HULOT, deus ex machina en 2007

En 1990, Nicolas HULOT crée une fondation « pour la nature et l’homme », afin de favoriser l’éducation à l’environnement. Son but était de s’adresser au grand public pour lui faire découvrir et comprendre la nature, et amener par là même à son respect et à sa protection. Début 2000, Nicolas souhaite devenir un acteur du débat public. A la différence de nombre de personnalités publiques qui s’autorisent une opinion tranchée sur ce qu’il convient de faire alors qu’au fond elles ne connaissent rien au sujet, il décide qu’il veut comprendre de quoi il retourne avant de commencer à utiliser son porte-voix. Il crée au sein de sa fondation un organe qui reste à ce jour unique au sein du monde associatif environnemental : le Comité de veille écologique. Ses membres sont tous des experts d’un sujet donné, et souvent chercheurs dans les domaines biodiversité, climat, énergie…

En pratique, tous les deux mois environ, nous nous retrouvions à dix ou quinze avec Nicolas Hulot, sans ordre du jour très précis, chacun étant tout à tour orateur passionné et auditeur attentif. Au bout de quelque temps, l’envie de passer des explications à l’action est née. Divers ouvrages ont donc été rédigés, dont le plus visible en 2002 a été Combien de catastrophes avant d’agir. En 2005 nous est venu l’envie de rééditer ce genre d’exercice, mais avec cette fois une visée opérationnelle : se faire récupérer dans tous les programmes de tous les candidats à l’élection présidentielle de 2007, rien de moins. Cet œcuménisme était une conséquence logique de l’apolitisme – au sens de l’absence de prosélytisme pour un parti particulier – qui a toujours été en vigueur au sein de la Fondation, à tel point que je n’ai aucune idée des préférences partisanes de la plupart de mes collègues (Hulot  compris, qui n’a jamais exprimé la moindre préférence lors des réunions où j’étais présent).

                Ce qui allait s’appeler le « Pacte écologique » a abouti aux sujets structurants suivants : le climat (taxe carbone), l’agriculture (réorientation de la PAC), la hiérarchie des priorités de l’action gouvernementale (le vice-premier ministre en charge du développement durable) et l’avenir (la recherche et l’enseignement). Mais la suite devait nous réserver une belle leçon de réalisme. Car ce qui a lancé le pacte, et ce qui a motivé les candidats à les reprendre à leur compte, ce n’est pas la patiente construction de l’argumentaire, ou la pertinence soigneusement étudiée des propositions. Non, ce qui a produit cet effet, c’est la valse-hésitation de Nicolas Hulot concernant une éventuelle candidature à la présidentielle. Dès qu’il a expliqué que peut-être il irait, sauf que peut-être il n’irait pas, il n’était plus question pour un candidat de ne pas signer le Pacte écologique : c’était prendre le risque de ne pas pouvoir rallier  sur son nom au second tour tous ceux qui auraient voté pour Hulot au premier. Dès lors tous les candidats sont allés signer le Pacte, et le coup est parti pour de bon.

Jean-Marc Jancovici (Changer le monde, tout un programme !)

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la peine de mort, de 1981 à 2011

Le socialisme au pouvoir le 10 mai 1981, qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Rien ! Le plan de relance économique a débouché en moins de deux ans sur un plan de rigueur. Les nationalisations tout azimut ont débouché sur des privatisations généralisées. Le 12 mai 1981, leMonde faisait le bilan de l’élection de Mitterrand : pas un mot de l’écologie alors que le pays avait déjà connu deux chocs pétroliers (1974 et 1979). Seule une petite mention sur le report massif des « votes verts » montrait que le socialisme sans l’écologie n’avait aucune perspective électorale. Et leMonde ce jour 11 mai 2011 est cinglant vis-à-vis du manque de vision toujours offert par le PS :

– Les socialistes en quête d’une stratégie électorale ;

– La synthèse socialiste, syndrome du non-choix.

                Une seule solution pour le PS, devenir un parti social-écologiste. Ce n’est pas avec leurs candidats déclarés ou prévisibles aux primaires que le miracle s’accomplira… Les socialistes continuent de rêver à la social-démocratie alors qu’il nous faudrait un Jaurès de l’écologie. Les socialistes doivent lire et s’informer, au lieu de pondre à la chaîne des textes conventionnels inutiles. Le dernier livre de Jancovici leur montrerait que l’énergie facile, l’énergie fossile qui va bientôt manquer, va être source d’un terrible blocage de notre société thermo-industrielle : « Un seul pari à notre disposition : organiser l’avenir social et industriel, donc social et politique, autour de la décarbonisation de nos activités. »* Mais aucun présidentiable, à part Nicolas Hulot, ne met son programme sous le signe du réchauffement climatique et du pic pétrolier. A cause  du manque d’énergie, même l’abolition de la peine de mort, une des 110 propositions phares de Mitterrand, risque de tomber aux oubliettes :

                « Entretenir une population en prison, c’est utiliser de la nourriture, des ressources et de l’énergie pour le bénéfice d’improductifs mis au ban de la société. Jusqu’à une époque somme toutes assez récente, on ne s’encombrait pas de ces bouches à nourrir : le sort commun du délinquant était la mort dans des délais assez rapides. Il est évident que, en univers énergétiquement contraint, ces mauvais souvenirs risquent de redevenir d’actualité. »*

Le bilan semble confirmé, il ne reste plus rien de l’héritage de Mitterrand…

* Changer le monde, tout un programme ! de Jean-Marc Jancovici  (Calmann-Lévy, 2011)

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une chance pour l’écologie, Nicolas HULOT

L’annonce, le 13 avril dernier, par Nicolas Hulot de sa candidature à la présidence de la République en 2012 a donné lieu à pas mal de sarcasmes. Et si sa candidature était une chance pour l’environnement, la biodiversité et donc pour l’écologie ?

.               Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion d’accompagner Nicolas Hulot en Alaska pour un Ushuaia sur le changement climatique. Le personnage ne me fascinait pas vraiment et comme beaucoup j’avais de lui l’image d’un vagabond médiatique avec ses « séquences émotion » au-dessus d’un grand envol de flamants roses dérangés par le bruit de son ULM… Au fil des 3 semaines que nous avons passées ensemble, j’ai découvert un autre homme, véritablement habité par le combat environnemental et écologique !

.               Je peux modestement témoigner que l’homme a véritablement changé et que son investissement dans ce combat est sincère.. On a également taxé Hulot d’être à droite. Ce n’est pas parce qu’il a côtoyé Jacques Chirac qu’il avait sa carte au RPR ou à l’UMP.

.Il est clair aujourd’hui que la seule voie possible pour sortir du bourbier économique, social et politique dans lequel nous nous trouvons est celle de l’écologie. D’une société où l’écologie, le social et la consommation sobre soient le moteur. Nous devons impérativement passer par cette troisième voie pour éviter une catastrophe environnementale sans précédent pour notre planète mais aussi pour nous.

.               Cette voie écologique n’est ni tout à fait de gauche ni de droite, même si elle réfute évidemment les arguments ultralibéraux et consuméristes de l’oligarchie actuelle qui dirige le monde occidental. Pour pouvoir s’épanouir, cette voie écologique doit en effet largement dépasser le clivage gauche-droite tel que nous le connaissons en France, rallier à elles tous ceux qui pensent qu’elle est nécessaire pour arrêter l’emballement dans lequel s’est fourvoyée notre société.

.               Et Nicolas Hulot est, je crois, l’homme de la situation. Ce n’est pas un tribun aux accents populistes, ni un vieux renard de la politique, pas un politicien non plus, pas plus qu’un adepte de la langue de bois. Encore moins un dogmatique (fait rare chez les écologistes). Sans doute beaucoup de handicaps pour parvenir à la marche suprême de l’Etat. Mais il a, dans le microcosme de l’écologie politique, un atout remarquable : celui d’être aimé, populaire et donc de convaincre des gens, venus de tout bord, que l’écologie est arrivée à une maturation qui la fait entrer de plein pied dans l’arène de l’élection présidentielle.

.Et cette capacité à fédérer au-delà de la politique politicienne, c’est une chance formidable pour la cause que nous défendons tous, naturalistes, environnementalistes, écologistes, scientifiques, et simples citoyens de la planète Terre. Saisissons-là… sans dogmatisme.

Philippe J. Dubois

.Cet article a été publié sur le blog des Biodiversitaires.

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